Équipe 1: 6h47 : premier coup de pédale... il fait encore nuit mais le soleil qui arrive fait déjà disparaître les étoiles observées lorsque je suis allé déjeuner vers 6h en sortant de la tente discrètement (ou du moins le plus discrètement possible). Petit café pour accompagner le bol de céréales seul dans le petit réfectoire avec ma lampe frontale. Café qui me réchauffe car dehors souffle un vent très frais ; il faudra mettre sa combinaison à Alaïs pour ne pas qu'elle ait trop froid en partant. Retour à la tente : je détache les vélos et remballe déjà mon sac de couchage, mon oreiller et mon matelas avant de réveiller Alaïs (qui, pour l'heure, n'est pas trop de mauvaise humeur). Nous l'avions couchée habillée afin de faciliter le départ ce matin. Il suffit donc de mettre le pull, la combinaison et enfin la veste et nous sommes parés à affronter les 24 kilomètres qui nous séparent du sommet... Dansey's Pass, on arrive! Maps.me nous annonce plus de 6h de route ; challenge accepted !
Les premières centaines de mètres se déroulent sans souci ; les muscles se réchauffent. Nous passons le pont près du camping et se rappelle soudain à moi la première difficulté du jour : ça monte sec direct pour débuter l'étape. Alaïs m'aide mais la pente devient très vite trop raide et je dois déjà descendre du vélo pour pousser. La matinée va être longue !
Petit à petit le soleil se montre et le vent disparaît avec lui. Il fait moins froid mais lorsque nous passons dans l'ombre, on sent qu'il est encore trop tôt pour enlever la veste. J'ai mis le compteur du vélo sur le mode horloge afin de fixer notre première pause en fonction de l'heure et surtout pour ne pas voir les km avancer lentement. Même si nous nous sommes arrêtés de brefs instants tantôt pour donner à Alaïs ses céréales (oui, c'était petit-déjeuner dans le Weehoo) tantôt pour reprendre mon souffle, nous nous offrons notre première "vraie" pause à 8 h. J'hésite à regarder le nombre de km parcourus mais ma curiosité gagne... clic clic clic et... 9 km. Je me dis que ce n'est pas trop mal sachant que la première des trois difficultés est passée même si les deux prochaines (et surtout la dernière) sont nettement plus dures à affronter.
Je termine les céréales qu'Alaïs ne veut plus et après 15 minutes, nous nous remettons en route. La deuxième partie se déroule un peu comme la première. Cela descend d'abord et c'est agréable puis doucement cela commence à monter. Le soleil est maintenant là et offre de belles couleurs dans le ciel et sur les collines/montagnes qui nous entourent. Certains passages sont tout de même trop difficiles à parcourir sur le vélo et donc nous alternons les moments sur et à côté du vélo. Nous mettons le baffle et un peu de musique (luxe que nous avons mais que malheureusement Tim et Sophie n'auront pas) pour nous donner du courage et c'est vers 8h45 que nous passons la deuxième difficulté du jour. Je regarde le compteur : 12km... La dernière partie va vraiment être très longue (nous ne sommes qu'à la moitié du chemin) ! Mais l'objectif étant d'être pour 12h30 au sommet afin d'y réceptionner nos sacoches déposées par Katrina, je me dis qu'on est bon niveau timing et que tout ne sera que gestion entre les petites pauses, les moments sur et (surtout pour les derniers km) à côté du vélo.
Nous amorçons la dernière descente avec toujours devant nous les montagnes qui arborent de belles couleurs grâce à la lumière de ce matin avant d'entamer notre dernière montée, LA montée, qui nous emmènera à 900m d'altitude sachant qu'on est partis à environ 250m et qu'il y a eu tout de même de belles descentes, le tout sur pratiquement que des gravel road.
Ça y est, la route tourne et cela commence. Première difficulté et on descend du vélo pour pousser. Puis on se remet en selle. On longe la rivière que l'on voit en contrebas mais elle paraît de plus en plus petite au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude. On alterne entre petits breaks de 2 minutes et quelques centaines de mètres à vélo. Il reste 7km. On s'arrête pour écrire avec des cailloux un petit message d'encouragement pour Tim et Maman car si nous la musique ou les histoires nous font passer le temps moins long, ce ne sera pas le cas pour eux deux. On croise les doigts pour qu'ils ne passent pas à côté sans le voir et on immortalise tout de même le dessin "au cas où" (spoiler: on a bien fait de prendre une photo...).
Les derniers km sont les plus durs. Il en reste 4 et il sera impossible de remonter sur le vélo ! On se donne de mini objectifs pour se motiver ; Alaïs marche le baffle en main écoutant les comptes de la rue Broca et nous voilà enfin dans la dernière ligne droite ! Enfin presque : il reste 3 virages et nous y sommes ! On arrive à un point où l'on doit compter les poteaux réfléchissants placés tous les 20m pour se motiver à avancer.
10h55 : arrivés au sommet ! Nous avons battu largement l'estimation de l'application ! Point positif : fiers d'avoir fait ces 24 km en 4h. Point négatif : que va-t-on faire jusque 12h30 ? Heureusement le baffle est chargé et donc après avoir visité les alentours nous nous installons pour écouter la suite des contes de la rue Broca ! On fait pause de temps en temps pour saluer les quelques personnes qui passent par ici (comptez un motard et un convoi de 5 4x4 "Venture NZ" plus l'une ou l'autre voiture nous faisant signe depuis leur habitacle). On espère voir arriver Katrina en avance et finalement apparaît au loin un cycliste ! Mais je ne reconnais ni Tim ni Sophie. Flut ! Arrivant au sommet je reconnais l'homme avec qui nous avons discuté hier soir et il m'annonce qu'ils ne sont plus qu'à 1 ou 2 km ! Tout content, je guette leur arrivée et voila qu'après quelques minutes nous sommes enfin réunis !
Équipe 2: Le vent s'est levé hier tard dans la soirée et a soufflé une bonne partie de la nuit. Les parents ne dorment du coup que d'un œil en espérant que cela se calme pour la journée tant redoutée (ou du moins que cela souffle dans le bon sens). On entend Papa qui se lève, on aide un peu au réveil d'Alaïs. Dur dur de sortir de son sac de couchage! Un peu stressée, je donne même à Papa la couverture de survie ("On ne sait jamais!") et les lampes frontales, car le jour n'est pas encore levé. Tim et moi nous rendormons pour une grosse demi-heure, jusqu'à 7h et la sonnerie du réveil. On s'habille, on range les matelas et sacs et, une fois le petit-déjeuner avalé, nous ferons les dernières sacoches. Le fond de l'air est assez doux et aucun nuage. On espère donc qu'il ne fera pas trop froid aujourd'hui. Puis on remballe la tente qui, une fois n'est pas coutume, est quasiment sèche. Il est 8h, nous emmenons, en 2 trajets, tous les sacs jusqu'à l'accueil et nous quittons le camping à 8h20. Le soleil se lève et nimbe le camping de lueurs orangées.
Même pas le temps de chauffer les muscles: la route quitte le fond de la vallée après quelques centaines de mètres et s'élève, abrupte, sans aucune considération pour les usagers non motorisés le long d'une belle pente. On le savait, donc on s'accroche...mais après plusieurs centaines de mètres, même sur la plus petite vitesse, il faut bien admettre que l'on n'arrivera pas en haut. Je motive Tim et nous poussons les vélos jusqu'au sommet, pas vraiment marqué car cela redescend et remonte encore un peu après. Si la journée est à l'image de cette première côte, cela s'annonce très compliqué pour la suite... Il faut essayer de ne pas trop y penser ! De là-haut, nous surplombons le plateau et ses vallées et leurs forêts de conifères. Celles-ci pourraient être les Ardennes si nous ne voyions pas les magnifiques montagnes dont les sommets sont encore endormis dans les nuages. La route, qui aurait pu être plus plate, est à présent en graviers (quasiment pour le reste de la journée, à part le dernier kilomètre) et monte puis redescend. Nous y croisons notre premier véhicule venant en sens inverse: un camping-car avec à son bord 2 retraités qui nous saluent. Finalement, après avoir dépassé 2-3 fermes, une descente! Comme le dit si bien Tim avec une lueur de désespoir dans la voix: "on va redescendre tout ce qu'on a monté!". Oui...presque...le fond de la vallée est occupé par des saules et nous y voyons beaucoup de moutons et de vaches. Ça remonte encore et nous faisons notre première "vraie" pause (on descend des vélos, barre de céréales et beaucoup d'eau). On se risque à regarder maps.me pour vérifier notre avancée... Jolie surprise quand on voit que nous avons déjà parcouru 10km. En 1h20, plutôt pas mal! Et un bonbon pour fêter cela! Quelques dizaines de mètres après avoir redémarré, une voiture venant en sens inverse s'arrête à notre hauteur et baisse sa vitre. Au volant, une dame blonde: "Hi ! I'm Katrina! You're doing well ! ". Rencontre totalement inattendue puisqu'elle habite normalement entre Duntroon et le Holiday Park qu'on a quitté ce matin...ou alors on a mal compris... Elle nous demande à quelle heure nous avons quitté le camping et regarde sa montre pour évaluer notre avancée. Elle n'a par contre pas croisé Thomas mais semble avoir quitté une ferme non loin donc on ne s'inquiète pas. Nous nous disons à tout à l'heure, au sommet ! Cela nous rassure de savoir qu'elle existe vraiment et a bien pris note du rendez-vous (après les échanges whattsapp). Nous continuons d'avancer et amorçons encore une belle côte avant une énorme descente. Si elles nous permettent de reposer les jambes, ces descentes ne nous font toutefois pas gagner beaucoup de temps car sur les graviers et avec un précipice à gauche, on modère notre vitesse et les freins sont nos meilleurs amis. Mais au moins on avance sans effort. Dans la descente, nous laissons passer 5 trucks de fermiers avec chiens et quads à l'arrière. La route n'est pas large et on préfère perdre quelques minutes et leur laisser une belle place pour ne pas déraper et finir dans le ravin. Tim, qui espère secrètement voir passer un truck qui aille dans notre sens et nous prenne en stop, désespère de ne voir passer des véhicules que dans l'autre sens !
Nous redescendons jusqu'au niveau de la rivière (la même qui s'écoule aux abords du camping, quelques kilomètres en aval), la traversons sur un pont et la route remonte aussitôt. Nous croisons quelques fermes et un champ de lavande, incongru dans ce décor. De là, nous atteignons une vallée un peu plus large où nous voyons de nombreux moutons et vaches. La route est plus ou moins en faux-plat mais ça devient dur... Encore quelques belles montées, la traversée d'un ford (super descente, 2m de plat, super montée) et nous atteignons doucement nos limites. Quand cela devient trop difficile, on pousse. Tim se décourage doucement alors on multiplie les pauses boissons et les encouragements. 3 motos qui nous dépassent lui remontent un peu le moral mais toujours pas le truck tant espéré ! Une voiture avec 4 jeunes filles à son bord et qui arrive en sens inverse s'arrête aussi à notre hauteur, le temps de baisser leur vitre et de nous faire de grands sourires avec des pouces levés. Finalement, quelques grands sapins au loin: virage sur la gauche, nous faisons fuir les moutons en train de paître sur le bas-côté et nous croyons enfin deviner le sommet. Il reste un peu moins de 4km mais vu le dénivelé, il est quasi impossible de le faire en pédalant. Alors on pousse, on pousse...et même comme ça, cela nous paraît interminable. Le sommet apparaît de temps en temps, au détour d'un virage mais ne semble pas se rapprocher. Des gros 4x4 avec tentes de toit et tout le barda nous dépassent. Sur la droite, le paysage s'est ouvert sur une magnifique vallée parsemée de taches de soleil. Heureusement d'ailleurs que celui-ci reste quasiment caché derrière les nuages. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. En tournant la tête, je crois apercevoir un cycliste plus bas mais après plus rien, j'ai dû me tromper, c'était probablement une vache ou un mouton sur la route... Quelques centaines de mètres plus loin pourtant, nous voyons arriver un cycliste qui mouline sec...Pas vraiment physionomiste, j'hésite et puis...mais oui, ce sourire, ces lunettes, cette bonne humeur: c'est bien Steven, un campeur curieux qui était venu discuter avec nous hier soir, au Holiday Park. Il nous avait interrogé sur notre voyage et sur la Belgique, qu'il n'était pas sûr de bien situer. Nous l'avions croisé ce matin en train de promener son chien alors que nous rangions nos affaires. Il nous explique qu'il ne savait pas quoi faire de sa journée et a donc décider de monter lui aussi le col, pour un aller-retour. Notre tête à Tim et moi! On ne comprend pas qu'on puisse vivre une telle journée pour le plaisir! Nous partageons notre pause (barre de céréales et amandes grillées) et il se remet en route, petite vitesse et nous dit à tout de suite. Nous ne sommes plus loin du sommet. Nous croisons un motard qui nous encourage (le sommet n'est vraiment pas loin, on sait mais dur dur). Il nous demande d'où nous venons, et lorsque nous répondons de Belgique, il se souvient que le frère de sa grand-mère est décédée durant une des guerres mondiales en Belgique. Si triste de se dire que de jeunes hommes ont quitté leur terre natale pour un long voyage vers l'Europe, se sont battus pour que d'autres vivent libres et ne sont jamais rentrés...
La pente semble s'infléchir...Nous réenfourchons les vélos pour les 3 dernières centaines de mètres. Et enfin, arrivée au sommet à 12h40, soit 4h20 après être partis. 23km dont on se souviendra et pourtant la journée n'est pas finie! Au sommet, nous retrouvons Papa, en pleine conversation avec un couple de retraités cyclotouristes et Steven. Alaïs est posée sur un talus, en train d'écouter une histoire. Le couple est parti de Naseby ce matin et a pris la Pass dans son sens le plus fréquenté par les cyclistes, de l'ouest vers l'est (et non dans son sens le plus pentu, comme nous, de l'est vers l'ouest).
Tous ensemble: Le couple de cyclotouristes immortalise ce moment, nous partageons quelques souvenirs d'aventures cyclistes (elle avait oublié son téléphone à une pause, un peu comme Tim ses gants et son mari l'a heureusement retrouvé) puis Steven et eux se remettent en route. Nous sortons les tartines en attendant Katrina qui devrait déjà être là depuis 15min. Les minutes passent...on finit le lunch et toujours personne. Un véhicule arrive, nous sommes plein d'espoir et en fait non, ce n'est pas elle... Les nuages commencent à descendre sur nous, le vent se lève doucement et pas vraiment d'endroit où se mettre à l'abri. Nous guettons le virage, loin en contrebas dans l'espoir de voir apparaître la voiture de Katrina mais rien...30 minutes puis 1h passent et toujours rien. On commence à douter et se demander ce qui se passe. Et évidemment aucun réseau pour capter quoi que ce soit... On commence à sérieusement geler sur place, si on tend la main on touche du doigts les nuages. Humidité et vent ne font pas bon ménage avec nos corps échauffés qui se refroidissent trop vite, malgré les pulls et vestes imperméables rapidement enfilés. Enfin, près d'une heure trente après l'heure de rendez-vous fixé, alors qu'on commençait à perdre espoir, Katrina arrive enfin. Nous débarquons rapidement nos sacs, la remercions en lui offrant le voucher et la bouteille de vin. Elle s'excuse encore du retard. On est surtout contents qu'elle soit finalement arrivée et que nous puissions continuer la journée. Nous voulons atteindre Naseby pour pouvoir y rester 2 nuits et se reposer un peu. Ce qui veut dire encore 27km... la descente du col mais de belles montées aussi avant Naseby...
Les doigts gelés, dans les nuages, nous entamons la descente, toujours en freinant. Nous entrons dans l'Otago et petit à petit nous quittons la grisaille. Un bon vent de dos nous pousse alors que ce n'est pas vraiment nécessaire vu la pente et le poids de nos bagages récupérés. Mais c'est toujours mieux que de l'avoir de face, c'est sûr! Les virages se succèdent...vu l'étroitesse de la route et le précipice à droite, on est finalement content de la faire à vélo, cette route! Peu à peu s'étend devant nous la plaine du Central Otago, au paysage si différent de ceux que nous avons quittés ce matin! Les conifères et les jolies petites vallées encaissées où coulent de jolis ruisseaux sont loin. La végétation qui s'étend à nos pieds est bien plus sèche, les tons jaunes dominent, quelques arbres seulement et de vrais airs de Far West! Nous arrivons justement bientôt à Kyeburn Diggings, où nous voyons de nombreux vestiges de la ruée vers l'or qui a agité la région dans la seconde moitié du 19ème siècle. Des monticules de tas de cailloux témoignent des tentatives des mineurs pour trouver le précieux métal jaune. Nous arrivons au Danseys Pass Hotel et nous y arrêtons pour une bonne boisson fraîche. Il y a une heure on aurait voulu un bon chocolat chaud mais de ce côté-ci de la chaine de montagnes, le soleil tape bien et la température grimpe! La jeune fille au bar est une française en PVT (permis vacances-travail), les enfants semblent tout gênés de pouvoir commander en français! Le temps de souffler un peu, un autre cyclotouriste fou qui vient de la Pass s'arrête, commande un verre d'eau, une bière et des frites. Nous discutons un peu (lui prévoit une autre pass dans quelques jours...nous on a eu notre dose!) puis nous nous remettons en lui disant à bientôt (il nous dépassera un peu plus tard sur la route et nous lancera un "Ho, you come from Belgium !? I studied in Mons ! ") La route ondule un peu mais reste globalement plate et en plus, toujours ce vent dans le dos qui ne nécessite presque pas d'efforts. Un vrai plaisir !
Il reste 8km...Évidemment les choses changent...la route bifurque un peu, le vent aussi et puis une côte qui nous laisse sans souffle...suivie d'un faux-plat puis d'une autre côte, une descente (sur graviers, on dérape et ne pouvons prendre de l'élan), une autre côte et ainsi de suite. Ça n'en finit plus ! Une énorme côte nous voit tous pousser nos vélos quasiment sur toute sa longueur (plusieurs centaines de mètres qui nous paraissent interminables). L'après-midi est déjà bien entamée maintenant et nous pensons à l'arrivée à Naseby, si proche mais si lointaine. Enfin un peu de réseau, on vérifie la météo et ce que l'on redoutait se confirme: grosse chute des températures pour demain (on perd 10°C), vent et pluie annoncés... Vu la journée qu'on vient de passer (et qui n'est pas encore finie), on redoute d'avance la nuit sous la tente. En plus Tim semble avoir pris froid en haut et toussote un peu...et malgré tout, il avance encore dans les montées et nous attend sagement en haut, pendant que nous poussons nos vélos ! On se demande où il va chercher toute cette énergie ! On regarde le site du camping, il y a quelques cabins et même des ensuite (petite kitchenette et sanitaires compris) et tentons 2 fois de l'appeler. Le 3ème, au sommet d'une côte à 3km de Naseby, sera la bonne. On demande s'ils auraient encore des disponibilités pour une Minor's house (petite cabane en style gold rush)... Il doit vérifier... longue minute qui s'égrène...et finalement oui, ils en ont une libre ! De quoi nous redonner du courage! Nous pouvons même d'abord passer en ville manger, du moment que nous sommes à la réception avant 20h. Il est 17h30. Nous filons sur la colline suivante rejoindre Tim qui se demande ce qu'on fait et lui annonçons la bonne nouvelle. Nous dormirons au chaud ce soir, dans de vrais lits. Demain aussi! Et nous aurons notre salle de bain ! Il est extatique! Le bonheur tient à peu de choses ! Tout à coup, ces 3 derniers kilomètres s'enchaînent malgré encore une belle petite montée.
Énorme descente jusqu'à Naseby (on y retrouve enfin l'asphalte) et arrivée "en ville"! Un grand panneau nous indique Naseby, 2000ft above worry level, qu'on pourrait traduire par "Naseby, 2000 pieds au-dessus des soucis". Nous regardons sur nos applications: le general store est déjà fermé mais il y a un hôtel-restaurant, seul lieu de restauration encore ouvert. En y entrant, on a l'impression que toute la ville y est rassemblée. Un gars au comptoir tilte en nous voyant entrer et s'exclame "Hooo! You're the guys that were on Danseys Pass this morning ! I just passed you with my 4wheelers and thought "You're gonna have some fun !" ". Haha on lui confirme, surtout sur les derniers kilomètres. Pas si downhill que ça jusqu'à Naseby finalement ! Lui et le tenancier rigolent bien de notre naïveté ! Si on en avait eu conscience, pas sûrs qu'on aurait poussé aussi loin... Il nous apporte de l'eau fraîche et les menus. Alaïs s'endort presque à table mais se réveille pour manger un bon quart du steak de maman (mais ne touchera pas à ses fish&chips). On se désaltère, on mange (on aurait presque pu prendre un deuxième plat) et craquons pour un dessert. Nous quittons le restaurant vers 19h15, sous les yeux amusés des clients qui pointent tous du doigt le Weehoo d'Alaïs (elle a toujours beaucoup de succès: à Kurow, tout un bus scolaire a changé de siège pour la voir de plus près ! ). Une dernière petite côte (on n'essaie même plus de pousser les muscles jusqu'en haut, surtout après le repas) et nous voilà arrivés au camping. Le monsieur de l'accueil est super sympa et heureux de nous voir arriver après cette grosse journée. Sa femme nous apporte des essuies tout propres et il nous emmène jusqu'à la cabane, sous les conifères, au bout d'une allée. Tranquillité assurée. En traversant le camping, nous croisons des jeunes qui nous avaient dépassé dans la descente à bord de leur 4x4 avec tente de toit et caravane tout-terrain, étaient ensuite attablés au Danseys Pass Hotel et qui nous avaient redépassés après, sur la route vers Naseby: "You finally made it ! Congrats ! Good on you ! ". Petit youhou de nous aussi, sans grande conviction car juste crevés ! Et la voilà, notre petite maisonnette pour 2 nuits, avec tout le confort. Le gérant nous indique même qui si demain nous avons froid, il pourra venir nous allumer un feu de bois dans la cheminée ! Il nous laisse nous installer tranquillement (ça doit se voir sur nos têtes que c'était dur aujourd'hui ! ). On passe rapidement à la douche (quel bonheur ! ) puis nous glissons sous les couettes toutes propres et bien chaudes! Justes heureux et fiers de notre journée dans ce petit nid douillet, jolie récompense appréciée à sa juste valeur !
Nous aurons finalement parcourus 49km aujourd'hui, et pas des moindres ! Si fiers de nos enfants ! Demain: repos !