Nous posons donc le pied en Nouvelle-Zélande. Achat de carte sim locale puis direction les douanes avant de récupérer les bagages et de passer la biosécurité. Nous entendons notre nom dans les annonces et un truc avec bagages, on se dit que ça doit être pour récupérer les vélos et on attend donc avec patience durant la vérification de nos passeports et les questions sur la raison, la durée de notre séjour et nos dates de retour. On se dirige ensuite vers la première étape du chemin de biosécurité qui consiste uniquement à nous poser des questions en lien avec le formulaire complété (préalablement à l'arrivée sur le territoire, une des formalités en plus de la demande de NZeTA, sorte de visa pr séjour de moins de 3 mois). Doivent s'y trouver les nombreuses choses à déclarer en douane (nourriture, équipement de camping ou sportif, médicaments, bois,...). De loin on voit nos caisses de vélos qui nous attendent posées près du tourniquet des bagages, on a le sourire aux lèvres, trop heureux de savoir qu'elles nous ont bien suivis jusqu'ici! Par contre, ne pas attendre de sourire du douanier. On reçoit des cartons rouges pour le contrôle de biosécurité à venir après avoir récupérer nos bagages (à notre avis la procédure normale vu ce qu'on a déclaré, en sachant qu'il y a trois couleurs: vert,jaune et rouge).
On se dirige donc vers le tourniquet et on y aperçoit 1 sac, 2 sacs, 3 sacs...on le récupère en attendant anxieusement l'arrivée du dernier, petit sac allongé Ortlieb turquoise facilement identifiable...Ils n'y en a quasiment plus sur le tourniquet (il faut dire que le temps de passer aux toilettes, acheter la carte sim, faire la file pr la douane, l'essentiel des passagers du vol est déjà parti...)...une dame qui voit notre air inquiet nous demande de nous diriger vers le "Bagage claim" et en tendant nos reçus de bagages (oui, ces petits papiers autocollants dont on se demande tjs l'utilité quand on n'en a pas besoin...) nous identifie directement. L'annonce aux micros, c'était donc pour ça: un de nos bagages aimait visiblement trop l'Allemagne et a voulu visiter un peu plus longuement le terminal de Francfort. La compagnie s'en est rendue assez vite compte et avait donc déjà prévenu Christchurch. La tuile... On attend donc derrière ce guichet, pendant que les enfants se chamaillent près des bagages et des caisses de vélos. Et tout à coup...en regardant les vélos...on réalise que les outils pour monter les vélos (pompe, clés allen et anglaises de différentes tailles, préparées avec soin par Thomas avant le départ) sont également dans ce bagage-là (vous vous souvenez du "quel poids pr quel sac"? Ben voilà...on ne les avait pas mis dans les cartons vélos car ils étaient déjà bien lourds...). Le reste du bagage est constitué de notre nécessaire à cuisine, vaisselle et lessive. Assiettes, gobelets, couverts, réchaud, casseroles, filtre à eau, corde à linge, sac à laver,...même ces bons vieux Opinel...tous coincés en Allemagne à faire la java avec les outils des vélos! Gros coup de stress, on explique donc à la dame qu'on ne sait pas remonter nos vélos sans ces outils. Et qu'on ne sait donc pas comment se rendre au camping. Elle nous demande alors par quel moyen de transport nous comptions nous y rendre...Ben...avec nos vélos! Elle nous repose la question de savoir quel transport on avait prévu pour s'y rendre avec nos vélos (elle ne voit que les caisses), on répond à vélo et elle percute enfin. On en aurait ri en d'autres circonstances. Sa collègue, toutes deux très gentilles et attentionnées, nous demande alors de quels outils nous avons besoin. Nous lui précisons (de tête, on ne sait plus trop, plein de choses se bousculent dans nos boites crâniennes fatiguées, d'autant qu'à ce moment-là on n'a toujours pas passé les vérifications de la biosécurité- et comment dit-on clé anglaise en anglais?). Et on se voit déjà débarquer au camping en taxi avec nos 4 grosses boîtes...on pense à aller en taxi jusqu'à un magasin de vélo...la dame nous indique innocemment qu'il y a des outils à une station pour vélos devant l'aéroport...on ne comprend pas bien...
Allez on souffle, on se calme, on réfléchit...(oui, les enfants se chamaillent toujours derrière, ça devait faire un beau tableau vu de l'extérieur)
1) Qu'on sache clairement où est notre sac et quand il pourra arriver (demain ou après-demain car il arrivera à Auckland cette nuit ou demain...).
2) Accepter le bon de 100$ qu'elle nous propose pour nous acheter des outils/prendre un taxi/désolé du dérangement (c'est toujours ça de pris).
3) Commencer par le début...arriver officiellement en Nouvelle-Zelande et donc passer le dernier contrôle. La dame nous escorte jusqu'à la biosécurité (on suit avec nos bagages et nos grosses caisses...) pour leur expliquer qu'il nous en manque un. On re-répond aux mêmes questions que tout à l'heure, avec un officier different cette fois-ci.
4) Passer la biosécurité: ouverture et fouille de tous nos cartons vélos (nous qui espérions secrètement qu'ils s'arrêteraient en voyant le premier vélo bien propre...non, ils vérifient même dans la caisse avec leurs lampes torches). Voir notre tente partir dans les mains d'une agent qui va la décortiquer dans une pièce à côté (elle était super souriante en nous la rendant de retour: "Superclean!"). Sourires crispés et tendus de nous quand ils nous font des petites touches d'humour "Vous me prendrez avec dans votre charette?" car dans nos têtes, même si on est ravis que le contrôle se passe bien pour le moment, on se demande toujours ce qu'on va faire avec ces vélos, ces caisses, ces sacs une fois dehors... Et on sent quand même que sous les blagues, ils sont super sérieux et cherchent vraiment des traces de terre, nourriture ou d'autres choses, dans chaque sac qu'ils ouvrent. La dernière partie des sacs (avec les vêtements) peut éviter la fouille manuelle et passe par les rayons X.
Et ça y est, sans un "au revoir, c'est bon" nous rend nos caisses, nos bagages. On se dirige vers la sortie. On récupère nos 100$ (tiens, ils sont rigolos ces billets, on dirait du plastique). On demande au comptoir d'infos (tenu par une petite mamie adorable mais visiblement très sourde) où est-ce que l'on peut récupérer ces outils...elle n'en sait rien et ne comprend pas notre demande...elle croit qu'on lui demande où/comment aller récupérer notre bagage manquant (en même temps avec notre accent...on n'est pas non plus encore dans la fluidité du discours). On ne sait pas trop où aller, quoi faire...on recroise par hasard les dames du Bagage claim et elles nous indiquent alors clairement une des sorties (this one on the left and then on the right). On suit leurs indications et on tombe effectivement sur non pas une mais 2 stations d'outils de vélos. Là, devant l'aéroport. On vérifie qu'elles conviennent bien les tailles dont nous avons besoin et allez, ça a l'air bon...maintenant il n'y a plus qu'à.
On remarque à peine que le ciel est tout bleu, l'air chaud et réconfortant de l'été avec une bonne brise qui ébouriffe les cheveux...alors que s'il avait plu, ça aurait été une tout autre affaire. On a même de l'ombre au niveau des stations, que demander de plus!
On s'attelle donc à sortir les vélos des caisses (déjà ouvertes par les contrôles, c'est déjà ça de pris), on emprunte des ciseaux à une boutique de l'aéroport pr couper la tonne de coleçons qui attachent les pièces et renforts.
Petit à petit, les vélos et charrettes prennent forme...Pendant ce temps-là, les enfants jouent sur la petite esplanade qui se trouve devant avec des bancs, des arbres qui apportent un peu d'ombre et des parterres de fleurs. Un monsieur un peu intrigué par tout notre barda vient discuter. Il s'appelle Peter, fait lui aussi du bikepacking, (en version bcp plus légèrement), vit près de Geraldine où nous devrions passer et connait donc bien les routes que nous comptons emprunter. Et accessoirement, il attend sa femme qui revient d'Afrique du Sud et dont le vol est retardé. Il nous souhaite bonne chance et nous dit que nous allons adorer. Il nous renseigne aussi sur la météo bizarre de ces derniers jours (une semaine de 36 à 37 degrés, totalement hors norme ici, on comprend mieux l'herbe du parterre brûlée par le soleil, et ensuite de la neige en altitude hier...gloups...).
Une bonne paire d'heures est passée, les clés de la station (bénies soient-elles en de pareilles circonstances) montrent tout de même leurs limites pour serrer les petites vis moins facilement accessibles des portes bagages de ma roue avant. On demande à un monsieur qui patiente au soleil, avec lui aussi 2 caisses vélos prêtes à être embarquées. Mais ses outils sont rangés dans sa caisse, fermée de tous les cotés (il est plus malin que nous, lui). Il se propose de l'ouvrir pr nous les prêter mais ayant l'expérience de ces emballages, on décline son offre généreuse pour ne pas le laisser dans le pétrin d'une caisse ouverte ou du moins mal fermée alors qu'un vol l'attend. Autre solution: le vélo de Thomas est déjà monté, on trouve un magasin de bricolage à 5min, il y fait vite un saut pour y récupérer des petits clés plus maniables. Pendant ce temps, Peter repasse (sa femme n'est toujours pas arrivée) pour nous partager une application locale de trajets vélos que nous ne connaissions pas (avec les cartes de certains passages plus adaptés aux vélos). Encore merci à lui pour sa bienveillance et ses précieux conseils.
Et finalement ça y est, on sort la tête de cette galère. Les vélos sont montés, les enfants ont été incroyablement patients et autonomes durant ces dernières heures. Les estomacs sont vides (à part des bonbons et schokobons qui ont pu passer le contrôle douanier, ouf!) mais on se met en route, après les derniers conseils sécurité à Tim (ne pas oublier de serrer à gauche ici!) et avoir sectionné l'itinéraire le plus direct mais surtout le plus sûr (d'après ce qu'on peut voir sur googlemaps avec le filtre satellite).
Petite mise en jambe de plus de 8km dans la banlieue de Christchurch. Il fait bon malgré un bon vent, ça sent bon les odeurs de l'été, les aiguilles de pin séchées au soleil, les jardins débordent d'agapanthes bleues en pleine floraison, on voit des arbres magnifiques qu'on ne reconnait pas, les maisons ne ressemblent pas à celles de Belgique, les petits commerces de quartier se trouvent dans des bâtiments constitués uniquement d'un rez-de-chaussée, dédiés uniquement à cela et généralement regroupés par 5 ou 6. Bref on est ailleurs. On met enfin des images, des odeurs sur une destination qui était jusque là imaginée, envisagée. Plaisir d'y être et de la ressentir pour de vrai, avec tous nos sens.
Tim roule comme un champion. Lorsqu'il n'y a pas de pistes cyclables, on roule doucement sur le trottoir. On prend le temps de se faire à la circulation. Beaucoup de 4x4 (mais des "vrais" ici, qui sont vraiment sales et servent à aller sur des routes non-asphaltées).
Arrivée au camping "de luxe": comprenez par là qu'il y a plein de bungalows, des belles installations sanitaires, des cuisines avec salle à manger genre réfectoire pour pouvoir manger au sec en cas de pluie (ou juste plus à son aide pr les nombreuses personnes en van ou camping car). Et le Graal: une plaine de jeux pour les enfants! Ils y foncent pendant que nous montons la tente.
Il est presque 18h, journée bien remplie (on pourrait même la mettre au pluriel). On regarde le restaurant le plus proche (moins de 300m!), on y mange (les 100$ de l'aéroport ne sont plus), les enfants s'endorment littéralement à table. On ne rêve plus que d'une bonne douche chaude. Nos voeux sont exaucés, les enfants retrouvent du coup une certaine vitalité avec en plus l'excitation de dormir dans leur sac de couchage, sous la tente ("Waouw elle est trop belle!" dit Tim), mais de courte durée car le sommeil nous rattrape vite. L'intérieur de la tente ressemble à un énorme capharnaüm de sacs, vêtements entassés nimporte comment mais peu importe, on rangera et on organisera tout cela demain, on aura le temps et en plus on n'y voit plus rien. Là on profite juste d'être ensemble, chanceux d'être arrivés à bon port, avec la tente et le principal de nos affaires.
Si l'on dit que les voyages forment la jeunesse, on est sûr que les aventures forment les souvenirs.
En plus maintenant on a une bonne excuse pour ne manger qu'au restaurant! 😋