Carnet de voyage

Quatre bicyklettes chez les kiwis

89 étapes
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Nos péripéties en famille au pays du Long Nuage Blanc (Aotearoa)
Janvier 2024
92 jours
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Départ prévu dans quelques jours...

Les préparatifs, entamés il y a de nombreux mois, se précisent de plus en plus et touchent doucement à leur fin...

On rassemble les derniers vêtements et pièces de matériel, on range les lectures thématiques, on range aussi la maison (du mieux possible), on prépare soigneusement les vélos à leur grand voyage. Les caisses se ferment, les sacoches se bouclent et l'on croise les doigts pour que tout ce petit monde nous suive jusqu'à bon port.


La Nouvelle-Zélande, c'est beaucoup de chiffres (voir ci-dessous) mais c'est aussi un territoire insulaire à la nature unique. Et cela, les autorités de ce pays l'ont bien compris en tentant de protéger du mieux possible leur biodiversité. A l'heure où la mondialisation fait voyager aussi bien les humains que les marchandises, la douane néo-zélandaise veille à ce que les visiteurs curieux arrivant dans leur pays n'emmènent pas avec eux la moindre parcelle de terre, échantillon qui pourrait contenir germes et maladies. On le sait et on s'attend donc à ce que notre matériel de camping soit inspecté à l'arrivée, ainsi que les semelles de nos différentes paires de chaussures ou encore les pneus et garde-boue de nos vélos. La douche et la terrasse ont donc servi ces derniers jours de cabinets de récurage intensif de semelles diverses, sardines de tente, roue de vélos,... Vive les brosses à dents et le Karcher!

Notre destination en quelques chiffres :🥝

- Superficie: 268 680 km² (soit presque 9 fois la taille de la Belgique)

- Nombre d'habitants : près de 5,5 millions d'habitants (plus de 2x moins que la Belgique)

- 15 134 km de côtes (on n'ose même pas vous noter le nombre pour la Belgique🙈)

- Points culminants: Mount Cook 3724m (île du Sud) / Mount Ruapehu 2797m (île du Nord)

La densité de population est donc très faible, surtout dans l'île du Sud où nous atterrirons jeudi matin (Christchurch). Les noms de lieux indiqués sur les cartes sont donc parfois de simples bourgs regroupant quelques maisons et fermes, là où l'on attendrait plutôt de petites villes selon nos représentations "belges".

Lors de la préparation de la première partie de notre itinéraire (qui devrait nous conduire si tout va bien jusqu'à Dunedin), nous avons donc dû nous organiser pour éviter les grands axes (souvent peu aménagés pour la pratique du vélo) mais en n'oubliant pas de relever les "points de ravitaillement" car certains campgrounds (terrains de campings publics ou privés) sont loin de tout (et quand on dit loin, on peut facilement faire plusieurs dizaines de kilomètres sans croiser la moindre épicerie, ce qui peut être un désagrément quand on voyage à vélo...). L'intendance (nourriture/gaz pr la popotte) sera donc une de nos préoccupations, tout comme la météo (pour rappel, nous dormirons en tente) ou l'accès à des sanitaires et à de l'eau (beaucoup de toilettes publiques, moins de douches mais des rivières...). Pour ce dernier point, l'eau doit être bouillie en de nombreux endroits et nous emportons une outre LifeStraw pour pouvoir la filtrer/transporter en cas de besoin.

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Vide ton sac

Le casse-tête des vélos à emballer (dans de lourdes caisses) et du poids à repartir le plus équitablement possible (quelle idée de partir avec les vélos...), auquel s'ajoute celui des bagages en soute (qui doivent du coup être très légers pour éviter un supplément bagage)... Cela nous aura occupé une journée entière, sans pause déjeuner (et sans compter le nettoyage/démontage des vélos qui étaient déjà "prêts").

Si vous désirez partir avec vos vélos comme nous, nous vous conseillons:

- de bonnes caisses bien solides (ne pas oublier qu'elles ont un poids)

- des mètres de tape gris bien résistant

- des coleçons en veux-tu en voilà

- tout le papier-bulle que vous aurez pu accumuler ces 4 dernières années

- une tonne de patience.


D'après notre désormais petite expérience...il est nettement plus simple d'acheter des vélos sur place. C'est notre conseil. Mais on se dit maintenant que cela fait aussi partie de l'aventure!


Maintenant il n'y a plus qu'à!

Direction l'aéroport pour déposer tout cela!

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Ça y est, les bagages ont été déposés (non sans mal...ça s'est joué à 1,6kg près pour le poids cumulé vélos+sacs en soute...On a bien fait de jouer à "quel poids pour quel sac" hier soir!), nous attendons devant la porte d'embarquement après les au revoir à la famille (encore merci ❤).

Nous attendent un vol d'une heure jusqu'à Frankfurt, ensuite LE vol de 12h30 jusqu'à Singapore et enfin le dernier trajet de (seulement 😅) 9h30 jusqu'à notre destination: Christchurch.

Si tout va bien, nous devrions y être pour demain, vers minuit (on n'est pas sûrs de nos calculs du décalage horaire mais ça devrait être dans ces eaux-là...).


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Bonjour depuis la Nouvelle-Zélande où nous sommes bien arrivés avec quelques rebondissements inattendus en prime, que nous vous conterons demain...

Nous sommes bien installés au camping, c'est déjà le soir pour nous...La fatigue est là, un bon repas, une douche tant attendue et au dodo!


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Donc, reprenons depuis notre embarquement... Premier vol en soirée à destination de Francfort (SN Brussels Airlines), passagers essentiellement masculins, clientèle d'affaires, vol très rapide et sans encombre. Nous arrivons à Francfort où le transit est super bien indiqué, passage par la douane rapide et sans souci, la porte d'embarquement su vol suivant est toute proche.

Le vol suivant jusqu'à Singapore est opéré par Singapore Airlines. Personnel de cabine tiré à quatre épingles avec de jolies robes au motif batif pour ces dames. On trouve nos places assez spacieuses. L'avion étant organisé en 3-3-3 pour les sièges, nous avions donc pris un côté hublot et Thomas se dévoue pour se placer à côté des "inconnus". Inconnus qui n'arriveront jamais (ou plutôt n'existaient pas) car l'embarquement se termine et les deux places à côté de lui restent libres. Vous avez déjà vu une dizaine de personne regardé avec envie les places à côté de vous dans la perspective d'un vol de 12h30? Hé bien demandez à Thomas ce que ça fait! 😆 Du coup, Tim migre à côté de lui une fois le décollage terminé. Le vol se déroule globalement bien (si ce n'est de grosses turbulences au dessus des Balkans), les enfants explosent leur quota d'écran, puis le sommeil arrive vite malgré l'inconfort et on s'installe en se couchant comme on peut sur les places libres bénies à nos côtés. L'horaire "de nuit" de ce long vol était parfait pour que le temps passe un peu plus vite. Les enfants dorment bien, quasiment jusqu'au service du petit-déjeuner. Leur menu enfant arrive, sorte d'œufs brouillés, sortes de petites patates émincées frites et viande difficilement identifiable. Ils ne sont clairement pas fans mais se rabattent sur le reste du plateau repas (yaourt, petit pain et fruits). Pour les grands, les hôtesses passent en proposant 2 choix, comme pour le dîner. Nous avons le choix entre des "scrambble eggs and sausage" ou "chicken porridge". On se dit qu'elle a dû mal comprendre et que ça doit être autre chose que "chicken" et, l'estomac un peu en vrac par ces longues heures, le stress etc, on choisit le porridge, s'imaginant un bon bol de flocons d'avoine. Haha...ce n'était pas ça...c'était bien du chicken porridge, avec du poulet donc et quelque chose qui ne ressemblait clairement pas à du porridge comme en Angleterre mais plutôt une sorte de bouillie gluante chaude avec quelques morceaux de ce qui doit être du poulet, salée donc, aux saveurs asiatiques. Heureusement que ce plateau repas ne comportait pas que cette barquette. 🤭 Nous entamons ensuite enfin la descente vers Singapour. Signal des ceintures enclenchés...quand tout à coup, sortant de nulle part, Alaïs fait un gros rot et je comprends trop tard qu'elle doit vomir. Merci aux ingénieurs des sachets à vomi en papier de Singapore Airlines d'avoir ajouté cette bandelette à plier et tirer pour pouvoir ouvrir le sac. Les 2 secondes perdues à tenter de la tirer pour lui ouvrir seront fatales et l'essentiel tombe sur ses mains, les miennes, son pantalon, le fauteuil, l'oreiller... On rattrape le reste comme on peut, vive les serviettes et lingettes mises de côté lors des repas! La pauvre est toute patraque (on vous rassure, ça ne durera pas) et je réalise qu'on a prévu des sous-vêtements et un tshirt de rechange pour se changer avant le vol suivant...mais pas de pantalon!

Nous atterrissons donc à Singapour, au bout du couloir d'un long terminal. En sortant de l'avion, même si nous sommes pas dehors à proprement parler, on perçoit la forte chaleur mais surtout la moiteur des pays tropicaux. Petite souvenir de notre arrivée à la Réunion...C oup d'oeil sur les billets, on trouve rapidement notre vol suivant sur les écrans. Nous devons nous rendre au terminal 3. Là aussi super bien indiqué, nous devons prendre une navette, le skytrain, sorte de train automatique sans chauffeur qui fait des allers-retours entre les différents terminaux. En traversant les halls, on sent clairement que l'on a changé de continent. L'alphabet, les odeurs (ho non, ça me rappelle le chicken porridge...), les habits... C'est toute l'Asie qui se croise dans cet aéroport, des hindous aux Indonésiens en passant par des hommes d'affaires chinois pressés. Nous embarquons à bord du skytrain qui arrive en moins de 3min (ça semble être son délai, organisation top!) et passons, à son bord, à travers le grand hall du "Jewel". Waouw, on en prend plein les yeux, ambiance de Jurassic Park comme le souligne Thomas, avec la végétation, les pierres noires, la chaleur et l'humidité qui traverse les portes pourtant fermées du train, ce dôme de verre...et cette cascade cylindrique! La vision de ce décor totalement artificiel est trop furtive et nous poursuivons déjà notre route vers notre terminan. On se dit du coup qu'au retour, on prendrait bien le temps d'aller l'admirer de plus près ce petit bijou si le timing des correspondances le permet. Pour cette fois-ci, comme on ne connait pas le terrain et que ce terminal est énorme (surtout la taille des boutiques, on pourrait mettre toute une école dans celle de Louis Vuitton par exemple), on préfère se diriger vers la porte d'embarquement du vol suivant. On cherche en vain dans toute ces boutiques un pantalon de rechange pour Alaïs mais ils ne vendent que des t-shirts ou des vêtements de marques pour adultes... Une fois la porte trouvée et après avoir repasser un contrôle de sécurité (où la petite bouteille d'eau entamée dans l'avion alerte le système mais pas les gourdes restées au fond des sacs et que nous avions oublié de vider, oups. Et de tte façon on peut garder le tout...non, nous non plus on n'a pas trop compris l'intérêt de ce contrôle...), c'est mission nettoyage de legging aux toilettes. En parlant de toilettes, c'est à ça aussi qu'on voit qu'on a changé de continent, mais qu'on est dans un aéroport de transit international: pas moins de 3 modèles de toilettes différents! Toilettes avec douchette, toilette "standard" et toilettes "turques"!

Mission nettoyage accomplie, c'est un peu patraques (fatigue, stress, estomac barbouillé) que nous montons dans le dernier avion. Et non, cette fois-ci Thomas n'a pas la même chance et se retrouve bien avec une voisine...mais vous comprendrez en lisant la suite qu'il n'aurait pas échangé sa place. Aussitôt décollés, les hôtesses apportent le plateau repas (dîner) aux enfants (qui sont toujours servis bien avant les adultes, ça aide pr la gestion des 2 plateaux repas). Alais est fatiguée et ne touche pas à grand chose mais se décide tout de même à avaler quelques bouchées de sa salade de fruits...elle n'aurait pas dû, elle se plaque aussitôt les mains sur la bouche et -on apprend de ses erreurs!- cette fois-ci le sachet est prêt à être dégainé et tout finit dedans, ouf! Mais du coup, Tim ne se sent pas bien non plus et finira par vomir lui aussi 30min plus tard...Heureusement qu'ils ne sont que 2 car on n'avait presque plus de sachets! 🙈

Le vol se passe tant bien que mal pour le reste. Alais tombe KO et dort jusqu'au petit matin (pour notre ressenti car là on se perd complètement dans les horaires "locaux" des pays de départ et de destination). Le lendemain matin, ils mangent tous les deux leurs céréales, leurs fruits et yaourts (on se sent mal de ne pas toucher aux barquettes chaudes qui sont données d'office..quel gaspillage de nourriture et surplus d'emballages dans ces avions...on se demande la taille des poubelles de tels vols...😓).

Nous entamons bientôt notre descente vers Christchurch, en passant au-dessus des Alpes (pas celles que l'on connaît en Europe mais bien celles "du Sud"). Magnifique vue sur les sommets enneigés qui sortent de la couverture nuageuse clairsemée, avant de voir des reliefs moins accidentés mais tout aussi sauvages. On cherche en vain du regard une maison, une route, un véhicule mais n'en voyons pas avant d'apercevoir le Canterbury et ses plaines vraiment plates dédiées à l'agriculture, première ressource économique du pays.

Ca y est, nous atterrissons dans ce pays, c'est réel, nous y sommes enfin!



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Nous posons donc le pied en Nouvelle-Zélande. Achat de carte sim locale puis direction les douanes avant de récupérer les bagages et de passer la biosécurité. Nous entendons notre nom dans les annonces et un truc avec bagages, on se dit que ça doit être pour récupérer les vélos et on attend donc avec patience durant la vérification de nos passeports et les questions sur la raison, la durée de notre séjour et nos dates de retour. On se dirige ensuite vers la première étape du chemin de biosécurité qui consiste uniquement à nous poser des questions en lien avec le formulaire complété (préalablement à l'arrivée sur le territoire, une des formalités en plus de la demande de NZeTA, sorte de visa pr séjour de moins de 3 mois). Doivent s'y trouver les nombreuses choses à déclarer en douane (nourriture, équipement de camping ou sportif, médicaments, bois,...). De loin on voit nos caisses de vélos qui nous attendent posées près du tourniquet des bagages, on a le sourire aux lèvres, trop heureux de savoir qu'elles nous ont bien suivis jusqu'ici! Par contre, ne pas attendre de sourire du douanier. On reçoit des cartons rouges pour le contrôle de biosécurité à venir après avoir récupérer nos bagages (à notre avis la procédure normale vu ce qu'on a déclaré, en sachant qu'il y a trois couleurs: vert,jaune et rouge).

On se dirige donc vers le tourniquet et on y aperçoit 1 sac, 2 sacs, 3 sacs...on le récupère en attendant anxieusement l'arrivée du dernier, petit sac allongé Ortlieb turquoise facilement identifiable...Ils n'y en a quasiment plus sur le tourniquet (il faut dire que le temps de passer aux toilettes, acheter la carte sim, faire la file pr la douane, l'essentiel des passagers du vol est déjà parti...)...une dame qui voit notre air inquiet nous demande de nous diriger vers le "Bagage claim" et en tendant nos reçus de bagages (oui, ces petits papiers autocollants dont on se demande tjs l'utilité quand on n'en a pas besoin...) nous identifie directement. L'annonce aux micros, c'était donc pour ça: un de nos bagages aimait visiblement trop l'Allemagne et a voulu visiter un peu plus longuement le terminal de Francfort. La compagnie s'en est rendue assez vite compte et avait donc déjà prévenu Christchurch. La tuile... On attend donc derrière ce guichet, pendant que les enfants se chamaillent près des bagages et des caisses de vélos. Et tout à coup...en regardant les vélos...on réalise que les outils pour monter les vélos (pompe, clés allen et anglaises de différentes tailles, préparées avec soin par Thomas avant le départ) sont également dans ce bagage-là (vous vous souvenez du "quel poids pr quel sac"? Ben voilà...on ne les avait pas mis dans les cartons vélos car ils étaient déjà bien lourds...). Le reste du bagage est constitué de notre nécessaire à cuisine, vaisselle et lessive. Assiettes, gobelets, couverts, réchaud, casseroles, filtre à eau, corde à linge, sac à laver,...même ces bons vieux Opinel...tous coincés en Allemagne à faire la java avec les outils des vélos! Gros coup de stress, on explique donc à la dame qu'on ne sait pas remonter nos vélos sans ces outils. Et qu'on ne sait donc pas comment se rendre au camping. Elle nous demande alors par quel moyen de transport nous comptions nous y rendre...Ben...avec nos vélos! Elle nous repose la question de savoir quel transport on avait prévu pour s'y rendre avec nos vélos (elle ne voit que les caisses), on répond à vélo et elle percute enfin. On en aurait ri en d'autres circonstances. Sa collègue, toutes deux très gentilles et attentionnées, nous demande alors de quels outils nous avons besoin. Nous lui précisons (de tête, on ne sait plus trop, plein de choses se bousculent dans nos boites crâniennes fatiguées, d'autant qu'à ce moment-là on n'a toujours pas passé les vérifications de la biosécurité- et comment dit-on clé anglaise en anglais?). Et on se voit déjà débarquer au camping en taxi avec nos 4 grosses boîtes...on pense à aller en taxi jusqu'à un magasin de vélo...la dame nous indique innocemment qu'il y a des outils à une station pour vélos devant l'aéroport...on ne comprend pas bien...

Allez on souffle, on se calme, on réfléchit...(oui, les enfants se chamaillent toujours derrière, ça devait faire un beau tableau vu de l'extérieur)

1) Qu'on sache clairement où est notre sac et quand il pourra arriver (demain ou après-demain car il arrivera à Auckland cette nuit ou demain...).

2) Accepter le bon de 100$ qu'elle nous propose pour nous acheter des outils/prendre un taxi/désolé du dérangement (c'est toujours ça de pris).

3) Commencer par le début...arriver officiellement en Nouvelle-Zelande et donc passer le dernier contrôle. La dame nous escorte jusqu'à la biosécurité (on suit avec nos bagages et nos grosses caisses...) pour leur expliquer qu'il nous en manque un. On re-répond aux mêmes questions que tout à l'heure, avec un officier different cette fois-ci.

4) Passer la biosécurité: ouverture et fouille de tous nos cartons vélos (nous qui espérions secrètement qu'ils s'arrêteraient en voyant le premier vélo bien propre...non, ils vérifient même dans la caisse avec leurs lampes torches). Voir notre tente partir dans les mains d'une agent qui va la décortiquer dans une pièce à côté (elle était super souriante en nous la rendant de retour: "Superclean!"). Sourires crispés et tendus de nous quand ils nous font des petites touches d'humour "Vous me prendrez avec dans votre charette?" car dans nos têtes, même si on est ravis que le contrôle se passe bien pour le moment, on se demande toujours ce qu'on va faire avec ces vélos, ces caisses, ces sacs une fois dehors... Et on sent quand même que sous les blagues, ils sont super sérieux et cherchent vraiment des traces de terre, nourriture ou d'autres choses, dans chaque sac qu'ils ouvrent. La dernière partie des sacs (avec les vêtements) peut éviter la fouille manuelle et passe par les rayons X.

Et ça y est, sans un "au revoir, c'est bon" nous rend nos caisses, nos bagages. On se dirige vers la sortie. On récupère nos 100$ (tiens, ils sont rigolos ces billets, on dirait du plastique). On demande au comptoir d'infos (tenu par une petite mamie adorable mais visiblement très sourde) où est-ce que l'on peut récupérer ces outils...elle n'en sait rien et ne comprend pas notre demande...elle croit qu'on lui demande où/comment aller récupérer notre bagage manquant (en même temps avec notre accent...on n'est pas non plus encore dans la fluidité du discours). On ne sait pas trop où aller, quoi faire...on recroise par hasard les dames du Bagage claim et elles nous indiquent alors clairement une des sorties (this one on the left and then on the right). On suit leurs indications et on tombe effectivement sur non pas une mais 2 stations d'outils de vélos. Là, devant l'aéroport. On vérifie qu'elles conviennent bien les tailles dont nous avons besoin et allez, ça a l'air bon...maintenant il n'y a plus qu'à.

On remarque à peine que le ciel est tout bleu, l'air chaud et réconfortant de l'été avec une bonne brise qui ébouriffe les cheveux...alors que s'il avait plu, ça aurait été une tout autre affaire. On a même de l'ombre au niveau des stations, que demander de plus!

On s'attelle donc à sortir les vélos des caisses (déjà ouvertes par les contrôles, c'est déjà ça de pris), on emprunte des ciseaux à une boutique de l'aéroport pr couper la tonne de coleçons qui attachent les pièces et renforts.

Petit à petit, les vélos et charrettes prennent forme...Pendant ce temps-là, les enfants jouent sur la petite esplanade qui se trouve devant avec des bancs, des arbres qui apportent un peu d'ombre et des parterres de fleurs. Un monsieur un peu intrigué par tout notre barda vient discuter. Il s'appelle Peter, fait lui aussi du bikepacking, (en version bcp plus légèrement), vit près de Geraldine où nous devrions passer et connait donc bien les routes que nous comptons emprunter. Et accessoirement, il attend sa femme qui revient d'Afrique du Sud et dont le vol est retardé. Il nous souhaite bonne chance et nous dit que nous allons adorer. Il nous renseigne aussi sur la météo bizarre de ces derniers jours (une semaine de 36 à 37 degrés, totalement hors norme ici, on comprend mieux l'herbe du parterre brûlée par le soleil, et ensuite de la neige en altitude hier...gloups...).

Une bonne paire d'heures est passée, les clés de la station (bénies soient-elles en de pareilles circonstances) montrent tout de même leurs limites pour serrer les petites vis moins facilement accessibles des portes bagages de ma roue avant. On demande à un monsieur qui patiente au soleil, avec lui aussi 2 caisses vélos prêtes à être embarquées. Mais ses outils sont rangés dans sa caisse, fermée de tous les cotés (il est plus malin que nous, lui). Il se propose de l'ouvrir pr nous les prêter mais ayant l'expérience de ces emballages, on décline son offre généreuse pour ne pas le laisser dans le pétrin d'une caisse ouverte ou du moins mal fermée alors qu'un vol l'attend. Autre solution: le vélo de Thomas est déjà monté, on trouve un magasin de bricolage à 5min, il y fait vite un saut pour y récupérer des petits clés plus maniables. Pendant ce temps, Peter repasse (sa femme n'est toujours pas arrivée) pour nous partager une application locale de trajets vélos que nous ne connaissions pas (avec les cartes de certains passages plus adaptés aux vélos). Encore merci à lui pour sa bienveillance et ses précieux conseils.

Et finalement ça y est, on sort la tête de cette galère. Les vélos sont montés, les enfants ont été incroyablement patients et autonomes durant ces dernières heures. Les estomacs sont vides (à part des bonbons et schokobons qui ont pu passer le contrôle douanier, ouf!) mais on se met en route, après les derniers conseils sécurité à Tim (ne pas oublier de serrer à gauche ici!) et avoir sectionné l'itinéraire le plus direct mais surtout le plus sûr (d'après ce qu'on peut voir sur googlemaps avec le filtre satellite).

Petite mise en jambe de plus de 8km dans la banlieue de Christchurch. Il fait bon malgré un bon vent, ça sent bon les odeurs de l'été, les aiguilles de pin séchées au soleil, les jardins débordent d'agapanthes bleues en pleine floraison, on voit des arbres magnifiques qu'on ne reconnait pas, les maisons ne ressemblent pas à celles de Belgique, les petits commerces de quartier se trouvent dans des bâtiments constitués uniquement d'un rez-de-chaussée, dédiés uniquement à cela et généralement regroupés par 5 ou 6. Bref on est ailleurs. On met enfin des images, des odeurs sur une destination qui était jusque là imaginée, envisagée. Plaisir d'y être et de la ressentir pour de vrai, avec tous nos sens.

Tim roule comme un champion. Lorsqu'il n'y a pas de pistes cyclables, on roule doucement sur le trottoir. On prend le temps de se faire à la circulation. Beaucoup de 4x4 (mais des "vrais" ici, qui sont vraiment sales et servent à aller sur des routes non-asphaltées).

Arrivée au camping "de luxe": comprenez par là qu'il y a plein de bungalows, des belles installations sanitaires, des cuisines avec salle à manger genre réfectoire pour pouvoir manger au sec en cas de pluie (ou juste plus à son aide pr les nombreuses personnes en van ou camping car). Et le Graal: une plaine de jeux pour les enfants! Ils y foncent pendant que nous montons la tente.

Il est presque 18h, journée bien remplie (on pourrait même la mettre au pluriel). On regarde le restaurant le plus proche (moins de 300m!), on y mange (les 100$ de l'aéroport ne sont plus), les enfants s'endorment littéralement à table. On ne rêve plus que d'une bonne douche chaude. Nos voeux sont exaucés, les enfants retrouvent du coup une certaine vitalité avec en plus l'excitation de dormir dans leur sac de couchage, sous la tente ("Waouw elle est trop belle!" dit Tim), mais de courte durée car le sommeil nous rattrape vite. L'intérieur de la tente ressemble à un énorme capharnaüm de sacs, vêtements entassés nimporte comment mais peu importe, on rangera et on organisera tout cela demain, on aura le temps et en plus on n'y voit plus rien. Là on profite juste d'être ensemble, chanceux d'être arrivés à bon port, avec la tente et le principal de nos affaires.

Si l'on dit que les voyages forment la jeunesse, on est sûr que les aventures forment les souvenirs.

En plus maintenant on a une bonne excuse pour ne manger qu'au restaurant! 😋

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Aujourd'hui, nous y sommes allés mollo sur les kilomètres à vélo. Un peu moins de vingt au total. Le réveil était fort matinal mais surtout nous n'avions rien pour le petit-déjeuner (pas de vaisselle et hier soir, même si les supermarchés ferment généralement vers 21 ou 22h, nous étions trop fatigués pour aller faire des courses pour ce matin...).

Nous vérifions la météo (belle journée sèche annoncée, 25°C mais toujours du vent frais qui rafraîchit considérablement la température ressentie) et nous mettons doucement en route vers la surprise du jour (pour les enfants): le International Antartic Center, juste à côté de l'aéroport où nous avons débarqué hier. C'est un genre de musée avec des "attractions" qui présente plus ou moins fidèlement le continent blanc. Nous expérimentons une "tempête" avec température de moins 18°C ressentis (grâce à une soufflerie, ils prêtaient des vestes et sur-chaussures, heureusement pour nos orteils en sandales mais on avait oublié de mettre un pantalon), nous y observons quelques pingouins bleus en revalidation (pas sûrs du terme pingouin ou manchot mais en anglais ils ne distinguent pas les manchots des pingouins et tous s'appellent "pinguins"), nous observons des huskies, dont le travail est présenté par un homme au talent de conteur certain (dommage que les enfants ne comprennent pas encore bien l'anglais - c'est également le premier homme que nous rencontrons ici qui arbore un tā moto, tatouage facial impressionnant même s'il ne couvre dans son cas que le menton et la mâchoire) et petite séance de cinéma 4D. Il y avait également un tour -secouant- en Haggelund, sorte de véhicule scandinave tout terrain à chenilles utilisé en Antarctique pour convoyer hommes et matériel. Sensations garanties (sauf pr Alaïs à qui il manquait quelques centimètres pour pouvoir le faire).

Avant cela, nous avions fait un arrêt "petit-déjeuner" dans un café. Tim y a goûté une chose que l'on n'aurait jamais pensé trouver un jour (haaa le choc culturel!): une gaufre de Liège (appelée ici belgian waffle) Nutella bacon. Avec un peu de sirop d'érable. Oui oui, bacon comme du lard. On a cru à une erreur sur le menu car la gaufre de la ligne suivante était, elle, bien au bacon mais non non, c'était bien correct! Il a bien aimé mais a eu du mal à terminer (2 gaufres, ça fait beaucoup!).

Après la visite du Centre Antarctique, nous sommes allés dans un centre commercial proche du camping pour prendre un bon jus de fruits frais et faire quelques courses pour le souper "grignotage". Alaïs tombe en amour devant les toilettes "luxe luxe luxe" où maman et enfant sont ensemble. Le temps de rentrer au camping et il était presque déjà l'heure de prendre sa douche. Les enfants profitent de la plaine de jeux (il y a une sorte de structure gonflable qu'ils adorent). Nous allons nous renseigner à l'accueil mais non, toujours pas de sac à l'horizon... Embêtant car on se rend compte petit à petit de tout ce qu'il contenait et qui aurait été bien utile...: "Tiens, tu sais où est mon compteur kilométrique?...","Les freins de Tim ont besoin d'être recentrés, mais j'ai besoin d'un tournevis...", "J'achète de quoi tartiner quelque chose sur du pain? Mais on l'étalera avec quoi?...", "Et si on mangeait sur la couverture de pique-nique?...", "Bon...du coup je sers le jus des enfants dans leurs gourdes?...", "Oui mais on les lave avec quoi?..." On en arrive au point où on dit le nom d'un objet et en un regard on sait où il est (ou plutôt où il n'est pas). Et toujours pas de nouvelles ni par mail ni d'appel...On espère qu'il continue gentiment son petit bonhomme de chemin jusqu'ici...

En vrac, nous vous livrons également quelques petites "premières impressions" sur ce nouveau pays:

- Les néo-zélandais (du moins ceux déjà rencontrés) prononcent leur "e" [i] et cela particulièrement dans certains mots. A la douane, un officier nous demande si nous avons une "tint", "on the lift" pour dire à gauche, le conteur des huskies qui raconte l'expédition d'Amundsen "all those min wint to the South Pole" ... c'est rigolo mais parfois perturbant dans une conversation. Il faut se concentrer pour trouver les "e" déguisés en "i" et remettre du sens dans tout cela.

- Les voitures sont puissantes (gros moteurs) et roulent vite en ville, même hors des grandes artères (50km/h mais on a clairement l'impression que c'est bcp plus quand on roule à côté d'eux sur la piste cyclable). Quand on n'est pas à l'aise ou qu'on ne le sent pas à cause de trop nombreuses voitures stationnées, on n'hésite pas à monter sur le trottoir (qui est toujours assez large et asphalté avec une petite bande de gazon bien entretenu, et peu fréquenté). Pas certains que ce soit permis mais on préfère cela à risquer un accrochage avec un véhicule à grand vitesse. Ils aiment aussi beaucoup les voitures tunées, ou alors le vendredi est le jour de sortie de ces voitures originales (on manque d'expertise en la matière mais certains modèles valent le coup d'oeil en terme d'originalité!)

- La végétation est un mélange d'espèces tempérées sur l'on retrouverait chez nous (on a vu des noisetiers, des bouleaux, des érables,...) mais également de plantes plus "exotiques" (sortes de yucca, eucalyptus majestueux et tout un tas d'autres arbres que l'on ne connaît pas). Ce dernier trait devrait prendre le dessus à mesure que nous nous rapprocherons du Nord (et donc du Tropique du Capricorne) mais ça ce n'est pas pour tout de suite.

- Les camping-car ou van de touristes sont partout. Dans le camping où nous sommes il y en a un tas. Ça donne un aperçu de tte la gamme des modèles disponibles. On se dit que ça doit être chouette à faire aussi en amoureux dans ce pays aux grands espaces.

- L'eau est généralement mise à disposition gratuitement dans les restaurants et café.

- Ils ont plusieurs poubelles pour le tri mais pas partout. Les français en visite semblent perturbés car les cartons/papier ne vont pas dans la même poubelle que les plastiques.

- Quand la météo annonce que le vent va se calmer dans l'après-midi..ben ce n'est pas toujours vrai. On est content d'avoir notre belle tente qui semble bien résister.

- Les enfants néo-zélandais se perdent aussi...et courent vers Sophie qui se dirige innocemment vers les toilettes dans la pénombre à 21h au beau milieu de la prairie et se met du coup en quête de la dite maman "qui n'était plus dans la tente quand il est revenu des toilettes". Et bien retrouver une maman dont on ne sait pas à quoi elle ressemble dans le noir dans un énorme camping en essayant de comprendre et rassurer un enfant qui ne parle pas la même langue ce n'est pas facile. 😅 Heureusement tout est bien qui finit bien (le temps de chercher partout, elle était bien dans la tente).

- La coupe mulet est très à la mode par ici, quels que soient l'âge et la longueur des cheveux.

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Ce matin, lever à l'aube. L'air est super doux et on a eu assez chaud cette nuit, malgré beaucoup de vent. On vérifie la météo (qui change au jour le jour. On attend donc de pouvoir vérifier la veille ou le matin même pour établir le programme). Elle annonce un beau soleil un peu voilé, beaucoup de vent mais surtout 29°C! On en profite donc pour lancer une machine (quand on vous disait que c'était un camping "super luxe"! On sait qu'on n'aura pas ça tous les jours du coup on en profite) qui sera finie en moins de 40 min et séchera en moins d'une heure, le temps de déjeuner et se préparer à se mettre en route (voir notre super système D de corde à linge "vélo" en photo). Quand on vous dit qu'il fait déjà chaud! 23°C alors qu'il n'est pas encore 9h30... En installant le petit-déjeuner (cookies, donuts et jus de pamplemousse, on fait au plus pratique comme on n'a toujours pas ni assiettes ni couverts et on n'a pas trouvé de bonnes couques), je reçois un appel du Bagage Claim pour nous annoncer que notre sac est arrivé et sera livré dans la journée à la réception du camping! YOUHOU c'est la fête, on va pouvoir popoter et tout! Moins de 5min après, Tim trouve un trèfle à 5 feuilles (!) dans la pelouse devant la tente. On y voit un signe, ce sera décidément une bonne journée!

Vu la météo idéale annoncée (oui oui, on se dit que le vent qui s'est bien levé après une accalmie en fin de nuit nous aidera à mieux supporter les fortes températures), on décide de tenter d'aller jusqu'au Christchurch Adventure Park, à 16km. On peut y faire du mountainbike (heu...non, pas équipés), de la zipline (Alaïs trop petite et c'est hors de prix), une remontée mécanique pour voir le panorama en haut (aussi hors de prix). On a surtout en vue une randonnée de +- 5km pour monter jusqu'au point de vue (qui correspond aussi au départ des sentiers de VTT) et ensuite redescendre vie le télésiège (gratuitement...vive les bons plans pr petit budget 😎 ).

Nous arrivons dans un décor de pins majestueux, aux troncs rectilignes qui s'étirent à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, tout autour d'un complexe de quelques bâtiments en bois qui abritent un loueur de VTT, une échoppe, un centre de réservation et un café/restaurant avec une belle terrasse. Cela nous fait vraiment penser à une station de ski...mais pour VTT.

On mange donc au resto du site vers 11h15 (on est encore un peu décalés 😅) puis on se met en route pour la balade...enfin...balade pas si tranquille que cela (ha oui tiens...le panneau au départ du sentier indique un peu plus de 5km - ça va... - mais plus de 400m de D+...oups). Au début, on progresse dans une forêt de jeunes conifères aux aiguilles ttes douces (il y a visiblement eu un incendie de forêt ici il y a quelques années vu les troncs calcinés que l'on voit par-ci par-là et l'âge plus ou moins identique de tous les jeunes arbres). Mais rapidement, on se retrouve en plein cagnard, sans ombre, aux heures les plus chaudes de la journée...#tropbonneidée...#Alaïsenamarreetrâlecommejamais...

La montée semble interminable, même pour nous adultes. Quand on croit être arrivés en haut d'une côte, le sentier tourne et l'on découvre la suite de celle-ci...On croise 2-3 VTT électriques qui nous dépassent sans difficulté en nous saluant, alors que l'on est morts de chaud, en train de chercher un peu de fraîcheur à l'ombre d'un petit arbre en vidant petit à petit nos gourdes (6 quand même!). Mais les paysages que nous admirons en valent plus que la peine! Ils sont dans notre dos mais nous nous retournons fréquemment pour les admirer et repérer les nouveaux éléments visible (Ho! Là! L'océan!).

Après près de 3h de montée et beaucoup de négociations et encouragements pour faire avancer les enfants (surtout la plus jeune...hum), nous arrivons enfin au télésiège. Le panorama depuis ses environs est magnifique! D'un côté Christchurch dans son ensemble, les plaines du Canterbury et mêmes les contreforts des Alpes, de l'autre une partie de la Banks Peninsula, une péninsule à l'origine volcanique au paysage très découpé. Et dire qu'on avait hésité à commencer notre périple par là. Ça c'était avant de voir ce que donnerait notre itinéraire dans son relief en forme de montagnes russes 😅.

La descente en télésiège est rapide et le paysage vraiment beau, même si Tim et Maman sont moins l'aise avec les hauteurs. On comprend mieux la passion qui semble animer bien des néo-zélandais pour les espaces naturels. D'ailleurs, en ce samedi, très peu de circulation mais beaucoup de monde à l'extérieur, notamment qui fait son jogging, roule à vélo, se balade d'un bon pas...En même temps, avec des endroits pareils à quelques minutes en voiture du centre-ville, on les comprend très bien!

Après la descente (comment parcourir en 5min ce que l'on a mis plus de 3h à grimper...) et une boisson rafraîchissante au café de la "station", il est temps de reprendre le chemin du retour vers le camping...On appréhende un peu, en sachant que l'on avait eu le vent dans le dos à l'aller et puis aussi vu les efforts que Tim vient de fournir pour la randonnée. Mais il nous épate et boucle sans broncher les 16km et des poussières qui nous séparent de notre tente. Il faut dire que le parcours est relativement plat et assez agréable, en dehors de la circulations la semaine et sur de belles pistes cyclables ou chemins du parc. Et le vent de face semble s'être calmé quelque peu, ce qui nous rassure!

Tim aura parcouru aujourd'hui plus de 33km, sans compter cette folie de randonnée! On est super fiers de lui! Sur le chemin du retour, Alaïs s'endort dans son siège...Comme on aimerait faire comme elle!

Comme promis, au retour au camping, les enfants ont droit à leur carotte suprême, sortie comme argument ultime des négociations de "mais regarde, on y est presque, c'est juste là!": un tour à la piscine du camping (camping de luxe, on vous le disait bien 😎). On n'est pas trop sûrs que le toboggan soit aux normes de sécurité mais ils s'éclatent comme des fous pendant une petite heure, le temps pour papa d'aller nous chercher de quoi manger au supermarché du quartier et pour maman de récupérer le sac et les surveiller du coin de l'œil.

On décide de fêter cette belle journée en goûtant un des vins blancs néo-zélandais vendus à la réception (qui a uniquement le mérite d'être froid car niveau goût on a connu mieux). Et surtout, quel plaisir de pouvoir manger dans nos assiettes et boire dans des gobelets!

Décidément, c'était vraiment une belle journée! 😍


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Lever tardif ce matin, il est plus de 8h lorsque l'on ouvre les yeux...Serait-ce la journée d'hier qui a laissé des traces ou le décalage horaire qui s'éloigne? Alaïs émerge même près dune heure après, mais avec un magnifique sourire et une bonne humeur contagieuse.

La météo annoncée est belle: quelques nuages, 27°C, encore un peu de vent mais nous constaterons que c'est beaucoup moins que les jours précédents; le programme est "light": visite de la Willowbank Wildlife Reserve, sorte de mini-zoo distant d'un peu plus de 5km à vélo.

Nous y arrivons en fin de matinée, attachons les vélos et entamons notre visite, non sans avoir acheté en même temps que notre billet d'entrée quelques aliments à distribuer aux animaux. Le site est touristique mais agréable. On suit un parcours en pleine végétation qui serpente parmi les nombreux méandres d'une rivière. C'est bien ombragé, parfait par ce temps! Au fil des enclos et volières, on améliore notre vocabulaire animalier, aussi bien en anglais qu'en maori. On déduit ainsi que eel veut dire anguille en anglais vu la tête des poissons, on apprend que kaka signifie perroquet en maori et riki petit. Le kakariki est donc un petit perroquet. D'autres animaux comme le ruru (petite chouette) sont nommés en fonction du son qu'ils émettent. Outre des animaux de la ferme (cochons, ânes, chevaux, chèvres, moutons,...), le site est surtout connu pour présenter les animaux les plus emblématiques de la faune néo-zélandaise, dont de nombreux oiseaux. Nous rencontrons ainsi les malicieux kea (perroquets verts très à l'aise au sol), des tūī (petits oiseaux avec une plume blanche qui ressort de sous leur cou), les kererū (gros pigeons au beau plumage),... Le summum de la visite est le passage par la maison-enclos qui abrite des kiwis. Celle-ci est plongée dans l'obscurité pour pouvoir avoir une chance de les apercevoir. Ce sont effectivement des animaux nocturnes et en plus assez timides, donc très difficiles à observer dans leur habitat naturel. Ceux de la réserve sont donc décalés par rapport au cycle normal jour/nuit. Il y en a 4 que nous apercevrons tous (dont un de très près, à moins d'un mètre, youpie!) à force de patience, une fois les yeux habitués à la pénombre. On ne pouvait malheureusement pas les prendre en photo mais, malgré qu'ils soient en captivité, on se trouve chanceux d'avoir pu en observer "en vrai". Dans la nature, ils sont menacés d'extinction par les rats et les opossums qui dévorent leurs œufs. Il existe d'ailleurs de nombreux programme pour tenter d'éradiquer ces animaux du pays, que les néo-zélandais appellent des "pests", qu'on peut traduire par nuisibles, au sens fort du terme (=à éradiquer). A l'extérieur, il y a également un enclos avec des kiwis "normaux" mais invisibles à cette heure-ci de la journée. Le parc fait aussi partie de plusieurs autres programmes de sauvegarde d'oiseaux menacés. Les oisillons de ces espèces nés ici sont pour la plupart relâchés dans la nature, pour renforcer les effectifs sauvages.

Nous clôturons la visite en achetant de quoi nourrir les anguilles. Celles-ci apprécient d'être nourries à la cuillère (à moins que ce ne soit pour éviter aux visiteurs de perdre un doigt) et avec du haché cru, s'il vous plaît! Ce sont les anguilles d'eau douce les plus grandes du monde. Elles peuvent vivre 100 ans et peser 20 kg (on le croit tout à fait quand on voit certains spécimens gloutons!). Elles partent pondre leurs œufs aux îles Tonga et les jeunes reviennent ensuite jusqu'en Nouvelle-Zélande! En voilà des animaux voyageurs! Les enfants adorent se faire peur en les nourrissant, d'autant que certaines n'ont pas peur de sortir de l'eau et ramper sur quelques centimètres pour venir chercher leur pitance! D'après leur expérience tactile, elles sont "gluantes comme du slime"!

Après avoir mangé (oui, de nouveau au resto/café, on n'a pas encore acheté de gaz pour la popote 🙈), on retourne ensuite au camping. Petite après-midi scolaire, on profite d'un banc à l'ombre pour faire quelques devoirs et un peu de lecture. Puis, vu les températures, direction la piscine, où les enfants resteront plus de 2h, jusqu'au repas du soir.

Demain sera déjà notre dernier jour à Christchurch. Nous nous rendrons dans le centre-ville, que nous n'avons pas encore eu le temps de visiter.



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Ce lundi, visite du centre-ville de Christchurch. Petit trajet d'un peu plus de 5km pour nous y rendre, principalement le long de pistes cyclables bien aménagées. Il y a eu quelques gouttes ce matin, rien qui nécessite d'enfiler les vestes et nous avons vu notre premier arc-en-ciel néo-zélandais! On l'a trouvé bcp plus "plat"(moins courbé) et plus épais que chez nous.

Pour ceux qui ne s'en souviennent pas, la ville a été frappée par deux séismes récents, l'un en septembre 2010, plus fort (plus de 7 sur l'échelle de Richter) mais dont l'épicentre était plus éloigné de la ville (et qui s'est produit avant l'aube) et un autre 6 mois plus tard, magnitude de plus de 6 mais dont l'épicentre était cette fois-ci situé au sud de la ville (pas très loin du Adventure Park où nous nous sommes rendus samedi) et en pleine journée. Ce dernier a fait beaucoup de dégâts et 185 morts, certains immeubles se sont effondrés ou ont été endommagés et 80% du centre-ville a dû être démoli. Il y a également eu de nombreux dégâts dans tout l'agglomération (quasiment toutes les conduites d'eau et d'évacuation n'étaient plus utilisables). Le centre-ville est donc très aéré : de larges places, blocs n'ont pas (encore?) été reconstruits. L'architecture est aussi résolument moderne même si l'on retrouve ça et là encore quelques bâtiments plus anciens, témoins d'un autre passé.

Nous faisons un saut au Canterbury Museum, dont les collections attendent dans les cartons de retrouver un nouvel emplacement et qui ne présente donc pour le moment que ses pièces les plus iconiques ainsi que 2 petites expositions thématiques. On y apprend que les anguilles (vues hier) ont constitué la base de l'alimentation de nombreuses tribus Maoris, ce qui explique en partie leur colonisation des terres néo-zélandais entre le XIIe et XIVe siècles le long des cours d'eau.

Nous nous rendons ensuite au Quake City, musée qui présente l'historique des tremblements de terre dont la ville a été victime et surtout celui de février 2011 qui a traumatisé la ville. On se rend compte au fur et à mesure de notre avancée dans ce musée que cela a été un véritable choc pour toute la population et que les conséquences sont encore présentes, plus de 12 ans après. On n'ose imaginer les conséquences dans des pays moins développés touchés par des tremblements de terre encore plus importants... On passe en revue tous les aspects de la catastrophe, des vidéos du jour aux équipes de sauvetages, en passant par l'aide des volontaires et la distribution de wc chimiques dans toute la ville. Le musée est aussi très didactique: on peut sauter sur une plaque pour provoquer ses secousses, on apprend concrètement ce qu'est la liquéfaction à l'aide d'une expérience, phénomène qui provoque aussi de nombreux dégâts aux infrastructures,... Visite très instructive.

On poursuit par un tour dans les rues commerçantes et nous atterrissons au River Market où nous nous attablons pour manger. L'endroit est rempli d'une multitude d'échoppes de nourriture, de toutes origines imaginables et pour tous les goûts: salés, sucrés, cuits, crus, vegans, frits,... beaucoup de bruits, d'odeurs, de sollicitations visuelles dans tous les sens!

Nous retournons ensuite sur nos pas pour nous balader dans les jardins botaniques. C'est un vaste parc ouvert au public, avec des arbres majestueux, des fleurs de toutes les couleurs, des plantes magnifiques. Le ciel s'est bien dégagé, le soleil est bel et bien là et l'ombre des grands arbres est parfaite pour se balader au frais. Il y a également un centre d'accueil moderne où l'on en apprend plus sur la réalisation des cordes traditionnelles par les maoris ou encore l'histoire du parc. Nous nous baladons dans la serre tropicale puis parcourons la section dédiée aux plantes néo-zélandaises. Nous apprenons à en reconnaître quelques-unes (patē, kawakawa, ...) et une brochure nous renseigne sur leurs usages.

Il est plus de 17h, le temps de se remettre en route et de rentrer au camping.

Les enfants profitent à fond de la plaine de jeux et Tim est tout fou d'avoir trouvé un copain francophone, Clément qui voyage en van avec ses parents et son petit frère. Il part demain mais Tim n'est pas déçu car nous aussi "alors ça va".

Le temps devrait être sec demain matin pour ranger la tente. Direction...vous verrez!

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Ce matin, lever tardif et mise en route laborieuse. Nous quittons tard (presque 11h) le Holiday Park de Christchurch: on a clairement encore une belle marge d'amélioration dans le rangement de la tente et de son contenu. 🙈 Nous sommes encore en rodage et avons hâte de prendre nos marques pour être plus rapides/efficaces à l'heure de quitter un camping (et à l'inverse, quand on s'installe également).

Nous prenons la route vers Coes Ford, free camp qui se situe au Sud-Ouest de Christchurch, non loin des rivages du grand lac Ellesmere. Vélos chargés au max (provisions pour 2-3 jours plus de supermarchés avant quelques jours). Nous en profitons aussi pour passer acheter de quoi chauffer la popote, car on a eu un peu de mal à trouver un endroit vendant des cartouches de gaz dans Christchurch ou au centre commercial proche du 1er camping (si vous cherchez, pensez à Torpedo 7, un genre de mini Decathlon local, les prix bas en moins).

En quittant Christchurch, nous longeons un énorme zoning sur une piste cyclable étroite sur la route, clairement pas le plus chouette moment du trajet... Puis nous bifurquons vers une super piste cyclable en site propre, qui longe un échangeur autoroutier. On a vu mieux en terme de paysage environnant mais on y roule super bien et les directions sont bien indiquées. Nous y inaugurons notre première vraie mini-côte (quelle idée de vouloir faire passer cette route si haut au-dessus de la voirie du bas 😅). Première fois que les mollets s'échauffent réellement car Christchurch et tous les trajets qu'on a pu y faire (à part dans la banlieue sud) c'est franchement très plat!

Nous nous arrêtons à Prebbleton pour une pause repas bien méritée. On a du mal à croire que la rosée nous a fait emballer la tente toute humide ce matin, car à présent le soleil tape dur! Chouette petit resto où l'on déguste notre repas sur une belle table ombragée avec vue sur les vélos et petit château gonflable pour les enfants. Mais où trouvent-ils toute cette énergie ?

La suite de la route se fait sur une piste cyclable sur trottoir puis le long d'une route de campagne, sans piste cette fois-ci mais peu de trafic, même si les voitures roulent vite. Ces routes sont rectilignes, tracées au cordeau dans la plaine "plate de chez plate" du Canterbury. Nous évoluons dans un paysage de pâturages irrigués, avec quelques cultures. On y croise quelques moutons, quelques vaches, quelques chevaux et un élevage de cerfs (biches?) qui nous voient arriver de loin et s'enfuient de l'autre côté de leur prairie, en nous jetant des dizaines de regards inquiets. C'est rigolo de les voir aussi effrayés par 3 vélos et demi alors que les gros pickup lancés à pleine vitesse les laissent totalement indifférents. Je crois qu'on n'allait pas assez vite...

Nous arrivons enfin à Coes Ford, après 37 km de route quasiment plate. Nous choisissons un emplacement, montons la tente sous un soleil qui la fait sécher en moins de 15min et enfilons nos maillots car ce lieu possède l'attrait de se situer juste à côté d'une rivière! La Selwyn river possède ici une eau limpide (elle est si calme et si transparente qu'on peut y compter le nombre de poils à ses orteils - référence aux hobbits). Elle est très fraîche, cela fait beaucoup de bien de s'y plonger après la longue journée de route sous la chaleur! D'autant que ce site ne possède pas de douches (uniquement des toilettes et de l'eau non-potable). On joue dans l'eau quelques minutes puis en sortons, bien refroidis!

Petit souper improvisé sur un banc de pique-nique et passage par les toilettes...où un panneau conseille de vérifier le qualité de l'eau de baignade sur un site internet...Comme on compte finalement rester demain pour profiter du cours d'eau et se poser un peu, on le fait et...Oups! Baignade fortement déconseillée (présence trop importante d'E. coli...)😬

Bon du coup ils conseillent un autre endroit en aval pour se baigner, lui aussi avec un free camp et où la qualité de l'eau est, là, bien meilleure. Il est distant de plus ou moins 7km par la route. Le programme de demain sera donc de tout rempaqueter pour aller nous y poser. Pour le moment, aucune alerte mais on vous tient au courant pour nos intestins. 😅🤞


Pause à Prebbleton et camping à Coes Ford
Alaïs et son "diplodocus" en ombre chinoise
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Ce matin, nous avons été efficaces! Lever vers 7h (avec le chant de dizaines d'oiseaux) et il n'était même pas 11h que nous avions déjà déjeuné, emballé la tente et tout son contenu, fait presque 8km jusqu'à Chamberlain Ford, re-déballer la tente et tout son contenu et nous étions prêts à nous mettre en maillot pour plonger nos pieds dans l'eau de la Selvyn River! Nous sommes restés sur les galets toute la journée, avons préparé de bonnes pâtes au pesto à midi puis re-galets avec au programme : petite baignade pour tous sauf "papa le frileux" pour qui l'eau est trop fraîche, exploration du lit de la rivière avec Tim, aquarelles avec Alaïs, atelier "Opinel enfant" avec taille de bâton, carnet de voyage pour papa, lecture pour maman, atelier créatif, jeux et ricochets pour tous!

La journée passe, le vent souffle (encore! On a bien fait de ne pas rouler beaucoup aujourd'hui), le soleil tape, on oublie complètement qu'on est à l'autre bout du monde...on pourrait être en France , en Italie, en Angleterre... On se rend juste compte que l'on est dans un pays aux mœurs différentes des nôtres quand 5 motocross débarquent tous moteurs hurlants...Oui oui, 5 motocross qui descendent le lit de la rivière sur plusieurs centaines de mètres, sur les cailloux et avec bcp d'élan pour traverser les bras d'eau! Notre tête! 😳

Vous l'aurez compris, aujourd'hui c'était donc repos. Ce soir, une petite soupe et au dodo. Demain ce sera une autre histoire, direction le N-O, le vent devrait être avec nous... 🤞

(Et pour ceux qui se demandaient...nos intestins vont bien)

Mais où est Alaïs?
Récupération du sportif aux galets chauffés
Notre nouvelle bannière
Nos nouvelles selles de vélo ?
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Cette étape aurait aussi pu s'intituler: les 54km de la mort!

Nous partons tôt ce matin (juste avant 9h) du free camp de Chamberlains Ford, direction Glentunnel. On remonte doucement les plaines du Canterbury vers les contreforts des Alpes. On sait que plus de 50km nous attendent donc on ne traîne pas. Les routes sont, comme souvent par ici, droites et plates. Les kilomètres ne s'égrènent du coup pas très vite. Heureusement, les grandes propriétés agricoles que nous traversons sont pour beaucoup délimitées par de grandes haies de conifères (taillées au carré même si elles font plusieurs mètres de hauteur, rigueur impressionnante ! ) ou d'eucalyptus. Cela laisse au regard de quoi se concentrer sur quelque chose d'autre que le bout de la route qui ne semble pas se rapprocher. Le trafic est quasi nul, très peu de véhicules, un toutes les 5min environs (essentiellement des pickups et des camions-citernes de lait qui vont de ferme en ferme). Au détour d'un des rares virages, nous tombons soudain sur une route en gravier. Les fameuses "gravelroad" ou "non-sealed road"...voilà qui n'était pas prévu au programme! Nous nous y engageons mais ce n'est clairement pas une partie de plaisir. Heureusement, après quelques petites centaines de mètres, nous retrouvons l'asphalte. Nous continuons tranquillement notre route et traversons la Highway 1, qui part de Christchurch et s'en va vers le Sud.

A nouveau une longue route toute droite...jusqu'à ce qu'après un carrefour, elle ne se transforme en route de graviers! Ho non! Coaltrack Road...le nom aurait dû nous mettre sur la piste (c'est le cas de le dire!): cette route a en effet tout d'une piste (track) et non d'une route. De plus, les graviers sont profonds et très peu tassés. Difficile donc de trouver une sente ou "ornière" un peu plus dégagée qu'une autre. Tim dérape après 2m et se relève courageusement. Les parents sont à 2 doigts de faire de même tellement la couche est épaisse et totalement instable. On se met en petite vitesse mais 30m plus loin, rebelote! Cette fois-ci, il a du mal à trouver le courage de continuer. Un pickup qui passait justement s'arrête et demande si tout va bien. On a envie de dire non mais on demande plutôt si cette gravelroad est encore longue. La dame nous répond sincèrement que oui (mais nous ne savons pas ce que cela signifie: 1, 2, 5, 10km?) et nous dit qu'elle nous aurait bien pris si elle en avait le temps mais on l'attend ailleurs. On lui assure que tout ira bien. Malheureusement nous ne voulons pas changer d'itinéraire. Les routes sont rares ici et en changer nous obligerait à un énorme détour de plus de 10km...Et après tout rien ne presse...il n'est que 10h45, nous avons encore la journée devant nous.

Durant les kilomètres qui suivent, nous tenterons de trouver notre équilibre à chaque coup de pédale. On s'épuise, les nuages ont laissé place à un soleil qui tape de plus en plus (et ces graviers bien clairs réfractent leurs rayons à fond). On perd notre patience, Tim hésite trop quand il se trouve coincé dans une portion moins tassée et le rythme trop faible de son "pédalage" le fait déraper et tomber, encore à 2 reprises. On croit trouver la solution en roulant dans l'herbe du bas-côté mais c'est encore plus épuisant. Papa manque de stabilité avec le Weehoo à roue unique qu'il tire et Maman a l'impression de charrier tous les graviers de la route avec la charrette, plus large et donc plus stable mais dont les 2 roues ne se trouvent donc pas sur la sente plus ou moins dégagée, qui n'est pas plus large qu'un pneu de voiture...

Nous retrouvons bientôt une route asphaltée. Ho joie immense ! On a l'impression de rouler sur un tapis roulant tant la différence de rythme est grande! Mais la joie est de courte durée (le temps d'arriver puis de dépasser de quelques dizaines de mètres l'entrée du golf...) et l'on retrouve bien vite la route en gravier. Tim semble toutefois prendre confiance, et la route est légèrement plus "tassée", ce qui réduit les dérapages. Le rythme est toutefois très lent mais on avance...lentement mais sûrement...

Et la délivrance arrive finalement 10km avant la pause déjeuner, que nous avons prévue à Hororata, seul café (ou petit shop d'ailleurs) sur notre route, sans faire 20km de détour. Une belle route asphaltée! On n'ose pas se réjouir, craignant qu'elle ne se retransforme en route de gravier mais à mesure que l'on se rapproche de la route principale, on se dit que c'est de moins en moins probable et on revit!

On sait que ça n'a pas l'air, vu comme ça sur les photos, mais on vous assure que ces plus de 10km dans les graviers, on s'en rappellera longtemps. On sait aussi que nous passerons par d'autres routes de graviers...on espère désormais qu'elles seront mieux tassée que les premiers kilomètres de celle-ci!

Arrivée à Hororata, ce café est un délice. Des cakes, des pâtisseries, des cookies, des smoothies, des pies, des burgers, du bacon, des œufs...on a envie d'embrasser ces gentilles dames qui tiennent le lieu, qui ne paie pas de mine de l'extérieur mais qui s'avère pittoresque quand on en pousse la porte. Un rêve pour voyageur affamé/assoiffé!

Après un repas bien mérité, nous allons nous remettre en route quand un autre voyageur à vélo s'arrête à notre hauteur. Nous discutons, il nous demande jusqu'où nous allons, nous donne quelques conseils sur les belles routes à faire ou sur les dénivelés des régions que nous comptons traverser, les endroits à voir ou qui valent le détour, les endroits avec freecamps...pas évident de se concentrer pr comprendre tout ce qu'il dit ni pour savoir comment prononcer certains noms de lieux. On se fait tout de même comprendre et au fil de la discussion on se fait à son accent. Philip voyage lui aussi vers le lac Tekapo mais en plus "direct" (nous on n'ose pas encore y penser, surtout vu la matinée pleine de doutes que l'on vient de passer!). Il est hôte Warmshower quand il est à son domicile à Nelson, dans le nord de l'île du Sud et nous donne gentiment son contact, sans que nous ne demandons rien. Nous sommes donc les bienvenus chez lui, si nous passons dans le coin. On le garde précieusement, même si ce n'est à priori pas sur notre route mais il paraît que la région est belle et nous n'avons rien de prévu après notre descente vers le Sud alors qui sait... On parle un peu vélo, il ressort ses vieilles notions de français pour interroger les enfants. Super sympa. Nous nous quittons, lui dans un sens, nous dans l'autre. Bonne route Philip!

Il nous reste 10km jusqu'au Holiday Park de Glentunnel. Petit passage à la supérette du coin pour le repas du soir (Alaïs n'aime pas grand chose de la gastronomie "camping" ou néo-zélandaise mais la soupe tomate lyophilisée, elle adore!).

Arrivée au camping. Enorme prairie rien que pour nous. Tim et Alaïs nous aident à tout mettre en place (Alaïs assemble les montants de la tente, Tim trouve encore la force de décrocher les sacoches des vélos alors qu'on ne lui a rien demandé!). Douche chaude tant attendue après 2 jours "rivière et lingettes", lessive plus que nécessaire, repas pour recharger un peu les batteries.

Et la joie de retrouver son matelas et son sac de couchage!

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Hier on vous a tellement parlé des cailloux qu'on en a oublié le relief. L'itinéraire a été très plat mais sur les derniers kilomètres, nous avons vu apparaître les premières belles collines, heureusement sans devoir les gravir jusqu'au sommet. On dirait la Comtée, en plus jauni par le soleil.

Ce matin, on sent la journée d'hier dans les muscles mais il ne faut pas trainer à se mettre en route car 36 km nous attendent et des averses avec peut-être quelques coups de tonnerre sont annoncées cet après-midi. D'ailleurs nous rangeons la tente sous quelques gouttes.

Le début de la journée est une promenade de santé: nous revenons sur nos pas de la fin de journée de jeudi et comprenons pourquoi la dernière ligne droite d'Hororata jusqu'à Coalgate nous avait parue si longue hier, nous qui pensions être à court de jus: c'était bien un faux-plat ascendant, que nous prenons maintenant dans le sens de la descente et en prime avec le vent dans le dos! O joie! Tim cherche vainement une 9ème voire même 10ème vitesse à son vélo!

Puis nous bifurquons vers l'Ouest sur Downs Road. Il aurait fallu l'appeler "Up and Downs Road" car, toute en ligne droite, elle fait de vraies ondulations en hauteur. On essaie de prendre un maximum de vitesse dans les courtes descentes mais cela ne suffit généralement pas à arriver en haut de la montée suivante sans pousser durement sur les pédales. Arrive aussi toute en douceur une bonne averse qui nous oblige à sortir les vestes. Alaïs étrenne sa nouvelle combinaison étanche! Nous prenons ensuite vers la gauche sur Steeles Road qui est à nouveau une piste en graviers. Plus tassés qu'hier, nous y maintenons un bon rythme jusqu'à arriver à notre premier gué! Sous la drache en plus, c'est parfait! Nous poussons les vélos sur quelques dizaines de mètres car la piste est encombrée d'énormes galets, sans doute déposés là par la rivière.

La piste continue encore quelques petites centaines de mètres avant de recroiser une route plus importante que nous allons emprunter et pensions innocemment être du coup asphaltée. Que nenni! Elle est elle aussi en gravier mais beaucoup plus large. On ne croise personne pendant plusieurs kilomètres. Dans les champs autour, des moutons s'enfuient tous à notre approche. Cela donne un spectacle rigolo de dizaines de groupes beiges qui sautillent en s'éloignant. Les vaches par contre ont tendance à courir vers nous (heureusement les clôtures nous séparent de leur enthousiasme), probablement car elles pensent que nous leur apportons à manger. Elles doivent être déçues quand elles nous voient passer, dans le crissement des graviers et avec le baffle géré par Alaïs, notre DJ officielle qui motive les troupes à coup de playlist de la Réunion ou Disney.

Après plus de 15km de ce régime, nous retrouvons la route asphaltée qui rejoindra plus loin la Scenic Road 72. On comprend pourquoi un patelin du coin s'appelle Windwhistle: le vent de face rend la progression compliquée, d'autant qu'il souffle bien aujourd'hui et que nous sommes en fin de matinée. Malgré les energyballs et barres de céréales, on sent le coup de mou.

Puis vient la Scenic Road, dernier tronçon avant d'arriver au camping de Rakaia Gorge. En descente et le vent dans le dos, on retrouve le sourire et puis, au détour d'une haie de conifères...LA vue! Vertige de l'horizon qui s'ouvre tout à coup sur des kilomètres! Vue époustouflante sur la Rakaia River à la couleur d'un bleu glacial! Nous prenons le temps de nous arrêter pour admirer ce panorama éblouissant. Timing parfait, le soleil brille à nouveau entre 2 averses. Nous voyons la descente qui nous attend et le camping encore quelques kilomètres plus loin, en bas. On gère dans la descente, Tim n'aime pas quand ça va trop vite et Maman le rattrape en 2 secondes si elle ne sert pas les freins, avec la charrette en roue libre derrière. Vive les freins à disque !

Nous traversons les 2 ponts qui enjambent la rivière, l'un en bois et métal (qui date de 1884), l'autre en béton. Arrivée au camping vers 13h, où les gérants nous proposent un petit emplacement vue sur rivière. Nous resterons ici 2 nuits, le temps de se poser un peu et se reposer après ces 2 belles journées chargées. En plus, il paraît qu'il y a des randos dans le coin...

Nous finissons juste d'installer la tente, les sacoches ne sont pas encore détachées des vélos qu'une bonne averse nous arrose. Vite tout le monde et toutes les affaires à l'intérieur! Première grosse drache essuyée par notre abri, avec en plus toujours ces fortes rafales venant du Nord.

Nous attendons la fin de l'averse et allons ensuite popoter dans la cuisine. Soupe tomates/légumes et tartines.

Nous ne nous lassons pas d'admirer la vue, les vues sur cette rivière à la couleur si particulière, encore plus quand le soleil est présent. Sa couleur est due à son origine glaciaire: les éléments arrachés à la roche des montagnes par les glaciers restent en suspension et donnent à l'eau cette couleur laiteuse bleu particulière.

Nous nous habillons bien (pull et veste) pour nous protéger du vent fort (qui soufflera toute la journée...de quoi devenir fada) et partons faire une balade dans les environs, sur la grève et jusqu'à un point de vue perché en haut de la route que nous devrons re-gravir dans 2 jours pour continuer notre route et sortir de ce "creux"...gloups...vu la pente, on poussera probablement après 5 mètres. Mais pour le moment, on n'y est pas encore et on profite d'une balade au soleil.

Ce soir souper au sec (le soleil est de retour) avec vue incroyable sur la rivière!


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Cette nuit: vent. Beaucoup de vent! On sent aussi que les montagnes sont proches: il a fait beaucoup plus froid que les nuits dans les plaines du Canterbury...

Ce matin, encore du vent, il fait bien frais mais joie d'être réveillés par le chant des nombreux oiseaux qui ont choisi les arbres environnant notre tente comme perchoir. Certains ont un chant bien particulier qui nous intrigue depuis quelques jours. On réussira à identifier l'un d'entre eux dans la journée: le korimako (aussi appelé new zealand bellbird). Pour les amateurs, son chant et ses nombreuses mélodies/grincements valent le détour !

Aujourd'hui, repos, nous avons prévu de faire (au choix) baignade ou randonnée. Nous vérifions donc la météo annoncée: 18°C, bcp de vent, nuageux, averses qui s'intensifient dès l'après-midi. On oublie donc la baignade et la lessive des pyjamas prévues au programme. Ce sera donc randonnée, sans pression, et on fait demi-tour si on voit que le temps se gâte.

Après un petit-déjeuner vite expédié (on arrive à la fin du sachet de pain, les enfants aiment trop le beurre de cacahuète-cookies...le magasin le plus proche est à 19km, soit notre étape de demain. On se rationne donc et on compense en biscuits), on se met en route avec de quoi boire et grignoter au cas où le temps s'éclaircirait et où l'on pousserait plus loin. De l'autre côté du pont se situe le point de départ d'une randonnée qui va jusqu'à un point de vue sur les gorges. Le sentier est bien indiqué, on sait que c'est un "aller-retour" mais on n'a aucune idée de sa longueur (le panneau indicatif se trouve 300m en contrebas de la route bien pentue...la flemme de descendre jusque là 🙈).

On débute donc la randonnée qui nous offre très vite de beaux panoramas sur les deux ponts et la rivière. On y trouve aussi une pseudo maison de hobbits créée par les racines et la souche d'un vieux conifère. Nous continuons notre route sur le sentier qui s'enfonce dans une végétation variée. On y retrouve des espèces que l'on connaît (sureau, digitale, ronces,...) et d'autres toutes nouvelles (un arbre que l'on identifie comme le délice des bourdons vu la quantité qui y butinent, un autre qui a des feuilles épaisses mais peu nombreuses et en forme de scie allongée, ...). Ça monte, ça descend, ça remonte...On arrive bientôt à un beau point de vue sur la rivière (les pluies de la nuit lui ont fait perdre sa belle couleur bleue) et sur les montagnes environnant le Mount Hutt. Une éclaircie nous permet d'apercevoir les sommets et le petit manteau blanc qui s'y est déposé cette nuit! Il fondra dans la journée et aura déjà disparu quand nous repasserons là, 3 heures plus tard.

Les vues sont si belles que nous poussons finalement jusqu'au Upper gorge lookout. Pour y arriver, le sentier traverse des zones variées: certaines plus humides qui font penser à une forêt tropicale avec ses fougères et ses cabbage trees, d'autres plus sèches et dégagées avec des graminées et quelques buissons épineux, d'autres encore qui se rapprochent des prairies que l'on pourrait retrouver en Europe. Nous croisons également tout le long du sentier des dizaines de pièges à opossums, autre pest que les néo-zélandais tentent d'éradiquer par tous les moyens (chasse, pièges, etc...). Les pièges contiennent des imitations d'œufs (ou même de balles de golf) pour les attirer et sont peints par les enfants de l'école du village d'à côté.

Le ciel est à présent assez dégagé, à notre grand étonnement vu ce que la météo annonçait. On hésite même à mettre la crème solaire mais le sentier est assez ombragé. Sur le chemin du retour, nous croisons une famille danoise avec 2 tout-petits qui était au camping de Glentunnel quand nous y étions avant-hier et hier matin. C'est comique de se recroiser ici, au milieu de nulle part.

Nous espérons pouvoir manger au seul restaurant à 20km à la ronde après cette belle randonnée (qui aura quand même fait plus de 11km, pas mal pour une journée de repos), établissement qui se trouve presque au départ du sentier de randonnée mais déception quand nous arrivons devant: celui-ci s'avère fermé. La dame qui le tient est toutefois en train de faire le ménage et prend notre réservation pour ce soir, 18h!

Nous rentrons au camping, le soleil tape maintenant fort et Maman, sentant sa peau chauffer, applique de la crème solaire. Nous nous dirigeons vers la cuisine pour y faire chauffer de l'eau en prévision dune soupe et d'un thé réconfortant mais à peine y sommes nous qu'un énorme nuage noir s'approche par dessus la montagne. Pour couronner le tout, il s'accompagne de gros coups de tonnerre que nous prenions au départ pour des bruits de grosses remorques ou caravanes franchissant le pont. La crème solaire n'était finalement peut-être pas nécessaire... L'orage est au-dessus du camping en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et sans prévenir, une énorme averse de grêle et de grosses gouttes s'abat sur celui-ci. Branle-bas de combat, nous courrons nous mettre à l'abri à la tente (le toit de tôle de la cabane "cuisine" ne nous inspire pas trop confiance sous l'orage). Celle-ci n'est distante que de moins de 200m mais nous sommes trempés en y arrivant! A peine rentrés au sec, un énorme éclair suivi d'un énorme coup de tonnerre retentit et résonne dans tout le paysage à en faire trembler le sol! Gros stress pour Alaïs, on n'est pas trop rassurés non plus mais après quelques coups de tonnerre encore forts proches, l'orage finit par se calmer et s'en aller doucement. On pense fort à la famille qu'on a croisé et qui commençait seulement la randonnée, alors que nous la terminions et espérons qu'ils auront pu se mettre à l'abri à temps. Nous qui pensions que les prévisions étaient erronées...Nous voilà prévenus: ici, le temps change en un éclair (c'est le cas de le dire!) et nous ne sommes plus prêts de prendre les prévisions à la légère! On est bien contents aussi de ne pas avoir été sur la route à ce moment-là.

La pluie continuera finalement le restant de l'après-midi, quasiment sans interruption. On en profite pour aller prendre la douche et s'occuper comme on peut. L'humidité s'insinue partout et des flaques commencent à apparaître autour de la tente, on espère que cela va se calmer...

17h45, nous sommes prêts à nous mettre en route jusqu'au restaurant qui se trouve à 600m mais la pluie tombe encore super fort et nous attendons donc encore une dizaine de minutes...

Une éclaircie se profile, nous sautons sur l'occasion et filons dehors. Quelle n'est pas notre surprise lorsque nous apercevons, entre 2 nuages qui se dissipent, les sommets des montagnes environnantes recouverts de neige! Celle-ci tiendra au moins toute la soirée...peut-être la verrons-nous encore demain matin au lever?

Repas au Mount Hutt Lodge, servis par des propriétaires aux petits soins puis retour à la tente pour un gros dodo.

Demain nous ferons route vers Methven, vers le Sud (on s'éloignera donc un peu des montagnes), petite ville qui possède l'énorme intérêt d'avoir un petit supermarché (ravitaillement) et une piscine dans laquelle nous avons prévu de faire un saut (mais ça, chuuut, c'est une surprise pour les enfants).

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Si vous souhaitez la recette pour parcourir 12 km sans pratiquement donner un coup de pédale, la voici...

On savait cette matinée à vélo difficile... Cela fait deux jours que ce début d'étape nous nargue : une pente dès les premières centaines de mètres à faire frémir même un coureur professionnel ! Et bien, nous étions loin d'imaginer la dure réalité du parcours de ce matin ! Certes, la distance à parcourir n'est que de 18 km mais les 5 premiers nous font monter de presque 200m ! Optimistes que nous sommes, nous décidons de tenter quand même l'ascension sur le vélo mais voilà qu'après à peine quelques coups de pédales, il nous faut descendre et pousser jusqu'au petit parking se situant à 300m de l'entrée du camping... On le sent, on le sait : cette matinée va être longue et pas que pour nos jambes car les bras vont travailler encore plus aujourd'hui, devant pousser les vélos chargés de tout notre matériel habituel. Ce n'est facile pour personne et en plus la route tout de même fréquentée ne possède pas vraiment d'à-côté. Rajoutez un soleil qui commence à taper de plus en plus fort et un vent puissant de face venant du Nord qui donne l'impression de vouloir nous empêcher d'avancer. Nous avançons très doucement: 300, 400m, passant d'un recoin plat à un autre. Il nous faut environ une heure pour franchir les premiers kilomètres et enfin arriver au croisement avec la Mount Hutt Station Road, synonyme de fin des difficultés (ou presque car oui il reste quelques dizaines de mètres en d+ à franchir mais maintenant le vent est plutôt de coté et les pentes sont beaucoup moins raides). Et soudain, après un léger virage, apparaît une (très) longue ligne droite légèrement en pente qui fonce tout droit vers la ville de Methven, notre destination. Mais à présent le vent est dans notre dos et nous atteignons la vitesse de 30km et cela sans un coup de pédale! Nous voilà donc à profiter de la route, et surtout de la vue sur les montagnes au loin et cela sans fournir le moindre effort ! Et voilà comment il est possible de parcourir une douzaine de km sans avoir pratiquement touché une pédale! Le pied!

Arrivés à la petite ville de Methven un peu avant midi (oui, plus d'une heure pour les 5 premiers kilomètres et moins d'une heure pour les 13 derniers), nous allons directement installer notre tente, sous un soleil de plomb, et lancer une machine car vu le temps notre linge sera sec en moins de 30 minutes. Ensuite nous partons à la découverte du "centre" où nous trouvons un restaurant, le Green Parrot, où débute un petit live dans le beer garden. Fish & chips pour les enfants et burgers pour les adultes bien mérités et le tout en musique à l'ombre d'un grand parasol, qui manque plusieurs fois d'être emporté par le vent, qui souffle toujours fort!

Nous terminons notre tour du centre et passons faire les petites courses pour le souper et le petit-déjeuner. La ville nous donne l'impression d'être tombé dans un petit patelin américain un peu perdu avec quelques grandes routes perpendiculaires et très larges accompagnées d'une ambiance... quasi nulle! Oui on est dimanche mais cela reste bien calme pour la "grosse" ville des environs. Avec des petits airs de Far West pour ses échoppes...

Plaine de jeux, douche, souper léger et même s'il n'est que 20h15, tout le monde a envie de se coucher!

Nous resterons 2 nuits ici. Demain les températures annoncées sont de 29-30°C avec toujours bcp de vent. Pas l'idéal pour rouler plus de 35 km. Idéal par contre pour profiter des thermal pools de la ville (mais ça, les enfants ne le savent pas encore!).

N.B.: Les néo-zélandais semblent renier le ketchup dans sa forme la plus simple et adorent proposer des tomato sauce selon les goûts du patron. L'oeil s'y trompe...mais pas notre goût! On avait déjà eu droit à celle aromatisée gingembre. Aujourd'hui nous avons expérimentée celle au clou de girofle! On ne vous dit pas la déception des enfants...🤭 Et, de manière générale, cette ville sent bcp le clou de girofle: ce ketchup au resto, des rayons entiers de la supérette du coin, l'arrière de la laundry au camping...Un vrai mystère! On ne risque pas l'infection dentaire! Nous rebaptisons donc officiellement Methven Clove City !

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Aujourd'hui lever sans aucune contrainte horaire...qu'est-ce que ça fait du bien! Enfin, si nos voisins de tente n'avaient pas décidé que 7h35 était l'heure parfaite pour démarrer la voiture, faire aboyer le chien, avoir une discussion à voix haute à 2m de notre tente, allumer leur sono. Oui, tout ça en moins de 4min...on pense qu'ils voulaient qu'on se lève...Un réveille-matin n'aurait pas été plus insistant et efficace. Voilà qu'on regrette les autres campings où nous étions presque les seuls dans une grande prairie. Vive l'espace !

On déjeune tranquillement et nous mettons en route vers 9h45 vers "le musée". Nous avons en effet raconté aux enfants hier que nous irions visiter un musée aujourd'hui. Arrivés devant, il y a des voitures garées, un bâtiment, des gens qui entrent...ils n'y voient que du feu. On se dit vraiment qu'ils nous suivraient à l'autre bout du monde les yeux fermés! Ha oups oui...ça c'est déjà fait! 🤭 Hier, Tim nous avait juste questionné "Et c'est un musée de quoi?" "L'histoire de la région" (haha ça passe crème, ils ne râlent même pas...). On espère maintenant qu'ils ne seront pas trop déçus de mettre les pieds dans un thermal center avec piscine avec vue sur les montagnes !

Nous entrons, payons. Il y a des maillots et des lunettes de natation en vente à la boutique mais ils ne tiltent toujours pas. Puis ils voient des gens "habillés" dans la piscine (entendez avec leur t-shirt manches longues UV, chapeau et lunettes). Ce n'est qu'arrivés dans les vestiaires que cela s'éclaircit pour eux, quand nous sortons de la sacoche de vélo les maillots et serviettes de plage!

Quel bel endroit! Une partie du complexe est accessible uniquement aux adultes (tranquility area) tandis que l'autre l'est pour tout le monde, famille avec enfants comprise. Une sorte de Waer Waters familial. Il y a plusieurs bassins, certains avec des sortes de grottes dans lesquelles on peut circuler et agrémentées de petits bancs pour se prélasser sur les bords, d'autres avec un courant et des jeux d'eau. La température des bassins est à l'image de celle de la journée: bouillante! Limite trop chaud. Il y a également une grande bassine nordique en pin avec de l'eau glacée, pour qui chercherait à se rafraîchir.

Maillots enfilés, nous plongeons, nous jouons, nous nous promenons au détour des bassins et admirons la vue. L'endroit est très tranquille, peu fréquenté en ce lundi fin de matinée, ce qui rajoute à son charme. Le paradis sur Terre ou presque.

On y passe plus de 4h, en ressortons, il faut le dire, épuisés en milieu d'après-midi. Direction le Supervalue du coin pour le ravitaillement car demain c'est la fête nationale néo-zélandaise, Waitangi Day, qui célèbre le traité du même nom, signé en 1840. étaient alors en conflit, et qui place sous domination britannique la colonie de Nouvelle-Zélande. Traité dont la traduction des termes en maori est contestée car sujets à interprétation selon la traduction anglaise (à l'avantage des colonisateurs, comme souvent). Du coup, les (rares dans cette contrée) magasins seront fermés et nous nous rendrons à Mount Somers, petite bourgade à un peu plus de 30km (selon l'itinéraire emprunté). On en profite aussi pour acheter une glace que l'on déguste sur le banc de la place centrale de la "ville", décidément vraiment calme hors-saison (ici on vit essentiellement du ski en hiver). 32°C, température idéale pour avoir une excuse "crème glacée".

Retour au camping, 5 petits km au compteur aujourd'hui. Une vraie journée off, qu'est-ce que ça fait du bien!


Notre "livreur de pizza" préféré (après la piscine, on profite du micro-onde dispo au camp)
Ravitaillement pour 3 à 4 jours (hors pain et fruits que l'on achètera mercredi matin)
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Ce matin mise en route vers Mount Somers. On annonce du vent du Nord-Est, on a le choix entre 4 itinéraires: 1) remonter vers la Road 72; 2) descendre via des chemins de campagne (dont certains avec graviers); 3) descendre vers le Sud via la Road 77 puis bifurquer vers le nord-ouest; 4) faire un détour vers l'est pour ensuite remonter vers le Nord-ouest. 1) La Road 72 risque d'être fort empruntée et pas de place sur le côté pour les vélos; 2) Tim n'est vraiment mais alors vraiment pas motivé aujourd'hui pour une route en gravier; nous décidons donc de faire au plus efficace dans les options restantes et nous lançons sur la Road 77. On compte sur le vent pour nous pousser dans le dos et sur le jour férié pour limiter le trafic.

On a bien fait: nous parcourons très rapidement les 12 premiers kilomètres et les véhicules qui nous dépassent prennent quasiment tous de belles distances avec nos vélos. Ça fait plaisir car on ne peut pas dire que ce soit le cas tous les jours. D'ailleurs, l'une des choses qui nous a frappés ici (et qui est aussi fort différente de notre ressenti en Angleterre ou en Irlande), c'est qu'ici les véhicules motorisés sont rois (en dehors de Christchurch qui était relativement bien aménagée pour les vélos). Il est courant de croiser des panneaux indiquant "give way to traffic" sur les "passages piétons" (qui n'en sont du coup pas vraiment). Les premiers jours de notre périple, lors de notre arrêt à Prebbleton, nous avons ainsi été frappés de voir une maman avec ses 2 petits enfants à vélo et draisienne attendre à un tel passage de pouvoir traverser...nous étions en ville et les voitures ne roulaient donc pas vite. Tout le temps de s'arrêter mais aucune ne l'a fait. Après 3-4 min d'attente, elle a enfin pu passer car il n'y avait tout simplement plus de voitures qui arrivaient et cela lui laissait le temps de traverser à l'aise.

Nous bifurquons ensuite sur Thompson Track (qui est bien une route asphaltée, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire...on ne comprend pas plus que vous) et ensuite sur Tramway Road. Nous longeons une haie durant plusieurs kilomètres, seulement entrecoupée de 3-4 allées. On se demande vraiment comment ils les taillent et surtout combien de temps ça leur prend (car oui, oui, elles sont toutes taillées! Même lorsqu'elles font 5-6m de haut! Dingue!).

La route est toute droite, comme on se l'imagine dans un film de roadtrip américain. Difficile d'évaluer la distance parcourue, si ce n'est sur le compteur de Thomas. Pour essayer de rester motivés à avancer, on se fixe des petits objectifs de proche en proche: une boîte aux lettres au loin, un arbre à la silhouette particulière, un panneau routier et ainsi de suite jusqu'à ce qu'enfin on retombe sur un croisement, pour peut-être changer de direction. Sinon, c'est le même rituel qui recommence (et même si l'on tourne, on recommence car on tombe généralement sur une route toute aussi droite).

On voit que c'est jour férié aux véhicules que nous croisons: un sur 3 est en train de tracter un petit bateau, des jetskis, des kayaks... Tout le monde a l'air d'aller au lac en ce jour de congé!

Malgré le petit coup de mou de fin de matinée, nous arrivons à Mount Somers juste avant midi, après 34 km de route. Nous pique-niquons en attendant la gérante du campground qui arrive (oui oui, on l'a appelée sur son téléphone, et 2 fois! On est fiers de nous, sans tout comprendre car elle a un accent à couper au couteau mais quand même).

Le campground est loin d'être complet. Nous sommes seuls, avec 3 caravanes de retraités. Les installations ne sont pas toutes neuves mais le prix est super raisonnable et tout est super propre et fonctionnel. Une fois la tente montée et les affaires installées, nous nous dirigeons vers le general store devant lequel nous sommes passés en arrivant et qui est étonnamment ouvert. Envie d'une petite glace... 😇 Et en poussant la porte, nous replongeons au moins 50 ans en arrière. Les articles sont modernes mais les présentoirs, comptoirs et la déco sur les murs nous donne un aperçu de la vie des pionniers qui ont établis cette petite bourgade.

Nous revenons ensuite à la tente. Après-midi jeux, lecture et travail scolaire. Tim fait même des tours du camping à vélo avec sa sœur sur son porte-bagage, et beaucoup! A croire qu'il n'a pas eu sa dose de vélo aujourd'hui! Ils tentent même de négocier pour que Tim la convoie demain et que Papa prenne ses sacoches, plutôt que l'inverse. Pas sûrs que ce soit une bonne idée vu la route qui nous attend!

Il a fait chaud aujourd'hui, un peu moins qu'hier mais 24°C tout de même malgré un ciel tout voilé par d'épais nuages. Pas des cumulus comme chez nous mais plutôt des nuages lenticulaires. Drôle de ciel que nous n'avions pas encore observé ailleurs.

Demain nous nous dirigerons vers le lac de Clearwater, vers le nord. 34km et pas mal de dénivelé. Ce sera asphalte et graviers pour le programme. Tim pourra donc choisir le menu du soir (parmi notre belle sélection de pâtes 😅)!


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Ce mercredi 7 février, mise en route habituelle. Comme hier, nos voisins de camping intrigués viennent nous poser quelques questions alors que nous emballons les affaires. Nous apprenons ainsi qu'un d'entre eux (on a oublié de lui demander son prénom, honte à nous) a 82 ans (il ne les fait pas du tout!) et est un habitué des voyages à vélo, enfin, avant, avec feu sa femme. Il a circulé 3 fois en Europe, a aussi fait la Chine, le Japon, le Maroc et la traversée de l'Australie du nord au sud, à travers le désert. Inspirant! Un autre soupèse nos vélos et est épaté. On le recroisera plus tard sur la route, vers Clearwater où il nous klaxonnera pour nous encourager en nous dépassant et en nous faisant coucou de la main.

Départ vers 9h30. Nous bifurquons sur Ashburton Gorge Road et c'est...tout droit jusqu'au lac de Clearwater, 34km plus loin. Au moins on ne peut pas se tromper! Il y a peu de trafic, c'est relativement plat. On s'en sort pas mal avec notre trajet quand on voit certains chemins qui bifurquent à droite ou à gauche et qui sont nettement plus pentus, ouf! On a quand même droit à une magnifique descente et Tim n'arrive pas à s'en réjouir car il pense déjà à dans 2 jours, quand il faudra monter cette côte dans l'autre sens. Oups...

Le paysage, déjà très joli, nous dévoile petit à petit, les uns après les autres au fur et à mesure de notre avancée, de petites montagnes qui deviennent de plus en plus belles et imposantes. Nous zigzaguons pour dépasser un éperon rocheux et le panorama qui s'ouvre juste après est juste magnifique! Nous avons définitivement quitté les champs et les pâturages pour arriver dans un décor beaucoup plus sauvage! Un panneau nous signale que nous pénétrons dans Hakatere Conservation Area. Le temps est avec nous, le ciel est très légèrement couvert avec quelques nuages d'altitude mais le soleil perce de plus en plus. On n'arrête pas de s'émerveiller de ces vues! 2-3 petites pauses et 22 km plus loin, c'est le Hakatere Settlement. On peut y voir une hutt (cabane) reproduite qui illustre les conditions de vie des fermiers de l'époque ainsi que quelques panneaux explicatifs du développement de la région ainsi que de sa faune et de sa flore.

Nous continuons à présent notre route sur une belle piste en graviers pour les 11 derniers kilomètres...mais quelle piste! De loin nous voyons que ce n'est pas la grosse couche de graviers épaisse et que ça a l'air plutôt tassé alors on se réjouit...Oulà trop vite ! Non nous n'arrivons pas dans une couche épaisse de cailloux. Non nous ne dérapons pas à chaque coup de pédale. Oui, il y a des sortes de nids-de-poule de dingue, comme si la route avait été tracée par un énorme bulldozer qui aurait laissé ses empreintes de roue dans la boue. Un vrai circuit de moto-cross pour petites voitures! Ca rebondit dans tous les sens. Il faut bien tenir le guidon, c'est sûrv! La charrette est en mode free trampoline et les vibrations résonnent dans tous le corps dès que le rythme est un peu trop rapide. On ne vous dit pas dans la première petite descente que nous croisons! Maman va trop vite, change de trajectoire suite à une énième bosse qui fait tourner son guidon, dérape dans la couche épaisse de graviers et ceci à plusieurs reprises. Elle ne doit son salut qu'à un peu d'équilibre et surtout à la charrette plus stable qui l'aide à le retrouver.

On continue notre route sur ce "tapis massant" tout en ne nous lassant pas d'admirer le panorama extraordinaire qui s'ouvre à nous, à 360°! Nous commençons même à apercevoir des sommets enneigés aux crêtes beaucoup plus affûtées avec des petits glaciers le long de leurs pentes ! Waouw !

On croise (dans les 2 sens) des 4x4, beaucoup de vans, quelques camping-cars prudents sur ces ornières et même 2 cars touristiques dont les conducteurs nous saluent gentiment alors que tous leurs passagers font coucou à Tim par la fenêtre. Ils doivent nous prendre pour des fous et on avoue qu'on doit franchement en avoir l'air, sur cette route en cul-de-sac, au bout du monde!

Puis enfin nous discernons sur le gauche Lake Camp, qui précède de peu la petite station de Lake Clearwater, avec son lac éponyme. Ce sont tous des petits cabanons/pavillons, pour la plupart vides, qui sont regroupés en 3-4 rues au bout desquels on trouve le campground. Des toilettes "long drop" (on vous en expliquera le principe bientôt), 2 cuves d'eau non potable et une honestybox pour payer son emplacement (l'équivalent de 7€ la nuit). Et en guise de douche le lac sur lequel le vent souffle fort et crée des petites vaguelettes.

Au camping, un campeur sur le départ nous propose de nous recharger en eau quasiment dès notre arrivée car il avait rempli un gros jerrican en prévision d'un séjour plus long et ne souhaite pas la gaspiller. On refait donc le plein des gourdes sans devoir utiliser le filtre jusqu'à ce soir. Notre voisin de tente vient nous interroger sur notre voyage. On rajoute de plus en plus d'étapes quand ils nous demandent d'où nous sommes partis...Mine de rien, c'est vrai qu'on a passé la barre des 300km aujourd'hui! Il nous dit qu'un de ses amis nous avait vu à Rakaia Gorge (à notre plus bel avantage puisque c'était le moment où nous poussions nos vélos dans la fameuse côte de la mort...on se demande ce qu'il lui a dit!🙈). Lui vient ici pour faire du mountain bike et de la planche à voile et du windfoil sur le lac, comme de nombreux autres campeurs ici, vu leur matériel. Il y a également des personnes qui ne viennent que pour la journée. L'un d'entre eux nous hèle en passant dans son véhicule et nous congratule sur notre projet. On parle équipement car lui fait aussi des voyages avec son mountainbike et un Bob-trailer. On semble attirer aujourd'hui et hier les questions bienveillantes et la sympathie parmi ces papis retraités hyper-actifs-sportifs-en-goguette-en-camping-car-ou-tente qui apprécient l'idée de voyager à vélo, lorsqu'ils ne le font pas eux-mêmes à leurs heures perdues.

Une fois la tente installée et un frugal repas de midi avalé, on se met en route sur le chemin de randonnée qui contourne le lac et va jusqu'au sommet du Mount Guy, la montagne en face du "village". Nous parcourons ainsi à pied quelques kilomètres parmi une végétation de graminées aux teintes ocres. Nous entamons la montée vers le sommet, sans ambition de la terminer vu la pente et le dénivelé. Demain nous attendent au moins 2x18km, dont le retour en côte et avec le vent de face...On préfère garder nos forces! Sur les versants on retrouve encore des graminées et aussi des buissons épineux (ne pas s'y frotter! Le fait qu'on soit en short est aussi un des éléments qui fait qu'on ne poursuit pas plus loin) et d'autres plantes dont on ne connait pas le nom et dans les feuilles sont dures et finissent en épine.

Retour vers le camping en coupant en azimut à travers la végétation bien sèche en espérant avoir une vue sur Lake Camp mais en fait non, les crêtes se succèdent sans nous laisser entrevoir l'autre lac que l'on sait pourtant tout proche. Impression l'immensité devant ces paysages fabuleux et en même temps de vide immense tellement il n'y a rien dans le paysage. Ou plutôt aucun des éléments auxquels nous sommes habitués (routes, arbres, constructions humaines,...). Les grands espaces dans leur plus belle définition !

En rentrant, les pieds sont pleins de poussières et l'on a chaud au soleil (à l'ombre, avec le vent, c'est plutôt la chair de poule qui nous prend!). Le lac nous appelle, on s'y trempe, certains plus que d'autres. Dans tous les cas, de quoi se rafraîchir, dans tous les sens du terme !

Nos estomacs vides, nous préparons le souper alors qu'il n'est pas encore 18h. Ce sera donc pâtes pesto, dégustées sur la couverture de pique-nique, face au lac et aux montagnes qui s'enveloppent doucement de nuages , dans une des tâches de soleil restantes.

Toilette de chat, blog et carnet, tour à vélo pour Tim qui tracte Alaïs sur son porte-bagage (leur nouveau passe-temps préféré), brossage de dents (Attention en crachant la mousse du dentifrice ! Tim a un fou rire en voyant maman cracher dans le bac dédié et sa mousse de dentifrice être aussitôt projetée dans la végétation à 1m de distance à cause du vent ! Haaa la vie au grand air! Heureusement qu'il soufflait dans le "bon" sens! 🤣)


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Aussi intitulé: The riders of Rohan ou Bumpy ride ou F***ing wind!

Ce jeudi matin, c'est légers que nous nous mettons en route: nous laissons pour la journée la tente et son contenu à Lake Clearwater. On avait peur que ce ne soit pas safe de laisser ainsi les affaires - dans un camping accessible à tout un chacun, sans gardien, au bord du lac - avant de venir ici mais quand notre voisin de tente est parti faire du windfoil pendant 2h hier en laissant le coffre de sa camionnette grand ouvert avec tout son matos dedans et idem pour sa tente, on se dit que ça ira. Tout le monde a l'air de se connaître plus ou moins ici (et on commence à être connus dans la région nous aussi, apparemment 😅). Nous n'avons donc que nos vélos à pousser pour la journée, les pulls et vestes, de l'eau et des barres de céréales en suffisance, ainsi que de quoi faire un pique-nique, au cas où. Direction Edoras, oups pardon, le Mount Sunday, lieu qui a abrité le tournage des scènes du Seigneur des Anneaux se déroulant dans cette cité-là.

Route en gravier, of course! Une côte pour commencer (youpie, cela veut dire que l'on terminera par une descente ce soir) puis cela descend en pente douce jusqu'au Mount Sunday (ho non, pas youpie pour le retour...d'autant qu'on prévoit alors un bon vent du Sud...donc de face...).

Dire que certaines personnes s'achètent une planche vibrante pour faire de l'exercice alors qu'il suffit "simplement" de rouler quelques kilomètres sur cette route pour sentir, passée une certaine vitesse et sous l'action des soubresauts à répétition, sa chair et ses muscles se défaire de nos os des bras, avec une note plus marquée sur les avant-bras! Nos bras tremblent tellement qu'ils sont recouverts de plaques rouges. C'est grave, docteur? Ne pas ouvrir la bouche si l'on ne veut pas perdre un bout de langue dans un claquement de mâchoire inopiné! Et dire qu'on trouvait qu'il y avait des bosses hier! On rit...qu'est-ce qu'on rit! Cela nous rappelle les vaguelettes de sable à marée basse laissée sur la plage par le vent...Grossissez en la taille 2-3 fois, et vous avez la topographie du terrain qui défile sous nos pneus.

Vers les 3/4 du trajet, une énorme descente (pour la peine, on passe des graviers à l'asphalte sur la portion concernée, so generous) nous projette dans la vallée de la Rangitata River, rivière aux énormes méandres. Elle descend des glaciers des montagnes surplombant le fond la vallée et serpente au pied du Mont Sunday (si tout va bien, nous devrions recroiser son cours dans deux jours en allant vers Peel Forest). La vue, déjà magnifique, est époustouflante! Un énorme panorama, quasiment à 360°, s'impose à nous, dans toute sa splendeur. Re-les grands espaces, c'est ça! Tout est sauvage, c'est à peine si l'on distingue au loin la route en contrebas, fin serpent grisâtre, identifié grâce aux nuages de poussières soulevés par les 2 véhicules qui nous ont précédés il y a 5min.

Baffle allumé, Thomas et Tim imposent la musique du Seigneur des anneaux pour célébrer notre arrivée dans cette contrée !

On descend, on passe sous un irrigateur mal réglé qui impose aux voitures qui passent un petit lavage et pour nous une petite douche rafraîchissante gratuite. De quoi nous aider à atteindre le parking au départ du sentier qui mène au sommet du Mont Sunday.

Nous nous défaisons de nos montures et nous élançons sur le sentier de 1,5km qui mène au pied et ensuite au sommet de la butte que constitue le Mont, situé au milieu de la vallée. Nous croisons une dizaine de personnes en tout. Nous pouvons probablement dire merci au temps maussade de ce matin (nuages très bas à la limite du brouillard, mais qui se sont dissipés à mesure que nous arrivions en vue du mont ce matin). Au sommet, même pas beaucoup de vent! On en vient à espérer que les prévisions se soient trompées ou aient été modifiées depuis la dernière fois que nous avions du réseau. Nous ne nous lassons pas d'admirer la vue et y restons une bonne demi-heure, avant que nos estomacs ne nous rappellent à l'horaire. En descendant, nous croisons une foule de touristes retraités: 3 cars viennent en effet d'arriver sur le site. Une des passerelles n'accepte qu'une seule personne à la fois. On en est donc rendus à attendre patiemment notre tour pour traverser le petit torrent, derrière les papis et mamies en goguette (qui ne monteront, eux, pas au sommet, non à cause de leur condition qu'on ne se permettrait pas de juger, mais car cette partie du sentier n'est pas autorisée aux voyages organisés car située sur un terrain privé...).

Nous avons faim et nous avons croisé depuis ce matin plusieurs panneaux indiquant le restaurant/café/hôtel Mount Potts "now open" (!). En sachant qu'il n'y a rien ici, clairement et que nous n'avons pas croisé une maison, un abri, une hutte depuis Lake Clearwater ce matin. La tentation est grande...nos tranches de pain surchauffées dans nos sacoches en ce début d'après-midi nous semblent bien fades...Nous prenons donc la route (qui monte doucement...) qui y mène, mus par l'espoir d'un bon repas ! Le lieu semble désert...mais la pancarte Open est bien apposée sur la porte. Rouge écarlate à cause de la montée et du soleil qui tape, nous poussons la porte...Et bien, je crois que le serveur qui nous a accueillis, surpris, en nous annonçant que seul le bar était ouvert, n'avait jamais vu de têtes aussi dépitées! Nous nous sommes consolés avec une boisson sucrée, avons rempli nos gourdes et sommes repartis, tout penauds...avec l'optique de la route retour dans le viseur...

Nous stoppons juste avant la côte et pique-niquons sur les galets bordant un affluent de la Rangitata River, seuls au monde. Finalement on n'est pas si mal ici...et un repas chaud nous aurait alourdi pour la suite, c'est sûr. Voyons le bon côté des choses, vive la digestion légère!

Puis la côte...on tente en pédalant mais on doit vite renoncer tant le pourcentage est élevé. Du coup on pousse...jusqu'en haut...c'est long mais comme dirait un couple d'anglais rencontré il y a quelques années par une dame en bikepacking rencontrée au camping à Methven il y a 3 jours (ça va, vs suivez toujours? 😅): "Je n'ai jamais croisé aucune colline au-dessus de laquelle je ne puisse pousser mon vélo!". Ce sera désormais notre devise! 💪 Et puis...ça fait travailler les bras!

On continue notre progression à travers les côtes et les petites descentes. Le vent forcit de plus en plus mais on motive Tim comme l'on peut. Et puis au pire on pousse dans quelques montées. Nous avons plus que le temps de rentrer au camping. Et des spaghettis bolognaise lyophilisés nous y attendent (que nous n'avons pas encore goûtés mais dans lesquels nous fondons beaucoup d'espoir), alors que demander de plus ?

Petit à petit nous avançons et le lac et sa petite île emplie de végétation sont en vue...puis les pavillons...la descente et nous y sommes enfin. On repère en passant une plaine de jeux qui nous avait échappée lors de notre arrivée (or, elle compose un de nos équipements presqu'essentiels en camping!). Nous déposons les affaires, bain rafraichissant dans le lac (qui fait office de bac à glaçons de récupération pour le coup), plaine de jeux pr les enfants pendant que maman prépare le repas oh très complexe. Nous mangeons par terre, à l'abri du bâtiment "salon" du camping...fermé...mais lieu qui a l'avantage d'être à l'abri du vent qui souffle comme jamais (notre tente n'a jamais autant grincé mais elle tient bon, ouf ! ). (Et pour ceux qui seraient curieux...les spaghettis ça passe, bien réconfortant mais ça ne vaut clairement pas les sauces de Papou ou Papy ! )

Ce soir c'est dodo tôt, nous voulons éviter d'avoir à avancer contre le vent demain (nous nous dirigerons vers le Sud-ouest) et si le temps est pareil à aujourd'hui, il ne se lèvera pas avant 10h, voir 11h...On croise les doigts, nous prenons le pari et programmons le réveil pour 6h30 pour un départ avant 8h45...






21

Ce vendredi matin, lever avec les oiseaux. On remballe déjà toutes les affaires pendant que les enfants traînent dans leur sac de couchage. Le vent s'est totalement éteint cette nuit mais l'air est affreusement humide. Si on tend le bras en l'air, notre main est dans les nuages, ou presque. Des gouttelettes d'humidité tombent sur nous alors que nous petit-déjeunons au même endroit qu'hier, pour ne pas gêner les voisins de camping par nos voix. Nous terminons de remballer la tente et en route! Vu l'heure matinale, celle-ci est à nous, ou quasiment. Peu de véhicules ce matin....il faut dire que le temps est encore moins engageant qu'hier matin!

Tout le monde parvient au sommet de la première côte et sans trop de mal. On n'ose pourtant pas trop se réjouir pour la suite mais nous aurions pu: la route, même sa première section de 10km en graviers, se déroule sans encombre! Nous profitons des nuages qui se lèvent...mais pas totalement. Un voile de mystère persiste sur le haut des pentes et les sommets!

Nous dépassons Hakatere Settlement quasiment sans pause. Nous enlevons juste et remettons finalement des couches car l'air, s'il devient un rien moins humide, reste bien frais! Ça caille dans les descentes!

Nous continuons notre route, étonnés que cela se passe sans efforts ou presque. Tim roule comme un champion, tout en papotant sans arrêt. Fierté du jour : nous arrivons tous à franchir, sans poser pied à terre, la côte qui nous avait fait si peur il y a 2 jours en la descendant (et qui pourtant avait l'air impressionnante vue d'en-bas également!). Il y a une semaine, le résultat aurait clairement été différent !

Résultat: 33 km avalés avant 11h40!

Arrivée au camping où nous retrouvons Wendy, la caretaker du campground attentionnée qui nous fait vraiment penser à Mamie Irène, la petite Mamie de Thomas. 🌠 Nous passons direct à la douche nous rafraîchir (on se paie le "luxe" de mettre 3x50 cents par binôme parent + enfant, soit 3x2min 😎) et lançons dans la foulée une machine de linge (tout est parfait, il y a même de la "poudre qui sent bon, en tout cas meilleur que notre lessive sèche super écolo-nature" et un super étendoir). Une brochure d'un resto qui a l'air pas mal dans la kitchen du camp, à moins d'un km (ici ça compte!) et n'est ouvert que le jeudi, vendredi (parfait) et samedi soir? Ne nous en dites pas plus, on appelle (yes, in english of course!) et on réserve pour ce soir : ça ouvre à 17h, mais on n'a pas envie de passer pour des morts de faim non plus (alors qu'on l'est clairement) alors on réserve pour 17h30.

Alors que nous nous demandons ce que nous allons manger/grignoter à midi, Wendy arrive avec 4 énormes muffins garnis, tous plus appétissants les uns que les autres! Oui, c'est pour nous "qui en avons bien besoin après toute cette route!". Les restes d'une réunion organisée dans la salle paroissiale adjacente au camping. Merci Wendy ! Du fond de notre cœur ! Il ne faut pas 5min pour les faire disparaître dans nos ventres !

Nous nous réapprovisionnons ensuite au petit General store de Mount Somers (qui fait aussi office de café et pompe à essence) car nous resterons dès demain 2 nuits à Peel Forest, sans épicerie sur la route (il est d'ailleurs également possible que nous n'y ayons pas de réseau, comme à Clearwater). Excuse toute trouvée pour prendre une glace, comme d'autres travailleurs qui s'y arrêtent, malgré le temps gris.

Un nouvel arrivant au camping et un nouveau bikepacker (comprenez par là personne voyageant à vélo, généralement de façon très légère et reconnaissable au fait que ses seuls bagages sont son vélo, sa tente ultra-légère 1 place et quelques bagages - vu la taille, on suppose juste un slip et des chaussettes de rechange). Pete (on n'est plus trop sur de son nom, décidément les prénoms et nous ça fait 2...) rode autour de nos vélos, intrigué, et, sa curiosité finissant tout de même par l'emporter, nous demande d'où nous venons, où nous allons... S'ensuit une conversation d'une grosse demi-heure durant laquelle nous évoquons plein de choses: notre itinéraire, le sien, ses conseils, ses souvenirs de voyage en Europe, le nom des arbres dont nous nous demandons le nom (à venir dans un prochain épisode!)... Le contact passé super bien, il a, nous semble-t-il, un accent plus compréhensible que les autres bikepackers croisés jusqu'ici. Merci pour ces beaux moments "qui font l'aventure" Pete !

Les enfants tentent de jouer avec une autre fillette présente mais ça n'est pas évident. Maman vient à la rescousse et du coup papote avec ses parents (qui viennent d'acquérir leur première caravane d'occasion et l'étrennent donc en ce jour). Pendant ce temps, Thomas fait la causette avec le dernier autre occupant du camping, au volant d'un énorme pickup qui tracte une non moindre énorme caravane toute équipée, toute luxueuse. "Luxe, luxe, luxe" comme dirait Alaïs ! Il y a même une partie qui en ressort et se déplie, comme celle de Barbie! Et un barbecue extérieur installé à l'avant (dont les effluves de bacon grillés nous faisaient saliver il y a une heure...). Bref, voilà réunis dans ce mini-camping plusieurs levels de campeurs: du moins équipé/plus léger (bikepacker) à l'ultra-luxe. Ne manque que le milieu de gamme avec véhicule-tente pour compléter notre classement !

Il est bientôt l'heure d'aller au restaurant quand Wendy arrive avec les restes de sandwichs et salades de ce midi pour nous en proposer. On est généralement de lui dire qu'on réserve le resto, on lui propose de faire le tour du camp pour voir si ça n'intéresse pas non voisins et que nous prendrons ce qu'il reste pour demain, sur la route. Nous héritons finalement d'une salade toute fraîche (les enfants sautent au ciel car il y a des œufs durs dedans) et une série de 4 sandwichs triangulaires. Vive le frigo du camp qui nous gardera tout ça au frais jusqu'à demain!(oui, on le sait, on parle beaucoup de nourriture... comment ça, trop?).

Quelques centaines de mètres en vélo et nous arrivons au resto sui à l'air tout chic. Même si on est tt propre, nos vêtements ne nous semblent pas trop adaptés...mais quand on voit un gars de notre âge diner en famille en crocs terreuse avec un short qui a notre avis fait aussi maillot de bain, on se dit qu'on ne dénotera pas trop. La cuisine est fine, délicieuse et copieuse. Sauf qu'il y a "beaucoup, trop de monde" selon Tim...c'est sur qu'on n'est plus habitués à autant de monde ! Et le bruit de toutes ces conversations... Alors qu'on s'apprête à ne pas prendre de dessert, Tim se laisse tout seul tenter par une bonne glace au caramel! Bien méritée vu les dépenses de la journée et son super rythme à vélo de ce matin (sans compter les nombreux tours de camping avec sa sœur sur son porte-bagage cet après-midi!).

Retour au camping (36km pour la journée) et dodo. Demain on ne met pas de réveil mais 46km nous attendent tout de même...



22

Lever matinal, vers 7h15, même sans réveil. On dirait que notre corps commence à s'habituer au rythme que nous suivons depuis presque 2 semaines maintenant. Et nous avons également notre petite routine des matins "départ" : Maman et Papa commencent à dégonfler leur matelas, ce qui réveille doucement les enfants ; puis on s'habille (toujours pendant que les enfants émergent) ; ensuite l'un continue de ranger telle ou telle sacoche pendant que l'autre prépare les thé, café et chocolats chauds et installe la table pour le petit-déjeuner. Celui-ci avalé, arrive le temps du brossage de dents et le moment de remballer la tente. Et en moins de deux heures environ nous voilà prêts pour le départ ! Pete, le bikepacker rencontré hier, nous souhaite bon voyage et s'en va, lui en ligne droite vers Geraldine, non sans nous avoir au préalable donné son adresse à Taupo, dans l'île du Nord, où nous serons les bienvenus. On en prend bonne note et lui disons à bientôt !

Aujourd'hui, il s'agit surtout d'une journée "passage d'un camping à l'autre". Nous nous déplaçons vers Peel Forest où nous resterons deux nuits afin de pouvoir profiter d'un jour off pour se balader dans cette si belle nature.

Au programme : une cinquantaine de kilomètres avec principalement 2 belles lignes droites ! D'abord la route 72 vers le Sud jusqu'à Arundel (légère bifurcation à Mayfield, ho un petit virage!) puis la Peel Forest Road jusqu'au camping. Oui, aujourd'hui, l'itinéraire est plutôt facile à retenir.

Nous démarrons avec un ciel plutôt couvert (il faisait très humide ce matin) mais les premiers kilomètres s'enchaînent assez vite (moyenne de 20km/h environ). Nous nous arrêtons à Mayfield pour la pause "boule d'énergie" et lorsque nous nous remettons en route, nous apercevons un magasin type "brocante/seconde main" rempli de choses en tout genre ! Nous voilà donc à chiner en plein de milieu de nulle part : chapeaux et vieux costumes en tout genre, vieux pins, livres, vaisselle d'époque, programme de la coupe du monde de rugby 1987,... Bref de quoi s'accorder une belle pause ce matin!

La remise en route se fait sous le soleil qui maintenant a bien percé et nous continuons sur cette route 72. C'est droit, très droit... Un peu de musique nous motive à enchaîner les kilomètres et midi sonne dans les estomacs. Nous trouvons un petit emplacement à l'ombre d'un arbre un peu à l'écart de la route et donc en sécurité. Nous dégustons les sandwichs et la salade donnés gentiment par Wendy hier. Nous saluons une autre bikepackeuse qui, attirée par tout notre convoi, s'arrête pour discuter avec nous. A nouveau, une rencontre riche en partage et conseils !

L'estomac un peu plus rempli, nous terminons la descente jusqu'Arundel puis commençons la douce montée vers notre destination finale du jour. Il fait chaud et cela commence à grimper doucement. Nous nous arrêtons sur le côté de la route (celle-ci est beaucoup moins fréquentée que la 72) et Maman nous motive avec l'idée d'une glace et d'un café pour Papa à à peine 2km! Il n'en faut pas plus et nous y arrivons en quelques minutes. Le plus dur sera de choisir le parfum de la glace pour Alaïs !

En posant pied à terre, un homme nous salue et nous prévient : rain is coming in one hour ! Nous dégustons la glace mais sans trop traîner et terminons les 4 derniers kilomètres qui nous séparent du camping. On installe la tente et les affaires pendant que Tim apprend à sa sœur à rouler à vélo ! Vous allez voir : dans 2 semaines , on est bons pour revendre le weehoo et acheter un nouveau vélo!

Quelques minutes après notre installation, on entend sur la tente un plic... puis un ploc... puis un autre et encore un autre... effectivement, la pluie est au rendez-vous !

On en profite pour prendre notre douche (une bonne douche chaude et même pas besoin de jeton !) ; Alaïs écrit (recopie) trois phrases qu'elle illustre par un dessin. Arrive l'heure de se mettre en route pour le petit restaurant (oui nous avons complètement craqués lorsque nous nous sommes arrêtés pour la glace et avons réservé une table pour 18h ; après tout, c'est mérité avec 50 km dans les jambes). On enfile nos pantalons de pluie et vestes et partons donc pour 3 petits kilomètres vers le restaurant. Heureux hasard : la pluie cesse quasiment et nous arrivons pratiquement sec à la porte de la taverne.

Ce sera mini hot-dogs fris pour les enfants (avec des frites évidemment) et pizza pour les grands ! Après notre repas, un homme du coin qui traînait en cuisine sort et nous adresse quelques mots en français (plutôt pas mauvais en plus !). Figurez-vous qu'Ashley est un anglais qui a vécu 17 ans à Montréal et qui maintenant a rejoint son père qui possède pratiquement tous les terrains aux alentours (et environ 12000 cerfs par la même occasion!). Nous discutons quelques minutes avec lui pendant que les enfants jouent avec son chien ; il a notamment travaillé dans un cirque et parcouru 47 pays ; ça fait du bien de parler en français pour une fois.

Lorsqu'il nous quitte, nous rentrons prendre un dessert (ça creuse vraiment 50km) puis repartons l'estomac bien rempli à la tente.

Les dents brossées et en pyjama, nous voilà prêts à fermer les yeux, bercés par les gouttes qui commencent à retomber sur la tente. Timing parfait pour clôturer une belle journée de rencontres, 54 km dans les jambes !

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Il a plu toute la nuit, avec même quelques coups de tonnerre. Ce matin, le réveil est donc humide mais rien à ranger ce matin alors on traine dans les sacs de couchage, le temps de se donner le courage de se lever dans le froid! On a perdu quelques degrés par rapport à hier mais cela sera encore pire pour la nuit qui vient: on annonce à peine quelques petits 8 degrés...Brrr...

Le soleil perce tout de même et les oiseaux chantent par dizaines: on adore ce réveil matin!

Une fois le petit-déjeuner avalé (on profite de la cuisine collective pour ne pas manger dans le froid de la tente), on se met doucement en route vers le début de la balade du matin, situé à un petit kilomètre en vélo.

Fern Walk porte bien son nom: durant une heure et demie, nous nous baladons dans des sous-bois remplis de dizaines d'espèces différentes de fougères! Cela va de celles qui font à peine quelques centimètres de haut aux fougères arborescentes de plusieurs mètres de haut! Avec les rayons du soleil qui filtrent à travers les feuilles des arbres, cela donne un tas de nuances de vert! Magnifique! Avec sa végétation d'épiphytes et ses petits airs tropicaux, ce milieu nous rappelle des randonnées à la Réunion, notamment dans la forêt de Bébour-Belouve...mais avec au moins 15-20 degrés de moins ! Il y a même plusieurs endroits (creux et rivières) où notre buée est visible quand nous parlons !

Le sentier monte, descend, bifurque, nous fait traverser de nombreuses zones très boueuses (sploutch sploutch) ou quelques escaliers aménagés pour gravir les pentes les plus prononcées. En plus de la boue, il faut aussi prendre garde à ne pas trébucher sur une des nombreuses racines (de toutes tailles!) qui traversent le sentier.

Le sentier débouche sur Blandswood, qui regroupe quelques maisonnettes et cabanes cachées dans les bois. Nous continuons notre chemin vers Emily fall, but de notre randonnée. Ça grimpe sec, pour redescendre aussitôt! Il faut traverser 3 fois une petite rivière en tentant tant bien que mal de ne pas tremper nos pieds dans l'eau mais c'est peine perdue car les appuis qui ressortent de l'eau ne sont pas nombreux. Nous croisons à ce moment-là un "trailer fou" qui nous dépasse en coup de vent, courant en plein milieu de la rivière (splatch splatch) avec ses bâtons dans tous les sens et sa casquette avec protections en tissu pour les oreilles et la nuque qui volètent sur le côté de son visage. Des petits airs de Dingo, l'ami de Mickey. En nous dépassant, il prend tout de même le temps de nous saluer, ne comprenant probablement pas les poses d'équilibristes dans lesquelles il vient de nous trouver !

Nous atteignons enfin Emily Fall. Malgré sa taille modeste, nous entendons la cascade avant de la voir tant elle fait le bruit d'un camion roulant à pleine vitesse. Elle se cache derrière des rochers qui nécessitent de traverser le petit cours d'eau pour l'admirer dans toute sa hauteur. Maman et les enfants enlèvent les chaussures, les chaussettes, plongent les pieds dans l'eau...Brrr qu'elle est fraîche! Glacée même! Les enfants ne le supportent pas plus et sortent immédiatement de l'eau pendant que Maman tente vaille que vaille d'atteindre la berge opposée en marchant sur les cailloux pointus...mais la morsure du froid est plus douloureuse encore ! Glaglagla vive les rochers retrouvés de l'autre côté! Papa ne fait pas tant de manières et traverse quasiment les chaussures dans l'eau.

Nous faisons demi-tour (ces sentiers ne sont malheureusement pas des boucles), re-montées et descentes. Nous voulons bifurquer vers Tana fall mais le sentier est fermé. Les enfants cachent bien leur joie! Regardant l'heure, nous décidons finalement de prendre par Blandswood Road pour nous rendre au petit resto d'hier soir (il est ouvert jusqu'à 15h...il est presque 13h et il nous reste un peu plus de 5km pour nous y rendre en suivant la petite route...ça se tente!). Nous y arriverons finalement à l'heure. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls. Ça semble être le lieu de rassemblement de tous les marcheurs en goguette du dimanche. Petit repas attablés à la terrasse. Le ciel a beau être bleu sans quasiment aucun nuage, l'air est frais! Nous n'avons d'ailleurs pas enlevé nos pulls de toute la journée! Cela ne nous empêche pas de prendre une petite glace pour nous accompagner sur la route du retour, pour aller retrouver les vélos, laissés au départ du sentier de ce matin, à 3km de là. En marchant, Papa nous montre les montagnes au loin, cachées derrière un bosquet d'arbres: les sommets que nous avons longé les jours précédents (de Mount Hutt jusqu'à Mount Somers,...) sont recouverts d'une belle couche de neige (et qui ne semble pas prête de fondre en ce milieu d'après-midi)! Quand on vous disait que le fond de l'air est frais aujourd'hui! On préfère tout de même avoir eu droit à la pluie cette nuit plutôt que la neige!

Nous faisons le petit détour pour faire Big Tree Walk, qui nous permet d'admirer, encore mieux que ce matin, d'énormes arbres majestueux donc les troncs font plusieurs mètres de circonférence (et leur hauteur plus de 20m). Le plus grand d'entre eux, clou du petit sentier, est vieux de plus de 1000 ans, haut de plus de 30m et sa circonférence fait plus de 8m ! On se sent si petits à côté...Difficile de s'imaginer qu'il était déjà là quand l'île n'était pas peuplée, avant l'arrivée des Maoris au 14ème siècle ! Il a dû en voir des choses ! On lui fait un câlin en lui souhaitant encore de belles années à vivre dans cette magnifique forêt !

Nous reprenons ensuite les vélos, regagnons le camping et repartons aussitôt, à pied cette fois, vers Acland Fall, dont le sentier démarre à 2 pas du camping. Bizarre, le panneau indique 25min pour parcourir les 900m...après quelques dizaines de mètres, on comprend tout de suite pourquoi! Ça grimpe aussi sec que ce matin, sauf que nous avons déjà quelques kilomètres dans les jambes... On enchaîne les volées d'escaliers en bois, pour en redescendre d'autres après quelques centaines de mètres. Nous arrivons à la jolie cascade, plus étroite mais plus longue que celle de ce matin, nous semble-t-il. Puis demi-tour pour regagner le camping.

Parties de Uno et Triominos dans la pelouse devant la tente, tours de la plaine à vélo pour Alaïs (que Tim coache pour rouler à deux-roues, elle progresse super bien et est de plus en plus à l'aise!), douches et ensuite petit repas. Soupe pour tout le monde, tartines pour les enfants et les parents testent les nouilles instantanées achetées à Mount Somers... Résultat mitigé: il faut vraiment avoir faim et n'avoir que ça à manger ! On préfère quand même se charger d'un paquet de pâtes et d'un bocal de pesto pour nos prochains repas loin de tout magasin...On tentera de trouver autre chose à Geraldine, notre étape de demain. Nous devrons aussi y refaire le plein de crème solaire, crème hydratante,... Hé oui, ce n'est pas tous les jours qu'on rejoint une "grosse bourgade/mini-ville" alors on anticipe en faisant une liste car la prochaine agglomération de cette taille (une pharmacie, 2 superettes, même un magasin de vélos!) ne devrait pas se présenter sur notre route avant 2 semaines...

Après le repas, alors que Maman lit, en le traduisant, un des seuls livres pour enfants présents dans la bibliothèque partagée du camping, une petite de plus ou moins 4 ans vient d'installer presque sur ses genoux (Tim lui cède même sa place sur le banc tant elle a l'air intéressée). Elle confie, en français, qu'elle adore les histoires et doit "pratiquer son français". Pour la peine, on lira donc l'histoire 2 fois et puis encore une troisième, pendant que ses parents préparent leur repas. Rencontre trop mignonne !

Ensuite brossage des dents et tous au lit. On n'oublie pas de préparer des couches prêtes à être enfilées car cette nuit les températures s'annoncent froides! Tout le monde se blottit au fond de son sac de couchage et au dodo! Nous avons finalement marché plus de 15km aujourd'hui, avec pas mal de dénivelé, il est bien temps de se reposer !

On ne sait pas ce que nous réserve la journée de demain pour la météo car aucun réseau ici et on n'avait regardé les prévisions que pour les 3 prochains jours quand nous étions à Mount Somers. Nous verrons bien (secrètement, on espère quand même qu'il fera plus chaud!)...