TRANSATLANTIQUE JOUR 7 : on est à la moitié de notre traversée ! ⛵
On a vraiment bien avancé durant cette première semaine. On a eu ce bon petit vent depuis notre départ, les alizés tant attendus. Mais le vent faiblit ces prochains jours, nous obligeant à naviguer au moteur.
La couleur de l'Atlantique est magnifique, un bleu pur. L'océan me fascine par sa grandeur, son intensité, sa beauté, sa force.
Je prends conscience de notre petitesse. Nous, sur ce bateau, un catamaran imposant et luxueux à nos yeux, un radeau de survie comparé à cette vaste masse d'eau qui nous entoure. Ce bateau qui pourrait être abîmé par un ciel de tempête ou englouti par un océan déchaîné. On est si peu face à la nature, et c'est bon de se le rappeller. On ne dompte pas les éléments, on apprend à composer avec eux et rien de tel que la voile pour le comprendre.
Malgré tout, je n'ai pas peur. À aucun moment.
Pourtant... plus les jours passent, plus le bateau se détériore. César l'a comparé à un meuble Ikea qu'il va livrer en pièces détachées. Et franchement on n'est pas loin du compte. Liste (non exhaustive) :
- défaut de construction de mât - menace de tomber
- un moteur en panne (première panne avant notre arrivée aux Canaries, seconde panne aujourd'hui)
- une des réparations faites au mât a déjà sauté
- fuite d'eau (réparée)
- défaut d'une pompe à eau (tourne dans le vide, il faut systématiquement relancer tout le système électrique)
- tabouret de la table à carte cassé (réparé)
- perte d'une manivelle de Winch
- casse ou perte de la moitié des ustensiles de cuisine
- perte d'un coussin extérieur (envolé dans la mer Méditerranée lors du gros temps du premier soir)
- mauvaise isolation entre le mât et l'intérieur - laisse passer l'eau lorsqu'il pleut !
- usure "normale" après 2 mois d'utilisation : boutons des taques de cuisson brûlés, coussins affaissés, bouts usés et cassés, lampes de chevet dévissées,...
Si vous cherchez à acheter un bateau un jour, n'achetez jamais un BALI !
Aujourd'hui, mon quart est de 9h à midi. On tente d'amadouer notre capitaine, car nous, les nanas, on aimerait réquisitionner le fly au moins une heure par jour. On aimerait dire adieu à nos marques de bronzage. C'est accepté, il est à nous de 10h à 11h. 💪
Les journées continuent de défiler, sans se ressembler. Qui a parlé d'ennui et de monotonie sur un bateau ? Bien-sûr on s'occupe avec les mêmes activités : jeux de carte, de société, aquarelles, lecture, bain de soleil, musique, écriture. Mais chaque jour est réellement différent, en fonction des humeurs, des états de fatigue, du vent, des envies.
L'ambiance est au top depuis notre départ, et particulièrement aujourd'hui ! On a fêté la moitié de la traversée en débouchant une bouteille de vin rouge à midi. Bouteille, qu'on jetera à l'océan dans quelques jours, en espérant qu'elle trouve un jour le chemin d'un rivage avec nos petits mots.
Il en faut très peu pour lancer les hommes du bateau, qui continueront à vider toutes les bouteilles qu'ils trouveront durant l'après-midi, en riant à gorge déployée à chacune de leur blague. Il en faut très peu aussi pour motiver Paupau et Ali, mais, à la différence des hommes, la musique seule les lance. À 20h30, elles sortent les tenues du Cap Vert et embrayent sur la désormais célèbre - et connue de tous (par cœur, vraiment par cœur!) - playlist de variétés françaises. La célèbre chanson de Claude François a été repensée à mon image. Ainsi c'est désormais "elle a les. Yeux. Bleus. Sophia. Elle a le. Front. Brun. Sophia". Ça enchaîne sur la chanson des sardines, les Rita Mitsouko, Louise Attaque et autres "pépites" de la chanson française. Toujours dans mon humeur contemplative et pensive de cette traversée de l'océan, moi je les regarde assise, à la fois admirative de cette énergie débordante et de cette insouciance permanente (je parle des filles bien-sûr), et désemparée face à cette soirée qui se répète en boucle depuis 2 mois. 😅
J'ai adoré cette journée. J'adore aussi l'ambiance qui se dégage de l'équipage ! Même si en toute transparence, je me suffis amplement des sensations pures de cette traversée, sans besoin ni envie de faire la fête. Pourtant grande fêtarde que je suis, mais j'imagine qu'il y a un temps pour tout.
(Et puis fidèle à moi-même, avec moi c'est blanc ou noir. Toujours dans les extrêmes! 😅)