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La découverte d'Haïti s'annonce pleine de péripéties. Suivez mes aventures pendant trois mois, le temps d'une enquête de terrain !
Du 3 au 17 février 2019
15 jours
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3
fév

L'aventure recommence !

Je décolle pour Haïti, et ce pour les trois prochains mois. Pourquoi ? Dans le cadre de mes études de Master je réalise une enquête de terrain sur le processus de reconstruction sociale après le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti. Pour la réalisation de cette enquête, je suis accueillie par l'Université Quisqueya, située à Port-au-Prince, au sein du Centre de Recherche en Gestion et en Economie du Développement.

Le vol s'est bien passé. Un peu de turbulence entre deux ronflements. J'en ai également profité pour regardé le film "Le grand bain" de Gilles Lellouche, que je recommande à tout le monde ! Avant d’atterrir, le commandant de bord nous a fait un petit survol de la capital et de ses alentours, que j'ai réussi à prendre en photo tant bien que mal. On peut tout de même y voir que le relief de l'île d'Hispaniola ("Petite Espagne") comme l'avait nommé Christophe Colomb à sa découverte, est assez montagneux. Vu du ciel, c'est ce qui en fait son charme.

Trajectoire du vol, suivi de près par mon père 
Haïti vu d'en haut 

Mélissa, une amie accompagnée de son frère et de son cousin sont venus me chercher à l'aéroport. Ils m'attendaient depuis déjà une heure sous la chaleur, à cause du retard de mon vol. On embarque mes bagages et en route pour ma maison ! C'est un havre de paix dans un océan de verdure. Complètement aérée (le mur extérieur n'est qu'une grille de fer), le vent s'y infiltre du soir au matin. C'est très agréable dans un pays où le soleil peut taper bien fort. J'habite ici avec Cécile, une Française expatriée qui est tombée amoureuse de ce pays. Elle n'arrivera que dans deux semaines car elle est en déplacement. J'ai de nombreux voisins haïtiens, latinos, français. Le quartier est très calme et agréable. Je me sens à l'écart des agitations de la ville et ça me va très bien.

L'entrée, mon appartement, la terrasse, la cuisine, le salon, la salle de bain et ma chambre

Après la découverte de mon nouveau chez moi, nous partons vers l'Université Quisqueya, où je passerai le plus clair de mon temps pour travailler. Elle se situe à même pas 10 minutes à pied. Le seul inconvénient c'est qu'il faut faire 5 minutes de marche en côte raide pour y arriver. Ça me fait faire du sport !

Comme nous étions dimanche, les lieux étaient vides. Ce qui m'a permis de me promener à ma guise pour découvrir les lieux. Des bureaux, des salles de classe désertes. Chaque bâtiment correspond à un pôle d'enseignement spécifique. L'emplacement de l'Université offre une vue imprenable sur Port-au-Prince et sur la Mer des Caraïbes.

L'Université Quisqueya, ses salles de classe, ses tortues et sa vue sur Port-au-Prince. 

Comme le soleil commençait à se coucher, nous sommes rentrés chez moi. Ils ont bien vérifié que je fermais la porte derrière moi et sont repartis. C'est la première règle que j'ai appris ici : "Referme toujours la porte derrière toi. Tu es en Haïti ici." Ce sont les paroles du cousin de Mélissa.

Je n'ai malheureusement pas réussi à me connecter au wifi ce premier soir et n'ai pas pu communiquer avec ma famille pour leur raconter ma première journée. De toute façon, ils étaient déjà couchés.

4
fév

J'ai longtemps cherché à me connecter au wifi pour accéder à ma boîte mail et savoir enfin avec qui j'avais rendez-vous. A force d'aller voir tout le monde en leur racontant ma petite histoire et la cause de ma présence ici, un étudiant est venu me trouver pour m'amener à mon bureau. Mission accomplie ! J'ai rencontré mon tuteur de stage, avec qui j'avais rendez-vous l'après-midi et j'ai fait connaissance avec les deux secrétaires. Je partage mon bureau avec un enseignant de l’Université de Lille, en déplacement pour quelques jours à Port-au-Prince. Le travail commence alors ...

Dans la matinée, Bénito, le délégué des étudiants m'a fait faire le tour de l'Université en me présentant à tout le corps administratif et aux enseignants que nous croisions. J'en connais un peu plus long sur cet endroit, qui n'a pas résisté lors du tremblement de terre de 2010.

Mélissa est ensuite venue me trouver avec un de ses amis pour aller m'acheter une carte SIM. Après maintes discussions sur le forfait le plus approprié, je peux enfin appeler à Haïti ! Nous avons ensuite fait un petit tour pour retirer de l'argent. La monnaie ici est la gourde haïtienne. Le taux est de 89 gourdes pour 1 euro. Du coup je me sens riche.

Avec mes nouveaux billets, je suis allée me payer le plat du jour à la BelFouchet, le restaurant qu'a aménagé Bénito dans un conteneur au sein de l'Université. Je me suis régalée d'un riz collé (avec des haricots rouges) accompagné de petits légumes, avec une cuisse de poulet importée et une banane plantain frite. Délicieux ! Le ventre plein pour la modique somme de 125 gourdes (1,40€).

L'après-midi j'ai été assister au séminaire de mon compagnon de bureau, Etienne Billette De Villemeur intitulé "Risques climatiques et stratégies de production agricole", où comment utiliser l'arrosage pour maximiser les récoltes dans des pays dans lesquels se succèdent période de sécheresse et cyclones comme à Haïti. Cet énoncé m'a replongé dans les cours d'économie du lycée. Très intéressant !

Je suis rentrée chez moi avant le coucher du soleil, pour profiter de la fraîcheur de ma maison.

5
fév

Après avoir gravi la pente qui mène jusqu'à l'Université, je reprends mon souffle dans l'air frais du bureau. Travail puis déjeuner à la BelFouchet pour me redonner des forces. Je quitte Quisqueya pour descendre à pied recharger mon boitier afin d'avoir le wifi chez moi. Ici pour avoir internet, cela fonctionne par carte SIM à recharger avec du crédit internet tous les mois pour avoir le wifi à la maison.

Un petit détour au supermarché pour acheter de quoi tenir pour une semaine, avant de découvrir les marchés haïtiens avec ses fruits et ses légumes gorgées de soleil. Les produits ont à peu près le même prix qu'en France. Seulement, les Haïtiens n'ont pas le même pouvoir d'achat que les Français.

Comme je n'ai pas grand chose à vous raconter sur cette journée, je vous propose un tour d'horizon sur les habitudes alimentaires haïtiennes (merci le guide du Petit futé et les Haïtiens qui ont bien voulu répondre à ma curiosité).

Au matin, en Haïti, on mange un petit-déjeuner bien nourrissant à base d'omelette, de polenta avec des épinards, de banane plantain bouillie avec des foies en sauce. Le tout est arrosée d'un café bien fort et bien sucré. Ici le café est torréfié en caramélisant les grains avec du sucre jusqu'à ce qu'ils soient carbonisés. Ce qui lui donne son goût si unique et son taux en sucre si élevé.

Vers 13 heures, la faim se fait sentir de nouveau pour le "dîner" et les Haïtiens aiment se laisser tenter par un plat consistant à base de riz et de viande. Le riz est cuisiné de différentes manières : blanc, collé (avec des pois). On trouve souvent du poulet d'importation. Ces cuisses de poulet chétives sont de qualité assez médiocre. Par chance on peut aussi tomber sur un morceau de bœuf, de porc ou de cabri bien cuit. Je suis étonnée de ne pas trouver plus de poissons que ça sur une île, mais le secteur de la pêche n'est pas très porteur apparemment, bien que les eaux haïtiennes regorgent de bons poissons et de crevettes. Les assiettes sont servis avec un accompagnement pour les moins étonnant pour nous autres français : des bananes plantain bouillies ou frites (banane pesée). Et c'est délicieux !

Le soir, on prend le souper assez tôt, vers 18 heures. Il se compose de mets sucrés à base de fruits, de riz au lait ou de bouillie. Certains vont acheter des fritay, vendus dans les rues par les petites marchandes installées le long du trottoir.

Je n'ai malheureusement pas encore tout goûter et je me fais mes plats moi-même en improvisant avec les produits locaux. Il me reste encore du temps pour découvrir toutes les facettes de la cuisine haïtienne.

7
fév

Ce matin je me réveille en lisant mes messages. Chouette, les résultats du semestre sont enfin disponibles ! Comme je n'arrive pas à me connecter à mon espace personnel avec mon faible wifi, une amie m'envoie mes résultats et j'apprends que je valide avec mention bien ! Champagne ! Ah bah non ...

Je me prépare tout en repensant aux discussions que j'ai eu avec des étudiants hier. Aujourd'hui, une manifestation de la population a lieu pour dénoncer la corruption, le coût de la vie trop cher, la dépréciation de la gourde face au dollar américain et le non-respect des promesses de l'actuel Président Jovenel Moïse.

Je décide d'aller voir à l'Université ce qu'il se passe. En sortant, je remarque que les rues sont désertes. Presque pas de circulation, des trottoirs plus vides qu'à la normale. Les grilles de l'université sont fermées. Je demande à l'agent de sécurité de m'ouvrir. Il me dit que c'est à cause de la manifestation. Tout est à l'arrêt. Pas un étudiant. Tous les bureaux sont fermés. Je reste pour discuter avec des agents de la sécurité et pour me promener dans cet endroit désert. J'en profite pour prendre quelques photos du site.

Comme il m'est impossible de travailler sans bureau, même si le calme du lieu est tout à fait agréable, je repars chez moi. Je m'improvise un bureau sur ma terrasse, tout en prenant le soleil.

8
fév

Port-au-Prince entame le deuxième jour de manifestation (lien vers un article du Monde sur la situation) dans la joie et la bonne humeur. Personnellement, l'ennui commence tout doucement à se faire sentir à rester chez moi toute la journée, seule face à mes pensées. Bien que je me sois aménagée un coin bureau assez sympathique sur le patio.

Dans la matinée, je me lis néanmoins d'amitié avec un petit lézard qui se cache dans les plantes grasses de la terrasse. Saurez-vous le trouver ? Plus tard, j'aperçois un superbe oiseau dont j'ignore le nom (amateur j'en appelle à vos connaissances). Je m'excuse d'avance pour la qualité des photos qu'offre le minuscule zoom de mon appareil photo ...

Le midi venu, je décide de sortir le bout de mon nez pour aller me chercher à manger dans les rues de mon quartier. Les rues sont encore assez désertes. J'avais déjà repéré quelques cuisinières qui vendent leur plat sur le bord de la route. Elles aménagent leur petits restaurants de fortune avec toutes leurs gamelles et parfois même un coin pour s'asseoir. Qu'à cela ne tienne, je vais leur acheter un plat : porc bouilli, riz collé, légumes cuisinés, verdure et bananes plantain bouillies. Le bonheur pour les yeux et les papilles. Je vous laisse apprécier en photo, même si transvasé dans une assiette, le plat a l'air moins appétissant.

Je retourne à mes recherches le reste de la journée, en salivant pour le repas du lendemain midi (le plat était tellement bien servi qu'il m'en reste encore).

Le soir, mes pensées sont détournées de mon travail par un joli coucher de soleil sur la baie de Port-au-Prince. Le spectacle doit être magnifique vu des montagnes alentours ... A prévoir !

11
fév

C'est le quatrième jour de blocage à Port-au-Prince ... Je commence à trouver les journées vraiment longues toute seule. Mais comme tout le monde dit ici : "Ça ira mieux dans quelques jours. Faut attendre. Faut être patient."

Je trouve mon réconfort et mes petits moments de bonheur au téléphone avec ma famille et mes amis, mais aussi dans la nourriture ! Je m'amuse à cuisiner des bons petits plats qui me donnent envie, certes éloignés de la cuisine haïtienne. Je ne la maîtrise pas encore malheureusement (pour mes papilles). Je vous présente alors mes petites recettes miracles qui redonnent du pep's avec ce que j'ai sous la main !

Tous les matins je cuisine mon porridge maison : des flocons d'avoine plongés dans de l'eau chaude pour leur donner de la consistance, puis je mélange ma mélasse avec du yaourt nature, du miel ou du sucre (appelé "sik konplé" ici) et, selon l'envie des raisins secs ou des copeaux de chocolat. J'accompagne mon petit mélange de fruits (bananes, papayes), de gâteaux, de tartine de confiture et de mon indémodable thé ! Comme en France !

Pour le "dîner", j'aime bien cuisiner des bons petits plats avec tout ce qu'il faut ! Une bonne ratatouille maison : filet d'huile d'olive, aubergines, courgettes revenues dans le jus de tomates fraîchement écrasées par mes soins. Le tout aspergé de poivre, curcuma, sel et autres aromates qui me tombent sous la main. Je suis d'accord avec vous, ça n'a pas toujours l'air appétissant mais c'est vraiment bon.

Pour le premier plat c'était juste un risotto leader price (je dis ça parce que c'était ni plus ni moins que du riz blanc avec de la crème fraîche, des champignons en boîte et du parmesan) accompagné de sa ratatouille maison. Pour le deuxième, j'ai fait un mélange d’œufs brouillés (pour les prot'), de ratatouille de la veille et de riz de la veille. Magnifié par les copeaux de parmesan, mon péché mignon. En dessert, je me fais souvent plaisir avec un yaourt, un petit gâteau ou un fruit. Là une tranche de papaye avec un délicieux gâteau à la noix de coco (achetée en réalité le 13/02).

Le clos du spectacle, mes penne à l'huile d'olive accompagnées de sa purée de petit pois (en boîte bien sûr) relevée avec moult épices. Le tout parsemé de morceaux de tomates séchées et de spiruline (pour les prot'). En apéro je m'octroie le droit de croquer dans des lamelles de bananes plantain séchées. Délicieux ! Ma tranche de pain au manioc (bizarre mais on s'habitue) et ma première banane (cadeau de mes voisins pour leur avoir donné de l'eau).

PS : Toujours finir sur une petite infusion avec un message d'amour.


Cet article a principalement été rédigé pour montrer à mes parents que je me nourrie tout en me faisant plaisir. Ce n'est donc pas la peine de m'envoyer des boites de sardine par la poste !

12
fév

Nous en sommes au 6ème jour de blocage et de manifestations. Le quartier a été paralysé jusqu'ici. Aucune activité formelle. Université porte close. Supermarchés fermés. Ce n'est pas non plus un état de siège, mais certaines activités sont en stand-by depuis jeudi dernier.

Ce matin, miracle ! Mon voisin Michel-Ange vient me voir pour me dire que le supermarché non loin d'ici est ouvert ! Je vais directement trouvé mes voisins pour leur annoncer la nouvelle et nous partons tous les quatre pour nous réapprovisionner. Quelle surprise de trouver le lieu pris d'assaut. Certains rayons sont complètement vides, certainement dévalisées dans la matinée. Il y a ce qu'il faut tout de même ! Je recharge mes stocks de conserves, de yaourt et d’œufs, le principal. Je voulais acheter de la viande mais vous comprenez en voyant la photo que c'est compliqué. J'arrive tout de même à sauver un jarret de bœuf. Je verrais ce que j'en fais ...

En sortant, nous allons acheter des fruits aux femmes postées le long de la route. Je salive devant les bananes, les avocats, les ananas, pastèques, oranges, etc. Je repars avec un régiment de bananes, une énorme papaye et un avocat. Plus loin, une femme vend des œufs. Mes voisins en prennent deux plaquettes et je me retrouve avec une plaquette de 30 œufs ... je vais pouvoir en faire des omelettes !

Nous rentrons enfin. Je range mes victuailles et je reviens discuter un peu avec Fernando, mon gentil voisin qui m'aide beaucoup. Il est Colombien et a vécu 20 ans au Canada. Maintenant il travaille à Haïti en tant qu'ingénieur. Il vit à côté de chez moi avec un couple formée par une Vénézuélienne du nom de Joy et Umberto, un marin cubain de la Havane. Ils m'ont invité à boire l'apéro. Cela fait 1 semaine qu'on se croise (en réalité on habite dans la même maison, ils sont au rez-de-chaussée et moi à l'étage), qu'ils me disent que je peux venir quand je veux, mais que je n'ose pas les déranger.

Aujourd'hui on m'invite alors je me laisse porter, un petit rhum guatémaltèque pour finir la matinée en douceur. Alors que je m'apprête à partir pour aller me cuisiner un bon petit plat, Fernando me fait remarquer qu'il y a déjà quatre assiettes sur la table et que je suis conviée pour le dîner. Quel plaisir !!

Le repas est délicieux : pain pita, hummus, tomates, morceaux tendre de bœuf, épis de maïs grillé au four, servi avec la bière locale : Prestige (légère mais coriace). Mes yeux ne savent plus où donner de la tête. Je sauce mon assiette jusqu'à la dernière miette. Ce qui fait rire Fernando. Je lui répond en rigolant que mon père m'a appris à nettoyer mon assiette pour avoir moins de vaisselle à faire. En attendant le dessert, nous écoutons de la musique et nous discutons dans le salon. Je leur fais écouter les classiques du répertoire français en commençant par Aznavour, connu de Fernando. Ils me font découvrir les anciennes musiques d'Amérique latine. Le dessert est enfin prêt. Nous l'avons dévoré ! Une spécialité vénézuélienne préparée par Joy, très sucrée ! Ça rebooste pour l'après-midi.

Je rentre chez moi fatiguée mais heureuse. J'ai oublié de préciser qu'ils parlent espagnols entre eux et que j'essaie de suivre ce qu'ils disent en plaçant deux trois phrases de mon espagnol le plus nul. Sinon les échanges se font en anglais et comme je n'ai pas l'habitude de pratiquer, ça m'épuise assez vite ...

Cette journée m'aura appris qu'il n'y a pas de petit bonheur, que des moments simples, partagés avec des personnes formidables et accueillantes. Je n'hésiterais plus à aller les voir au besoin ou si l'envie me prend de discuter.

16
fév

Effectivement, je suis sur le départ. Depuis hier matin, je range, je réorganise ma valise. Je boucle mes bagages à peine défaits. Je profite des derniers rayons du soleil brûlant des Caraïbes à partir du petit matin.

Vendredi, il a été décidé que je reviendrai en France au plus vite avec mes parents et l'accord de mon université. La situation en Haïti étant incertaine et instable, il est plus raisonnable de rentrer. Ces conditions ne me permettent également pas de réaliser une enquête de terrain au mieux.

C'est décidé, demain matin je quitterai ce bout de pays dont je n'ai rien vu si ce n'est les rues de mon quartier, l'Université Quisqueya et le supermarché. Il est difficile de quitter un pays où j'avais prévu de passer trois mois de découvertes et de partage à tous les étages. L'aventure commençait bien, mais elle s'écourte bien trop tôt à mon goût. Il est vrai que pour ma sécurité, il es préférable que je rentre mais mon esprit est cisaillé en deux : rester ou partir.

Au cours des deux semaines passées, j'ai rencontré des personnes formidables qu'il me sera difficile d'oublier. Parmi elles, Mélissa qui m'a accueilli et aidé lorsque j'étais perdue au tout début de mon séjour. Elle vient me rendre visite pour me dire au revoir. Son frère et sa sœur l'accompagne. Nous avons longuement discuté sur la terrasse. Comme ça m'a fait plaisir de les accueillir ! Les discussions allaient bon train et les rires fusaient. Quel bonheur ! Ils m'ont offert du Crémas, une délicieuse spécialité haïtienne à base de lait et de sucre, agrémentés de tout un tas d'épices : cannelle, anis, muscade, vanille noyau, citron. J'ai goûté ce breuvage chez Pascale la veille au soir, en allant lui dire au revoir. C'est assez épais, délicieux à souhait et très sucré ! La bouteille que Mélissa m'offre a été préparée par sa mère. Combien de fois lui ai-je demandé de remercier sa mère de ma part ? Je ne saurais le dire ... En échange je leur ai donné de l'eau potable, des œufs et des gâteaux. Nous nous sommes souhaité tous les quatre bonne continuation et ils sont partis à la tombée de la nuit.

Le soir, Joe est venue me dire au revoir une dernière fois (nous nous étions déjà croisée plusieurs fois dans la journée). Puis Fernando est également venue me trouver pour discuter. Nous nous sommes échangés les nouvelles de la journée. Il m'a raconté son midi passé dans le quartier de Pétion-ville où il m'avait invité à venir. Je n'ai malheureusement pas pu y aller car je devais me rendre chez Pascale pour imprimer mes billets d'avion ainsi que mon autorisation de passage sur le sol américain. Oui, je ne vous avais pas dit que l'avion Port-au-Prince/Paris du dimanche était complet. J'ai donc du prendre un voyage avec correspondance à Atlanta avec tous les désagréments que cela entraîne ... Fernando m'a donc raconté sa journée et la discussion a bifurqué sur la situation actuelle à Haïti, conversation récurrente ces derniers jours. Nous verrons ce qu'il adviendra. En tout cas, la journée fut calme dans tout le pays.

Pour ne pas repartir bredouille de saveur exotique. Je me verse un fond de rhum Barbancourt haïtien 8 ans d'âge. Il faut goûter toutes les spécialités ! Les quatre gorgés m'ont bien nettoyé le gosier avant d'aller dormir. Il est fort mais appréciable.

Je me couche, prête à partir, malheureusement.

17
fév

Maxime, mon chauffeur arrive. Je rends les clefs de la maison à Michel-Ange. Je salue Maxime et ses enfants. Je cris un au revoir rempli d'amertume à Florence, la voisine avec qui j'ai profité d'une délicieuse soirée le jeudi passé. La voiture démarre. Maxime me demande si je vais bien. "Non, pas du tout." Nous discutons de tout et de rien pendant les 30 minutes que durent le trajet jusqu'à l'aéroport. Les rues sont calmes et en même temps pleine de vie. Les jours reprennent leur cours depuis la veille. Je quitte un pays qui s'est apaisé pour un temps.

L'aéroport ... un long moment d'attente de 5 longues heures avant l'enregistrement, ainsi que 2 heures avant d'embarquer pour Atlanta. J'ai profité de ce moment pour rencontrer des Québécois en mission dans une ONG, appelés à rentrer dans leur pays. J'ai également passé beaucoup de temps avec Marjorie, une haïtienne vivant depuis 30 ans à Atlanta. Ces rencontres ont été le soleil de ma journée, dans un océan de minutes interminables pour tout le monde. En plus de ma bouteille de rhum Barbancourt achetée en duty free, pour emporter un peu d'Haïti avec moi.

Arrivée à Atlanta dans un brouillard très dense ! Le passage de l'immigration et de la douane est vraiment long ... heureusement que ma correspondance était longue. J'ai pu visiter le plus grand aéroport des Etats-Unis ! Impressionnant à côté du peu de divertissement qu'offre l'aéroport de Port-au-Prince. Un changement total d'univers. Je me balade dans toutes les boutiques pour tuer le temps et j'y découvre des petits bijoux qui me font beaucoup rire (voir la 3ème photo). J'avale ensuite un plat de nouilles en prenant tout mon temps. J'embarque enfin pour mon dernier long voyage.

Je fais la rencontre d'un turque peu bavard mais très sympathique avec qui je discute un peu avant de m'endormir sur deux sièges (nous avions trois sièges pour deux). Il était parti rendre visite à un ami habitant aux Etats-Unis (je n'ai pas compris le nom de la ville). Son voyage dure 24 heures (sans tenir compte du décalage horaire) avec une correspondance à Atlanta, à Paris et à Berlin, pour enfin arriver en Turquie ... Et j'ose me plaindre ! Nous avons bien ri et lorsque nous sommes arrivés à Paris, nous nous sommes quitté comme de bons amis.

Me voilà de retour !