Lorsque la famille de Romain m'annonce qu'ils veulent aller faire les boutiques, je me dis que c'est le moment de faire ce qu'il me plaît. Romain est de mon côté. Notre programme se résume au Musée de la ville de New York.
Prenons l'histoire de manière chronologique, comme le propose le musée. Entre 1610 et 1898, New York s'appelle alors New Amsterdam. Ce n'est qu'un port, d'abord développé par les Néerlandais. Ils y ont vu le meilleur point d'encrage pour s'établir et organiser le commerce transatlantique. Le développement de cette ville prouve sa future place centrale dans l'économie et le commerce. La densité de population augmente rapidement, de 2.000 habitants en 1609 (autochtones et colons), la population grimpe à 96.000 habitants en 1810, puis se multiplie encore pour atteindre 630.000 habitants en 1855. La ville est alors composée à 50% d'étrangers. Ils y émigrent, attirés par l'économie grandissante, les idées novatrices et l'appât du gain.
En 1898, s'organise l'unification des différentes villes : Bronx, Brooklyn Manhattan, Queen's et Staten Island. Ils deviennent alors des quartiers de la ville de New York. La population passe de 1,8 millions d'habitants (correspondant à Manhattan) à 4 millions.
Le 20ème siècle est celui des avancées médicales, sociales, de santé publique, de logement, etc. En 1920, NYC est la ville des gratte-ciel devant Chicago. Son rayonnement la place à la première place des villes mondiales, devant Londres et Paris. C'est un tournant impressionnant. Malheureusement, elle n'est pas épargnée par la grande dépression en 1929. Pendant cette période, 1/3 des citadins sont au chômage. Mais les USA ne se laissent pas impressionner. Dès 1934, le New deal est mis en place par F. Roosevelt pour lutter contre les effets de cette crise en soutenant les plus démunis, réformant les marchés financiers et en redynamisant l'économie après le krach. A NYC, les Démocrates et les Républicains s'unissent pour se battre contre cette crise. Le maire, Fiorello La Guardia, utilise l'argent du New Deal en ayant pour but d'élever cette ville plus haut qu'elle ne l'était déjà. Ce qui donne à NYC, une influence accrue après la Guerre par son rayonnement économique, artistique, etc.
Dans les années 1960-70, les citadins partent s'installer dans les banlieues, moins chères. Cela est permis par le développement des infrastructures routières et des transports.
Pendant les décennies 1970-80, les temps sont durs pour NYC. La ville est ruinée. Les habitants bougent de plus en plus en dehors de la ville où dans le pays, mais d'autres restent persuadés que NYC est une ville de liberté et d'espace qui peut se réinventer. Les citadins dépensent de plus en plus pour les loisirs. En parallèle, la vie nocturne génère du business : club disco, punk rock, théâtre, hip hop. Tous ces divertissements s'exportent et engendrent une grande manne financière. Les investissements sont encouragés dans les années 1980-90. Ce qui bénéficie surtout à la finance ainsi qu'aux assurances. Mais les inégalités se creusent entre "ceux qui possèdent" et "ceux qui ne possèdent pas". Les leaders choisissent donc de promouvoir l'immigration pour insuffler une jeunesse à la ville. Les immigrés repeuplent NYC avec de nouvelles ambitions et une plus grande variété culturelle. A la fin du 20ème siècle, 36% de la population new-yorkais est née ailleurs. Certaines problématiques restent à surpasser : la pauvreté, la criminalité et l'insécurité.
L'année 2001 marque un tournant pour les USA. J'en parlerai lorsque nous irons au mémorial du 11 septembre. Malgré cette tragédie, les États-Unis et NYC continuent de se développer et restent des puissances. Une problématique se dessine pourtant à l'horizon : le changement climatique. Les phénomènes météorologiques instables, la sécheresse, la montée des eaux océaniques sont autant de menaces pour le territoire. Une partie du musée était consacrée à cette thématique, mais nous n'avons pas eu le temps de la faire.
Un petit mot sur le musée : bien documenté, présenté clairement, aménagement pédagogique.
Notre seul moyen d'arriver le plus rapidement dans le sud de Manhattan c'est de prendre le métro. Je suis toujours écœurée de rentrer dans ces bouches de métro. Tout parait sale et vieux, alors que c'est l'un des premiers métro où j'ai vu une personne nettoyé le sol. En arrivant à destination, le quartier des affaires nous accueille dans une toute autre ambiance. Je me dévisse encore le cou pour essayer de voir le haut des gratte-ciel, c'est tentaculaire.
Nous continuons de parcourir l'histoire des États-Unis et de NYC pendant l'après-midi avec la visite de Liberty Island et de Ellis Island.
Un bateau nous conduit jusqu'aux deux îles. Ce qui nous laisse le loisir de profiter de la vue sur Manhattan, Brooklyn et le New Jersey, qui s'éloignent petit à petit. Nous arrivons au niveau de la statue de la Liberté. Majestueusement drappée de sa robe en cuivre, son symbole resplendit du haut de ses 46m. Nous débarquons sur Liberty Island, qui n'a pas grand intérêt si ce n'est profiter de la vue sur la Skyline et prendre des photos de touriste avec la statue de la Liberté.
Nous reprenons le bateau pour débarquer cette fois-ci sur une île qui a vu passé des milliers d'histoires : Ellis Island. Le bâtiment est impressionnant. Je m'imagine à la place des milliers et des milliers d'immigré.e.s ayant foulé ce sol l'esprit plein d'espoir et de rêves.
Cette île fut la première terre américaine que des millions d'étranger.e.s foulèrent après un long voyage en Océan Atlantique. Le 1er janvier 1892, l'inspection de l'immigration est installé sur cette île. L'endroit se développe très rapidement, d'un petit îlot inhabité, les new-yorkais construisent une île d'accueil avec cantine, hôpital, parc, etc.
Au début, les Etats Unis s'ouvrent à l'immigration dans le but de faire venir de la main d'œuvre pour le développement de l'industrie (textile, fer puis acier). C'est ainsi qu'entre 1900 et 1924, près de 5.000 immigrés se rassemblaient dans la salle des registres, où toutes les identités étaient inscrites. Cette salle impressionnante est magnifique dans sa simplicité et sa grandeur. Derrière se trouvent toutes les salles par lesquelles passaient les immigrés pour se faire ausculter, répondre à des questions, faire des tests psychologiques, etc. Pour l'examen médicale, les médecins disposaient parfois de seulement 6 secondes pour examiner et reconnaître certains symptômes de maladies, épidémies, handicap, etc. Les personnes suspectées de quelque chose se voyaient marquées d'un signe sur le manteau et étaient redirigé pour des examens plus approfondis.
Dès le 19ème siècle, des restrictions pour plus de régulation de l'immigration sont mises en place. Les indésirables, soient ceux qui pouvaient devenir une charge nationale, sont refoulés. C'est au total 12 millions qui sont renvoyé.e.s vers leur pays. Pour donner une idée du nombre que cela représente face au nombre d'arrivée, il faut savoir que plus de 26 millions de personnes sont entrées dans le pays entre 1880 et 1924. Pendant le 19e siècle, la majorité des immigrants venaient d'Europe de l'ouest : Angleterre, Irlande, Allemagne et Scandinavie.
Seulement 1/3 des immigré.e.s restèrent à New York City, les autres traversent le pays en train majoritairement pour rejoindre des villes et des proches. La plupart se sont installés dans le Nord Est. Ils se rassemblaient ensemble pour se rappeler leur pays natal, mais aussi pour faire perdurer leur culture par delà les frontières.
Les aménagements sur Ellis Island sont laissés à l'abandon entre 1970-80, puis rénovés pour en faire un lieu culturel et historique ouvert au public. Ce qui fut un très bon investissement au vu du nombre de visiteur.euse.s qui viennent rencontrer l'histoire de l'immigration américaine. Ces deux îles sont le symbole de cette période de prospérité grandissante pour la ville de New York, et plus largement pour les Etats-Unis. Lorsqu'on met de côté la foule et qu'on pense à tou.te.s les émigré.e.s qui rêvaient d'une vie meilleure, qui venaient rejoindre des proches, qui se lançaient dans une nouvelle vie, on ne reste pas insensible à ces lieux. Ils portent l'histoire, leurs histoires.
Le soleil a passé l'horizon lorsque nous embarquons pour retourner à Manhattan. La spectacle est fantastique. Les lumières d'un coucher de soleil sont toujours plus intenses lorsqu'on est sur l'eau. Je sais ce que je dis.
Nous débarquons encore émerveillés par le spectacle du soleil. Nous nous dirigeons vers les lumières de Wall Street, impressionnantes, mais nettement moins éblouissantes. Le quartier des affaires est bien calme en fin de journée. Les rues sont quasiment désertes et tous les bars/restaurants ferment vers 18h. Nous ne trouvons qu'un Starbucks ouvert pour nous poser et planifier le reste de notre voyage. En repartant, nous passons à côté de la fameuse Trinity Church, mais il est interdit aux visisteur.euse.s d'entrer dedans.
Nous reprenons le métro pour remonter vers notre prochain rendez-vous. La station de métro s'arrête à la Ground Central Terminal, la gare la plus fréquentée du pays. Il s’agit à la fois d’une attractions touristiques et d’un hubs fréquentés par les voyageur.euse.s. Elle a plus de quais que toute autre gare ferroviaire dans le monde. Outre sa fonction première, c'est également une destination en soi pour ses œuvres d’art, bars et restaurants.
Son histoire commence vers le XIXe siècle, lorsque le transport ferroviaire se développe pour les marchandises et les voyageur.euse.s. La première ligne de chemin de fer de la ville de New York fut construite dans les années 1830. Avec le développement rapide des voies de chemins de fer, la nécessité d'un hub commençaient à se faire sentir. Le quartier Midtown était le choix logique. En 1871, le Grand Central Depot a alors ouvert ses portes. Le nom a été changé pour Grand Central Terminal après une rénovation en 1901. A cette époque, symbole de richesse et de puissance, la gare eue le privilège d'être façonnée par les meilleurs designers, architectes et artistes américains et français. Jusque dans les années 1950, les voyages en train de luxe étaient très prisées pour les personnes fortunées. Malheureusement, le développement des voies routières et aériennes changèrent la donne. A partir des années 1960, le Grand Central Terminal est devenu une gare de train de banlieue.
Elle n'en reste pas moins une gare merveilleuse et lumineuse. Son architecture est ravissante, jusqu'au moindre détail. Et malgré l'affluence, le lieu n'est pas trop bruyant.
Notre destination finale de la journée se trouve au 67ème étage du Rockfeller center, une des plus grandes tour de Manhattan. L'histoire de cette tour commence en 1920, lorsque l'idée d'un complexe commercial émerge dans la tête de John D. Rockefeller, héritier d'une entreprise familiale florissante (Standard Oil qui deviendra Exxon Mobile, société de raffinage et de distribution de pétrole). L'objectif affiché est de créer un centre économique aussi populaire que Wall Street. La tour et ses environs forment un complexe de plusieurs bâtiments dont les investisseurs viennent premièrement d'Europe (France, Grande Bretagne, Italie et Allemagne). Après la grande Dépression, s'ouvre la Rainbow Room, une nouvelle boutique avec piste de danse, orchestre, etc. Elle inaugure son restaurant au 65eme étage (le plus haut du pays à l'époque). Le projet de cette tour est de relier les centres commerciaux, de loisirs et les bureaux. Le maire de New York city en 1939 reprenait même le terme de “city within city” (“une ville dans une ville'') pour exprimer l’ambitieux projet de la famille Rockefeller.
Rockfeller Center est également un pilier lors de la seconde guerre mondiale puisque l'un des premier bâtiment américain devient la base britannique. Le bâtiment allemand quant à lui fut remplacé. Seuls les bâtiments de la France, de l’Italie et des Britanniques restèrent pour ensuite s’intituler l’International Building North. Elle servait de point de repère, notamment la ROOM 3603 qui était le centre des opérations avec comme chef William Joseph Donovan.
Après la guerre, Rockefeller s’élargit pour accueillir d’autres infrastructures. Quatre autres bâtiments sont construits. Pour harmoniser le lieu, le design Art Deco reste un dans le style des bâtiments. Chaque gratte-ciel composant Rockefeller comporte une cinquantaine d'étages.
Top of the rock est le nom donné à la plateforme panoramique présente au 67e étage, fermée pendant des années et rouvertes en 2005. C'est d'ailleurs pendant la construction de cette tour qu'a été prise la photo des ouvriers assis sur une poutre, les pieds dans le vide. Le panorama est impressionnant. C'est un Océan de lumière sur lequel nous naviguons. Tout semble figer et pourtant tout est en mouvement. Nous avons même droit au spectacle des lumières de Noël sur les bâtiments de la 5eme Avenue.
Nous redescendons sur Terre les oreilles bouchées par le voyage vertical assez rapide. Quoi de mieux que de retrouver un peu d'authenticité après une telle attraction ? Nous optons pour un restaurant thaï trouvé dans le Routard. Délicieux !