C'est un départ de bon matin qui nous mène à travers la lande irlandaise rougeoyante jusqu'à l'embarcadère de Rossaveal. Cette fois-ci, nous sommes à l'heure et nous avons pris la précaution de réserver nos places la veille.
Nous embarquons alors que le temps est menaçant. Quelqu'un d'optimiste dirait qu'il y a simplement de l'humidité dans l'air. Du coup, je me charge de mon poncho, et de mon pantalon imperméable, au cas où ... Nous partons enfin en direction de l'île d'Inishmore. Île où mes parents ont voyagé il y a de ça plusieurs dizaines d'années (c'était au siècle dernier). Mon père empreint de nostalgie, m'a envoyé des photos souvenirs de leur épopée irlandaise à vélo au début de notre séjour.
C'est le moment pour un petit peu de culture générale. En anglais Inishmore, signifie « Grande île ». Ce n'est pas pour rien puisqu'elle est la plus grande île de l'archipel qui compose les îles d'Aran. Les guides de voyage nous alertent sur le nombre de touristes qui peuvent s'y promener, mais en cette saison et avec ce temps, nous nous considérons chanceux sur ce point.
Inishmore possède une histoire qui remonterait à l’Âge de Fer. Les habitants de l’époque bâtissent 3 forts imposants sur l’ensemble de l’île. Au 5ème siècle, un monastère est bâtit et nommé : Killeany Abbey. Dès 546, les rois régnant sur les provinces du Royaume d'Irlande décident de considérer les îles d’Aran comme indépendantes de leurs territoires, libérant les îles de tout devoir d’allégeance. Cette décision permet à ces îles d’acquérir une plus grande autonomie et indépendance. L'île d'Inishmore est la proie de plusieurs ravages orchestrés par ses pays voisins au début du premier millénaire. Pillée et détruite, la population finit toujours par se relever. De nos jours, Inishmore compte plus de 800 habitants, vivant essentiellement du tourisme local.
En arrivant, nous découvrons la petite bourgade qui habite le port de l'île. Pas le temps de traîner ! Il nous faut louer des vélos au plus vite pour profiter le plus possible de cette journée. En effet, le bateau retour repart à 17H00 et il est déjà 11H00 passées.
Nous enfourchons nos vélos et partons à la découverte de ce désert insulaire. Tout est calme. Personne ne se bouscule puisque rien ne s'y passe. Nous ne croisons que quelques voitures qui nous doublent par la droite. La pluie commence à tomber, finement mais surement. C'est sous ce temps maussade que, petit à petit, se dévoilent les paysages. Au bout d'une dizaine de tour de roues, j'arrête de compter les maisons effondrées et les enclos en pierre. Cette île pourrait paraître désertée et abandonnée à cette époque de l'année. J'ai du mal à l'imaginer fouler par des centaines de pieds et de vélos en plein été. Son calme est néanmoins reposant.
En passant par le centre de l'île, nous arrivons au fort Dun Aengus. C'est une des principales attractions de cette île. Installé à l’aplomb d’une falaise abrupte surplombant la mer, le fort de Dun Aengus aurait été bâti vers la fin de l’Age du Bronze autour de 1 100 avant J.C, et occupé jusqu’au 5ème siècle. Aujourd’hui, seuls les murs en pierres encore debout témoignent de la vie passée de ces occupants. Comme vous pourrez le deviner sur les photos, le fort de Dun Aengus s’agence sous la forme d’une triple enceinte semi-circulaire, tournée vers la mer. Pour accéder au fort il faut passer par un minuscule musée retraçant l'historie du fort. Il faut également payer afin de pouvoir continuer son chemin vers la falaise. J'ai été surprise que les personnes qui étaient là pour les billets nous fassent un prix famille alors que nous rentrons pas du tout dans les critères. Cela était également arrivé la veille au musée de la laine et du mouton. Plutôt sympathique !
La falaise tombe à pic à l'intérieur du fort. Aucun dispositif de sécurité n'est installé. Ce qui permet de se rendre compte de la hauteur de la falaise en entendant les vagues s'écraser sur ces blocs de pierre quelques centaines de mètres plus bas. Il faut cependant faire attention de ne pas glisser en s'approchant trop près, surtout par ce temps pluvieux ... Avec un bon temps le paysage doit vraiment être époustouflant. Néanmoins ce brouillard donne une certaine atmosphère à cet environnement.
Nous profitons de cette halte pour nous restaurer et nous réchauffer d'un bon chocolat fait avec du lait de ferme dans le bourg non loin du fort. Nous ne sentons plus nos doigts, nos habits sont trempés. Il est temps de se poser un peu. Malheureusement, tous les lieux de pique-nique sont extérieurs. Nous profitons alors d'une accalmie du temps pour manger nos sandwich à l'extérieur.
Rassasiés, nous reprenons la route vers les sept églises, aussi appelé Killeany Abbey dont je vous parlais au début de cette journée. C'est un ancien monastère irlandais fondée au 5ème siècle sur une falaise donnant sur la mer suite à l’évangélisation de l’Irlande par Saint Patrick. Ce monastère est un important centre religieux de l’époque, et forme les futurs moines et évangélistes chargés ensuite de voyager dans toute l’Europe pour convertir les populations.
Il est difficile de se représenter ce que fut le monastère en partant de ses ruines. Ce devait être un endroit paisible, tourné vers l'Océan, idéal pour les moines.
Le temps file et nous devons déjà faire demi-tour pour repartir vers l'embarcadère. La route de la côte nous y emmènera en passant par une multitudes de paysages désertiques baignés entre pierres et mer. Nous nous arrêtons non loin d'une plage de galet pour tenter de voir des phoques. Ils élisent normalement domicile sur cette plage pour se dorer la pilule. Malheureusement le temps n'invite pas au repos ensoleillé. Nous croisons tout de même le chemin de vaches, de chevaux et de faisans avant de laisser nos vélos.
Nous rembarquons sur le bateau, trempés jusqu'aux os pour certains, les yeux remplis de beaux paysages tranquilles.
Le bateau accoste, la pluie tombe encore. Nous regagnons la voiture et nous prenons la route vers Galway. L'auberge de notre première nuit nous ouvre ses portes et nous prenons un peu de temps pour nous sécher avant de ressortir. J'en profite pour rassembler mes affaires et organiser mon sac à dos. Si mes acolytes de voyage ont encore quelques jours pour profiter de l'Irlande, personnellement c'est ma dernière soirée.Nous retrouvons Marielle pour aller en ville. J'avais envie de manger un bon fish&chips pour cette dernière soirée, malheureusement nous n'avons pas assez de temps pour nous attabler dans un restaurant. Nous nous réfugions alors dans un petit restaurant rapide végétarien pour nous laver de toute cette viande que nous avons mangé cette semaine. C'est le moment idéal pour raconter toutes nos péripéties à Marielle qui est restée a Galway cette semaine. Ce dernier moment ensemble est vraiment super.
Nous partons vers la gare de bus avec seulement quelques dizaines de minutes d'avance. Malheureusement, il y a deux gares routières à Galway et l'indication sur mon billet n'est pas claire. Nous allons à une première "Bus coach station" où mon bus ne semble pas être, pour nous rapatrier sur la deuxième "Bus station", mais aucun bus ... Retour à l'autre gare en courant parce qu'il ne me reste plus que 5 minutes avant le départ du bus. Super pour la digestion. Finalement le bus était bien dans la deuxième gare ... Après cette petite frayeur, je fais mes aux revoir à Anne-Laure et à sa famille et à mon frère.
La route qui m'attend est encore longue ... Après deux heures de bus, le conducteur s'arrête au milieu de nulle part, dans un gare routière et nous demande de sortir. Apparemment il y a un problème mais je ne comprends pas son accent ... Tout le monde se réfugie à l'intérieur de la gare. Le bus s'en va. Une heure plus tard, un autre arrive et nous montons dedans pour rejoindre Dublin. Je peux enfin dormir un peu ! Oui ! Deux heures plus tard nous arrivons à l'aéroport. Ma nuit aura été courte. Mon avion décolle dans quatre heures mais impossible de fermer l’œil. toutes les meilleures places pour dormir sont prises par les voyageurs qui ont l'air de camper depuis des jours dans cet aéroport. je n'ai jamais vu ça. C'est assez inattendu et marrant.
Ce voyage m'a simplement donné envie de revenir visiter l'Irlande. J'ai été conquis par ses paysages automnales, son atmosphère paisible, l'accueil des Irlandais et leur sourire chaleureux. Je reviendrai me perdre sur cette terre irlandaise avec plaisir !