Au petit matin, la ville est encore sous les nuages. On est un peu déçu puisqu'un des intérêts de cette ville est de monter en haut de la montagne pour admirer la vue sur le fjord.
Nous décidons de descendre en ville pour visiter un peu. Les maisons sont plus hautes et plus grandes qu'en Suède. Tout est moins homogène. Les couleurs sont multiples, les formes également. La direction artistique norvégienne est plus flexible qu'en Suède apparemment !
Nous nous dirigeons doucement vers le musée de la guerre : Krigsmuseum.
Ce musée est cité pour son intérêt sur les blogs de voyageurs. A juste titre ! L'entrée du musée met directement dans l'ambiance avec une introduction réflexive sur la Neutralité d'un pays et la dualité Guerre/Paix.
La musée se décompose ensuite en trois phases : l'attaque des nazis, l'occupation nazie, la zona (zone réflexive et immersive questionnant les perspectives en temps de guerre).
Dans les prochaines lignes, je m'efforce de relater l'histoire telle qu'elle est décrite dans le musée. Ce n'est en aucun cas une prise de position.
L'ATTAQUE
Pour contextualiser, la ligne de train que nous avons pris pour arriver à Narvik est la "ligne du minerai". A l'époque, elle permettait de relier le Nord de la Suède (riche de minerai : fer, cuivre, etc.) avec un port proche pour exporter. Un accord entre les deux pays a permis la création de cette ligne.
Pour résumer, à la fin de la Première guerre mondiale, les Norvégiens croient en la paix durable. Ils voient l'avenir sans guerre. Le pays se déclare désormais neutre. Le pays est doucement démilitarisé, le budget de l'armée est amoindri.
Lorsque le parti nazi prend du pouvoir en Allemagne, ça commence à sentir le roussi. Les Nazis savent qu'un tel commerce opère dans le Nord de l'Europe. Les ressources qui y circulent sont convoitées parce qu'elles jouent un rôle pour la fabrication de bateaux, d'avions, de tanks et d'armes.
Aux aguets, les Anglais veulent protéger ce point stratégique du joug nazi. Ils bravent la neutralité de la Norvège, entrent dans le fjord et posent des mines pour dissuader les allemands de venir.
Le 9 avril 1940, les Nazis attaquent. La flotte anglaise est coulée ou chassée. Des négociations sont entamées avec les Norvégiens, mais en vain ... Les nazis attaquent finalement et débarquent facilement a Narvik.
Dès lors, la Norvège demande de l'aide. 24 000 soldats anglais, polonais, français (dont les chasseurs alpins) sont déployés en quelques semaines. Les nazis comptent 6 500 soldats sur le territoire. Le 28 avril, les forces alliées reprennent Narvik aux Allemands. C'est la première perte stratégique pour Hitler.
Les nazis réattaquent quelques semaines plus tard. Les forces alliés sont moins importantes puisqu'elles ont été mobilisées dans leur pays pour parer les attaques nazis. Le 10 juin, la Norvège capitule et le gouvernement déménage à Londres.
En tout, il y a eu 62 jours de guerre, 64 bateaux coulés, 8500 soldats morts, 86 avions crashés.
L'OCCUPATION
Elle prend place avec son lot d'ajustement : propagande, résistance, collaboration, contrôle de tous les secteurs d'activités (pêche, agriculture, industries et mines) mandatés pour venir en aide aux forces allemandes d'occupation.
Cette période difficile en Norvège se somme tout de même par un boom économique pour le business et les manufactures norvégiennes. En effet, les nazis ont besoin de ressources, de matériaux, alors ils payent, et ils payent bien.
Pour les nazis, ces terres du Nord sont inestimables pour trois raisons. La première est l'accès à des ressources naturelles. La deuxième est la création de bases navales et aériennes ouvertes sur l'Atlantique. Enfin, la dernière est nettement moins tangible. Pour Hitler, ces terres sont la "zone de la destiné". La population nordique représente la race aryenne par excellence. Son désir est de redonner naissance à l'Europe en la purifiant. La purifier signifie reproduire la race aryenne (nordique) dans le reste de l'Europe. Il rêve que les populations rejoignent le camp nazi en comprenant qu'ils ont un sang pur.
LA ZONA
Cette expérience immersive nous questionne sur les divers points de vue qui existent en temps de conflit. C'est un savant mélange de géopolitique, critique, histoire et philosophie. Le tout dans une superbe mise en scène pour s'efforcer de s'imaginer en situation.
Je n'ai jamais été aussi interpellée dans un musée. C'est assez bouleversant.
Pour retrouver un peu de légèreté et de hauteur sur ce fjord que a subi bien des attaques. Nous pensons à entamer l'ascension de la montagne de Narvik. Le temps s'est dégagé, c'est le moment idéal.
Après un petit casse-croûte improvisé, nous voilà en route. On passe d'abord par la station de ski qui dessert normalement le domaine en hiver. Puis on remonte tout là-haut par une piste rouge fort bien déneigée.
La randonnée est folle en paysage. Je m'émerveille a chaque seconde que ce soit avec la vue, la flore ou les ruisseaux. Quelques essais photos pourront vous permettre de comprendre la beauté de cette nature.
Nous ne montons pas jusqu'en haut parce que les nuages ont recommencé à grignoter le sommet. Pendant la descente, le soleil nous fait l'honneur de pointer le bout de son nez pour réchauffer l'air ambiant. C'est tellement agréable.
On finit par le coucher du soleil derrière les montagnes. Magnifique nature !