59 étapes
121 commentaires
8
Me voilà au Sénégal où je vais pouvoir me faire une idée de l'hospitalité sénégalaise. Découvrez ma mission, mais aussi les paysages de la Casamance, les activités et les visites de villages !
Du 10 janvier au 1er juillet 2018
172 jours
Partager ce carnet de voyage
11
janv

La première fois que j'ai foulé la terre sénegalaise c'était le 10 janvier 2018. Cependant, étant donné l'heure tardive d'atterrissage, je n'ai pas grand chose à raconter de cette premiere expérience sur le continent africain.

Le 11 janvier, j'étais à Dakar, avec mon coéquipier volontaire en Service civique.

Dakar est une ville effervescente. Ca bouge dans tous les sens ! Nous n'avons pas eu le temps de visiter. En revanche, nous avons été accueilli dans le salon du maire d'un village de Casamance. De nombreuses présentation on été faites et nous avons pu nous familiariser pour la première fois avec la langue wolof.

L'accueil a été tres chaleureux ! Pour le déjeuner, on nous a servi un delicieux Tiep Bou Dienn. C'est un plat à base de riz et de poisson braisé, servi avec des légumes et du citron.

En fin d'après-midi, on nous a conduit jusqu'au port de Dakar. Nous sommes montés à bord par la cale du bateau et on nous a installé à nos sièges. L'excitation était à son comble ! Le bateau a quitté le port de Dakar en direction de Ziguinchor. Nous avons passé la nuit sur le bateau, bercés par l'Océan Atlantique.

La nuit a été inconfortable donc peu reposante. Néanmoins, le spectacle au réveil dépassait toutes mes attentes. J'ai meme pu apercevoir des flamants roses et des dauphins dans le fleuve Casamance. C'était une arrivée exceptionnelle à Ziguinchor, la ville qui sera mon chez moi pendant ces six prochains mois.

12
janv

L'après-midi arrivé, nous avons décidé d'aller nous perdre un peu dans Ziguinchor. Et on y est arrivé ! Découvrant l'architecture, les rues, la végétation, l'ambiance des marchés et de la ville, j'en ai perdu le Nord. Certains Sénégalais nous interpellaient dans la rue, simplement pour nous souhaiter la bienvenue et discuter un peu.

Je n'ai pas pris beaucoup de photos, je rectifierai cela dans les mois à venir !

Pour les curieux, j'ai trouvé cette vidéo sur internet qui présente assez bien l'ambiance dans les rues de Ziguinchor :

13
janv

C'est en début d'après-midi qu'il nous a pris d'aller nous baigner avec des amis rencontrés la veille.

Nous voilà tous installés dans le car rapide pour Etomé. Musique à fond, les uns collés aux autres, des arrêts inattendus, cheveux dans le vent, c'est ça le bus de brousse ! On pourrait même créer un dicton :

Dans le bus de brousse, il y a de la place pour tout le monde.

Etomé est un coin de paradis où oiseaux et pêcheurs viennent y passer la journée. Et puis parfois il y a des nageurs ! C'est une partie de la mangrove où il n'y a pas de crocodiles, heureusement pour nous.

Après un bon bain de vase et de fraîcheur, nous sommes repartis tous les quatre à pied en direction de Ziguinchor. Nous avions envie de profiter du paysage tout en discutant. Un bus nous a ramassé sur la route lorsque la nuit commençait à tomber.

20
janv
20
janv
Alliance Française de Ziguinchor

L'Alliance française, ma deuxième maison

Les Français présents à Ziguinchor nous ont conseillé d'aller a l'Alliance française. C'est un endroit où le jardin tropical se mêlent à l'architecture originale et colorée du bâtiment.

Je m'y suis inscrite pour bénéficier de la bibliothèque, des galeries d'exposition, des soirées film, des activités culturelles, etc. Et justement ce jour-là, un ami qui travaille là-bas organisait un atelier poétique pour la fête de la francophonie. On a passé une très bonne après-midi à écouter les idées de tout le monde et a échanger autour du 5ème art.

21
janv

Bastien, Penda (comptable de l'ONG) et moi, nous sommes partis de bonne heure ce samedi pour aller à un baptême dans un village. La route jusqu'au village a été assez tumultueuse. D'abord prendre un taxi pour aller à la gare routière de Ziguinchor, puis négocier les prix avec un conducteur de taxi de brousse (aussi appelé taxi 7 places) pour aller jusqu'à Bignona, pour enfin s'enfoncer dans la brousse profonde en direction de Nialor. Il est bien d'avoir de bonnes suspensions !

Gare routière de Bignona 

Dès notre arrivée au village, nous avons été accueilli par le père de la petite qui allait être baptisée, Fabacary, une bonne connaissance de Penda. Nous avons salué tous les villageois en utilisant notre base linguistique Diola, essayant parfois de déchiffrer ce qu'il nous était demandé. Tout le monde s'est installé devant la maison de Fabacary, en attendant le baptême.

Le prénom de la petite dernière a finalement été annoncé : Penda Sane Diamé ! Notre comptable préférée est alors la marraine de cette petite fille. C'est beaucoup d'honneur pour elle.

Après cela, nous avons passé l'après-midi sous le manguier à jouer avec les enfants, à boire du thé à la menthe, à discuter avec les personnes du village. Pour finir cette journée, le repas a été servi puis partagé avec tout le monde.

Je retiens beaucoup de cette journée : la chaleur humaine, les jeux des enfants, le partage et les nombreuses discussions, particulièrement avec l'Imam de Nialor.

Ce qui m'a ravie, c'est qu'une des femmes de Fabacary m'a rebaptisé. Elle m'a donné son prénom et son nom. Désormais quand je reviendrai dans ce village, je m'appellerai Khadisha Sane. Cela signifie que la famille Sane m'accepte. C'est un honneur pour moi.

24
janv

C'est après avoir mangé un bon poulet aux vermicelles que nous sommes partis avec le président de l'ONG, Malick et Bastien, pour notre première visite de terrain à Diakoye Banga. Cette mission consiste à rendre compte du travail qui a été fait pour aménager au mieux un périmètre maraîcher de 2 hectares pour les femmes du village.

L'accueil s'est fait chaleureusement et en Diola. Après une visite du maraîcher et un rapide état des lieux, nous nous sommes posés sous un arbre avec les femmes pour nous entretenir et écouter leurs témoignages quant à l'aide qu'il leur a été apporté. Les maraîchères sont reconnaissantes de l'aide fournie pour ce projet. Elles étaient heureuses de nous voir ici. Une danse de remerciement a été lancée par deux femmes. Et elles ont également offert une partie de leur récolte de la journée à l'ONG.

Nous sommes repartis en fin d'après midi pour poursuivre notre visite dans le village. Un peu plus loin a été installé un poulailler et une case de réunion. Malick désirait également faire un état des lieux de ces projets avec le maire du village : Mr Coly. Ce monsieur m'a d'ailleurs donné son nom de famille. Quand je reviendrai dans ce village, je ne serais plus Sonia Le Gal, mais Sonia Coly. C'est une fierté de porter le nom du maire du village.

28
janv

C'est un départ à midi en taxi brousse pour Enampore, un village qui vaut le détour ! Nous sommes partis à quatre pour aller voir un ami à Mary. Ce monsieur s'appelle Serge et a adopté un bébé singe que Mary avait sauvé dans un village. Il était orphelin et la population ne s'en aurait pas occupé puisque les singes ne sont pas particulièrement aimé.

La famille de Serge nous a très bien accueilli. Nous avons pu voir Virgule, ce petit singe timide mais joueur. Chacun a essayé de l'apprivoiser. Il est monté furtivement sur moi, mais rien de plus. Cela parce que je lui avais offert un morceau de fruit de rônier à manger. C'est un fruit tropical dans lequel on peut manger une espèce de gelée très juteuse avec un goût léger. Nous sommes restés à discuter avec la famille, qui nous a invitée à revenir samedi 7 février pour la Fête du canard. Nous allons essayé de planifier cela !

Pour repartir d'Enampore, un pick-up nous a pris en stop. Nous avons donc été à l'arrière, dans la cellule, mangeant tout le sable qui volait. C'était peu agréable mais le grand air a fait du bien ! Un bus nous a pris pour nous rendre jusqu'à notre point de baignade. Cette fois-ci, nous avons été nagé de l'autre côté du pont. Des échassiers se cachent partout, cette faune et cette flore sont magnifiques !

3
fév

C'est en moto que nous nous sommes rendus à Enampore, ce week-end encore, pour y célébrer la 9ème édition de la "Fête du canard" ! Ce festival a été créé par les habitants, pour partager la richesse artistique de la culture Diola. Durant trois jours, les chants, les danses, les combats de lutte et les courses de pirogues s’enchaînent, autour de plats concoctés avec du canard.

Lorsque nous sommes arrivés, Bintou, une femme du village nous a conduit jusqu'à la place de la fête. Nous n'avons même pas eu le temps de nous poser qu'une danse traditionnelle du village de Midina à commencer. Sur les airs de la musique traditionnelle Diola, ryhtmée par le battements des tambours et des morceaux de rônier entrechoqués, les villageois ont entamé la danse des masques. Cette danse met en scène le Kumpo, habillé avec des feuilles de rônier et affublé d'un pic. La danse du Kumpo consiste à planter le pic dans le sol et à tourner le plus longtemps possible. Essamai, dissimulé son son masque et des habits noirs est ensuite arrivé pour danser. Il est chargé de faire la police, il frappe les personnes désobéissantes.

Les danses se sont terminées par des mouvements endiablés. A tour de rôle, tout le monde, vient au milieu du cercle pour taper des pieds au rythme de la musique. Quelle énergie ! Je m'y suis essayée, poussée par les villageois, et je peux dire que c'est plus difficile que ça en a l'air !

Nous avons malheureusement dû repartir avant le couché du soleil ... nous promenant en pleine brousse pour retrouver la moto et quitter ce village.

4
fév
4
fév

Cette cérémonie de l'Ataya (thé en wolof) est avant tout un prétexte pour se réunir et palabrer à l'ombre d'un manguier. C'est pourquoi nous l'avons organisé ce dimanche après-midi chez notre ami. Saliou nous a apporté tout son attirail pour réussir le thé à la menthe : un foyer, du charbon, une petite théière en fer, deux verres à thé sur une assiette, de l'eau, de la menthe, du sucre et des bonbons au gingembre. Selon l'expert, même si le thé peut se faire sur un réchaud à gaz, il est meilleur chauffé sur des braises parce qu'il s'infuse tranquillement. La préparation ne doit pas être précipitée. Plus elle est longue, meilleur sera le thé.

Dans la petite théière, Saliou a versé

  • 3 verres d'eau
  • 1 demi verre de thé à la menthe
  • 1 demi verre de sucre
  • 2 bonbons au gingembre (possible avec pastille à la menthe)

Il a ensuite laissé chauffer pour faire bouillir le thé sans jamais le laisser déborder. L'étape finale est esthétique : faire mousser le tout dans les verres. Il faut une certaine dextérité pour réussir à faire mousser le thé sans en mettre partout à côté. Je n'ai pas vraiment réussi à épargner mon pantalon en essayant de faire mousser le thé ...

9
fév

Accompagnée de notre cuisinière sénégalaise adorée, Bastien et moi-même avons appris à faire du jus de bissap et du jus de gingembre. Mais avant de se lancer dans la préparation, petit cours culturel dispensé par Penda. Ces deux boissons sont des boissons nationales. Elle font partie intégrante de la tradition sénégalaise. Lors de la célébration d'un mariage musulman, des litres de jus sont cuisinés par les familles et apportés à la Mosquée.

Passons maintenant aux choses sérieuses ! Pour faire du jus de bissap, il suffit de faire infuser pendant quelques heures les fleurs d'hibiscus séchées, préalablement achetées au marché le matin, dans de l'eau chaude. Puis il faut tamiser l'infusion obtenue et y ajouter sucre vanillé, sucre, sachets de fruits lyophilisés pour sirop, fleur d'oranger, extrait de vanille et jus de citron. On mélange, on goutte, on met en bouteille et hop au congélo pour que ça refroidisse. Quelques heures plus tard, il est l'heure de déguster !

Pour le jus de gingembre c'est une autre paire de manches. Après avoir laver les racines, il faut les piler généreusement. Préparez vos biceps ! L'écrasé de gingembre ainsi obtenu est trempé dans de l'eau froide, et ensuite tamisé. On n'oublie pas d'ajouter sucre, sucre vanillé, sachet pour sirop, fleur d'oranger et citron. On mélange, on met en bouteille et le jus est prêt à être dégusté !

Lorsqu'on tamise le jus, tous les morceaux de gingembre sont récupérés et conservés. Ils seront utilisés en cuisine pour poivrer le thé à la menthe ou les plats composés de poulet.

On peut également mélanger les deux jus ! Ce qui est intéressant puisque que la saveur acidulé du bissap se mélange à la touche poivré du gingembre. Outre leur vertu pour la santé, ces deux jus sont délicieusement exotique !

10
fév

C'est en ce beau samedi matin, qu'une noix de coco a décidé de se décrocher du cocotier de la cour. On était tous enjoués à l'idée de manger une bonne coco ! Malheureusement, elle était pourrie ...

La-dessus, Malick a réfléchi à un moyen de décrocher toutes les noix de coco se trouvant à 1O mètres de hauteur. Grâce à ses contacts à Ziguinchor, il a réussi à faire venir deux jeunes l'après-midi. L'un d'entre eux est monté en haut du cocotier avec une dextérité impressionnante. Il pleuvait alors des noix de coco !

Toute contente, toute l'équipe a pris haches, couteaux et courage pour venir à bout de leur épaisse cosse, sirotant entre temps un petit verre de jus de coco bien frais et croquant dans cette chair blanche délicatement parfumée.

11
fév
11
fév

Dimanche, journée de découverte : à nous la mangrove de Ziguinchor

Kandé est un quartier de Ziguinchor assez calme et très accueillant. C'est là-bas que nous avons été invité chez un ami, pour manger et passer l'après-midi. Il nous a proposé une balade digestive dans la mangrove, non loin de chez lui. Cet endroit est très calme. Nous avons traversé les rizières asséchées pour arriver jusqu'aux palétuviers. En voulant explorer ce paysage, je me suis enfoncée dans cette glaise collante. Le fleuve n'était apparemment pas loin mais je n'ai pas poussé l'exploration.

En rentrant, pour me nettoyer à l'eau d'un puits, des femmes m'ont fait bêcher quelques centimètres de terre. C'était amusant de partager comme cela avec elles. Elles s'amusaient de mon inexpérience.

16
fév
16
fév
Centre artisanal de Ziguinchor

Artisans, artistes et culture locale

Pour bien débuter le week-end, une amie sénégalaise m'a proposé d'aller faire un tour au marché artisanal de Ziguinchor.

C'est un très bel endroit où les artisans confectionnent, sculptent et vendent bijoux, sculptures, sacs, habits, chaussures, etc. Le travail du cuir est superbe. Nous avons pu observer un artisan tailler une sandale et un sculpteur fignolé sa statuette en bois. On nous a même présenter les différents cuirs : crocodile et autruche (avec le superbe squelette de la tête de cette malheureuse).

Le soir, un concert était organisé a l'Alliance française. Nous nous sommes retrouvés là-bas avec nos amis pour écouter deux artistes casamançais et leur groupe : Habib Faye et Ablaye Cissoko. Très belle musique et une bonne énergie sur scène ! Nous avons pu apprécier la mélodie de deux instruments originaire d'Afrique occidentale : le kora (harpe-luth) et le balafon (xylophone).

Prenez le temps de vous échapper grâce au morceau mis en lien plus bas.

18
fév

Rendez-vous dominical pour la baignade dans la mangrove, du côté d'Etomé. Cet endroit devient notre petit paradis. Nous avons un peu plus exploré les berges de la mangrove cette-fois-ci, observant des arbres épineux, de géants fromagers et leurs racines envahissantes et les palétuviers.

Pour le retour, nous avons décidé, comme la première fois, de faire une partie du chemin à pied, en faisant du stop. Et c'est ainsi que nous avons fait une très belle rencontre. Un abbé nous a pris sur la route dans sa superbe 4L blanche ! Nous avons bien discuté jusqu'à Brin.

Puis nous avons repris notre promenade en admirant la nature et les petits villages sur le bord de la route. Deux kilomètres de discussion plus tard, une auto-école nous a pris en stop. La conduite de cette débutante était assez désastreuse, ce qui n'a pas manqué de nous faire rire silencieusement.

23
fév

En fin d'après-midi, en descendant du travail (oui ici on ne quitte pas le travail, on "descend du travail"), je suis allée acheter du tissu pour me faire tailler un pantalon. Ici il y a énormément de boutiques de tissus avec un choix énormissime ! Les étoffes sont empilés jusqu'au plafond. Des motifs, du tissu, en veux-tu ? En voilà !

Au Sénégal, le tissu traditionnel c'est le wax. C'est un tissu un peu épais et très rigide avec de nombreux motifs et haut en couleurs ! Mais qu'est ce que ça tient chaud ..! Ce sont les tissus au mur sur la sixième photo.


24
fév

C'est en ce samedi après-midi, sous une chaleur écrasante, que nous partons en direction de Diabir ! Le village dans lequel je développe le projet de l'association SOS Casamance qui a pour but de construire une école élémentaire pour remplacer l'actuel abri provisoire où les enfants ont classe.

Pour notre première visite, l'accueil de la population a été chaleureux et chantant ! Nous venions nous présenter à la population en tant que nouveaux volontaires œuvrant à la construction de l'école. Une femme est même venue m'enlacer lorsque je me suis présentée. Nous portons tout leur espoir sur nos épaules. Maintenant, nous agissons dans l'unité pour l'école.

Après les présentations vient la visite du village ! En passant par le potager mis en place par les anciens volontaires, puis par le jardin scolaire, et enfin l'école, les habitants nous expliquait tout le travail qui est fait dans ce village pour son développement.

L'école est dans un état de délabrement certain. Des fissures sur les murs, une charpente incertaine rongée par les termites, du matériel vétuste ... Visiter cet abri provisoire nous a fait prendre conscience de la situation et nous conforte dans notre choix d'aider cette population.

C'était une journée pleine en émotion. Tout d'abord parce que j'ai enfin rencontré les habitants de Diabir, envers lesquels je me suis engagée dans cette mission de service civique, mais également parce que l'espoir et la motivation sont présents dans les yeux de tous les villageois, du plus petit au plus grand.

25
fév

Dimanche matin bien avancé, je me réveille enfin après une courte nuit passée chez une amie. Réveil en douceur avec papotage et dégustation de son délicieux gâteau à la fleur d'oranger suivi d'une bonne papaye du jardin. Vers midi, nous retrouvons d'autres compagnons chez un ami. Ce jour est un grand jour car c'est aujourd'hui que nous allons apprendre à cuisiner le Tiep Bou Dien !

Je vous passerai les nombreuses étapes afin d'arriver à ce merveilleux plat agrémenté de légumes, riz brun et poissons frits. Sachez seulement que nous avons retroussé nos manches pendant trois heures afin d'éplucher, piller, couper, remuer, nettoyer, farcir, cuire, etc. Nous avons perdu beaucoup de soldats dans la bataille, mais les plus courageux sont allés jusqu'au bout, usant de leur dernière force !

C'était une épreuve harassante, mais incontournable dans mon voyage au Sénégal. Par contre, même en ayant suivi toutes les étapes de cuisine, je ne saurais refaire ce plat mythique. Il faudra s'entraîner encore davantage afin de réussir à cuisiner seule un Tiep Bou Dien digne de ce nom !

26
fév

Une nouvelle mission de terrain à Diabir s'est organisée ce lundi, en présence du président de l'association, en voyage au Sénégal. En arrivant, nous avons reçu le même accueil, avec chants et danses traditionnels pour nous remercier d'être venu. Nous avons tout de suite été salué les enfants encore en classe en ce lundi midi. Nous avons organisé de petites animations pour les divertir pendant que nous faisions le tour de l'école. Il y a trois classes : CP, CE2 et CM2. Tous ont été ravis de nous accueillir et de nous montrer leurs cours.

Cette journée de visite avait été organisé par le président de l'association pour célébrer la pose symbolique de la première pierre de l'école élémentaire de Diabir. Cela fait maintenant plus d'un an que les villageois ont lancé un appel à l'aide pour qu'une nouvelle école soit construite au sein de leur village. Le temps commence à se faire long, alors les travaux devaient débuter dans peu de temps. Je ne manquerai pas de vous raconter mes prochaines visites à Diabir pour que vous puissiez suivre le projet !

Tout le village était présent et a manifesté sa joie devant ce geste symbolique. Des chants et des danses ont été lancés à la fin de la cérémonie. Une femme m'a invité à danser avec elle pour saluer l'événement. Les deux femmes en photo avec moi débordent d'énergie et me font la fête à chaque fois qu'elles me voient. Malgré un problème de langue, nous arrivons à nous comprendre. Je promets de faire des efforts et de mieux parler Diola la prochaine fois que je viendrai à Diabir.

A la fin de la cérémonie, nous sommes partis en direction de Sindian pour informer le Sous-préfet du projet de construction d'une école primaire dans le village de Diabir.

Ce rendez-vous s'est très bien passé et nous avons repris la voiture en direction de Bignona où nous nous sommes arrêtés pour manger parce que nos ventres manquaient de carburants. Nous sommes restés un bon bout de temps dans ce restaurant à attendre nos plats, à les déguster et à nous rafraîchir de boissons sucrées, puis nous avons repris la route en nous arrêtant en chemin à Tobor, petit village où des pécheurs vendaient du poisson frais et des huîtres avec lesquels nous nous sommes régalés le soir même !

1
mars
1
mars
Marché Tilene, Ziguinchor

C'est la bonne taille ?

Aujourd'hui je vous présente le repère d'Aliou, le meilleur tailleur de tout l'Ouest Africain. Je m'y suis rendue pour faire retailler mon pantalon qui était un peu serré à mon goût. J'en profite donc pour vous faire découvrir la petite baraque dans laquelle Aliou et ses frères travaillent à la confection de beaux habits, en manipulant de magnifiques tissus. J'ai attendu à peine 10 minutes qu'il agrandisse mon pantalon et je suis repartie avec un beau pantalon tout neuf et repassé !

3
mars

Samedi après-midi, bien mangé, direction Djibelor en moto pour y découvrir la ferme des crocodiles! C'est un repère paradisiaque peuplé de centaines d'espèces de plantes tropicales. L'atmosphère est tranquille, et il n'y avait personne. On y a fait de belles découvertes : cactus, fleurs, palmiers, termitière, etc. Il est possible de bien se dissimuler dans cette végétation dense et luxuriante. Nous nous sommes promenés en toute sérénité et dans un calme absolu. On se sentait bien loin de l'effervescence de Ziguinchor.

Bien sûr, cette ferme ne s'appelle pas "aux crocodiles" pour rien. Nous avons sympathisé avec ces mastodontes aux mâchoires puissantes. On a été très impressionné de les observer dans leurs enclos en plein air. Seul un léger grillage nous séparait d'eux. De quoi rassurer les plus peureux ! Ils étaient tous très tranquilles, mais ils n'en restaient pas moins effrayants.

En finissant notre visite, nous avons aperçu un groupe d'enfants qui travaillaient dans la maison d'à côté. Le professeur les faisait travailler sur des rédactions d'histoire au grand air.

Bon et puis on n'a quand même pas passé la journée sans faire de bêtises ! Dans cette ferme, il y a des arbres à calebasse. Ce sont ces fruits qui sont utilisés pour créer la kora, l'instrument de musique originaire d'Afrique de l'Ouest. Les fruits sont coupés et vidés pour former la base de l'instrument. Sa forme offre une superbe caisse de résonance. Bref, nous n'étions pas là pour nous émerveiller de ce fruit, mais plutôt pour ancrer dans sa peau, les marques de notre passage.

C'est ainsi qu'une calebasse a été taillée à la clef pour recevoir l'inscription suivante : "Sonia et Bastien 2018". J'ai également permis à une autre calebasse de pouvoir regarder le monde. Notre ami Wilson, vert et élégant est né ! Nous n'avons pas pu le ramener en moto, mais nous retournerons le voir dans quelques semaines pour prendre de ses nouvelles.

8
mars

Aujourd'hui sonne le jour d'un nouveau changement capillaire. C'est parti pour me faire tresser les cheveux à l'Africaine !

Nafi m'accompagne pour acheter des mèches de cheveux au marché, et on se dirige chez Salva, la meilleure tresseuse de Ziguinchor. Il faut préparer les mèches : émécher, brosser, mettre en paquet. Les mèches sont prêtes, la tête à coiffer est confortablement installée, la coiffeuse est échauffée, il est aux alentours de 17h00 et le travail commence enfin. Cela a été 3 heures de dure labeur pour Salva, debout, les doigts dans mes cheveux, Nafi a été l'assistante aux mèches, aidée par plusieurs femmes présentes. A ma place de tête à coiffer, j'ai souffert parce qu'il faut bien tirer sur les cheveux pour que les rajouts tiennent. J'ai également frôlé le torticolis mais pour quel résultat ?! Je vous laisse vous faire une idée !

PS : C'est la première fois que j'ai les cheveux aussi longs !!

10
mars

C'est en moto que nous avons rejoint la ville de Bignona ce samedi matin avec Bastien pour y retrouver notre ami Boubacar. Nous allons passés le week end dans son village !

Avant de partir pour la brousse, il nous emmène chez son tuteur qui le loge a Bignona au lycée franco-arabe. Rapide tour des lieux alors que les élèves sont encore en classe. Le temps de siroter un thé bien chaud et la fine équipe et prête pour quitter la ville.

On fait halte à BaÏla, un grand village diola (ethnie), où les festivités pour la semaine de la femme s'achèvent ce jour. Au programme : danse traditionnelle des masques. Les "masques" sont représentés par les Kumpos, Ngomala et Samay. Ces trois personnages sont présents dans le village pour rythmer la journée avec la population.

- Les Kumpos sont de mystérieuses formes rondes en feuille de rônier. Ils sont présents dans beaucoup de villages diolas dans lesquels ils habitent une case un peu à l'extérieur du village. On dit que ce sont des esprits bienveillants. Ils sont invités à toutes les fêtes culturelles et les cérémonies.

- Samay est un homme qui fait régner l'ordre dans le village. Ainsi, lorsqu'un enfant ne tape pas en rythme avec la musique, il le fouette avec une brindille. C'est un esprit craint par les enfants qui se réfugient près des adultes.

- Ngomala, cet homme tout de noir et de poil vêtu répond aux mêmes exigences que Samay. Il fait régner l'ordre.

Tous trois ont fait partie intégrante de la fête qui se tenait ce jour là à Baïla, et ce jusqu'au soir.

Dans l'après-midi on s'est promené dans le village, nouant de nombreuses amitiés avec les enfants du village. On a beaucoup joué et dansé avec eux. Malgré la barrière de la langue, c'était un bel échange.

Le soir, après un repos bien mérité, la danse des masques reprend de plus belle ! On a eu le temps de se prendre en photo avec un Kumpo, très impressionnant vu de près ! Et la fête a duré comme cela pendant 3 heures, avec un bouquet final pendant lequel tout le village, petits et grands, viennent se joindre au milieu du cercle pour danser. C'était une belle journée immergée dans la culture diola.

Le soir, nous sommes rentrés à Kaparan, le village de Boubacar et nous avons dormi dans sa famille après avoir partagé la soirée et le thé avec eux.

11
mars

Après une nuit de sommeil rythmée par la fête du village jusqu'à tard, le bruit des termites dans le plafond et l'appel à la prière au lever du soleil, la famille nous offre un bon petit déjeuner plein d'énergie ! Bien requinqué, on se dirige vers le jardin potager des femmes du village en parcourant une partie du chemin dans une forêt. Une association les a aidé à développer leur activité de maraîchage et leur périmètre produit bien. C'est du beau travail et beaucoup de courage.

Enfin, nous revenons en passant par le village de Kaparan, au milieu des cases, en bord de route. Le calme y règne, cela change de Ziguinchor.

Nous avons été invité à déjeuner avec la famille. L'après-midi, nous avons appris a taper sur les djembé en buvant le thé et en dégustant de délicieux fruits de rônier fraîchement cueilli par les enfants. Ils montent en haut des palmiers (10 mètres) pour détacher les fruits à coup de machette. Chapeau !

J'ai également aidé les femmes à faire le linge. Elles ont essayé de m'apprendre leur technique bien précise mais c'est tout un art !

Je suis arrivée a Kaparan toute timide la veille au matin et je suis repartie ce dimanche en tant que Mariama Bodian, nouvelle fille de la famille, le coeur emplie d'affection.

15
mars
15
mars
Village artisanal, Ziguinchor

Le seul musée de Ziguinchor

Ce jeudi matin, je me dirige avec Mira et Marie-Jo au musée des arts et du patrimoine de Ziguinchor. Elles font toutes les deux une étude sur le tourisme durable en Casamance et je profite d'un calme au travail pour les suivre dans leur enquête.

Pendant l'entretien, nous apprenons que ce lieu n'est pas le musée à proprement dit mais un pré-musée, en attendant qu'ils aient l'argent pour ouvrir le vrai musée de Ziguinchor. Après un entretien de plus d'une heure avec le gérant du musée, il nous fait la visite commentée.

Tout d'abord, les peintures d'Ablaye Cysso, artiste peintre Casamançais. Il représente l'école traditionnelle. Les jeunes entrent dans le bois sacré pour en ressortir adulte deux mois plus tard. Cette cérémonie est rythmée par les chants, les danses et les épreuves. Sur les peintures, les jeunes portent des masques, qui représentent leur immaturité. Ils dépasseront ce stade en ressortant du bois sacré.

Sur la deuxième photo, la peinture met en scène la Kagnalène : statut d'une femme, devenue agée et sans enfants. Elle offre alors ses services aux autres femmes pour garder leurs enfants.

Sur ses oeuvres de la troisième photo, l'artiste a voulu représenter les 30 années de guerre en Casamance. Les villages sont caractérisés par le feu et ses couleurs vives.

Djiby, un autre artiste peintre représente l'ascension des Sénégalais dans ses tableaux. Un ascensions qui est semée d'embûches mais pleine de courage.

Le troisième peintre, Daffe, tourne plus son regard sur les foulards colorés des femmes sénégalaises.

Pour finir la visite, nous admirons les sculptures grandeur humaine faites de matériaux de récupération : bois, tissus, sacs de riz, masques.

16
mars

En cette matinée de vacances ensoleillée, après avoir retrouvée mes parents venus me rendre visite au Sénégal, quoi de mieux qu'une balade sur la plage ? On y est parmi les vaches, les méduses et les poissons échoués.

Sur la plage et dans les rôchers, les femmes s'affairent pour ramasser les coquillages entiers et en morceaux, qu'elles revendent ensuite. Ces morceaux de coquillages sont, par exemple, utilisés dans la confection du ciment pour faire les routes.Mé

17
mars

Deux amies françaises nous ont reçu dans le village de Kabrousse, quartier Nialou, où elles vivent depuis 7 mois. Entre discussions autour de la culture diola, les rites, les cérémonies, la vie du village, la contemplation des rizières et des forêts, et les jeux avec les enfants, la visite a été super intéressante. J'en connais un peu plus sur la culture diola qui reste très ancrée dans ce quartier de Kabrousse.

Nous avons été jusqu'à la mare Aline Sitoe. Pour l'histoire, Aline Sitoe Diatta est une jeune femme née a Kabrousse et qui a lutté contre la colonisation de son village par les Européens. Dans les années 1940, alors que la population de Kabrousse commençait à abandonner la culture du riz pour celle de l'arachide sous la contrainte européenne, Aline s'est opposée à cette exploitation a fait comprendre à son village que le riz est tout ce qu'ils avaient et qu'il fallait continuer à le cultiver. Depuis ce jour, cette jeune femme est devenue une héroïne de la résistance casamançaise. Elle est malheureusement déportée et exécutée en 1944, à l'âge de 24 ans. On dit que son esprit est encore présent dans ce village puisque la mare qui porte son nom n'est jamais à sec.

Nous avons mangé tous ensemble dans un restaurant du village. En fin d'après-midi, nous avons été jusqu'à Cap Skirring, au village des pêcheurs. Une telle effervescence sur la plage est impressionnante. Les pirogues arrivent du large avec du poisson frais et sont accueillis et déchargés par des jeunes. Ensuite, les pirogues sont remontés sur la plage et garées les unes à côté des autres. Le poisson et les mollusques sont préparés directement sur place avant d'être vendu au marché.

18
mars

Le matin, nous decollons de bonne heure pour rejoindre des amis à Oussouye. Le temps de se poser un peu et le guide nous emmène voir le Roi d'Oussouye. Cet homme a été choisi pour devenir Roi de la région d'Oussouye en Janvier 2000. C'est le dernier Roi du Sénégal. Son rôle est social. Il règle tous les conflits de sa communauté entre les villages et les familles. Malheureusement son statut lui impose certaines interdictions tels que s'adresser directement à la population, ainsi que voir ses amis et sa famille quand il le souhaite.

Tout notre petit groupe quitte le Roi, qui a bien voulu répondre à toutes nos questions, pour rencontrer un autre grand homme : Joseph, spécialiste de la noix de cajou. Il nous a décortiqué toutes les étapes de la transformation de la noix de cajou pour en arriver à l'apéro : récolte, cuisson, fumage, décortiquage et assaisonnement. C'est beaucoup de travail. Je ne mangerai plus ces petits délices de la même façon !

Nous avions prévu d'aller visiter une unité de transformation de fruits tenue par des femmes, malheureusement celle-ci était fermée le dimanche. Retour à la case départ : l'hôtel Les bolongs à Edioungou. Nous avons déjeuner dans ce havre de verdure, avec vue sur la mangrove et repos dans les hamacs. Le village d'Edioungou est très joli et apaisant.

20
mars

C'est la tête encore dans le brouillard d'une nuit trop chaude que nous partons pour la brousse ! La fine équipe composée de Malick, Bastien, Mira, mes parents et moi arrive à Diatock de bon matin. Nous avions une mission de terrain à réaliser dans ce village : visite d'une ancienne pépinière abandonnée par le GIE de Diatock en 2013. Un rendez-vous avait été convenu avec ce GIE pour discuter de la réhabilitation de leur site. La pépinière a des airs de lieu de travail abandonné du jour au lendemain.

Après la rencontre, en avant pour Thionck Essyl, village natal de Malick, où sa famille nous accueille chez elle. Un bon Yassa dans le ventre nous a achevé toute l'après-midi, mais nous sommes ressortis au coucher du soleil dans la mangrove à côté. La petite promenade parmi les palétuviers a été appréciée par toute la troupe. Des piroguiers partaient pêcher le poisson, tandis que, plus loin, des enfants s'amusaient à sauter d'un pont en bois. Pont assez mouvant que Mira à admirablement traversé, avec bravoure et totale sérénité.

Ce plongeon en pleine nature était inattendu. Malick venait souvent ici quand il était petit, pour se baigner avec ses amis. Ça se comprend !

21
mars

Départ tranquillement de la maison avec nos trois guides sénégalais pour la découverte du jardin communautaire des femmes de Thionck Essyl. Le potager est immense et tellement bien fournie ! Le travail des femmes est gigantesque. Elles remontent les seaux d'eau du puits, remplissent les arrosoirs, transportent tout ça, arrosent, et rebelote. Chaque femme a ses planches de culture et s'en occupe tous les jours, matin et soir. Elles cultivent des tomates, des oignons, des palmiers, des oranges, des fraises, etc.

Après cette découverte de la richesse terrestre, nous allons admirer les œuvres d'un artiste originaire de Thionck Essyl. Dans ses tableaux, il met en scène le quotidien de la vie au Sénégal, mais il dévoile également une dénonciation de l'exploitation des ressources africaines par les autres continents.

Fatigués par la chaleur naissante, nous nous réfugions chez Moussa. La famille a acheté un gros sac d'huîtres de mangrove qu'elle a tout juste commencé à faire chauffer au barbecue. Ici, on déguste les huîtres chaudes, ce qui leur enlève cet aspect gluant qui déplaît à certaines personnes (dont moi). C'était un régal ! Parfaitement iodées et cuites à coeur, nous avons dégusté ces huîtres autour d'une belle conversation.

C'est le ventre plein que la fine équipe reprend la route et quitte Thionck Essyl avec des souvenirs plein la tête.

Il était prévu de faire une halte à Diabir, le village pour lequel je monte le projet de construction d'une école primaire. Ça me tenait à cœur de faire visiter ce bel endroit à mes parents. L'accueil que nous avons reçu était tellement chaleureux. Mes parents ont offerts des planisphères, du matériel éducatif et des posters éducatifs au directeur de l'école, pour les enfants. Tout le village a honoré ces cadeaux. Un très beau moment !

S'en est suivi la visite du village. Les enfants étaient tous fiers de nous montrer leur école et leur potager. Les plus grands ont chanté haut et fort l'hymne national.

Mes parents ont été touchés par la générosité et l'accueil des villageois. Entre discussion sur le village, jeux avec les enfants et remerciements, c'était un tel moment de bonheur qu'il restera gravé longtemps dans ma mémoire.

24
mars

C'est parti pour une aventure au fil des bolongs (bras de la mangrove) ! Avant de grimper sur la pirogue, les petits crabes violonistes présentent leur ballet sur la plage. Certains creusent leur trou en y sortant de grosses boulettes de sable, et d'autres se servent de leur petites pinces pour former de toutes petites boulettes de sable. Les grosses boulettes sont mises de côté jusqu'à la prochaine marée montante où elles serviront à boucher l'entrée des cavernes souterraines.

Le reste du groupe nous rejoint et nous embarquons tous ensemble à bord d'une assez grande pirogue. A la barre, Edouard, se préoccupe de ce que nous observons. Ce piroguier attentif ralentit au fil de nos discussions pour que nous puissions regarder de plus près les huîtres de mangrove. Ces huîtres s'accrochent directement sur les racines d'une certaine espèce de palétuvier (rhizophora), elles grossissent et sont récoltés par les piroguiers, pas toujours de la bonne manière. Certains sont respectueux de cet écosystème et prélèvent les huîtres une par une sur les racines sans endommager l'arbre, alors que d'autres coupent les racines à la machette. Cet geste irresponsable est une des causes de la déforestation de la mangrove.

Un peu plus loin le brouillard dévoile Ehidje, l'île des féticheurs au fil de l'eau. Pour faire une aparté, il est vrai que nous n'avons pas eu de chance avec le temps maussade de ce week-end. Cette grisaille est en fait due au sable qui s'est envolé de Mauritanie pour venir obscurcir le ciel sénégalais pendant quelques jours. Revenons sur cette île singulière. A l'origine du village, il y a un pêcheur venu s'installer pour gagner sa vie. Lorsqu'il arrive sur l'île, le pêcheur, aussi grand féticheur, rencontre un esprit qui accepte qu'il s'installe ici, à condition qu'aucun humain ne soit enterré dans cette terre. Le marché est conclu. A la mort du pêcheur, ses enfants l'enterrent tout de même sur l'île, ne croyant pas à l'histoire que leur avait conté leur père sur cet esprit. Le lendemain pourtant, la terre a refusé le mort et la ramener à la surface. Depuis lors, les morts de ce village sont enterrés sur l'île voisine.

Le premier arrêt se fait sur la plage d'Elinkin. Ce village abrite une population vivant principalement de la pêche. Nombre de pirogues sont accostées à la plage. La ville en elle-même n'a rien d'extraordinaire à offrir. La seule grande rue est peuplée de petites boutiques et elle mène jusqu'au séchoir à poisson. L'odeur y est assez repoussante et la vue ne laisse pas place à la rêverie, mais c'est une bonne activité financière pour l'île. Juste à côté de là se trouve le campement villageois dont la seule attraction est l'enclos à crocodiles. Ils sont là pour que les touristes aient la chance de pouvoir les observer, les pauvres ...

Nous mettons enfin le pied sur l'ultime étape de notre voyage au fil des bolongs : Carabane. Située à l’embouchure du fleuve, cette île est l’ancienne capitale de la Casamance, à l'époque coloniale. Les derniers vestiges de cette période sont encore debout. Nous avons l'Ecole spéciale dans laquelle on envoyait les esclaves récalcitrants, une sorte de maison de redressement à la mode coloniale. Les bâtiments sont laissés en ruine, sans entretien ni explication sur ce qu'il s'est passé en ces lieux. Juste à côté est l'ancienne maternité et poste de santé, puis "l'église bretonne" tout juste rénovée. Malheureusement ses portes étaient fermées.

En entrant plus dans le village nous commandons des habits chez "Paco Carabane", le tailleur de l'île, puis nous continuons jusqu'à l'école primaire où les enfants jouent au foot dans la cour. L'ancien cimetière abrite la tombe d'un capitaine français mort en Casamance. Il désirait se faire enterrer sur cette île, face à l'Océan, avec son chien. Ses officiers l'ont donc enterré là debout. Drôle de tombe.

Nous retournons là où nous avons débarqué par la plage. Cette grande étendue de sable est paradisiaque, pense-t-on, lorsqu'il y a du soleil. De nombreux hôtels ou campements sont cependant laissés un peu à l'abandon sur le bord. La propreté laisse également à désirer sur toute la longueur, c'est dommage. Des pêcheurs tendent des filets depuis le matin pour attraper du poisson, mais la journée n'est pas très bonne.

Nous avons déjeuné dans un restaurant en bord d'Océan, le temps de digérer, et nous sommes repartis pour faire le chemin inverse et regagner nos pénates.

25
mars

La journée commence en pleine forêt dans l'Ecoparc de Diembering. Notre guide dans ce théâtre de verdure s'appelle Jean-Michel. Il est bien instruit sur toutes les espèces et connait tous les secrets des plantes. La visite se fait autour d'anecdotes, de conseils médicinaux, de présentation de l'écosystème dans sa quasi intégralité. Et au pas de course s'il-vous-plait ! On en a appris énormément, et oublié déjà beaucoup ... Mais je retiendrais que le nom scientifique du fromager est "Ceiba pentadra". C'est la question du Quizz final qui m'a été posée, et j'ai su répondre qu'à moitié. Jean-Michel m'a dit que c'était déjà preuve d'une bonne mémoire !

On fait une petite pause en terrasse, vue sur la "savane" casamançaise pour discuter à l'aise et visiter les lodges mis à la disposition des baroudeurs désirant un peu de calme pour quelques nuits.

La route se prolonge jusqu'au village même de Diembéring, charmant et authentique. Cet immense fromager trône au milieu de la place centrale et sert de rond-point pour desservir la toile d'araignée que forment les rues de ce village. Tout autour s'organise un marché de tout et n'importe quoi. Sans laisser de temps pour les emplettes, nous nous engouffrons dans une rue. Au hasard de notre promenade nous découvrons une bouée maritime au milieu d'une place, mais aussi, plus traditionnels, des bonbolons. Ce sont ces gros tambours taillés dans des troncs d'arbres massifs et fendus un leur milieu. Autrefois utilisés comme tam-tams téléphoniques pour prévenir d'un décès, d'une fête, etc. à des kilomètres de distance, ils sont maintenant tapés plus que lors des fêtes et cérémonies traditionnelles ou lors d'un décès pour mettre au courant tout le village.

31
mars

Arrivés la veille après deux heures de taxi 7 places, collés-serrés à l'arrière avec des compagnons de voyage tous fatigués mais bavards, on dit bonjour à la plage dès le petit matin. Le campement Sitokoto où je loge avec mes amis est juste à côté de l'Océan. L'ambiance y est décontractée. Cet endroit du Sénégal est surnommé "La petite Jamaïque", alors bien évidemment le vendredi soir, lorsque nous sommes arrivés, fatigués, il y avait une soirée reggae, comme tous les vendredi. Ça met tout de suite dans l'ambiance !

En bref, la matinée n'a été que rencontre, discussions, balade sur la plage et détente. La plage de Kafountine vaut bien plus le détour que celle de Cap Skirring. L'atmosphère y est bien plus sauvage, et calme sans les vendeurs de souvenirs. Malheureusement, de nombreux bars installés le long de l'Océan sont désertés parce que Kafountine, au lieu du tourisme dans les années 1980, est désormais boudé par les touristes. Au moins, on y est tranquille !

C'est pas le tout de se reposer, il faut aussi aller se remplir le gosier ! Direction le centre-ville, à un bon quart d'heure à pied. Nous sommes tombés sur un autre campement "Les Kumpoos" qui proposait des plats alléchants. La tentation était trop forte et les plats succulents et bien servis ! Le propriétaire est venu discuter avec nous à la fin du déjeuner pour nous faire le tour de son campement. J'y ai visité ma première case à impluvium. C'est une case traditionnelle dans laquelle le toit est inversé pour que l'eau de pluie s'écoule au milieu de l'habitation. Anciennement, cela permettait de récupérer l'eau de pluie.

Repus, nous continuons notre chemin vers la ville. Le premier arrêt se fait au village artisanal où les artisans et artistes vendent leurs collections. Un menuisier nous fait visiter son atelier avec démonstration en prime !

Nous quittons assez rapidement le village artisanal pour nous promener sur l'avenue principale autour de laquelle s'entassent carcasses de voitures, boutiques souvenirs, ateliers de soudure, etc. La vie d'une petite ville sénégalaise en somme, mais pas très agréable, surtout en plein après-midi ... Kafountine est une ville assez vivante mais pas très attractive. Il y a peu d'endroit à visiter si ce n'est le village artisanal et sa route principal.

Nous sommes très vite repartis du côté de notre campement, profiter de la plage et du grand air qui souffle du matin au soir.

1
avr

Bien reposés de la veille, nous entreprenons une promenade sur la plage entre Kafountine et Abene (7km) au petit matin (10h). La plage est magnifique, l'Océan est à parfaite température pour se rafraîchir les pieds. Que demandez de plus ? En plus nous avons eu une escorte sur toute la longueur du trajet : Jack, le fidèle compagnon.

Sur la plage d'Abene, sentant qu'on est perdu, un Sénégalais nous recueille pour nous faire visiter son village. 1 litre de sueur plus loin et quelques sentiers de sable franchis, il nous invite à boire un bon jus de coco fraîchement préparé là où il habite. C'est ça la Teranga (hospitalité) sénégalaise !

Le village d'Abene est vraiment charmant. Ca n'a rien à voir avec la ville de Kafountine. Les ruelles s'entrecroisent, les arbres offrent leur ombre, les habitants y sont au calme. Nous avons été jusqu'à la place mythique où s'élèvent, majestueux, six fromagers entremêlés les uns aux autres. Voir les six fromagers d'Abene, et repartir. Comme nous étions pressés par le temps pour retourner à Ziguinchor, nous avons dû quitter tôt ce beau village. J'y reviendrai avec plaisir.

4
avr

Le mercredi 4 avril 2018, 48ème anniversaire de l'indépendance du Sénégal ! Quelle festivité dans les rues, dès la veille au soir. La descente des flambeaux avec les escortes de policiers, de militaires et de la population se fait à la tombée du jour. C'est jour de fête !! C'est jour férié !!

Le lendemain, défilé officiel devant la tribune avec tout le gratin politique. C'est parti pour le ballet des militaires parés de leur plus beaux uniformes, des majorettes costumées de leurs robes virevoltantes, et des fanfares enveloppant la foule de leurs mélodies tambourinantes. La foule, amassée derrière les barrières, tend son cou pour ne pas louper une miette du défilé. Des élèves de Ziguinchor représentent leurs écoles, les parents et les familles sont là pour profiter de ce moment de fierté.

6
avr

"Mais du coup, vous allez faire comment avec les passeports vu que vous restez pendant 6 mois au Sénégal ?"

Quelle parole sage de deux amies françaises volontaires à Kabrousse ! Elles venaient de me rappeler qu'un étranger ne peut pas rester plus de 3 mois au Sénégal. Lors de cette soirée à Cap Skirring, elle nous ont d'ailleurs raconté leur expérience avec leur sortie du territoire sénégalais pour la Guinée Bissau. Et paf, une dose de stress dans mon esprit tranquille.

Quelques semaines plus tard, on est le 6 avril 2018 et je suis entrée au Sénégal le 10 janvier 2018. Il était tant de faire quelque chose. Malick nous accompagne, Bastien, Mira, Nick (un petit nouveau de Tambacounda) et moi à l'ambassade de Guinée Bissau pour demander les visas. Quelle attente interminable pour quatre malheureux visas ! Ceci dit, l'endroit était pas mal pour se perdre en débats, dans la fraîcheur du petit matin.

Visa en poche, on monte dans la voiture en direction de la Guinée Bissau !! Je ne vous cache pas que la douane à la frontière sénégalaise a bien compris pourquoi nous venions faire un séjour en Guinée, mais qu'importe nous étions en règle. Après nous avoir enquiquiné, pour la forme, les tampons sont enfin apposés. Et ce n'est qu'un début ! Nous avons passé trois postes de douanes comme cela et chacun a bien pris son temps (10-15 minutes) pour tamponner nos quatre passeports. Autant vous dire qu'il faut être patient et avoir des sujets de discussions sous le coude. En plus, quand tu crois que c'est terminé, ça continue. Un gendarme nous arrête parce que les ceintures n'étaient pas attachées à l'arrière. "Mais monsieur, il n'y a pas de ceintures à l'arrière ... Comment fait-on ?" Et toutes ces voitures et tous ces bus qui passent avec leurs passagers sans ceintures ... Bref, quelle belle matinée !

São Domingos est la première grande ville après avoir passé la frontière. Avant d'aller nous restaurer, Malick fait un crochet pour aller voir un ami influant d'une grande organisation internationale, histoire qu'il nous raccompagne au retour en évitant tous les problèmes possibles. Rassurés, on se pose enfin dans un restaurant "Chez Octavio", non loin d'un bras de fleuve. Quel magnifique repas ! Le temps de se balader un peu, histoire de prendre quelques photos et de respirer l'air latino qui règne ici et nous reprenons la route vers Ziguinchor.

Malheureusement, nous n'avons pas vu grand chose de la Guinée Bissau à cette occasion. São Domingos ressemble à n'importe quelle ville sénégalaise, si ce n'est qu'on y parle portugais. J'espère qu'on y retournera, au moins prolonger jusqu'à Bissau, la capitale !

8
avr

"Dimanche, je vous invite, on va cuisiner le mafé !" Nafi, il ne faut pas nous le dire deux fois !

Les courses ont été faites la veille au marché, les ingrédients sont frais et prêts à être épluchés et taillés finement. C'est une journée de dure labeur parmi le pilon, les couteaux, les gamelles et ces odeurs plein le nez. Faire la cuisine c'est avant tout, se retrouver entre amies, bavarder, rigoler et partager. C'est pour ça qu'on aime cuisiner ! Nafi et sa cousine Madjinguene nous ont enseigné l'art d'un mafé parfait, mais c'est un secret bien gardé des femmes sénégalaises. C'est un plat qui vient de l'Est du pays, avec une base de riz, de la viande de boeuf et une sauce à base de pâte d'arachide. A tomber par terre et à se rouler !!Après trois heures, les ventres sont enfin prêts à être nourri. Il est difficile de ne pas succomber pendant tout ce temps, avec l'odeur d'arachide qui se répand dans toute la maison. C'est un mafé bien mérité !

L'après-midi, nous subissons notre digestion, affalés dans le canapé. Certaines ce sont même endormies profondément. Mais pas le temps de se reposer ! Il faut penser à l'apéritif du soir. Et pour cela, rien de mieux que de bonnes fatayas. Ces beignets salés ravissent tous les palais avec leur sauce aux oignons et leur morceaux de foie bien tendres. La pâte et la sauce ont été préparés en même temps que le mafé, le matin, nous entamons alors la dernière étape : la confection des beignets. C'est tout un art et Mira a beaucoup galéré avec cette partie de la cuisine.Les fatayas deviennent fatayas qu'une fois plongés dans l'huile bien chaude. C'est incroyable les litres d'huile utilisés dans la cuisine sénégalaise. L'ouverture de la bouteille de jus de bissap, sonne le début de l'apéritif de dégustation de fatayas de toubab ("blanc" en wolof). Tous nous félicite pour cet exploit en se régalant. Un repas est encore meilleur lorsqu'on a passé du temps à le faire.

C'est d'ailleurs une spécificité sénégalaise : un plat doit être long à préparer pour être excellent.

Alors que les femmes s'affèrent à la cuisine, pendant ce temps-là les hommes se reposent, parce que le dimanche est un jour trop dur. Même pas capable de venir aider à faire la cuisine. Juste bons à finir le plat quand on les appelle et repartir tout de suite après sans se proposer de faire la vaisselle. Bref, la part féministe qui sommeille en moi ne pourra jamais s'y faire. Si ça n'avait tenu qu'à moi, ils n'auraient rien mangé et ça en aurait fait plus pour nous !!

PS : Le "bon dimanche" au Sénégal, c'est un dimanche rythmé par des bavardages, quelques pas de danses, des bonnes rigolades, un joyeux partage et un bon repas.

9
avr

21h30, une journée dans les pattes, besoin d'un bon lit pour dormir, mais non ! Mira, Bastien et moi sommes attendus pour participer à une émission radio/TV sur GMS FM portant sur le tourisme en Casamance. Un bon coup de stress pour Mira qui ne sait pas vraiment de quoi il s'agit, à part qu'elle doit parler de son travail de terrain sur le tourisme en Casamance. Après un petit débrief sur le déroulement de l'émission, l'animatrice nous fait visiter le studio et le plateau, où les infos du jour étaient en train d'être diffusées (remarquez l'air très détendu de Mira en coin de photo).Installation, projecteur, caméro 1 OK, caméro 2 OK, c'est parti pour une heure ! Nous avons parlé de notre expérience touristique en Casamance essayant de réfléchir aux améliorations qui pourraient être faites pour développer le secteur. Ca s'est très bien passé, en tout cas l'animatrice avait l'air très contente de cette émission. Nous en garderons un bon souvenir et une bonne expérience !

Admirez et écouter notre professionnalisme :

14
avr

"Eh ! Il faut ouvrir la vitre." Une femme coincée à l'arrière de la voiture me tire de ma somnolence. Il est 10h et la chaleur commence a se faire sentir dans le taxi 7 places en route pour Tambacounda. Nous avons quitté Ziguinchor de bonne heure mais nous ne sommes pas encore au milieu du trajet.

Sur la route avec Mira et Bastien, nos émotions oscillent entre fatigue et excitation. Une halte à Kolda nous permet de prendre l'air rapidement, mais il faut déjà repartir, nous ne sommes qu'à la moitié du chemin.

Après 8h de voyage, brinqueballés et entassés, le taxi stoppe enfin. Welcome to Tambacounda ! Mira retrouve avec joie la première ville

Non loin de là se trouve le village artisanal. Mêmes souvenirs, mêmes décoration, on se demande s'ils se donnent tous le mot pour créer les mêmes objets. Seul un artiste attire notre attention avec des réalisations originales. Peut être qu'il nous reverra ! Et puis comme la saison des mangues commence et que le marché est juste a côté, nous avons craqué pour le petit plaisir de la journée : des mangues bien juteuses et sucrées a déguster a pleine dent !

15
avr

Je n'ai encore rien dit mais notre séjour à Tambacounda n'est qu'une première étape dans un roadtrip endiablé dans le Sénégal Oriental ! C'est ce dimanche matin que nous décollons de cette terre aride et sèche pour aller nous perdre non loin de la frontière guinéenne. Après un changement de véhicule de dernière minute, notre chauffeur met enfin les voiles en direction de Dialacoto. Sur la route, les petits villages se succèdent laissant apparaître les toits en paille des cases sénégalaises. Le premier arrêt dans un campement villageois nous permet de succomber petit à petit à la chaleur tout en dégustant un bon Yassa. Nous retrouvons le guide qui nous suivra pour une partie de l'expédition.

La voiture enfin pleine, nos estomacs également, nous arrivons au Parc National du Niokolo Koba. Après avoir rempli quelques formalités administratives et financières, le parc nous ouvre enfin ses portes. Nos yeux s'habituent petit à petit à un décor forestier dense mais sec, parsemé de termitières et de panneau d'indication peu clair.

Ce parc abrite 913 000 hectares d'une nature extraordinaire. Historiquement, toute cette zone était habitée par des peuples autochtones de différentes ethnies. Lorsque le parc est décrété Parc National en 1954, l'Etat chasse les populations installées pour des raisons de préservation des espèces animales et forestières du parc. On peut encore observer les vestiges des anciens villages.

Dès que j'ai franchi la porte du Parc j'étais comme une enfant ! Une famille de phacochères nous attendait près d'une mare dans laquelle énormément d'animaux viennent s'abreuver en période sèche. Première confrontation avec la vie animale sauvage et dangereuse. J'aurais pu passer des heures dans le mirador à observer tous ces animaux vivant ensemble en harmonie : gazelles, biches, babouins, phacochères, crocodiles, échassiers. Des babouins sont également venus nous saluer avant de partir boire un peu.

Il y a deux endroits où dormir dans ce parc : l'hôtel Simenti, où nous avons croisé les singes verts, de curieux petits gourmands et joueurs, et le Campement du lion. Bien sur nous avons choisi de dormir au Campement du lion, bien plus en accord avec l'environnement. De plus, juste en contre-bas se trouve le fleuve Gambie, asséché en cette période de l'année. Ce qui laisse paraître un spectacle magnifique au soleil couchant. Nous avons marché un peu plus loin en espérant voir des hippopotames mais ils étaient déjà partis. Seul des crocodiles laissaient apparaître leur dos écaillé a la surface de l'eau. Ce qui n'est pas très rassurant quand le guide annonce qu'on peu se baigner dans une piscine naturelle non loin de là ... On est quand même aller s'y baigner, profitant d'un bon bain à bonne température.

La nuit fut agitée. Vers minuit, tout le campement se réveille alerté par de nombreux cris d'animaux. On entend le crid'un buffle à l'agonie et les prédateurs accourent tous : hyènes, léopards, lions. Dans la case avec Mira, on essaie de se rassurer calmement et on profite de ce spectacle auditif incroyable. Des hyènes passent tout près de notre petit logement en feuille de rônier, ce qui ne nous rassure pas. Heureusement, nous réussissons à retrouver le sommeil rapidement. (Nous apprendrons au petit matin que c'était en fait un leurre diffusé par les agents de sécurité du Parc pour observer les prédateurs de nuit.)

16
avr

Réveillés au petit matin par les sauts des singes verts sur les palmiers, je vais admirer la vue sur le fleuve en attendant le petit déjeuner. C'est toujours un moment où il faut être attentif parce que les singes verts se promènent dans le campement à la recherche de la moindre miette de nourriture à se caler sous la dent. Et nous avons fait les frais de notre vigilance laxiste. Un singe est venu nous chiper notre plaquette de beurre ! Heureusement qu'il y en avait d'autres.Encore amusé de cet événement nous embarquons pour aller admirer la mare de Simenti, où les animaux se retrouvent le matin. Ce calme est très agréable après la nuit agitée que nous avons passée. En période sèche, nous avons la chance de pouvoir voir énormément d'animaux autour de cette mare puisque c'est une des seules qui n'est pas asséchée.

Alors que nous profitions tranquillement du paysage, une équipe de conservateur du Parc vient nous chercher en courant pour nous dire qu'ils ont vu les lions tout près d'ici. Ni une, ni deux, toute l'équipe se rend a la voiture au pas de course avec l'excitation grimpante.

Et les voilà !! Posés en plein milieu de la route, trois lionnes ont le regard tournés vers la mare où les gazelles ne se doutent pas de ce qui va leur arriver. Elles sont si tranquilles qu'on irait presque s'asseoir à leur côté et leur faire un câlin. Notre présence ne les dérange pas le moins du monde. Nous avons pu les observer pendant plus d'une demie heure, attendant le bon moment pour partir en chasse. Malheureusement, nous avons dû les laisser seules pour ne pas les perturber davantage.

Un petit tour de piste et on se retrouve devant une mare totalement asséchée à observer le vol des oiseaux. Je n'ai malheureusement pas le matériel adéquate pour faire de bonnes photos de loin ... C'est le moment de poser des questions au guide par rapport à la chasse des lions. Ce sont toujours les lionnes qui chassent en bande organisée et appelle ensuite toute la petite famille qui vient se nourrir. Elles peuvent attendre des heures avant de s'élancer sur une proie pour trouver l'exact bon moment. En effet, les lionnes dépensent une énergie considérable lors de la chasse et si elle rate leur proie, il faut alors recommencer l'opération plusieurs heures plus tard. Le plus souvent, les lionnes tendent des pièges à leur déjeuner. C'est-à-dire qu'une lionne part en reconnaissance, et fait courir la proie en direction des deux autres qui l'attrapent. Ainsi le repas est quasiment toujours servi.

Après cet interlude animalier, nous reprenons la route de la mare Simenti, en espérant y retrouver les gros chats. Plus nous approchons de la mare, et plus nous voyons des troupeaux de gazelles et de biches apeurées. C'est le signe que l'attaque a eu lieu. En effet, en arrivant devant la mare, il n'y a plus aucun animal. Nous rentrons donc au camp pour le déjeuner.

L'après-midi on a profité d'un bon repas suivi d'un grand repos. Ça fatigue d'observer des lionnes chassées ! Puis nous sommes repartis pour aller traverser le pont suspendu, fameux pont du Niokolo Koba. Ce qui fut une partie de plaisir pour moi a été une réelle épreuve pour Mira. Et c'était sans compter le crocodile qui passe juste en dessous du pont au moment où nous traversons (j'ai malheureusement raté la photo). Afin de retrouver notre souffle, le guide nous emmène dans la forêt pour une petite balade champêtre. L'environnement était magnifique et paisible. Seulement, avec les images des lionnes encore dans notre tête, chaque bruit de feuilles et cri d'animal nous faisaient instinctivement sursauter. Nous imaginions nous retrouver en tête à tête avec le roi de la jungle mais il n'en a rien été, et heureusement !Le pont retour s'est beaucoup mieux passé. Au final, ce n'est qu'un accrobranche sans sécurité en compagnie de crocodiles. C'est l'aventure !

Pour finir la journée en toute tranquillité, le guide nous propose de profiter de la vue sur un endroit où de nombreux animaux se retrouvent en fin de journée. Installés dans le mirador, babouins, antilopes et phacochères ne nous repèrent pas. C'est impressionnant de voir autant d'animaux jouer, manger, boire en toute tranquillité sans les déranger. Le guide en profite pour nous raconter comment s'organise la société des babouins et leur régime alimentaire. Ils se déplacent en meute avec la présence d'un mal dominant. Les anciens sont privilégiés face aux bébés. Ils vont même jusqu'à sacrifier un petit lorsqu'une panthère les a piégé dans un arbre. Leurs péchés mignons sont les asticots et les vers qu'ils dévorent du matin au soir. Parfois même ils tuent un serpent qu'ils laissent se décomposer pour y manger les vers qui s'y développent.

En rentrant au camp, l'idée de prendre un bain dans la piscine naturelle nous traverse l'esprit et nous y allons sans tarder. Le cadre est idyllique au coucher du soleil. En plus de cela, même si nous n'avons toujours pas vu les hippopotames, les babouins nous font le spectacle réfugiés dans les arbres alentours.

17
avr

Pour cette dernière matinée dans le Parc Niokolo Koba, nous nous sommes lancés sur la trace des hippopotames. Scrutant chaque recoin du fleuve Gambie, notre espoir de voir un museau s'est vite amenuisé ... Notre chance ne nous a mené qu'a observer la trace d'une énorme patte d'hippopotame dans la terre. On ne va pas se plaindre, nous avions vu les lions la veille. Ceci dit, nous avons découvert une végétation luxuriante tout autour du fleuve.

Avant de sortir du Parc, le guide nous a fait profité de magnifiques paysages.

Plein de nostalgie mais aussi de beaux souvenirs, nous quittons notre guide Abdoulaye après un bon repas passé tous ensemble. Nous gardons Youssou à nos cotés, notre chauffeur préféré. C'est l'heure d'entamer la route vers Kédougou. Pour descendre jusqu'à cette grande ville du sud-est du Sénégal, il faut traverser le parc Niokolo Koba de long en large. Bien qu'on nous ait prévenu de l'état pitoyable de la route nous avons été surpris ! Ce n'est pas une route ! Ce n'est que morceaux de béton, poussière, nid de poule, bande de sable et le comble de ce tronçon est qu'il contient des ralentisseurs alors qu'il est impossible de rouler à plus de 30 km/h. Seuls les camionneurs qui ont l'habitude d'emprunter cette route roulent comme des dégénérés, entraînant des nuages de poussière assez dense. C'est une vrai expérience ! En plus de cela, notre voiture, une Peugeot Partner avait un peu de mal avec la poussière et le moteur se coupait presque toutes les cinq minutes. Nous avons salué le calme et la patience de Youssou qui nous a conduit à bon port même si nous n'y croyons plus. Pour vous donner une idée, nous avons mis deux heures pour parcourir 40 km.

Nous sommes finalement arrivés sain et sauf à Kédougou, puis à Dindefelo. Sur la route, le paysage commençait à changer et nous avons vu des montagnes s'élevées. Vue totalement inimaginable à Ziguinchor et dans les alentours. La route pour Dindefelo n'est pas goudronné mais reste en meilleur état que celle du Parc. Nous étions heureux d'arriver, accablés de fatigue après avoir été balancé dans tous les sens. La fraîcheur des montagnes et le calme du village offrent une soirée paisible et douce nuit.

18
avr

Nous commençons l'ascension de la montagne dès le petit matin pour ne pas trop souffrir de la chaleur. Cela ne nous empêche pas de laisser sur chaque pierre une goutte de sueur. Après avoir passée déjà quatre mois au Sénégal, je me rends compte que mon corps a perdu de sa forme physique ... En tout cas, cette randonnée en montagne m'a fait beaucoup de bien ! Et quelle vue ! Lorsqu'on arrive en haut, le village dévoile ses toits encerclés de champs et de végétation. C'est une belle récompense que la nature nous offre enfin. Nous gambadons entre les champs de termitières champignons (termitières en forme de champignon) pour arriver jusqu'à une grotte qui semble creusée par l'érosion. En fait, ce sont des chasseurs qui sont venus creuser la pierre pour édifier leur campement pendant les temps de chasse. Des dizaines de galeries s'enfoncent dans les fins fonds de la terre. Il y en a même une qui débouche en Guinée Conakry, sans poste de douane à la frontière bien sûr. Cet environnement préserve l'humidité du lieu et permet à de nombreux végétaux de se développer.

Une fois ressortie de ce trou de verdure, nous arrivons à un village juché en haut de la montagne. Les habitants et les enfants descendent et gravissent la montagne tous les jours pour aller à l'école ou bien ravitailler le village.

Le guide nous fait traverser tout le plateau montagneux qui se dessine entre termitière, arbuste et aridité. Encore un petit effort et la source de la cascade de Dindefelo nous dévoile son secret. C'est la première fois que je découvre la source d'une rivière. Je regarde les gouttes d'humidité ruisseler sur la pierre. Cette eau ne vient de nulle part ! Seule l'humidité du lieu permet à cette cascade de naître sous nos yeux. Les gouttelettes rassemblés en flaque, se frayent un chemin dans la pierre pour se jeter dans le vide et créer cette merveille de la nature. La chute est vertigineuse.

Le temps de sauter d'une termitière champignon et on se retrouve en bas de la montagne, les pieds dans la cascade. Les gouttelettes observés lorsque nous étions là-haut se jettent maintenant dans 120 mètres de vide pour venir s'écraser dans la paume de nos mains. On ne souligne pas assez que l'eau est atrocement fraîche, mais que cela fait du bien après trois heures de randonnées. La pierre de la falaise ruisselle de contraste avec le jardin d'éden qui se trouve en face. Quel bonheur de voir autant de verdure dans un endroit aussi sec que le Sénégal Oriental. En tout cas, la douche est rafraîchissante.

Après s'être rassasié d'un bon thiebou dien au campement villageois, nous prenons la route pour le village d'Ibel. Il n'est pas très loin mais la route en terre et les nombreuses déviation rende le voyage plus lent. C'est un mal pour un bien puisqu'il nous ait possible de profiter de ce paysage où chemins et cases en argile se détachent de la végétation verdoyante.La population nous a aidé à trouver le campement où nous souhaitions passer la nuit. A peine installés, le propriétaire souhaite nous faire découvrir la carrière de marbre blanc. On continue donc la piste de terre jusqu'à tomber nez à nez avec du marbre d'une superbe qualité. On ne se doute pas que ce trésor est caché au pied des montagnes sénégalaises. L'exploitation de cette carrière est en route depuis plusieurs années et emploie les habitants du village, ce qui participe à l'économie de cette région, assez pauvre.

En rentrant au campement, les enfants du village viennent nous trouver pour venir jouer avec eux. On ne se comprend pas forcément mais le jeu fait partie d'un langage universel. C'est un partage que je n'oublierai jamais. Les familles nous ont toutes accueillies chez elle, nous proposant de déguster le dîner tous ensemble.

Arrive le moment où il faut quitter le village pour regagner nos pénates. Malheureusement la chaleur dans la case est étouffante ... Avec Mira, nous décidons alors de dormir à la belle étoile en espérant profiter du vent frais des montagnes. Que nenni ! Le vent chaud des montagnes a soufflé jusqu'à environ 3h00 du matin, en plus des animaux qui divaguaient dans le village en beuglant ou bêlant. Autant dire que la nuit ne fut pas de tout repos.

19
avr

De beau matin, la chaleur nous fait déjà transpirer. L’ascension de cette petite montagne devient un défi ensoleillé. Il faut s'accrocher à son courage, et aussi à sa fierté puisque la population qui habite là-haut fait ce chemin tous les jours. C'est assez ridiculisant de les croiser mais ça nourrit la détermination. On n'oublie pas de profiter de la vue à chaque pause. Pour mes yeux c'est encore improbable de voir des montagnes au Sénégal, même si elles ne sont pas très hautes.

Nous arrivons enfin à Iwol, village bédique. Les Bédiques forment une ethnie venant du Mali, s'étant réfugiés dans les montagnes sénégalaises pour échapper à l'islamisation des peuples voulue par le Roi de Guinée. Depuis lors, les bédiques vivent au sommet de la montagne. Il y a au total sept villages bédiques cachés dans les montagnes. Dans le village d'Iwol, il y a quatre familles : Keita, Kamara, Samoura et SadiaKou. Les Keita sont chefs du village de père en fils, les Kamara et Samoura sont chargés d'organiser les fêtes rituelles et d'initiation qui durent des jours et des mois et les SadiaKou sont chargés du maintien des coutumes.

Le chef du village nous a accueilli pour nous raconter l'histoire de son peuple. Ce fut un récit très intéressant et riche en apprentissage. Nous avons apprécié de pouvoir converser avec cet homme pour en savoir davantage sur cette ethnie car visiter ce n'est pas que jeter un œil, c'est aussi s'intéresser et se questionner. Le village se développe dans un environnement serein et naturel. Les paysages sont magnifiques. Un majestueux baobab sacré trône vers le bas du village 23m30 de circonférence). Non loin de là se trouve un fromager sacré auquel la population attribue une force mystique associée au diable.

Nous avons rencontré la population, les saluant dans un langage très approximatif. Les femmes portent de nombreux colliers autour du cou, qui leur tombent sur le ventre. Leurs oreilles sont trouées sur toute la longueur, habillées d'anneaux en argent. Certaines ont un pic de porcépic passé dans l'aile central du nez. Toutes ces caractéristiques culturelles appartiennent aux bédiques depuis leur origine. Les villageois venaient nous voir pour nous saluer et réclamer un cadeau. On nous avait prévenu qu'il fallait y aller avec des petits cadeaux pour être accueilli par la population. C'était distribution de bonbons pour les enfants, de savon et de cola racine amère) pour les anciens. C'est un partage.

Cette dernière étape de notre parcours signe la fin de notre voyage. Il faut alors faire ses adieux aux enfants et femmes du village en leur laissant les derniers bonbons et savons. Les au revoir ont été assez difficiles. Une fois sur la route du retour, on regard s'est à nouveau perdu dans ce paysage contrasté entre verdure et terre, entre monts et plateaux.

Malgré quelques problèmes techniques avec la voiture, nous sommes arrivés sain et sauf à Tambacounda en fin d'après midi.

5
mai

J'attendais avec impatience ce week-end pour partir en excursion avec mon frère et sa copine, venus me rendre visite en Casamance. Dès le samedi matin, je ne tenais plus en place. Le départ de la pirogue, initialement prévue à 10h a été reporté à 12h30. Il fallait être patient ! Plus la pirogue se chargeait en marchandises, plus mon frère blêmissait à l'idée de monter là-dessus. Nous nous sommes finalement entassés sur un stock impressionnant de marchandises avec une vingtaine de personnes. A noter que la plupart des sacs étaient remplis de glace, gardant nos pieds bien au frais. La pirogue a vogué sur le fleuve pendant 4 heures pour atteindre notre destination : La Pointe Saint-Georges. Cet havre de paix au bord de la Casamance.

Dès notre arrivée, les vacances ont commencé. L'équipe du Campement Le Lamantin est accueillante et très agréable. Tout le monde sirotait sa boisson en discutant joyeusement. Louis, le gérant du campement nous a conduit chez lui pour nous montrer comment il cuit le pain pour le campement. J'avais l'impression d'être dans une grande famille. Il y avait Louis, Fabien un jeune employé, Léon le guide musicien, Karine la Française passionnée par les primates et Abou son ami photographe.

Lorsque le soleil a commencé à se coucher, tout ce petit monde est allé se percher sur la plate-forme d'observation installée sur la plage. Comme vous vous en doutez, le campement "Le lamantin" ne s'appelle pas ainsi pour rien. A cet endroit du fleuve, il est possible d'observer des lamantins à marée basse. Ils viennent ici pour boire l'eau douce qui arrive d'une source. Il suffit d'être patient et attentif pour apercevoir, le temps d'un instant, le museau ou la queue d'un lamantin jouant avec les vagues. Les lamantins, espèces menacées d'extinction, ne peuvent survivre que dans l’eau propre et non contaminée. La région est donc, une aire marine protégée communautaire où toute activité humaine est interdite.

Fouettés par le vent, nous avons donc observé les lamantins jusqu'à ce qu'ils s'en aillent. Nous étions sur la plage à s'amuser avec les centaines de crabes rentrant et sortant de leur trou dans le sable quand Léon s'est mis à jouer de la guitare et à chanter. Les chants diolas ont enveloppé le campement l'espace d'un instant, et ce jusqu'au coucher du soleil. Le dîner s'est déroulé dans la joie et le bonne humeur, autour d'une table remplie de crevettes, de couscous et de fruits exotiques.

6
mai

Quoi de mieux pour commencer la journée qu'une belle photo de famille au soleil levant ? Un bon petit déjeuner et nous disparaissons en direction de terres inconnues accompagnés de Léon, Karine et Abou.

Il y a deux moyens de venir à Pointe Saint-Georges, l'une est la pirogue et l'autre la marche. Pour une expérience complète, nous sommes donc partis à pied. Nous avons marchés à travers champs, rizières, mangroves et forêts. Chaque pas nous rapprochait d'un nouveau paysage. D'abord gambadant dans la savane, nous sommes entrés dans la forêt de Kanoufa. Ici trône un fromager centenaire. Une plate-forme a été installée dans ses branches pour observer la Casamance d'un autre angle. Malheureusement, le monsieur en charge de cette attraction n'était pas présent.

Des amis de Léon étaient postés non loin de là. Au petit matin, les hommes vont récoltés le vin de palme. Ce n'est autre que la sève du palmier qui coule dans une bouteille pendant 24 heures. Cette boisson liquide comme de l'eau et sucrée est très appréciée des Sénégalais. Le matin, la récolte offre une boisson fraîche et sucrée, mais les hommes préfèrent la laisser fermenter pour obtenir du vin de palme fort en goût et en alcool. C'est une découverte pour Anne-Laure et Fabrice qui ont bien apprécié, mais toujours avec modération !

Le chemin se poursuit entre rizières et mangroves. Je suis émerveillée par cette nature changeante.

Nous arrivons enfin à Mlomp après 4 heures de marche. Le village est entouré d'une verdure agréable. Deux fromagers trônent sur la place du village. Fatigués, Léon tient à nous faire visiter le musée des arts et de la culture diola, qu'il tient lui-même. C'est une jolie case à impluvium abritant des objets propres à la vie quotidienne et aux traditions diolas. La case à impluvium est la case traditionnelle diola qui a comme particularité d'avoir un toit renversé. Le toit, tourné vers l'intérieur, permettait de recueillir l'eau de pluie dans un puits construits au milieu de l'habitation. La visite du musée fut un peu rapide à mon goût, alors que je connais déjà un certain nombre de particularités culturelles diolas. Néanmoins, Léon reste attentif à toutes les interrogations.

Au moment de nous quitter, Abou nous propose de venir avec lui et Karine jusqu'à Edioungou, pour y manger et ensuite retourner à Ziguinchor. C'est parti !

Avant d'aller déjeuner, Abou prend le temps de nous faire découvrir un magnifique endroit, les pieds dans le fleuve : Djiromaït. La plage s'étend tout le long du bolong, en face de la mangrove. C'est ce coin de paradis qui a été choisi pour construire un gigantesque hôtel de luxe il y a des années. Malheureusement, la crise casamançaise a eu raison de son succès. Les travaux n'ont jamais été terminé. Laissé à l'abandon pendant plusieurs années, des rénovations sont aujourd'hui en route.

Nous quittons enfin Mlomp pour rejoindre Edioungou. Un autre coin de paradis où j'avais été lorsque les parents étaient venus au Sénégal. J'espère que vous vous en souvenez parce que je n'ai pas pris plus de photos cette fois-ci. Les hamacs nous attendaient à bras ouverts sur la terrasse du restaurant. La vue est toujours aussi belle sur la mangrove. Nous avons profité au maximum avant de remercier Abou et Karine et de repartir en bus vers Ziguinchor.

12
mai

Encore une fois, je me retrouve embarquée à la gare routière de Ziguinchor avec Mira, ma fidèle acolyte. C'est son avant dernier week-end en Casamance, alors on a décidé d'en profiter. Départ pour Coubalan en bus vers midi et arrivée au campement sans encombre. L'endroit est paradisiaque. C'est exactement ce dont on avait besoin elle et moi. En deux en trois mouvements, nous avons sympathisé avec les gérants, encombré notre chambre et posé nos chaises longues dans la mangrove. Nous avons passé l'après-midi à bavarder au soleil dans cet environnement paisible.

Abdou, le gérant du campement vint nous trouver pour nous proposer d'aller se promener en forêt. On y a trouvé de délicieuses pommes de cajou bien juteuses. Des dizaines d'anacardier recouvrent la surface de cette forêt. Les villageois récoltent les pommes de cajou pour en extraire le jus et laisser sécher la peau au soleil. Cette douce boisson sucrée est appelée Cadiou et ravie les papilles des Sénégalais. Les noix de cajou, accrochées à la pomme sont séparés du reste et partent pour être transformer en délice de l'apéro.

Un peu plus loin, un récolteur de vin de palme était suspendu au dessus du sol en train de relever ses bouteilles accrochées aux palmiers. Aliou nous a amené jusqu'à la cabane de cet homme. Le cabanon de vin de palme. Nous y avons parlé avec tous les Sénégalais présents en attendant le vin de palme bien frais. On s'est tous rassemblé autour de la calebasse qui contenait le précieux breuvage. Cette dégustation était pleine de convivialité et restera parmi mes meilleurs moments passés en Casamance.

13
mai

Au petit matin, l'expédition a commencé. Notre guide Aliou nous a guidé pendant toute la matinée dans la forêt de Kalounaye, jusqu'au village de Boutolatte. La forêt regorge de secrets qu'Aliou nous a dévoilé. Nous avons observé les oiseaux magnifiques perchés dans les branches, arraché l'écorce d'un arbre pour en faire de l'encens, discuté avec les villageois et appris comment ils récoltent le sel de la mangrove. Les femmes remplissent des seaux entiers de terre près de l'eau, mettent cela sur un tamis pour que l'eau coule dans un bac. Lorsque la bassine est pleine, les femmes l'a mettent au soleil afin que l'eau s'évapore et qu'il ne reste que le sel.

Sur le retour, nous avons traversé la forêt par un autre chemin, le "chemin des vaches" découvrant encore d'autres paysages, d'autres arbres. Nous avons longé la mangrove jusqu'à retrouver notre coin préféré de la veille : la cabane au vin de palme. Des hommes guettaient déjà le retour du récolteur. J'ai pris le temps de m'apaiser au soleil, après quatre bonnes heures de marche, il me semble que c'était bien mérité.

Comme Abdou nous a offert 5L de vin de palme la veille, on ne s'est pas gêné pour en reprendre un peu à midi. Par contre, il faut le boire avec modération parce que c'est quand même un peu alcoolisé. Il faut le savoir ! Le déjeuner était délicieux. Nous en remercions la cuisinière, Didi, qui s'est joint à nous.

Sans perdre un moment, Abdou a bien voulu nous faire faire un petit tour en pirogue. Toute excitée de monter enfin à bord d'une pirogue traditionnelle, nous étions distraite, et au moment de prendre le large, tout le monde est tombé à l'eau. Oh ça ne nous a pas découragé, bien au contraire. Certes, cette pirogue n'était pas très bien équilibrée mais elle a fendue les flots grâce aux deux moteurs manuels. La promenade fut courte mais très agréable. On serait bien rentré comme ça jusqu'à Ziguinchor, en profitant de la mangrove.

Jusqu'ici, notre week-end s'était magnifiquement déroulé. C'est là que ça se corse ! Nous avons fait nos aux revoirs à Aliou et Abdou, avant d'aller attendre un bus en direction de Ziguinchor. Au bout de 45 minutes, une voiture passe enfin. Elle fait office de bus apparemment puisque tous se ruent à l'intérieur. Les personnes étaient déjà toutes comprimées et d'autres entraient encore. Ils devaient être une quinzaine là-dedans. Nous avons alors décidé de monter sur le toit de la voiture, comme les hommes qu'on voit souvent, à l'air libre. On y est bien ! Par contre le sable vole partout. Tous les villageois que nous croisions rigolaient ou nous demandaient comment nous allions.Bien sur, les routes de la Casamance étant ce qu'elles sont et la voiture étant surchargée, un pneu a éclaté. Fin du manège, tout le monde descend. Heureusement que l'arrivée n'était pas loin. C'est là, sur le tronçon de la route entre Ziguinchor et Bignona, que nous nous sommes retrouvés avec de nombreuses personnes, attendant désespérément un bus venant de Bignona, où il y a encore de la place pour Ziguinchor. Et nous avons attendu ... Et nous avons crié après tellement de voitures, de taxis, de bus ... qu'on a finit par lâcher prise, nous installant près des femmes qui vendaient des mangues. En grignotant notre savoureuse mangue, habillement négociée, nous avons attendu LE bus qui voudrait bien de nous. Après une heure d'attente, il est enfin arrivé ! Le soleil était en train de disparaître derrière l'horizon. Nous avions passé un merveilleux week-end, plein de souvenirs inoubliables.

19
mai

Ziguinchor, c'est une ville en apparence plutôt calme, mais en réalité elle ne dort jamais ! Bien que ce soit le mois du ramadan, il y aura toujours quelque chose à fêter. Et c'est justement ce samedi soir, qu'un village de Casamance organisait une Khawaré. C'est une soirée qui peut être organisée par un village, une famille, une personne où on peut manger des bons plats sénégalais en écoutant de la musique, et même parfois des artistes, en vue de récolter des fonds pour développer une activité, un village, etc. Bref, c'est toujours des bonnes soirées !

Yvette, une amie sénégalaise est originaire du village qui organisait cette soirée et elle nous a donc invité à venir danser ! C'était un très bon moment de rencontre, de discussion et de danses. L'ambiance était au rendez-vous. Nous sommes même montés sur la scène pour danser avec tout le monde, pendant qu'un artiste chantait.

Ce sont ces moments de partage et de convivialité que je n'oublierais jamais.

21
mai

Qui dit jour férié, dit jour en brousse. C'est une bonne excuse pour partir en expédition dans le village natale d'Yvette. C'est un départ à l'aube qui s'organise ce lundi matin. Nous nous retrouvons pour partir en famille à bord d'un taxi 8 places ou plus. Direction le village de Kaguite ! Malgré une légère fatigue, l'état de la route a vite fait de nous réveiller.

On ne pourra pas dire qu'on s'est simplement assis sous le manguier, à attendre le repas, ah non ! A peine arrivés, oui on s'installe sous le manguier avec la famille d'Yvette, mais on est invité à casser les noix de cajou fraîchement chauffées au feu de bois. Ce qui nous permet de déguster ces petits bijoux gustatifs ! Pas le temps de traîner, les femmes ont besoin d'aide pour décortiquer la pulpe du palmier. C'est un travail fastidieux lorsqu'on n'a pas la technique ... Les femmes qui ont l'habitude de le faire ont le coup de main et elles nous ridiculisent en rigolant. Une fois que toutes les boules sont nettoyées, il faut les piler pour en extraire le jus qui donnera l'huile de palme. Attention aux éclaboussures !!Pendant que les femmes préparaient la suite du repas, nous sommes allés salués d'autres membres de la famille d'Yvette dans un autre maison. Son oncle nous a reçu en trinquant le fameux bounouk (vin de palme) ! Bien frais donc peu alcoolisé. Nous avons discuté longuement, rigolé souvent, bu entre-temps et profité tout du long. Sur le chemin du retour, un arrêt s'impose pour goûter un autre fameux breuvage : le cadiou (jus de pomme de cajou). J'aurais pu engloutir le seau entier si je n'avais pas abusé sur le bounouk ... Mon ventre a beaucoup souffert ce jour-là, il est resté plein du petit matin jusqu'au soir.En rentrant, le déjeuner était servi : un bon Bafalor. Magnifique ! Un vrai repas diola, tous autour du plat. Nous n'avons pas pu résister à une petite sieste digestive ...!Puisqu'il n'y avait qu'une seule voiture qui repartait vers Ziguinchor, nous avons du quitter tôt le village, remerciant tous ceux qui nous avaient accueilli avec sourire et hospitalité. Après une petite balade dans le village, nous avons retrouvé notre camionnette-taxi et nous sommes repartis.

Pour bien finir la journée, Yvette nous a invité dans sa famille à Ziguinchor, histoire de manger encore des mangues, des noix de cajou et d'arroser le tout de jus de cajou. Mon estomac m'a imposé un cesser-le-feu très rapidement, même si la famille d'Yvette voulait que je mange encore plus.

24
mai

Eh oui ... malheureusement Mira a terminé son stage au Sénégal. Nous avons passés la dernière soirée à l'Hotel Perroquet avec des amis. C'était sa deuxième maison et les gérants et serveurs étaient devenus ses amis. On ne pouvait pas passer la dernière soirée autre part !

Le lendemain, Nafi et Yvette sont venus nous rejoindre au port, où Mira devait prendre le bateau. Les adieux ont été difficiles ... Mais même les meilleures choses ont une fin !

On a déjà prévue de se revoir en Septembre pour passer quelques jours en Bretagne. L'amitié traverse les frontières.

29
mai

Il est vrai que je ne donne pas beaucoup de nouvelles en ce moment ... C'est pas qu'il ne se passe rien, c'est que pendant le Ramadan, la ville est calme et paisible, surtout à partir de 19h30, heure de la rupture du jeûne. Ici on appelle ça "Ndogou". Bien sûr, on a été invité à de nombreux ndogous chez des amis, parce que c'est un moment de partage et tout le monde se retrouve en famille, entre amis. A la rupture du jeûne, des cafés touba (café avec de la girofle et beaucoup de sucre) sont distribués dans toute la ville. Les familles s'organisent pour cuisiner et vendre différentes sauces : crevettes, foie, oignons, marinade, petit pois, haricot rouge, etc. On achète ces sauces pour les tartiner dans une demie baguette de pain qu'on croque à pleine dent. Il y a aussi des jus de bissap et de maad (fruit acide orange). Et il ne faut pas oublier l’incontournable : les dattes ! On rompt la journée de jeûne avec. Ensuite, vers 23h est servi le repas avec le riz. Autant dire qu'on y va gaiement pour faire honneur au plat même si le ventre est encore plein. Ces soirées passés dans les familles sont toujours délicieuses pour le palais et pour le cœur. On y est accueilli comme une personne de la famille à part entière.

Ndogou chez des aMis

Il y a aussi les lundi Midi chez Yvette, à Ziguinchor. Je me met à la cuisine avec elle et on papote tout en laissant les légumes mijoter. Je l'aide à aller chercher l'eau au puits, pour perfectionner mon port du seau sur la tête. Au début c'était très laborieux, et puis je me suis améliorée petit à petit, mais toujours en le tenant avec les mains, sinon toute l'eau finit par terre !

Je passe également beaucoup de temps avec Nafi, Ma grande sœur sénégalaise qui Ma pris sous son aile pour m'apprendre beaucoup, surtout à porter tout type d'objets sur la tête. C'est un cœur avec moi. On discute de tout, de rien, on rigole surtout, et puis on cuisine ensemble. Sa famille m'a totalement intégrée et c'est un bonheur de passer du temps avec elle.

Ma grande sœur sénégalaise 
8
juin

Ce vendredi a un goût d'aventure ! A midi, Bastien, Guillaume et moi sommes allés manger chez Yvette. Cela sonnait le début du week-end. Les ventres pleins, nous avons embarqué à cinq avec la cousine d'Yvette, Rachelle, à bord d'un bus qui nous a conduit jusqu'à Niambalang. D'ici nous devions prendre la pirogue qui nous mènerait à notre destination finale. Bien sûr, l'heure de départ était prévue à 17h, mais finalement nous avons décollé à 18h30. Il faut être patient. Il y avait un petit incident technique au niveau du moteur ... Nous étions tous déjà montés à bord lorsque les responsables se sont rendus compte de cela. Le problème fut résolu et nous sommes partis au fil de l'eau.

C'était une belle ballade parmi la mangrove, malgré que la pirogue penchait sur la gauche et prenait l'eau par de minces fissures. L'aventure ! Nous avions également embarqué un passager de marque : un cochon, capturé à Niambalang. Il remuait même ficelé. J'avais tellement peut qu'il s'échappe du sac. Heureusement le voyage s'est très bien passé et nous sommes arrivés à Youtou alors que la nuit tombait.

Nous avons déchargé toutes les vivres alors que l'obscurité commençait à pointer le bout de son nez. Lorsque nous avons quitté la plage, il faisait complètement nuit. La découverte de Youtou s'est donc fait dans le noir le plus complet puisque le village n'a pas l'électricité. Nous étions comme des explorateurs avec nos lampes torches et nos gros sacs à dos.

Yvette tenait à nous présenter son père, personne respectée dans ce village puisqu'il garde le bois sacré. Pour la petite histoire, chaque village a son bois sacré dans lequel les hommes se font initier pour devenir adultes et dans lequel les grands conseils se tiennent. Aucune femme n'a le droit de pénétrer dans ce lieu, ainsi que les jeunes hommes qui n'ont pas fait l'initiation ("Boukout" en diola).Yvette et Rachelle ont été de très bonnes guides. Grâce à elles nous avons rejoint sans embûche la maison de Marie, une soeur à Yvette. C'est ici que nous avons rencontré toute la famille et les amis. Ils étaient déjà rassemblé autour du cadiou (jus de pomme de cajou fermenté). Les gars se sont arrêtés là, et moi j'ai continué mon chemin jusqu'à la cuisine pour mettre la main à la patte avec toutes les femmes. Comme il n'y a pas d'électricité, les femmes cuisinent à la seule lumière de leur téléphone en le coinçant dans la bouche, entre leur épaule et leur oreille ou en le tenant à la main. C'est toute une organisation très impressionnante et dépaysante. Le soir, les papilles ont été ravis de goûter de petits poissons diolas avec du riz et ensuite, des délicieux spaghetti ! Comme il faisait chaud dans la chambre, la famille m'a installé un matelas dans le hall d'entrée et nous avons dormi là avec les filles.

9
juin

Le chant des coqs m'a sorti de ma torpeur matinale. Tout le monde était déjà dehors, alors je les ai rejoins. Pour bien commencer la journée, Yvette nous a emmené dans la rizières juste en face de la maison. C'était calme. Tout ce qu'il faut pour se réveiller en douceur. La saison des pluies arrive à grand pas mais les rizières sont encore à sec malheureusement ... Le paysage doit être magnifique inondé. La frontière avec la Guinée Bissau est toute proche. Nous sommes rentrés à la maison pour déguster un bon petit déjeuner à base de mangue et de kinkeliba (thé sénégalais).

Une expédition dans le beau village de Youtou nous a embarqué jusqu'à la maison du père d'Yvette, surnommé "le vieux". Elle est située juste à côté du bois sacré. En attendant qu'il revienne, nous avons installé une natte sous le manguier pour se poser et jouer à un jeu de plateau norvégien : le neutron. Les femmes cuisinaient à côté. Yvette a tué un poulet pour le cuisiner dans un bon bafalor (plat à base d'huile de palme). Et j'ai pu assister, un tantinet écœurée, au saut de cabri d'un poulet ayant la tête tranché. Le bon repas avec le poulet fraîchement tué et cuisiné fut servi lorsque le vieux est revenu. Nous aurions voulu le couvrir de questions sur le village, sur son statut et sur la culture diola, malheureusement il ne parle pas français ...

En fin d'après-midi, après avoir digéré ce pauvre poulet, l'équipe est allée au bord du bolong, où il fait bon se baigner ! Des enfants avaient déjà investi les lieux. Nous les avons rejoint, profitant du courant pour se laisser porter et s'amuser un peu. Yvette ne sachant pas nager, comme de nombreux sénégalais, nous avons essayé de lui donner un cours de natation. Il s'est avéré qu'elle nage très bien le crawl, mais sur une petite distance. Les enfants en revanche, sont comme des poissons dans l'eau et comme des singes dans les arbres, dans lesquels ils montaient pour sauter dans le bolong. Cette baignade nous a tous requinqués pour aller participer à la fête traditionnelle diola !

La fameuse danse du Kumpo avait lieu ce soir-là sur la place du village. Une ronde de jeunes s'étaient déjà formés. Percussions et chants résonnaient dans tout le village. Il y avait le Samay, personnage chargé de veiller au bon déroulement de la fête et de sanctionner les personnes qui dansent mal. A tour de rôle, les enfants et les jeunes du village venaient devant Samay pour danser au rythme de la musique, selon une chorégraphie bien connu de tous. Et là je me dis qu'il est dommage que je ne puisse partager des vidéos ... Si Samay n'était pas satisfait des pas de danse effectué, il demandait à la personne de recommencer en le menaçant de le frapper avec une brindille. Tout cela dans une ambiance festive et joyeuse, où les uns se moquent des autres mais les encouragent à danser du mieux qu'ils peuvent. Cette fête a duré jusqu'à la nuit tombée, moment auquel le Kumpo s'est enfin décidé à venir rejoindre la fête. Le Kumpo, chaque village en a un. C'est un "esprit" qui porte bonheur au village. A chaque fête, il est présent et danse, danse, danse en se mêlant à la ronde, au son des percussions. Je n'ai pas pu le prendre en photo car il faisait trop sombre, mais vous pouvez le voir dans mon étape du 3 février : "Le canard, ça se fête !". A la fin de la fête, quand tout le monde se sépare, seuls les hommes initiés peuvent l'accompagner jusqu'au bois sacré. Mais personne ne sait réellement qui anime ce tas de feuille surmonté d'un pic. Lorsque tout le monde a commencé à se disperser, nous avons suivi le mouvement et nous sommes rentrés dans la nuit noire.

Lorsque nous sommes arrivés chez Marie, nos ventres criaient famine. Du coup on a préparé du soumbi avec Yvette. C'est un plat à base d'arachide et de riz pilé et cuit dans de l'eau. C'est bien bon et ça cale très rapidement ! Je n'ai pas fait de vieux os et je suis allée m'allonger très rapidement ce soir-là.

10
juin

Triste matinée que celle où tu quittes le village. Après avoir fait nos au-revoir à la famille, nous avons filé vers la plage. Sur le chemin, tout le monde nous disait que nous étions en retard, qu'elle allait bientôt partir. Nos petites jambes se sont dépêchées pour découvrir un embarcadère à peine prêt, avec tout le ravitaillement de mangues encore à terre. C'était l'occasion de discuter une dernière fois avec les habitants de Youtou.Finalement, la pirogue a mis les voiles peu après 9h. Nous quittions un havre de paix qui nous avait accueilli à bras ouvert.

15
juin

Je suis arrivée la veille au soir dans cette magnifique commune qu'est Thionck-Essyl. J'y étais pour la première fois invitée par Malick avec mes parents en février. Retrouver l'ambiance de ce petit paradis m'a donc rappelé de doux souvenirs. Seulement cette fois, la maison où nous étions accueilli à nouveau me semblait un peu plus vide ... Elle s'est rapidement peuplé à notre arrivée. Comme nous étions arrivés tard, Malick, Omar (un frère de Malick) et moi, nous sommes allés manger chez une amie. Dienaba, une amie que j'ai connu à Ziguinchor, nous a accueilli pour nous offrir le couvert au cours d'une agréable soirée. Ce n'était pas prévu et ça accentué mon plaisir de la revoir !Le lendemain matin, il n'y avait pas une souris dans la maison ... J'entendais l'Imam au loin, signe que la korité avait commencé ! Tout le monde était parti à la mosquée pour prier. Les rues de Thionck-Essyl étaient vides de tout bruit. On n'entendait seulement la prière.

Lorsque tout le monde est rentré, Malick m'a invité à venir visiter sa famille. La famille Djiba s'étend sur tout un quartier. Chacun détient son terrain avec sa maison à côtés des autres. C'était l'heure de préparer le repas du midi pour les femmes, et donc de nous inviter à goûter ce qu'elles avaient cuisiné. Je venais de prendre mon petit-déjeuner, j'ai été resservi d'un bon poulet aux vermicelles et d'un verre de thé. Nous avons fait le tour des maisons et nous sommes rentrés pour ... manger !! Il y avait trois plats différents : semoule, vermicelle et riz avec du poulet. Au Sénégal pour la korité, la tradition veut qu'on tue des poulets. J'en n'ai jamais autant mangé !

Je devais quitter dans l'après-midi pour retourner à Ziguinchor, mais Thionck Essyl n'a pas voulu me laisser partir. La place d'où les taxis partent était vide ... C'est le destin ! Du coup Malick m'a emmené du coté de Kartiack pour profiter du soleil et des mangues.

La nuit est tombée pendant que nous dégustions de délicieuses mangues dans le jardin avec Omar. C'est alors que le ciel s'est couvert de nuages et que des éclairs ont commencé à éclairer la nuit. J'ai essayé de saisir cela, mais je manque de connaissance en photographie malheureusement ...J'ai rejoint Aniounti, une amie rencontrée à Ziguinchor et nous avons passé la soirée ensemble, parcourant les rues sombres au son de la musique qui résonnait dans toute la ville depuis le foyer des jeunes. Je lui ai fait mes adieux et je suis rentrée pour ... manger ! On m'a littéralement forcé à avaler cette soupe de pied de cochon, bien évidemment délicieuse, dans une ambiance de franche camaraderie.

Le lendemain matin, je me suis levée tôt pour attraper le bus qui quittait Thionck-Essyl. J'ai dit au-revoir à cette magnifique commune, et à ses habitants qui m'ont accueilli chez eux et qui ont pris soin de moi. Ce n'est qu'un au revoir !

17
juin

Dimanche matin, je me réveille la tête dans le brouillard ... Je me rappelle subitement qu'Yvette voulait m'inviter au mariage de sa cousine à Cap Skirring. Je l'appelle, c'est toujours bon ! J'empaquette mes affaires et let's go ! Je retrouve Yvette et Rachelle chez elle, à Ziguinchor qui finissent de préparer leur paquetage. Un petit tour chez leur sœur Pauline qui leur a cousu de très jolies robes pour l'occasion, et hop on saute dans un taxi !

L'arrivée à Cap Skirring est étrange. Je suis déjà venue pas mal de fois dans cette ville, quand mes parents étaient venus me rendre visite, mais ce jour-là c'est une toute autre ambiance. Je me rappelais d'une ville agitée et bondée, mais c'est un Cap Skirring calme et vide que je découvre. En effet, en juin la saison touristique est terminée, seuls quelques irréductibles "toubabs" (désigne les "blancs" en wolof) y vivent toute l'année.

On est accueilli par Priti, une amie de Rachelle, chez qui nous allons passer la nuit. J'ai beaucoup discuté avec Gildas, son mari qui est rentré en avril de l'Alpes Duez, où il travaillait pour la saison. Notre discussion s'est beaucoup axée sur le climat glacial de la France. Sa description du froid, de la neige, du vent m'a fait beaucoup rire.

Alors qu'Yvette, grande coiffeuse sénégalaise, était en train de coiffer Priti, Rachelle et moi nous sommes parties au mariage. En attendant la mariée, on nous a donné un repas qui avait été mis de côté pour nous. Quelques minutes plus tard, la mariée est arrivée. C'était l'effervescence ! Tout le monde chantait, dansait, on se bousculait pour prendre une photo avec la Reine de la soirée. Tous l'ont accompagné à l'intérieur de la maison où elle est restée un bon moment, pendant que la famille et les amis dansaient dehors. Tambours et trompettes se mêlaient pour faire bouger les corps. On a dansé comme ça jusqu'à la nuit tombée, tapant des mains et des pieds à la mode diola !

J'ai parlé de la mariée mais pas du marié. En effet, le premier jour du mariage musulman ici, on célèbre le mariage du côté de la femme et à la fin de la soirée (vers 5 heures du matin) tous les invités l'accompagnent chez son époux. Le lendemain, la fête continue avec des danses, des repas, des chants, etc. Et cela peut durer encore quelques jours. Malheureusement comme il y avait un décès, ce jour-là dans la famille du mari, la fête s'est terminée tôt et la mariée n'est pas allée jusqu'à sa maison.

J'ai eu une très grosse surprise en arrivant au mariage ce jour-là ! J'espère que mes parents l'auront reconnu : Oumi !! C'est la femme qui s'occupait de mes parents dans la location qu'ils avaient pris. Comme j'ai passé beaucoup de temps là-bas, j'ai tissé de bons liens d'amitié avec Oumi, qui m'a appris à cuire le riz à la Sénégalaise. C'était tellement inattendu ! Nous étions toutes les deux très contentes de nous retrouver.

Papa et maman, Oumi vous embrasse et vous souhaite le meilleur !

23
juin

A aucun moment dans ma vie je n'ai eu aussi peu de chance que le jour où un moustique infecté est venu me piquer, à quelques semaines de mon départ, pour me rendre malade du paludisme. Voilà, à une semaine de mon départ, je déclare un paludisme, dans sa première phase : fatigue, fièvre, faiblesse, perte d'appétit. Les premiers signes se sont déclenchés vendredi midi et malgré une bonne dose de Doliprane je restais HS. J'ai donc appelé le docteur qui m'a déclaré "Oui ça se sont les premiers signes du paludisme, il faut traiter ça tout de suite." Un peu mon neveu ! Il faut savoir que le paludisme, on peut en mourir très vite. Avec ma peur au ventre et une amie, nous allons donc à la pharmacie et je commence le traitement dès le vendredi soir.J'étais dans un sale état ... La nuit je me suis battue contre ma fièvre, contre mon corps qui ne voulait pas dormir ... En me levant pour aller boire, j'ai été prise d'un violent vertige et je suis tombée par terre, sans pouvoir bouger. J'ai dû appeler Bastien qu'il vienne me relever. Bref, c'était pas très drôle ...

Samedi matin en me levant je ressemblais à un zombie. Je n'avais aucun appétit et ma tête allait exploser. Dans la journée, ma santé s'est améliorée. Edwige, la femme qui fait la cuisine, m'a préparé un bon petit plat spécialement pour moi. C'est un amour. L'après-midi, des amies sont venus me rendre visite pour prendre de mes nouvelles et me donner leur remèdes de grand-mère. Ca m'a fait énormément de bien de les voir pour me changer les idées.

Cette maladie fut assez courte, mais très intense ! Désormais je fais la guerre à tous les moustiques que je vois et j'ai même pensé à me laver avec de l'anti-moustique.

Pour ceux qui ne connaissent pas cette infection : le paludisme est transmis par un moustique spécifique. Lorsqu'il pique un homme infecté par le paludisme, il garde l'infection en lui et le transmet à sa prochaine piqûre, à un autre homme. Il y a plusieurs types de paludisme, mais tous sont mortels s'ils ne sont pas traités à temps. Dans les pays tropicaux, il faut donc toujours avoir son anti-moustique sur soi, et prendre des médicaments anti-paludéen (ce que je faisais, mais apparemment leur efficacité est à revoir).

27
juin

Depuis le midi Penda et Edwige disaient en cœur "Il va pleuvoir !". Ça n'a pas loupé ! Il est 16 heures, le vent se lève, les nuages gris nous foncent dessus. Tout d'un coup, la pluie commence à tomber, à petite goutte au début, puis de plus en plus épaisse. Je suis tellement heureuse de voir cette eau fraîche tombée du ciel que je vais danser dessous quelques secondes pour me rafraîchir. Plus de cinq mois se sont écoulés sans que Ziguinchor n'ai vu la pluie ! Bientôt se sont des trombes qui se déversent. Le vent soulève les tôles des toits, fait claquer les portes mal fermés, arrachent des feuilles. En cinq minutes la cour de l'association devient une gigantesque flaque d'eau. Je me demande dans quel état se trouve la ville ...

J'attends 18 heures que le temps se calme un peu, je prends un sac plastique et je sors. Je suis en tong à patauger dans la gadoue. Ziguinchor est sans dessus-dessous. Il aura fallu 2 heures de pluie intense pour que certaines routes soient totalement inondés. Les taxis se transforment en 4x4 franchissant de longs gués sans fin. Certains quartiers sont inaccessibles et les taxis refusent d'y aller.

C'est très impressionnant de voir une ville se transformer aussi rapidement. Et mine de rien, une bonne pluie, ça rafraîchit bien !

J'ai donc rejoins Nafi sous les eaux, qui m'a ensuite accompagnée jusqu'à l'artiste Awa. Nous avions planifié ensemble une soirée pour qu'elle me fasse des tatouages au henné. Nous nous sommes installés sous la lumière, le bruit de la pluie sur la tôle rythmait nos discussions. J'ai appris que ce genre de dessin étaient fait pour les grandes cérémonies religieuses, mais aussi pour les mariages. Les femmes se le font faire pour être belles jusqu'au bout des pieds. Certaines ethnies l'utilisent plus que d'autres, mais c'est quand même très répandu au Sénégal. Il y a deux types de tatouage au henné, le marron et le noir. Le marron est naturel, c'est une simple poudre de feuille qu'on a pilé et à laquelle on ajoute de l'eau pour l'étaler, alors que le noir utilise de l'ammoniaque et du charbon.

Awa a commencé son art en collant des bandelettes sur ma peau pour dessiner des motifs. Elle allait très vite et je me disais déjà que ça allait être magnifique. Ensuite sa fille m'étalait le henné (sorte de boue pâteuse) sur la peau, recouvrant tous les morceaux de bandelettes. Une fois que le dessin est totalement recouvert de pâte, on y colle du mouchoir et on enferme le tout dans un sachet plastique. Comme j'ai demandé à ce qu'on me décore les deux mains et les deux pieds, j'étais totalement plastifiée. Ce qui nous a tous beaucoup fait rire. Les filles se sont très bien occupées de moi, et en peu de temps elles avaient tout terminé. Il faut dire qu'elles sont efficaces toutes les trois, me disposant dans des positions farfelues pour pouvoir faire chacune son travail.

Je suis rentrée en essayant de bouger le moins possible et je suis allée me coucher tout de suite. Le henné a coloré ma peau pendant toute la nuit, lui donnant une jolie couleur orangé. Ce matin, lorsque j'ai enlevé les bandelettes et retiré la bout séchées, les motifs ont commencé à apparaître. C'est magnifique !!!! Je suis maintenant belle jusqu'au bout des ongles pour plusieurs semaines ! (Et oui, la coloration part au fur et à mesure des semaines ...)

1
juil

Je me réveille fatiguée (fête de départ oblige), stressée, anxieuse, triste, excitée. Je ne sais pas quel sentiment accueillir en premier dans mon cœur. Je décide très vite de laisser tout ça de côté et de profiter des derniers instants. Je vais voir une amie qui habite juste à côté, puis nous partons voir Ginette avec Bastien. Ginette c'est ma maman sénégalaise. C'est elle la première qui a pris soin de moi, qui m'a accueilli comme une fille dans son cœur. J'étais comblée de la voir juste avant de repartir. Les au-revoir n'ont pas duré sinon ils auraient été trop difficiles, surtout que j'ai embrassé toute la famille.En revenant à la maison, Nafi débarque suivi de Guillaume, mes compagnons de voyage. Fatigués comme jamais et profitant de la fraîcheur du sol, nous nous installons par terre dans le couloir pour prendre un thé en repassant ses six derniers mois passés ensemble. Yvette nous rejoint pour quelques minutes. L'ambiance n'est pas au rendez-vous ... La tristesse se fraye un chemin tout doucement dans nos cœurs. Je passe un très bon dernier moment dans ma maison sénégalaise autour d'un bon Mboudaké chocolat (miettes de pain sec pilées avec du nutella) avec Guillaume, Bastien et Nafi.

C'est quand j'arrive à l'aéroport de Ziguinchor que je vois la fin du voyage se dessiner à l'horizon. Bastien et Nafi m'ont gentiment accompagné jusqu'à cette dernière étape. Bastien ne part que le lendemain et Nafi ne rentre malheureusement pas dans ma valise ... Les minutes passent très vite et je me retrouve dans la salle d'embarquement après avoir enlacer plusieurs fois ma grande sœur sénégalaise en pleurs. Les au-revoir sont déchirants. Heureusement je rencontre Chelsea, une amie qui prend également l'avion pour Dakar. Discuter avec elle éloigne un peu ma tristesse. Nous ne prenons pas le même avion, mais je me lie d'amitié avec un sénégalais qui me tient compagnie. Les bolongs du fleuve Casamance revêtent leur plus belles courbes vus du ciel. Mon regard est fixé sur l'extérieur, jusqu'à ce que nous passions au-dessus des nuages.

En arrivant à Dakar, je commence seulement à réaliser que je ne reverrais pas Ziguinchor avant plusieurs mois, voire plusieurs années. J'ai besoin de reprendre mes esprits avant de continuer le voyage. Je recroise Chelsea assise à la cafétéria. Je me joins à elle pour passer du bon temps en attendant mon embarquement. Elle va dormir dans l'aéroport pour attendre son vol du lendemain matin. La pauvre, ce n'est que le début d'un grand voyage pour elle. Son arrivée est prévu pour dans trois jours à Cape Town (Afrique du Sud) après avoir changé quatre fois d'avion, pour présenter sa thèse sur la linguistique au Sénégal. Je la quitte à nouveau, en lui souhaitant bon courage pour la suite.

L'arrivée à Madrid est assez difficile. Je marche comme une âme en peine dans l'aéroport pour rejoindre le bon terminal pour mon dernier vol. Il est 5 heures et comme j'ai 3 heures devant moi avant l'embarquement, je décide de piquer un somme dans un coin. Cette sieste a été salvatrice ! Je me réveille en même temps que l'aéroport. Un frugale petit déjeuner avec l'en-cas du dernier vol récupéré et le ciel m'appelle de nouveau.

La lagune de Venise est un spectacle qui se rapproche des bolongs de Ziguinchor. L'avion atterri enfin. Je suis arrivée à l'aéroport de Venise. Il y a 24 heures, je me réveillai encore au Sénégal et ce matin je suis à des milliers de kilomètres de cette ville qui m'a accueilli pendant 6 mois. Les parents, en vacances depuis quelques jours en Italie, sont venus me chercher en caravelle. Les retrouvailles sont toujours fortes en émotion. C'est reparti, le voyage à travers la vie continu ... !

Ce voyage, cette découverte, ce morceau de vie restera gravé dans mon esprit et dans mon cœur. C'est l'amour de mes amis Sénégalais que je transporte maintenant partout avec moi. Quand je repense à tout ce que j'ai vécu, je me dis qu'il faut prendre le temps de se perdre un peu pour vivre, simplement. J'ai sûrement plus appris sur moi en six mois que depuis des années. Les voyages forgent la jeunesse, certes, mais ils la font aussi évoluer et grandir, considérablement.Il faut tirer les enseignements de chaque pas que nous faisons en avant, de chaque regard que nous soutenons.Je n'aurais jamais les mots ni les gestes pour remercier toutes les personnes qui ont fait de ma vie au Sénégal un petit paradis.