C'est sous une chaleur écrasante et humide que nous débarquons. Il n'est même pas 7h. Mes cernes et mes pas nonchalants en disent long sur la "nuit" que je viens de passer.
Un petit tour de bus, la douane, ma valise et je file changer de l'argent pour me prendre une carte SIM. Je fais le tour de l'aéroport pour trouver le comptoir Vietnam Airlines. Finalement la dame me dit qu'il faut que j'aille voir au bureau en ville ... C'est pas gagné avec cette histoire ! Comme je connais l'aéroport à force de le parcourir je me dirige vers les bus illico presto. C'est parti ! Une jeune femme me demande mon arrêt et me dit qu'elle me préviendra. Ce stress en moins, je profite donc pleinement du spectacle. C'est une valse de scooters surchargés. Mon cœur a bondi plusieurs fois à l'idée qu'ils puissent se faire percuter.
L'heure de descendre arrive. Je ne sais pas où je suis. Je ne me repère pas du tout. La dame du bus m'a indiqué la direction opposée à mon auberge. Je lui fais confiance mais je me rends vite compte que ce n'est pas ce chemin. Demi tour ! Je dois en plus remercier poliment mais fermement tous les moto-taxis qui me proposent leur aide.
J'arrive enfin dans ce havre de paix en bambou, Nguyen Shack. L'accueil se fait aux petits soins. On me fait asseoir et on me sert une bonne citronnade qui me requinque. L'un des deux de l'équipe m'explique les lieux à voir dans la ville. Il est Jamaïcain et parle un français parfait. Ça tombe bien, mon cerveau est en panne. Il m'apprendra le soir lors d'une discussion qu'il a voyagé dans pas moins de 70 pays différents, surtout en Amérique, en Europe et en Asie. C'est au cours d'un voyage de deux ans en France qu'il a appris le français. Il est impressionnant. Sa prononciation est parfaite.
Avant de sortir en ville, je rêve de faire un somme. Ça tombe bien, ma chambre est déjà prête ! Je me réveille deux heures plus tard. Le corps en sueur. Quelle bonne humidité ! J'enfile mes chaussures et mon masque et c'est parti. Le hasard me guide vers le parc ou je suis arrivée plus tôt, puis vers le marché Ben Thanh. Il est le plus vieux et le plus grand des marchés couverts de Ho Chi Minh-ville. Malheureusement pendant la fête du têt (nouvel an lunaire), beaucoup de boutiques sont fermées, voire même toutes les boutiques sont fermées. Ce qui n'empêche pas de profiter du lieu. J'y achète un masque en tissu d'inspiration très kawaï. Je le mettrai demain après l'avoir lavé.
Mes pas m'ont ensuite menés vers le musée de la ville de Ho Chi Minh. Je n'y suis pas allée pour cause de fatigue intense. Je n'aurais pas retenu grand chose ! J'ai profité de l'ombre d'un parc juste à côté pour me reposer un peu. Et en ce premier jour de l'année 2020 (calendrier lunaire), année du rat, j'ai croisé mon premier rat dans ce parc. Un rat énorme en plus ! Espérons qu'il me portera chance ...
Un vendeur de noix de coco est arrivé et m'a proposé de boire un bon jus de coco bien frais. Je me suis laissée tenter pour me faire oublier cette image du rat ! C'est vrai que ça fait du bien.
Requinquée, je me suis dirigée vers le palais de l'indépendance. L'intérieur est parait-il, fort beau. Personnellement, l'extérieur ne m'a pas donné envie d'entrer. Tiraillée par ma fatigue, mais aussi par la faim, je me suis mise à la quête d'un endroit où me restaurer.
Le guide du routard en main, je pars à la recherche de bons petits restaurants de quartier. Malheureusement, la plupart sont fermés pour cause de vacances. Les Vietnamiens profitent de la fête du têt pour se retrouver en famille, retourner dans leur ville natale et prendre des vacances. Un peu déçue je me retrouve dans un restaurant attrape-touristes : Nha Hang Ngon. La déco est néanmoins très rafraîchissante. Des plantes grimpent et sont suspendues dans tous les sens dans des grandes salles aérées. Le menu est aussi long qu'un livre de poche. Il y en a pour tous les goûts. Je me laisse tenter par une soupe avec des nouilles et du porc accompagnés d'un thé au lotus, histoire de m'hydrater au maximum. La cuisine est très bonne et les serveurs sont tous aux petits soins.
Je reprend ma route pour enfin découvrir la fameuse cathédrale Notre Dame dont le style est sensé s'inspirer de celle de Paris. Je vous laisse juger par vous-même. C'est une jolie construction mais il n'y a rien de grandiose. Elle est fermée aux visiteurs pour cause de rénovation. Je ne pourrais l'admirer que de l'extérieur ... Pour la petite histoire, sa construction fut achevée en 1880. Ses deux clochers étaient un moyen de se repérer à l'époque, avant que les immeubles n'envahissent la ville.
Juste à droite de cette Cathédrale se trouve un autre édifice célèbre : la poste centrale. Son architecture coloniale est restée intacte et revête tout le savoir et le style de Gustave Eiffel. Il a travaillé à la réalisation de la charpente métallique. Achevée en 1891, elle garde tout de son style d'antan. Le simple fait de franchir ses portes vous fait remonter le temps.
Ce bâtiment est pour moi primordial dans la visite de Ho Chi Minh-ville, puisque mon père me raconte depuis des années que mon grand-père a été photographié devant cette poste, au siècle dernier. En arrivant devant, je suis donc éprise d'une étrange sensation : suivre les traces de mon grand-père que je n'ai jamais connu. Mon père m'a d'ailleurs envoyé quelques anciennes photos de son paternel au Vietnam. Pour marquer cette première découverte et ce premier bond dans le temps, je décide d'acheter des cartes postales. Manque de bol, la poste ferme déjà. Je reviendrai demain les écrire et les poster.
En longeant la poste je tombe sur une petite ruelle qui ressemble à une rue d'antiquaire et de vente de bibelot à ciel ouvert. Le charme de cette ruelle attire du monde. C'est la farandole des photos souvenirs dans tous les sens. Les gens se prennent en photo avec tout et n'importe quoi. Je n'ai jamais compris ce genre de comportements et je m'en amuse avant d'en être exaspéré. Du coup je me prête au jeu.
Je reviens sur mes pas pour aller voir ce qu'il se passe de l'autre côté de la poste centrale. J'emprunte alors la rue Dong Khoi, aussi appelée "le times square" vietnamien. C'est inscrit sur les illuminations. Cette rue rejoint la Cathédrale avec le bord de la rivière Saigon. A cette heure-ci (18H) c'est surtout la course poursuite entre les voiture et les scooters.
Je change de rue pour moins respirer la pollution. Je me retrouver alors nez-à-nez avec l'Hôtel de ville, connu pour son architecture de style coloniale et la statue de Ho Chi Minh trônant au début d'une longue rue piétonne. C'est l'avenue Nguyen Hue, comparée aux champs Élysées français (après Times square, ça fait la paire). Pour la fête du têt tout est décorée et illuminée. J'arrive au moment où la musique commence à retentir, des jeux de lumière se mettent en marche. Quelle heureuse coïncidence ! Je profite du spectacle émerveillée. Tout le long de l'avenue ont été monté des décorations, des structures, des compositions pour fêter l'année du rat. C'est joli, mai je n'arrive pas à en profiter pleinement tellement il y a de monde. La foule piétine et se bouscule. Je sors donc de là pour admirer les décorations à l'extérieur du périmètre. J'y gagne de l'espace et des spectacles musicaux de rue. Je descends les 750m d'avenue tranquillement, en profitant de l'ambiance festive de ce lieu spécial, cerné de grandes tours et hôtels.
Je me retrouve alors au bout de l'avenue, avec devant moi, le fleuve Saigon. Enfin, une route et derrière le fleuve. Il me faut traverser cette marée de voiture et de scooter pour apprécier la fraîcheur des quais. Ma tactique a consisté à attendre que des Vietnamiens entament la traversée pour les suivre en file indienne. Nous nous sommes faufilés ainsi entre les automobilistes qui ne s'arrêtent pas, faute de feu de signalisation. cette route n'est tout simplement pas faite pour être traversée. Et le policier qui se trouve sur un côté de la route, je me demande à quoi peut bien consister son travail dans cette cohue. Enfin, me voilà sur la rive du fleuve Saigon. Malgré la pénombre je discerne des déchets flottés et une couleur assez peu inspirante. L'air frais s'engouffre dans mes vêtements et me rafraîchit pour mon plus grand bonheur.
Après quelques minutes de pause sur un banc, je revient sur mes pas, brave de nouveau cette marée dangereuse et décide de retourner dans le quartier où je vis. Sur ma route, des dizaines de vendeurs de rue proposent de la nourriture. S'engage alors un combat entre mon ventre et mon cerveau. Le premier me crie de prendre quelque chose et le second, prit de panique devant le manque d'hygiène n'ose plus dire un mot. Ils sont tellement nombreux que mon ventre l'emporte. Je choisis un espèce de chausson fait avec un pain très blanc et maintenu au chaud dans une cocotte. Les premières bouchées sont étonnantes. Je ne reconnais aucun aliment. Surement, de la viande, de l’œuf, et autre chose de couleur orange ... Le genre de repas que tu manges accompagnés d'un smecta, au cas-où ! Les bouchées suivantes ne sont pas fameuses, et la surprise a fait place au dégoût. Je mange les 2/3 et jette le reste ... Je pars maintenant en quête d'un restaurant proposant un bon plat de riz, histoire d'éviter tout désagrément.
A force de tourner dans le quartier routard, je tombe sur un petit restaurant dans une rue perpendiculaire à la rue principale. Pour vous expliquer, le quartier routard, c'est le quartier qui bouge le plus à la nuit tombée : boite, restaurants, bars, musique à gogo. Et dans les rues perpendiculaires, plus feutrées et étroites se trouvent des petites restaurants qui valent le détour, ainsi que des salons de massage, des entrées de maisons avec l'autel religieux sur le palier. C'est toute une atmosphère qui s'est installée dans ces ruelles étroites.
Je rentre dans un restaurant qui ne paye pas de mine. La cuisine ouverte me plait et la gérante est très souriante. Elle me propose de partager ma table avec un monsieur qui est déjà installé. Il est d'accord ! Je commande une bonne assiette de riz aux œufs qui font en bouche. Jamais je n'aurais cru avoir autant de saveur en bouche avec un simple riz aux œufs. Je profite de ce repas pour lancer la discussion avec cet inconnu en face de moi. Il est suédois et travaille au Cambodge, à Phnom Penh. La fin de son visa cambodgien l'a contraint à venir visiter Ho Chi Minh pour le renouveler. Il retourne donc bientôt à Phnom Penh pour y travailler. Je lui raconte aussi ma vie et nous nous quittons, ravis d'avoir partagé ce moment.
Il est l'heure de rentrer et de dormir. Je retourne à l'auberge et discute un peu avec l'équipe sur le thème de l'environnement dans le cadre de mon travail et de mon mémoire. Je réalise que le projet porté par Nguyen Shack à Can Tho va être vraiment intéressant dans les paroles de Sun, un guide touristique. Sur ses paroles, je leur souhaite une bonne nuit et je vais me coucher.