Parc Tarangire : "La rivière aux phacochères"
À 10h ce jeudi matin, le check out achevé, nous embarquons dans la Land Cruiser avec Dullah, notre guide, et Sylvan, notre chauffeur. Un nouveau voyage commence. Il durera 8 jours et nous emmènera dans trois parcs nationaux, au bord d'un lac et dans un village Massaï.
Installés dans cette spacieuse jeep, nous quittons Arusha, une ville typiquement africaine, pour rouler deux heures vers l'ouest. On bifurque à gauche et la route nous quitte. Le paysage est sec et poussiéreux. Les villages de huttes rondes sont gris. Les enfants en haillons. Encore quelques minutes et l'entrée du parc, majestueuse, s'impose en bout de piste.
Avant de se lancer à la chasse aux animaux, nous prenons le temps de pique-niquer à l'ombre des acacias et d'un baobab ancestral. Des singes espiègles attendent une distraction pour tenter de chiper de la nourriture. Félix les observe aussi et s'étonne, à raison, de la couleur bleue de leurs testicules. ☺️ Bonne remarque ! Doula lui explique alors que les femelles prendraient pour amants les mâles aux attributs les plus vivement colorés. La leçon d'histoire naturelle commence bien !
On remonte à bord. Le toit du 4x4 est soulevé. Les enfants, pieds nus, sont debout sur leur siège. Des zèbres, des gnous et des gazelles broutent paisiblement. Premier émerveillement...
Quelques centaines de mètres plus loin, une famille d'éléphants s'avance d'un pas lent et cadencé... Caché derrière un plus grand spécimen, un éléphanteau tète sa mère... Deuxième éblouissement !
L'après-midi va être grandiose.
Les paysages infinis composés de savanes, de rivières asséchées, d'acacias et de baobabs nous paraissent tellement irréels que l'on se croit plongés dans une autre réalité... Des images de cinéma font inévitablement surface. Selon notre âge, nous sommes dans "Le roi lion" ou "Out of Africa."
Le nombre d'espèces et d'animaux à poils ou à plumes que nous croisons est dingue ! Babouins, impalas, buffles, gazelles, petites et grandes, aigles, vautours, léopards, girafes, autruches (en plein accouplement), éléphants, zèbres, phacochères, chacals, pintades, mangoustes... La liste est longue. On compte sur Christine et Jeanne pour réaliser le relevé exhaustif. 😉
Nous donnons un point spécial à Félix pour sa blague bien à propos : " Pourquoi le phacochère court-il avec la queue en l'air ? Parce qu'il cherche le Wi-Fi..." On a perdu notre guide pendant 5 minutes.
Vers 18h30 nous arrivons au campement. Situé au bout milieu de nulle part dans le parc, il ne comporte aucune clôture. Les animaux sont ici chez eux. Jeanne commence à s'inquiéter d'autant que le guide nous recommande de ne pas sortir seul de nos tentes...
À table, l'heure est au premier bilan. Chacun évoque son meilleur souvenir autour d'un bol de soupe avec des petits pains cuits sur place et des morceaux de tilapias panés aux épices accompagnés de patates et de légumes cuits parfumés au lait de coco.
Sous la voie lactée, nous rejoignons nos lits sous les aboiements des hyènes... Et les chants de veillée d'un groupe d'Espagnols. Drôles d'oiseaux... de nuit. ☺️
Répartis par deux dans trois tentes igloos, nous dormons sur de simples matelas de mousse. La nuit est calme. Ni trop chaude ni trop froide... Des ronronnements graves résonnent. Les lions règnent.
Vers 6h, nous déjeunons copieusement et partons à l'assaut des pistes. La lumière est belle. La savane encore davantage ! Deux rencontres vont nous impressionner.
Un éléphant adulte mâle broute à quelques mètres de la piste. Le chauffeur coupe le moteur. Nos six têtes sortent du toit. Le pachyderme relève la tête. Notre reflet dans son œil noir nous questionne : qui observe qui ?
Calmement, il s'avance vers nous... La force qu'il dégage impose le silence... De sa trompe, il ramasse de la terre qu'il balance sur son visage... Fardé d'ocre, il avance encore. On pourrait le toucher. Nous sommes pétrifiés et fascinés.
Nouveau lancé de terre !
Le face à face dure moins d'une minute mais le souvenir qu'il nous laisse sera durable !
Dans la foulée, nous retournons au lieu où nous avions aperçu un léopard la veille. Enfin, sa queue et une patte.
En chemin, nous apercevons un daman qui prend le soleil sur un rocher. Une cinquantaine de mètres plus bas, un autre scénario s'écrit. Toujours dans un arbre, nous distinguons un léopard. On s'estime déjà heureux puisque nous le voyons en entier. Il bouge la tête... Se redresse... En équilibriste, il descend de l'arbre à une vingtaine de mètres de nous. À l'affût, il avance dans les hautes herbes...dans notre direction ! Notre guide semble être revenu un enfant tant la scène est unique !
Le félin frôle notre auto dans un silence inouï. On comprend alors qu'il a le daman en point de mire. À pas de loup, il poursuit son approche. Mais le drame tourne court.
Un autre daman donne l'alerte et le premier file se cacher. Bredouille, le léopard remonte dans un arbre. Le rongeur a gagné un peu de sursis...
La matinée s'achève dans le parc entourés de cette faune incroyable.
Dans la foulée, nous roulons plus de deux heures vers le village natal de notre guide pour y passer la nuit. À cet instant du moins, c'est ce que nous pensons. En réalité, c'est dans la machine à remonter le temps que nous avons embarqué...
Safari dans le Tarangire