Un voyage réussi se fait à base de transports, de galères, de découvertes et de rencontres. Pour le coup, nous pensons avoir réussi le nôtre ! Nous tenons à écrire un article sur les rencontres que nous avons faites à Madagascar, qui nous ont fait rire, réfléchir, découvrir de nouvelles facettes du monde, ou encore, ouvert l’esprit…
Le premier malgache avec qui nous ayons eu une réelle discussion a été Marcellin. Alors que nous attendions depuis déjà longtemps à la gare de taxi-brousse de Tana, ce malgache originaire de Tuléar est venu à notre rencontre (intrigué à la vue de 5 vazahas). Il nous montre des photos de son dernier week-end, nous dit qu’il nous attend le mercredi suivant pour qu’on parte tous ensemble pour Mangily (ce qui n’a pas eu lieu…). Nous n’avons jamais recroisé Marcellin à Tuléar depuis mais qui sait ? Il nous reste 2 semaines ici ! C'est aussi lui qui a été surpris par notre taille (surtout celle de Victoire) et qui nous a fait rire en disant qu'il faisait 1m87 alors qu'il ne mesurait pas plus d'1m70 ! Il a aussi tenu à nous laisser ses deux numéros de téléphone et son facebook, malheureusement nous avons égaré le papier en route...
Ensuite, nous avons rencontré l’ensemble de l’équipe Bel Avenir. Paula, Elena, Fabien, Anne, Béa,… Tous ont marqué nos premiers pas à Madagascar. Ils nous ont fait découvrir les bonnes adresses de Tuléar, nous ont prévenus des prix des pousse-pousses (pas plus de 1000Ar le trajet !), nous ont mis au courant de quelques pratiques malgaches… Bref, ils ont été nos guides de survie des premiers jours. Et SURTOUT, ils nous ont fait plonger dans l’univers Bel Avenir.
Une fois arrivés à Mangily, les habitudes s’installent et nous commençons notre « vie à la malgache ». Lors de repas, nous avons croisé de nombreux vazahas, notamment des touristes qui faisaient une halte par ici : Yohan, qui croyait tout connaître de Madagascar et du monde, a partagé un peu de son rhum avec nous. Un couple franco-colombien nous a compté ses aventures rocambolesques de transports dans l’ensemble du pays. Une guide nous a beaucoup parlé de Madagascar : les lieux les plus touristiques, un peu d’histoire du pays, et surtout la différence entre les malgaches du plateau (plutôt indonésiens) et les malgaches des côtes (plutôt africains). Bien que très (trop ?) bavarde, nous avons passé un bon moment à écouter ce qu’elle avait à nous raconter. Nous avons aussi rencontré Flavie, qui est venue seule en roadtrip à Madagascar. Nous avons partagé un rhum arrangé, une part de gâteau (c’était le jour de l’anniversaire de Benoit !), et un bon moment.
D’autres rencontres étaient moins joyeuses, notamment celle d’un client de Bel Avenir qui, d’un air hautain nous a dit « mais CONCRETEMENT, vous faites quoi ici ? », avant de sous-entendre que notre mission n’était pas utile et que ce qui était le mieux, c’était de soutenir l’économie locale en consommant malgache... Soit, mais l’un n’empêche pas l’autre.
Les garçons ont fait une rencontre des plus inattendues : un vazaha français, habitant à Madagascar depuis les années 1960, on ne peut plus porté sur le colonialisme. Une de ses phrases choc : « Les malgaches ont tous les défauts des blancs, tous les défauts des jaunes et AUCUNE qualité ».
Nous avons aussi rencontré beaucoup d’autres volontaires, de Bel Avenir ou d’autres ONG : Margaux & Antoine, avec qui nous avons décollé de Paris, atteris à Tana, et voyagé jusqu’à Mangily. Nous les croisons de temps en temps à Tuléar mais le plus mémorable dans cette rencontre, c’est le trajet Paris-Mangily (quelle est la probabilité que 2 français qui décollent dans le même avion que nous à Paris viennent en tant que volontaire jusqu’à Mangily, petit village perdu de Madagascar, comme nous ?). Cristiano & Elizabeta, deux italiens volontaires à Bel Avenir. Nous ne les avons pas vu longtemps, mais cela fait toujours plaisir de rencontrer d'autres volontaires et de partager, le temps d'une soirée, nos expériences respectives. Il a aussi eu Mercedes. Mer est espagnole et a 18 ans : elle est restée un mois à Tuléar avant de repartir. Elle est venue passer quelques jours à Mangily avec nous. Et enfin Vincent, un ami de nos coordinatrices de stage, ornithologue, volontaire à Honko (ONG de protection de l’environnement).
Nos plus belles rencontres restent cependant nos rencontres malgaches. Lors de nos premiers jours à Mangily, les commerçants (comprenez, les personnes qui vendent à un prix exorbitant des boites, paréos, sculptures, etc à tous les vazahas qu’ils coisent) nous ont pris pour des touristes et ont tenté de nous vendre des souvenirs 5 fois leur prix normal.
Nous avons rencontré aussi deux inséparables copines qui ont fait une partie du chemin avec nous un soir. Elles ont beaucoup enrichi notre vocabulaire malgache "manana" (qui signifie copine), tsi mila (non merci), lumberone (paréo)... Nous les recroisons assez souvent sur la plage.
Baby est un piroguier à Mangily, nous l'avons rencontré un soir et c'est avec lui que nous avons fait de la pirogue pour aller au massif des roses.
Monsieur Claude est un employé de Bel Avenir. Certains d'entre nous ont participé un essai sur la patate douce à ses côtés. Sa paire de méduses toujours bien attachée aux pieds, Mr Claude se déplace mais assuré. Il sait toujours trouver les mots pour motiver ses troupes. Accompagné toujours de son légendaire accent malgacho-paysan, il nous régale de ses répliques mythiques qui chaque semaine égayent nos soirées.
Glarine tient un étal de souvenirs avec sa famille. Elle y passe ses journées dans l’espoir de voir des vazahas approcher. A chaque fois que nous y allons, nous avons droit à un joyeux « bonjour copiiiinnneeeeee » et parfois même à un calin ! C’est aussi elle qui nous a aidé à choisir le cadeau d’anniversaire d’Apolline.
Il y a aussi les personnes dont ne nous connaissions pas le nom et que nous avons rebaptisé : « Mama » tient un restaurant « Le Grand tamarinier » ou nous adorons aller manger. Le cadre y est magnifique et les repas délicieux. « Pao » tient également un restaurant où nous allons très régulièrement. A chaque fois que nous y allons, elle nous apprend un mot malgache. Quand l’un de nous est malade, elle nous prépare un repas spécial et nous propose même d’aller chercher des Efferalgans (on ne peut plus utile pour lutter contre des bactéries intestinales ! 😉 ). Elle est curieuse de connaître notre travail à Bel Avenir et n’a pas hésité, lors de notre première venue chez elle, à rabaisser tous ses prix parce que nous étions volontaires et que nous restions longtemps.
(NB : aujourd’hui, nous savons que "Mama" s’appelle Anitta et "Pao", Sylvia… Mais les surnoms restent !)
Les trois personnes dont nous allons parler ensuite sont des malgaches à qui nous parlons très régulièrement et avec qui nous entretenons des relations solides (nous n’irons pas jusqu’à appeler cela de l’amitié, parce que l’amitié malgache-vazahas est en générale plus qu’intéressée mais… Quand même !).
Fidèle est un homme d’un âge moyen. Il est entré en contact avec nous pour nous vendre des boites (à 30 000 ar l’une, alors que nous en achetons 2 pour 5000 aujourd’hui !). Chaque jour, il est sur la plage pour vendre ses objets. Quand nous le voyons, nous nous asseyons sur la plage et discutons. Essayez d’expliquer le principe d’Ecole de Commerce française à un malgache… Pas si facile ! Lui aussi essaye de nous apprendre le malgache, et nous lui apprenons un peu le français en retour (bien qu’il le maitrise déjà plutôt pas mal !). Souvent, il est pris d’un fou rire en milieu de conversation. Nous ne comprenons pas toujours bien pourquoi mais son rire est tellement communicatif que nous ne pouvons que rire avec lui ! Il nous fait aussi beaucoup rire lorsqu'il tente de nous vendre ses objets 3x plus chers que ses "concurrents" et qu'il nous dit "c'est pour donner un peu pour Fidèle quoi", ce qui finalement ne marche pas trop mal puisque 3 d'entre nous ont déjà cédé !
Patricia est un phénomène. Comme Fidèle, elle vient passer la saison haute à Mangily mais n’est pas originaire d’ici. Patricia, en fait, c’est un homme. Un homme complètement efféminé, qui assume et affiche son côté féminin. Lorsque nous l’avons rencontré la première fois, et que nous lui avons demandé son prénom, il (elle ?) nous a répondu « Patricia ! ». Depuis, nous parlons d’elle au féminin. Elle fabrique de jolis bracelets tous les matins, qu’elle vend la journée. Et il faut dire qu’ils font fureur ! Elle partage des moments avec nous, sur la plage. Elle a toujours beaucoup de choses à nous raconter et nous a même montré le secret de ses bracelets uniques à Mangily ! C'est aussi une des seules vendeuses à proposer des objets uniques et la seule aussi à toujours innover : depuis que nous sommes arrivés, elle a diversifié son stock en proposant plus de couleurs, plus de motifs et même des petites bagues et bracelets de cheville (grâce à Apolline 😉 ) !
Enfin, nous avons rencontré Bertholle. Il est élève du Centre de Formation en Agroforesterie : c’est une formation prodiguée par Bel Avenir pour des jeunes du village. Ils y apprennent à entretenir un potager, à cuisiner (les meilleures brioches de tout Madagascar !), à jardiner, à prendre soin des animaux d’élevage, mais aussi à broder, à faire des bracelets et toute sorte d’artisanat. Dès nos premiers jours à l’agro, Bertholle est venu à notre rencontre. Souvent blagueur, il nous fait bien rire et est l’un des seuls malgaches à connaître nos prénoms. Il nous attend parfois le soir pour nous raccompagner jusqu'à l'hôtel et discuter un peu avec nous.
Nous ne pouvons finir cet article sans parler d’Elise et Marion. Ce sont les deux coordinatrices du site de Mangily et ce sont elles qui chaperonnent notre stage et nous donnent nos missions. A côté de ça, nous mangeons régulièrement ensemble les soirs, elles nous donnent les bons plans de Mangily et nous savons que nous pouvons compter sur elles en cas de pépin. Nous admirons leur travail ici et sommes très heureux d'avoir pu les aider pendant ces quelques semaines !
Anecdotes :
Les prénoms des malgaches sont assez remarquables et amusants. D'abord il y a les prénoms français : Huguette, Yvonne, Marcel, Félicité, Claude etc ; tous datant d'il y a au moins 50 ans ! Il existe aussi des prénoms à sonorité française quelque peu déroutants comme Bonnechance, Pasd'chance ou Urbin que nous ne retrouvons à priori pas sur notre continent. Puis il y a les prénoms malgaches ; la plupart semblent typiques de l'ile (Matuvu, Valera, Tahin, etc) tandis que d'autres ressemblent plus à des surnoms (Didi, Gaga), cependant tous semblent avoir une signification, ainsi il est possible pour un malgache de s'appeler "jaune" (Mavo), "sage" (Hendry) ou encore "pilier de la vie" (Andriniaina). Ce qui est aussi très drôle, c'est qu'ils utilisent bien "monsieur" et "madame" mais toujours suivi des prénoms, comme si les noms de famille n'existaient pas. Nous sommes donc "monsieur Benoit" ou "madame Léa".
De manière générale les malgaches sont très gentils et avenants. Ils semblent toujours de bonne humeur et disent bien plus souvent bonjour que les français ! Dans la rue, il est fortement possible qu'un malgache que vous n'avez jamais vu ne vous lance un "salama" enjoué suivi d'un amical "in vao vao ?", littéralement "quoi de neuf ?". Ils sont d'ailleurs généralement surpris lorsque nous répondons un simple "tsy misy" et se mettent à rigoler ou, plus compliqué, à tenter de tenir une réelle conversation en malgache avec nous...