La journée de Mardi s’est annoncée particulièrement chargée en émotion pour Camille R, Julie et Emilie qui sont parties en direction de Tuléar (Tulélé pour les intimes) à bord du taxi brousse national. Ce dernier était plein à craquer (pour changer), à tel point que, cette fois-ci, deux personnes étaient carrément accrochées en dehors du véhicule.
Dans le taxi brousse / dans le pousse-pousse Arrivées à Tuléar, les filles sont allées préparer des jeux olympiques pour les enfants bénéficiaires d’un CENUT, centre nutritionnel (ou cantine sociale) de l’ONG. Une fois le repas servi, avec les enfants nous étions à fond, nous et d’autres volontaires avions chacun notre équipe, notre cri de guerre et une énergie débordante ! Nous avons enchainé le téléphone arabe, le chamboule tout (avec des pots de yaourts), un jeu où il fallait sentir quelque chose à l’aveugle, un autre où les yeux bandés il fallait atteindre un trophée à l’aide des indications de ses camarades et une course de sac de riz. Les enfants étaient à fond et nous aussi !
Le repas des enfants / Les JOComme récompense nous sommes allés à un super beau restaurant/galerie d’art tenu par un italien depuis 8ans « Le Jardin » où nous avons dégusté de délicieuses pizzas bien méritées.
Au restaurant Le Jardin Il était déjà 15h40 quand nous sommes sortis de table, avec Géraldine, une belge de 29ans qui travaille dans une banque, nous avons voulu nous rendre aux Salines, l’école de la maternelle à la terminale avec des formations professionnelles de l’ONG. En chemin, à un moment, 3 cochons dodus traversaient la route et le pousse-pousse de CamR et Julie en a percuté un, on lui a ensuite dit que ce n’était pas bien de faire ça mais ça semblait davantage amuser notre conducteur (s’il savait qu’il avait 2 végétariennes avec lui…).
Avant d’arriver aux Salines, nous nous égarons, après 20-25min de pousse-pousse nous arrivons enfin dans un endroit très reculé de la ville, les malgaches nous dévisagent (comme d’habitude), notre responsable volontaire négocie un prix aller-retour mais les conducteurs de taxi-brousse ne sont pas d’accord, le ton monte un peu, les malgaches peuvent s’avérer très têtu et peu honnête lorsqu’il s’agit d’argent. Le problème c’est qu’il aurait fallu que les pousse pousse attendent qu’on fasse la visite de l’école pour nous ramener mais nous ne tombons pas d’accord et on leur paie que l’aller, alors que nous sommes au milieu de nulle part, sans pousse-pousse autour, que la nuit va bientôt tomber, mais tout va bien.
Les salines Nous visitons donc l’école, les enfants sortent de cours lorsque nous franchissons le portail, certains nous parlent un peu, nous ne visitons pas de classe car nous arrivons trop tard, elles sont toutes fermés. Il y a une salle de classe par niveau, un terrain de foot, un centre professionnel et un hôtel de maman. Augustin nous explique aussi qu’ils sont en train d’élever les barrières car au niveau des cuisines c’était instauré un marché noir de revente des stocks de nourriture qui baissaient alors fort rapidement. L’ONG avait demandé aux policiers de surveiller cela et ils avaient en effet surpris les cuisinières en train de faire passer de la nourriture de l’autre côté du muret.
Nous finissons la visite vers 17h30 sans moyen de locomotion pour rentrer à Tulélé, en montant une petite pente de sable le vélo d’Augustin déraille complètement (au cas où nous voulions revenir à 5 sur un vélo, c’est mort). Augustin part ainsi à la recherche de pousse pousse. Au bout d’un moment Julie et Géraldine décide d’aller voir si elle le trouve, laissant CamR et Emilie avec le vélo inutilisable, à côté de l’école alors que la nuit s’apprête à tomber, les malgaches autour nous regardent en passant, des enfants jouent au ballon, nous envisageons la possibilité de nous faire adopter par une famille malgache pour ne pas passer la nuit dehors puis au bout de 15min de solitude Augustin revient avec un premier pousse-pousse qui tente de réparer son vélo, CamR plus détendue parle aux enfants qui commençaient à se rassembler autour de nous. Un deuxième pousse-pousse arrive, nous accrochons le vélo et partons en direction de la ville sous l’obscurité par des chemins faits de terre, de sable, de trous et de bosses (le bonheur). Une fois que nous approchons le centre de Tulélé, le pousse-pousse de CamR et Géraldine se perd (évidemment), il fait nuit, aucune de nous deux ne connaît vraiment Tuléar, le pousse-pousse est plein de sueur, il ne comprend pas ce qu’on lui dit, tout va bien. Finalement, un malgache nous voyant à l’arrêt, vient nous aider et nous indique le bon chemin. Nous arrivons saines et sauves aux bureaux de l’ONG, 10-15 minutes après les 3 autres.
Réparation du vélo / un pétard malgache Il est déjà trop tard pour nous faire rentrer à Mangily et nous dormons finalement à la maison des volontaires de Tuléar, les enfants du gardien (qui apparemment sont plus nombreux chaque semaine) s’accrochent aux barreaux de la fenêtre de la cuisine et nous regardent de dehors. Lorsqu’Augustin met la musique, ils se mettent tous à danser.
Photo prise de la maison des volontaires Mercredi matin, les 3 filles aident l’ONG à l’inventaire et au stockage de plus de 1800 paquets de céréales, lorsque les garçons arrivent aux bureaux de l’ONG elles repartent en tuktuk à Mangily. Ils commencent leur journée en allant visiter les Salines, sur le chemin ils croisent un bélier en train de manger des gousses d’ail qu’une malgache chasse sans peur avec un bâton. Ils vont ensuite manger au Blue (avec des toilettes de palace) avec les autres volontaires. L’après-midi, ils vont jouer au foot avec les enfants, l’entraineur dit à Greg qu’il joue très bien et fasciné par son talent, il lui propose de rejoindre l’équipe nationale de Madagascar mais Greg refuse humblement. Nicolas et Thomas marquent un but chacun et ils reviennent le soir sans encombre.
Le lendemain, Caco et Julie retournent à Tulélé, elles font deux visites de famille avec la responsable des filles du foyer, Mme Laura. Elle se rend tous les jours chez les familles des filles du foyer pour faire un suivi de l’intégration de celles-ci, pour essayer de régler les éventuels problèmes et pour voir comment l’ONG pourrait apporter son aide si un autre membre de la famille tombe malade ou a un accident. C’est la première fois que Caco et Julie font des visites de famille, elles ne savent pas du tout à quoi s’attendre. Mme Laura leur explique que les deux visites d’aujourd’hui concernent des ruptures de contrats. Les deux jeunes filles ne veulent plus vivre au foyer. Dans un cas, c’est la mère qui ne veut plus que la fille y soit car elle veut que sa fille travaille et ramène de l’argent à la famille. Dans le second cas, la mère est très malade, la fille veut donc rentrer chez elle pour l’aider. Quand les filles arrivent devant la première « maison » elles sont vraiment choquées par tant de pauvreté : la bicoque en ruine se trouve au fond d’un terrain vague, il n’y a pas de toit, seulement un petit abri au-dessus de la tête, pas de meubles, pas de matelas, juste des cartons posés sur le sol. Lorsqu’elles s’approchent de la maison elles voient deux jeunes filles qui dorment par terre serrées dans un drap house. Mme Laura demande à une des sœurs comment se fait-il qu’elles dorment à une heure aussi tardive, elle nous traduit ensuite la réponse : ces deux jeunes filles sont les cousines de la fille qui habite au foyer, elles se prostituent la nuit, c’est pour ça qu’elles dorment le jour, elles ont respectivement 13 et 15 ans. Après 10min d’attente, assises sur des bidons par terres et des bancs de fortune, la mère arrive enfin. Elle est extrêmement maigre, a le visage très fermé et parle sèchement à Mme Laura. Après 15min d’ultime discussion et négociation pour tenter de faire rester sa fille au foyer, la mère signe les papiers de rupture de contrat : sa fille n’aura donc plus le droit de vivre au foyer où elle est logée, nourrie, et scolarisée, elle n’aura plus le droit d’accéder à un centre de nutrition où elle est nourrie gratuitement et ne pourra plus avoir de bourse scolaire… Les filles apprennent plus tard dans la conversation, en posant des questions que la mère, qui paraît avoir 70-75ans en a en fait 35, qu’elle a un enfant de moins de 2 ans a allaiter mais qu’elle n’a quasiment plus de lait car elle est très maigre et que la fille a quitté le foyer à la demande de sa mère pour se prostituer mais étant donné qu’elle ne ramène pas assez d’argent, sa mère l’a « échangé » contre ses deux cousines plus petites et qu’elle est dorénavant à la charge de sa tante. Les filles quittent cette famille tiraillées entre un sentiment de haine, de peine et de désespoir. La deuxième visite de famille dure beaucoup moins longtemps car les parents sont absents. Les filles rencontrent la petite sœur de la fille du foyer qui se trouvait avec son copain, elle nous explique qu’elle ne veut pas que sa sœur quitte le foyer et que sa mère non plus mais que la fille veut rester aider sa mère. Caco et Julie sont émues d’entendre la petite sœur dire ça, d’autant plus qu’elle leur raconte qu’elle ne peut pas avoir accès au foyer car elle a déjà accouché de son premier enfant il y a 2 ans, elle a 16 ans aujourd’hui. Ces visites de familles ont vraiment été très émouvantes, c’est la première fois que les filles entrent vraiment dans le quotidien et dans l’intimité de familles malgaches. Ce qu’elles retiennent de plus positif est que malgré la pauvreté et l’écart qu’il y a entre les malgaches et la vazaha, les familles sont restées très accueillantes et respectueuses.