J'en ai appris une bonne.
Avant 1870, on croyait à la théorie des miasmes c'est-à-dire que l'air était mauvais. On pensait que ces maladies n'étaient pas contagieuses, que les miasmes étaient transportés par le vent dans les airs et que ceux ou celles qui étaient atteints subissaient une punition divine parce qu'ils menaient une mauvaise vie ou étaient de mauvaises personnes. ah ben ah ben
Un nouveau surintendant arrive, c'est-à-dire le grand chef Frederick Montizambert qui, malgré son nom, est né à Québec. Il arriva à Grosse-Île en 1869 et y resta 30 ans.
Cet homme est formé aux Etats-Unis en médecine bactériologique, il fut reconnu internationalement et reçu de nombreux honneurs. Il n'avait pas ces idées démodées.
C'est grâce à lui que Grosse-Île doit toutes les installations modernes. Pas seulement à Grosse Île mais dans d'autres stations canadiennes.
Enfin, on implanta de l'équipement de désinfection.
Il est important de mentionner que les bateaux vapeur vont de plus en plus remplacer les voiliers. Une traversée sur un voilier pouvait prendre 6 à 9 semaines, sur un bateau-vapeur, on parle plus de 7 jours. Évidemment comme les conditions à bord s'améliorent, il y a beaucoup moins de transmission de maladie.
Si tu as vu le film Titanic, tu te souviens qu'il y avait des classes: première, deuxième, troisième classe. C'est la même chose ici. Les gens paient leur billet et dans le montant est compris les services qu'ils vont recevoir sur l'île de Quarantaine.
Première étape: l’édifice de désinfection qui est à la fine pointe des technologies de l’époque par lequel tous les immigrants de plus de 60 pays et leurs bagages devaient obligatoirement passer.
C'est le premier bâtiment que nous voyons en arrivant sur l'île. Tous les immigrants doivent passer à l'inspection sanitaire.Une infirmière qui n'entend pas à rire du tout, nous reçoit On doit s'enligner sur les rails face à face et faire un pas en arrière pour éviter la transmissions du Covid, excuse-moi, je me suis trompée le typhus, choléra, variole et j'en passe.
Elle nous pose des questions pour voir si nous avons toute notre tête.
Elle nous fait tirer la langue afin d'en vérifier la couleur. Une n'a pas passé le test et est partie tout de suite à l'hôpitalCelle qui n'a pas passé le test est partie en ambulance hypomobile avec d'autres malades vers la section des hôpitaux.
L'invention de l'ambulance vient d'un chirurgien de l'armée de Napoléon en 1793.
Belle invention qui fut copiée par bien des hôpitaux d'Europe et d'Amérique.
La station de quarantaine a reçu son ambulance en 1889. L'infirmière m'a dit d'un air de dédain que je devais enlever ce '' vernis à ongles'' même si j'étais en première classe. Oh là là, j'ai eu chaud, je m'en suis tirée à bon compte.
Ensuite, elle nous remet un jeton avec un numéro que nous devons toujours garder en mémoire.
Nous devons mettre tous nos objets personnels dans des sacs portant le même numéro. Nos objets personnels sont ensuite mis dans des grosses caisses et ils sont désinfectés par la vapeur.
Tout est déplacé par des rails , c'est moderne.Nous sommes très nombreux. Plusieurs ont le mal du pays.
Difficile de tout laisser derrière soi sans trop savoir à quoi s'attendre.D'où viennent-ils? Entre 1892 et 1927, plus de deux millions d'immigrants arrivent en Amérique par le port de Québec qui était alors le 5e port en importance dans le monde. Ils viennent d'Angleterre, Irlande, Écosse mais aussi de Scandinavie, d'Europe de l'est et de Russie. Il en arrive de plus de 60 pays.
Revenons à cette fameuse douche!
Une fois l'inspection de l'infirmière terminée et que les effets personnels sont ramassés, c'est le tour de la douche désinfectante, tout le monde y passe. Première ou troisième classe, pas de différence.
Un préposé donne les différentes consignes et est heureusement accompagné d'interprètes pour être certain que tout le monde comprend bien.
Le système de douche est très moderne, il est digne d'un hôtel 5 étoiles mais c'est quand même très intimidant même si c'est fait dans le plus grand des respects.
Il faut entrer dans une salle composée d'une première pièce pour enlever les vêtements et une autre pièce où se trouve la douche. Ce n'est pas que de l'eau, il y a un désinfectant aussi, du bichlorure de mercure, c'est pour ça que la douche est faite de cette façon. Il semble que ce n'est pas dangereux car ce n'est qu'une seule douche et surtout, c'est efficace.
Vers 1912, il y a 44 douches en tout, l'eau est chaufféeÇa fait peur mais on nous assure qu'il n'y a aucun danger Un employé contrôle l'arrivée d'eau. La personne reçoit de l'eau partout grâce au tuyau qui l'encercle et au pommeau au dessus Chaque immigrant reçoit un sac numéroté pour y déposer tous ses vêtements une fois rendu dans la cabine qui lui est assignée. Pendant la douche, les sacs seront ramassés et soumis à la désinfection dans les étuves. On lui remet une robe de chambre.
Après, c'est l'attente. Attendre que les vêtements et les objets personnels reviennent de la désinfection.
. Petite anecdote, le crachoir que tu vois sur le plancher, me fait penser à Tante Yvonne qui a travaillé comme commis-comptable dans une entreprise familiale pendant plus de 40 ans. Étant la seule femme, son patron lui avait demandé de s'occuper des crachoirs jusqu'à ce qu'elle se tanne et refuse de faire une job aussi dégueulasse.
Pendant cette attente, nous avons rencontré un Russe. Il faisait partie d'une communauté qui prônait la paix et qui était persécutée par la garde impériale de Russie qui voulait absolument que les hommes s'enrôlent dans l'armée du Tsar. L'homme nous expliquait que, comme ils étaient pacifistes, il n'en était pas question alors tout le groupe a fui la Russie, ce fut un très long voyage.
Pendant le temps d'attente, dans toutes les salles, il y avait une propagande car, le gouvernement canadien voulait peupler l'ouest du Canada. Comme on voulait que ces immigrants soient en santé et, surtout, qu'ils n'amènent pas avec eux les maladies contagieuses qui décimaient alors des populations entières : choléra, peste, grippe espagnole, typhus, variole, etc. Grosse-Ile était le meilleur endroit que pour les recruter, les encourager à se rendre au Manitoba, Saskatchewan et autres provinces de l'Ouest.
On ne disait pas toute la vérité, que les terres étaient en bois debout par exemple. On ne parlait pas trop de l'hiver! Est-ce qu'on peut appeler ça de pieux mensonges?