Plateau des bolavens
26 - 29 janvier
Depuis Paksé, départ pour 4 jours et 3 nuits d'aventure et de "motorbike" sur le plateau des Bolavens !
La veille, nous avons essayé de louer une moto (semi automatique) chez miss Noy et Yves, un expat belge installé sur Paksé. Victimes de leur succès, nous n'avons malheureusement pu obtenir d'engin (17ème sur liste d'attente à 14h de l'aprèm !!!) mais avons néanmoins pu profiter de la réunion collective donnée à 18h par Yves ... un sacré personnage !!!
Ainsi nous avons pu récupérer des cartes et pleins d'infos utiles, le tout dans une présentation très amusante et conviviale.
Nous avons finalement loué une moto chez le voisin pour réaliser la grande boucle sur 4 jours/3 nuit.
location : 50 000 kips / jour
Le plateau des Bolavens est peuplé d'environ 120 000 habitants. C'est l'une des principales régions agricoles du pays qui a notamment acquis une renommée grâce à son café. Il est aussi composé de nombreuses chutes d'eau qui font parties des sites les plus visités.
Fuyant la guerre du Vietnam et ses nombreux bombardements américains, des communautés ethniques s'y sont installées et vivent aujourd'hui toujours selon leurs coutumes ... très ancestrales !!!
Vendredi 26 janvier
Départ matinal ! Nous traçons jusqu'à Tad Pasuam ("Tad" = "cascade") à 35 kms de Paksé.
Nous sommes dans l'ensemble agréablement surpris par l'état de la route mais la vigilance reste de mise n'étant pas à l'abris qu'un chien, vache, poule, cochon, chèvre ou même un écureuil déboule soudainement sur la route !!!
Nous traversons de nombreux villages. Ce qui défile sous mes yeux me fait réaliser à quel point le Laos est véritablement une terre de contrastes ...
Contraste social tout d'abord, qui se répercute nettement dans l'habitat et la manière de construire. Les petites maisons souvent de bric et de broc se mêlent aux jolies maisonnettes.
Nous observons aussi de nombreuses maisons en construction dont un certain nombre semblent être en jachère depuis un longtemps, faute peut être de finances ...?
Les maisons traditionnelles sur pilotis (plus ou moins spacieuses, hautes, vétustes et souvent bancales) permettent d'investir les rdc (stockage divers et véritables lieux de vie extérieur ombragés la journée) mais aussi de se protéger des animaux et des insectes. La culture constructive est cependant propre à chaque ethnie car les villages Hmong précédemment visités du côté de Luang Prabang construisent quant à eux à même le sol. On retrouvent ce type de construction davantage dans le nord du pays.
De manière générale, les maisons type "cahutes" sont structurellement composées de bois et/ou de béton (pieds préfabriqués ou système poteaux-poutres).
L'ancrage au sol comme le contreventement de l'ensemble peuvent être quelques fois suspicieux ... !!!
Ces dernières sont ensuite habillées de planches de bois ou de tressage en bambou. Les toits sont recouverts de paille ou de tôles.
Les maisonnettes maçonnées sont construites sur ce même principe poteau-poutre en béton et/ou bois. Il s'agit d'un simple remplissage généralement de briques qui sont ensuite enduites.
Nous faisons un stop à la ferme de monsieur Vieng (Katu plantation) au km 60 depuis Paksé et assistons à une présentation très complète et enjouée sur la culture du caféier et le processus de création du café.
Monsieur Vieng cultive 3 variétés de caféiers (Arabisa, Robusta et Liberica : ce sont 3 plantes bien distinctes), soit 2 hectares récoltés à la main pour 1 tone de production de café par an...
Il faut savoir que les plantes mettent plusieurs années avant de produire (environ 5 ans) et ont une durée de vie d'environ 20 ans seulement, ce après quoi il faut les tailler à la base.
Les fleurs de caféiers sont utilisées comme infusion mais aussi comme tabac, démonstration à l'appui !!!
fleurs de caféiers séchées Monsieur Vieng cultive en "organic" (=bio). Les thermites et les fourmis rouges représentent des parasites importants qui investissent les plantations et compromettent les récoltes, créant parfois des fourmilières géantes dans des amas de feuilles... beurk !!! Même pas peur, m. Vieng en écrase une poignée dans ses mains, nous expliquant qu'il s'agit là d'un répulsif moustique naturel (on en doute pas vu l'odeur de vinaigre que cela dégage !!!). Puis, M. Vieng nous propose d'en goûter quelques unes accompagnées de quelques œufs, tous deux étant apparemment utilisés dans la cuisine laotienne...
fourmis rouges et oeufs Nous reprenons la route et nous arrêtons au village de Tad Lo pour profiter du restant de l'après midi et pour passer la nuit, après 86 kms au compteur en ce premier jour.
Il s'agit d'un tout petit hameau néanmoins vivant et attractif dans lequel nous rencontrons des camarades motards avec qui nous lions sympathie.
Nous dormons à la guesthouse Sailomyen. Il s'agit d'une très bonne adresse bien tenue et fleurie (seulement 50 000 kips / nuit) comprenant des petites cahutes sommaires sur pilotis avec petites terrasses privatives vue rivière - sanitaires collectifs. Propriétaires sympa, et service de restauration maison de qualité dont d'excellentes crêpes aux fruits et au miel pour des p´tits déj au top !
Activité baignade dans la rivière entourés d'ados laotiens. Attention, maillot de bain à proscrire pour les filles ... privilégier ainsi le short / teeshirt ce qui n'est pas de trop à côté des autochtones qui se baignent tout habillés ... 🤔
16h30 - Nous assistons au bain quotidien de deux pachydermes du coin encadrés par leurs jeunes cornacs.
samedi 27 janvier
Nous attaquons cette journée par la visite de Kokphoung Tai avec le "captain Hook", un habitant qui propose des visites de son village quelque peu ... particulier ! Ce dernier est habité par des personnes de croyance animiste (culte des ancêtres et des esprits).
La grande particularité du Laos est de faire cohabiter bouddhisme et animisme. Parallèlement au Boudhisme (67%) mais aussi au christianisme et à l'Islam (réciproquement seulement 1.5% et 1%), 30% de la population adhère pleinement aux croyances animistes. Ainsi tous les laotiens croient aux "phis" (signifie à la fois "esprit", "âme", "fantôme" et "revenant") qui sont partout. Génies bienfaisants ou malfaisants, ils peuvent se nicher dans un arbre, un animal, une maison, ou prendre possession d'un personne.
Gare aux comportements qui risqueraient de déranger dans le village : manque de discrétion, photos et tenues un peu trop déshabillées, etc., d'autant plus que les anciens ne seraient pas très ouverts au tourisme ...
On ne sait pas vraiment mais d'après ce qu'on nous a raconté, Captain Hook aurait "fuit" son village très jeune, refusant de se marier pour préférer étudier. Il ne le réintégrera plus tard (vers la vingtaine) et cela par chantage familiale afin de se marier pour ne pas être renié du village ...
Cela expliquerait effectivement le fait qu'il connaisse beaucoup de choses et qu'il puisse aujourd'hui parler de son village (très reculé) avec autant de discernement.
Captain Hook nous fait visiter sa plantation de café qui se poursuit par une découverte des plantes médicinales. Nous terminons ensuite par aborder les croyances, coutumes et modes de vie au sein du village. Âmes sensibles attention, petit récap' des choses hallucinantes que nous avons retenu :
• Pour les habitants de son village, la terre est plate et toute verte ! Encore plus improbable qu'elle tourne !!!
• Ils pensent que nous touristes, venons d'un seul et même autre pays. Nous sommes blancs car nous ne travaillons pas (et oui on est toujours sur nos motorbike aussi !!!) et nous sommes servis par des hommes de couleur noir qui travaillent beaucoup pour nous. Les blonds boiraient trop de vin, les yeux bleus trop de sodas et les grands n'auraient pas assez mangé de sticky rice (riz gluant) !
• Parler du futur est un sujet tabou.
• Les membres de la tribu sculptent de leur vivant leur cercueil et le stock sous la maison. Mourir prématurément d'un accident et vu comme un mauvais signe, ainsi c'est toute la famille qui doit partir s'exiler 5 ans dans la forêt pour purifier leurs âmes avant de revenir au village. Une famille est d'ailleurs absente car partie en exil durant notre visite.
• Les hommes sont polygames (plus ont est riche plus on peut avoir de femmes et plus on est alors respecté) ! Un ami à Captain Hook a même épousé 2 sœurs ... ! Si leur mari décède, elles seront données au frère ou au père du défunt, ce qui peut donner de gros écarts d’âges ! Certaines (petites) maisons sont ainsi habitées par de grandes familles : la plus grande compte près de 80 personnes !
• Les enfants ne vont pas à l'école et se marient vers l'âge de 8-10 ans. Les jeunes filles peuvent avoir des enfants dès 13 ans. Les femmes doivent accoucher dans la forêt. Elles ne reviennent pas à leur domicile avant deux semaines pour présenter le bébé au gourou. Le prénom du bébé est donné en fonction des rêves effectués par la maman. Le processus peut être très long et prendre parfois même quelques années ...
• Les femmes travaillent tandis que les hommes ne ne se tuent pas trop à la tache apparemment ... (ils managent, et cela surtout quand ils ont plusieurs femmes : une vraie petite entreprise 😝)
• Comme dans la plupart des ethnies, les villageois ne parlent pas Lao mais leur propre dialecte. Il fument aussi la "pipe à eau" (bang avec tabac) et cela dès leur plus jeune âge - environ 3 ans) !!! Cela les protégeraient des moustiques mais aussi des ... géants ! 😄🤔
Un peu plus loin sur la route, visite d'une ferme cultivant des théiers. Thé blanc, thé vert, thé pu-erh et thé noir : toutes les couleurs et variétés de thé proviennent du même arbuste. Ce sont ensuite les différentes étapes de transformation subies par les feuilles après leur cueillette qui déterminent la couleur et la variété d’un thé. La ferme cultive aussi des hibiscus (notamment pour les infusions), des mûriers (pour le vers à soie), des poivriers (ils ne ramassent que le poivre rouge grain par grain), des noix (du Pérou) qui est très en vogue actuellement, et de la spiruline (une algue utilisée comme complément alimentaire, en partie destinée aux enfants locaux pour combler leurs carences). La sympathique visite nous est faite par un jeune bénévole français (type woofing).
Nous reprenons la route jusqu'au chute d'eau de tad Faèk où nous allons passer la nuit - Service de restauration fermé à parti de 17 h + cahute très sommaire ce soir : wc turcs privatifs certes ... mais canalisation d'eau HS et absence de douche !!! L'occasion donc de nous laver dans la rivière version locale mais en prenant néanmoins toutes nos précautions ici, des poissons ayant déjà croqué quelques touristes à cet emplacement d'après Yves ! Nous ne prenons ainsi pas trop de risque bien que l'endroit soit investit par les riches autochtones (parking rempli de 4x4) qui semblent être venus y passer la journée (on est samedi) et au passage, bien dégueulasser les berges !!! Depuis le début de notre voyage nous déplorons beaucoup de déchets partout ... Tout reste encore à faire en termes d'éducation à l'environnement et cela autant dans les villes que dans les campagnes !!!
Youpi, nous prenons donc notre repas du soir à 16h30 avant que le restaurant ne ferme. Heureusement que nous n'avions pas mangé le midi ce jour là !
Nothing and nobody ... nous sommes pommés dans ce lieu un peu pourach' ... bref, la soirée va être longue !!! Nous ne sommes pas seuls dans cette galère, ainsi nous sympathisons avec Pascale (la mère), Jeanne (la fille) et Thibault (le chéri), 3 français rencontrés un peu plus tôt dans notre périple.
notre douche à Tad Faèk
dimanche 28 janvier
Je m'essaye pour la première fois à la conduite du bolide ! Simon reprends les reines lorsque l'état de la route se dégrade ...
35 kms plus tard nous arrivons à Tad Tayicsua. Le site comprends au total 7 cascades dispersées dans la jungle mais nous n'en verrons finalement que 3 dont une seule dans laquelle nous nous baignerons. En effet, nous rebroussons chemin face a une piste qui se complexifie davantage et s'enfonce un peu trop dans la végétation à mon goût ...
Bilan : randonnée assez sportive et plutôt sympa dans la jungle mais chemins et waterfalls très très mal renseignés. Décevant et usant avec la chaleur, d'autant plus que l'accès au site est quand même payant (comme toutes les cascades de la boucle) et que pour faciliter tout ça le personnel ne parle pas un mot d'anglais ... !
Nous reprenons la route jusqu'à Tad Alone où nous trempons tranquillement nos pieds dans la rivière avant qu'un qu'un gros moustique tigre n'atterrisse sur ma cuisse ... GgRrhH la jungle ça commence a bien faire !!! Nous plions bagage et roulons jusqu'à la guesthouse la plus proche.
Le ciel est menaçant et le vent se lève, soulevant la poussière sur la piste. Nous atteignons enfin la route mais ne sommes pas au bout de nos peines : une forte averse éclate a seulement une centaine de mètres de notre arrivée, nous laissant tout juste le temps de nous mettre a l'abris dans un "bouiboui". Là, 3 mecs (2 laotiens et 1 vietnamien) se la collent au lao whisky (alcool de riz) et nous invitent à leur table, offrant quelques verres à Simon qui ne peux évidement
refuser ! Ils sont sympas bien qu'un peu lourds à la fin, d'autant plus qu'ils ne parlent évidement pas un mot anglais !!! Une accalmie nous libère de ce traquenard !
Nous parcourons les derniers centaines de mètres et arrivons enfin à une première guesthouse ! A première vue le chalet/chambre est pas trop mal (on revient de loin ...) sauf que situé tout près d'un étang sans moustiquaire ... Mon radar à mosquitos est en alerte !!! Nous déclinons finalement et trouvons une autre guesthouse non loin de là proposant des chambres propres, confortables et entre 4 murs en dur !!!
Nous mangeons au resto boui-boui d'en face à ... 18h ! Spots disco et comme nous sommes seuls, playlist de musiques françaises à l'ancienne pour nous faire plaisir !
Nous testons une fois de plus les spécialités locales qui ne manquent jamais de piquants !
19h30, nous sommes cuit ... on commence à battre des records !!!
lundi 29 janvier
Nous effectuons un dernier stop à Tad Champi avant de regagner Paksé en début d'après-midi après 85 kms parcourus environ ce dernier jour et cela notamment sur une grosse portion de route difficile car en travaux.
Tad Champi Bilan : Nous avons réalisé au total environ 330 kms durant ces 4 jours. Petite overdose des "waterfalls" (qui ne sont pas toujours très intéressantes ...) + bilan mitigé de cette grande boucle avec grosse déception en particulier sur les 2 derniers jours qui nous avaient pourtant été décrits comme les plus beaux ...