Carnet de voyage

Désastrocaster

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Par Seia
Histoire du titre : Montréal est presque un anagramme de Lautréamont. Mais je suis rétive à cette violence crue, colorée et incandescente. J'ai donc choisi un nom qui me rappelait Simone de Beauvoir.
Du 18 août 2023 au 30 juin 2024
318 jours
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Publié le 22 août 2023

Comme j'écris ces mots, l'avion passe au dessus de l'Irlande et de sa mer de nuages blancs à perte de vue. J'ai la tête pleine de bulles colorées, petit îlot de réconfort au milieu de la fatigue et de l'excitation. Le ciel est bleu et pale comme si l'avion avait quitté le monde ; une nappe de nuages s'étend au loin comme un désert de sel. Entre l'eau et le vide (car les nuages, gazeux, restent de l'eau, et que le ciel au fond n'est rien, rien qu'une illusion de couleur jetée sur le néant), l'avion s'élance, flèche de métal pointée vers l'inconnu. Là-bas, le blanc sera celui de la neige , le bleu, celui de la mer ; là-bas, le néant sera une petite boule douce dans mon ventre et je ne sais pas quelles eaux couleront sur mes joues, quels feux jailliront dans mon ventre.

Je pars sans savoir rien, et mes pas ne sont portés que par l'assurance cotonneuse des lendemains de fête et des rencontres hasardeuses. Derrière moi, un chaton noir gambade : il me parle à tue-tête, et dit "tu rentreras". Sa voix caresse ma nuque, serpente le long de mon dos, se loge dans mon échine et y ronronne tout doucement. Jeune femme perdue sur cette falaise de nuages en suspension dans le ciel, je chemine en équilibre, une main tendue au dessus du vide que je prétends caresser (comme pour m'assurer que la bête me mordra pas), et l'autre fermement posée sur mon cœur, qui bat à coups sourds dans ma poitrine. Derrière moi, l'amour de toutes les personnes que j'aime forme une mélodie dorée. Les notes paraissent s'estomper, s'atténuer à mesure que l'avion monte dans le ciel, mais je m'aperçois qu'elles forment en fait une constellation intense et douce, devant moi, qui m'enveloppe des pieds à la tête.

Je plane. Ma journée se dédouble et n'existe que dans les limbes de mon cerveau d'ouate et d'Azur. Je dors, je veille ; je voltige au rythme de la musique, mes yeux sont doucement fermés, comme pour conserver un peu plus de ma substance, comme pour contenir encore un peu mes larmes. Mais l'une d'elle à perlé sur le bord de ma paupière : elle s'écoule, froide, lente, un frisson, un soupir, une poussière de moi.

Quelque chose se trame dans le noir. Dehors, par le hublot, un monde éblouissant m'attend. Mais je ne suis pas pressée. Je me réfugie encore un peu dans mes nuits peuplées de songes. Je caresse du doigt mes fantômes. J'y embrasse une ténèbre pleine de doutes, et je pose même ma main sur son épaule. "Amie, me dit-elle, qu'es-tu venue chercher ? Est-ce le vent du soir qui souffle sur tes pas ? Réponds, amie, car je ne t'entends pas." "Amie, lui dis-je, je n'attends que l'aube et l'aurore au point du jour".


Des nuages sur plusieurs strates

Loin en bas près du sol.

Je marche dans le ciel comme une titanide des premiers jours

Chacune de mes enjambées avale et craquelle la terre

Je cache dans mes cheveux le soleil promis de promethée

Et sur mes lèvres tu peux voir un sourire irissé.

Je suis pensive.

À chacun de mes pas un univers entier d'atomes et de souvenirs s'effondre

Dans le néant

C'est comme si sur le sol, des montagnes naissaient un peu par dépit

Dans ma tête, des nuages sur plusieurs strates

Quand je m'envole.

Tout mon être avec une douceur d'incendie s'est déplié

Verticalement

Déplié sans douleur

Je suis une longue traînée de feu dans le ciel : ma chevelure d'étoile caresse tes lèvres au bourgeon du plaisir

Je pars loin de toi, mon amour, j'ai déplié ma ramure de rêves

J'ai tiré hors de ma tête des guirlandes de plumes

J'ai lentement tricoté un ramage beau comme le vent

J'ai tissé pour toi un nid de tendresse en passant ma main dans tes cheveux

Je suis partie loin de toi à l'autre bout du monde

Et je t'attends du bout des lèvres.

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Publié le 22 août 2023

Ce journal ne sera pas toujours poétique. La prose du monde se rappelle doucement à celle qui part loin, et dont les yeux sont lourds. C'est une eau lente et enivrante, elle me rappelle d'attendre, d'écouter les milliards de petits signaux électroniques qui crépitent dans mon corps. Et c'est dans ce calme des nerfs qu'émergent souvent les plus douces pensées : la confiance en l'inconnu qui, en soi même et au cœur de l'amour, nourrit l'imagination et fait pétiller l'absence.

Ce voyage sera plein de chats, de DJ sets, d'attente et de hazards.

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Publié le 22 août 2023

Je commence à me sentir ici chez moi. En tout cas, les chats m'ont adoptée ! La ville, elle, ne m'a rien dit. Elle reste muette, stupidement bétonnée, lourde comme une carapace de brique. J'aime surtout quand un petit rayon de soleil caresse les murs d'un doigt rêveur.

Ma chambre n'est plus vide, blanche et triste comme un arbre en hiver. En dormant, quelques papillons fleuris ont glissé hors de ma tête (par les oreilles) et se sont déposés sur les murs. Un préambule au bonheur.

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Publié le 24 août 2023

(torpine : torpille, turbine, tourbillon)

J'ai parlé de solitude, mais je n'ai pas parlé d'amour ni d'amitié. Comme si c'était une évidence, comme si elles allaient de soit, comme si la solitude seule était étrange, narrable, consignable. Curieux tour de l'esprit, qui transforme une évidence en son contraire. Ma vérité, c'est la joie subtile et délicieuse de la langue déliée, c'est l'euphorie de la danse et du rire, c'est l'impression surtout que mes sens contribuent unanimement à créer la beauté aux côtés des personnes que j'aime. Tout ceci m'est-il arraché car les personnes chères à mon coeur se trouvent à l'autre bout du monde ? Décidément non. Mais il est un certain point de l'esprit où les contraires s'intervertissent et se métamorphosent : la pensée est une alchimiste de premier ordre. Mon pouvoir transmutateur n'a pas vraiment de nom ; tantôt, il fait de l'or à partir de la boue, et tantôt, d'une eau simplement trop calme, du poison.

Je suis un être des lointains : souvent ailleurs, mon âme tournoie dans des idées fugaces d'étoiles et de rêve. Elle tombe parfois brusquement tout au fond de mon ventre, et j'apparais, brillante comme une statue de marbre.

Je pense au slogan du parti totalitaire inventé par Orwell dans 1984 : "la guerre c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force". Il n'est pas rare que les contraires se mêlent et s'unifient, indistincts, à la source de leur différence. Ce flot sombre qui coule dans mon ventre, cette bave d'escargot par lui secrétée, est une vérité bifide, ma vérité intime, transmutation de l'amour en mélancolie.


Ode à l'amour


Tu ne choisiras pas les images candides de la rose et du ruisseau, du soleil et du vent

Ni ne diras que l'amour est beau, car l'amour n'est rien

Rien qu'un murmure dans l'air

Un reflet dans l'eau.


Didactique :

Liberté, angoisse du Moi se perdant au sein de l'être

Une bulle de néant dans le ventre gonfle et gonfle

Et crie : "ailleurs" d'une voix d'outre tombe

Le petit Sartre l'appelle : Liberté, mais son nom est Amour.


Amour, je me découvre au coeur du monde.

Amour, léger, le fardeau du choix tombe de mes épaules

L'évidence est là, pour une fois choisie sans moi, choisie sans doute

J'aime

Je ne suis pas une connasse de mauvaise foi, j'aime de toute mon âme

Ma liberté se dissout dans un univers plus vaste que tous les êtres.

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Publié le 28 août 2023

Les tours de verre et d'acier sont belles comme des libellules, immenses dans l'air d'été.

J'ai trouvé un vélo volant et je file à tue tête dans les rues rectilignes et bordées de maison de brique rouge. Les parcs aussi sont démesurés : leur éclat vert vif me happe tandis que je roule à toute allure. J'ai envie de chanter, l'azur est euphorique, les hasards sont radieux et doucement dorés, bien grillés, comme des pancakes tout juste sortis du feu.

Mais les rues s'étendent à perte de vue ; pourquoi s'arrêter ? Quand rebrousser chemin ? L'avenir est immense comme l'océan, et la nuit souffle un vent frais, un vent de liberté. Petite étoile perdue dans le ciel infini, je file sur mon vélo, la tête pleine de pensées dorées. De chaque côté, des maisons de briques, des escaliers de fer, des arbres frêles et sans envergure, des fleurs multicolores. Avant, quand le soleil baignait tout d'une teinte mordorée, les cyclistes formaient des cohortes rapides comme des hirondelles. La nuit est tombée, apportant avec elle un long voile de douceur.

Et puis, l'avenir s'est brisé. Dans la route, un trou, large comme une assiette mais très profond, un trou comme il y en a des centaines, des milliers sur ces routes toutes rongées par la neige et le sel, craquelées par le froid et très graduellement grignotées. La roue du vélo cahote, le cadre se cabre, et je valdingue, emportée dans les airs, avant de retomber mollement sur le sol. J'allais vite ; je mets du temps à me ramener à moi ; je n'ai rien, le vélo non plus. C'est alors qu'une myriade de questions se posent comme des pigeons curieux sur mes épaules. "Est-ce tout, vraiment ? L'accident serait donc déjà passé, sans rien emporter avec lui qu'un peu de ma peau au dessus du genou ?" Mon esprit oscille entre la satisfaction de n'avoir rien et la peur que l'accident ait, par magie, modifié le cours de mon existence. Est-ce un miracle, ou une malédiction ? Ma vie est suspendue à cette question comme à un fil. Longtemps je reste assise au bord du chemin. Puis, légère, je remonte sur mon vélo et file comme le vent.

(p.s : trouver un style qui mime la vie et son épaisseur. Longitudinosité des rues ; tourbillon des pensées. Phrases rectilignes ; émotions courbes. Incision de l'événement, net et sans bavure ; foisonnement de sens, touffu comme un pubis. L'escargot dans sa coquille cyclique n'avance qu'en ligne droite)

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Publié le 4 septembre 2023
Anaatole
Jiji
Basile... Ça fait trois, le compte est bon :)

Petits chats, chats d'amour et de tendresse, demandeurs de câlins, quémandeurs de caresses

Chats pépères et chats ronchons : je vous aime

Je vous aime au matin quand vous prenez ma main et me guidez hors de mes rêves

Je vous aime le soir quand vous ronflez doucement, calmes comme des anges et purs comme la neige

Je voudrais vous serrer longtemps contre mon cœur, et plonger mon regard dans le vôtre

Pour y voir quel éclat fait reluire l'espoir dans vos pelages félins.


Depuis trois ans déjà un chat vit avec moi : je l'abrite en mon cœur

Il boit du petit lait bien rouge dans mon ventre et ronfle sur mon sein

Et quand la nuit se fait sur mon esprit éteint

Il sourit tendrement comme un enfant de chœur.

C'est mon chat familier, le gardien de mes peurs

Oui, c'est lui la gargouille qui vomit mes pleurs.


Petit chat, je t'ai fui, aimé, haï ; je t'ai craint

Comme on craint un orage, comme on craint le matin.

Ton pelage est très noir et blanches tes dents pointues

Je te tiens contre moi, je te donne la main

Allons, mange, mon petit, je t'aime, tu le sais bien.


Il est temps que tu partes et que ton rire

Fasse trembler les murs, petit chat noir, mon petit chat d'amour.

Tu ronges mes soupirs et plonges dans mon ventre

Des griffes fines et douces, et ta langue enivrante

Siffle contre mon cœur brûlant comme le jour

Il est temps que tu partes et me laisse grandir.


Petits chats, chats d'amour et de tendresse,

Chats de suie et de coton : je vous aime.

Et toi, mon chat tout noir, mon chat de suie et de tristesse

Mon petit chat rieur, mon petit chat ronchon

Puissent les pluies d'été laver ton museau noir

Et le vent te porter comme mon étendard.



(le titre, "désastrocaster", fait référence à la guitare "stratocaster" (guitare électrique au son brillant) et au désastre obscur (Mallarmé, le tombeau d'Edgar Poe). Le nom m'est venu car Sartre (présent dans le nom de la guitare d'ailleurs) surnommait De Beauvoir "le castor", "Beauvoir" faisant penser à "Beaver" . Voilà où m'ont menée quelques minutes de rêve autour du mot Castor).

(Dire ici ce qui se dit ailleurs, mais le regrouper en une constellation qui soit comme un patchwork de toutes mes possibles. Chaque ami.e, chaque personne que j'aime, en lisant ces mots, me découvrira, moi, et toutes les facettes qui ne se montrent pas toujours, pas à toustes. Un miroir où j'affleure avec la douceur d'une rose et la quiétude d'un songe).

(J'ai donné mon premier cours jeudi dernier, le 31. C'était une expérience formidable, qui m'a donné envie de vivre dans toutes les directions ; de me laisser tenter par mes possibles, de me laisser aller à la douceur du travail régulier et des pauses méritées. La vie a pris un nouveau visage, elle danse en cercle, comme une valse dont la monotonie me berce et me fait vibrer. Je prends goût à la simplicité créatrice).

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Publié le 17 septembre 2023

Le week-end dernier, je suis partie camper dans la forêt à l'occasion d'un festival d'électro organisé entre autres par mon colloc. Nous étions une cinquantaine, dormant dans des tentes, nous organisant collectivement pour préparer les repas, les soirées, et toutes ces belles activités qu'un groupe de gens débordant d'amitié peut entreprendre ensemble. Le lac, pas très loin du camp, nous invitait sur ses berges joyeuses ; le soleil se couchait avec splendeur, la bière coulait, l'eau clapotait gaiement. Je sentais un grand vent frais me porter, soulever ma poitrine, m'amenant à partager ma lumière à la ronde, comme une chope de bière toujours pleine.

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Ce fut le temps de belles rencontres ; Ako, Wagner, et Brian, que j'ai revu et revu encore, autour d'un repas, d'un café, d'un jeu de tarot, ou au cinéma. Quel est ce doux désir dans ma poitrine, qui bat des ailes comme un petit oiseau ? Est-ce le plaisir de me faire un nouvel ami, ou est-ce une attirance plus profonde et plus sourde, un battement de cœur au creux du corps ?

C'est septembre, le mois le plus sensuel, quand les feuilles se vident de leur sève, quand le froid s'approche et que la chaleur se condense pour faire une belle boule d'énergie orangée, savoureuse et sucrée comme une gorgée de miel.

Je m'emplis de sensations nouvelles. C'est une inspiration ample comme l'horizon - je me densifie pour mieux me liquéfier dans l'azur.

Devant une classe entière, la voie du vide est la plus belle : marcher dans l'inconnu, sur le fil, improviser à l'aveuglette. Une belle leçon de vie, car oui, - l'instant ne revient pas. Danse ! Danse ! De tout ton corps, de toute ton âme, ondule avec le vent ! Les lignes découpent le ciel et quadrillent les nues, tes pensées courent sur le fil tranchant de l'aube, droit vers l'horizon !

P. S : le titre fait référence à l'album de Linda Perhacs : )

Les parallèles aussi ont le goût de l'infini
Le camp pour jeunes scouts Austin, au bout de la rue des Tchèques.
Ako et Wagner :)
On m'a offert une séance de maquillage !
Des lignes, au travers du ciel, invitent au voyage
Lecture de The Insect and the Big Black Spider
Texte de Sophie, qui a créé un Autel dans les bois (j'ai même aidé un peu)
Mon prochain tatouage ?
Le transfert des Coupes, jusqu'à la célébration finale
Basile m'aide à écrire mon journal et à trouver des rimes riches pour mes poèmes
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Publié le 1er octobre 2023

L'escargot a poussé sur ma peau, comme une fleur de velours. Il paraît que j'ai la peau très fine, aussi diaphane que du parchemin, et qui boit l'encre goulument. C'était rapide : 30mn, le temps de boire un thé, mais ces 30mn là resteront longtemps gravées dans ma mémoire.

Le temps s'est condensé très vite pour donner une encre bien noire. Cela fait cinq ans environ que je creuse en moi le goût de la coquille. Que j'apprends à respirer comme une conque de roche, un soupir de pierre. Déposé sur ma peau, l'escargot, comme un œil rempli de sagesse, laisse saliver son savoir sur mes épaules. Il m'aide à soupeser dans ma main le poids des choses.

L'escargot errant : un vagabond rivé au sol, qui vadrouille avec sa valise.

La coquille, comme un trou noir, appelle l'œil attiré par le vide. Il pleut. Les feuilles flottent dans les flaques. Le sol est déjà boueux. Si tu laisses ton âme emplir ton corps, jusqu'au bout des doigts, tu sentiras de longs frissons couler le long de ton dos, et tu comprendras que le vide appelle la plénitude. L'avenir est courbe. La gravité, qui s'applique certes aux objets inertes, fait aussi peser ta trajectoire vers le point noir de notre passé. Et tu files à toute allure, tentant, par une formidable force centrifuge, de t'en détacher, pour t'envoler, ne serait-ce qu'un instant. De l'extérieur, tu peux voir ce mouvement donne une spirale. Va, droit devant, laisse toi porter par ta mélodie, cette foule de pensées intemporelles où tu danses les bras ouverts et le cœur sur la main.

Je profite de ce journal pour raconter un peu mon voyage, car j'ai tendance à être plus laconique quand il s'agit de parler de choses et d'autres.

J'ai vu Célia, une nouvelle amie un peu sorcière elle aussi (et nous sommes presque homonymes !) pour cuisiner des Red Rubies à l'occasion de l'anniversaire de Nic, le compagnon de mon colloc. L'ingrédient principal, la châtaigne d'eau, a une texture si étrange qu'à chaque bouchée, c'est plus fort que moi, mes poils se chérissent sur tout mon corps, brr! Mais je crois que la recette était réussie, car, alors que Célia et moi étions en plein débat pour savoir si, oui ou non, c'était mangeable ou vraiment trop bizarre, une invitée s'est approchée de nous et nous a soudain demandé : "vous avez goûté ce dessert ? C'est super bon !" Elle ne savait pas que nous en étions les autrices, et son commentaire tombait vraiment à pic. C'était la première fois que je goutais la fierté de la pâtissière qui, convaincue d'avoir raté son plat, se voit soudain prouver le contraire, et j'ai donc terminé mon bol en marmonnant "ma foi c'est vrai, c'est délicieux", dans ma barbe.

Ça a été l'occasion également de me déguiser, Emma nous ayant invité.es à laisser parler notre côté "silly", j'ai choisi de la prendre au mot. Mon déguisement ? Après avoir accroché sur mon châle, au niveau des épaules, deux peluches, un dauphin et un agneau, j'ai fixe un corbeau un peu interloqué sur ma casquette. Avec une guirlande de Led lumineuses suspendue le long des manches et dans le dos, c'était du plus bel effet, et mon déguisement a suscité de nombreux éloges.

Plus important peut-être, ces derniers jours, je me suis remise à lire goulument et avec délice. Le Guin, Pessoa, Graeber, Beauvoir, m'accompagnent à toute heure du jour et de la nuit, surtout quand mon voisin s'ingénie à orchestrer des tremblements de terre au dessus de ma tête.

Mais ce n'est pas tout. Je me suis aussi lancée dans la conception d'un petit album (un EP) dont je viens de terminer la musique phare, composée avant mon départ. Gaël m'a mise au défi de terminer mon album avant le 20 octobre, il me reste donc encore un peu de temps pour trouver d'autres idées de musiques. La création m'excite beaucoup. Aux idées d'accords trouvées devant le piano s'ajoutent les innombrables trouvailles électroniques, qui certes se présentent souvent dans un flot faramineux de frustrations diverses, mais ne laissent pas de m'émerveiller et de me pousser à ternir bon, même dans les moments de doute. (le 20 octobre n'est pas arbitraire, c'est le jour où Parcels sort un nouvel album).

Enfin, je continue de voir Brian, deux, trois fois par semaine. Nous allons au cinéma, buvons des cafés, parlons de musique et d'anthropologie. C'est une personne lumineuse et chaude. Une belle amitié se tisse entre nous !

A bientôt, vous qui me lisez. Je vous embrasse fort et pense à vous de tout cœur.

Dans la chambre d'Ako
Voilà le petit lascar !
Ako, la tatoueuse
Les villes ont une allure de rêve quand le ciel se perd à l'horizon
La corneille a kidnappé Jiji !
La police est nulle, on me l'a déjà dit......😑
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Publié le 5 octobre 2023

C'est décidé, je déménage. Ce n'est pas que la collocation me déplaît, car même en l'absence d'Emma, je m'y sentais bien ; je ne me suis pas non plus convaincue de partir à cause de la taille de la chambre (un peu petite tout de même) ou du prix du loyer (un peu élevé je dois bien l'avouer). Non, ce qui m'a décidée, c'est l'état de tension, de détresse psychologique dans lequel je me trouvais presque chaque nuit de la semaine. Le voisin d'au dessus est, pour ce que j'ai pu en comprendre, passionné de randonnées en intérieur. Il marche sans interruption jusqu'à 3h du matin par temps clair, et jusqu'à 2h quand il y a de l'orage, s'arrêtant peut-être 10mn de temps en temps pour un petit pipi. C'est un as, un champion de la marche pesante ! Ces derniers jours étaient un calvaire. Même avec les boules quies, même avec de la musique, même après m'être apaisée en prenant une douche et en méditant, c'était plus fort que moi, à peine entendais-je le son grave, rugueux, guttural, de ses pas de plombs sur le sol, et je sentais couler dans mon dos un frisson d'angoisse. J'ai même développé une focalisation intensive à ce bruit, dont la récurrence, la régularité, et surtout, le caractère immuable, ont eu raison de mon endurance.

Pour tout vous dire, j'ai passé la nuit dans la cave, et j'ai extrêmement bien dormi, je me réveille pleine d'énergie et d'entrain. J'espère que mon récit ne vous aura pas paru trop intense, je ne veux pas vous apitoyer sur mon sort, mais partager une expérience vraiment désagréable dont je me suis sortie fort heureusement.

L'étrange est que pendant deux jours, j'ai eu l'impression que ces longues nuits charbonneuses rendaient mes journées plus calmes et lumineuses à la fois. Toute occupée à fuir le gouffre de la nuit, je me donnais éperdument à chaque instant de légèreté que m'offrait le jour. Le contraste me permettait de tenir bon. Mais j'ai rapidement atteint ma limite.

C'est décidé ! Je pars ! Et vous savez quoi ? J'ai déjà trouvé un nouvel appartement ! Oui, à 3h du matin, pour m'offrir une petite lueur d'espoir, je me suis mise à envoyer des messages pour trouver une nouvelle maison. Le lendemain, j'avais déjà une réponse, et une visite prévue pour le soir. J'arrivai à 20h, repartai à 21h, et à 21h15, on m'annonçait que j'étais prise. La collocation est très prometteuse, je vais vivre avec 3 féministes pleines d'énergie qui aiment bricoler, faire de la musique, manger ensemble, faire les courses en commun, papoter et faire des jeux. L'atmosphère de l'appartement m'a immédiatement charmée, et le contact est passé très vite.

Je change donc de coquille !

(D'où le titre.)


Ma nouvelle adresse : Seia Décamps, 6288 Rue Chambord, Montréal, QC H2G 3B7, Canada



Le charme des petites ruelles perdues entre deux artères immenses
Des photos prises lors de ma première vraie expédition pour visiter la ville !
Je suis sur le chemin du retour de l'île des sœurs, où je me suis rendue à vélo
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Publié le 16 octobre 2023

J'ai dit : “ce blog ne sera pas toujours poétique”, et je dois avouer que le sens de ces mots m'échappe un peu. Je crois qu'à ce moment, “poétique” voulait dire “triste”, ou intense, mais dans un sens gastrique. À présent que le bonheur est une évidence, la poésie prend un autre sens : c'est un air, une saveur, que je serais incapable de ne pas savourer. C'est un chant que je ne me vois pas contenir entre mes lèvres.

Mon esprit un jour s'est ouvert à la beauté, au chant du monde, à l'extase des rencontres et des incendies, et pour rien au monde je ne quitterai cet océan. Même au fond de l'eau, quand la lumière du jour ne filtre plus guère, quand les poissons frôlent ton corps de leurs nageoires fraîches et froides, même quand tu ne sais plus bien vers où nager pour remonter à la surface, il y a dans ton cœur une beauté cachée, noire ou chaude, frêle ou forte, une beauté sans nom. Certain.es avant quiconque ont su la voir et, posant leur main sur ma poitrine, ont calmé mon souffle, leur regard clair plongé dans mes yeux noirs. Certain.es avant quiconque ont apaisé mes pleurs, et ont partagé avec moi le Vin de la tendresse, le grand vin de la joie et de la confiance. Du fond des eaux, j'ai connu la saveur de ce vin.

En ce moment, la vie commune me plaît énormément et m'apporte beaucoup de joie. J'ai de la chance, mes collocs et moi passons de jolis moments ensemble. J'écris d'un joli café où nous sommes allées, Leeloo, Juahna et moi, travailler dans une atmosphère paisible.

Certes, comme dans tout groupe, un peu de temps est nécessaire pour me faire une place. Mais j'y arrive assez bien.

D'ici quelques jours, j'aimerais sortir non pas un ep, mais un single. Si j'arrive à enregistrer convenablement ma voix, la musique sera terminée (pour l'anecdote, au moment où j'avais achevé un premier mixage, la moitié des parties vocales s'est mystérieusement volatilisée. Mais c'est un mal pour un bien : la deuxieme version de la musique me convient davantage, elle est plus équilibrée. J'aimerais atteindre un certain état d'aération sonore. Je me rends compte de la profondeur de cette phrase : "le silence aussi est nécessaire à la musique".)

Il y a des digestions lentes et d'autres quasiment immédiates. Des gros morceaux de temps pèsent sur l'estomac parfois des années avant de disparaître, rongés par l'acide, comme des bouts de métal ou de tôle, des blocs de béton, des brisures de verre ou des débris brûlants. Le bonheur, lui, s'évapore comme le coton fraîchement coupé, comme le blé lourd et jaune sur son épi, comme une petite pluie qui te surprend tout à coup, la nuit. Il y a une poésie simple ; c'est l'eau fraîche dans laquelle tu trempes ta main le soir, après avoir festoyé. Les fleurs nouvelles que je rêve poussent là-bas, et ce n'est même pas très loin. Prends ma main, mets ton plus joli chapeau, et allons-y ensemble.

Je suis ailleurs, à des années lumières de cell·eux que j'aime, une poussière dorée évanescente. Et pourtant, que je lève les yeux, et je vois leurs constellations briller au-dessus de moi, que je tende la main, et je sens leur chaleur sur ma peau, comme un souffle heureux, impalpable, intense, et doux. Puissent mes mots en retour leur porter mille baisers dans l'air du soir.

C'est une étape sporadique et bigarrée. Un patchwork pas très cohérent. Ça arrive.

Une mosaïque de douceur
Je passe par ici le soir pour rentrer chez moi
Un ange à l'étroit entre deux géants
Le 6ème étage de la bibliothèque et sa vue imprenable
Une pochette alternative que j'ai écartée à regrets
Mes adieux déchirants avec Basile
La tourte de Kiki préparée à l'occasion de Thanksgiving !
Mon tiroir à lettres... Auxquelles je réponds pas à pas !
Le jardin japonais du parc botanique de Montréal
La Pierre.
Un bébé jinko
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Publié le 19 octobre 2023

Vous l'aviez tant attendu, et bien, vous allez être un poil déçu·es. Snail Polisher, mon premier album, est en fait un single ! Une seule musique, rien qu'une, une musique toute rikiki, une musique de presque rien du tout, aura aspiré toute mon énergie créatrice de plusieurs semaines (il faut dire aussi que j'ai entre temps organisé mon déménagement et rattrapé mon sommeil en retard). Que d'heures passées à composer, à écrire les mélodies, le plus souvent note après note, à enregistrer ma voix, et à réenregistrer ce qu'un bug a supprimé (erreurs de débutante, me direz vous. C'est tout de même arrivé deux fois). Que de temps passé à réécouter la musique pour équilibrer les instruments, leur donner une place dans l'espace sonore. Parfois, une simple broutille, quelques décibels de plus ou de moins sur une piste, appellent une reprise quasi totale de toute une section. Parfois encore, une piste de cymbales peaufinée pendant plus d'une heure ne trouve finalement sa place nulle part dans le morceau, et doit être simplement supprimée, sans autre forme de procès.

⚠ DIVULGATION MASSIVE. Je vous conseille de télécharger la musique d'abord en cliquant sur ce lien :

https://we.tl/t-0CSLayEiS9

Ou, après le 25/10, sur ce lien-ci :

https://drive.google.com/file/d/1FEhFngnQz7u8aTJnUXK7TsNpVo10WwwV/view?usp=sharing


J'ai pris tant de plaisir à l'écrire et à la produire, cette musique. J'en suis vraiment fière. Je suis heureuse du résultat, et il correspond dans sa quasi totalité à ce que j'espérais pouvoir faire - sur certains points même, le résultat dépasse de loin ce que j'avais imaginé, tant les trouvailles inopinées auront apporté une teinte nouvelle à ce que j'avais prévu. Par exemple, le rythme organique de la dernière partie du morceau (après le "cluster" du piano, *BAM!!*) est en fait un simple bruit de fond que j'ai enregistré sans le vouloir dans la cave (mon studio improvisé), et qui me semblait faire l'affaire comme soutien rythmique. De même, le piano qui fait apparition juste avant le deuxième refrain est lui aussi arrivé presque par hasard : je voulais anticiper le break, pour que la rupture ne soit pas trop marquée, par quelques notes de piano au rythme un peu hasardeux, et le résultat m'a vraiment étonnée, je ne m'étais pas douté un seul instant que cela fournirait une mélodie secondaire.

Bref. Je vous serais très reconnaissante de m'écrire vos remarques, conseils, retours en tout genre, soit en commentaire, soit par message, soit par mail ([email protected]). Je reçois aussi les pigeons voyageurs, mais Bruno, le chaton qui aménagera avec nous dans moins d'une semaine, risque fortement de les effrayer.

P.S : je remercie Gide (qui se reconnaitra) pour les merveilleux moments que nous avons passés ensemble cet été, et qui ont inspiré cette musique. Dédicace spéciale à Gaël pour son enthousiasme contagieux qui a décuplé ma motivation (la gaëlite a parfois du bon). Merci à Tom pour ses cours de théorie musicale, sans eux, je n'aurais jamais pu écrire cette musique. Et merci à Tom pour m'avoir très tôt partagé une opinion si favorable que je n'ai jamais cessé d'avoir confiance en moi. Merci bien sûr à tou·tes mes ami·es et à ma famille pour leurs encouragements, vous êtes (mal?)heureusement trop nombreu·ses pour que je le fasse individuellement ici. Enfin, je fais une dédicace secrète à mon papa, qui saura pourquoi (*thagore).

P.P.S : moi qui avais toujours trouvé les remerciements ennuyeux à mourir et qui m'était juré de ne jamais en faire....

P.P.P.S : le vrai titre de la musique, c'est Aube d’Été, à force d'extraire encore et encore le fichier, j'ai simplifié.


Ma nouvelle maison 🌻
Le petit Bruno
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Publié le 3 novembre 2023

Mon beau-frère avait, du côté paternel, un cousin germain dont un oncle maternel avait un beau-père dont le grand-père paternel avait épousé en secondes noces une jeune indigène dont le frère avait rencontré, dans un de ses voyages, une fille dont il s'était épris et avec laquelle il eut un fils qui se maria avec une pharmacienne intrépide qui n'était autre que la nièce d'un quartier-maître inconnu de la marine britannique et dont le père adoptif avait une tante parlant couramment l'espagnol et qui était peut-être la petite-fille d'un ingénieur, mort jeune, petit fils lui-même d'un propriétaire de vignes dont on tirait un vin médiocre, mais qui avait un petit-cousin, casanier, adjudant, dont le fils avait épousé une bien jolie jeune femme, divorcée, dont le premier mari était le fils d'un sincère patriote qui avait sur élever, dans le désir de faire fortune, une de ses filles qui avait pu épouser un chasseur qui avait connu Rothschild (...) et dont la grand-mère attrapait parfois, en hiver, comme tout le monde, un rhume.

Avis à tou·tes les malades, gripeu·ses, rhumeurs, reniflard·es et glaironneur·es en tout genre : courage ! Je suis en pleine forme, et je pense à vous. Les premières neiges glissent sur ma polaire vert kaki couverte de fleurs, mon vélo vrombit sur les rues froides et salées, et moi, comme un gros oignon filant à toute allure, je souffle, j'écume, avalant le bitume et crachant dans mon sillage des nuages tout blancs. Je suis heureuse de tout, heureuse de cet hiver tombé comme un cheveu sur la langue, avec ses flocons bien en chair, heureuse de mon nouveau chez-moi, calme et explosif et où je me retrouve moi-même, heureuse des personnes qui m'entourent et qui, toutes à leur manière, m'offrent à chaque instant le plaisir de leur présence et de leur radieuse clarté. Heureuse de mes élèves, aujourd'hui si hargneusement impliqué·es et amusé·es.

Heureuse de savoir ce que je cherche, et de ne pas savoir ce que je trouverai.

Heureuse de savoir ce que j'ai déjà, et de savoir que même, surtout cela, je ne le sais finalement qu'à peine.

Heureuse de savoir que tout ce que je sais et tout ce que j'ignore se mêlent et délicieusement composent le plus excitant des mystères, la plus sensuelle des musiques.

Le moment est venu de vous convier à ma première représentation de théâtre où j'interprèterai la capitaine des pompiers dans La Cantatrice Chauve de Ionesco. Nous jouerons les 20-21-22 mars au théâtre de McGill. Si la téléportation est inventée d'ici là, qu'elle est neutre en carbone et qu'elle n'est pas réservée au 1% des ultra-riches de ce monde, n'hésitez pas à venir me voir débiter à toute allure le fameux monologue du Rhume, dont vous avez pu voir tantôt un extrait. Je veux bien aussi le faire sur demande au téléphone d'ici une semaine, le temps de le mémoriser correctement.

Que dire d'autre ? Sincèrement, j'ai mis du temps à trouver un thème commun à cette publication avant de me rendre compte que c'était justement ça, le thème : l'impossibilité d'en trouver un. Pour le moment, le joyeux chaos de ma vie s'agence avec une remarquable harmonie. Ma mélodie pleine de dissonances n'a plus de fondements pour soutenir sa généreuse avidité.

P.S : je ne fais pas de musique en ce moment. A la place, j'ai commencé la rédaction d'un roman ! (vous me connaissez, très vite ça sera une nouvelle, puis une ode, pour finir en haïku). Le personnage principal s'appelle Nepo (c'est aussi mon nom sur les applis de rencontres en ce moment, au cas où vous m'y voyez).

P.P.S : non, ce nom n'est pas une référence à Nepomniachtchi, le joueur d'échecs. C'est un nom mûrement réfléchi dont je ne vous livrerai les clefs que de vive voix, si vous me le demandez gentillement.


Tirage d'Ameline, merci à elle 💛 "la quête du soleil"
Tirage de Jordan, aujourd'hui dans un café de Miles End.
Une allusion au Château Ambulant ?
J'ai trouvé mon soleil
J'ai bricolé un porte bagages sur mon vélo (la limace à trouvé coquille)
La vraie place des humains dans l'univers
Randonnée au mont royal avec Erika et Karo (en jaune sur la photo)
Bruno est dans une phase de death métal
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Publié le 22 novembre 2023

Un peu de temps s'est écoulé depuis la dernière fois, je me jette donc à l'eau pour écrire, car je me rends compte que j'ai finalement plein de choses à raconter. Oui, j'écris malgré l'absence de ce petit frisson électrique qui d'habitude court dans mes doigts de pluie fine sur le clavier. C'est souvent ce souffle poétique qui me porte. Aujourd'hui, je respire un autre air, voyons où il nous amènera.


La première chose que j'aimerais partager, c'est ma découverte des Open mic (prononcer "Mike", et pas "m-i-c" comme je le faisais au début). Ce sont des scènes ouvertes où tout le monde bénéficie, s'iel le souhaite, de 10mn d'expression libre, qu'iel veuille jouer de la musique, lire des poèmes, danser, raconter des blagues, ou que sais-je encore. Et bien ce sont devenus mes moments préférés de la semaine, ceux que j'attends avec impatience et auxquels je pense longtemps à l'avance. Jeudi dernier, j'ai eu l'occasion de jouer "Aube d'été" au piano devant un public d'environ 50 personnes. Je ne vous dit pas l'émotion ! Mon cœur battait à tout rompre, ma voix, hésitante au début, a fini par ouvrir grand ses ailes, forte et assurée, et toute la foule a repris avec moi la coda finale, m'accompagnant en chœur. C'était un moment délicieux. Et puis, pour l'open mic de dimanche dernier, j'avais préparé "Exit Music" et un poème écrit il y a un an environ, The Insect and the Big Black Spider, que je lisais tandis qu'un·e pianiste accompagnait ma lecture en improvisant au piano. C'était bouleversant. Imaginez mon émotion lorsque, habituée aux poèmes griffonnés sur une feuille de papier, je les ai vus soudain s'envoler en battant des ailes comme des papillons d'or et d'azur ! J'ai aussi eu l'occasion de rencontrer plusieurs artistes passionnant·es. Je pense en particulier à Everly Lux, qui vient de sortir un album, Selfhood, dont l'imaginaire m'a tout de suite happée. Vous pouvez écouter une de ses performances ici, ou en tapant "Everly Lux live at the vault" sur Youtube.

https://www.youtube.com/watch?v=W0y4cfB8qHs&pp=ygUPZXZlcmx5IGx1eCBmdWxs


Comme prévu, mon roman avance à une allure d'escargot. Je passe en réalité le plus clair de mon temps à me promener, à écouter de la musique, à penser à des tas de choses, à voir mes nouve·lles ami·es et à discuter, plus sporadiquement parfois, avec mes grand·es ami·es de France. Jusqu'ici, les applications de rencontre sont surtout l'occasion de papoter avec des nouvelles personnes ; ce qui ne m'empêche pas d'avoir eu un date la semaine dernière, et un nouveau ce soir (j'écris ces lignes juste avant d'aller me maquiller !) Vous verrez parmi mes photos quelques vues de Montréal prises de l'Île St Hélène au soleil couchant. Il s'y trouve aussi une étrange construction métallique qui a su ravir l'amatrice de photographie argentique que je suis.


Il faut tout de même que je vous raconte ceci. Je m'apprêtai à aller en cours. Comme il avait neigé toute la nuit, je devais m'habiller chaudement. Aussi, toute emmitouflée dans mes couches de vêtements, je suis descendue dans l'établi où se trouvait mon vélo ; soudain, au moment précis où je posai ma main sur la poignée de la porte, j'entendis un grand bruit, guttural, terrifiant, comme le souffle d'un animal blessé. Je me retournai vivement, effrayée, prête à m'enfuir à toutes jambes, et

*la suite dans le prochain épisode*

Montréal, au loin, depuis l'île Ste Hélène
Des fumées d'or
Open Mic au Café des Habitudes
Everly Lux en plein shooting photo
Dans mon porte feuille, une foule de petits trésors
Rendez-vous avec mon ombre
"Boire ou conduire, il faut choisir !"
J'ai décidé de passer mes vacances à New-York ! Quelle excitation !
 J'ai décidé de passer mes vacances à New-York ! Quelle excitation !