Nous sommes des cyclo-nomades, qui avons posé notre roue de vélo à Istanbul, poursuivi jusqu'en Cappadoce, émus par cette langue de terre, notre récit sera une immersion entre poésie et ressentis
Mai 2023
92 jours
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De la traversée de Bandirma jusqu'à Istanbul , par la mer de Marmara, de grandes bouffées d'oxygénation, comme pour se préparer à la rencontre avec la pénétrante Istanbul. Partagés entre inquiétude et excitation, à l'approche de poser notre première roue de vélo sur cette fascinante et grouillante mégapole aux 7 collines ! la seule au monde capable de relier 2 continents aux antipodes , l'Europe et l'Asie, c'est dire l'amplitude de son ambition.

Aventuriers que nous sommes , nous souhaitons l'immersion...Ce fut un accueil des plus provoquant !

Dés votre arrivée à Istanbul , procurez vous la carte "istanbul pass transport" (Istanbulkart), pour un prix dérisoire, elle vous permet d'utiliser bus, métro, train, bateau et toilettes publiques !

 Mosquée de Soliman le magnifique
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A Istanbul, les clowns du Dimanche ont laissé place aux mîmes du Lundi ..."

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Dans les minutes qui suivirent notre débarquement, nous voilà slalomant entre les tapis tissés et exposés au sol, les interpellations des vendeurs de kebap et de glaces et les taxis jaunes et autres engins motorisés très audacieux. Vigilance oblige !

Ce n'est que plus tard, flânant a pied, que nous apprécierons les odeurs epicées, couleurs jaunes orangées , ainsi que les mots enchanteurs des commerçants stambouliotes,

Laissez vous tenter par le "mercimeck" (soupe de lentilles), le "simit" (couronne au sésame), le "manti"( style de raviolis), et le "trilece" (pâtisserie )

 Oui, ce sont bien des olives teintées !
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A vélo nous avons eu la chance de longer le Bosphore côté Europe, du Nord au Sud , et c'est une ville dans la ville que nous rencontrons, un savoir vivre au bord de l'eau dont les stambouliotes raffolent.

Tous alignés plus ou moins près de l'eau ils assoient leur confort avec vue sur le Bosphore attablés pour un riche pique nique ou un simple "tchaï" (thé turc) , de préférence tôt le matin ou tard le soir même de nuit.

Je me souviens cette grand mère déposant 1 plateau de "baklavas" (pâtisserie turques) au milieu de la table nappée, sa fille apportant le thermos de thé avec ses verres tulipes, et les enfants sortant les pistaches et pop corn des pochettes plastiques. Toujours alignés, il y a aussi , ceux, qui au bout de leur ligne, remontent des sardines, elles aussi alignées . Et ces tableaux sont répliqués, sur des kms , une trentaine, tout au long du majestueux grand canal. le Bosphore est respectable et charismatique par sa générosité, capable d'abreuver 2 continents à la fois et pas des moindre... pour les Stambouliotes il est le Canal de la source mère, l'artère centrale , les stambouliotes y viennent s'y régénérer, puisant l'essentiel vital , cette eau coule dans leur veine. Il est l'unique a pouvoir offrir l'air du large pour supporter l'été étouffant, il est leur mer de proximité pour juste y tremper leurs pieds, de temps en temps nous sommes surpris par des hommes qui plongent .

Une image est gravée en moi, celle d'une jeune maman invitant son nouveau né de quelques jours a respirer, voir et toucher les eaux bienfaitrices comme pour un baptême.

Le Bosphore est celui qui fait briller les yeux de ces contemplateurs et les transforme en poètes, philosophes ou artistes durant quelques instants, en photographes aussi. le luxe pour un stambouliote est d'avoir toujours une vue sur le Bosphore.

Sachez qu'en 5mn en bateau vous passez de la côte européenne à la côte asiatique !

Le Bosphore n'a rien a craindre ou a envier des appels a la prière émis par les mosquées il a aussi une place sacré, les stambouliotes s'y retirent volontiers pour méditer. Il est celui qui relie les gens , depuis les berges d'en bas, jusqu'au coin des rues du quartier d'en haut. Les yeux des turcs ont aussi l'appel du large, ils sont a l'affût du "messie bleue" .

Je revois ces jeunes amoureux assis sur les marches d'un escalier au dénivelé "everestèque", attendant envieux, tous les soirs, que le soleil veuille bien embrasser le canal, Il est inspirant. Je me rappelle ce couple et leurs enfants depuis le parc Fathi, se précipitant pour le voir d'en haut, à travers le dense feuillage, et cette mamie depuis sa chaise face à la fenêtre de sa cuisine plusieurs fois par jour l'admire.

Les ferry, les portes containers et les yoats qui co-naviguent sur le canal, illustrent bien ce qui se passe sur cette langue de terre en expansion , entre Europe et Asie, extraordinaire terre qui a su tirer profit de sa position géographique, plutôt que de s'effacer , compressée entre 2 monstrueux continents. Tous les bateaux circulants, sont des témoins affichants la réussite , d'avoir relié le pourtour de la mer noire, orient et occident, pauvres et riches, mer noire et Marmara . La Turquie nous nargue, en tirant sa langue à l'occident si étriqué.

Depuis les quais d'Anatolie, Les cheminées des portes containers se confondent aux minarets des mosquée de Suliman et de la mosquée Bleue

Et les bâtiments flottants rejoignent les gratte-ciel de Levant ville.

Et le Bosphore véhicule ainsi la communication de la voix universelle...

 Europe et Asie
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Les multiples parcs ( Emigran et Atatürk) et forêts ( Belgrade) sont les bronchioles de la mégapole, partout où vous êtes sur de vous essouffler , vous aurez l'oxygène à proximité.

Je revois sur ce banc un peu niché, à "Atatürk" parc, cette jeune fille ventre à l'air et cheveux au vent qui mange son amoureux des yeux.

Et cette jeune maman, plutôt enturbannée , comme une arménienne , dans "Yidish" parc, discrètement affalée sur sa nappe tissée, qui s'affranchit un moment de sa tripotée de jeunes enfants

Dans "Belgrade Forest", une table de pique-nique, flanquée d'un jeu de Tavla, de livres, de 6 verres à thé, d'une poche de pipasol, et une mère en prière agenouillée à côté... mes yeux traînent sur ce déballage si impudique d'une famille traditionnelle musulmane

A "Emigran park", vue sur cette mosaïque de tissus multicolores, s'agitant au bout de regards kaulés et prolongés de visages angéliques.

Et tout ce petit monde en compagnie des pins, des eucalyptus ou des chênes verts séculaires. L'écosystème est bien rodé .

 Forêt de Belgrade (Belgrad Forest)


Elle fuit mon regard lorsque je tente un sourire bienveillant et admiratif pour tout son potentiel féminin, elle est enrubannée, recouverte de pièces de tissus en voile , soie ou coton turc, très harmonieux, de la tête aux pieds, sous un soleil de plomb, et elle n'à que faire de mon sourire, elle est fière et épanouie au bras de ses amies, qui vont cheveux au vent et jambes a l'air. Toutes si différentes et si libres...

A UskÜdar 
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Il se peut que le chant des sirènes de bateau, des mosquées et des églises s'entremêlent , c'est à Uskürdar que nous avons écouté cette symphonie.

Juifs, Chrétiens et Musulmans vivent ensemble de façon si harmonieuse , que l' on pourrait enfin penser que le monde a changé ...

J'aimerais être petite souris, pour pénétrer une maisonnette stambouliote, intriguée de savoir ce qui se cache derrière cette pittoresque lumineuse façade de bois, en relief, dotée de 5 fenêtres très verticalement flanquées, peut être il y a t'il juste un sofa pour la vue sur le bosphore, une longère ornée de reliques religieuses ou des trépieds avec des plantes vertes.

Moi J'aimerais y voir 2 jeunes filles confortablement enveloppées par de la soie et du velours, autour d'une table basse en acajou ,élégamment garnie d'une théière avec 2 verres tulipes remplis de "chaï", et une belle assiette de Baklavas; la couleur miel cuivrée y serait honorée, juste des touches de vert pistache et une effluve d'encens pourraient clore ce tableau.

Uskudar 

Oui, elle est déjà perceptible en Turquie cette faculté que les orientaux ont à savoir juste "être là", en présence et cette peur manifeste qu'ils ont , du manque ... C' est palpable dans les restaurants, sur les bancs, les tables de pique nique et les magasins aussi. L'Asie commence à se confier à nous, à nous faire des aveux , cela ressemble à des effluves de parfum d'encens, subtiles et impromptues, selon le sens de la brise.

Laisser abonder chiens et chats , à l'état sauvage fait partie de leur culture , alors eux aussi réclament leur minimum vital , et les fourmis , et les mouettes aussi !

Leur solidarité n'est pas un choix, elle est innée.


On sait qu'une nation a enclenché le pas vers une révolution écologique, lorsqu'elle commence à sourire. Ici les gens ont encore le visage dur ..."

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Istanbul aura eu raison de nous et nos vélos, pas de rèpis ni de compassion pour les acrobates a 2 roues que nous avons du improviser d'être et ma peur des chiens errants qui s'est confirmée ! Alors La Cappadoce à vélo nous ne l'envisageons pas, non vraiment pas ! Ça aurait pu être en bus, mais nous avons fait le choix de la voiture, elle avait l' avantage de nous offrir le couchage....

La Cappadoce coupée du monde , quasi au centre de la Turquie.....un désert...que dire de ces cathédrales rocheuses majestueuses , de ces tours érigées a l'infini et leurs chapeaux en guise de toiture, que penser de ces dunes de sable pas encore effritées, des dunes vanille fraise , des dunes figées mais jusqu'à quand, des siècles, des mois, quelques jours, un instant...dans cette partie du monde, uniquement, la nature nous invite dans une galerie d'art d'une 60 aine de kms sur un 360°, un spectacle à ciel ouvert, dont l'artiste n' est autre qu'une chimiste de renom très en colère un jour de grande création....elle s'appelle Terre

Prévoyez 3 jours pour profiter pleinement des 3 randonnées très différentes "la blanche", "la rose "et la "rouge",

Terre a continué à sévir, toujours au centre du continent, cette fois ce sont ses torrents de larmes chaudes et calcaires qui ont dessiné un paysage lunaire, de cratères immaculés, blancs, aveuglants , les décharges émotionnelles de la chimiste offre un chef d' œuvre turquoise. Si spectaculaire..

Ses pièces sont uniques au monde, et pas la peine de spéculer, elles n' ont pas de prix !

Les Châteaux de coton, site de Pamukkale

Pamukkale a souffert dernièrement d'une mauvaise réputation, à cause du sur-tourisme, sachez que les autorités ont su y remédier, en limitant et protégeant certains sites, grâce à cela nous avons vraiment adoré.

Nous ne resterons pourtant pas en Turquie, c'est mon choix de femme et Patrick le comprends, difficile de s'y sentir en symbiose, entre des hommes guidés par les préceptes du Coran a l'encontre des femmes et des femmes soumises ou rebelles. Leur société a généré de la perversité et de l'hypocrisie, en témoignent les maisons closes et les regards malsains des 2 genres. Je n'ai évidemment pas trouvé ma place de femme libérée et émancipée l'adaptation n'a pas lieu de se faire dans ce climat hostile. Je ne cautionnerais pas...et puis il y a ce risque de séisme, nous avions été épargné, de celui de 2022, un ange gardien nous veille.

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En prolongement , je ne cautionnerais pas non plus les évènements iraniens de l' été 2023 , ces femmes cheveux au vent, courageuses et dignes qui défient la législation dégradante, imposant le port du voile, et qui sont menacées et agressées par la police, et autres hommes intensifiant considérablement la répression des iraniennes . Non je ne souhaite actuellement pas croiser sur mon vélo le regard du peuple iranien , pas dans ce contexte...

posons nous la question de ce que nous recherchons dans nos voyages, pour sur pas la violence.

Alors plongée dans mes pensées, notre ange gardien nous avertis encore une fois d'un nouveau danger, encore de la violence et encore dans cette partie du globe, à Israël, Israêl que nous avions tant fantasmé et rêvé, il s'agit quand même du berceau du monde, niché entre occident et Orient, qui n'est plus qu'un bout de terre au bord de l'explosion . notre belle terre, si vieille, adulte, devrait apprendre à parler à son enfant intérieur, le calmer, le rassurer sur sa capacité à le sauver, sa capacité à être son propre refuge sa sécurité ..elle devrait calmer ses peurs et lui montrer la voix de la paix et de l'amour, la terre c'est nous , nous sommes la terre, alors nous devrions....

Ce monde que nous aimons tant que nous souhaitons pénétrer et traverser, nous sentons qu'il se referme petit à petit du Nord au Sud, les peurs de l'humanité nous enferment avec des formalités et des guerres. nous refusons de nous laisser enfermer encore une fois mais nous ne lutterons surtout pas nous accepterons et nous nous adapterons.

Les peurs de l'humanité nous enferme avec des formalités et des guerres "

L'adaptation c'est le propre du voyage, et le monde bouge, nous avec, à chaque minute, un nouveau conflit, une nouvelle frontière, une nouvelle navette, une nouvelle intempérie, une nouvelle loi, qui nous oblige à repenser nos trajectoires, c'est laborieux , c'est aussi l'apprentissage de l'acceptation et une conversion de nos peurs en confiance.

Le voyage c'est aussi l'apprentissage de l'acceptation et la conversion de nos peurs en confiance "

Alors, notre histoire de voyage qui devait s' appeler "l'éternel été ", là voilà à nouveau contrariée et mise à l'épreuve, nous n' écrirons rien sur la chaleur de Jordanie en hiver, ni sur l'hiver au pied des pyramides, ni sur nos bains dans la mer morte, aucune photo non plus à dos de chameaux, .... Quand le monde gronde et ne permet pas aux aventuriers d' "être" c'est qu'il est temps pour eux de trouver refuge, et dans l'immédiat pas de visibilité, aucune, alors un replis sur notre pied à terre en Crète serait le bienvenu, un retrait provisoire afin de prendre du recul pour mieux observer la situation globale. Sur notre île protégée, coupée de la violence du monde, où la douceur s' offre partout, dans l' air, l'eau, l'assiette quotidiennement...."un peu de douceur dans ce monde de brute".

Alors, sitôt installés dans notre doux ronron quotidien, chez nous, qu'une énergie nouvelle commence à frémir. c'est excitant à l'entrée de l'hiver, de préparer notre aventure prochaine...

Notre plan d'avenir commence déjà à se dessiner, d'abord flou, désordre , mais bientôt les contours se perçoivent et une forme apparaît on ne dit pas qu' il ne faudra pas ajuster et rectifier, c'est loin d'être définitif, mais le nouveau projet est bien là.....

Il ne vous reste plus qu'à nous suivre !