Par SamL
Le "World Ducati Week" ou "WDW" est un évènement de portée mondiale regroupant des milliers de motards, tous fans de la marque italienne. Vive le rouge, le soleil et l'aventure ! Bonne lecture
Juillet 2016
10 jours
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Récemment propriétaire de deux Ducati, ma femme et moi, nous ne pouvions pas rater le fameux rassemblement mondial des Ducatistes: le WDW (World Ducati Week).

Elle est l’heureuse propriétaire d’une Ducati Monster 796. Ce qui la motive à passer son permis au plus vite. Et moi, je roule depuis peu avec une Ducati Multistrada 1200 S. Un vrai pur-sang italien ultra polyvalent ! Taillé pour le voyage. Ça tombe bien !

Le « WDW » est un évènement de portée mondiale. Le festival se déroule tous les deux ans à Misano sur le célèbre circuit. Cette année (2016) la marque fête ses 90 ans.

Ne faisant pas les choses à moitié, Iness (ma compagne) et moi, nous sommes inscrits au club Ducati Belge alias le « D.O.C Belgium » pour Desmo Owners Club. C’est une petite fratrie de passionnés qui organise de nombreuses sorties moto, circuit, et évènements en tout genre.

Le jour « J » arrive, on est le 28 juin, nous allons faire le voyage à trois. Iness et moi sur la Multi et mon meilleur ami, William, sur son Italienne à lui, une Aprilia Tuono 1000. La journée commence mal à cause d’une histoire de recommandé national qui n’arrive pas après plus d’une semaine… Merci la poste. Il contient pourtant nos places pour l’évènement. Après de nombreuses tentatives infructueuses pour récupérer ledit recommandé, il est temps de prendre une décision. Surtout qu’il est déjà 14h30, et qu’on avait initialement prévu de partir à 8h du matin !!!

Le Départ !

On démarre donc, on verra bien plus tard. Et on a encore 700km à faire pour arriver à notre première étape : Annecy.

C’est parti ! Le sourire me revient instantanément. Ca y est on est enfin sur la route, on s’évade loin de notre petit monde habituel qui est bien morose ces derniers temps. Direction le Luxembourg, puis c’est la France.

Nous avons décidé unanimement que nous n’emprunterions pas l’autoroute car le trajet fait partie intégrale des vacances à moto. C’est donc par les départementales et les plus petites routes encore que nous descendons plein Sud. Vers le soleil. Une fois arrivé du côté de Besançon, on rentre dans le vif du sujet. La route devient beaucoup plus technique avec des virages à n’en plus finir. On use enfin les bords de nos pneus. On y prend du plaisir, malgré les premières courbatures qui se font sentir. On arrive enfin, il est un peu plus de 22 heures, il fait nuit noire. Et les portes de l’hôtel sont….fermées.

Il y a une machine bizarre dans le porche d’entrée. Une sorte de borne automatique. Je pianote dessus et soudain en entrant mon nom dans un des programmes, la machine pousse un cri ! S’en suit une dégringolade dans des conduits métalliques et l’arrivée de notre gros trousseau de clefs tout en bas de l’appareil. Me voilà rassuré ! Un coma contrôlé (ou non) s’impose avec nos 8h30 de route dans les jambes, le dos et les fesses…

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Le réveil est réglé pour 8h15, mais Will et moi nous levons d’instinct à 7h30. L’appel de la route ?! C’est certain ! Nous partons vers 10 h après un petit déjeuner, une douche et un récapitulatif de l’itinéraire du jour. Nous longeons le superbe lac d’Annecy à l’eau turquoise. Il fait déjà plein soleil et plus de 30°. Il faut se contrôler pour ne pas s’arrêter et se jeter à l’eau tout habillé.

Direction Albertville, ensuite c’est le début des Alpes françaises ! Lacets, virolos, accélération, freinage sur la corde… On se laisse volontiers entraîner dans cette danse avec la montagne. On passe le Col du Cormet de Roselend à 1968 m d’altitude.

Col

La luminosité est exceptionnelle on en prend plein la vue. Le décor évolue sans cesse, les étendues sont énormes. Nous passons le long d’une chute d’eau extrêmement impressionnante, c’est la vraie nature belle et puissante. Nous dépassons Bourg-Saint-Maurice et nous retrouvons au Col du petit Saint Bernard culminant à 2188m d’altitude. Je vais illico me rafraîchir dans la neige éternelle où mon pantalon en cuir fait parfaitement office de luge. Passez le col, nous sommes en Italie ! Que d’émotions !

Les Alpes !

Il est temps pour nous de nous sustenter. C’est un sport que de mener en haut des montagnes ma Ducati, chargée de ma sublime passagère et de nos bagages. Et quoi de mieux pour cela qu’un restaurant dans les Alpes Italiennes à l’entrée duquel trône fièrement une pancarte « WELCOME BIKERS » ? Nous sommes effectivement reçus comme des rois, tout comme la bande de motards anglais qui nous y rejoint. La nourriture y est délicieuse, vive le riche art culinaire italien !

Les Alpes

Reprise de la route direction Aoste. À force de négocier les virages de toutes formes et de tout sens, on sent notre technique s’aiguiser. On est de plus en plus à l’aise et notre vitesse augmente en fonction. C’est grisant ! On passe « La Thuile », « Pré-Saint-Didier »,… Et nous retrouvons bientôt à Aoste.

Le temps d’un quart d’heures, nous nous arrêtons au « Café de la moto ». Trouvé par hasard. Il s’agit d’un bar, garage moto, restaurant, concessionnaire, vendeur d’équipement pour motard, artiste, et j’en passe. Un vrai « Temple de la moto ». Voici l’adresse : 43 Localita’Amerique, Quart, Aoste (11020) Italia.

"Café de la Moto" Aoste

J’en profite pour réserver un hôtel sur internet pour le soir. Ce sera à Parme ! Reste un bémol dont nous prenons conscience après réservation. Il reste plus de 350 KM à faire pour y arriver et il est 17h30. Mon GPS me dit qu’il faudra 5h30 de route pour y arriver. Néanmoins nous tenons bon et continuons à n’emprunter que les petites et moyennes routes. Nous nous refuserons, et ce jusqu’à la fin du voyage à prendre cette bande de goudrons rectiligne et sans intérêt qu’est l’autoroute. Finalement, nous arrivons à notre gargote de luxe vers 22h30 ! Nos corps courbaturés s’endorment bien vite dans des lits douillets.

Qu'il est bon de se reposer !
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Ce matin nous avalons un superbe petit déjeuner, nous nous empiffrons de fruits, céréales et viennoiseries en tout genre, histoire de prendre des forces. Une longue journée s’annonce (une de plus).

Objectif du jour : rejoindre Bologne et visiter le tout nouveau musée Ducati et la fameuse usine d’où provient mon destrier. Quel privilège nous avons ! Combien de motards peuvent se vanter d’avoir visité la maternité de leurs motos ?

L’usine ouvre exceptionnellement ses portes à l’occasion de la World Ducati Week. C’est vraiment une occasion à ne pas manquer. Nous ne sommes pas les seuls à en profiter, des centaines de Ducati se dorent la pilule au soleil sur le parking. Ce fut une magnifique visite, très intéressante. Seul bémol, William notre compagnon roulant en Aprilia a été prié de se garer dehors… Red Power !

Usine et Musé Ducati

C’est reparti direction Rimini où nous avons réservé notre logement Airbnb, soit environ 150km avalés en 2h30 sur les petites routes Italiennes.

Ca y est nous y sommes ! Demain le rassemblement mondial des Ducatistes ouvre ses portes. Il est temps pour nous de nous reposer de notre voyage. Iness, ma compagne, s’écroule littéralement sur le lit. William et moi ne résistons pas à l'envie d'aller faire un « petit » tour à moto, la nuit tombée, et la fraîcheur revenue. Dehors, nous n’en croyons pas nos yeux ! C’est un vrai débarquement de milliers de motards, les bars, les rues, la ville, tout est pris d’assaut. Rimini nous voilà ! Ca joue des poignées de gaz, ça fait des burn à même la rue ça chante, ça rit, la musique rock à fond. Bref c’est l’anarchie motarde dans cette ville balnéaire. Quelle ambiance ! Quel régal !

Ambiance dans les rues de Rimini !!!

Nous nous endormons rassasiés de fumée de caoutchouc et plein d’euphorie en pensant au lendemain.

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Nous sommes le 1er juillet, que la fête commence ! Direction Misano vers le circuit bien connu Marco Simoncelli. Arrivés au circuit, il y a une file devant nous d’au moins 300 motos et d’autres motards ne cessent d’arriver. Une fois à l’intérieur, le Rouge est omniprésent. Au programme : stands d’équipement moto, démos de stunt, concert en soirée, concours d’esthétique moto, bars, shops Ducati, séance de dédicace pilote moto GP, et j’en passe.

World Ducati Week

C’est le but de notre voyage. Nous en attendions beaucoup, peut-être trop. L’organisation est totalement dépassée par le nombre de participants, plus de 81.000 !!! Ce qui entraîne de nombreux changements de programme et des retards en tout genre. Nous avons vite fait le tour et la chaleur et la densité de personnes ne nous encourage pas à rester très longtemps. Nous décidons de profiter de l’Italie et de revenir en soirée pour la grande parade.

Revenu au circuit c’est la pagaille totale, je n’ai jamais vu autant de moto, c’est très impressionnant. Mais les organisateurs sont toujours dans le chou. Ils essayent de diviser en trois parties la grande parade qui est censée faire le tour du circuit et passer en ville ! La police qui escorte le tout est elle aussi en sous effectifs. Tout le monde semble avoir été surpris par le nombre de participants. Du coup ils ferment le circuit et lancent le premier groupe. Les esprits s’échauffent, mais l’ambiance reste bonne entre les motards. Sur la route c’est le chaos, imaginez des dizaines de milliers de motards lâchés dans les rues, escortés par une dizaine de Carabiniers… Moi je m’amuse beaucoup. On se croirait dans MadMax !

La parade nous amène à AquaFan à Riccione qui est en fait un gigantesque parc aquatique loué par Ducati pour faire la fête toute la nuit au son des années 80 – 90 . C’est la « Scrambler Party », Fiesta garantie !

Scrambler Party !!!
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Le lendemain, nous décidons de ne pas retourner au circuit. Nous allons visiter San Marino. On ne pouvait pas manquer cela. La République de Saint-Marin a une superficie de 61 km2 ce qui en fait le 3e plus petit Etat d’Europe, après le Vatican et Monaco.

Une fois arrivés on ne peut manquer le panneau sur lequel est inscrit leur devise « Libertas ». Ça promet ! C’est en fait une ville fortifiée construite sur une montagne (le Mont Titano) à l’époque Romaine. Le panorama y est grandiose. Une fois les motos garées, on flâne volontiers dans les ruelles pentues de la citées et on se laisse aller à siroter un café glacé sur la Piazza Libertà. Pendant notre dégustation, nous avons l’honneur d’assister à trois mariages, l’hôtel de ville étant au bout de la place. Quel cadre merveilleux.

San Marino

Nous prenons le temps de retourner vers Rimini en passant par les petites routes de campagne. Le soir tombe doucement, il fait doux, le soleil se couche colorant le ciel de nuances jamais vues. C’est un vrai régal !

Nous ferons la fête presque toute la nuit, tombant par hasard dans la période des nuits roses. Apparemment très connue en Italie, c’est la plus grande et la plus passionnante fête de l’été. Comparable à un Nouvel An. C’est littéralement la fête partout. La musique ne s’arrêtera qu’au petit matin.

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Le 3 juillet est le dernier jour du WDW. Aucun de nous ne ressent l’envie d’aller jusqu’à Misano. Nous profiterons de cette journée pour nous détendre sur la plage et nous remettre de la veille. Mais le soir nous ne pouvons nous empêcher de sortir dans cette ville oh combien festive !

Les motos peuvent se reposer
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Le jour suivant, nous profitons de notre dernier jour avant de reprendre la route. Nous ne faisons donc pas la java la soirée venue et allons nous coucher tôt pour changer. Pour le retour, nous passons par Ferrar, et nous dirigeons droit vers le Lac de Garde. Une vraie beauté naturelle. Je ne peux résister et me jette dans le lac !

Lago di Garda

Une fois rafraîchis, par l'eau et par la glace, nous continuons plein nord vers les Alpes. C'est magnifique de longer ce lac, l'ambiance y est très agréable, il y règne un mélange de zénitude et de luxe.

Une fois arrivés, au pied des montagnes italiennes un orage s'annonce. Nous nous arrêtons pour mettre nos tenues de pluie pour la première fois depuis le début du voyage. Mais malgré nos combinaisons "étanches" et le fait que nous n'étions qu'à 60 minutes de notre hôtel, nous arrivons trempés. Heureusement, l’hôtel Monte Bondone a un très grand parking au sous-sol, parfait pour nos machines. Et on s'en apercevra le lendemain au petit déjeuner , une vue superbe sur la montagne, parfait pour nous !

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Nous roulons toute la journée dans les montagnes, c’est juste génial, malgré la panne de mon GPS ayant pris l’eau lors de l'orage d'hier soir. Du coup, nous nous repérons grâce à la bonne vieille carte. Notre but du jour est Bormio et la route pour s’y rendre est l’une des plus belles que j’ai faite.

Wawww !!!

Une fois arrivé nous sommes agréablement surpris, la ville est magnifique. Je ne peux me retenir de faire une sortie photo la nuit tombée. L’hôtel que nous avons réservé -Le Baita Clementi- nous fait un très bon accueil et nous pouvons garer nos montures bien en sécurité dans le garage.

Magnifique Bormio
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C'est le 7 juillet, nous nous dirigeons vers la fameuse « Passo Dello Stelvio », un grand moment. J’en avais tellement entendu parler. Et bien c’est à la hauteur de sa renommée !


Mythique Passo Dello Stelvio

Malheureusement en redescendant vers le Stelvio, un motard qui le montait perd le contrôle de sa GS et fonce droit sur moi. Je ne peux que limiter les dégâts et les deux motos se râpent le côté, arrachant le repose-pied de ma passagère et ma valise. Résultat : une triple fracture du pied, et le coupable qui ne s’arrête même pas. Ceci sonne la fin de nos vacances. Heureusement que j’avais eu l’idée géniale de souscrire à Europe assistance. Encore merci à leur professionnalisme. Je ne peux que les recommander.


Ce fut un voyage riche en émotions et nous en garderons de très beaux souvenirs, même Iness, malgré son pied cassé. J’ai particulièrement aimé les deux passages –aller et retour- dans les Alpes, San Marino et le Lac de Garde. Ainsi que l’ambiance déjantée grâce aux motards dans Rimini.


Samuel Lameir

Avec l'aide d'Inessa ma compagne et de William Hanssens mon ami