Par SamL
Moi, c’est Sam et avec William, mon meilleur pote, on a décidé de partir à l’Aventure en Tchéquie. Tous deux sur nos montures d’acier...
Avril 2015
5 jours
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Moi, c’est Sam et avec William, mon meilleur pote, on a décidé de partir à l’Aventure en Tchéquie. Tous deux sur nos montures d’acier : pour lui une Aprilia Tuono 1000. Et pour moi une Triumph Speed Triple 1050. Pourquoi la République Tchèque en Avril ? Par ce que l’été c’est trop facile ! ;-)

02 Avril 2015, 05h30 Réveil ! On se réuni la veille du départ pour un bon repas préparé par ma chère moitié Inessa. Ben oui, un mec ça ne sait pas cuisiner c’est bien connu, alors on en profite. En suit une courte mais paisible nuit.

Le jour « J » donc ! Nous n’avons pas dormi beaucoup (moins de 5 heures). Mais malgré ça, je suis en forme. C’est dû à l’excitation qui me gagne face à cette nouvelle aventure qui démarre. Premier bémol et pas des moindres : alors qu’hier il faisait doux et sec, maintenant il pleut des cordes et il doit faire 12 degrés ! Le trajet, en théorie, est assez simple, tout d’abord il nous faut quitter la Belgique via Bruxelles - Liège – Eupen, ensuite traverser toute l’Allemagne d’Ouest en Est, et enfin il nous restera une heure de route jusqu’à notre pied à terre. Une broutille en somme…

On s’élance, il est 6 heures 40. Premier arrêt à une pompe pour mettre la bonne pression de pneu, tant que ceux si sont encore froids. Je roule en tête, la pluie ne nous lâche pas, et pourtant sur le ring de Bruxelles je dois rouler visière ouverte, car la buée m’empêche de discerner la route. Les camions nous arrosent copieusement. Â hauteur de Waremme - soit environ cinquante kilomètres après notre point de départ -, je suis trempé jusqu’au slip ! Je nage dans mes chaussures, pourtant Goretex… Reste 666km…


La pluie la grêle et la neige vont nous accompagner tout le trajet entrecoupé d’éclaircies vraiment régénératrices. Le soleil fait vraiment du bien moralement et physiquement. On n’accorde pas assez d’importance au pouvoir des Astres. Sur la route, nous avons eu droit à une pléthore d’évènements, dont trois carambolages, une quinzaine de zones en travaux et de jolies voitures roulant à plus de 200 km/h… (vive l’Allemagne et ses autoroutes). Un peu après Francfort, alors que nous remontions des files de voitures, bizarrement tous les véhicules se sont écartés très largement ! De quoi se prendre pour Noé écartant les flots ! Nous avons compris plusieurs centaines de mètres plus loin. Quand nous avons entendu les sirènes derrière nous et vu les véhicules de secours nous rattraper à toute vitesse. Il y avait enfaite un accident impliquant de cinq véhicules (sans blessés graves). Tout à l’Est de l’Allemagne, alors que nous faisions une halte bien méritée, on a rencontré une pompiste « très » sympathique qui ne parlait pourtant pas un mot d’anglais. Cela ne l’empêchait pas d’être aux petits soins pour nous (café, sourire et toute son attention). Ça devait être dû à nos têtes et à notre petite hypothermie... Petite précision pour ma femme, elle n’était vraiment pas belle du tout cette pompiste allemande.

On souffre mais on aime ça !!!

Avant de commencer notre aventure, Will et moi, on s’est dit qu’on allait voyager à la carte. Mais vu les conditions climatiques, nous avons finalement tout fait au GPS. Mal nous en a pris, ce robot nous a fait faire des détours inutiles et parfois même grotesques. Cela s’explique par de nouvelles autoroutes entre l’Allemagne et la République Tchèque, non mises à jour sur notre GPS. Et surement dû aussi à un mauvais réglage… Toutefois, on doit bien lui reconnaître qu’il nous a menés à bon port. Mais en 12 heures au lieu des 7 heures 30 prévues. Après tout c’est le voyage qui compte !

Passer la frontière tchèque ma procuré un sentiment profond d’apaisement et de « retour à la maison ». Peut-être est-ce ce mélange de montagnes et de grandes étendues, ou le commencement d’un nouveau monde méconnu (ancien pays de l’Est), ou encore l’approche de notre nid douillet. Sûrement un peu de tout cela, sans aucun doute !

La neige est bien là !

Nous y voilà ! Karlovy Vary (notre but du jour), dans la pénombre et sous de fortes chutes de neige. L’arrivé est magistrale. Karlovy Vary ou Karlsbad en anglais qui signifie le bain du roi (nommé ainsi par Charles IV) est une magnifique ville thermale très prisé de la noblesse. Notre dernier défi du jour est que notre appart (prêté par un ami) se trouve dans une rue en pente à 15%. Qui plus est en pavés défoncés, le tout recouvert de neige. Ce qui nous a forcés à faire les derniers mètres aussi lentement que possible. Belle ironie de Dame Nature quand on sait que nous voulions arriver au plus vite pour pouvoir nous sécher et nous réchauffer.

La douche à l’eau thermale est salvatrice. Et le bon resto qui la suit l’est tout autant ! Un vrai régal cette cuisine du pays. Assez grasse, mais riche en goût. Parfait lorsque l’on est affamé ! Une fois de retour à l’appart, je m’écroule de fatigue. Que les nuits sont douces quand on est exténué !

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03 avril 2015, Réveil à 9h30 pour bien récupérer de la veille. Et direction le centre-ville pour le petit déjeuner. Le hasard veut que nous trouvions une pâtisserie ou plutôt une « délicieuse pâtisserie tchèque » « chez OVO ». C’est vraiment surprenant pour qui aime le sucré. Ici pas de colorant ni conservateur. De la crème, du sucre et des fruits bien mûrs, que demander de plus ? En sortant de notre appartement pour s’y rendre William s’arrête net ! Je ne comprends pas tout de suite pourquoi… Ah oui ! La vue est magnifique, nous sommes subjugués par la beauté de l’endroit. Et dire qu’hier matin nous étions encore à Bruxelles.

Ensuite on entreprend une visite de la ville à pied. Le style Austro Hongrois ne laisse pas indifférent. Ce sont de grands bâtiments en pierre, extrêmement solide, et pourtant magnifiquement travaillés sur les façades. Ils me donnent une impression d’indestructibilité. On passe au marché, qui a lieu ici tous les matins. Les légumes ne sont vraiment pas chères, et très savoureux. Impossible de visiter la ville sans goûter les différentes sources d’eau chaude de Karlsbad (plus d’une douzaine). D’après la légende locale, chacune d’elles soigneraient un mal différent. La plus chaude peux monter jusqu’à 75° ! Pas étonnant que la rivière « Teplà » qui traverse la ville soie une rivière d’eau chaude ! Ce qui l’a fait fumer avec la fraicheur du jour. Et nous arrivons au fameux Grand Hôtel Pupp. Où ont été tournées des scènes de grands films comme : The Philanthropist, La Môme, Casino Royale, Vacances sur ordonnance, et bien d’autres. Il faut dire qu’il mérite bien ces 5 étoiles.

Passage obligé au musée Becherovka, une vraie institution ici. La Becherovka est une boisson alcoolisée obtenue par la macération à chaud d'une vingtaine d'herbes tenues secrètes venant d’Argentine, d’Afrique du Sud, de Pologne, de Hongrie… Quand même 38 degrés d’alcool et un goût de plante et d’herbe. Il se boit froid. C’est très agréable. On en repartira le sac rempli de bouteilles (de l’original et de ses variantes, au citron, sucré,…). En soirée, Will et moi nous nous autorisons un petit verre dans un ancien garage transformé en bar lounge. Tout ce qu’on aime ! Je prends le fameux Cocktail « BETON », le Gin Tonic Tchèque. Mélange de BEcherovak et TONic. Je suis conquis, c’est une vraie révélation. Décidément j’aime ce pays!

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04 Avril 2015, Levé plus tôt, à 8heures pour profiter un maximum de la journée. Aujourd’hui on roule ! The Crazy Day ! Tout commence lors du démarrage de nos motos. Ayant eu quelques problèmes de batterie auparavant en Belgique et avec le froid qui règne, je ne faisais pas le fière en appuyant sur le starter… C’est bien connu, les batteries détestent le froid. Et pourtant ! Ohhh miracle, elle démarre au quart de tour. Génial ! À ma grande surprise, c’est celle de William qui reste inanimée. Mais heureusement notre rue est en pente à 15%. Après une séance de gymnastique improvisé et en jouant avec l’embrayage et la 2e vitesse, rien ne se passe ! De la buée apparaît alors sur les lunettes de mon compagnon, les doutes l’envahissent, c’est évident il est énervé. J’ai beau les pousser, lui et sa moto, mais rien n’y fait. La belle nous montre les souffrances de son dernier périple. Mais dans tout problème réside une solution ! Et William (pas mécano pour rien) démonte ma batterie pour faire contact avec la sienne. C’est le shoot d’énergie qui lui manquait, elle respire enfin. Et les voisins s’éveillent… Nous pouvons enfin démarrer, sourire aux lèvres.


Il fait beau et sec ! J’ai une carte routière de la région sur mon réservoir et je me laisse porter par l’envie. La route défile, les courbes sont splendides et l’asphalte de bonne qualité. Soudain le témoin de réserve de carburant me rappelle que ma moto a, elle aussi, besoin de s’hydrater. Nous traversons quelques petits villages, ou la route est très accidentée, mais toujours pas de pompe à essence en vue. Après une quinzaine de minutes, j’aperçois enfin une pompe. Et me jette littéralement dessus (en passant par un sens unique…). Ce qui ne manque pas d’intriguer les deux policiers installés de l’autre côté pour contrôler les véhicules. Ils se dirigent droit sur nous, d’un pas résolu ! Et nous demandent si nous avons vu le panneau « sens interdit ». Je feins la surprise et sort mon plus beau sourire tout en m’excusant dans plusieurs langues. Les voyants intéressés, par nos motos je leur propose de poser à côté d’elles pour une photo souvenir. L’un d’eux est souriant et sympa, l’autre hésite encore à nous mettre le PV. Mais finalement, ils acceptent la photo. Oufff ! Après ça, hors de question de nous mettre une quelconque amende. Nous faisons le plein et repartons de plus belle. Nous avons même droit à des au revoir chaleureux de la part des deux agents.


Nos nouveaux amis...

S’en suit une belle découverte de petits villages, de nature et de personnes. Les personnes que nous croisons sont très intéressées par nos motos. Surtout les jeunes. Ils nous font de grands signes.

Nous nous dirigeons vers Chodova Plana pour un resto vraiment pas comme les autres. En effet, le restaurant se situe dans… une authentique grotte !

Enfin je pensais nous diriger vers Chodova. Enfaite nous allions vers Chodov. Et oui à une lettre près on peut se tromper de 15 km… Après un détour donc, on mange dans cet endroit hors du commun. Le nom de cette brasserie est le Vé Skalé, ils fabriquent également leur bière, la Chodovar, dans des cuves dont une est numéroté 46 comme il se doit ! La cuisine du terroir y est délicieuse, d’ailleurs je vous conseille de réserver pour ne pas devoir attendre un long moment qu’une table se libère.

Restaurant Vé Skalé Chodovar

Nous repartons repus à l’attaque des magnifiques routes tchèques, parfois piégeuses. La neige est encore bien présente sur les hauteurs, les travaux ne sont prévenus qu’au dernier mètre et les animaux sauvages peuvent traverser à tout moment sur les routes de forêt. Nous pouvons ainsi admirer une belle biche traversant la route sans se presser, malgré le son tonitruant de nos échappements. Pourquoi se presserait-elle ? Elle est chez elle après tout !

Si vous avez toujours rêvé d’être une star, que les gens vous adulent, qu’ils vous fassent signe, qu’ils tournent la poussette de leurs bébés pour qu’ils puissent eux aussi vous admirer ou même que certains se jettent carrément sur la route à votre passage pour être sûrs de capter votre attention ? Alors, venez rouler en avril en République tchèque ! C’est en traversant la ville de Pilzen qu’on se rend compte de notre succès. Nous allons vers le centre de la ville et tombons sur la grande place. Avec une très belle église au milieu. Il y a même un concert et un marché de Noël. C’est noir de monde. Nous faisons sensation ici. Après quelques photos avec nos Fans et une dégustation des produits de fête, nous reprenons notre chemin.

A un carrefour j’aperçois un panneau directionnel indiquant un aérodrome. Moi qui adore l’aviation, je fonce dans le petit chemin indiqué. Après quelques kilomètres et sans autre preuve d’existence du dit aérodrome, je commence à douter de la véracité du panneau. Mais au milieu de nulle part William repère une manche à air flotté dans le vent. Bingo ! Nous garons nos motos entre une voiture et un planeur.

Dans un hangar, j’aperçois deux personnes en train de manœuvrer un avion avec difficulté. On leur propose notre aide de suite. Et ils en sont ravis !

Bientôt toute la petite communauté de l’aérodrome vient à notre rencontre intrigué aussi bien par nous que par nos motos. Ils nous invitent dans la tour de contrôle et nous offre de la bière locale. Il faut savoir que dans ce pays la police applique la tolérance 0 pour l’alcool au volant. Bien sûr on ne peut refuser sans froisser nos hôtes, nous acceptons donc. L’ambiance est de plus en plus bonne enfant. Nous parlons motos, avions et choses à visiter dans la région. Le tout avec notre plus bel anglais. Tout le monde est très enthousiaste au point qu’ils nous proposent de dormir sur place. Dans le but de pouvoir boire plus de bière et goûter leur alcool maison. En plus ce soir ils ont prévu de manger de la gastronomie française : des escargots ! Il se trouve que je n’aime pas du tout. Nous sommes obligés de leur promettre de revenir et de rester plus longtemps la prochaine fois pour pouvoir boire à leurs pompes à bière et faire la fête dans leur mini discothèque. Ce fut un grand moments chaleureux comme on les aiment.

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05 Avril 2015, Snow and Ice Day ! Aujourd’hui les deux motos démarrent du premier coup. Il fait plein soleil, quelle chance nous avons ! Le trajet aller valait bien toutes ses peines. Tout s’annonce bien dans le meilleur des mondes. On décide de partir vers Loket. C’est une ville fortifiée très impressionnante avec un château de style gothique qui la domine et des murailles qui l’entourent. Le tout protégé par un fleuve. Le château fut fondé sous le règne du roi tchèque Vladislav 1er à la fin du XIIe siècle. La route est magnifique, pleine de virages, tous différents. C’est un vrai plaisir, j’ai l’impression de voler. I fly ! Yes I fly !

Château de Loket

Après Loket, direction plein nord, vers les montagnes. On passe à côté d’une carrière à ciel ouvert ÉNORME ! Une machine haute comme un immeuble creuse la terre. C’est très impressionnant, des camions géants chargent le tout. Un vrai spectacle.

Début des montagnes
Début des Montagnes

On prend les petites routes de montagne, c’est sportif. Les virages s’enchaînent à un rythme effréné.

Nous sommes en pleine concentration, en symbiose avec le bitume. Anticipant ses défauts, ses courbes, son accroche… Plus nous montons plus la température descend, et de la neige apparaît dans le décor. Arrivés sur une route totalement enneigée, nous ne prenons pas de risques et faisons demi-tour. Il ne reste qu’une possibilité pour ne pas retourner sur nos pas et elle semble être exempte de neige… Nous nous y engageons, confiant !

Nous passons par Kraslice, la route doit nous faire traverser la frontière allemande quelques kilomètres plus loin et aussitôt doit se transforme en nationale. Mais déjà après quelques centaines de mètres, un peu de neige remonte vers le centre de la chaussée… Je me dis que c’est passager. Il devrait encore y avoir un village tchèque quelques kilomètres plus loin et puis les belles routes. Mais l’état de la route s’empire, glace et neige la recouvre complètement maintenant. Sur les côtés il y a bien quarante centimètre de poudreuse.

Ca glisse !

On roule avec les pieds au sol de part et d’autre de la moto pour garder l’équilibre. Soudain, je ne vois plus William dans mon rétro! Je m’arrête, descends de ma machine et retourne sur mes pas. Il est dans le dernier virage en train de se battre contre la glace, il dérape en tous sens... Cette partie de l’itinéraire aurait bien mérité des pneus cloutés. Je m’approche et explose de rire. Il semble totalement épuisé. Son visage est rouge vif. On commence tous les deux à fatiguer.

Après une petite pause dans la neige, nous repartons. Vivement que ça se finisse. Nous arrivons enfin en vue du fameux dernier village avant la frontière et la route se dégage. Quel soulagement ! J’en profite pour faire une photo de ma monture avec un sympathique skieur allemand, joli la pose Monsieur!

Le fameux "Skieur Allemand"

Will continue sans se retourner, sûrement encore énervé… Surprise ! Il revient quelques minutes plus tard alors que j’allais redémarrer. Je me dis qu’il a dû s’inquiéter pour moi… Pas du tout. Son visage et surtout ses yeux n’expriment rien ! Il semble insensible à tout ce qui l’entoure. Et se contente de faire « non » de la tête. Je ne comprends pas… C’est alors qu’il me dit, laconique et sans émotion, que la route s’arrête. Je veux illico en avoir le cœur net, ne pouvant y croire ou plutôt ne voulant y croire. Je constate, quelque peu incrédule, qu’effectivement la route s’arrête net face à un mur de neige. Ce village est enfaite une station de ski et la route se transforme en une piste, paradis des skieurs Allemands et Tchèques, pas Belges ! Sans trop parler, nous retournons sur nos pas. Et quittons enfin cette route, laissant derrière nous la neige et la glace ! Content d’avoir surmonté cette épreuve. Marqué tous les deux : William a un retro en moins et un décrochage de réserve d’huile suite à une petite glissade et moi mal au genou suite à une non-glissade.

À présent nos estomacs crient famine, après tant de temps passé en montagne et tant d’efforts déployés. Mais la priorité est d’abord le matériel avant l’humain (enseignement militaire). On s’arrête donc pour réparer, ou plutôt remettre en place le rétroviseur et le petit réservoir d’huile d’embrayage de la Tuono à l’aide de Scotch ! Qu’est-ce qu’on ferait sans ce bon vieux tape ? Cette réparation efficace tiendra jusqu’à la fin de notre voyage.

Nous voilà en quête d’un restaurant sympa. Après de nombreux kilomètres de recherche infructueuse dans les petits villages où la vie semble difficile, je décide d’aller droit sur la plus proche grosse ville indiquée sur la carte, c’est Ostrov ! Je me dis qu’à coup sûr on y trouvera ce que l’on cherche. Mais une fois arrivé sur place, nous constatons qu’il s’agit en fait d’une gigantesque ville dortoir ! Il y a des immeubles à perte de vue, on s’y perd parallèlement et perpendiculairement dans un dédale où tout se ressemble. Le hasard veut qu’au détour d’un des multiples carrefours, nous tombons face à un resto. Il y a même une moto (sorte de Harley Cheap) garée devant. Quel bon présage !

Mais dès que nous entrons c’est la douche froide. Un lourd silence s’installe. Tous les clients – une dizaine de personnes – se retournent pour nous observer. Je demande- en anglais - s’il est toujours possible de manger (vu l’heure tardive). Sachant bien qu’en Tchéquie on vous sert à toutes heures de la journée, jusque tard le soir, contrairement à la Belgique. Mais ma question met la patronne hors d’elle, elle s’énerve et fait de grands gestes désapprobateurs. Bref elle râle ouvertement. Nous n’en revenons pas ! Ici le client, a priori étranger n’est pas le bienvenu. J’enchaîne alors avec mon plus beau russe (seule langue slave que je baragouine). Mais loin de la calmer, cela l’énerve encore plus.

Alors qu’on se retourne pour s’en aller, le ventre aussi vide qu’en entrant, une serveuse intervient avec le peu d’Anglais qu’elle connaît : « Hello, yes ! ». Et nous installe à une table. Toutes les têtes suivent notre déplacement dans le fond du restaurant. Nous nous mettons près de la fenêtre pour garder un œil sur les motos. On commande au hasard en montrant du doigt, et la serveuse est presque sympathique. Toutefois j’ai un peu d’appréhension (vu la situation) et je m’attends à tout… Étonnamment, le plat qu’on nous sert ce révèle être vraiment succulent. Nous avons droit à une sorte d’omelette améliorée agrémentée de pommes de terre sautées et de légumes. Nous voilà enfin rassasié, direction Karlovy Vary (notre nid) par les petites routes. Une fois arrivé nous trouvons encore la force de nettoyer (grossièrement) nos machines. Et quand vient mon tour de prendre la douche, il n’y a plus d’eau chaude ! Du coup je vais me réchauffe avec, devinez quoi…. un verre de Becherovka, bien sûr !

Passagers surprise !
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06 Avril 2015, ça y est c’est fini ! Il nous faut « déjà » prendre le chemin du retour. Ayant eu une mauvaise expérience avec le GPS à l’aller, et le climat étant plus agréable (The Sun is Shining), je décide de faire le chemin retour avec pour seul aide la carte routière. La tactique est payante ! Au lieu de douze heures à l’aller, nous en mettons huit heures au retour. Et en plus nous restons secs jusqu’au bout. C’est fabuleux ! La moto est bien plus qu’un véhicule ! On s’y sent libre, on est certes à la merci des éléments naturel, mais c’est justement ce qui nous rapproche de la nature. C’est l’occasion de rencontrer plus facilement les gens et de voir la vie sous un autre angle. Enfin après chaque voyage on se sent grandit !

Samuel Lameir

Avec le soutien de mon ami et équipier William Hansens

Photos : Samuel Lameir