Nous voici arrivés à Pokhara, seconde ville du pays avec ses 300 000 habitants. Capitale du parapente, elle est aussi très connue pour ses nombreux départs de treks. La vie dans le quartier du lac est plus douce qu'à Kathmandu malgré son nombre considérable d'hôtels, de magasins et de restaurants, tout y est conçu pour les touristes et on en trouve pour tous les goûts!
Pokhara est une ville de montagne, érigée au bord du lac Phewa qui, là encore, donne du travail aux locaux. De la simple pirogue aux catamarans, le touriste peu se balader sur l'eau seul ou avec un guide. Il est ainsi possible d'accéder à un temple situé au milieu du lac, voir même pour les plus courageux, de traverser le lac et rejoindre après une balade de 45 minutes la stuppa world peace pagoda qui offre une superbe vue sur tout Pokhara (si vous êtes chanceux, car nous avons eu une bonne couche brumeuse...).
Pour la petite histoire les locaux s'amusent à raconter une légende autour de ce lac...ils disent que les dieux ont engloutis sous les eaux, un village tout entier, car il était constitué de villageois tous plus égoïstes les uns que les autres! Les scientifiques eux pensent plus qu'un énorme tremblement de terre à transporté un gros bloc de glace formant alors à sa fonte le lac Phewa.
Bon et ce trek alors nous direz-vous ???
Et oui mais par ou commencer! Si nous vous écrivons à ce jour c'est que nous sommes encore en vie, ça c'est la BONNE Nouvelle!
La mauvaise ou disons la moins bonne, c'est que pour un premier trek, il ne fut pas des plus simple.
Pour vous planter le décor et l'ambiance avant notre depart, le trek d'Annapurna base camp s'est fermé juste avant notre départ car c'est une zone à avalanches et 7 personnes y ont été ensevelies le 17 janvier 2020...
Il y avait bien le trek de Muldaï qui nous faisait de l'oeil mais les locaux nous l'ont déconseillé au vu de la neige descendant assez bas...
Nous nous sommes donc rabattus, un peu par défaut dans le trek de Poon Hill, "ça c'est le trek coca cola, même les personnes âgées peuvent le faire" nous a rit au nez un guide!
Mais passons, nous louons notre équipement, préparons nos sacs (12kg pour coco, 7kg pour Marion) et nous réservons l'hôtel (petit plaisir à 20€ la nuit) pour le retour.
Lundi 20/01
6h : le réveil sonne, nous avons peu dormi, un peu stressés pour cette première
8h : le taxi nous dépose au bus qui nous amènera au point de départ : Dhampus Phedi (950m). Petit déj (oeuf dur et samossas) en attendant le départ.
9h : nous voici au pied d'un mur, un escalier en pente raide au milieu de nulle part. Galère 1 : un des bâtons de coco ne se déplie pas. Après 15min et l'aide d'un éleveur de poulet local et de ses outils, on parvient à sortir la partie rétractable, à la détordre et à la refixer. Marion en a profité pour acheter des souvenirs à une vendeuse sortie de nulle part (en même temps on y était, nulle part...)
9h30 : Première pause, on a monté 50 marches, il faut enlever le manteau et le pull.
9h35 : Marion s'aperçoit qu'elle a perdu un des oeillets permettant au bâton de rando de ne pas s'enfoncer dans la neige.
10h : Nouvelle pause, on boit, on enlève une couche. Oeillets de bâtons chez Marion : 0/2 . Félicitations au vendeur pour son montage qui était sensé tenir 5 jours.
10h30 : nous sommes arrivés en haut de l'escalier et nous traversons un hameau de paysans. Nous découvrons déjà une vue splendide sur les montagnes.
12h06 : Je pense à Catherine. On s'arrête manger sur une terrasse avec vue panoramique en plein air.
13h : nous repartons, nous avons discuté avec une New-Yorkaise qui nous explique que les New-Yorkais ne trekkent pas. On lui souhaite bon courage à elle qui marche seule.
15h : Après avoir laissé derrière nous un village, nous sommes rattrapés en courrant par un habitant qui nous explique que nous faisons fausse route. Merci à lui. Nouvelle règle d'or : toujours traverser les villages.
16h : nous arrivons à Landruk, passons à côté de l'école et sommes accompagnés par des écolières qui rentrent chez elles, 45minutes de marche plus loin. Nous dormons chez la grand mère de l'une d'elles qui tient un "lodge" la nourriture est chère (3 fois le prix normal, le cheminement des marchandises est compliqué là haut), la chambre beaucoup moins.
Mardi 21/01 :
9h : Après une fraîche nuit durant laquelle Marion aura peu dormi (insomnie), nous reprenons la route direction Gandruk puis Tadapani. Gandruk se situe à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau de Landruk. Il suffit de descendre au fond de la vallée et de remonter sur la montagne d'en face.
12h : nous arrivons à Gandruk.
Le mur d'escaliers à descendre puis à remonter nous aura bien ouvert l'appétit. Pendant ces 3h de marche, nous aurons croisé des chèvres, des vaches et des poules. Peu de randonneurs. L'élevage est pour les Gorkhas vivant au pied des Annapurna la deuxième ressource après le tourisme.
13h - 17h : en 4h nous gravissons 800m de dénivelé au milieu de la jungle. Nous croisons quelques randonneurs qui redescendent. La température chute et nous commençons à voir de la neige apparaître sur notre chemin. Nous arrivons à Tadapani, 2500m, et découvrons que de là partent deux routes : une vers Poon Hill (le trek accessible à tous, facile) et l'autre vers Dobato, camp de base avant d'accéder à Mulde hill, recommandé par 3 guides différents qui nous expliquaient ne pas comprendre l'intérêt de Poon Hill après avoir vu Mulde Hill nous changeons au dernier moment de trajet-> départ pour Mulde Hill
Mercredi 22/01 :
6h : le réveil sonne, nous sortons voir le lever du soleil sur Annapurna South, 7200m.
Marion a peu dormi encore une fois, impossible pour elle de s'endormir, on soupçonne un mal des montagnes. En plus, le froid commence vraiment à se faire ressentir.
8h : Après un bon petit déj, nous partons en direction de Dobato, personne sur la route, nous traversons des forêts enneigées et des flancs de montagnes dégagés offrant des points de vue splendides sur les hauts sommets.
10h : nous sommes rattrapés par le gérant du lodge de Dobato. Il n'y a donc personne là haut pour l'instant.
11h : arrivée à Meshar, le lodge est fermé, 1m50 de neige entoure le bâtiment.
Nous marchons dans 30cm de neige en permanence.
12h : arrivée à Isharu, nous pouvons manger, mettre nos chaussettes à sécher et nous réchauffer.
14h arrivée à Dobato, le propriétaire nous a devancé et a tout juste eu le temps d'allumer le poêle à bois.
Nous sommes à 3400m d'altitude, entourés de neige montant jusqu'à nos hanches.
Nous sommes rejoints par 2 guides qui viennent ouvrir le tracé d'un chemin vers Kopra pour un groupe de 30 personnes arrivant dans deux jours.
Nous nous installons au chaud pour la fin d'après midi. Pendant que nos affaires sèchent, nous découvrons le livre Annapurna, premier 8000 de Maurice Herzog, premier homme au monde à gravir un sommet de plus de 8000m en 1950, le Français raconte son expédition avec son équipe des alpinistes de Chambéry (il ne sera dépassé qu'en 1953 lors de la première ascension de l'Everest).
Pour demain, nous avons le choix de suivre la trace des guides, ou de revenir sur nos pas et de rattraper le chemin de Poon Hill.
Nous allons nous coucher, nous déciderons demain.
Jeudi 23/01 :
6h: le réveil sonne, nous sortons regarder le lever du soleil sur Annapurna South, le mur se trouve face à nous, seule une vallée nous sépare et nous voyons même la crête qui permet d'arriver à sa base.
8h : Toujours après le même petit déj, nous quittons le lodge, remercions chaleureusement notre hôte et son assistant (esclave). Nous tentons de monter à Muldaï mais la neige est trop épaisse. Impossible de gravir les 200m restants avec notre équipement.
9h30 : Après être partis sur les traces des guides et avec la frustration d'avoir fait tout ça pour "rien", nous les rattrapons (ou plutôt en nous voyant derrière eux, ils nous ont attendus).
Nous passons sur la crête que nous voyions depuis le lodge et découvrons la chaîne des Dhaulaghiris qui nous fait face. La vue panoramique est immense, nous voyons d'un côté les Annapurnas, de l'autre les Dhaulaghiris, le lodge est tout petit, accroché sur le flanc de montagne avec son toit bleu. Nous appercevons même Gorephani et Poon Hill au loin, si loin d'Annapurna South. Nous prenons quelques photos et repartons, en espérant attaquer la descente.
12h30 : Après 3h de marche silencieuse à travers la neige, mini-avalanches gelées et les flancs de montagne d'à peine 1m de large, nous sommes toujours au dessus de 3000m. On n'en voit pas le bout, Corentin pense à Herzog qui a perdu ses mains à cause du froid mais qui vécu jusqu'à 93ans (2012), penser à ces hommes qui avaient un courage et une détermination sans faille (presque à en mourir...) donne un peu de leur courage. Marion, elle, a faim, a froid, manque de sommeil et n'a plus beaucoup de force dans les jambes. L'envie de tout plaquer et de s'arrêter là est forte mais ce n'est pas une option envisageable. Il FAUT marcher.
14h : nous sommes enfin descendus sous 2500m et la neige a disparu. On peut se dévêtir, marcher plus facilement et plus vite (les guides sont presque au pas de course).
Nous découvrons de magnifiques prairies, chaleureuses, des abris en pierres y sont installés et la vue sur la crête d'où nous sommes partis nous comble de joie. On a réussi à descendre !
16h : Après 7h de marche nous arrivons enfin au dernier lodge du parcours. Un bon Dahl baht (équivalents du thali indien) et nous allons profiter du soleil qui baigne le gazon, du Wi-Fi (dont nous étions coupés depuis 3 jours) et d'une douche chaude.
Enfin, on n'a pu le faire qu'après la casse du cadenas qui fermait le lodge. Le propriétaire ayant perdu la clé.
Demain nous rentrons en jeep, nous offrons le retour à nos guides qui, quelque part, nous ont sauvé la vie (ou au moins notre trek).
Vendredi 24/01 :
Et non ! C'est pas fini ! Il faut encore qu'on vous raconte le trajet de retour !
Enfin, quand le propriétaire de la jeep eût fini d'en crocheter la serrure parce qu'il avait oublié la clé à l'interieur de la voiture.
Nous avons mis 10h pour faire 200km.
Les routes népalaises sont toutes en travaux. Ce qui fait qu'après 1h de route, un tas de gravats en bloque toute la largeur. 30min d'arrêt.
1h plus tard : une pelleteuse est en train de niveler la route, on ne peut la contourner qu'à pied. 30min d'arrêt.
1h plus tard : une autre jeep nous informe que notre roue de secours est en train de tomber. 15min d'arrêt.
30min plus tard : On fait le plein
+30min : un accident entre un autobus et une moto bloque la route. 30min stop
+1h : On s'arrête dans un garage pour réparer la roue de secours. 1h30 stop.
+30min : pause repas. 30min stop.
+2h : nous sommes enfin de retour à Pokhara. Nous vous laissons faire les maths pour voir à quelle heure on est arrivés.
Nous retrouvons une chambre chauffée, un lit confortable et une douche chaude.
Demain nous irons au Spa nous faire masser. Corentin s'ouvrira le crâne sur un passage de porte. Nous irons aussi visiter la World Peace Pagoda qui est "juste" une stuhpa comme celle de Galle au Sri Lanka.