Carnet de voyage

Canada, la conquête de l'Ouest

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On roule pas sur l'or, mais on aime voir du pays !
Février 2020
365 jours
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Publié le 14 mai 2020

En 2019, nous avons passé 10 mois au Canada. Vadrouilles à l'Est, entre Ontario et Québec. Mais on n'a rien écrit, on a tout gardé pour nous, comme autant d'anecdotes qui s'ajoutent à notre liste des histoires a raconter et qui un jour sortiront, peut-être, au coin d'un feu.

2020, nous voilà repartis ! Le Canada n'avait pas fini de nous conter toutes ses belles légendes qui ont forgé son histoire...

Nos aventures du début nous ont vite mis dans le bain. Une entame peu commune dans un monde hors du commun, malheureusement gangrené par un virus malsain. On s'est longtemps demandé si partir était une bonne idée, aujourd'hui on ne regrette rien. Nous lisons ce premier article (Canada Virus !) comme une préface qui fait le lien entre l'avant et l'après départ. On entend par la que cette introduction est l'illustration parfaite de l'état d'esprit de celui qui débute un voyage, et qui dans le cas présent nous fait dire : "Ça y est, on est de retour au Canada !"

Un blog permet aussi de voyager depuis son canapé 
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Publié le 14 mai 2020

Jeudi 12 mars 2020

Nous sommes à Olivet. Demain c'est le jour du grand départ, on retourne au Canada ! C'est reparti pour une année, avec cette fois-ci un visa Vacances/travail chacun. Le plan c'est de partir découvrir l'Ouest et de trouver du travail. On atterrit à Calgary et on voit ce qu'il se passe ! Veille de départ, tout excités, Zuzana me dit quand même : "J'avais pas remarqué qu'on partait un vendredi 13 ! J'aime pas trop ça..." Et moi je lui répond :"Oh t'inquiètes il n'y a aucune raison d'être superstitieux !"

Vendredi 13 mars

Les Français sont encore très loin de s'imaginer que dans 4 jours ils seront confinés avec interdiction de sortir sous peine d'avoir une amende... Et pourtant quand papa nous dit : "Si ça se trouve à l'aéroport ils vont vous dire de rentrer chez vous !?" Nous sommes aussi loin de s'imaginer que quelques heures plus tard notre vol serait annulé... Merde ! La compagnie nous annonce "une absence de certains membres de l'équipage'. On a évidemment du mal à y croire, on met tout ça sur le compte du virus et on commence à comprendre que notre départ est plus que compromis. Le vol est finalement repoussé de 24h, et on nous loge dans un hotel de l'aéroport. Les procédures pour lutter contre le virus s'accentuent d'heures en heures... J'ai Marc au téléphone, en direct de la Turquie. C'est la même confusion de leur côté, mais pas pour partir, pour savoir s'ils doivent rentrer !

Samedi 14 mars

On est rivé sur nos écrans. Fourcade arrête sa carrière ! Les nouvelles ne sont pas bonnes du tout ! J'ai JB au téléphone, il me dit que l'Espagne commence à se confiner, que ça va arriver en France et qu'on devrait penser à trouver un endroit où se poser pour laisser passer cette mauvaise période. Il a raison ! Mais en même temps notre vol est maintenu. Les élections aussi d'ailleurs. Notre orgueil nous pousse à retenter notre chance. Et puis j'ai lu plusieurs fois que le risque de contamination est 'faible' au Canada... Allez on y va !!

14h30, l'avion finit par décoller. On est pas serein, on oscille entre excitation et appréhension. Va t'on entrer librement au Canada ? Ou va t'on nous mettre en quarantaine ? C'est quoi le programme ? Qu'est ce qu'on fout là !!?? Finalement on atterrit et on passe la douane. Zuzana récupère sont permis de travail (moi je l'ai depuis l'année dernière) et nous voici à Calgary. On pousse la porte de l'aéroport et la oohhhh ! Le froid nous prend aux tripes ! Il fait -18°C, le choc est violent. J'en ai du mal à respirer. C'est quoi c'est le froid ? Ou c'est les premiers symptômes du virus ? Putain qu'est ce qu'on fout là !!???

Dimanche 15 mars

C'est chez Bryan Simpson que nous passons nos 3 premières nuits. Il nous accueille en couchsurfing ! Bryan aime le bon café, et la bonne bière (énormément de micro-brasseries au Canada). Ces derniers jours il a hésité avant de recevoir des européens chez lui, mais finalement il n'a pas annulé. Ses placards sont remplis, il sait que le confinement arrive...

Calgary, capitale de l'Alberta 

Lundi 16 mars

On se balade à Calgary. Il fait très froid, il y a de la neige partout, mais la petite balade le long de la rivière est très agréable. Pas grand monde dans les rues, il se trame quelque chose. Notre anxiété n'est pas du tout retombée. Au programme, trouver un lieu où se poser et laisser passer le virus. On envoie plusieurs emails pour faire du woofing. On croise les doigts, on serre les fesses ! Allez !!!

Mardi 17 mars

On quitte Bryan pour aller chez Iris. Un autre couchsurfing, à Canmore cette fois-ci, une petite ville dans les montagnes à 1h15 à l'Est de Calgary. Depuis la veille, Iris n'est pas rassurée, on sent bien qu'elle n'a plus du tout envie de nous recevoir. Le problème c'est qu'on a déjà réservé un covoiturage pour y aller, et que ça va pas nous aider à nous calmer si elle nous laisse tomber ! Et puis l'idée de rencontrer Iris au début du printemps ça avait l'air si poétique... Oui mais non ! On se retrouve à l'hôtel, on a réservé pour 2 nuits.

Canmore 

Mercredi 18 mars

Canmore c'est superbe ! Entouré de hautes montagnes, on en prend plein les yeux. On a aussi des réponses à nos mails. Personne n'est rassuré à l'idée de nous prendre en woofing. En tout cas pas pour l'instant. Notre meilleure chance, c'est d'aller chez Emily et Faro. Deux jeunes canadiens qui ont l'air très sympas et qui ont besoin d'aide sur leur propriété. Ils ont l'air ok, mais un peu stressés aussi. "Vous êtes arrivés qand au Canada ? Vous avez passé combien de temps à Calgary ?" Ils nous proposent finalement de ne venir que dans deux semaines, le temps que la neige fonde... On tente le tout pour le tout, je lui dis que c'est compliqué pour nous, qu'on a nulle part où aller, qu'on cherche un endroit pour quelques temps et qu'on est même prêts à payer un loyer... La réponse tarde à arriver (on communique sur WhatsApp) mais elle est positive ! Emily et Faro ont une cabane isolée où personne ne vit. Ils acceptent de nous y mettre quelques jours en "quarantaine" pour ne prendre aucun risque. La condition, c'est qu'on se débrouille pour venir. Ils habitent à 2h20 en voiture de Canmore, et il n'y a aucun transports pour y aller. Dans la foulée, nous rencontrons Christian à l'hôtel. Il nous dit : "J'ai une société de taxi, je vous emmène demain !"On se met d'accord pour 20$. Yeeees ça y est on a trouvé ! Quelle chance ! Même si c'est vrai que 20$ ça ne nous parrait pas grand chose...

Jeudi 19 mars

Le matin Christian me dit : "Ah au fait, désolé mais hier j'étais fatigué, j'ai pas réalisé mais 20$ c'est très peu. À mon avis 40$ serait plus approprié" (T'as trop fumé de pétards ouais !!) Je lui dis ok, de toute façon on a pas le choix on veut absolument rejoindre cette cabane ! Le départ est fixé à midi. Bagages chargés (on a acheté plein de trucs à manger pour notre période d'isolement) et nous voilà partis. Christian s'arrête faire on ne sait quoi. Il revient dans la voiture et commence à nous parler du trajet. Il n'aurait pas bien compris, se serait trompé dans la destination. Il est désolé. C'est pas clair. Il nous embrouille. Merde Christian tu fais chier ! Le voilà maintenant qui nous réclame 240$ ! On le sentait bien depuis la veille que ça finirait comme ça... Il faut voir le personnage aussi ! Bref on finit par négocier, et il accepte de nous déposer 54km plus loin, à un croisement sur la bonne route. On a plus le choix, on y va en stop."Ouais c'est ça, à bientôt connard !" Ah ah on est énervé mais on rigole ! Christian repart. Il fait super froid, mais il fait beau. Et puis le décors est grandiose, les montagnes magnifiques. À peine le temps de lever le pouce, une voiture s'arrête :"Hey guys, do you want a lift ?" Temps d'attente, 2 minutes ! Et nous voici en route avec un petit jeune du coin, super sympa. Au programme, une centaine de kilomètres à travers un parc national. La route est belle, la rencontre sublime ! Il nous dépose à Invermere, une petite ville à 30km de notre destination. On tend le pouce, cette fois-ci on met une bonne heure à trouver une voiture. Quelle idée du faire du stop en ce moment hein !? Mais ouais mais de toute façon il n'y a pas de bus ! Mais ça fonctionne quand même ! On avance jusqu'au village d'après, on a gagné 10 minutes. Allez on est plus très loin !!

Encore un peu d'attente, et une voiture s'arrête en dérapant. Le mec s'appelle Aaron, il nous dit : "Ok pas de problème je vous emmène !" Yes ça y est on touche au but ! On attrappe nos sacs et Aaron s'écrit : "I locked my door with the key inside !" Putain tu déconnes Aaron !!?? Nous voilà enfermés dehors ! Incroyable mais c'est quoi cette journée ! Finalement, ça doit lui arriver souvent, il a la technique Aaron. Il nous demande si on a un crochet ou un lacet de chaussure. Je lui sort un bout de ficelle que j'ai dans mon sac, et il ouvre la portière... À l'intérieur, il y a à peine de la place pour un. Jamais vu une voiture aussi mal chargée (il est entrain de déménager) et aussi sale. L'heure est au confinement, on arrive à rentrer tant bien que mal. Il est content Aaron, il fait sa B.A. de la journée. Et puis on échange quelques mots en français, il voudrait apprendre la langue pour être bilingue. On ne peut pas bouger, mais le trajet est très sympa ! Nous arrivons à destination, à Fairmont Hot Springs. Nous ne sommes plus en Alberta mais en Colombie Britannique. Aaron nous dépose au milieu du village, notre aventure touche à sa fin, mais il faut encore marcher un peu. Emily nous avait envoyé les coordonnées d'un lieu où aller et des indications pour trouver la cabane. Ils y sont déjà, ils nous attendent. On trouve le chemin, on longe une rivière et puis ça y est on arrive. Emily nous avait dit : "We have a cabin, it's actually an amazing place" Elle n'avait pas tort ! On est arrivé ! C'est superbe ! Nous faisons un rapide tour du propriétaire. Ils nous ont apporté un bidon d'eau potable et du bois pour le poêle. Il y a aussi une gazinière et un peu d'électricité grâce aux panneaux solaires. Ils grimpent sur leur quads, et repartent chez eux. On les reverra dans quelques jours. Notre isolement peut commencer.

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12 : c'est le nombre de jours que l'on a passé dans cette petite maison. On y est arrivé précipitamment, sans avoir la moindre idée de son extraordinaire situation géographique et de son incroyable histoire, et elle nous a reçu sans préjugés, nous laissant l'audace de se l'approprier pour quelques courts moments.

Mais alors, qu'est-ce qu'elle a de si particulier cette cabane ?

Géographiquement, elle est située dans la Zone humide du Columbia, qui n'est autre qu'un immense marais de 15 000 hectares, coincé dans la vallée entre deux chaînes de montagnes, les Rocheuses à l'Est et les Purcells à l'Ouest. Un cours d'eau traverse cette vallée, c'est la rivière Columbia. La même rivière qui très vite devient, au fil de son tracé, la plus grande de la région Nord-Ouest Pacifique de l'Amérique du Nord ! Un immense fleuve qui parcoure plus de 2000 kilomètres avant d'aller se jeter dans l'océan Pacifique en Oregon, aux États-Unis. La cabane est construite au bord de ce fleuve, tout petit en cette saison. Nous ne sommes qu'à 5 kilomètres seulement de sa source, le lac Columbia.

La zone est un immense terrain de jeu des animaux, et plus particulièrement des oiseaux, qui y trouvent refuge en période de migration. Il est aussi l'habitat de plusieurs espèces menacées. Tout le marais est 'protegé' et classé en 'zone humide d'importance mondiale', gérée par un organisme en charge de sa protection.

Mais si l'endroit est protégé, comment la cabane a-t-elle pu y être construite ?

Alors ça, c'est un peu un mystère. Pour ce qu'on en a entendu, la maison aurait appartenu à une famille de riches propriétaires de la région, détenant notamment nombreux sites touristiques et même un aéroport construit pas très loin. Caprice de millionaire, refuge de campagne, ou même un laboratoire de trafique de drogue... Toutes les options sont à prendre en compte. Mais ce qui est sûr, c'est qu'un jour cette maison a été mise en vente, et qu'ainsi de propriétaires en propriétaires, c'est la mère de la famille avec laquelle nous avons séjourné qui se l'est appropriée.

Bref on l'aura compris, cette cabane au milieu du marais est gorgée d'histoires, qui ne nous regarde pas forcément, mais qui en temps de pandémie et dans un contexte d'isolement fait grandement notre affaire ! Qu'il est bon d'être obligé de ne rien faire... Avoir le temps de se poser, de peindre, de lire, d'écrire. De penser ! De regarder couler le café, de se faire à manger et de déguster un bon dîner. De couper du bois, d'allumer un feu. D'aller chercher de l'eau à la rivière, de regarder le castor qui vit à côté, formant un grand V dans l'eau quand il s'éloigne. De regarder les aigles tournoyer dans les courants d'air chaud, et apercevoir les wapitis s'en aller dans la forêt pour y passer la nuit. D'écouter les oies s'envoler, et le train passer dans le fond de la vallée...

... Et à la nuit tombée, regarder le ciel s'allumer et méditer sur la vie qui passe, telle une étoile filante...

Mais trêve de glande poétique ! Il est temps de se mettre au travail ! Les propriétaires de la maison sont des gens chez qui nous faisons du volontariat. Travailler quelques heures par jours pour être nourris et logé, c'est un principe qu'on aime beaucoup et qui nous arrange d'autant plus en cette période compliquée. Et ce n'est pas parce que nous sommes en douzaine qu'on a pas le droit de commencer le boulot. Au programme : nettoyage de printemps, rafistolages en tous genres et peinture extérieure.

C'est une maison bleue ! Adossée à la colline... 

Faire de la peinture dans un tel cadre ! C'est assez magique. Les journées sont encore fraîches alors c'est mieux de ne pas commencer trop tôt. Et puis l'après-midi se refroidi vite... On a pas envie de finir trop tard. Et quel plaisir de voir arriver l'heure d'allumer le poêle ! La perspective d'une belle soirée à lire au coin du feu en écoutant Neil Young nous chanter son pays.

Bref, on a eu le temps de faire des choses simples. Dans un cadre exceptionnel certes, mais quand même. Une petite maison indépendante a tout pour plaire à 2 voyageurs autonomes : un peu d'électricité produite par les panneaux solaires et un poêle à bois pour se chauffer. On y passerait facilement toute l'année ! En acceptant par contre de devoir aller se laver dans la rivière...

Un retour aux sources qui renvoie à l'essentiel. N'est-il pas là le vrai but du confinement ? Pousser les gens à ralentir leur rythme effréné ? Ralentir son rythme, et freiner. Par exemple arrêter de vouloir posséder et se contenter de ce que l'on a déjà. Espérons que cela nous serve de leçon. En tout cas nous ça nous fait pas mal réfléchir. Déjà qu'on est adepte du simple, de la vie sans strass ni paillettes, mais la on se dit qu'il va falloir aller plus loin. Est-ce que ça veut dire arrêter d'aller fourrer son nez à l'autre bout de la planète ? Peut-être oui. On est sans doute pas du genre à sur-consommer, mais aujourd'hui on a tous un rôle à jouer dans la création d'un monde plus sain. Alors on y rêve et on y pense, a ce monde nouveau qui tarde a arriver, celui qu'on aime tant aller visiter. Et en attendant on est là, sans pouvoir beaucoup bouger, et on en profite... Simplement.

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Une vie simple, basée sur l'essentiel et en harmonie avec la nature. Voilà ce dont on rêve et ce que l'on aspire aussi à vivre quand on part voyager (en tout cas nous c'est ce que l'on cherche). Comme on l'a souligné, c'est un retour aux sources. C'est la nécessité d'apprendre du passé pour mieux vivre le présent. Et pour comprendre ça, pour apprendre des évènements du passé et de tout ce qui a conduit à la création de notre monde moderne et à sa folle course vers le néant, n'y yavait t-il pas meilleur endroit que l'Amérique du Nord ? Les indiens s'en posent des questions comme ça, et beaucoup plus qu'on ne le croit. Avant l'arrivée des hommes blancs ils savaient vivre avec la nature, se considérant au même niveau que les plantes, les animaux, l'eau, la forêt. Le retour aux sources ça leur parle, et c'est sûrement en partie de là qu'on devrait tous s'en inspirer. Le Canada est un de ces pays symbole de notre monde qui éclaire et qui enseigne, quand on accepte d'ouvrir les yeux vraiment, sur la victoire du profit au détriment des Hommes et de la Nature. Sur les ravages du colonialisme et de l'impérialisme. Sur les folies du pouvoir et de l'argent. Cet article est un modeste résumé, évidemment incomplet, de tout ce que l'on a appris depuis presque un an sur les Premières Nations et leur mode de vie au Canada.

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Passée cette belle période dans notre cabane d'amour, nous avons rejoint notre nouvel habitat. C'est chez Emily et Faro que nous sommes montés nous installer. Je dis monter parce qu'on a quitté la vallée pour aller un peu plus dans les hauteurs, dans leur grande propriété au milieu de la forêt. Leur maison est construite dans une grande cours, où habitent également Hilary la maman de Faro (celle à qui appartient la cabane) Ainsi que Chenko et Chris, deux amis d'enfance qui sont venus s'installer ici et qui ont chacun construits leurs maisons. Nous n'en avions aucune idée avant venir mais nous sommes arrivés dans une Réserve Indienne.

Bienvenue chez les AkisQnuk !

À prononcer <aKIskeuneuk>

Mais qui sont-ils ?

Les Akisqnuk sont une "bande" (ou groupe d'Indiens) faisant partie de la nation des Ktunaxa (Tounara). On les appelle également les Kootenay, qui est aujourd'hui le nom de la région où nous nous situons. La nation Ktunaxa contient en tout 7 bandes qui vivent chacune dans différentes Réserves. 5 sont au Canada et 2 aux États-Unis, les Indiens n'ayant pas eu leur mot à dire au moment de la création des frontières. Leur présence dans cette région montagneuse remonterait à plus de 10000 ans ! Et leur langue continue d'intriguer les anthropologues puisque contrairement à toute les autres nations Indiennes, elle n'est connectée à aucunes autres. Notre volontariat s'est passé dans une de ces bandes au sein de la famille de Faro.

Qu'elle aubaine, nous qui en entendons parler des réserves si souvent ! Même si c'est la plupart du temps en mal malheureusement. Voici venue l'occasion d'y vivre pour casser les idées reçues et pour nous apprendre son fonctionnement. Acquérir l'information qui vient de l'intérieur, et non de rumeurs ou de médias mal intentionnés, qui bien souvent main dans la main avec le gouvernement cherchent ensemble à cacher un passé dont les ravages sont pourtant bien présents. Et oui, parce l'histoire du Canada est loin d'être rose concernant les premières nations. Aujourd'hui ce n'est guerre mieux, mais disons qu'un lent processus de rédemption est en marche.

Et alors comment ça se passe la vie en réserve ?

Il existe une multitude de paramètres qui font que la vie est complètement différente d'une réserve à l'autre, mais elles ont toute plus ou moins la même histoire. Avec l'arrivée des blancs, les Indiens n'ont pas eu le choix de céder leur terre pour aider à l'expansion des colonies. Pour résumer on leur a dit quelque chose du genre : "On prend vos terres pour développer notre civilisation et on vous en laisse certaines parties pour y vivre et faire ce que vous voulez". Cest très caricatural, mais on en est pas loin quand même. Sauf que la situation politique et administrative varie suivant que la réserve est avec ou hors 'traités' (des genres de contrats signés par les deux parties), et qu'il est vraiment compliqué de comprendre leur fonctionnement général. Chez les Akisqnuk, à ce qu'on a compris, les terres appartiennent toujours à la Couronne (Crown Land, parce que le chef de l'état du Canada c'est toujours la reine d'Angleterre, pourtant bien loin elle aussi de tous ces problèmes) , ce qui signifie simplement que si l'état décide de reprendre des terres en diminuant les réserves, en justifiant l'agrandissement d'un terrain de golf par exemple, ils le peuvent. Je me mets à la place d'un jeune Indien d'aujourd'hui, descendant d'Hommes libres et à qui on essaye d'expliquer tout ça... Ça part mal.

Chez Emily & Faro 

La réserve dans laquelle vivent Emily et Faro et les près de 300 autres personnes est hors traité. Pour nous ce n'est pas toujours facile à comprendre, mais pour ces Indiens c'est très symbolique et signe d'une dépendance. Ils veulent simplement être reconnus comme nation, obtenir plus d'autonomie et protéger leur terre. Et chose incroyable, et désolé si on rentre un peu dans le technique mais il nous semble important de le préciser pour bien comprendre, le gouvernement canadien finance les bandes qui sont hors traité pour qu'ils puissent créer en interne des comités spécialement dédiés à la requête auprès de l'état du passage de leur réserve en traités. En d'autres termes le Canada décide de tout et donne les règles d'un jeu auquel il est sûr de gagner. Pour les Ktunaxas les démarches sont en cours depuis les années 1980.

En attendant la vie avance et dans certaines bandes on a décidé de ne pas se laisser abattre. La réserve des Akisqnuk fait partie de celles qui vont dans le bon sens, avec une politique intérieure bien gérée et des projets de bien commun qui voient le jour. Comme chez Emily & Faro, qui ont ouvert l'été précédent un camping sur leur propriété, l'idée étant de permettre aux touristes de venir découvrir la beauté de leur vallée. Cette année ils ont lancé la construction de plusieurs petites cabanes et l'agrandissement des zones de camping. Nous sommes venus les aider dans la réalisation de tout ces projets. Couper du bois et nettoyer les futurs emplacements, voici ce à quoi nous avons principalement travaillé.

La livraison du bois pour les cabanes ayant pris beaucoup de retard, je n'ai malheureusement pas pu aider en construction. Côté design et création, pas grand chose non plus pour Zuzana. On s'est quand même amusé, entre deux coups de râteaux, à créer des tabourets avec des pneus. Pourquoi pas, de toute façon il s'est remis à neiger !

Et sinon quoi d'autre sur les Indiens ?

C'est vraiment là qu'on a été les plus intéressés. Les indiens, leurs réserves, leur relations avec les blancs, leur histoire ! Parfois en fin d'après midi après nos quelques heures de travail, on allait voir Hilary. C'est arrivé plusieurs fois qu'on se pose avec elle et qu'on discute de tout ça. Hilary est une ancienne enseignante, militante pourrait-on dire, qui a passé plusieurs années de sa vie à ouvrir les yeux aux jeunes enfants. À leur raconter leur histoire, la vraie, et à se battre pour que dans les écoles on ait accès à ce genre d'informations. Elle nous a objectivement beaucoup appris sur les différences entre les nations du Canada et les gros problèmes auxquelles certaines réserves font face.

Et pourquoi on en entend parler en mal des réserves ?

C'est là que les choses deviennent vraiment tristes. Il faut déjà savoir que chaque Indien à un numéro d'identification, un matricule. Et aujourd'hui pour avoir ce numéro, synonyme d'appartenance à une des premières nation et donc à un statut différent de celui des "canadiens", il faut passer par une incroyable paperasse administrative. On ne naît pas Indien, on le devient lorsque l'agent qui s'occupe de votre cas à vérifié tous les papiers et remonté votre arbre généalogique pour savoir si vos parents et grands-parents étaient bien indiens eux aussi. À titre d'exemple de cette complexité et de cette domination mise en place avec l'arrivée des Européens, jusqu'en 1985 une femme indienne mariée à un homme blanc perdait automatiquement son statut...

Autre point, les pensionnats autochtones. Les Indiens étant considérés à l'époque comme des personnes non civilisées, des écoles ont été mises en place à partir de la fin du 19ème siècle pour y scolariser, evangeliser et assimiler les jeunes. On leur coupait les cheveux en arrivant et ils étaient punis si on les entendait parler leur langue. Jusqu'à quatre générations de pratiques, gérée par l'Etat et sous la tutelle de l'Eglise, visant à séparer l'enfant de la famille pour "tuer l'Indien qui est en eux". De nombreux témoignages relatent les conditions de vie de ces prisons et des conséquences sur la vie des indiens d'aujourd'hui. Dans le cas présent on peut vous donner l'exemple des Ktunaxas, qui au fil des années on pratiquement perdus leur langue, pourtant si unique. Aujourd'hui environ 25 personnes seulement sont encore capables de la parler.

Pour en apprendre plus, on vous conseille le livre "Wenjack" de Joseph Boyden, une poignante histoire aux allures de conte et qui fait bien prendre conscience de l'ampleur de ce système.

Le dernier pensionnat du Canada a fermé ses portes en 1996.

Photo trouvée sur Internet 

Ces exemples sont malheureusement tirés d'une liste non exhaustive, d'un incroyable agglomérat de faits définissant volonté de puissance et mépris. Les Indiens d'aujourd'hui ne font que subir les conséquences de ces assauts perpétrés depuis des décennies, et c'est la raison pour laquelle dans certaines réserves les conditions de vie sont déplorables. Drogue, alcool, abus sexuels, absence totale d'éducation... Et comme la tendance des médias n'est jamais d'être objectif, les canadiens n'entendent que la version negative de l'histoire. La technique est bien connue et le cercle vicieux en place va être long à inverser. Mais comme Hilary, des personnes y croient et se battent, pour d'un côté faire reconnaître le rôle du gouvernement canadien dans cette situation (qui a lancé en 2008 un timide processus de "Réconciliation") et pour de l'autre pousser les Indiens à aller de l'avant en sortant de leur mutisme et en transformant leurs idées noires en énergie positive.

Il y a espoir ! Faro et sa famille nous l'ont prouvé, et on les remercie mille fois de nous avoir ouvert les portes de leur maison malgré cette période compliquée. Une belle rencontre qui a fait le lien avec tout ce que l'on a découvert jusqu'à aujourd'hui, et qui nous paraît déjà comme un incontournable dans notre apprentissage de l'histoire du Canada.

Et pour finir, quelques photos de la région des Kootenay. On y est arrivé dans le froid, on est réparti sous le soleil ! Après l'hiver vient le printemps, ce que l'on souhaite aux autochtones du Canada. Et malgré le confinement (pas "obligatoire" en Colombie Britannique car peu de cas de Covid), on a eu le temps de profiter de la forêt et des montagnes environnantes. Qu'elle est belle et encourageante cette nature... Humaine !


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Publié le 5 juillet 2020

Sunshine Valley est une petite communauté de 177 habitants appartenant à la ville de Hope, à 150 kilomètres à l'Est de Vancouver, et c'est là qu'on a atterri après notre séjour dans la réserve Indienne. Elle fut à l'origine un lieu désigné comme camp d'internement de Japonais pendant la seconde guerre mondiale où 500 familles vivant en Colombie Britannique ont été déplacées et mises en quarantaine et où les hommes étaient employés (= travail forcé) à la construction de l'autoroute. Aujourd'hui Sunshine Valley est un lieu paisible où vivent des gens en châlets et tiny houses, et un petit lieu touristique avec un grand site pour camping-cars démesurés dont les Canadiens sont si friands.

On a retrouvé nos amis Marina & Arthur, initialement en road trip aux États-Unis mais coincés eux aussi à cause du virus. On s'était rencontré l'année dernière à Toronto puis revus au Québec, et ça nous faisait bien plaisir de les retrouver. On a décidé d'aller faire un woofing ensemble, une belle occasion de se voir et de laisser passer la période confinées. Ils voyagent en Van et sont gentillement venus nous chercher !

650 kilomètres plus tard, on a été accueilli chez Kate & Arne, qui habitent une maison à Sunshine Valley mais qui sont entrain de développer une petite ferme de permaculture à quelques kilomètres seulement.

Imaginez l'endroit : on emprunte une route fermée par une barrière et uniquement accessible aux locaux, qui n'est autre que l'ancienne autoroute coupée en 1965 suite à un gigantesque glissement de terrain. Des allures de voix abandonnée qui un jour de brouillard pluvieux (ce qui est arrivé très souvent dans le mois de mai) nous plonge directement dans l'ambiance d'un film un peu angoissant genre finement réalisé par David Lynch.

Lost Highway ? 

On continue sur un chemin cabossé et puis on arrive sur le lieu. Il y a un bâtiment type préfabriqué, des petits abris en bois construits autour d'un feu, des voitures et des caravanes, des trucs qui traînent un peu partout. On est arrivé à la ferme qui semble isolée et encaissée entre les montagnes, et où on ne doit pas beaucoup voir le soleil même quand le temps est dégagé...

Welcome to the Grateful Garden !

Mais quelle entrée en matière ! Quelle description qui donne terriblement envie d'y aller ! Mais pourtant c'était bien vraiment ! Disons qu'on a eu des débuts difficiles et un temps d'adaptation un peu pénible c'est vrai. Pluie, froid, quarantaine... Covid-19 oblige, il a fallu (encore) s'isoler 14 jours du groupe déjà présent, et la maîtresse de maison étant très malade c'était la condition non négociable pour venir faire du woofing ici. Quoi de plus normal, c'était déjà incroyable d'avoir pu trouver un lieu pour accueillir 4 personnes de plus ! Sauf que la communication n'étant pas la meilleure et n'ayant pas accès à la cuisine commune, on a passé nos premières journées et soirées assez isolés. C'est fou comme c'est facile de perdre le moral quand il ne fait pas beau.... Mais heureusement avec le temps les choses se sont arrangées, le soleil est arrivé et on a fini par bien s'intégrer !

Et alors il se passe quoi dans cette ferme ?

Il se passe que l'idée c'est d'y [ré]créer un écosystème pour y faire pousser à manger et pour y vivre et y rester. Les deux propriétaires n'y habitant pas pour l'instant, seuls les woofers y sont présents à 100% en plus de A.J. (à prononcer HeyGé) leur fils omniprésent.

Comme je le disais, en 1965 a eu lieu un immense glissement de terrain, le 2ème plus important d'Amérique du Nord ! (On a pas vérifié lequel détient le record). 47 millions de mètres cubes de roche qui dévalent de la montagne en quelques secondes seulement, recouvrant complètement un lac et enterrant l'autoroute sous 55 mètres de gravas. Autant vous dire qu'il valait mieux éviter la rando dans le coin ce jour là.

Hope landslide 

La ferme a été créée sur une partie de la coulée de ces débris, où la vie y a depuis repris son cours et la nature ses droits. Les arbres ont poussé, les animaux sont passés et du ''sol" s'est recrée. Il y a aussi une petite rivière qui coule en surface une bonne moitié de l'année. Oui mais le problème c'est que le sol lui, ça reste principalement de la caillasse. Le temps n'a pas assez fait son travail et il n'y a donc pas beaucoup de matière à faire pousser ses légumes ! Et c'est là que le travail de la ferme entre en jeu et que le terme de "permaculture" fait son apparition.

Et donc oui "permaculture" en deux mots pour ceux qui ne connaissent pas ?

La permaculture est un système de culture basé sur l'entraide au sein même d'un écosystème. C'est là création même d'un écosystème, et c'est le fait d'utiliser les ressources à disposition pour permettre à la nature de se développer de manière autonome et naturelle. Kate et Arne travaillent sur le renouveau de leur terre depuis plus de 5 ans. Aidés de woofers venus du monde entier (ils en auraient accueilli déjà plus de 100), il ont créé un nombre incalculable de buttes de permaculture (Hügelbeet) qui sont ces espaces destinés à recevoir les cultures et dont l'idée est de développer la fertilité et la rétention d'eau sur des sols arides ou de mauvaises qualité. Il y en a partout ! Les nouveaux sont en cours, plein de branchages et pas encore tassés, c'est sur ceux-là qu'on jette tous nos déchets organiques pour les aider dans leur formation. Un peu d'entretien et la nature fait le reste, la décomposition commence son travail et des petits animaux donnent la patte en y creusant leur terrier. C'est aussi leur boulot de participer à la création d'un nouveau sol riche ! Les plus anciens sont déjà rodés et accueillent des plantes depuis plusieurs années. L'idée c'est de faire pousser qu'il nous dit Arne. Et oui ! La création d'un espace de biodiversité !

Au passage, en parlant de biodiversité, saviez-vous que l'état des forêts du Canada était préoccupant et que la déforestation était ici un sujet particulierement brûlant ? Oui c'est vrai c'est un peu brutal de parler de ça comme ça, mais la vallée est entourée de lieux deforestés qu'on ne peu pas louper. Tout ça ne reste que secondaire comparé au rythme infernal auquel les forêts mondiales disparaissent, mais quand même c'est assez important. L'extension des terres agricoles, les exploitations minières et et l'industrie forestière participent à cette problématique, et le recul des forêts intacts du Canada progresse un peu plus chaque année. Autour de Sunshine Valley, il y a beaucoup de sites déboisés, littéralement des trous dans la montagne. Parfois on voit des hélicoptères passer, appartenant aux compagnies en repérage de nouvelles exploitations. 45% des sites exploités au Canada sont reboisés et le reste est dit en "régénération naturelle", et dans tous les cas on parle de monoculture et de perte de biodiversité...

D'un côté on a utilisé des machines, créé des routes provisoires et déboisé sauvagement des hectares entier de forêt, de l'autre on essaye de faire pousser et de recréer de la biodiversité. Le contraste est vraiment saisissant. Dans la ferme il y a des buttes ou "lits" de permaculture pour créer une terre nouvelle et fertile, mais aussi pour mieux utiliser l'eau. Au printemps il y a une belle petite rivière qui coule, et le but de Kate & Arne c'est d'essayer de la contrôler. Comment ? En nettoyant les barrages naturels (feuilles, branches...), en créant des buttes de permaculture sur les berges, en déviant l'eau. On accompagne le courant pour que l'eau prenne une direction souhaitée, ensuite la nature et le temps font leur travail. Et ça marche ! L'eau s'écoule tranquillement le long de la ferme et les terres sont irriguées. Il y a même une petite piscine naturelle pour se baigner quand il fait chaud (ce qui n'est arrivé que 2 fois pendant notre séjour). Et puis cette rivière de printemps est aussi l'occasion d'apporter l'eau courante dans la ferme, des toilettes et même une douche ! Un grand luxe pour cet endroit "hors réseau".

Voilà pour la technique et pour expliquer dans les grandes lignes le but de la ferme et l'avancement du projet. Dans la pratique ce n'était pas si clair ! Kate étant malade nous ne l'avons presque pas vu sur la ferme malheureusement, alors que c'est elle qui a le plus de connaissances en cultures. Nous avons beaucoup travaillé avec Arne, qui on l'a senti vit une période compliqué, et qui n'est pas celui qui généralement "s'occupe" des woofers. Et puis on s'est rendu compte avec le temps qu'au Canada ce ne sont pas les rois de l'organisation (ceci n'étant pas un reproche mais une critique objective) ce qui explique que parfois on se retrouvait sans trop quoi faire. Impossible de se concentrer sur un projet, tout étant commencé mais rien n'étant vraiment fini. Ça nous a pas empêché de travailler, surtout en construction où généralement au printemps les projets fleurissent aussi vite que les plantes. Les charpentiers auront toujours de quoi s'occuper dans ce genre d'endroit ! La plus grosse partie des matériaux utilisés sont recyclés, et c'est régulièrement qu'on voyait Arne arriver un matin avec une remorque chargée. Leur philosophie c'est de tout récupérer pour tout réutiliser, et dans la pratique l'idée c'est de laisser les woofers s'attaquer à des projets, au bon vouloir de chacun.

Zuzana, elle, n'a pas pu aider bien longtemps sur le chantier, s'étant ouvert le coude en longboard puis fait une entorse à la cheville. Des envies d'aventures ou de vitesse, elle en est ressortie avec 5 points de sutures et quelques jours en béquilles !

Et puis Kate a fini par venir nous rendre visite un beau dimanche ensoleillé, et elle n'a pas manqué de nous faire un petit tour de son domaine. Super moment passé avec elle, en balade dominicale transformée en cours d'herboristerie, où en l'espace d'une heure et demie on a eu le temps de voir le jardin d'un œil complètement différent. Claytonia Perfoliée, Gingembre Sauvage, Épilobe en Épis, Fougère Femelle... Autant de plantes qu'on peut facilement reconnaître quand on sait les chercher et aisément les manger quand on sait les cuisiner !

Quelques petits regrets de ne pas avoir pu en apprendre plus évidemment... On est arrivé entre deux saisons où en l'espace de quelques semaines on a vu la nature pousser à une vitesse incroyable ! La propriété est pleine de trésors et on a senti Kate heureuse dans son élément. On lui souhaite de se remettre vite sur pieds évidemment ! Et de réussir à accepter chaques évènements qui font que la réalité ne se passe pas toujours comme on le souhaite malheureusement.

Et puis à défaut de jardin, on aura decouvert d'autres choses, comme de faire un four à pizza par exemple. Et oui pourquoi pas, de toute façon tous les vendredis c'est soirée pizza ! Du sable, du journal, de la terre glaise, de la paille. Zuzana et Marina s'y sont mises pendant deux jours en laissant libre cours à leur imagination...

... Et elles ont créé un Ours ! Bah oui il faut dire que c'est la saison ! Ils sont là tout autour de nous dans la montagnes et dans les vallées. Après l'hiver ils se réveillent de leur longue sieste le ventre vide et prêts à manger les jeunes plantes du printemps, au grand plaisir des touristes européens qui rêvent d'en voir pour de vrai. Le Canada, ses grands espaces, ses montagnes, ses forêts et ses lacs... Tout ça n'aurait pas de valeurs sans les Ours ! Et forcément où est située la ferme, il y en a quelques uns qui se baladent dans le coin. Certains ont même leur petites habitudes et viennent marquer les arbres de la ferme tous les ans. (On a malheureusement oublié de prendre en photo un des arbres remplis de griffures !)

Imaginez la scène : le soleil vient de se coucher et les ténèbres commencent à envahir Sunshine Valley. C'est l'heure pour Pepper (la chienne de la ferme) de commencer sa ronde dans la nuit humide et brumeuse. Les Ours traînent autour et son travail c'est de les tenir éloigner. Elle les sent, les Ours mais aussi les Coyotes ou même les Lynx. On est tous là autour du feu, et on l'entend qui se met à aboyer là-bas dans la forêt...

Pepper 

Et c'est bien vrai qu'ils sont là ! Un matin on entend des cris depuis la cuisine, il y en a un derrière le bâtiment. "Bear bear !" Trop tard il est déjà parti. Il faut être bruyant quand on croise un Ours noir, pour l'effrayer et lui faire comprendre qu'il n'est pas le bienvenu. On l'aura loupé pour cette fois ci. Un autre jour, c'est un peu plus loin sur le chemin qu'il y en avait un, pendant que Zuzana et moi étions partis marché jusqu'à la cascade... Encore loupé ! On l'assume c'est vrai, on fait parti de ces européens qui aimeraient bien voir un Ours au Canada, même si malheureusement ça ne sera pas pour cette fois...

Bref pour résumer, a Sunshine Valley on n'a pas vu d'ours mais on a passé du bon temps ! La mise en route a été compliquée, et puis la mauvaise météo ne nous a pas aidé. Mais entre deux journée de pluie on a pu se balader dans le coin, faire un peu de rando et découvrir les alentours, et puis surtout profiter d'une vie "non connectées". Retour aux sources, encore et toujours ! Pas d'internet ni de téléphone, cuisine au feu de bois et douche dans la rivière. On s'est un peu plus connecté à la nature, à la forêt. Au Canada aussi ! Et au mode de vie de certains de ses habitants. Merci à Kate, Arne et A.J. de nous avoir accueilli si chaleureusement, pour l'instant on est pas loin et on repassera sûrement !

La fine équipe ! 
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Publié le 21 septembre 2020

À Hope, pendant qu'on était en woofing dans cette petite ferme isolée, il s'est passé quelque chose d'incroyable. Un tournant dans notre séjour au Canada, et même dans notre manière de voyager... Nous avons acheté une navette spatiale !

"Have you driven a Ford lately ?" 

Et oui finies les heures d'attente au bord de la route le pouce tendu, fini le mal de dos après une nuit en bus, finies les nuits glaciales sous la tente pleine de moustiques ! Nous voici maintenant sur la route et dans l'espace de notre nouveau Ford Aerostar de 1997 !

Il faut avouer qu'on avait rien anticipé, acheter une navette spatiale n'est pas une chose à laquelle on pense tous les jours, mais disons qu'on a sauté sur une belle occasion. De toute façon il n'est pas facile de voyager en ces temps de pandémie et l'argument à vite fait pencher la balance. Et comme l'idée de (re)venir au Canada c'était aussi pour travailler, s'acheter un véhicule n'était pas un si mauvais plan (et on decouvrira par la suite que c'était même plutôt une très bonne idée).

Take it to the campground , take it to the movies !

On a payé cette petite merveille 700 dollars canadien (environ 450€). À ce prix là, on n'a pas pris beaucoup de risques (même si pour nous à ce moment cette somme représentait beaucoup). On y a fait quelques frais dans des bricoles, une batterie et puis les freins avant. Heureusement bien aidé par A.J à la ferme, j'ai pu les changer moi-même. Mais là où l'affaire devient intéressante, c'est qu'on l'a transformé en Van aménagé. Énorme aubaine d'être dans une ferme où l'idée c'est de tout recycler, on a eu accès à tout le materiel, bois, outils, rideaux et même un lit ! Quelques heures de travail en charpente pour la ferme contre tout ce qu'il faut pour se construire un chez-soi, le deal est évidemment accepté !

Et quel plaisir de travailler dans ces conditions. On s'est éclaté ! Et hormis quelques frayeurs électriques, encore des problèmes de freins et un passage au garage, on a fini par prendre notre envol et décoller notre Blue Jay (c'est son petit nom) vers un pays lointain et inconnu, le sourire dans les yeux et des étoiles sur les lèvres. Tellement irréel que je ne sais plus ce que je dis.

Vers l'infini et la vallée d'Okanagan

En route vers la vallée la plus chaude du Canada ! Nous sommes début juin, la saison fruitière va bientôt démarrer, et c'est là-bas qu'on a décidé d'aller chercher du travail. La vallée d'Okanagan est LA région agricole de l'ouest canadien et LE lieu idéal pour aller travailler en temps de Covid. Les cerises sont bientôt prêtes, il paraît que la saison peut rapporter gros. Et puis par la suite viennent les pêches, les poires, les pommes, le raisin ! Quoi de plus excitant que la perspective d'un été au soleil à vivre en van et à manger des fruits ? C'est pas ça la vraie liberté ? Vivre au jour le jour spontanément en prenant les opportunités comme elles viennent !? Allez hop tous en navette et partons à l'aventure cueillir des fruits ! C'est si simple la vie...

Road trip #1 

Blue Jay en rodage et les premiers jours de vol se passent plutôt bien. Nous découvrons la vallée, ses lacs, ses paysages sec et son climat semi-aride. La vallée d'Okanagan est coincée entre les chaînes de montagnes Columbia et Cascade, et s'étend sur 200km. Région très prisée des retraités en recherche de calme et de soleil, son climat est beau et chaud et même désertique dans le sud, où poussent des cactus et vivent des serpents à sonnettes. Oui mais sauf que nous quand on arrive il ne fait pas si chaud et il pleut pas mal ! Une année bizarre que les gens nous disent... Entre temps nous avons rencontré Fabio, notre contact sur place et l'homme censé nous fournir du travail. La main d'oeuvre manque cette année (les frontières sont fermées) et c'est facilement qu'il accepte de nous prendre. Les premières cerises sont bientôt prêtes, on ne devrait pas tarder à commencer...

Rainy days 

Effectivement malgré une pandémie et une météo de juin capricieuse, la saison a quand même démarré. À ce moment là on ne le sait pas encore, mais on s'embarque dans quelque chose d'incroyable... Nous intégrons l'équipe de Fabio, notre "Crew Boss", qui habite la vallée depuis 20 ans et qui connaît bien les habitudes et les fermes. Avec les années il s'est construit une belle équipe, qui evolue et change avec les saisons mais dont l'identité reste la même, adaptée à son image et à sa mentalité. Des les premiers jours c'est un vrai régal, et on a tout de suite su qu'on était bien tombé.

Cherry je t'aime

Le problème c'est qu'avant de commencer on avait pas compris qu'on travaillerait tous les jours et de nuit. Toutes les nuits en fait ! On avait déjà fait une saison de cueillette de fruits en France (Sud et Corse) mais on avait quand même des weekends ou des jours de repos. Ici c'est différent, les cerises sacrées n'attendent pas et il n'y a pas de pauses avant la fin. De plus avec le Covid et les frontières fermées les "pickers" manquent à l'appel. Les fermiers sont stressés et chacun sait que la saison va être compliquée. Il y a du travail et il va falloir s'accrocher !!

Il est important de préciser que nous ne sommes ni prisonniers ni esclaves ! La saison est 'courte' et intense, mais rapporte beaucoup d'argent. C'est tout un monde que nous découvrons, celui d'une véritable ruée vers l'or moderne. Les Québécois traversent le pays pour venir travailler, les étrangers n'hésitent pas à traverser le continent pour l'occasion. Mayra, mexicaine, nous raconte qu'avec ce qu'elle gagne en deux mois elle peut vivre au Mexique pendant un an... (Mince on avait déjà envie d'aller se balader au Mexique mais si en plus on peut y rester un an !)

Oui la cueillette des cerises est un moyen de renflouer son compte en banque en très peu de temps, mais pour ça il faut travailler. Attention de ne pas dénigrer ce métier dont les années d'expérience procurent une technique qui ne peut s'apprendre en deux mois et qui permet d'augmenter son efficacité de manière considérable (la paye étant gagnée au poids). Un premier conseil pour bien tenir toute la saison ? Accroche-toi !

Et mange des cerises régulièrement 

Suivant le champ et la quantité de cerises, nous travaillions entre 9 et 12h par jours. Embauche à minuit, une grande première ! Tellement bizarre de mettre son alarme à 22h30 ou 23h et de prendre son petit déjeuner à la nuit pas encore complètement tombée... (je te fais un café ou tu veux une bière ??)

Les jours s'enchaînent, on a de la corne sur les doigts et les kilos de cerises s'accumulent. L'ambiance est bonne mais le rythme n'est pas facile. Nos premières nuits se passent bien, mais on a du mal à trouver le sommeil dans la journée. On est fatigué, on a mal au dos, les jambes sont lourdes... Les jours de repos sont rares mais heureusement c'est la pluie qui nous en offre quelques-uns ! Impossible de cueillir quand il pleut, le travail à l'échelle étant dangereux et les cerises devenant trop fragiles.

Mais le plaisir alors dans tout ça ?

Tiens tiens oui parlons-en du plaisir. Si on nous avait prévenu qu'on travaillerait 12 heures de nuit et sans jours de repos on ne sait pas si on se serait lancé dans l'aventure. Mais imaginez un peu l'ambiance de la nuit :

Nous venons de prendre une échelle et sommes en marche vers notre rangée. On entend les premières cerises qui s'accumulent au fond des seaux : Ploc ploc ploc ploc... Le début d'une nouvelle nuit de cueillette. On travaille à la lampe frontale comme seul repère lumineux pour les cinq prochaines heures à venir. L'ambiance est calme, certains papotent un peu. On attaque nos arbres de manières méthodique avec un rythme qu'on s'est trouvé à deux. (Nous avons cueilli ensemble toute la saison). Une petite brise d'été souffle un air chaud, le ciel dégagé nous offre son visage étoilé. À certains moments, tout en haut de son échelle, il est bon d'éteindre sa lampe et de prendre le temps de regarder ce spectacle dont on a l'impression, l'espace d'un instant, d'être le seul à en profiter. Mes pensées s'harmonisent avec la nuit. Je suis là, ici, maintenant. Je suis perdu au milieu d'un champ et mon seul repère est cet arbre vivant.

Laisser le champ libre à ses pensées

Et imaginez encore une autre nuit où vous combinez ce temps avec de la musique. Prendre le temps d'écouter des albums entiers, de se mettre à jour sur des nouveautés qu'on a pas encore eu le temps d'apprécier, et puis ne rien faire d'autre que de laisser son esprit complètement envoûté par la musique. Des albums qui parfois te donnent tellement la pêche et le sourire qu'on a l'impression qu'ils ont été créé juste pour te rendre heureux et te sentir vivant à ce moment précis. Certains ayant même le pouvoir d'effacer les doutes et d'aider à confirmer ses choix de vie. Une expérience qui surpasse l'entendement !

Je ne vous dis pas que toutes les nuits ont été aussi idylliques loin de là. Quand tu travailles tous les jours, parfois quinze de suite, que tu ne dors pas beaucoup et que tu n'as le temps de rien faire, il y a forcément des coups de moins bien ! Il y à la cueillette de jour aussi, la pause café à 5h, les nombreuses discussions sur les cerises, la variété, la qualité, la quantité. Et puis l'arbre d'à côté qui est toujours mieux garni que le sien ! Bref en général tout le monde se plaint. Mais ça n'empêche pas certains de revenir tous les ans, la cueillette de cerises pouvant devenir une réelle addiction (avec l'argent qui va avec évidemment).

Dark side of the cherry

Un peu plus de deux mois de saison ! Une première partie dans la vallée d'Okanagan, et puis une deuxième à Creston à 350km plus à l'est (avec cinq jours de pause bien appréciés entre les deux). On est rentré dans le rythme, on a suivi le mouvement et puis croyez le ou non, mais entre le premier et le dernier jour nous avons cueilli à deux plus de 22000 kilos de 🍒 pour presque autant de 💰. Et si on multiplie tout ça par le nombres de fermes, d'arbres, de cerises et de "pickers" dans la vallée, ça fait combien d'argent ??

Le business est énorme et malheureusement pas toujours éthique ni responsable. On parle de tonnes de fruits qui parfois sont directement envoyé en cargo vers la Chine ou le Japon, pays dont les cerisiers sont pourtant originaire non ? Certaines fermes emploient des hélicoptères pour sécher les cerises après un jour de pluie pour éviter qu'elles ne fendent avec le soleil (oui oui des 🚁). Encore une fois c'est tout un monde que nous avons découvert. On a heureusement cueilli une bonne partie de notre récolte en exploitations Bio, mais combien ne l'étaient pas ? Pas facile d'avoir des pensées positives la nuit dans son arbre quand on pense à tout ça. On a encore des leçons à tirer, comme à chaque fois...

Mais en attendant de changer le monde, on retiendra ce que Fabio nous avait dit avant de commencer la saison : "Vous allez voir c'est sur vous que vous allez apprendre le plus !" Et il n'avait pas tort. On est content de cette nouvelle expérience, fatiguante et enrichissante. On retiendra la deuxième partie à Creston, marquée par la naissance d'un joli groupe. On était là ensemble pour travailler et vivre une expérience, juste le temps des cerises. Le reste n'avait pas vraiment d'importance. Et si c'était à refaire ? Sûrement qu'on y retournerait.

A l'année prochaine tout le monde !

Creston Crew ! 
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Publié le 13 octobre 2020

Creston, fin août 2020. La saison des cerises est terminée et la soirée de départ a été bien arrosée. On a liqueur lourd et l'estomac en vrac. Ça fait bizarre de ne plus travailler la nuit, alors ce qu'on fait c'est qu'on dort jusqu'au petit soir. C'est à ne plus rien y comprendre ! On a beau mettre la main au panier, il n'y a rien qui se passe. Les arbres sont vides, on leur a tout pris, ils ont tout donné.

Le cerisier met un an pour créer ses fruits, le cueilleur met une heure pour les lui prendre. Après ça, il rentre en période d'hibernation. La sève fait demi-tour, l'énergie repart vers la terre. Les feuilles meurent et l'arbre est prêt à se reposer avant le printemps qui verra le monde s'émerveiller devant ses fleurs.

Pas sur de s'en remettre de sitôt de cette expérience hein !? Allez hop, tous en van et en route vers les Rocheuses !

FruitDom

Là c'est carrément la folie, on part en vacances qu'on a l'impression de vraiment mériter (parce que le travail rend libre c'est bien connu) avec un van qui tient la route et du temps pour en profiter. L'objectif c'est de remonter tranquillement jusqu'à la petite ville de Jasper en se frayant un chemin entre les montagnes, puis de redescendre doucement vers la vallée d'Okanagan où nous attend notre prochain travail dans le courant du mois de septembre (cueillette de pommes). Nous sommes au milieu d'une bonne période, celle qu'on appelle vertueuse et qui prédispose à faire des choses biens. On est content de ce qu'on a fait et notre programme est bouclé pour après. Entre les deux, quartier libre et glande assurée. L'âme en paix et l'esprit créatif. N'est-il pas là le meilleur moment pour profiter du moment present ?

Si coule la vie 

Alors c'est parti, allons découvrir un peu plus le Canada et ses montagnes, si petites sur la carte mais tellement imposantes dans l'image idyllique qu'on se fait du pays avant de le découvrir pour de vrai. Les Rocheuses sont clairement la destination touristique de l'ouest canadien et ses attractions grandeurs natures sont pour beaucoup la représentation typique du pays. Et heureusement pour tout ce petit monde, les plus beaux endroits sont accessibles par l'autoroute et il n'y a souvent qu'un pas à franchir depuis le parking pour vite accéder à un selfie mémorable. Nous voilà rassurés !

Mais avant tout ça, nous avons tranquillement pris la route vers le nord, depuis Creston, en traversant la région des Kootenay (la même où nous étions en quarantaine dans notre cabane). Un endroit superbe et sauvage, où le tourisme est loin d'être étouffant. Parfait comme premiers jours de liberté pour faire office de transition et retourner à une de vie normale et se remettre du rythme acharné des cerises. C'est avec une grande simplicité que l'on a sympathisé avec des canards sur la plage, vu des ours sur la route, visité des anciennes villes minières, traversé des lacs en bateau, déambulé dans la jolie ville de Nelson et puis aussi dormi des heures sans avoir besoin de mettre de réveil !

Luxe calme et oisiveté 

Et après quelques jours, nous sommes arrivés au parc national des Glaciers, notre premier rendez-vous avec les hautes montagnes canadiennes (nous ne somme pas encore dans les Rocheuses mais dans le massif Columbia). Une première rando marque le début d'une longue série et nous offre une entame des plus fracassante dans le monde des paysages à couper le souffle du Canada. Perley Rock Trail ou comment utiliser nos jambes pour atteindre le pied d'un glacier. 1200 mètres de dénivelé pour se chauffer et sueur froide à l'arrivée.

Illecillewaet Glacier

Ils auraient appelé cette randonnée "La Galerie des Glaces" que ça nous aurait pas choqué, au vu de l'incroyable decors panoramique que nous avons pu apprécier tout le long du chemin. Le problème c'est que pendant les dix jours suivants, chaques marches entamées ou presque nous a offert une vue plongeante sur un de ces gigantesque amas de glace millénaire. Des paysages de montagnes somptueux à tout bout de champ. Et comme il paraît que le bonheur n'existe vraiment que quand il est partagé, on s'est fait plaisir en vivant quelques-uns de ces moments avec des copains cueilleurs eux aussi en vacances dans le coin !

Balu Pass Trail 

Et puis avant d'entamer la route qui deviendra plus tard une des plus belles qu'on ait emprunté dans notre vie, on a fait un arrêt aux lacs les plus connus du Canada : Le Lac Louise et le lac Morraine. Si réputés qu'il faut carrément se lever à 5 heures du matin pour avoir une place aux parkings (Pourtant gigantesques !) Il est toujours plus facile de se demander après coup : "est-ce qu'on a bien fait de venir pour ça ?", mais l'homme est ainsi fait. On a beau savoir qu'un lieu attire beaucoup de monde au détriment de son charme et de sa beauté, on a décidé d'y aller quand même...

Lake Louise 

Mais on n'a pas été déçu du voyage. Le Lac Louise ne nous aura pas fait une énorme impression (la météo n'ayant pas aidé) et son immense château-hotel de 8 étages et près de 600 chambres ne nous aura pas tenté plus que ça. Le Lac Morraine restera notre préféré ! Vue plongeante sur le lac, comment ne pas succomber à cette eau couleur émeraude aux apparences irréelles ? On aurait presque envie de payer 100$ pour une petite heure de canoë, non ? Bon ok partons plutôt marcher vers le Col des Sentinelles et sa vue imprenable sur les 10 pics qui l'entoure. Majestueux !

Lake Morraine & Sentinel Pass Trail

Et cette fois-ci on est bien dans les Rocheuses. Nous sommes dans le parc national de Banff, en Alberta, à quelques kilomètres de Canmore, où nous étions 6 mois plus tôt.

Bref nous continuons notre route et partons un peu plus à la découverte de la nature canadienne. Depuis Lake Louise (la ville du même nom que le lac), nous empruntons la route 93 vers le nord, ou la Promenade des Glaciers comme elle s'appelle, et censée nous mener jusqu'à Jasper 230 kilomètres plus loin.

Et c'est précisément à partir de ce moment que notre road trip s'intensifie quelque peu. Nous voici sur une route spectaculaire aux allures de rêve éveillé, qui chaque jour nous en offre un peu plus au point de ne pas avoir envie de la quitter. Nous y passerons une petite semaine, marchant tous les jours et naviguant entre les montagnes et les glaciers, omniprésents tout le long du chemin. Ils sont les gardiens légendaires d'un secret à la valeur infinie, celui qui traverse les âges et les années, et qui en quelques temps seulement se mettent à fondre à vitesse grand V. De l'âge de glace à l'Anthropocène, nous voici les témoins de leur derniers instants, avant qu'ils ne disparaissent à jamais...

En attendant ce jour si déprimant, nous avons profité de la gaieté du lieu pour se gaver de randos et s'en mettre plein les yeux ! Malgré quelques averses, de la neige et des températures parfois négatives la nuit, nous n'avons pas pu nous empêcher de marcher, en quête de tranquilité.

Wilcox Pass, Helen Lake & Mount Edith Cavell  

Et puis un matin au petit jour du soleil levant, nous avons croisé des Mouflons Canadiens, qu'on appelle Big Horn Sheep en anglais (Moutons avec des grosses cornes), et qui entre nous sonne beaucoup mieux. Le genre de rencontre qu'on sait apprécier quand elle arrive et qui sans mauvais jeu de mot ce jour-là nous a laissé completement bouche bèèèèèè ! On a relevé qu'il n'y avait que des mâles dans le troupeau, qui paraît-il vivent en célibataires toute l'année et qui retrouvent les femelles que pour la période d'accouplement (novembre/décembre), où s'établit à ce moment-là une hiérarchie entre les béliers, dont la taille des cornes (qui poussent toute leur vie et ne tombent jamais) détermine la victoire des aînés. En cas d'égalité, il y a bataille ! Mais en attendant ils profitent du soleil et de leur liberté et se laissent facilement observer par quelques randonneurs chanceux qui se trouvent sur leur sentier.

Big Horn Sheep 

Mais revenons à nos moutons et continuons la visite. Nous voici maintenant dans le parc national de Jasper, dont nous approchons de la ville du même nom. En un siècle, cette ville a vu la région changer et le tourisme s'incorporer dans la vallée. Comme un peu partout au Canada son histoire est la même, au départ il n'y avait que des Indiens vivant de chasse et de pêche dans ces plaines verdoyantes, et puis un jour les européens ont tout chamboulé. Pas facile de traverser les Rocheuses à cette époque, mais ils ont su y arriver, etablissant un poste de traite de fourrures à Jasper. La demande de fourrures explosant en Europe et dans le monde, cette période a vu le Canada s'impliquer de toute part dans la chasse au castor. 250 ans de massacre laissant les hommes se déchirer et les animaux disparaître de manière dramatique. Les Rocheuses n'ont pas été épargnées.

Pendant cette même période (19ème siècle), deux sociétés de chemin de fer se font la course et cherchent à tout prix à rallier l'est à l'ouest du pays. Les hommes troquent leurs pièges à castor contre des pelles et des pioches pour aller creuser et tailler la pierre. Les Rocheuses, rempart imprenable dans la conquête de l'ouest canadien et passage compliqué pour la création d'un chemin de fer transcontinental. Un chantier titanesque qui se continuera jusqu'à la fin du 19ème siècle et dont l'issue changera l'histoire du Canada à tout jamais.

Jasper Town 

Nous retrouvons nos amis chiliens Constanza y Benjamin qui viennent eux-aussi de finir leur périple sur la Promenade des Glaciers. Le matin même, ils ont vu des wapitis sur leur chemin ! Rencontre idyllique au bord d'un lac à l'écart de Jasper. C'est une période de l'année où les animaux se rapprochent des villes pour se protéger des prédateurs (lynx, loups), les chances d'en croiser sont augmentées et nous avons nous aussi eu le plaisir d'en observer de très près !

Elk 

C'est la période de rut et les mâles sont impressionnants avec leur bois qui à ce moment de l'année atteignent leur taille maximale avant de tomber pour l'hiver. Des animaux au charisme imposant qu'il vaut mieux éviter d'approcher de trop près et ne surtout pas se retrouver entre un mâle et une femelle ! Mais quelle montée d'adrénaline incroyable en présence d'un de ces géant... Avec Conna & Benja on se lance dans un concours photo, et puis on passe notre temps à ne parler que de nature et d'animaux. On a déjà eu beaucoup de chance d'en croiser plusieurs mais on en veut toujours plus. La sérénité que procure une rencontre avec un animal sauvage est intense. Nous partageons quelques photos et quelques bières, et puis nous décidons de nous retrouver au lac Maligne, un autre trésor naturel du parc national et situé à quelques kilomètres seulement de Jasper. Nous n'avons à cet instant aucune idée des rencontres encore à venir...

Maligne Lake 

D'après Wikipédia, le lac Maligne est situé dans le parc national de Jasper (jusqu'ici tout va bien), dans la province de l'Alberta (toujours ok), à l'ouest du Canada (ouf on est bon !). Il mesure environ 22,5 kilomètres de long et sa profondeur moyenne est de 35 mètres. Quelques informations sur son histoire, sa géographie et sa faune, mais pas plus que ça. Et pourtant ! Septembre est décidément une belle période pour se balader dans les Rocheuses et pour voir des animaux, et avec un peu de chance le rendez-vous n'a pas été manqué.

Bois de velours

Nous avons, avec Conna & Benja, eu l'incroyable chance d'observer ensemble le plus grand animal de la famille des cervidés, j'ai nommé l'orignal ! (Ou élan si on préfère). Récit :

Lac Maligne, 8h00 du matin. La nuit a été très froide (en dessous de 0°C) et la bonne odeur du café se disperse dans Blue Jay (notre Van). Les copains chiliens sont partis faire un tour, et reviennent euphoriques en nous indiquant où voir des orignaux, une femelle et son petit tranquille au bord de la route. En y allant, on tombe sur un mâle biiiim ! Carure imposante et bois démesurés, le voilà qui, le pas tranquille et léger, se dirige vers le lac. Rien que la vue de cet animal procure une dose suffisante d'adrénaline pour se mettre à trembler. J'attrape mon appareil et nous voilà tous les deux sur ses traces, dans le respect d'une distance suffisante pour ne pas le déranger, qui nous mèneront jusqu'au bord du lac. La suite n'est qu'un pur moment hors du temps. Nous longeons le sentier pour observer l'animal mangeant des algues dont il est si friand. Conna & Benja nous ont rejoint, quelques personnes sont là aussi, tous témoins d'un instant de cet incroyable moment.

Moose 

Les algues contiennent d'excellents nutriments, et les élans (ou orignaux on se comprend) sont très bons nageurs et n'hésitent pas à plonger jusqu'à 5 ou 6 mètres pour aller chercher leurs plantes préférée. Ce jour-là, nous aurons également la chance de voir la maman et son petit, nager et entamer une traversée pour rejoindre l'autre côté !

Mais la cerise sur le gâteau arrive dans la soirée. Avec Zuzana nous partons pour une balade autour du Lac de l'Orignal dont le nom inspire forcément l'envie d'aller s'y promener :

Le lac est encore au soleil, et on aperçoit de l'autre côté une femelle entrain de se nourrir dans l'eau. Un peu loin malheureusement pour prendre des photos mais au moins on se dit qu'on aura vu quelque chose (on y est aussi allé la veille et rentré bredouille). Peu de temps après, et comme sorti de nulle part, un mâle apparaît ! C'en est trop il faut qu'on s'approche ! Le soleil vient de se cacher, et nous on reste discret. L'animal se lance dans l'eau puis rejoint ensuite la berge. Longeant le lac sur un sentier en hauteur, nous sommes aux premières loges pour l'observer. On partage tout ça avec un autre couple qui n'en reviennent pas eux non plus, subjugués.

Moose Lake 

Fabuleux non !? On en tremble encore. Il était là, tout prêt, et on était assez haut pour ne pas le déranger. Plus incroyable encore, après vérification sur les photos on s'est rendu compte que c'était le même que celui aperçu le matin ! On a d'abord cru qu'il s'était battu en voyant beaucoup du sang sur ses bois, mais on a appris plus tard qu'il s'agit en fait d'une étape naturelle qui ne leur arrive qu'une seule fois dans l'année. Les bois de l'orignal mâle poussent pendant l'été, à raison parfois de 3 centimètres par jour, et en septembre pendant la période de rut, ils perdent leur velours... En 24 heures seulement. Moments rares pour deux privilégiés. En novembre, c'est toute la coiffe qui tombe, allégeant la tête du mâle de près de 40 kilos. Le voilà plus tranquille pour passer l'hiver... Dans les bois.

Le road-trip touche à sa fin, mais on aurait envie que ça se prolonge un peu. On a vu tellement d'animaux en quelques jours qu'on voudrait que ça continue. On aimerait bien voir des ours d'aussi près ! Ceux qu'on a vu un peu partout dans la province, mais uniquement depuis la route. (Sauf pour Zuzana qui un jour en a croisé deux en marchant, dans la vallée d'Okanagan). Mais la nature est ainsi faite, la rencontre avec un animal ne se programme pas. Certaines agences propose des tours, promettant le meilleur. Le tourisme dans les Rocheuses est maintenant hyper développé, et en été la route qu'on vient d'emprunter est bondée. Festival de pick-up géants pour tourisme démesuré. Septembre nous aura permis d'éviter un peu tout ça, et la randonnée de pouvoir facilement s'évader.

Nous entamons notre retour vers Okanagan. On a encore un peu de temps, on en profite pour une dernière rando autour du plus haut pic des Rocheuses, le mont Robson et ses 3954 mètres de rochers. Impressionnant !

Mount Robson 

Et pour finir en beauté, la nature nous offre un dernier spectacle avant de rentrer. L'automne est la période de ponte des saumons. Après avoir passé 4 ans dans l'océan, leur horloge interne les poussent eux-aussi à rentrer. Une incroyable migration de plusieurs milliers de kilomètres a lieu tous les ans et les poissons reviennent au lieu exact où ils sont nés. Les plus costauds iront le plus loin, mais beaucoup n'auront pas là force de tout remonter. Une fois arrivés, les femelles pondent leurs œufs à l'abri du courant, et les mâles se battent entre eux pour pouvoir les féconder. Et quand le travail est fait, les saumons meurent, épuisés. Une nouvelle génération verra le jour au printemps et commencera sa migration vers l'océan.

Au parc provincial de Clearwater, nous avons la chance d'observer des saumons sauter dans la rivière. Nous sommes à la cascade de Baileys, celle qui marque la fin du périple pour certains. Le courant étant trop fort, les saumons tentent en vain de continuer.

Oh Montagnes canadiennes, que vous nous aurez fait Rêver

Soleil d'automne pour Nature abondante

Rayons de Bonheur et de Félicité

Spectateurs isolés sur chemins de Détente

Belles Aventures et souvenirs Dorés

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Hope, Colombie Britannique_Canada_2 juin 2020

Petit retour en arrière de quelques mois :

Nous sommes à Hope pour faire des achats de veille de départ (début d'une nouvelle vie en van). Dans un Second Hand Store (ou Thrift Store = une friperie bon marché, comme il y en a partout au Canada et où l'on achète tous nos vêtements), on trouve quelques affaires, des assiettes et mugs, des chaussures pour Zuzana, etc. J'attrape une nouvelle fois un livre que j'ai remarqué la veille sur l'étagère derrière la caisse et dont la vendeuse m'avait dit : "it's a local writer !" (C'est un écrivain du coin !). Je jette toujours un œil aux livres dans ce genre de boutique, on peut toujours y trouver des petites perles même si en général il y a surtout des romans d'amour dont personnes ne veut ou des best-sellers que tout le monde à lu. Là c'est différent, il y a quatre livres en présentation, et ils ne sont pas d'occasion. Aujourd'hui ce n'est pas la même dame et celle-ci me dit à son tour : "it's my hansband's books !" (Ce sont les livres de mon mari !). On discute un peu, elle me parle des livres et m'en conseille un en particulier. C'est le premier d'un genre de trilogie qui parle de l'influence que peuvent avoir les films sur ceux qui les regardent, comme un des outils utilisé en ingénierie sociale (chose que je n'avais pas encore détecté à ce moment mais que je decouvrirai plus tard). Le sujet me plaît et elle ajoute : "Vous êtes là demain ? Mon mari sera là si vous voulez le rencontrer." Je lui répond qu'on est sur le départ et qu'on ne sera pas là demain malheureusement. Elle me dit que c'est dommage, que ce n'est pas souvent que quelqu'un s'intéresse à ses livres. Elle attrappe ensuite un talkie-walkie et l'appelle ! Elle me dit qu'ils habitent à deux rues d'ici. Pas de réponse. Elle décide d'y aller, elle me dit que ce n'est pas loin. Je suis un peu gêné mais elle a l'air d'insister. Quelques minutes plus tard elle revient et me raconte qu'il n'est pas disponible. Fin de l'histoire, mais je décide d'acheter quand même acheter son livre. Finalement, coup de théâtre, le voilà qui répond au talkie-walkie. Elle lui dit que je suis encore là et que ce serait bien qu'il vienne. Dehors il pleut des cordes et je sens bien (et j'entends) qu'il n'est pas vraiment motivé à l'idée de se bouger. Me voilà encore un peu plus gêné...

Dix minutes plus tard, il entre dans la boutique. Un homme sympathique à la dégaine d'écrivain. Une barbe de plusieurs jours et des vêtements sans doute acheté dans une friperie bon marché. Je n'aurai pu mieux l'imaginer ! Je lui demande de me parler de son livre et il me confie qu'il ne sait pas par où commencer, que ce n'est pas souvent qu'on lui pose cette question. Je ne comprends pas tout ce qu'il me dit à 100% (accent British prononcé), mais je capte le sujet, sur l'influence que peut avoir un film sur une vie, avec une analyse de celui-ci en perpetuelle évolution suivant son âge ou son état moral. Chaque chapitre est dédié à un film ou un sujet. On en parle un peu, il me cite Taxi Driver et Blue Velvet, deux films qui m'ont aussi marqué (et que j'ai même toujours avec moi sur un clé USB). Il me parle de contrôle de la population, d'ingénierie sociale, du système hollywoodien. Il me dit aussi que le livre est très personnel et très noir dans l'ensemble. Dix minutes d'entretien suffisent, je repars heureux de cette rencontre avec un nouveau livre signé de son auteur.

Trois mois plus tard, je l'ai enfin fini. Que ce fut difficile de trouver du temps pendant cette folle période de cueillette de cerises ! J'en ai lu une petite première moitié sans pouvoir aller plus loin, mon esprit étant indisponible à la lecture consciente d'un livre en anglais, et c'est dans les Rocheuses que j'ai réussi à réellement me plonger dedans et qu'il a prit tout son sens. Seen & Not Seen se classe directement dans le type de littérature que j'affectionne particulièrement = roman autobiographique d'un écrivain dont l'éducation n'a pas été facile, qui a beaucoup souffert et qui souffre encore aujourd'hui. L'écriture comme un besoin d'exprimer tout ces manques et ces malaises, et dont l'expression de ses sentiments par écrit, en y cherchant sa place dans le monde par l'analyse de sa vie et de ses blessures, agit comme une véritable thérapie. Voilà le véritable sujet du livre de Jasun Horsley.

Seen & Not Seen est un livre de confessions. Est-ce le fait d'avoir rencontré son auteur ou pas, mais en tout cas je suis vraiment rentré dedans. Et ce grâce à l'analyse de films, de leur conception, de leur réels contextes et de l'effet qu'il peuvent avoir sur un public plongé dans un système de contrôle de masse. Mais aussi grâce à de nombreuses citations. Curieux comme le nom de certains auteurs peut revenir souvent dans les livres, comme Dostoïevski par exemple. Analyser la vie basée sur son expérience personnelle et puis s'appuyer sur des récits qui, dans le fond, ont le même objectif pour l'auteur, et qui bien souvent pourraient être résumés en une ou deux questions simples du style : qui sommes-nous et où allons-nous ? C'est un peu réducteur, mais c'est pourtant vrai.

La littérature est un art fascinant ! Et cette rencontre m'a fascinée tout autant.

Dans une review que j'ai depuis laissé sur son site (et qu'il ma avoué être sa favorite sur ce livre), je compare son écriture à celle des écrivains de la génération 'Beat', dont le courant littéraire m'attire et me plaît. Pour quelqu'un ayant vécu à la rue au Maroc et encouragé par William S.Burroughs en personne (original Beat writer), on est pas loin du compte. Ce livre m'aura donc plu par son contexte et par son contenu. Il fera parti de ceux que je rapporterai en France en rentrant et c'est avec plaisir que je vous le prêterai si l'idée vous en plaît !

Jasun Horsley, histoire d'une rencontre avec un écrivain.

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Publié le 23 décembre 2020

Rencontres Inattendues #2 : Ours noirs (Black Bears), par Zuzana (ce jour là je n'étais pas là !)

Po prvý krát prišiel čas aj na krátky článok v slovenčine! Táto udalosť sa odohrala počas leta, v momente keď som sa vybrala sama na vychádzku. Chvíľu mi trvalo tento príbeh napísať, ale ako sa hovorí, lepšie neskoro ako nikdy ...

Pentincton, 14. 6. 2020

Tento podvečer som išla na menšiu turistiku do lesa neďaleko Pentinctonu, zachytiť posledné lúče slnka s výhľadom na Okanagan jazero. Mount Randolph je hlavne populárny pre horských cyklistov (mountain biking), ale v tento čas ich tam veľa nebolo. Hneď na začiatku ma pozdravil jeden chlapík a prekvapil ma s informáciou, že tu pred chvíľou videli medveďa. Opatrne som sa vydala smerom po "stopách" medveďa, vzrušená ale tiež trochu vystrašená. Počas cesty som tlieskala, občas pískala (keďže sa to všade odporúča, aby medveď o človeku vedel a neostal prekvapený), tiež som sa zastavila pri pekných výhľadoch, no po medveďovi ani náznak. Môj turistický okruh bol pomaly na konci a medveďa som vypustila z hlavy, určite je už poriadne ďaleko.... A v tom pár metrov predo mňou, prekročil krížom moju trasu mohutný americký čierny medveď (Ursus americanus) hnedej farby a ani si ma nevšimol. Ostala som zamrazená a zároveň sa rozhodovala či sa kúsok vydať za ním a vidieť ho lepšie, ale strach mi to nedovolil. Čo sa ukázalo ako dobrá voľba, lebo o chvíľu na to sa objavil druhý medveď o niečo menší, typickej čiernej farby. V tomto momente som neváhala ani minútu, zvrtla sa na päte a vrátila sa naspäť po chodníku. V hlave mi výrili myšlienky : "Bola to mama s mláďaťom?", "Alebo randiaci pár?" (Medzi júnom a júlom majú medvede obdobie párenia) ,"Sú tu ešte ďalšie medvede?" , "Nevyberú sa za mňou?" .... Našťastie som nebola ďaleko od záveru a viedla tam aj druhá trasa. Srdce mi neuveriteľne bilo a v žilách mi prúdil adrenalín, snažila som sa ukľudniť, veď predsa nie je dôvod na paniku! Koľkokrát som ľuďom vysvetľovala, že medvede nezaútočia len tak bez príčiny. Napadnutia v prírode sú veľmi ojedinelé, väčšinou keď matka cíti že jej mláďa je v ohrození. Čo vôbec nebol tento prípad a medvede čierne nemajú tendenciu obraňovať svoje mláďatá (na rozdiel od medveďa grizly), väčšinou v nebezpečenstve vylezú na strom. Každopádne som počas celej cesty naspäť tlieskala, robila hluk, k vychádzajúcemu bodu som sa dostala za približne 15 minút, posadila sa na lavičku a vydýchla si. Až vtedy som si konečne uvedomila neuveriteľný zážitok, stretla som MEDVEĎA, dokonca dvoch. O tomto stretnutí som snívala už poriadne dlho!

Autor fotky  Jean Beaufort

Čierny medveď alebo medveď baribal (Ursus americanus) je stredne veľký medveď pôvodom zo Severnej Ameriky. Je to najmenší a najrozšírenejší druh medveďa na tomto kontinente, len v Kanade ich žije medzi 380 000 až 500 000! Samec dosahuje v dospelosti hmnotosť približne 103 kg a samica okolo 73 kg v oblasti Britskej Kolumbie. Medvede baribal majú viac farieb ako akýkoľvek iný severoamerický cicavec. Srsť je rôzna v závislosti od lokality výskytu, na východe Severnej Ameriky je obvyklá čierna srsť, na západe môže byť hnedá, škoricová, žltohnedá, čierna a na pacifickom pobreží sivomodrá, ojedinele biela.

Americké čierne medvede sú všežravce, až 85% ich potravy pozostáva z vegetácie (výhonky rastlín, stromov, ovocie, najmä bobule, a na jeseň žalude, orechy, borovicové semienka,...). Väčšinu ich živočíšnej stravy tvorí hmyz a nepohrdnú ani zdochlinami. Medvede, ktoré žijú v severných pobrežných oblastiach tiež lovia ryby (lososy, pstruhy, sumce, ...). Čierne medvede môžu byť aktívne kedykoľvek počas dňa alebo noci, hoci konzumujú potravu hlavne v noci. Na zimný spánok sa ukladajú v Kanade koncom októbra, začiatkom novembra a hibernujú až do apríla, začiatku mája. Najtypickejšími miestami sú brlohy v dutinách stromov, jaskyniach, pod vyvráteným stromom alebo diery, ktoré si sami vyhrabú.

Medvede baribal sú v priemere menšie ako medvede grizly (Ursus arctos horribilis), nemajú chrbtový hrb a uši sú dlhšie, zúženejšie. Ich pazúry sú menšie a pevnejšie zakrivené, ktoré využívajú pri lezení po stromoch.

Možno ma v budúcnosti prekvapí nečakané stretnutie s medveďom grizlym alebo dokonca medveďom hnedým niekde na Slovensku!

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Publié le 23 décembre 2020

Cawston, Colombie-Britannique_Septembre/Octobre 2020

La saison des pommes est aujourd'hui terminée. Elle s'est passée sans un pépin, dans le cœur d'une vallée qu'on appelle Similkameen dans la langue des premières nations. Le village s'appelle Cawston (dans la langue des colons) modeste capitale canadienne de l'agriculture biologique ! Et c'est pendant un mois que, sous un beau soleil d'automne, nous avons travaillé à la ferme et cueilli des pommes. La variété principale de la région, celle qui a le plus de succès en quelque sorte, c'est l'Ambrosia. Belle et sucrée, bien ronde avec ses joues dorées, la pomme Ambrosia est née chez le frère de notre employeur, son voisin, qui par le plus grand des hasards un jour a découvert dans son allée un arbre un peu spécial donnant des fruits d'une qualité nettement supérieure. Nous sommes au début des années 90, et personne ne se doute encore que la variété fraîchement découverte sera bientôt cultivée en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Chili, en Italie, et dans bien d'autres pays ! Véritable star des vergers, elle occupe l'attention de dizaine de cultivateurs ici dans l'ouest canadien, au grand plaisir des cueilleurs venus en nombre goutter au plaisir du fruit répandu. On en a peu en France, en Amérique croyez-moi elle cartonne !

Paume Ambrosia 

La technique avec l'Ambrosia, c'est qu'il faut attendre la bonne couleur avant de la cueillir. Comme toutes les pommes vous me direz, mais là je crois que c'est encore plus prononcé. D'abord bien verte, elle devient plus rouge quand elle est prête, atteignant sur fond vert-jaune un ton légèrement rosé. Superbe, on a envie de la croquer ! Et puis comme les arbres sont bien taillés, ils donnent énormément de fruits, si bien qu'il faut compter plusieurs passages par rangées. Le matin à la fraîche on aurait presque envie de chantonner des mots d'amour pour faire rougir toutes celles qui tardent encore à se colorer...

Évidemment comme pour les cerises, la cueillette de pommes est un travail plus physique que poétique ! Au plus fort de la récolte c'est plusieurs tonnes par jour qu'on trimballe à la force de nos épaules bien échauffées. Parfois c'est le dos qu'on a en compote. Ça rigole moins le soir à la débauche. Et puis tout ces allers-retours dans l'échelle, ça en rajoute une couche, qui fait qu'en fin de journée on a plus beaucoup de jus.

 Cueillir des pommes sans se presser

Mais que c'est bon de prendre l'air ! En cette année particulière et confinée, on se dit qu'on a beaucoup de chance d'être où on est. Quand on nous a proposé ce job de cueillette de pommes biologiques, c'était tout naturel d'accepter. Et puis avec des employeurs si sympathiques, on aurait vraiment eu tort ne pas se pointer. Passer des heures dans les arbres, dehors au soleil, c'est pas tous les jours faciles mais c'est quelque chose qu'on commence à sacrément apprécier. Un travail sain au contact du végétal, sans stress ni produits nocifs. On voudrait en apprendre plus et on aurait presque envie d'en faire son métier. Qui sait ?

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Publié le 24 décembre 2020

Il existe une île au large de la Colombie-Britannique, qu'on appelle Île de Vancouver. Vers la fin du XIXème, Les Espagnols ont tenté de s'y imposer dans ce qui deviendra plus tard le Canada, au grand désarroi des British qui ont cru dans cette tentative à une guerre imminente entre les deux nations. Il n'en fut rien heureusement, la convention de Nootka (1792) venant sceller pacifiquement le conflit en faveur de la Grande-Bretagne. Et c'est le capitaine George Vancouver qui prendra par la suite le contrôle de l'île, à qui elle doit aujourd'hui son nom, ainsi que celui de la plus grande ville de l'ouest canadien.

Elle est l'île la plus imposante de la côte ouest d'Amérique, l'équivalent en surface à la Belgique. Sa capitale Victoria (nommée en hommage à la reine d'Angleterre) fut la plaque tournante de la ruée vers l'or du pays, en devenant le port et la base d'approvisionnement des mineurs assoiffés. Elle est la capitale de la province canadienne, à l'instar de Vancouver pourtant aujourd'hui beaucoup plus développée. Elle accueille plusieurs bâtiments du gouvernement dont l'imposante assemblée législative de la Colombie-Britannique, dont la photo suivante n'en est pas du tout la représentation.

Victoria 

Mais passons, tout ceci n'est que de l'histoire ancienne, intéressante certes, mais pas vraiment dans le but de notre visite. À la recherche du temps perdu oui d'accord, mais à la recherche surtout du temps présent. Vivre aujourd'hui, sans trop penser au passé révolu et en évitant de se projeter dans un avenir qui de toute façon viendra inexorablement. Alors avant de méditer sur notre expérience Vipassana (article suivant), voyons ce que l'île a à nous proposer :

A l'ouest, c'est la côte pacifique ! Des grandes plages sauvages, des vagues pour les surfeurs et des paysages qu'on pourrait situer à la croisée entre le Brésil et la Bretagne. On aurait presque envie de se baigner s'il ne faisait pas si froid (ce qui ne correspond pas au Brésil pour le coup), mais le mois d'octobre n'étant peut être pas la meilleure période pour ça !

 Tofino & alentours

Des grandes plages interminables tournées vers un océan infini. L'endroit est sauvage et semble isolé, mais il n'en reste pas moins un haut lieu du tourisme en période estivale. On s'imagine pleinement passer des journées entières sur la plage avec surf le matin, sieste l'après-midi, coucher de soleil et nuit à la belle étoile. Vraiment ça donne envie.

Chesterman Beach 

L'autre particularité du coin, c'est la forêt. La côte ouest bénéficie d'une pluviométrie exceptionnelle et abrite une imposante forêt tempérée humide (qu'on appelle Rainforest dans le jargon local). Et même si la majorité des arbres de l'île sont régulièrement abattus, pour des raisons qu'on connait bien, il reste quelques endroits vierges à l'écosystème ultra développé. C'est aussi le cas à l'est, où il existe encore des forêts primaires (ou forêts vierges) dont certaines regroupent les plus grands arbres Canadiens. Pin Douglas, Tsuga, Cèdre rouge... Des géants qui en imposent et qui nous rappellent ô combien nous ne sommes rien. Alors en attendant qu'ils disparaissent, non pas naturellement mais sous les griffes des sociétés d'exploitations forestières dont rien ne ralenti la ruée vers l'or, nous profitons de simples balades en forêt comme des voyages à remonter le temps.

Aux arbres et caetera 

La côte est, une ambiance complètement différente qu'on pourrait comparer à celle qui règne le long du fleuve Saint Laurent au Québec. On ressent l'air marin, mais différemment. L'eau est tranquille mais il n'y a pas de vagues. La vie paraît calme et paisible pour ceux qui habitent dans le coin. Ici la vue donne sur le Détroit de Géorgie, où en été les cétacés sont de passage, au grand plaisir des voyageurs venus pour les observer. Cétacé impressionnant une baleine ! Sauf quand elle se cache à l'eau évidemment. On n'aura pas eu la chance d'en voir cette fois-ci, la saison les ayant déjà repoussé vers les mers du sud, mais on aura vu des phoques au moins, qui eux sont là toute l'année à nous faire de l'œil pour essayer de nous charmer.

Phoque it 

Sur cette île remplie d'artistes, Zuzana s'est offert des cours de vitrail, sa nouvelle passion montante. Le bilan est positif, elle s'est en prime achetée tout le matériel qui va avec, de quoi occuper les longues soirées d'hiver à venir. Affaire à suivre !

Et puis une fois n'est pas coutume, nous avons trouvé un endroit pour passer quelques jours en échange d'un travail bénévole. Nous sommes allés chez Ezio, un modeste propriétaire d'un domaine démesuré aux caractéristiques pas toujours courantes. En d'autres termes une grande maison "naturelle" avec impact limité et matériaux écologiques.

Et jardin secret 

Un artiste d'un âge déjà bien avancé mais qui n'hésite pas à accueillir des jeunes du monde entier pour leur partager son expérience de la vie. Ezio est passé par plusieurs métiers, dont celui d'ébéniste qu'il a auto-appris quand il habitait en France, en cherchant à s'échapper d'un système qui commençait à le ronger. Des années de voyages ont forgé chez lui un goût pour la curiosité qui aujourd'hui en font sa qualité première. C'est ainsi par exemple qu'il s'est petit à petit intéressé aux huiles essentielles et produits de beauté, passion qu'il met en œuvre depuis son labo personnel. Zuzana a eu le nez pour sauter sur l'occasion et se créer un parfum maison. Cerise sur le gâteau, son atelier hyper équipé nous a donné envie de création, et c'est avec plaisir que nous lui avons offert un joli banc pour ses méditations. Un échange comme on les aime, merci pour ces deux belles semaines !

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Publié le 24 décembre 2020

Parmi les expériences temporelles que nous avons fait sur l'île de Vancouver, il en est une qui restera à tout jamais : nous avons participé à notre premier cours de méditation Vipassana.

Vipassana qu'est-ce que c'est ?

C'est une très ancienne technique de méditation qui s’enseigne en dix jours minimum, et qui peut ensuite se pratiquer toute la vie. Le but est de se concentrer sur soi, c'est pourquoi la quasi intégralité du séjour se déroule dans le silence et sans communications. De plus il n'est permis d'apporter aucunes distractions. Pas de téléphone, pas de livres, pas de quoi écrire ou dessiner, pas de musique, rien.

Celà fait quelques années qu'on en entend parler, et nous avons rencontré ces derniers mois au Canada plusieurs personnes l'ayant déjà fait. Cette période peu commune nous a poussé à sauter le pas, profitant de l'occasion et d'un automne pluvieux pour se lancer dans une introspection.

Nous avons eu beaucoup de chances d'avoir une place au centre de Duncan. L'inscription s'est faite plusieurs semaines à l'avance, sans pour autant avoir l'assurance d'être acceptés et avec des places plus que limitées pendant le Covid. Ils ont de plus essayé de nous joindre deux jours avant le début pour nous dissuader de venir, le cours étant menacé d'annulation par le gouvernement limitant les déplacements non essentiels (grosse augmentation de cas de Covid en novembre). Il y a des jours où toutes les planètes sont bien alignées, où le hasard fait bien les choses et la vie te mène vers ta destinée, et nous avons malgré tout ça pu participer au cours qui s'est déroulé du 19 au 28 novembre 2020.

Et donc c'est quoi le but de faire ça, comment ça marche ?

Le but premier est, parlons clairement, d'améliorer sa vie. Par le biais de plusieurs heures de méditation dans le silence, sans distractions aucunes et sans produits intoxiquants, on apprend à mieux se connaître en respectant son corps et en laissant de côté son Moi. En théorie cest très simple à comprendre, en pratique c'est autre chose. Se couper du monde pendant dix jours fait mal. Je suis personnellement passé par des périodes très compliquées, au début surtout, où je me demandais ce que je faisais là. Je voyais notre van depuis la fenêtre de ma chambre, j'avais envie d'aller chercher Zuzana et de dégager ! Que c'est difficile de tout stopper pendant dix jours, de mettre sa vie entre parenthèses et de reduire son égo à néant. C'est pourtant bien le but, et c'est par là qu'il faut passer si on veut obtenir des résultats.

Qu'est-ce qu'on fait pendant dix jours ?

Les journées sont toutes les mêmes, à la minute près. Réveil à 4h, coucher à 21h. Entre les deux il n'y a pas moins de 10h de méditation, deux repas (petit-déjeuner et déjeuner), et quelques temps de toilettes et de repos. Il est également possible d'aller se balader et prendre l'air dans le parc du centre.

Le rythme est monastique. Personne ne parle, les heures de méditation et de repas sont annoncés par une gong. Les cours sont donnés via des enregistrements audios et vidéos par S.N Goenka, un professeur de Vipassana aujourd'hui disparu. C'est lui qui dans les années 70 a vu en Inde ses cours prendre une ampleur de plus en plus croissante. Aujourd'hui c'est sa voix qui résonnent dans les centres du monde entier.

Et comment on médite, comment on a des "résultats" ?

La méditation Vipassana apprend à affiner et à concentrer son esprit. Les premières journées sont compliquées parce qu'on n'arrive pas à le gérer. On médite assis, les yeux fermés. Les pensées se multiplient, c'est le brouillon dans sa tête et les séances en deviennent interminables. Mais avec le temps et le silence, les choses commencent à s'améliorer et on se sent progresser.

Pendant les trois premiers jours on ne fait que se concentrer sur sa respiration, sans chercher à en modifier le rythme, puis ce n'est qu'à partir du quatrième qu'on commence à pratiquer la technique dite Vipassana. On apprend à "scanner" son corps et à en ressentir des sensations : chaud, froid, air, contact des vêtements, douleur, pression, etc. L'esprit aiguisé se met à tout discerner. De plus, rester des heures assis tous les jours poussent le corps à s'habituer à ne pas bouger. Alors qu'au départ on se dit qu'on n'y arrivera jamais, petit à petit on commence à développer des capacités d'immobilité, qui combinées à la méditation peut parfois amener à ressentir des sensations nouvelles et extrêmement plaisantes. À chacun son expérience, la mienne a été très intense.

En maîtrisant ses pensées et en se concentrant sur son corps, on y découvre l'impermanence. Les cellules de mon corps sont sans cesse en renouvellement, les sensations douloureuses ou agréables que je perçois ne sont donc pas éternelles, et j'en déduis que mon esprit réagit beaucoup trop en fonction de ce que je ressens. Le processus nous aide à développer son objectivité et son equanimité, ce qui signifie qu'on devient beaucoup plus capable de faire face à ses humeurs suivant les évènements de la vie qui surviennent. Pour faire plus simple, on arrive à mieux gérer son stress, sa colère, son attachement, sa rancœur... et tout ce qui tend à nous rendre malheureux.

On ne se rend compte de tout ça qu'après. Les résultats s'obtiennent en travaillant sérieusement. En soit ce n'est pas très compliqué, il n'y a qu'à s'observer !

Et en couple ça donne quoi ?

En couple c'était très particulier. Nous avons passé dix jours ensemble mais sans se voir vraiment, sans se parler, sans dormir ensemble mais à méditer plusieurs heures par jour dans la même pièce. Seul c'est déjà une expérience extraordinaire, mais alors à deux c'est évidemment différent. Depuis, ça va très bien ! Nous sortons à peine de notre bulle, plutôt épaisse. On échange beaucoup sur ce qu'il s'est passé et sur nos ressentis. On essaye tous les jours d'analyser ce qui a pu changer en nous et ce sur quoi on est entrain de progresser. Les effets post-Vipassana sont tout à fait positifs !

On sait aussi que tout ça va évoluer. Pour ancrer sa pratique, il est recommandé de méditer 2 heures par jour, et c'est déjà très compliqué (pour moi surtout). On a envie de persévérer, on veut rester connecté. Il est possible de devenir "serveur" sur un cours, les centres n'étant gérés que par des bénévoles. C'est un bon moyen de s'investir et de continuer à pratiquer.

Un mot pour la fin ?

Voyage immatériel au cœur de soi-même et véritable remède universel contre les maux de notre société, un séjour tout à fait incroyable que je conseille à tout le monde d'essayer ! L'expérience est bluffante, parfois difficile aussi. Dix jours qui assènent des coups au corps et à l'esprit. Il faut s'accrocher, la vérité n'est jamais simple à affronter. Il n'y a pas de solution sans révolution, si personnelle soit elle. Sans doute l'expérience la plus intense et profonde de notre vie. Croyez nous, ça en vaut la peine !


Toutes les informations sur le site :

https://www.dhamma.org/fr

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Publié le 26 décembre 2020

Youhou c'est Noël ! 🥳

(Attendez un peu que ça charge 😉)

Chez nous il a neigé j'en prends plein la figure ! ❄

Franchement ça fout les boules... 🥶

Malgré tout ça c'est sympa de passer les fêtes au Canada🎄

Un petit verre de punch pour vous souhaiter Joyeux Noël ! 🥂