En dehors de la misère urbaine, nous avons aussi découvert la misère rurale. La misère des villages excentrés, pauvres et asséchés. Le développement massif et rapide de l'Inde l'a précipité dans une consommation abusive et irresponsable. De nombreux villages manquent aujourd'hui d'eau, les terres sont asséchées, les récoltes mauvaises et la santé des habitants inquiétante.
Nous avons rendu visite à trois villages dont deux proposaient des alternatives simples et innovantes à ces problèmes.
LES LIMITES DU DEVELOPPEMENT RURAL
Le premier village était voisin à un institut de couture. Un long chemin de terre menait à ce village. Sur ses bords, des femmes lavaient le linge dans de petits cours d'eau, des bouteilles d'eau coupées en forme d'entonnoir étaient coincées entre les feuilles de yuka afin de récupérer de l'eau potable lors de pluies et des plastiques jonchaient le sol.
Une fois entrés dans le village nous fîmes surpris de la précarité. Le paysage ressemblait à ceux d'Afrique vu sur les campagnes de communication d'Action contre la faim. Des maisons en terre d'argile et sans portes avec pour toit des feuilles séchées de palmiers. L'intérieur des habitations étaient tout aussi précaire. Trois casseroles, une affiche de Jésus crucifié et un drap faisant office de lit était disposé à même le sol. Dans la cuisine, tout était suspendu au plafond pour ne pas que les rats volent le peu de nourriture présent.
Au milieu du village, un amas de pierre semblait servir de four commun. Quelques pas plus loin se trouvait, un important amas de plastique. Le soleil tapait fort sur cette décharge et une odeur puante s'en dégageait. Un peu plus loin, trois enfants s'amusaient sur une charette, l'odeur ne semblait plus les déranger.
Ce village, excentré, asséché et pollué illustrait parfaitement les limites du développement intensif indien.
DES TRADITIONS QUI EMPECHENT LE DEVELOPPEMENT
La visite de ce village survint en fin de journée, le soleil brûlait, le sol semblait bouillir. Le village était entouré par la route, des lignes électriques à hautes tensions le traversaient.
Sous ce soleil de plomb, des femmes fabriquaient des briques d'argiles. Mains nues, elles mettaient une matière argileuse (mélange de matières fécales, de terre et de paille) dans des moules en forme de brique. Une autre démoulait les briques au soleil et les laissait sécher. Plus loin, les hommes faisaient cuir les briques dans des fours géants. Une forte fumée s'en échappait et polluait ainsi l'air. Les conditions de vies de ce village était dérisoires. Les habitants vivaient sous des lignes hautes tensions, en plein soleil, sans eau, dans des huttes en pailles, au bord d'une route et respiraient un air pollué par les fours.
Une fois sortis du village, une sœur nous expliqua les raisons de cette vie. Pourquoi ne changeait-ils pas de vies ? Pourquoi ne gagnaient-ils pas la ville ? Hazel nous expliqua qu'ils étaient endettés suite à leurs mariages. Ils ont emprunter à un usuriers qui leur fait produire des briques en échange du remboursement de leur mariage. Les traditions sont parfois difficilement compréhensible lorsqu'on est étranger. Ces femmes et hommes étaient devenus volontairement des esclaves économiques.
DES SOLUTIONS : UNE ECONOMIE SIMPLE ET RELOCALISEE
Le deuxième village visité se trouvait à quinze minutes à pieds de la route, nous avons marché dans un paysage aride et sec, les puits étaient tous vides ou vaseux et la végétation presque morte.
Une fois arrivé au village, nous fîmes accueillis par des femmes souriantes et timides qui nous firent une danse traditionnelle. Le village était constitué de hutte en paille et de quelques bâtiment en argile. Les hommes du village, honteux de nous voir s'étaient réfugiés dans une hutte ou étaient partis travailler.
Les femmes nous ont alors expliqué le fonctionnement de leur village, il y a plusieurs années les terres devenues asséchées ont diminué les rendements agricoles et par conséquent leurs revenus. Ils se sont appauvris et ont concentré leurs activités sur la récolte de graine servant à faire des bonbons. Les hommes et femmes du village récoltaient ainsi les graines et les vendaient directement à un industriel qui les conditionnait. Les sœurs ont alors acheté deux machines de conditionnement afin de permettre au village de transformer les graines et en tirer meilleur prix de vente.
Le village se situe à plus de trois heures de marche de l'école. Le gain supérieur de richesse leur a permis de construire une école dans le village afin que les enfants apprennent à lire et à écrire. L'activité économique du village a ainsi sut s'adapter à la situation sans forcément résoudre le problème mais en améliorant la situation.