Deux semaines au Maharashtra auprès des Filles du coeur de Marie. Nous étions onze élèves et quatre professeurs, nous avons découvert la culture indienne et son fonctionnement.
Février 2016
2 semaines
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ARRIVEE A MUMBAI

Après sept heures de vol, les portes coulissantes du luxueux aéroport de Mumbaï se sont ouvertes et déjà l'odeur de la ville nous prenait à la gorge. Un mélange de pollution, d'épices et d'humidité. L'air nous semblait autant irrespirable qu'exotique. Une petite femme d'une soixantaine d'année nous attendait aux côtés d'un chauffeur de bus. Nous avons alors chargé les valises et sommes partis pour le centre qui nous accueillait. Sur la route nous eûmes un premier aperçu de la ville, d'énormes gratte-ciels avec à leurs pieds des décharges publics ou des bidonvilles dans lesquels les enfants jouent jusqu'à minuit.

Mumbaï la nuit 

LE CENTRE SARVODAYA

Une fois arrivés dans le centre des Filles du Coeur de Marie, nous avons pris les clefs de nos chambres et nous nous sommes couchés. Ce n'est qu'au matin, une fois le soleil levé que nous avons pris connaissance du lieu où nous dormions : le centre Sarvodaya. C'était un grand centre dans un immense parc, accueillant des congrès, réunions ou autres. Situé en plein quartier de Goregaon East. Les conditions de vies étaient différentes de celles connues jusqu'à présent en France, elles étaient bien plus précaires. Pourtant nous étions bien logés et bien nourris. Cependant les douches à l'eau froide avec un tuyau en plastique pour se laver, dans une salle de bain aux carreaux noirs de crasses, resterons dans ma mémoire.

Le centre Sarvodaya, la vue de la fenêtre et la chambre partagée avec les deux Jean-Baptiste 
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Dans les rues, collés les uns aux autres, nous avancions en file indienne sur une petite bute de terre, tantôt pavée, tantôt nue, qui semblait faire office de trottoir.

LA CIRCULATION INDIENNE : POLLUTION SONORE

Nous marchions le long des magasins dans le bruit assourdissant des klaxons des voitures. Leurs klaxons sont nos clignotants en France, produisant un vacarme assourdissant et terrifiant aux premiers abords. La circulation est plutôt sportive dans cette ville, elle se résume en trois actions : virage brusque, klaxon et accélération. Les rickshaws se faufilent partout, entre deux camions, sur les terres-pleins, à contre sens. La circulation indienne n'a pas vraiment de règles.

LA POLLUTION ATHMOSPHERIQUE

Les pots d'échappement, les petit feus de rue pour brûler les déchet, les décharges urbaines et les cigarettes rendent l'air irrespirable. On remarque une couche grisâtre au dessus de la ville, c'est une couche de pollution. Quatre jours après notre arrivée, nous étions nombreux dans le groupe à nous "moucher noir". La pollution est tellement dense que nos canaux nasaux étaient noirs de crasses.

L'INDE ETOUFFANTE MAIS ENVOUTANTE

Au milieu de ce bruit on entendait les commerçants nous accoster afin de nous vendre des colliers de fleurs, des plats typiques ou des bouteilles de Coca-Cola. Pour accéder au marché de Goregaon, il nous fallait passer sous les voies du train. Pour ce faire, un tunnel de moins de deux mètres de haut avait été creusé. Du haut de mes 1m85, j'ai dû me pencher pour ne pas toucher le plafond poussiéreux et noir de pollution. Une fois sortis du tunnel, des chiens-érants morts de faim étaient allongés par terre, des enfants jouaient devant les magasins au milieu de la circulation et les commerçants criaient leurs promotions. J'étais émerveillé de cette ambiance. A chaque pas une odeur apparaissait, un mélange d'urine, d'épices, de pots d'échappements, d'encens et de matières fécales. Une odeur dégoûtante décrite ainsi mais enivrante lorsqu'elle est sentie. Les commerces vendaient de tout, du snacks "poulet curry" au marchant d'encens en passant par le vendeur de draps, le barbier ainsi que le vendeur ambulant d'oranges ou de tomates.

Les indiens couraient, les enfants criaient, les rickshaws se faufilaient au milieu de ce monde, les klaxons produisait un bruit assourdissant, la chaleur tapait sur les étalages des commerces, une odeur de fruits pourris s'en dégageait, l'odeur des pots d'échappement imprégnait notre corps. L'Inde vivait à pleine vitesse.

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LES TRAINS INDIENS

Chaque jours, plus de sept millions d'indiens utilisent le réseau ferré de la ville de Mumbaï. Les voies ne sont majoritairement pas enterrés et traversent la ville de long en large à ciel ouvert. Face à l'important nombre d'usagers, les portes ne se ferment plus et restent ouvertes même pendant la marche du train en raison d'un gain de temps, d'espace et dans le but de ne pas augmenter un peu plus la chaleur. Nous prenions le train à Goregaon station et traversions ainsi la ville et la région.

Le plus compliqué n'a pas été de se frayer un chemin parmi le monde, ni de trouver une place mais de ne pas se tromper de wagon. Les wagons diffèrent selon les castes. Les intouchables et les femmes possèdent leurs propres wagons. Le reste de la population se mélange.

C'est dans l'un de ces wagons que je vécu une de mes premières discriminations du fait d'être européen. Malgré le monde, les gens étaient serrés, ils se piétinaient presque. Tandis que moi, "pur" européen, je pouvais tourner sur moi même, avancer d'un pas puis revenir, sans jamais touché personne. L'explication me fût donné par une sœur, j'étais trop pur pour qu'il me touche.

Cette expérience dans le train illustre parfaitement la mentalité indienne et la place importante qu'occupe la position sociale.

LES RICKSHAWS

Les rickshaws sont généralement utilisés par les touristes, les femmes et les enfants. Les pilotes, à proprement parlé, avancent coûte que coûte jusqu'au point d'arrivée, peu importe les risques. Leur moteurs bruyants, leurs klaxons stridents et parfois leur auto-radio, produisent une ambiance unique. Ils sont souvent décorés avec de nombreux auto-collants, effigies ou écharpe divines, les protégeant des accidents et leurs promettant fortune.

Jaune et noir, on remarque l'héritage britannique. La conduite se fait d'ailleurs à droite en Inde.

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L'INDE RICHE, GRANDE ET PUISSANTE

Mumbaï est la capitale économique, financière et la ville la plus peuplée d'Inde. Chaque année, plus de 13 millions d'indiens cohabitent ensemble à raison de 22.000 habitants par kilomètres carrés. La métropole indienne concentre 25 % de la production industrielle du pays et représente 70 % de ses transactions financières. Les deux bourses indiennes se trouvent dans la ville. Mumbaï est le principal port de l'Inde, la ville représente 60% des droits de douanes du pays. Le monument érigé par les anglais face à la mer et au continent européen, appelé "Gateway of India" symbolise d'ailleurs la place de Mumbaï dans l'économie indienne : ville au fort potentiel de développement et de connexion avec le monde.

Gateway of India 

Le centre où nous logions possédait un toit terrasse avec une vue imprenable sur Mumbai et ses grands buildings en construction dans lesquels se trouvent les grandes entreprises multinationales ou les appartements des plus riches de la planète. Les constructions se succèdent et le paysage encore très vert, disparaît au profit d'immeubles gris. L'horizon est ainsi partagé entre la nature exotique de l'Inde et son puissant développement à pleine vitesse, la jungle indienne laisse place à une jungle commerciale d'immeubles. Des buildings tout en verre, qui abriteront des entreprises new-tech, se construisent autour d’échafaudages de bambou.

L'ENVERS DU DECORS

Une fois descendu de ce toit, havre de paix au milieu de cette ville bruyante et asphyxiante, on ne voit que des habitations précaires faites de terres, de tôles métalliques, de toile en plastique et de parpaings pour les meilleures. On observe de nombreux bidonvilles et décharges publiques clandestines. On peut traduire qu'aux pieds des entreprises milliardaires se trouvent les indiens les plus pauvres qui fouillent les décharges en quête de vivres, pieds nus, avec autour d'eux des enfants déscolarisés sans avenir meilleur. En marchant dans Mumbai, sous l'ombre des ponts et des immeubles, on rencontre une petite fille qui fait ses devoirs dans la boue des caniveaux, un homme dépourvus de certains membres qui fait la manche, des enfants affamés contraints de vous demander de l'argent sous la menace de ravisseurs violents, des chiens morts, des déchets partout, des femmes au visage meurtris et tant d'autres horreurs misérables.

En bas, entouré de cette misère, on cherche la splendide jungle de grattes-ciels. Mumbaï n'est plus la même. Du haut de leurs étages, les buildings creusent l'écart et les inégalités entre les castes, celles d'en haut et celles d'en bas.

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En dehors de la misère urbaine, nous avons aussi découvert la misère rurale. La misère des villages excentrés, pauvres et asséchés. Le développement massif et rapide de l'Inde l'a précipité dans une consommation abusive et irresponsable. De nombreux villages manquent aujourd'hui d'eau, les terres sont asséchées, les récoltes mauvaises et la santé des habitants inquiétante.

Nous avons rendu visite à trois villages dont deux proposaient des alternatives simples et innovantes à ces problèmes.

LES LIMITES DU DEVELOPPEMENT RURAL

Le premier village était voisin à un institut de couture. Un long chemin de terre menait à ce village. Sur ses bords, des femmes lavaient le linge dans de petits cours d'eau, des bouteilles d'eau coupées en forme d'entonnoir étaient coincées entre les feuilles de yuka afin de récupérer de l'eau potable lors de pluies et des plastiques jonchaient le sol.

Une fois entrés dans le village nous fîmes surpris de la précarité. Le paysage ressemblait à ceux d'Afrique vu sur les campagnes de communication d'Action contre la faim. Des maisons en terre d'argile et sans portes avec pour toit des feuilles séchées de palmiers. L'intérieur des habitations étaient tout aussi précaire. Trois casseroles, une affiche de Jésus crucifié et un drap faisant office de lit était disposé à même le sol. Dans la cuisine, tout était suspendu au plafond pour ne pas que les rats volent le peu de nourriture présent.

Au milieu du village, un amas de pierre semblait servir de four commun. Quelques pas plus loin se trouvait, un important amas de plastique. Le soleil tapait fort sur cette décharge et une odeur puante s'en dégageait. Un peu plus loin, trois enfants s'amusaient sur une charette, l'odeur ne semblait plus les déranger.

Ce village, excentré, asséché et pollué illustrait parfaitement les limites du développement intensif indien.

DES TRADITIONS QUI EMPECHENT LE DEVELOPPEMENT

La visite de ce village survint en fin de journée, le soleil brûlait, le sol semblait bouillir. Le village était entouré par la route, des lignes électriques à hautes tensions le traversaient.

Sous ce soleil de plomb, des femmes fabriquaient des briques d'argiles. Mains nues, elles mettaient une matière argileuse (mélange de matières fécales, de terre et de paille) dans des moules en forme de brique. Une autre démoulait les briques au soleil et les laissait sécher. Plus loin, les hommes faisaient cuir les briques dans des fours géants. Une forte fumée s'en échappait et polluait ainsi l'air. Les conditions de vies de ce village était dérisoires. Les habitants vivaient sous des lignes hautes tensions, en plein soleil, sans eau, dans des huttes en pailles, au bord d'une route et respiraient un air pollué par les fours.

Une fois sortis du village, une sœur nous expliqua les raisons de cette vie. Pourquoi ne changeait-ils pas de vies ? Pourquoi ne gagnaient-ils pas la ville ? Hazel nous expliqua qu'ils étaient endettés suite à leurs mariages. Ils ont emprunter à un usuriers qui leur fait produire des briques en échange du remboursement de leur mariage. Les traditions sont parfois difficilement compréhensible lorsqu'on est étranger. Ces femmes et hommes étaient devenus volontairement des esclaves économiques.

DES SOLUTIONS : UNE ECONOMIE SIMPLE ET RELOCALISEE

Le deuxième village visité se trouvait à quinze minutes à pieds de la route, nous avons marché dans un paysage aride et sec, les puits étaient tous vides ou vaseux et la végétation presque morte.

Une fois arrivé au village, nous fîmes accueillis par des femmes souriantes et timides qui nous firent une danse traditionnelle. Le village était constitué de hutte en paille et de quelques bâtiment en argile. Les hommes du village, honteux de nous voir s'étaient réfugiés dans une hutte ou étaient partis travailler.

Les femmes nous ont alors expliqué le fonctionnement de leur village, il y a plusieurs années les terres devenues asséchées ont diminué les rendements agricoles et par conséquent leurs revenus. Ils se sont appauvris et ont concentré leurs activités sur la récolte de graine servant à faire des bonbons. Les hommes et femmes du village récoltaient ainsi les graines et les vendaient directement à un industriel qui les conditionnait. Les sœurs ont alors acheté deux machines de conditionnement afin de permettre au village de transformer les graines et en tirer meilleur prix de vente.

Le village se situe à plus de trois heures de marche de l'école. Le gain supérieur de richesse leur a permis de construire une école dans le village afin que les enfants apprennent à lire et à écrire. L'activité économique du village a ainsi sut s'adapter à la situation sans forcément résoudre le problème mais en améliorant la situation.

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LES FEMMES

La place des femmes en Inde est très délicate. Société archaïque et paternaliste, la femme est celle des trois K allemands : Kitchen, Kinder et Kirch (cuisine, enfant et Eglise). l'Eglise pouvant être ici modifié par une autre religion (hindous, islam ou judaïsme).

L'idéal de l'égalité femme-homme en Inde semble irréalisable. Cependant de nombreuses associations œuvrent heureusement à rejoindre à cet idéal. On observe des initiatives simples et populaires qui permettent à la femme de se protéger de l'homme et ses violences.

En périphérie de Mumbaï, nous avons été accueillis par une dizaine de femmes dans un immeuble semblant leurs appartenir. Au deuxième étage, un long couloir menait à une salle commune, des bureaux fermés sur les cotés. Nous étions dans une association de lutte pour les droits des femme. Les dix femmes qui nous ont accueillies étaient des bénévoles qui vivaient toutes dans cet immeuble, en communauté. Le travail de l'association passait par l'éducation. La majorité des couples indiens ne sont pas au courant que les violences conjugales sont interdites. Les femmes, elle-même victimes, ne savent pas que les coups qui leurs sont portés sont interdit par le droit indien. L'association cherche ainsi à sensibiliser les couples sur ce qui est permit et interdit au travers de discussions dans un bureau. Je fût étonné lorsque j'ai appris que ces échanges avec les couples fonctionnaient, l'homme culpabilisait, la femme le pardonnais et les violences disparaissaient.

Au sud est de Mumbaï nous avons rendu visite à une autre association de lutte pour les droits des femmes. Deux bâtiments rouges se dressent derrières de hautes grilles. Le bâtiment de gauche est une école maternelle où de jeunes enfants, de trois à cinq ans, apprennent à lire et écrire. Le bâtiment de droite est quand à lieu une garderie où des enfants de quelques mois à trois ans passent leurs journées pendant que leurs parents travaille. Cette garderie permet aux femmes de travailler et d'être ainsi plus indépendante de l'homme. L'association propose une seconde activité, celle d'une banque. Les femmes, une fois leurs salaires perçus, isolent une partie de leur revenu afin que le mari ne dépense pas tout. L'association propose aux femmes de placer leur argent dans un compte en banque afin d'économiser. Un agent bancaire vient ainsi tous les jours pour vider le coffre de l'association. Des dossiers dans lesquels les sommes sont inscrites permettent une trésorerie efficace. Les femmes peuvent demander à récupérer leur argent à tout moment même si elle ne le font que rarement puisque les économies sont souvent faîtes pour payer les études des enfants.

Des femmes bénéficiaires des activités de la seconde association 

LES RELIGIONS

En Inde, plusieurs religions cohabitent, certaines sont nés dans le pays et d'autres s'y sont introduites. Parfois facteur de divisions, la diversité religieuse est mise en avant comme une fierté nationale par les personnalités politiques indiennes.

La religion majoritaire est l'hindouïsme, près de 80% d'indiens en sont pratiquants. On observe d'ailleurs un grand nombre de temple dans la ville. Généralement sculptés dans le marbre, leur architecture est unique et extraordinaire. La religion hindous vénère la nature et les animaux. Pratique qui semble paradoxale avec la pollution de l'Inde.

L'islam est la deuxième religion dominante, près de 15% de la population est musulmane. Viennent ensuite d'autres religions minoritaires qui ne dépassent pas les 3% de la population indienne. Les voici dans l'ordre : le christianisme, les sikhs, les bouddhistes et les jaïns.

Les jaïns sont pratiquant d'une religion très tolérante à la nature. Ils se refusent de tuer et sont ainsi végétariens. Leur désir de paix et respect avec la nature les pousse même à balayer le sol devant eux afin de ne pas écraser d'insectes.

Deux temples hindous, taillés dans la pierre est décorés de marbre 

L'AMOUR INDIEN : MARIAGES ET HOMOSEXUELS

L'amour en Inde est un sujet parfois taboo. La majorité des mariages sont arrangés afin de servir les intérêts de la famille. Les parents de la femme verse une dote au mari afin qu'ils entretiennent leur fille. L'amour est relégué au second plan. Un des professeurs accompagnant lors de notre voyage avait pris en photo une mariée et son mari. Or celle-ci pleurait et semblait terriblement triste sur les photos. Les familles se marient entre classes. Le film "Coup de foudre à Bolywood" illustre par exemple l'importance des mariages arrangés. L'amour importe peu en Inde, ce qui importe c'est la place dans la société.

L'homosexualité a été dépénalisée le 6 septembre 2018 par la Cour suprême indienne. Il n'est cependant pas encore possible de dire qu'elle est acceptée en Inde. La majorité de la population ne la reconnait tout simplement pas, au-delà d'une haine, il y a un mépris et une ignorance. L'homosexualité en Inde est vue comme une déviance, c'est un choix de l'individu que d'être homosexuel. Ce choix est de passage, un moment d'égarement. "Un mariage arrangé et le problème est réglé". Le simple mépris vient parfois se compléter de violence mais on ne peut pas parler de réelle haine.

Ainsi, l'amour en Inde semble être taboo, on cherche les intérêt de la famille avant le bonheur de l'individu. Le mariage est une industrie et l'amour vient bousculer l'ordre établit.

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L'ECOLOGIE QUOTIDIENNE : L'EXEMPLE DU FRERE XAVIER

Le Frère Xavier, directeur de l'Institut Don Bosco que nous avons visité, pratique une écologie quotidienne au travers de gestes simples et innovants.

L'Institut récupère tous les déchets pour les compacter en petit cube afin de les transformer en combustibles pour faire cuire les repas. Tous les matériaux cassés sont réutilisés. Le métal est fondu, les récipients sont utilisés en pots de fleur (nous avons ainsi vu un yuka planté dans un toilette occidental), le plastique est réutilisé, etc.

L'Institut a pour philosophie de rendre à la terre ce qu'elle leur a apporté. Ainsi l'agriculture joue un rôle important dans la vie de l'école. Les aliments sont produits biologiquement avec de l'engrais naturel et un système d'irrigation innovant et respectueux de la nature. Les bouteilles en plastiques sont coupées pour en faire un entonnoir. Lorsqu'il pleut, la bouteille se remplit et l'eau coule le long d'une ficelle qui traverse le bouchon. Ceci permet une irrigation au goutte à goutte, qui améliore considérablement les rendements du potager de l'Institut.

DES INNOVATIONS ECOLOGIQUES "MADE IN INDIA"

De nombreuses initiatives innovantes ont lieu en Inde afin de préserver l'environnement face aux pratiques quotidiennes polluantes.

Un exemple frappant est celui de l'entreprise Selco qui a inventé le premier frigo sans électricité. Cette invention permet de ne pas utiliser l'électricité et de moins gaspiller en conservant plus longtemps les aliments. La distribution de ces frigos s'effectuent dans les villages au travers de financements solidaires ou de mécénats.

Un second exemple frappant est celui des entreprises et associations de reforestations qui replantent des arbres et une végétation qui ont disparu avec l'assèchement des sols et la déforestation. Une fois une végétation replantés, les rendements agricoles s'améliorent distinctement, les sols se réhydrates et des sources réapparaissent.

Un ouvrage de Bénédicte Manier, Made in India, le laboratoire écologique de la planète, recense de nombreuses initiatives écologiques créée en Inde et qui laissent penser un monde meilleur.

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Face aux inégalités et aux enjeux environnementaux, une partie de la jeunesse indienne semble s'indigner et souhaite se battre. De nombreuses écoles voient le jour afin de permettre aux enfants de basses castes d'étudier afin de prétendre à de meilleures conditions de vie et tenter ainsi de briser le système traditionnel et discriminatoire des castes. Nous avons visité plusieurs instituts permettant aux étudiants de s'éloigner de la misère et d'effectuer une ascension sociale.

DON BOSCO KARJAT

Le premier, Don Bosco Karjat, excentré de Mumbaï à plus de cinq heure de route, est tenu par le Frère Xavier. Cet homme aux allures divines avec sa toge blanche et sa longue barbe, a crée un institut permettant aux jeunes d'obtenir un diplôme en plomberie, électricité et métallurgie. Avec celui-ci ils peuvent prétendre à des postes mieux payés (en ville notamment) ou améliorer les conditions de vies de leurs villages. L'enseignement se déroule en deux parties. Durant les trois premiers mois l'étudiant n'apprend rien, il s'occupe des tâches ménagères de l'institut : il lave le linge et la vaisselle, fait à manger, entretien le potager, etc. Le diplôme est gratuit, le frère Xavier nous explique que ces trois premiers mois sont une façon de payer l'institut et de voir si l'étudiant est réellement motivé. A l'issue de cette période s'enchaînent neuf mois d'enseignements qui lui permettent d'obtenir son diplôme, reconnu par les entreprises indiennes.

COLLEGE OF SOCIAL WORK

Le deuxième, College of Social Work, se situe dans les quartiers riches de Mumbaï. Cette université offre aux jeunes défavorisés un diplôme dans le milieu professionnel du social. Reconnu aussi à l'international, il permet de travailler en tant que cadre dans le social, ambition que les jeunes des basses castes n'auraient pu imaginer. Tenu par les Filles du Cœur de Marie, l'établissement offre un diplôme en trois ans et un important réseau, gratuitement.

INSTITUT DE COUTURE WARLI ART

Enfin le dernier établissement visité se trouve en périphérie de Mumbaï. L'institut, lui aussi tenu par des sœurs, permet aux jeunes filles d'apprendre les métiers de la couture afin de travailler en usine ou chez elles. Les étudiantes apprennent à coudre des sacs, trousses, tapis, t-shirts, robes et tabliers. Les productions sont ensuite décorées par des dessins de style "Warli Art". Les productions des étudiantes sont vendues pour financer leurs matériels, repas, etc. En parallèle, dans le jardin de l'institut, des jeunes hommes apprennent les bases de la maçonnerie et de l'agriculture.

Chacun de ces établissement permet aux jeunes indiens de toutes castes, d'apprendre et de décrocher un diplôme dans l'objectif de sortir du système des castes et de la misère.

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En conclusion, on remarque que l'Inde est un pays en pleine transformation qui cherche à s'adapter au monde qui l'entoure le plus rapidement possible. Ce développement express creuse un peu plus les inégalités entre indiens et détruit d'avantage l'environnement du pays.

Les problèmes sociétaux sont encore nombreux. Les femmes continuent d'occuper une place minime dans la société, l'amour n'est pas respecté, les homosexuels ne sont pas acceptés et les intouchables sont méprisés.

Face à ces défis, de nombreux indiens se mobilisent autour d'initiatives citoyennes afin d'améliorer la société indienne et son environnement. L'éducation semble, une fois de plus, être le levier de la lutte contre les inégalités et l'ensemble des problèmes sociétaux.

L'Inde, qui devrait être le plus fort PIB et le pays le plus peuplé d'ici 2030, saura-t-il se développer humainement et écologiquement afin de devenir un exemple pour l'ensemble du monde ?