04/12/16
Le chien persistant s'étant fait sévèrement muter, nous avons pu passer une bonne nuit. Au réveil, après une fouille minutieuse de nos poches, nous rassemblons les dernières pièces salvatrices sous les regards intrigués d'une famille cambodgienne vivant à coté. Avec le maigre butin en main, Tic part en quête de quelques litres d'essence. Pendant ce temps, Tac plie les bagages au rythme des musiques diffusées par nos voisins. Ces derniers, étant intrigués Tac échange des signes avec la famille, puis au moment de se mettre à table, d'un ample mouvement de bras, la mère de famille, invite Tac (et par la suite Tic) à se joindre à eux. Après ces quelques galères, il est difficile d'expliquer à quel point cela nous a fait plaisir et touché d'avoir partagé un repas et ce moment de générosité non intéressée. Surement parce que c'était un dimanche, le repas de famille était assez rapidement devenu un lieu de rassemblement entre amis. Quant à notre départ, il fut des plus contraint, nous avions de la route à faire et les shooters d'alcool de riz s'enchainant, il ne devenait plus raisonnable de continuer sinon nous aurions dû rester une nuit de plus sur place. A contrecœur nous partons vers la prochaine grande ville, où nous ferons le plein qui nous permettra d'atteindre Phnom Phen avant le couché du soleil. A la recherche d'une bonne pizzeria, nous visitons la ville à moto. En attendant 1h30 que nos microscopiques pizzas cuisent, nous jouons au billard.
05/12/16
Cette journée est consacrée au repos et au deux trois bricoles à faire sur l'ordinateur. Nous nous installons sur la terrasse de l'hôtel au sommet de l'immeuble.
06/12/16
Le matin nous tenons à visiter Tuol Sleng, aussi connue sous le nom de prison 21. Cet ancien lycée reconverti en lieu d'internements et d’interrogatoires aux opposants du parti des Khmers Rouges, où la torture était de rigueur, est un bon moyen d'appréhendé une sombre et récente période de l'Histoire cambodgienne. Après un rapide tour au marché central, nous avons pris la route vers notre prochaine étape, la Jean-Cyril School (JCS) située à Kammpong Chein (au Nord de Skun). En chemin, notre déjeuner est préparé de manière aérienne par un chef faisant son show. Nous arrivons de nuit et sommes accueillis par Kiki, Eiline, sa femme, ainsi que toute sa famille.
07/12/16
Un traditionnel café matinal au bistrot local, puis Kiki nous fait visiter les locaux de la JCS. La mission de cette école associative, dont Kiki est le directeur, est de dispenser à des élèves issues de familles pauvres des cours de l'après-midi d'anglais. L'école publique n'étant au Cambodge qu'uniquement le matin, généralement les cours supplémentaires sont réservés aux personnes pouvant se payer des leçons à 20€/heure. C'est majoritairement grâce à des fonds privés, ainsi qu'avec le soutient in situ de volontaires, que l'école apprend quotidiennement l'anglais à plus ou moins 200 élèves répartis en quatre classes de niveaux. Mais le dévouement de Kiki à son voisinage ne s'arrête pas là ! Soucieux des problématiques sanitaires de son village, Kiki a pour objectif d'éduquer son entourage à éviter de boire de l'eau saumâtre en leur fournissant une eau traitée. Pour y parvenir, il a construit une petite ligne de production d'eau pure filtrée par osmose inverse et rayons UV. Une grande partie de la production est destinée à la vente en magasins, et l'autre partie est distribuée gratuitement au voisinage grâce aux bénéfices engrangés par la vente. Voyant sa petite industrie fleurir, les locaux actuels commencent à être étroit, c'est alors, que fièrement, il nous fait visiter un champ qu'il a acquis récemment et où il espère délocaliser son usine de production d'eau potable. Nous découvrons à l'occasion du déjeuner à quel point nous sommes chanceux d'être avec cette famille : la femme de Kiki, , cuisine divinement bien. C'est un régal. Nous passons l'après midi chez le garagiste ami de Kiki. En effet, y aller était de toute nécessités : le moteur de Phoenix était à deux doigts de tomber au sol n'étant retenu désormais qu'uniquement par un boulon, et la Gazouilleuse de Tac avait besoin d'une retouche au circuit électrique. Le soir, autour d'un bon repas nous passons un moment convivial avec des amis de Kiki dont le garagiste.
08/12/16
Etant une grande période de vacances pour la JCS et notre durée de séjour étant trop courte, notre mission ici ne consiste pas en l'aide aux élèves, ni à donner des cours, mais notre venue est plutôt propice à l'étude de la ligne de production d'eau et à réfléchir aux nouveaux bâtiments. Victime de son succès, les quo-initiateurs français de cette association, Monsieur et Madame Lancrenon, on décidés d'agrandir l'école pour ajouter deux niveaux d'études et ainsi alléger les salles de classes existantes. Nous avions donc pour seconde mission, de dessiner un plan des nouveaux locaux en respectant un cahier des charges précis. Entre nos missions, réaliser le montage de la vidéo de l'interview de Sylvain Lorillou et repeindre nos motos, nous avons du pain sur la planche. Le soir la fête recommence avec des visages familiers et nouveaux, nous inspirons au voisinage une certaine curiosité.
Lien du site de la Jean-Cyril School : http://jean-cyril-harmony.com/
09/12/16
Après le déjeuner, Kiki nous raconte humblement son histoire et ses ambitions. Après être sorti d'une formation pour devenir professeur, sa première expérience au service de l'état fut navrante tellement le salaire était bas. Il dût alors trouver un autre emploie dans une usine. Cependant, son envie d'instruire une nouvelle génération était si prononcée, qu'en parallèle de son emploie, il consacrait son temps libre à donner des leçons à un groupe de ses anciens élèves dans la rue. Le nombre d'élèves grandissant, il a construit à la sueur de son front son école pour pouvoir les accueillir et continuer à les instruire gratuitement. A présent que l'école est construite, que sa ligne de production d'eau tourne bien, son dynamisme, son envie d'aller toujours plus loin, le mène à vouloir construire une ligne de production de mangue séchées. Nous sommes admiratifs face à l'énergie au différentes valeurs que garde cette homme pour mener à bien ses projets ! Il restera pour nous une source d'inspiration. Nous sommes alors rejoins par deux trois voisins qui tenaient à nous faire goûter un alcool local issue fraîchement des feuilles de palmiers : palm water. Alcool homologue au Bandji, qui rappel à Tac de bons souvenirs Ivoiriens. Nous passons un excellent moment de partage, les voisins vont et viennent à la table.
10/12/16
La préparations des motos étant terminée, et ayant pris le traditionnel café matinal, nous décidons de faire une excursion dans les alentours de Kammpong Chei. Nous tournons le dos à l'animation de la route principale en direction d'un lac situé à quelques kilomètres. Les réservoirs rallongés de petites bouteilles achetés au bord du chemin, nous continuons notre vagabondage dans la ruralité cambodgienne. Au détour d'un chemin nous nous stoppons dans un temple bouddhiste encore en construction. Une petite communauté de jeunes moines ainsi que des ouvriers s'activent sur l'imposant chantier. Ayant également été sur les ruines de l'ancien temple, nous remontons sur nos motos et poursuivons la ballade. Désireux d'être à l'heure pour le repas du soir, et d'effectuer une boucle, nous nous élançons dans un long raccourci à l'allure de plus en plus incertaine. Une heure et demi plus tard, à mi chemin de la grande route, à l'heure où les ombres s'allongent, nous sommes au milieu de champs de bananiers et avons perdu la trace de tout chemin aux alentours. Le soleil jouant contre nous, et ne sachant pas ce qui nous attend si nous continuons sur cette voie, nous décidons à contre cœur de rebrousser chemin sur ce damné labyrinthe de pistes défoncées par leur sorte de tracteur et où chaque nid de poule est propice à la formation d'énormes flaques de boue. Dans l'histoire Tac perd ses tongs. Notre seul réconfort dans cette cette course folle contre la tombée de la nuit et l'arrivée des moustiques, est la certitude de ne pas mourir de faim car nous sommes entourés de bananes. Nous échappons de justesse à la nuit et savourons ce que nous pensions être notre dernière soirée avec la famille, rassurée de notre retour.
11/12/16
Nous pensions partir ce jour-ci mais les circonstances ont repoussé au lendemain le départ. Le garagiste ayant tenue sa promesse, avant le départ, il fait une dernière vérification de nos motos. C'est aussi pour lui l'occasion de nous offrir des bières que nous ne pouvons pas refuser.
12/12/16
C'est en début de semaine que le marché bat son plein, c'est pour cette raison que nous accompagnons ce matin là, Eiline faire les provisions pour les jours suivants. Une agréable atmosphère se dégage de ce modeste marché. Une grande variété de produits, allant de l'alimentaire au vestimentaire, se succèdent sous les basses toitures des échoppes en bois tamisant judicieusement la lumière du soleil. N'étant plus vraiment une découverte pour nous, nous ne sommes pas surpris d'y voir les carcasses de divers animaux exposés à l'air libre, et dont des petits ventilateurs agrémentés de rubans plastic sont le seul rempart à l'assaut des mouches. Nous ne perdons pas en tête notre objectif qu'est d'obtenir du fameux poivre cambodgien. Nous concrétisons l'achat après avoir testé la fameuse puissance et longueur en bouche de cet épice. Un dernier repas en famille où nous tentons du mieux que possible d'apprendre la recette de cuisine, puis c'est le départ ! Notre séjour à la JCS, fut très enrichissant humainement et culinairement parlant, et nous en remercions allègrement la famille. Il nous faut partir même si la pluie et les événements sont contre nous. Nous mangeons ce soir là, sur (oui, sur) la grande table ronde d'un restaurant en bordure d'autoroute. Le père de famille nous y aillant invité à partager sa pêche et son alcool. Nous reprenons la route après avoir été agréablement surpris par cet inhabituel repas. Notre objectif de campement est alors de camper sur le sommet local de la région, culminant à 300 petits mètres. N'étant pas très en confiance avec la meute de chiens, gardiens des jeunes moines bouddhiste, au sommet nous rebroussons chemin afin de trouver une plate-forme plus accueillante que le lugubre temple.
13/12/16
De bon matin, une pluie battante accélère notre départ. Nous sommes très vite interpellés par une personne cherchant à nous faire payer un ticket. Le temple du sommet de la colline étant l'un des plus sacré de la région, nous avons vu de nuit l'un des plus beaux sites touristiques. Nous faisons route vers Seim Reip où se trouve les temples d'Angkor. Cependant avant cela nous tenons à passer par l'un des nombreux villages flottants bordant le plus grand lac du pays. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons, attirés par la beauté des cheminées en brique, symbole dune nostalgie fictive de l'époque industrielle à son apogée, dans l'usine à qui elles appartiennent. Encore en activité, nous assistons à la production de briques très répandues pour la construction des habitations. Nous arrivons à 16h30 devant l'entrée des temples, soit une heure avant la fermeture. Sottise qu'était de croire qu'Angkor Wat se visite en seulement une petite heure, car même une pleine journée n'est pas suffisante (recommandée 3 jours). Nous sommes redirigés vers la sortie. En cherchant un hôtel pas cher, nous tombons sur Farm Inn Town, disons hôtel particulier qui a la faculté de démotiver les personnes dans leurs projets afin de les faire rester le plus longtemps possible. Nous sommes accueillis par le propriétaire qui nous laisse avec plaisir le droit de planter la tente dans la cour à défaut d'avoir de la place.
14/12/16
Nous y voilà, Angkor Wat ! La Gazouilleuse, faisant en cette matinée des siennes, après un café nous la laissons sur le parking et partons sur le fier Phoenix. Nous prenons un pass une journée seulement, notre planning étant déjà assez bien chamboulé à cet instant. Puis, possédant notre propre moyen de locomotion, à contrario de la masse de touristes en Tour operator ou en Tuks Tuk où la romance de la ballade s'arrête nette au premier embouteillage (de Tuks Tuk), nous choisissons d'entrer par l'Est du parc au lieu de prendre l'entrée principale. Nous avons alors de petits temples pour nous seuls, c'est une grande satisfaction. Puis nous alternons entre les temples connus et ceux qui le sont moins. A contre-flux de la masse touristique, nous visitons le site archéologique dans les meilleures conditions. Nous prenons par moment un peu de distance avec les circuits pédestres des temples, afin de nous perdre dans les ruines et nous prendre pour des Indianas Jones. Nous nous amusons bien, à tel point que nous oublions de nourrir notre Phoenix, qui dans sa grande mansuétude daigna tomber en panne pas trop loin d'une station service. Nous achevons cette belle journée par l'incontournable visite du temple Angkor Wat. Farm Inn Town oblige, notre prévision de départ est annulée, du coup soirée dans Seim Reip.
15/12/16
Réveil tardif, et il faut se forcer pour entamer notre peu de motivation à partir à croître. la pluie naissante ne nous aidant pas. Nous assistons cette journée à l'improbable évènement qui résume parfaitement cet hôtel : "C'est l'histoire d'un petit poisson, qui profitant des passages pluvieux, parti à la découverte du monde terrestre. Malheureusement pour lui, sa folle aventure le mena dans la cour du terrible Farm Inn Town. C'est à la grande stupéfaction de tous les membres de l'hôtel présent, qu'aux abords d'une flaque d'eau, il leur apparut, loin de toute étendue d'eau pouvant être son lieu de provenance. Déterminé à prouver qu'il était prêt à conquérir ce monde inhospitalier pour lui, il poursuivi sa route, tantôt sur les graviers, tantôt reprenant son "souffle" dans les maigres mares formées par la pluie battante. C'est alors qu'une main mit fin à tous ses projets, l'enfermant dans une petite bouteille d'eau qui deviendra son ultime rempart à la liberté." En réalité on s'y plaît beaucoup, car les personnes qui y résident depuis 3 ou 4 mois (voire plus), sont charmantes et font en sorte que l'on se sente comme une grande famille. Ces impressions se traduisent au moment de notre départ. Alors que l'orage bat son plein, contraint de partir de nuit, toutes les personnes à qui nous avions parlé viennent nous saluer pour la plupart et surtout nous dissuader de partir, même le propriétaire s'y est mis en nous offrant de rester chez lui. Voyant que la résolution était ferme, ils se mirent alors à nous donner des conseils de motards pour rouler sous la pluie et croisèrent les doigts pour qu'on fasse bon voyage. Deux heures plus tard, les jambes toutes boueuses, une cape de pluie en moins, nous sortons des intempéries et poursuivons notre route vers Samraong où nous comptons inspecter l’œuvre d'un mois de camp scout effectuée par le petit frère de Tac et trois de ses amis.
16/12/16
Nous retournons sur les traces du frère de Tac, nous commençons par chercher le nouvel établissement de l'association "Les enfants du Mékong". Nous rencontrons l'actuel gérant de l'établissement (volontaire choisi pour effectuer cette mission pendant deux ans) ainsi que son épouse. Ils nous indiquèrent où se trouve l'abri, servant aux paysans à se reposer sans être exposé au soleil, aux inondations, et servant aussi de dépôt d'outils, de récoltes, etc... construit par l'équipe de scouts du frère de Tac. Nous allons ensuite à la rencontre du tuteur de ce projet, gérant d'une association menant de beaux projets améliorants l'accès à l'eau, ainsi que les techniques employés par les agriculteurs. Nous décidons, sous conseils avisés, d'ajouter à notre carnet de visites, le temple Vihear (classé au patrimoine mondial de l'UNESCO) avant de quitter le pays. Il faut avouer que si par malchance il n'avait pas été sur notre route, nous n'y serions pas allés. En route, Tac perd malencontreusement l'usage d'un de ses freins, incident que nous réparons au plus vite lors d'une halte à Anlong Veng, ville historique, ultime bastion de la résistance Khmer Rouge et lieu de décès de Pol Pot. Après un arrêt dans un bar local, nous dormons sur une mini plage de sable en bordure d'une réserve d'eau.
17/12/16
"Fffiiiiiouuu fffiou ffiou" fit le bruit de la crosse de la kalachnikov sur la moustiquaire de notre tente. Après avoir bien compris qu'un canon de fusil était braqué sur nous, nous discernons les personnages à l'arrière plan, un homme en pyjama accroupi, dont on devine, derrière le voile issue de la cigarette à laquelle les cendres restent attachées, le regard inquisiteur, et un autre, tenant la kalach', en uniforme militaire. Sous cette pression (on pourrait aussi bien dire "grâce à leurs ..."), nous battons le record de rapidité de levée de camp. Nous comprendrons plus tard, qu'en réalité cette petite plage se trouvait être en plein dans le camp des officiers de la base militaire du secteur. Du coup c'est de bonne heure que nous arrivons au temple. Lors de la montée au temple, le long des marches, nous sommes surpris de voire un grand nombre de bunkers où résident des militaires armées avec leurs satanés cabots. C'est en voyant la véritable forteresse au sommet que nous comprenons la situation, ce temple revendiqué par la Thaïlande comme étant sien, a été, il y a peu, le théâtre de sanglants conflits. Nous nous trouvons sur un front de guerre, du côté cambodgien, où l'on discerne très bien en face, les aménagements ennemis thaïlandais. Ceci explique aussi la présence du camp militaire où nous avons dormi. Nous apprécions ensuite la visite, dans la plus grande sérénité qu'inspire cette fragile paix ambiante. Nous nous attardons pas trop non plus, car nous voulons passer la frontière avant la fin de journée. Donc nous reprenons la route. Notre objectif est de rejoindre un poste de frontière au Sud du Laos où nous serons certains de pouvoir obtenir un visa. Celui à l'Est du Mekong nous semble tout vu. Guidés par l'application Maps Me, nous empruntons alors le chemin le plus court se traduisant par des routes en terre. Notre problème fut de ne pas pouvoir faire le plein au dernier village, pompes à sec oblige, avant... avant la route de la trompe d'éléphant assoiffée. Les interminables lignes droites, laissant paraître au loin les délicates courbures naissantes dans un nuage de poussière, pareilles à une trompe, ont siphonnées nos réservoirs. Encore loin de notre destination, fichés sur une route en plein milieu d'une jungle dense, avec encore quelques kilomètres tout au plus à parcourir en réservoir, il ne nous manquait qu'une machette pour que nous partions à la découverte de temples oubliés et en découvrir afin d'améliorer notre situation. N'ayant pas vraiment d'autres solutions, nous poursuivons jusqu'à ce que pannes s'en suivent. Deux kilomètres avant la panne fatidique, par chance nous tombons sur sur un temple bouddhiste. Nous pénétrons l'enceinte du sanctuaire pour y chercher de l'aide, enfin, un apport d'essence. Feignant de ne pas comprendre notre requête et en répondant à côté, le moine forestier de ce temple en construction, nous invita à passer la nuit dans son lieu de culte. Nous dormirons avec les moines en formation. Nous mangeons en même temps que les jeunes, Phnom, le moine forestier, ne nous accompagnant pas puisqu'il se nourrit une fois par jour uniquement de graines. Puis il nous montre les travaux de charpenterie actuellement en cours et nous invite à nous asseoir auprès de lui dans la pagode principale. C'est l'occasion d'en apprendre plus sur la religion bouddhiste. De son côté, Phnom, vante les attributs de son temple, notamment la présence sur les hauteurs de la collines en arrière d'un Bouddha Tree, unique au Cambodge. De plus il nous propose de partir en expédition dans les collines avoisinant le temple, étant un spécialiste, il aurait souhaité nous montrer les tigres et divers mammifères et reptiles et oiseaux si nous n'avions pas décliné son offre, faute de temps. Nous le laissons retourner à ses prières et rejoignons les apprentis autour d'un feu de bois.
18/12/16
Nous nous réveillons avant le soleil, mais pas avant le coq qui n'a pas dormi de la nuit et l'a ostensiblement prouvé, dans le but de voir cet astre se lever au sommet de la colline. Ensuite, un apprentis puis deux, nous ayant rejoins, nous allons voir le Bouddha Tree. Après un bon petit déjeuner, nous remercions nos hôtes qui auraient souhaité que nous restions plus longtemps. Nous trouvons l'essence tant convoitée 2km plus loin dans une station service qui ouvre bien après l'heure à laquelle nous sommes arrivés chez les moines, ils s'étaient bien gardés de nous le dire. C'était millimétré, car c'est en semi-panne, lorsque l'injection d'essence se fait irrégulièrement voire plus du tout, que nous y arrivons. Géographiquement nous ne sommes plus très loin, techniquement tous les voyants sont au vert pour que nous puissions passer la frontière dans la matinée ou début d'après-midi. Donc nous arrivons dans un petit village situé sur la rive ouest du Mékong le plus au nord du Cambodge. Nous tentons tant que possible de négocier les prix de la navette pour nous mener ainsi que les motos à la rive est. Le budget supérieur à nos prédictions, nous sommes obligés d'entamer les sous réservés au payement des visas. Bien que le chargement et surtout le déchargement (Phoenix a faillie finir ses jours dans le Mékong) furent laborieux, la traversée fut fort sympathique notamment grâce au bilinguisme de notre chauffeur. Quoique onéreuse, cette virée nous a fait gagner un temps précieux et un long détour de 100km pour aller chercher le premier pont et revenir au poste de frontière. Aux portes du poste de frontière, nous cherchons, à ce moment toujours confiant, un distributeur qui nous permettrait d'avoir la somme nécessaire à l'obtention des visas. Nos espoirs sont réduits comme peau de chagrin à mesure que nos tentatives d'obtention de dollars par quelques astuces échouent. Il faut alors que l'un de nous deux ailles retirer dans la ville proche du pont... gain de temps de la traversée en bateau = 0; économies réalisées = négatives. Donc une bonne heure plus tard, ce qui nous mène bien vers les quinze heures, nous pouvons entamer la fastidieuse obtention de visa. Alors cette frontière est la parfaite vitrine de ce qu'est l'abus de pouvoir des autorités à des fins de corruption et d'enrichissement personnel. Du jamais vu, on nous demande 2$ pour avoir le tampon de sortie de territoire. Nous refusons. Les deux hippies après nous payent et passent, la personne qui encaisse ne prends même pas la peine de dissimuler son geste et fourre ses 4$ dans une mallette pleine à craquer de billets. C'est exaspérant, nous retournons le voir et lui disons que nous avons juste la monnaie pour payer les visas et que nous sommes prêts à la rigueur à payer en carte de crédit. Il nous dis de passer, donc nous passons sans nos tampons. A la frontière laotienne on commence notre démarche, bien évidemment ils nous disent que nous n'avons pas le tampon de sortie de territoire cambodgien et donc qu'il nous sera impossible d'aller plus loin sans. Ainsi nous retournons à l'autre poste et commençons notre duel de regard. Plus tard, seul avec lui dans la pièce, notre patience aura portée ses fruits et nous recevrons nos tampons. A notre habitude, nous garons nos motos derrière le poste de frontière, loin du champ de vision des autorités. Il y a trois, étapes payantes pour obtenir le visa laotien et autant de guichets : le donner, payer les frais légaux, le recevoir. Alors premier guichet, pour que notre requête de visa arrive aux oreilles du second guichet, il faut récompenser d'un dollar la personne devant nous et à titre officiel, le dimanche étant un jour chômé, 1$ de frais s'applique ce jour ci. Bon celui là, nous le payons, de toute façon il y a trop de monde et ils l'ont tous payés, autant passer à la suite et en terminer. Nos passeports arrivent donc bien au second guichet où nous payerons les frais de 30$ escomptés. S'en suit une longue attente, puis nous sommes appelés au troisième guichet où à nouveau 2$ sont requis pour récupérer notre propriété. Nous refusons et réitérons notre duel de regard combiné à la patience. A nouveau, une fois que nous furent seul, un haut gradé, nous donna avec mépris (partagé) nos passeports. S'en était même amusant, alors que les passeports étaient en notre possession des corrompus arrivèrent et tentèrent de nous demander à nouveau de l'argent feignant quelques prétextes. Mais ce n'était pas fini, notre ultime obstacle s'approcha lentement de nous, presque sournoisement. L'officiel qui vérifie les véhicules. Les deux hippies avaient tenté d'échapper à ce payement inutile, sans grand succès. Aussi il faut dire que c'étaient des amateurs, quelle idée de garer ses scooters devant les officiels ? Donc ce corrompu personnage s'avance vers nous en nous tendant un document à remplir, cependant nous lui rétorquons éhontément, que nous ne possédons pas de véhicules, puis nous prîmes nos petits sac (personne ne voyage juste avec un petit sac...) et partîmes en direction du Laos à pied. Une centaine de mètres plus loin, assurés que nous n'étions plus dans son champ de vision, nous retournons à toute pompes vers nos bécanes qui ayant compris la situation dans laquelle nous nous trouvions, démarrèrent au quart de tour. C'est ainsi, dans une grosse accélération, sans nous retourner, que nous évitâmes de payer 5$ par moto et passâmes pour la première fois de jour une frontière lors de cette aventure, la face au vent et le sourire aux lèvres.