Belle-ile en mer la bien nommée ?

Du 22 au 26 octobre 2018
5 jours
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J'en ai longtemps et toujours révé... partir sur une île !!!! après une expérience de plusieurs semaines à la fac, je voulais reproduire l'"épreuve". Oui, à mes yeux, ce n'est pas s'isoler mais se protéger du rythme de la vie... car la vie et toutes ses turpitudes nous ont rattrapées depuis quelques semaines, nous avons besoin d'une coupure. Alors sur un coup de tête, on range les billets d'avion et hop nous voici sur un bateau.

Et en tant que musicien, après Sardou qui nous a accompagné dans le Connemara en avril, nous sommes maintenant emporté par Voulzy "C'est l'eau c'est l'eau qui vous sépare, et vous laisse à part".

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Après une traversée tout en douceur le nez dans le vent, nous voici à belle île en mer... Le ciel est couvert mais le soleil qui éclaire la côte de Quiberon nous annonce une belle semaine.

45 minutes sans grand tangage, nous accostons à Le palais. L'arrivée sur l'île colorée est marquante immédiatement malgré le manque de lumière du ciel.

Après avoir attendu le bus qui nous emmène à notre gite (eh oui nous avons choisi l'aventure) - 10 minutes de bus.... et nous voici à Sauzon. Lové dans un site incroyable, à l'entrée d'un aber très profond que longe la route, Sauzon est notre point d'attache et notre véritable coup de cœur (vous en saurez plus prochainement).

le  long Aber de Sauzon 

Vite nous nous sommes débarrassés de nos sacs à dos sous le charme de notre nid douillet...

Et surtout sa vue sur le port de Sauzon

Après s’être pincé pour bien vérifier que nous ne rêvions pas et que ce petit studio était pour nous.... à nous notre première rando dans Sauzon et sur le sentier côtier qui fait le tour de l'île.


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Après un petit déjeuner avec une vue et un lever de soleil incroyable, nous voici reparti....

Nous avons besoin de repos donc on oublie le boulot-auto-dodo et la voiture est donc au garage. Alors en route, pour un premier petit tour en bus pour rallier Le Palais sous une luminosité qui nous annonce une belle journée.

Arrivée à Le Palais, nous visitons immédiatement la citadelle, le fleuron de la ville. A l'entrée de la citadelle, un musée d'art et d'histoire nous en apprend plus sur belle-ile et toute son histoire.... encore une chanson qui va nous accompagner aujourd'hui "tous les acadiens, toutes les acadiennes...." eh oui, en 1765, 78 familles de 363 réfugiés acadiens furent établies "de force" à Belle-Île-en-Mer. Les habitants de l'île ne sont pas très heureux de voir débarquer ces réfugiés, rien n'est prêt, il manque des maisons, il faut commander des chariots, des charrues, du bois, des boeufs, des vaches... Les acadiens participent aux travaux de construction des maisons, certains, qui étaient marins, embarquent avec des patrons pêcheurs du pays. Progressivement, ils ne veulent plus quitter l'île qui les a vu grandir. Voilà encore une fois, l'histoire qui retentit dans le présent et qui tire une belle leçon de vie sur l'intégration des réfugiés.

Mais la citadelle est bien évidemment connue pour son histoire liée à Vauban. un des plus beaux sites de Vauban à notre connaissance, avec des poudrières, des prisons, des salles de marine, etc.

La citadelle domine Le Palais et offre donc des points de vue imprenables.

Après ce moment riche en histoire, quelques pas dans Le Palais.... c'est le premier port que l'on voit, c'est le lieu de vie et d'économie de l'ile... mais on s'était déjà habitué à notre quiétude de Sauzon.... ce brouhaha est quelque peu étouffant (qu'est ce que ça doit être en été).

A nous, maintenant les premières crêpes en terrasse .... il fait vraiment toujours beau à Belle-ile. L'estomac rempli, et bercé par les départs et arrivées des ferry, nous reprenons le bus pour se rendre à la pointe des Poulains, un site naturel magique.

Voulant profiter du soleil, nous nous glissons directement sur la presqu'ile et passons le long de la villa de Sarah Bernhardt. Nous lisons brièvement sur un panneau que par marée montante la presqu'ile est isolée du continent... on en reste là pour le moment...

On est très vite fasciné par le paysage qui se livre à la magie de l’océan : les courants, les couleurs, le vent. lorsque le phare était habité et lors des tempêtes, le gardien devait accroché sa méhari au bâtiment.

Le silence nous envahit jusqu'à .... que nous réagissions que nous sommes seuls. Si nous sommes seuls, c'est que la mer nous a isolé de notre habitation. hop nous courrons pour rallier la presqu'ile. je protège l'appareil photo mais l'acte est bien isolé et nous laissons échapper notre portable qui nourrit désormais les poissons (malgré ma volonté de ne pas polluer).

Cordon de terre avant d'être recouvert d'eau 

Après avoir pleuré, ri et crié, bref après cette péripétie nous reprenons la marche sur le sentier cotier pour rejoindre Sauzon... 8km nous attendent pour que l'on se retrouve dans la nature après une perte "matériel".

ça grimpe et parfois le vertige me tient... on a été séduit par les criques naturelles et les plages secrètes 

Nous revoici donc à Sauzon pour profiter de la quiétude de la soirée et se rendre à l'épicerie du village pour acheter le petit déj du lendemain. Un coucher de soleil nous attend pour nous remonter le moral, que nous partageons avec les habitants aussi ébahis du spectacle de la nature.

Nous nous ressourçons en admirant les pécheurs... (petits et grands). C'est l'activité du soir captivante. Nous sommes accostés par une belliloise moustachue qui nous explique qu'elle vient de louper un "congre" qui risque de mordre les enfants qui plongent dans le port. Un moment authentique jusqu'à ce qu'elle nous raconte la blessure de son père à la main (jusqu'aux os) en pêchant ce type de poisson. Heureusement qu'elle a ponctué ces phrases en disant que ce poisson bien cuisiné était délicieux !

voici la bête redoutée 
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Un petit déjeuner partagé autour d'un Kouig Amann "bien gras" dans le village de Locmaria, voilà comment commence notre seconde journée. Cette commune située le plus à l'est de l'ile est particulièrement marquée par son agriculture et ses hameaux (seulement 77 habitants). Toutefois, même en journée et hors saison, se tient un marché (trois pelé et un tondu). On a été séduit par les petites grands mères qui vont discuter de porte à porte pour occuper leur matinée.

L'église de Locmaria est la plus ancienne de l'île. Elle est très précieusement protégée par les bellilois. On rapporte d’elle une curieuse légende, celle de Notre-Dame du Bois-Tors. Jadis une tempête brisa le mât d'un navire sous pavillon hollandais. Pour remplacer ce mât, l'équipage décida d'abattre un ormeau ombrageant l'église, contre l'avis des paroissiens... mais sitôt à terre l'arbre se vrilla le rendant impropre à l'usage espéré. On y vit bien sûr l'intervention de la Vierge!

Tout comme nous, mais bien avant nous, Monet a été séduit par la lumière de Belle-Ile. Arrivé le 12 septembre 1886 « pour 15 jours » et surtout au départ très en colère contre son coin paumé et son ami qui l'avait forcé à y venir, il en repart finalement 75 jours plus tard, travaillant sans relâche pour accomplir 39 toiles. Après ce petit déjeuner "beurré", nous partons donc maintenant sur les traces de Claude Monet, sans nos pinceaux mais avec l'appareil photo.

Il nous reste plus qu'à parcourir le monde pour retrouver toutes les toiles originales de Monet exposées dans les musées internationaux.

Après cette rando côtière et "impressionniste", nous reprenons les chemins, pour un moment de vertige en ce qui me concerne : le grand phare de Kervilahouen ou phare de Goulphar. Une tour de granit de 92 mètres au-dessus de la mer jouxtant les bâtiments techniques et d'habitation des gardiens.

De nos jours, sa portée est d'environ 50 kilomètres, ce qui en fait l’un des plus puissants d'Europe. Allez c'est parti pour 247 marches.

On rentre tôt à Sauzon et on profite de la quiétude de cette fin de journée, des touristes et leurs voitures qui quittent progressivement l'ile et les activités de pèche qui reprennent.


la pèche, la pieuvre, l'encre de seiche
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Aujourd'hui, on a décidé de peaufiner encore plus notre découverte de l'ile et comme le soleil n'est pas au rendez-vous... (mais ça ne serait tardé d'après les dires ou les rhumatismes du vieux pécheur barbu de Sauzon), nous louons une voiture. On a hésité avec la 2 cv ou la méhari mais une classique twingo nous a tendu les bras.

Allez c'est parti, on part à la découverte des moindres recoins, décoins. on gare la voiture, on marche sur la plage et sous le brouillard.

Sans carte michelin détaillée (et sans GPS désormais sniff)... notre twingo d'un jour aura rapidement connu notre esprit d'aventure.... toutes les routes de Belle-ile ne sont pas parfaitement carrossables 😉 .

Au détour d'une balade à pied, un cri attire notre attention dans le brouillard... on vient enfin de tomber sur des couples nicheurs de "Craves à Bec Rouge". Belle-Île-en-Mer possède une côte découpée et bordée de falaises. Près de 100 kilomètres qui accueillent des oiseaux marins nicheurs. C'est aussi l'un des bastions bretons du Crave à bec rouge. Il est particulièrement rare et menacé sur le littoral. Cet oiseau au plumage noir et au bec rouge se fait remarquer par son cri si particulier et ses numéros de voltige dans les falaises.

Le soleil ne réussissant pas à apparaitre malgré ces multiples tentatives de percer les nuages, on se réfugie au chaud autour d'une bolée de cidre et ... d'une galette bien évidemment.

Comme par magie, le soleil est réapparu. Nous reprenons la route pour des balades à pied le long des falaises encore méconnues de Monet, des presqu'iles...

Nous rejoignons rapidement le Site de Sarah Bernhardt que nous n'avions pas pu visiter la dernière fois, le coeur un petit peu noué par notre péripétie.

Sarah Bernhardt découvre Belle-Île en 1894, à l’âge de 50 ans. Son ami, le peintre Clairin, lui en a tant parlé qu’elle décide enfin de l’accompagner. Sous l’effet d’un véritable coup de foudre, elle fait l’acquisition d’un fortin militaire désaffecté à la pointe des Poulains. Durant trente ans, elle y séjournera chaque année pour fuir la vie parisienne éprouvante et s’y reposer, avec toute sa famille et ses amis à qui elle fait construire ou retaper différents bâtiments de belle-ile. Au terme du long voyage de douze heures de train depuis Paris et de plusieurs heures de traversée par le courrier qui la débarque devant chez elle, elle se fait déposer sur la plage à bras d’homme. En 1922, après une ultime tournée, malade et infirme, elle met en vente ses propriétés. Elle s’éteint à Paris l’année suivante sans avoir pu réaliser son dernier souhait de reposer pour l’éternité face à la mer, sur cette île qu’elle a tant aimée et où les belles-ilois lui rendirent hommage (des notables jusqu'au marin pécheur, qu'elle aidait par des dons et des représentations à reconstruire leurs bateaux abimés lors des tempêtes).

Elle nous a énormément touché cette femme dans son coté artiste et dans son approche avec la nature, sa famille, ses amis mais aussi à Belle-île qui lui a tant donnée, bref à la vie !!! N'a-t-elle pas dit "se reposer en se fatiguant"... cette phrase a fait écho en moi, car oui je le pense. Voilà une belle conclusion de ses vacances "de repos" et une belle rencontre.

J'avais repéré de notre appartement, le chemin côtier qui fait le tour de Belle-ile de l'autre coté de l'aber de Sauzon et qui pouvait nous permettre de voir le port d'un autre angle. Hop on laisse la voiture au bout d'un chemin et on part à pied, pour admirer notre dernier coucher de soleil.

Vous avez repéré la maison fuschia foncée..... eh oui c'était notre "maison de repos". 

Je ne peux pas conclure cette journée, ni ce blog, sans vous parler des "faisans".... je suis à saturation des faisans... Belle-Ile est une réserve sauvage de petite faune particulièrement riche. Mais le roi de la faune sauvage sur l'île est incontestablement le faisan. plus de 10 000 spécimens (chiffre en dessous de la réalité pour beaucoup de bellillois) cela s'explique par l'absence de prédateurs, peu de pollution, notamment et des périodes de chasse limitées, trop courtes. Nous voici en train de clôturer notre journée à la chasse du faisan avec l'appareil photo.

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Oui, c'est la fin. Mais quel séjour. un séjour qui en a surpris plus d'un qui s'attendait que l'on parte à l'autre bout de l'Europe, mais ce séjour "français" en valait bien d'autre bien plus éloigné.

Nous avons été séduit par leur approche du Développement durable et leur sensibilisation. Nous avons adoré, nous ressourcer au calme le soir venu au port en regardant les enfants pécher le crabe. Une sérénité et nostalgie des années 60-80 que nous connaissions dans nos quartiers quand nous jouons dehors sans risque.

Nous avons été un peu déçue de ces très nombreux loueurs de voiture, qui à mon avis, dénature un peu l'île alors que le bus est vraiment une très bonne solution (en octobre, il y a seulement 2 lignes mais en pleine saison beaucoup plus et plus régulières alors pourquoi se priver).

Voilà, nous reprenons le bac bien reposés et nous avons les yeux rivés sur un poster de Sauzon.... 45 minutes de traversée pour dire au revoir à notre petit paradis de quelques jours ... alors oui Bellillois soyez fier de votre terre et soyez un peu méchant avec ceux qu'ils veulent vous la voler.

jusqu'au bout Sauzon nous accompagnera 

Nos Coups de Coeur :

- Tout mais en particulier Sauzon, Le site de Monet et Sarah Bernhardt

- leur quiétude, leur sensibilisation au développement durable malgré le flux de touristes

- on a un peu moins aimé : Le Palais (trop bruyants et plus touristiques), et la distance mise par certains prestataires touristiques certainement pour se protéger.

Beaucoup nous ont questionné. Belle-ile en plusieurs jours mais vous êtes fous... une journée suffit. alors oui, on va répondre à cette question. vous arrivez le matin par le premier bac, vous faites la queue au loueur de voiture, vous suivez le circuit qu'il aura indiqué à tous les touristes et le soir vous repartez.... oui, vous aurez vu les sites de Belle-ile; mais pensez-vous que vous aurez ressenti Belle-Ile... ? Nous on a tranché. et si vous avez besoin, n'hésitez pas à nous questionner nous vous aiderons à prendre votre décision.