Je pars avec ma copine découvrir le Monténégro, petit pays de l'Ex-Yougoslavie à travers un voyage itinérant entre montagnes, et mers.
Juin 2017
17 jours
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Avant chaque voyage, je m'intéresse à l'histoire du pays que je m'apprête à visiter, afin de mieux comprendre son passé et sa culture. Né dans les années 90' j'ai été bercé par les informations sur la tragédie yougoslave, depuis je suis passioné par l'histoire, et la géopolitique de cette région du sud de l'Europe qu'on appel les Balkans.

21 mai 2006, le Monténégro devient indépendant à la suite d'un référendum. 

Le 21 mai 2006, fut un soir de fête dans les rues de Podgorica, la ville qui portait pourtant le nom de l'ex-dirigeant de la Yougoslavie, Tito, (Podgorica s'appelait Titograd jusqu'en 1992) fête alors l'indépendance avec la Serbie, l'un des derniers actes du démantèlement de l'union des Slaves du sud. Le oui l'emporte donc avec 55,4% des voix (pour une majorité fixée à 55% par l'Union Européenne), là où le non avait été plébiscité en 1992 avec 95,96% des voix. Milo Đukanović à la tête de la petite république du Monténégro depuis 1991 savoure le moment, le Monténégro retrouve l'indépendance qu'elle n'avait plus connue depuis la fin de la première guerre mondiale.

A travers cet épisode récent, de ce petit état, on retrouve toute la complexité des Balkans. Le Monténégro possède une histoire entremêlés avec les autres nations des Balkans, il est donc impossible de faire le récit de l'histoire du Monténégro, sans évoquer l'histoire plus large de cette région d'Europe allant des montagnes slovènes jusqu'aux rives européennes du détroit du Bosphore. Cette histoire faîtes de guerres ayant causées des plaies difficiles à cicatriser, explique encore aujourd'hui la difficile cohabitation entre les différentes ethnies de cette région. Là où des territoires sont revendiqués par les uns autant que par les autres, argumentant chacun un fait historique censé conférer la légitimité à l'un plutôt qu'un autre, la paix reste fragile, 16 ans après la fin de la guerre du Kosovo, ultime épisode des guerres Yougoslaves.

La péninsule des Balkans

Le Monténégro entre Orient et Occident

Le 24 mai 2017 le Monténégro est officiellement devenu le 29ème membre intégré au commandement de l'OTAN. Un revers de taille pour Vladimir Poutine, ainsi que pour la Serbie, liés historiquement au Monténégro par des liens d'amitiés depuis plusieurs siècles. Cependant cette actualité montre à quel point ce petit pays est tiraillé entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est depuis des siècles. En effet alors que le Monténégro actuel se trouvait dans la province de Dalmatie sous l'Empire Romain, il fut également sur la ligne de partage en 395 de la séparation de l'Empire Romain avec l'Empire Byzantin de Constantinople.

Séparation de l'empire Romain d'Occident et l'empire Romain d'Orient (Empire Byzantin) en 395 

L'arrivée des slaves

C'est au début du VIIème que les peuples slaves venus de l'Est s'installent dans les Balkans, ils atteignent alors la mer Adriatique s'installant sur le littoral et dans l'arrière pays. Ils furent vite convertie au christianisme. C'est également au cours de ce siècle que les Bulgares créent le premier état slave des Balkans, au IXème siècle le prince Bulgare Boris, installe le slavon en langue liturgique et diffuse l'alphabet cyrillique. Cet alphabet est alors également utilisé par le royaume de Rascie (ex-Serbie) qui essaye alors de se défaire du joug bulgare et byzantin. C'est ensuite un autre état Serbe, la Dioclée qui prit racine à Doclea (Podgorica aujourd'hui) et qui s'étendra jusqu'à Raguse (Dubrovnik aujourd'hui). A son apogée, la Dioclée engloba la Rascie, la Dalmatie, la Bosnie, et établit même sa capitale à Shkodra (du côté albanais du lac de Shkodra - Skadar en serbo-croate), une sorte de première Yougoslavie en somme ...

Les Nemandjic, l'âge d'or de l'Empire Serbe

Entre la fin du XIIème siècle et le début du XVème siècle la Rascie connue son apogée sous la dynastie des Nemandjic fondée par Etienne de Nemandja né dans l'actuelle ville de Podgorica qui libéra du joug Byzantin une partie des Balkans. En 1190, il revendiqua notamment le Kosovo et la Macédoine (la Macédoine historique n'est pas à confondre avec l'actuel état indépendant de Macédoine qu'on se doit d'appeler Ancienne République Yougoslave de Macédoine, la région historique est elle éclatée entre cette entité, la Bulgarie, la Grèce et une petite partie à l'est de l'Albanie). En 1219, un accord fut conclut entre les Byzantins et Etienne Ier de Nemandjic pour que l'église de Serbie obtienne son autonomie. C'est un de ces successeurs Stefan Uroš IV Dušan Nemandjic qui durant son règne entre 1331 et 1346 chassa de Macédoine les bulgares et s'emparera plus tard des possessions byzantines dans les Balkans incluant donc les grecs, les albanais, les bulgares et les macédoniens. La Rascie devient un empire, et prend désormais le nom de Serbie, jamais depuis le territoire serbe a été aussi grand qu'à cette époque. Et le Monténégro dans tout ça ? Pendant ce temps là ... la Dioclée/Zeta reste indépendante, elle correspond à la majorité du Monténégro actuel. Ainsi si la Rascie est considérée comme l'ancêtre de la Serbie, la Dioclée est l'ancêtre du Monténégro.

Domination Ottomane et résistance des Vladikas au coeur du Monténégro

Expansion de l'Empire Ottoman 

Les rivalités et les différences culturelles des peuples des Balkans datent de la longue période de domination ottomane pendant près de cinq siècles.

Une date clé reste encore marquée dans la géopolitique actuelle des Balkans, c'est celle de la bataille de Kosovo Polje en 1386, les serbes considérent que par ce fait historique, le Kosovo est le berceau de l'histoire serbe. Alors que les ottomans enchaînent les conquêtes victorieuses, s'étant notamment emparés de la ville serbe de Niš, la résistance de la noblesse serbe va faire acte de bravoure au Kosovo place forte de l'Eglise Orthodoxe serbe. Si le prince serbe Lazar Hrebeljanović tout comme le sultan ottoman Murat Ier furent tués durant cette bataille, elle scella l’effondrement de l'Empire Serbe et sa conquête par l'Empire Ottomans. Encore aujourd'hui elle est encrée dans les mémoires collectives du peuple serbe et explique en partie leur attachement à ce territoire et leur volonté de ne pas reconnaître la souveraineté albanaise sur ce dernier.Après avoir entièrement conquis la Serbie, les ottomans attaquèrent la région de la Zeta en 1470, Ivan Crnojevic y mena alors un groupe de survivants dans les montagnes du Lovćen, y établit un monastère et une capitale qu'il appela Cetinje, c'est à cette même époque que les marins vénitiens appela le mont Lovćen, "Monte Negro" (Montagne Noire), l'épisode de la résistance de ces survivants est resté le symbole de la naissance du Montenegro, qui garda le surnom de son foyer, le mont Lovćen et sa vallée.

Les Ottomans tenteront à plusieurs reprises d'assiéger le Lovćen et Cetinje, ils réussiront seulement en 1514 à l'occuper. Ils y restèrent peu, trouvant les montagnes inhospitalières et quitteront les lieux. Soliman le Magnifique, le plus grand sultan de l'Empire Ottoman poursuivra la conquête des Balkans, s'emparant de Belgrade en 1521 et de la Hongrie, Cetinje devenant donc la dernière place de résistance de l'église serbe orthodoxe, parallèlement l'empire Vénitiens prend le contrôle de l'Adriatique et notamment de Kotor et de Budva. Le Monténégro est donc une nouvelle fois sur la ligne de partage de deux empires. Si les Ottomans turcs sont musulmans, ils n'imposent pas leur religion à leurs nouvelles possessions exceptés aux jeunes hommes, devenant esclaves et enrôlés de force dans l'armée, pour les autres populations les Ottomans donnent le choix entre l'Islam et l'impôt. Cependant depuis la conquête ratée de Cetinje, les monténégrins bénéficient de privilèges devant l'impôt. Les turcs vont donc tenter de revenir dessus dans les années 1690 mais devront faire face à la résistance des monténégrins. A chaque fois que Cetinje fut prise par les Ottomans, ils furent obligés de battre en retraite, devant la bravoure et la résistance des hommes de la "montagne noire". Pendant ce temps les turcs enchaînent les défaites contre les vénitiens, et en 1699 seront contraints de leurs céder Herceg Novi et Resan, alors que l'expansion vers le nord fut arrêtée après la défaite contre le Saint-Empire, les turcs ayant été obligés de lever une seconde fois le siège de Vienne en 1683 (Soliman le Magnifique dut déjà s'arrêter au même endroit après son échec dans la capitale autrichienne en 1529). La résistance monténégrine attira l'attention des Habsbourg et des russes ainsi que des autres peuples des Balkans, voyant à travers cette résistance à l'occupant Ottoman une identité commune. Il se développa à cette époque un sentiment d'identité commune chez les serbes et les monténégrins fondée sur la base de l'Eglise serbe Orthodoxe. En 1696, la dynastie des Petrovic commença lorsque Danilo Petrovic Njegos se déclara vladika (l'équivalent d'un évêque) de Cetinje et seigneur de la guerre des territoires serbes. Il établit un rôle politique, militaire et religieux au rang de vladika, et sa dynastie régna sur le Monténégro jusqu'à l'aube de la première guerre mondiale. Afin d'asseoir leur domination, les Ottomans créèrent le patriarcat de Constantinople devenant responsable des églises orthodoxes des possessions ottomanes. A cette époque l'église serbe orthodoxe s'exile et fonde son propre patriarcat dans le Saint-Empire, les monténégrins créent alors leur propre église, ce qui aura pour conséquence de conférer un sentiment national désormais distinct entre serbes et monténégrins. Les monténégrins étant par rapport à leur résistance durant cette périodes, considérés comme les "meilleurs des serbes" par les autres serbes.

Décadence de l'Empire Ottoman, guerres Balkaniques, et première guerre mondiale

Au fur et à mesure que l'Empire Ottoman devient décadent, les Balkans vont être le théâtre de guerres intestines, faites de revendications territoriales en vue de préparer l'indépendance de chacun des peuples, à la manoeuvre de ces guerres, les grandes nations de l'Europe de l'Ouest ainsi que la Russie sont en partie responsables soutenant les uns à s'attaquer aux autres parce-qu'un pays ennemie soutenait les autres. A la fin du XVIIIème siècle le Monténégro n'est encore qu'une petite principauté autour de Cetinje et la réserve naturelle du Lovćen, ayant échoué à atteindre la mer malgré l'appuie des russes avec lesquels les monténégrins ont liés une alliance historique contre Napoléon et les autrichiens. Quelques années plus tard, la révolte des peuples des Balkans commença avec la guerre turco-grecque (1821-1829) qui déboucha à l'indépendance de la Grèce, si la révolte bulgare de 1876 fut elle réprimée dans le sang, la Russie arrive à imposer l'indépendance de la Bulgarie en 1878, tout comme elle réussira la même année à sortir la Serbie du giron autrichien dans lequel elle s'était réfugiée pour échapper à l'empire Ottoman, lors d'un vote au congrès de Berlin, c'est alors que les relations entre serbes et autrichiens se dégradèrent. Pendant ce temps là au Monténégro, le vladika Danilo obtient une victoire stratégique contre les Ottomans à Grahovo, et légitima l'indépendance du Monténégro. Son successeur Nicolas Ier développa les infrastructures de la petite principauté, et signa un accord avec Michel III Obrenovic , prince de Serbie afin de lier l'avenir des deux états et en former un seul. Lorsqu'en 1875 une rébellion éclate contre les ottomans en Bosnie-Herzégovine, les serbes et les monténégrins y participent, ces derniers y gagnent d'importantes batailles et obtiennent le contrôle des régions montagneuses de Niksic, Zabljak et Podgorica. La superficie du Monténégro triple donc au moment où en 1878, l'indépendance de la Serbie et du Monténégro est reconnue à Berlin.

En 1910 à l'occasion du 50ème anniversaire de son règne, Nicolas Ier s'élève au rang de roi. Alors que chaque peuple des Balkans prend conscience de former une identité appart, chacun se heurte à un problème, l'espace territoriale revendiqué par un peuple est souvent revendiquée par un autre.La seule identité commune que reconnaissent désormais les composantes des peuples des Balkans est leur détestation vis-à-vis des turcs, ainsi en 1912, la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et la Roumanie s'unissent pour chasser les turcs de la péninsule des Balkans et des territoires qu'ils convoitent. L'Albanie quant à elle, dont le peuple s'est majoritairement convertie à l'islam est proche de la Turquie et prend son indépendance à part sur les seuls territoires peuplés uniquement d'albanais. En 1913, les alliés d'hier deviennent ennemis, la Bulgarie ayant conquis la Thrace jusqu'à Istanbul, en plus de la Macédoine, les grecs et les serbes qui revendiquent aussi ces territoires l'attaque. La Bulgarie perd la Macédoine, et la Turquie en profite pour récupérer la Thrace et l'importante ville d'Istanbul.

Guerres balkaniques 

Un an plus tard l'attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, durant lequel François Ferdinand archiduc de l'empire d'Autriche-Hongrie fut assassiné par un nationaliste serbe de Bosnie, souhaitant revendiquer le rattachement de la Bosnie au royaume de Serbie et du Monténégro, est considéré comme l'événement déclencheur de la première guerre mondiale. On retrouve là, la rivalité naissante entre les idéologies du pangermanisme (l'union de tous les peuples germanophones, et descendant de germains en une seule et grande nation) qui se développe depuis le milieu de XIXème siècle face au panslavisme (l'union de tous les peuples d'ascendance slave en un seul état). L'empire d'Autriche-Hongrie dans laquelle on retrouve la Slovénie, la Croatie, et la Bosnie déclare la guerre à la Serbie et au Monténégro, et par un jeu d'alliance le brasier va prendre toute l'Europe, la Russie déclarant ainsi la guerre à l'Autriche-Hongrie, soutenue par la France et la Grande-Bretagne formant ainsi les principaux pays de la Triple Entente, alors que l'Allemagne et l'Empire Ottoman (ainsi que la Bulgarie, pourtant slave) soutiennent l'Autriche-Hongrie en formant la Triple Alliance.

L'union des slaves du sud

Depuis le XVIIème lassés par ces guerres fratricides, l'idéologie panslave se développe dans les peuples des Balkans et de l'Europe de l'Est. Mais c'est au XIXème siècle par l'intermédiaire du philosophe russe Nikolaï Danilevski que les thématique du panslavisme prendront réellement leur essor.

Autour d'un drapeau, d'un hymne et même de la création d'une langue commune mélangeant le serbe, le slavon et le russe, l'idéologie panslave atteint son apogée lors du congrès de Prague en 1848. Néanmoins l'hostilité historique des polonais et des tchèque à l'égard des russes ainsi que la non-continuité territoriale entre les peuples slaves occidentaux et méridionaux achèvent les perspectives d'un seul et unique état regroupant en son sein tous les peuples slaves. Pourtant l'idéologie reste très présente surtout chez les serbes,les slovaques et les russes chez qui l'héritage slave semble plus marqué dans les esprit.

A gauche le drapeau de tous les slaves, et à droite la carte des peuples slaves 

Avant la première guerre mondiale, l'idéologie panslave des dirigeants de la Serbie, s'est heurtée à Nicolas Ier, roi du Monténégro qui n'adhérait pas à cette dernière. Cependant les guerres balkaniques ont rapprochés davantage les liens entre monténégrins et serbes. Lors des élections de 1914, l'idée d'une union entre serbes et monténégrins est ainsi plébiscité, Nicolas Ier l'accepte en exigeant cependant la coexistence de deux maisons royales l'une serbe et l'autre monténégrine. Malgré sa domination et son occupation totale pendant la majorité du conflit mondial par les austro-hongrois, la Serbie sort du conflit à la table des vainqueurs, alors que l'Empire d'Autriche-Hongrie est démantelé.

Lors de ce démantèlement, la Serbie récupère l'ex-province hongroise de Voïvodine, où les serbes sont devenus majoritaires depuis l'exil de l'église serbe orthodoxe lors de l'occupation ottomane, puis avec la Croatie et la Slovénie créait le premier état slave de forme récente le 1er décembre 1918, en prenant le nom de royaume des serbes,croates et slovènes, qui sera remplacé par le royaume de Yougoslavie le 3 octobre 1929 jusqu'à la seconde guerre mondiale. Ces deux états comprenaient à peu de chose près les territoires constituant la seconde Yougoslavie de l'après guerre, il s'agit alors de regrouper les slaves du sud à l'exception notable de la Bulgarie. Cependant apparaît rapidement des rivalités au sein du fonctionnement de cet état. Malgré l'identité slave commune, les différences culturelles, religieuses et économiques sont nombreuses. Si la Croatie comme la Slovénie ont bénéficiaient grâce à l'Empire austro-hongrois de la révolution industrielle et de la nouvelle économie, les serbes comme les monténégrins se sont trouvés au XIXème siècle au sein d'un empire Ottoman décadent. Le développement économique des différentes entités est ainsi inégale, dans les usines croates et slovènes se développait déjà les idées communistes alors que l'état est accaparait par la domination des nobles serbes de Belgrade suite au statut conférait par l'issue victorieuse de la première guerre mondiale. La Serbie comme le Monténégro fonctionnaient eux comme les anciens états avec les nobles des villes de pouvoirs d'un côté et les paysans dans les campagnes. A ce problème économico-culturelle des sociétés yougoslaves se greffe donc aussi un problème confessionnel, lors du schisme du christianisme, les croates et les slovènes sont restés rattachés à l'église de Rome et sont donc devenus catholiques contrairement aux serbes, monténégrins ou macédoniens. Suite à l'occupation de l'Empire Ottoman, une majorité relative des habitants de la Bosnie-Herzégovine ainsi qu'une majorité beaucoup plus importante des albanais dont une importante minorité habitent alors au Kosovo se sont convertis à l'Islam. L'ultra-domination des serbes dans la constitution de ce premier état va être perçu comme une injustice et va nourrir des sentiments nationalistes auprès des autres nationalités.

La seconde guerre mondiale, la blessure jamais refermée

Dès le début du second conflit mondial, les tensions nationalistes vont trouver leur écho dans la domination des forces de l'AXE. La Yougoslavie est disloquée, l'Italie fasciste annexe le sud de la Slovénie tandis que l'Allemagne Nazie en annexe la partie Nord. De plus l'Italie occupe l'Albanie et le Monténégro, tout en annexant par un gouvernorat les îles croates de Dalmatie ainsi que les Bouches de Kotor. Alliés à l'Allemagne Nazie la Hongrie récupère une partie de la Voïvodine tout en expulsant une partie des serbes y habitant et la Bulgarie annexa la Macédoine.

La Yougoslavie en 1941 à gauche et en 1943 à droite

Plus à l'Ouest, la Croatie voit les Oustachis prendre le pouvoir. Ces ultra-catholiques favorables au fascisme de Mussolini et alliés de l'Italie obtiennent le droit de faire de la Croatie un état indépendant. Confortés par l'idéologie nazie qui voit les juifs, les tziganes et les slaves ennemies de la race allemande et de leur espace vitale les Oustachis vont verser dans l'épuration ethnique. Ils se considèrent davantage de culture catholique que de culture slave. Au début du conflit mondial la population des territoires croate est composée d'une importante minorité serbe et serbo-monténégrin représentant 30% de sa population. Ils vont d'abord subir des persécutions, le régime des Oustachis interdisant le culte orthodoxe ainsi que l'alphabet cyrillique. Très vite les populations serbes fuient les humiliations et persécutions, près de 140 000 réfugiés sont alors recensés en Serbie sous occupation allemande. Les allemands débordés par les réfugiés et ne voulant pas se mêler de "ce problème" local, interdisent aux serbes de Croatie de passer la frontière. Les croates ne pouvant plus expulser de leur territoires les serbes, se livrent alors à une épuration ethnique, un génocide qui fera 300 000 victimes chez les serbes et serbo-monténégrins. Dans cette épuration ethnique des serbes, les Oustachis sont aidés par les musulmans de Bosnie-Herzégovine qui paradoxalement ont peu connus les discriminations des Oustachis. Des musulmans qui à l'appel du Grand Mufti de Jérusalem feront alliance avec Hitler et formeront des divisions SS exterminant des serbes, des serbo-monténégrins, des tziganes, et des juifs. Plus au sud en Albanie, les italiens qui occupent ce pays, autorisent la constitution d'un Royaume d'Albanie après que les albanais aient participé à la collaboration face à la Grèce.

A partir de 1941, la seconde guerre mondiale prend des allures de guerres civiles dans les Balkans, outre l'extermination des serbes en Croatie, l'Albanie a obtenue de la part de l'occupant italien l'annexion du Kosovo et d'une partie de la Macédoine (l'autre partie étant devenue bulgare), de plus les albanais obtiennent une partie du Monténégro au sud du lac de Skadar. C'est à partir de cette époque que le Kosovo voit inverser les forces démographiques et devient majoritairement peuplé d'albanais. La guerre civile éclate alors au Monténégro dans la partie du sud-est annexée par l'Albanie dont la ville d'Ulcinj, elle est l'oeuvre de résistant monténégrins séparatistes (non pro-serbes) et de partisans (le mouvement communistes initiée par Tito). Par ailleurs en Serbie, le mouvement de résistance Tchetniks, mouvement royaliste serbe voulant refaire une Grande Serbie se développe et fait soulever une rébellion dans la province croate de Krajina majoritairement peuplée de serbes. Ce mouvement va faire face à une guerre contre les partisans communistes pro-union des slaves du maréchal Tito (qui luttent également contre le régime des Oustachis en Croatie), en plus d'une autre guerre au Kosovo face aux albanais de la "Seconde Ligue albanaise de Prizren" souhaitant fonder la Grande Albanie. Avec l'offensive soviétiques, les partisans enchaîneront les victoires lors de la libération entre 1944-1945 de la Yougoslavie et massacreront au passage les Tchetniks royalistes. Fin 1944, avec l'aide des soviétiques Tito s'empare de la Serbie et conquêre le reste du pays.

La Yougoslavie de Tito

La guerre menée par les partisans de Tito, est appelée alors "la guerre de libération nationale", elle fonde le mythe de Tito, et de sa Yougoslavie communiste. Lors des premières années jusqu'au début des années 50, il s'agira d'un communisme très agressifs envers les personnes non-communistes. Mais à la surprise générale, Tito choisit une politique de non-alignement avec Moscou et l'URSS en 1948 et ne signe pas le pacte de Varsovie en 1955. Ce communisme est dirigée par une forme d'autogestion, les gens gèrent l'entreprise dans laquelle ils travaillent et non d'un dirigisme d'état. En 1963, Tito créait un état fédéral pensant alors éteindre les velléités séparatistes, Tito reconnaît 6 républiques qu'il résumera par cette phrase " La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti". Tito essaye ainsi de respecter les territoires revendiqués de part et d'autres, il créait également deux provinces serbes (au pouvoir plus limitée que les républiques) afin de répondre aux attentes des minorités hongroises de Voïvodine et de la majorité albanaise du Kosovo. Par sa phrase, Tito ne considère pas le Monténégro comme une nation à part entière mais comme faisant partie de la nation serbe. Enfin Belgrade est choisit comme lieu de pouvoir. La répartition de la carte interpellera après la mort de Tito et au début des troubles qui suivront son décès, Josip Broz Tito, croate d'origine a donné la quasi-totalité du littoral adriatique et notamment la Dalmatie à la Croatie ne donnant à la Slovénie mais surtout à la Bosnie-Herzégovine qu'un petit couloir d'une quinzaine de kilomètres, appelé le corridor de Neum.

Le maréchal Josip Broz Tito à gauche et sa Yougoslavie fédérale après la constitution de 1963 

Mort de Tito et éclatement de la Yougoslavie:

Le 4 mai 1980, Tito s'éteint à Ljubjana, non sans avoir préparé sa succession. Afin d'éviter le retour des nationalismes, et la domination d'un peuple sur les autres, Tito a institué dans la constitution une présidence de l'état tournante entre les différentes nationalités de la république fédérale. Les mandats sont d'un an afin de cloisonner la possibilité de dominer la Yougoslavie toute entière. Mais la Yougoslavie est orpheline, et va vite sombrer dans la déchirure. Dès 1981 déjà, le nationalisme refait surfaces au Kosovo, par le biais des albanais. Ils se révoltent pour obtenir au Kosovo le statut de république fédérale, afin de reconnaître leurs aspirations malgré l'autonomie plus élargie qu'ils ont eu lors de la dernière constitution de 1974. Cependant les serbes n'aspirent pas à laisser le Kosovo accéder à ce statut, car pour eux le Kosovo est le berceau de leur identité et de leur histoire. Nombre de manifestants albanais s'en prennent alors aux minorités serbes par le biais de discriminations, de persécutions, et en incendiant les lieux de cultes. Ces faits rapportés par le biais des médias tournent en boucle sur les postes de télévisions serbes et faits monter les tensions dans tout l'espace yougoslave.

La crise financière que va subir tous les régimes communistes au milieu des années 80 va affecter la fédération yougoslave, en effet les fédérations de Croatie et de Slovénie, plus riches ont le sentiment de travailler pour les autres, déjà la Slovénie a des envie d'indépendance en signant des traités commerciaux avec ses voisins autrichiens et italiens, contraires à la constitution. Au milieu des années 80, les partis d'opposition pro-indépendance, ou nationalistes remportent les élections dans la plupart des républiques sauf en Serbie et au Monténégro où les partis communistes mais pro-serbes les remportent. L'aspiration au changement est grand, et la bureaucratie communiste de la Yougoslavie laisse peu de places aux envies de démocratie. Intellectuels et médias se font les échos des aspérités indépendantistes en Slovénie et en Croatie. L'année 1986, marque un tournant, Slobodan Milošević renverse démocratiquement Ivan Stambolić a l'issu d'un vote solennel et prend la tête de la Ligue Communiste de Serbie après avoir été blâmé par Stambolić pour avoir dit aux serbes du Kosovo qu'il allait régler le problème et destabilise alors les relations entre Belgrade et le gouvernement albanais de la province à Priestina. Réélu en 1988, Milošević fait devient président de la république socialiste de Serbie l'année suivante. Son discours du 28 juin 1989 lors du 600ème anniversaire de la bataille de Kosovo Polje va mettre le feu au poudre. Par ce discours il entend mettre fin au statut de province autonome donné au Kosovo en 1974, et ramener entièrement le Kosovo dans le giron de Belgrade. Milošević ne s'arrête pas là, face aux voix opposées qui montent en Yougoslavie contre le retour de l'impérialisme serbe, Milošević et ses partisans renversent les présidents du Monténégro (ils y placent alors le jeune Milo Đukanović, celui qui sera plus tard l'homme de l'indépendance et du divorce avec la Serbie) , de Macédoine et de Voïvodine prétextant qu'ils sont séparatistes et complotent contre l'union fédérale. Ce coup de force confère à Milošević des pouvoirs accrus, il fait descendre dans les rues de Belgrade un million de sympathisants venus défendre les serbes du Kosovo et contraint le président bosniaque de la Yougoslavie, Raif Dizdarević, de l'autorisé à utiliser l'armée au Kosovo et de décréter l'état d'urgence. Entre temps Ante Markovic le premier ministre de la Yougoslavie essaye de réformer économiquement l'état fédéral afin de l'intégré dans l'économie de marché capitaliste, mais ses réformes sont rejetés par les serbes et leurs alliés. C'en est trop pour les slovènes, Milan Kučan, leur président fait des discours ouvertement séparatiste, et se fait rappeler à l'ordre par le gouvernement fédéral de Belgrade, tout en se faisant insulter de traître par la télévision serbe. Sous la pression des slovènes, se tient entre le 20 et 22 janvier 1990, le 14ème congrès de la Ligue Communiste Yougoslave, deux projets s'affrontent : le projet fédéral et centraliste de la Serbie contre le projet de fédérations asymétriques aux pouvoirs renforcées des slovènes. Les débats sont alors dirigés par le jeune président de la république du Monténégro, Milo Đukanović. Les serbes plus représentés à l'assemblée car ils constituent le peuple le plus important démographiquement, avec l'appuie des parlementaires du Monténégro, de Macédoine et des serbes de Bosnie et de Croatie, rejettent tous les amendements slovènes. Les parlementaires slovènes quittent alors le congrès, suivis par des croates solidaires. Cette instance marque la mort de la fédération Yougoslave, la crise politique entre la Slovénie et la Serbie va alors s'accentuer, et a pour conséquence la rupture économique entre les deux républiques, ce qui induit la destruction des réformes économiques yougoslaves envisagées par Ante Markovic.

Slobodan  Milošević lors de son discours devant les serbes du Kosovo le  28 juin 1989

Pendant toute cette période américains comme européens sont occupés par le vent de paix venus de l'Est avec la fin du rideau de fer matérialisée par la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l'Empire Soviétique. Ils soutiennent jusqu'au début 1991, l'unité de la Yougoslavie, et imagine qu'en cas de dislocation une partition à l'amiable des territoires pourrait être envisagée comme en URSS ou en Tchécoslovaquie.

Indépendances et guerres de Yougoslavie

La dislocation de la Yougoslavie 

Le 23 décembre 1990, la Slovénie déclare son indépendance, à l'issue d'un référendum où les slovènes se déclarent à 88,5% pour l'indépendance, Milan Kučan sort victorieux, et rappel tous les militaires slovènes qui se trouvent dans les rang de la JNA (l'armée fédéral) à le rejoindre. Par mesure de rétention, l'armée fédérale s'empare de tous les postes douaniers afin d'enclaver la Slovénie. Fin juin, début juillet 1991, l'armée fédérale de Yougoslavie fait des manoeuvres militaires en Slovénie afin de ramener la Slovénie dans l'union fédérale ou au moins montrer que la Yougoslavie existe toujours et qu'elle n'accepte pas sa dislocation. Cette guerre est appelée "guerre des dix jours", par rapport au nombre de jours où le conflit sera étendue. Il n'a pas les résultats escomptés, et dans la tête des généraux, l'heure n'est déjà plus à sauvegarder l'unité de la Yougoslavie, les serbes veulent avant tout protéger toutes les populations serbes vivants sur le territoire yougoslave. La Slovénie étant quasi-uniquement peuplée de slovènes, n'est donc plus l'objectif prioritaire. Car dans le même temps le 19 mai 1991, les croates se sont également prononcés par l'intermédiaire d'un référendum sur l'indépendance, ce dernier est boycotté par la majorité des 13% de serbes de Croatie et l'indépendance est plébiscité par 93,24% des électeurs. Après un gel de 3 mois de la déclaration d'indépendance, c'est la JNA qui lance les hostilités dans des villes majoritairement croates. En parallèle la République Serbe de Krajina est autoproclamée dans les zones où les serbes sont majoritaires et notamment dans la région de Slavonie, ces derniers ont peur d'être massacrés comme pendant la seconde guerre mondiale, alors que les Oustachis viennent grossir les rang de l'armée croate. Face à la montée des violences, les nations unis font un embargo sur les armes ce qui gêne l'armée croate de libération nationale. Néanmoins par des réseaux venant de Hongrie, les croates arrivent à faire passer la frontière et à s'armer, pendant ce temps les macédoniens, albannais et bosniaques se font réformés afin de quitter à leur tour la JNA, qui devient une armée composée des serbes et des monténégrins. Le conflit commence notamment avec la bataille des casernes où l'armée croate essaye de récupérer l'armement se trouvant dans les casernes de Croatie appartenant à l'armée fédérale.

La carte ethnique de la Yougoslavie au début du confit à gauche et la carte des forces armée des forces armés à droite 

La première phase du conflit est marquée par la bataille de Vukovar, qui se trouve dans la province autoproclamée de Krajina, elle fait figure d'enclave puisqu'elle est habité par une majorité de croates dans une région majoritairement serbe. Pendant 3 mois, la JNA et l'armée de Krajina y mèneront un siège, cette bataille se soldera par un massacre sur les population croates résistantes au moment de lever le siège e la ville. Fort de cette victoire, les serbes essayeront de récupérer la partie de la Dalmatie frontalière du Monténégro et mèneront un siège à Dubrovnik, grâce au corridor de Neum (laissant 15 kilomètres d'accès à la mer à la Bosnie-Herzégovine), l'armée croate n'arrivera pas à temps pour empêcher ce siège, la Bosnie-Herzégovine faisant encore partie pour le moment de la Yougoslavie, l'armée croate ne peut utiliser que la voie maritime. Les navires de guerres de la Yougoslavie postaient au large empêchaient également tout ravitaillement maritime. Les opérations furent dirigés par des cadres militaires monténégrins et seront supportaient par l'opinion publique monténégrine craignant que l'armée croate et surtout les membres Oustachis arrivent au Monténégro. Mais durant le siège de Dubrovnik, un autre front ouvrira dans ce qu'on se doit d'appeler désormais l'ex-Yougoslavie, après des élections portant les séparatistes au pouvoirs, la Macédoine fait elle aussi sécession le 8 septembre 1991, étant majoritairement composé de macédonien et d'une minorité albanaise, elle n'a pas d'intérêt capital pour Milošević, qui est plus inquiet par le référendum organisé en Bosnie-Herzégovine. Cette république, longtemps surnommer "la petite yougoslavie", pour son mélange ethnique et religieux, ne voulait pas quitter la Yougoslavie par peur de voir son territoire morcelé entre les différentes ethnies. Néanmoins lors des élections de 1990, le parlement est insolite, les 3 partis nationalistes représentant les serbes, les croates et les musulmans arrivant en tête. Ne souhaitant pas rentrer en conflit avec l'état de Croatie, la Bosnie-Herzégovine s'est prononcée pour l'indépendance après les événements à Vukovar. A la veille de l'indépendance la Bosnie-Herzégovine est composé de 45% de musulmans (ce qui est à la fois une religion et une nationalité dans les Balkans), de 32% de serbo-bosnien et de 17% de croato-bosnien. Le 29 février 1992, l'indépendance sort vainqueur des urnes avec 99% de voix favorables, les serbes ayant boycotté le scrutin. Les jours suivants, l'armée régulière de Yougoslavie attaque la Bosnie-Herzégovine, la minorité serbe voit dans la création d'un état qui pourrait être dirigé par les musulmans, comme un retour à l'empire Ottoman, à l'image de la minorité serbe de Croatie, ils créaient la République séparatiste Serbe de Bosnie, alors que les croates eux aussi veulent profiter de l'occasion pour récupérer la région d'Herzégovine (le sud de la république, longeant la Dalmatie et dont les croates sont en majorité relative). Ce conflit va virer à l'épuration ethnique entre les différentes communautés. Les musulmans combattront à l'aide d'une armée régulière mais faisant également appel à des guerriers moudjahidin aux méthodes radicales répondant à l'appel du djihad et déferlant sur les lieux de combats en venant du Maghreb, d'Europe, du Moyen-Orient et du Caucase. Partout où une communauté est majoritaire, elle exterminera les communautés minoritaires afin de rattacher ce territoire à leur entité et à leur pays indépendant. Le siège de Sarajevo commence le 5 avril 1992, bien que les musulmans y soient majoritaires, la ville la plus importante de Bosnie-Herzégovine, a de l'intérêt aux yeux des serbes, qui veulent également affaiblir Alija Izetbegović, le président bosniaque musulmans et ses états majors. La ville se trouve dans une vallée et la JNA ainsi que l'armée de la République Serbe de Bosnie la bombarde depuis les hauteurs. En 1993, une première partition de la Bosnie-Herzégovine en 10 provinces ethniques est proposée, par l'ONU, celle-ci est accepté par Milošević, mais refusée par Radovan Karadžić, le leader des serbes de Bosnie, estimant qu'ils peuvent obtenir davantage alors que les victoires militaires s'enchaînent. A partir de ce moment là Milošević se désolidarise des serbes de Bosnie, et renvoie son armée à la simple tâche de soutien et de défense des populations serbes. En effet Milošević était en sous main entrain de négocier la partition de la Bosnie avec le président croate Franjo Tuđman, malgré le conflit les opposants encore en Croatie. Une Croatie qui arrêtera finalement la guerre avec les musulmans (la bataille de Mostar en 1993, en sera l'événement majeur avec la destruction de l'héritage ottoman notamment celle du pont symbole de la ville) et s'allieront avec eux en 1994, pour regagner du terrain sur les serbes de Bosnie. L'événement dramatique du massacre de Srebenica au mois de juillet 1995 où les généraux de l'armée de la République Serbe de Bosnie extermineront 8 000 hommes musulmans par vengeance alors que des moudjahadins avaient massacrés des serbes dans cette ville au début du conflit sera le tournant de la guerre de Bosnie. L'émoi de la communauté internationale alors que ce massacre a eu lieu dans une zone renforcée par la présence de casques bleues néerlandais, oblige les différentes partis à se parler pour trouver une solution. Cet accord fut signé à Paris le 14 décembre 1995, mais porte le nom de la ville de Dayton aux Etats-Unis où l'accord fut négocier. Elle prévoit la partition en 2 entités de la Bosnie-Herzégovine, l'une nommée la Fédération croato-bosniaque (ou croato-musulmane) pour 51% du territoire , et l'autre la République Serbe de Bosnie pour 49% du territoire. Bien qu'acceptée par Radovan Karadžić, leur leader, certains membres de l'armée de la république Serbe de Bosnie continueront les combats, considérant que d'obtenir moins de la majorité du territoire est une humiliation et que Milošević les a trahis. Après 3 ans, 10 mois et 23 jours, le siège de Sarajevo est finalement levé le 28 février 1996, marquant la fin de la guerre de Bosnie.Entre temps sur le front croate, les serbes de la république autonome de Krajina, ont enchaîné les défaites, jusqu'à la prise de Knin (la plus importante ville des serbes de Croatie) par les forces croates en 1995, des dizaines de milliers de serbes de Croatie sont contraints de fuir les combats et s'exilent dans la république serbe de Bosnie ou en Serbie.

Siège de Dubrovnik / destruction du pont de  Mostar / cimetière des victimes à Srebenica / signature des accords de Dayton

Alors qu'on pensait les conflits désormais terminé, le problème du Kosovo par lequel la Yougoslavie s'est embrasé refait surface en 1996. La création de UÇK (l'armée de libération du Kosovo est créé), ce groupe désormais considéré comme une organisation criminelle et terroriste ainsi qu'étant à l'origine de l'organisation de la mafia albanaise, va commettre des attentats ciblés sur des dirigeant serbes ainsi que sur des gardes-frontières. Les civils serbes sont également victimes d'attaques ethniques par la majorité albanaise. En 1997, le gouvernement albanais englué dans les scandales financiers s'effondre, l'UÇK profite de ce K.O, pour récupérer armes et munitions. Devant le regain de tension visant à l'indépendance du Kosovo, les forces serbes repoussent les albanais en dehors des zones où les serbes sont majoritaires. L'Allemagne, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie font se rencontrer les deux parties à Rambouillet. Mais aucun accord n'est trouvé, l'UÇK refusant le simple statut d'autonomie du Kosovo, et les serbes refusant le déploiement de forces internationales sur place estimant que leur souveraineté serait violée. Alors que des rumeurs évoquent des massacres massif d'albanais et un plan d'épuration ethnique de la part de Milošević, rumeurs qui se révéleront par la suite infondées, et qui sont diffusés massivement par les médias, l'OTAN adresse un ultimatum à la Serbie et au Monténégro, et le 30 janvier 1999, l'OTAN attaque la Serbie, bombardant le sud de la Serbie, les villes serbes du Kosovo, ainsi que Belgrade. La Russie déclare son opposition à ce viol de la souveraineté de leur ami serbe, mais engluée dans les problèmes financiers post-soviétique Boris Eltsine et son gouvernement des oligarques ne peuvent réagir militairement. Pour beaucoup, cette attaque précipitée des américains et de leur alliés sur la Serbie avait un but géopolitique d'affaiblir un peu plus la Russie par l'intermédiaire de ses alliés. Ce qui est reproché à l'OTAN c'est de ne pas avoir cherché la paix comme se fut le cas en Bosnie mais d'avoir pris parti pour les albanais du Kosovo. Fort de ce soutien aérien et militaire, l'UÇK attaque les villages serbes et brûle les lieux de cultes. Les albanais qui avaient fuient massivement lors du déploiement de l'armée Serbe, et notamment en Macédoine, reviennent encore plus nombreux au Kosovo. Le 9 juin 1999, Milošević et l'OTAN acceptent des résolutions de paix, l'OTAN est missionné a rester déployé au Kosovo, gelant ainsi la situation. Cependant l'opinion serbe n'abandonne pas l'idée de récupérer ce qu'ils considèrent comme le berceau spirituel de la Serbie. Pendant tout ce conflit, le Monténégro n'a pas été bombardé mais à servit de base arrière logistique à l'armée serbe, notamment par la frontière sud-ouest du Kosovo. Suite à ce conflit, l'UÇK fera reparlée d'elle en 2001, en menant l'insurrection des albanais dans l'ex-République Yougoslave de Macédoine, essayant ainsi de déstabiliser le gouvernement, en demandant l'autonomie des populations albanaises de cette ex-république Yougoslave. Depuis l'exil des albanais kosovars, cette minorité représente un quart de la population de Macédoine, cette même organisation essayera également par la suite de déstabiliser la frontière entre l'Albanie et le Monténégro, la minorité albanaise se trouvant au sud du lac de Skadar. Le plan de l'UÇK est en réalité depuis sa création de retrouver la "Grande Albanie" qui a existé pendant la seconde guerre mondiale. Les guerres de Yougoslavie auront fait près de 150 000 morts et 4 millions de déplacés, ces conflits reste la pire tragédie européenne de l'après seconde guerre mondiale.

L'armée serbo-monténégrine à gauche et les bombardement de l'OTAN sur Belgrade à droite 

L'après-guerre la lente reconstruction de l'ex-Yougoslavie

Eglises et monastères orthodoxes détruits par l'UÇK et les populations albanaise au Kosovo

Depuis la fin des guerres yougoslaves, les responsables politiques et militaires sont jugés devant le TPIY de la Haye. Là encore les serbes ont le sentiment d'avoir été les seuls à "payer" les crimes dans ce conflit interethnique. En 2004 des émeutes anti-serbes au Kosovo ont visé des civils serbes et des églises orthodoxes, la minorité serbes toujours moins nombreuses subits régulièrement les persécutions de la majorité albanaise, elle vie enfermée dans des enclaves majoritairement à proximité des sites spirituels classés au patrimoine de l'UNESCO. En 2006, le Monténégro déclare son indépendance après avoir fondé avec la Serbie l'union de la Serbie et du Monténégro en 2003 après la chute de Milošević (ce dernier décédera dans d'étrange circonstances pendant son procès à la Haye, certainement empoisonné) , en théorie cette union était fondée sur l'égalité entre les deux républiques, mais le pouvoir centralisateur de Belgrade dominait les monténégrins, piquaient dans leur orgueil "les meilleurs des serbes" comme ils sont surnommer organise un référendum. Les 800 000 monténégrins de la diaspora vivants majoritairement en Serbie, en république Serbe de Bosnie et au Kosovo ne sont pas invités à participer au scrutin.Le oui l'emporte donc avec 55,4% des voix, bien que vexée par le résultat, la Serbie en prend acte 2 jours plus tard et reconnaît cette indépendance, pensant que le Monténégro restera un partenaire fiable, aujourd'hui encore 30% des 620 000 habitants du Monténégro se considèrent serbes contre 45% monténégrins. Mais les choses ne se passent pas comme prévu ni pour la Serbie, ni pour la Russie, l'exemple des succès économiques de la Slovénie et de la Croatie dopés par l'industrie touristique est suivit par Milo Đukanović toujours président, et a pour conséquence l'entrée en négociations du Monténégro pour rentrer dans l'Union Européenne. Le Monténégro adopte même l'Euro unilatéralement dans la foulée. En 2008, le Monténégro reconnaîtra même l'indépendance du Kosovo comme toutes les ex-républiques de Yougoslavie hormis la Bosnie-Herzégovine et la Serbie ainsi que d'importants pays comme l'Espagne, le Brésil, la Chine ou la Russie. Les serbes du Monténégro vivent de plus en plus mal cette situation pro-Bruxelles et anti-Belgrade de la part de leur nouvel état, c'est alors que lors des dernières élections législatives alors que Milo Đukanović s'apprête à quitter le pouvoir une tentative de coup d'état est avortée en octobre 2016. Les négociations du Monténégro afin d'intégrer l'OTAN provoquent quelques émeutes dans les régions majoritairement serbes. Le 24 mai dernier le Monténégro devient officiellement membre de l'OTAN, les réactions venus de Serbie et de Russie ne se font pas attendre, la Serbie considérant l'OTAN comme ennemie depuis la guerre du Kosovo, la Russie grande soeur du Monténégro décide elle de faire un embargo sur le pays. Le reste des Balkans est marqué par un regain de tension, notamment en Macédoine, où les albanais sont de plus en plus revendicatifs sur une autonomie et la reconnaissance de leur langue, ce que refuse les macédoniens, plusieurs émeutes ont eu lieux depuis les dernières élections législatives de 2016 qui a vu une coalition entre des parties macédoniens centristes et les partis albanais. Le Kosovo connaît aussi son regain de tension à travers un bras de fer entre l'Albanie et la Serbie, marqué notamment par un match international de football entre les deux équipes en 2015, et plus récemment par le passage d'un train au Kosovo depuis la Serbie où il était écrit dans toutes les langues des 82 pays n'ayant pas reconnus le Kosovo indépendant "Le Kosovo c'est la Serbie". Devant l'impossible conciliation des parties, et l'imposture de l'indépendance qui est en réalité une étape pour intégrer le Kosovo à l'Albanie, il est envisagé à terme une partition du Kosovo, afin d'intégrer le Nord de Mitrovica à la Serbie. On constate également un renouveau de l'identité slave en Europe de l'Est, notamment en Pologne, en Slovaquie, en République-Tchèque et en Bulgarie qui semblent exaspérés de l'ultra domination du couple franco-allemand dans l'Union Européenne, ces pays renforcent alors leurs liens avec la Russie et la Serbie. Quant à la Bosnie-Herzégovine, elle s'est doté d'une constitution séparant en quelque sorte les républiques Bosniaque et Croate de Bosnie, les accords de Dayton s'appliquent encore, l'ONU refusant de rattacher la république serbe de Bosnie à la Serbie et la république Croate de Bosnie à la Croatie, la Bosnie-Herzégovine reste le seul état d'Europe représenté par 3 gouvernements différents. Échaudés par l'intégration du Monténégro dans l'OTAN, la Serbie vient d'annoncer qu'elle allait porter plainte il y a quelques jours contre l'organisation et ses membres qui ont participé aux bombardements lors de la guerre du Kosovo, en effet l'un des article du traité de l'OTAN précise que l'organisation à une vocation uniquement défensive, ce qui ne fut pas le cas lors du bombardement de la Serbie en 1999. L'histoire et la géopolitique des Balkans n'a donc pas fini de faire le jeu des grandes puissances ...

Train serbe passant au Kosovo avec les couleurs serbes et la phrase "Le Kosovo c'est la Serbie !" 
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Vendredi 23 juin, 16h10 nous prenons la direction de Podgorica depuis l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, malgré quelques péripéties et notamment une organisation laissant à désirer de la part du personnel de l'aéroport pour l'enregistrement des bagages et de la douane, nous arrivons à embarquer malgré les appels répétés sur le départ imminent de notre vol. Finalement la moitié des passagers étant retardataires, nous prendrons donc la direction de la capitale monténégrine avec une demi-heure de retard. 2 heures 30 de vol nous séparent de l'ex-Titograd (nom de la ville de 1946 à 1992 en l'honneur du président de la Yougoslavie communiste).

Arrivée à l'aéroport de Podgorica, 10 km au sud de la capitale 

A peine arrivés sur le tarmac du petit aéroport de Golubovci, accueillis par plus de 30°C à 18h30, nos péripéties continuent lorsque nous tentons de récupérer le véhicule que nous avions réserver pour la location. Nos cartes bancaires ne passant pas pour la caution, le salarié de l'agence nous propose une solution bis, en nous amenant dans un petit garage "d'un ami". En réalité c'est lui qui fait toute la transaction avec pour seul condition de payer en liquide. Nous découvrons alors le vrai visage de l'économie monténégrine, où tout le monde fait affaire avec tout le monde, et où l'argent liquide est de rigueur.

Nous prenons donc enfin la direction de Podgorica à bord de notre Sköda Fabia, et après une quinzaine de kilomètres nous entrons dans le centre de la capitale du petit état monténégrin.Avec une population de 151 000 habitants contre 660 000 pour le Monténégro, cette ville est à la fois la capitale du Monténégro et de loin la ville la plus peuplée du pays. Pourtant Podgorica ressemble plus à une petite ville provinciale qu'à une capitale. La ville a été fondée sous l'empire romain grâce à son emplacement stratégique se situant dans les plaines de la Zeta au sein d'un pays montagneux et étant traversé par la Morača, cependant il faut effacer l'image de grands boulevards, et de grands immeubles de la plupart des capitales européenne. Dans une grande partie de la ville très étendue et de la municipalité (agglomération), les maisons sont majoritaires. Nous trouvons vite notre hébergement, en plein coeur du quartier "Nova Varoš". Et après les péripéties du jour la bonne nouvelle se retrouvera dans l'assiette en constatant le coût de la vie au Monténégro avec une addition à moins de 15€ pour 2 plats et 2 boissons au restaurant. Un petit tour dans la ville s'impose alors, où un festival s'y déroule sur le thème "de la semaine de l'Allemagne", nous constatons avec surprise la disposition de la "place principale " (la Trg Republika) de cette capitale, et du fait que la vie nocturne s'y résume à une seule rue ...

La voiture qui nous accompagnera tout au long du voyage et la "chaude" ambiance de Trg Republika 

Nous savions dès le départ qu'hormis son positionnement géographique et le fait qu'elle était le lieu de pouvoir, cette ville n'avait pas grand intérêt. Nous commençons donc une brève visite, déambulant dans les rues, devant les bâtiments officiels de pouvoirs à l'architecture communiste qui ne donne pas envie de s'y arrêté (ni même de prendre des photos ...), et juste le temps de constater que l'ensemble de ces lieux de pouvoirs pavoisaient les couleurs de l'OTAN et de l'Union Européenne, le Monténégro venant d'intégré la première organisation afin de relancer le processus d'adhésion à la seconde, ce qui contraste avec graffitis et autres t-shirt pro-serbes et anti-atlantiste que nous croiserons dans la rue. Heureusement cependant que la ville n'est pas grande, nous découvrons en effet la double utilisation de l'alphabet serbe latin et de l'alphabet serbe cyrillique au Monténégro, ce qui donne des situations assez cocasses, les deux alphabets pouvant être utilisés, on peut trouver une rue avec son nom indiquée en alphabet latin, et la suivante indiquée seulement avec son nom en cyrillique.

Le "Most Milenijum", pont à haubans, inauguré en 2005 et la superbe cathédrale serbe orthodoxe, de la résurrection du christ, (qui à notre grande surprise n'a été commencé qu'en 1993 et dont les travaux ne sont pas encore terminé) seront les principales attractions de cette virée nocturne. Surprenant, bien qu'ayant portée son nom, il n'y a aucun monument à la gloire du maréchal Tito dans cette ville.

Le pont du Millenium enjambant la  Moraca et la cathédrale orthodoxe de la résurrection du christ
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Avis aux amateurs de sites naturels français : imaginez les marais poitevins, les monts du massif central et le lac Léman, le tout réunis au même endroit. Le menu est sympa ? Le cocktail laisse rêveur ? Ce paysage merveilleux existe à seulement 2h30 de vol de Paris ... Bienvenue au Lac Skadar !

Géographie

L'étude matinale de l'itinéraire pour faire le tour du parc national 

Le lac Skadar se situe à seulement 22 kilomètres au sud de Podgorica, et à autant de kilomètres de la mer.Il est l'oeuvre d'une dépression karstique, il est peu profond, et sa surface oscille entre 370 km² et 550 km² (à titre de comparaison le lac Léman fait 570 km²) selon la période de l'année, ce qui en fait le plus grand lac des Balkans. Il fait également office de frontière naturelle entre le Monténégro et l'Albanie, et porte le nom de la plus grande ville sur ses rives, celle de Shkodra en Albanie. Mais nous n'avons pas fait fausse route, c'est bien la partie monténégrine qui est classée en tant que parc national depuis 1983 ainsi que ses environs. Ses méandres formés par la Rijeka Crnojevića et par la Morača, ses îlots spirituels où se trouve des monastères orthodoxe, ses milliers de nénuphars ainsi que sa grande réserve aviaire avec 270 espèces d'oiseaux répertoriés dont les derniers pélicans d'Europe, en font aujourd'hui sa renommée, sa spécificité, et sa splendeur.

L'arrivée à Vranjina

La première ville du lac Skadar en arrivant de Podgorica, est celle de Vranjina, porte d'entrée sur le lac à l'embouchure de la Morača. Nous nous arrêtons quelques minutes dans cet anciens petit port de pêche afin de contempler une première fois le lac et ses environs. Nous prenons vite connaissance de l'activité touristique majeure du lac ... "les taxis boat". Le tourisme est en effet une aubaine pour la société montégrine et son taux de chômage endémique dépassant les 20% et surtout pour les jeunes, ainsi dès le début de notre voyage nous constatons que tout le monde ou presque travaille dans le secteur touristique au Monténégro, des emplois certainement pas tous déclarés par ailleurs. Autour du lac Skadar comme dans plusieurs autres endroits des groupes de rabatteurs nous "aident" à trouver une place pour nous garer, il ne souhaite pas d'argent pour "ce service" contrairement à d'autres pays, mais ils souhaitent surtout être les premiers à vous proposer les activités touristiques du coin.

Virpazar, la capitale du parc naturel

Le village de Virpazar 

De l'autre côté du pont, au départ de Vranjina, se trouve le village de Virpazar. Peuplé par seulement 280 habitants, ce village est pourtant la capitale touristique du parc naturel. Se trouvant idéalement situé avec à l'ouest le parc naturel et ses méandres et à l'est les îlots spirituels il est également le point de départ privilégié des taxis boat ... Nous serons d'ailleurs accueillis par une "armée de rabatteurs". Malheureusement pour eux, le taxi boat n'était pas au programme du jour ! Outre son positionnement privilégié au bord du lac, le village comporte une petite rivière formant un jolie méandre jusqu'au lac Skadar. Une fois notre passage à l'office du tourisme officiel (les monténégrins sont également spécialistes des "Tourism Agency", qui sont en réalité des sociétés privés d'activités touristiques), nous découvrons également que dans les villages alentours se trouve des vignes réputées, et des ruines d'anciens châteaux. Au coeur du village, un monument célèbre les partisans du maréchal Tito pendant la seconde guerre mondiale. Le reste du village est composé de restaurants et de boutiques de souvenirs, qui essayent également de profiter de l'attractivité touristique au milieu des rabatteurs de taxis boat.

Après avoir fait un tour à l'office du tourisme, nous quittons un peu notre itinéraire prévu au départ vers les vignes du lac. Déjà nous empruntons une des routes étroite et sinueuse autour du lac Skadar, et nous nous arrêtons dans le petit village de Godinje. Des petits commerces de ventes de vins et de rakija artisanale (eau-de-vie) des Balkans jonchent les bords de la route, nous apercevons d'un point de vie un des îlot spirituel symbolisant la résistance de l'église orthodoxe face à l'islam ottoman d'hier et albanais d'aujourd'hui puisque ce lac est également une frontière.

La longue route jusqu'à Rijeka Crnojevića

La vue sur Virpazar depuis les hauteurs 

Bien que nous nous sommes pas trop éloignés de Virpazar, nous nous doutions que les routes autour du lac ressembleraient fortement à celle que nous avions emprunté pour aller jusqu'à Godinje. Alors nous ne prenons pas le temps de faire le tour des remparts du petit village, et nous rebroussons chemin vers l'itinéraire prévu. Ce dernier doit nous emmener vers les méandres les plus réputés du lac Skadar, au sein de la rivière Rijeka Crnojevića (rijeka = rivière en serbo-croate). Et en effet dès la sortie de Virpazar nous empruntons une petite route sinueuse avec des virages en épingles et un fort pourcentage mais surtout très - très - très étroite, ce qui fera de cette route l'une des plus dangereuse empruntée lors de notre séjour au Monténégro. La chaleur étouffante de 38°C en cette après-midi, n'atténue ni notre enthousiasme, ni notre émerveillement devant les paysages se dessinant devant nos yeux. Nous ferons donc plusieurs arrêts sur des points de vue afin d'admirer la beauté du lac et de ses méandres.

Arrivés aux méandres de la Rijeka Crnojevića, nous effectuons une petite randonnée qui nous amènent au plus près des lassés dessinés par la rivière. Le spectacle est déjà saisissant, malgré la chaleur, la beauté de ses routes fluviales zigzagant entre les collines et dessinées par un tapis de nénuphars donne au lac une autre dimension. Les lieux sont paisibles, la nature si présente, on devine au loin les taxis boat arrivés, leur passage entre les lacets est tout aussi jolie.

Nous referons une pause dans le village éponyme de la rivière, le village de la Rijeka Crnojevića, en profitant d'un bar avec vu sur le Stari Most (le vieux pont) du village. Village paisible, Rijeka Crnojevića, doit son nom à Ivan Crnojević, celui qui mena la résistance contre l'avancé de l'empire Ottoman et déplaça la capitale du Monténégro de la plaine de la Zeta (l'ancienne capitale se trouvait probablement autour du village), jusqu'aux contreforts du Lovćen, où en 1482 il fonda Cetinje. C'est le prince Danilo Petrović-Njegoš qui y fit construire un pont au milieu du XIXème siècle. Aujourd'hui ce village est un lieu touristique majeur pour les visiteurs du lac Skadar, il est au départ des randonnées, des excursions en canoë et autres taxis boat des méandres du lac. Il abrite également l'un des restaurants les plus réputés du Monténégro.

Nous reprenons ensuite la direction de Podgorica, tout en prenant soin de nous arrêter dans le village de Šinđon, qui offre certainement la plus belle vue des méandres du lac Skadar.

Retour à Podgorica

A la fin de la journée, nous sommes déjà convaincus sur le bon choix de notre destination, alors que nous rentrons dans la capitale, nous souhaitons trouvé un vrai quartier typique pour nous faire changé d'avis sur le visage de Podgorica. Nous prenons donc la direction de Stara Varoš, le quartier Ottoman, afin de dénicher les vestiges de l'ex-grand empire, malheureusement ce quartier ne fut pas à la hauteur de nos attentes (qui ont certes monté en exigences tout au long de la journée au vu des paysages observés), mais entre une tour horloge en rénovation, et une mosquée qu'on ne pourra visiter suite à la présence de la télévision monténégrine sur place, mais qui d'extérieur était loin d'être splendide nous serons déçu par le passage dans ce quartier. Le soir venu, nous profitons cependant des soirées du samedi soir monténégrin, avec bière gratuite sur la Trg Republika pour la clôture de la semaine allemande, et bar dans le quartier branché de Podgorica malgré les difficultés pour trouver une place, toutes les terrasses étant prises d'assaut.

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Après cette étape merveilleuse au lac de Skadar, nous reprenons la route le lendemain matin, avec changement de logement vers le massif de Bjelasica, au nord-est du pays, direction donc le petit village de Mušovića Rijeka, à 75 kilomètres au nord de Podgorica.

Escale au Monastère de la Morača :

La route menant aux montagnes de Bjelasica, longe pendant sa majeure partie la rivière de la Morača.Enfoncée dans le canyon 25 kilomètres avant Kolašin, porte d'entrée du massif de Bjelasica, se trouve le Monastère de la Morača, le second lieux de culte le plus fréquenté du Monténégro. L'entrée se fait sur un parking sur le bas-côté de la route où des cars venant de Serbie déposent en masse les pèlerins orthodoxes. Car si nous sommes bien au Monténégro, les lieux de cultes orthodoxes appartiennent quasiment tous à l'église serbe orthodoxe et sont rattachées au patriarcat de Belgrade. La querelle de clochers opposant l'église serbe et l'église monténégrine enfle depuis l'indépendance du Monténégro, mais aucun patriarcat orthodoxe et aucune église ne reconnaît encore aujourd'hui officiellement l'église orthodoxe du Monténégro comme indépendante de l'église serbe. Après avoir passé les quelques boutiques religieuses vendant icônes et autres croix orthodoxes dont les croyants raffolent (la plupart des cars et camions que nous croiseront sur la route au Monténégro arborèrent ces icônes), nous arrivons donc au Monastère. Construit en 1254, ce dernier est composé de deux églises, l'église de la Dormition et "sa petite soeur", l'église Saint-Nicolas, le tout entouré d'un cloître en pierre. Les murs de ces églises sont richement décorés étant entièrement peints à même la pierre et recouvertes de figures religieuses. Elles sont toutes splendides.

Kolašin, capitale du ski monténégrin

Après cette pause spirituelle, nous nous arrêtons déjeuner à Kolašin, capitale du ski monténégrin, et l'une des villes les plus importante du massif de Bjelasica et des environs du parc national du Biogradska Gora. La ville de Kolašin peuplée de 2 800 habitants, se situe 954 mètres d'altitude, mais dispose de l'une des stations de ski les plus fréquentées du pays par rapport à sa situation géographique avec l'agglomération de Podgorica notamment (bien que son enneigement soit inférieur aux monts du Durmitor), se situant à 1450 m d'altitude. C'est donc partie pour un repas typique des montagnes monténégrine, nous dénichons en effet un moulin, transformé en restaurant traditionnel. Au menu: deux plats à base de polenta, dont un ressemblant à notre raclette nationale, beaucoup plus crémeux et sans charcuterie certes mais avec beaucoup beaucoup de fromage.

Arrivée chez notre hôte Radule

Après le repas nous nous dirigeons vers notre hébergement se situant dans la municipalité de Kolašin (l'équivalent d'une agglomération en France), à quelques kilomètres du centre de cette ville. Ce dernier se trouve dans le village de Mušovića Rijeka, situé au bout d'un chemin vraiment pas très carrossable ... Après avoir roulé quelques minutes sur des cailloux à 5 km/h, nous arrivons chez notre hôte. L'endroit est très sympathique, notre hôte également, nous déposons après nos bagages et visitons notre logement, puis prenons un (puis le temps menaçant, deux ... ) verres de rakija, l'eau-de-vie des Balkans. Alors que nous avions déjà perdu une dizaine de degrés en arrivant à Kolašin dans les montagnes par rapport à la veille, le ciel se couvre brusquement, nous reportons donc au lendemain notre visite du parc national. En attendant nous discutons longuement avec Radule, qui nous en apprend un peu plus sur la culture monténégrine, évoquant au passage son amertume de la dislocation de la Yougoslavie et ses projets de développer un complexe touristique encore plus important chez lui avec plusieurs nouvelles maisons et un restaurant. Une fois l'orage passé, nous prenons la direction d'une randonnée, au départ du village et découvrons le massif verdoyant de Bjelasica.

Le parc national du Biogradska Gora

Le lendemain matin, nous nous levons de bonne heure pour pouvoir profiter de notre excursion au parc national du Biogradska Gora. Malheureusement les orages nous mènent la vie dure, et nous sommes contraints d'attendre une accalmie enfermés dans notre logement. Finalement nous arrivons à partir en milieu de matinée alors que nous faisions nos courses pour le pique-nique les averses reprennent de plus belle. Le thermomètre affiche seulement 17°C en cette matinée. Nous faisons malgré tout les 26 kilomètres nous séparant de l'entrée dans le parc national. Ce dernier, baptisé le Biogradska Gora est le plus petit parc national du Monténégro, protégé depuis 1952, il a comme spécificité d'abriter l'une des dernières forêt primaire d'Europe sur une surface de 1 600 hectares (bien loin malgré tout des 3 025 km²de celle de Komi en Russie et des 141,9 km² de la forêt de Białowieża Pologne/Biélorussie mais devant celle de Perućica en Bosnie-Herzégovine 12,4 km²), et un superbe lac, le lac Biograd. C'est le souverain Nicolas Ier qui lors d'une visite dans cette région en 1878, bouleversé par la beauté du lac et de la forêt reflétant dedans, qui ordonna de protéger les lieux. L'entrée dans le parc est de 3€/ personne afin d'aider à la préservation et à l'entretien de la forêt. La flore mais également la faune y sont abondante (plusieurs espèces protégés vivraient encore dans le parc comme l'ours brun !) . Quelques tables de pique-nique fleurissent autour du lac afin de profiter de l'endroit, après une séance photo du lac entre les gouttes, et après avoir finis notre pique-nique, nous entamons une randonnée qui devait nous amener à un point de vue en hauteur sur le lac. Malheureusement les éclaircies apparus près du lac furent de courtes durées, et de gros nuages menacent l'horizon. Nous décidons alors de faire demi-tour et d'effectuer la randonnée plus sûr autour du lac. La végétation et la vue sur ce lac nous ont offert tant d'images inoubliables malgré la météo assez capricieuse.

Après un petit détour par Kolašin, afin de prendre un rafraîchissement, nous retournons chez Radule, où nous discutons avec lui et sa famille alors qu'il nous fait découvrir son potager, celui-ci nous préparera un barbecue pour qu'on puisse déguster les grillades locales.

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Le parc national du Durmitor

Nous avons donc découvert les massifs montagneux monténégrins avec celui de Bjelasica, nous prenons ensuite la route d'un autre parc national, celui du Durmitor, situé à 90 kilomètres de Kolašin. Ce parc est dominé par un massif montagneux avec 48 sommets dépassants les 2 000 mètres d'altitude. Son point culminant est le Bobotov Kuk avec ses 2 523 mètres d'altitude. La beauté de ses monts calcaires sculptés par la fonte des glaciers, sa verdure mais aussi ses fabuleux lacs glaciers dont le plus réputé d'entre-eux : le lac Noir ont fait la réputation de ce parc national. Sa variété d'animaux et sa diversité de papillons sont également appréciés. Mais il ne faudrait pas oublier le canyon de la Tara qui passe au sein de ce parc national en provenance de la Bosnie-Herzégovine voisine, celui-ci n'est ni plus ni moins que le grand rival européen du canyon du Colorado (le Grand Canyon), il est le plus profond canyon d'Europe, avec près de 1 300 mètres de profondeur (soit 200 mètres de moins que le Colorado), ce qui en fait l'un des sites touristiques les plus visité du pays, notamment pour l'activité de rafting très prisée.

En longeant la Tara

En quittant le massif de Bjelasica, nous longeons rapidement la rivière de la Tara sur le bas-côté de la route. Le paysage est magnifique, et nous n'hésitons pas à prendre quelques pauses sur la route sinueuse afin de l'admirer. Puis après avoir traversé de nombreux tunnels et lacets entre les monts monténégrins, nous arrivons au pont de Djudjevica, point de vue et centre touristique du canyon. Nous admirons l'édifice de 150 mètres de hauteur et de 365 mètres de long, soutenus par cinq arches reconstruits en 1946, alors que la résistance monténégrine l'avait détruit en 1942 devant l'avancé italienne et allemande. C'est l'auteur de l'ouvrage qui posa lui-même la bombe avant d'être exécuté sur les décombres de son pont par les allemands et les Tchetniks serbes. La vue sur la Tara est splendide et les activités ne manquent pas autour du lac, où les agences de rafting, jeeps safaris, et d'innombrables tyroliennes transforment le site en parc d'attraction. Je choisirai de faire une tyrolienne à 170 mètres au-dessus du canyon, la vue est magnifique. Après cet mise en bouche, place au restaurant, où nous prenons des plats de viandes malgré les 30°C approximatif en ce début d'après-midi. Le moins que l'on puisse dire c'est que les portions de nourritures servies au restaurant ne sont pas les mêmes que chez nous. Nous n'arriverons pas à terminer nos 400 g de viande chacun.

Direction Žabljak

Après cette petite parenthèse dans la vallée de la Tara, nous prenons la direction de Žabljak, principale porte d'entrée du parc national du Durmitor. Cette ville est en effet la seule réellement dotée d'infrastructures touristiques. Et dès que nous arrivons sur place, nous constatons que la frénésie immobilière bat son plein dans cette petite ville de 1 900 habitants. Nous serons d'ailleurs surpris par le nombre d'habitations non terminées mais déjà habitées et les innombrables et assez hideuses toitures en tôles recouvrants ces maisons. Une fois notre hébergement trouvé, et après avoir trinqué avec un bon verre de rakija notre arrivé avec notre hôte, nous partons découvrir le lac Noir. A 3 kilomètres du centre-ville de Žabljak, se trouve en effet le plus majestueux lac glacier du Durmitor et le site le plus fréquenté du parc. Le nom de ce lac, lui vient de l'ombre des montagnes qui reflètent dans ses eaux. Pour en profiter, il faudra débourser les 3€ par personne et 2 € par véhicule (si le garde vous voit arrivé avec votre voiture sur le parking) de l'entrée du parc national afin d'aider à sa préservation. Très vite la beauté de l'eau cristalline et l'immensité des montagnes, ainsi que la forêt environnante, nous émerveille, on se croirait presque sur un autre continent, entrain d'admirer un de ses lacs canadiens déjà aperçu dans un film. La beauté de ce lac et des sommets des montagnes calcaires du Durmitor nous fascine.

L'endroit majestueux méritait bien une petite baignade rafraîchissante, l'eau n'y ait pas très chaude, mais le site mérite qu'on s'y attarde malgré les attaques d'une quantité assez impressionnante de mouches autour du lac.

Randonnée sur les sommets du Savin Kuk

Le lendemain direction la petite station de Savin Kuk, à 5,5 kilomètres du centre-ville de Žabljak.Nous avions repéré cette randonnée la veille au lac, initialement le départ de cette dernière se trouve d'ailleurs sur les bords du lac Noir, mais afin d'écourter notre effort nous décidons de partir directement de la petite station qui porte le nom de son sommet, le Savin Kuk. Cette petite station est l'un des épicentres du ski monténégrins. Si sa pente, peut en effet convenir aux bons skieurs, pas de frayeurs pour les professionnels du tourisme français, le Monténégro, qui commence à s'afficher comme l'une des places fortes du tourisme européen notamment pour sa côte Adriatique ne rivalisera jamais avec les Alpes et les Pyrénées en matière de sports d'hiver. En effet avec ses deux téléskis et ses deux télésièges ainsi que ses 3,5 kilomètres de piste, la station de Savin Kuk aurait même du mal à rivaliser avec les stations jurassiennes et auvergnates. Cependant même en plein coeur de l'été, certains sommets du Durmitor reste enneigés. Nous arrivons donc sur le parking de la station pour notre départ de randonnée, nous constatons rapidement que les remontés mécaniques sont ouvertes pour permettre aux touristes d'accéder aux sommets du parc national.

Cependant nous ne relâchons pas notre motivation pour cette journée sportive et remontons la pente de la piste de ski. Il est bien difficile néanmoins de trouver notre chemin au début de la randonnée, celle-ci sera indiquée à peu près à mi chemin entre le début et la fin du premier télésiège. Très vite en nous retournant nous constatons les plaines verdoyantes se trouvant derrière la petite station de ski, alors que des montagnes de plus de 2 000 mètres d'altitude se dressent devant nous, le contraste des paysages est alors saisissant.

Nous déjeunons à l'endroit même où se termine le premier télésiège, et nous programmons qu'une fois le sommet atteint nous ferions demi-tour par ce moyen ... La seconde partie de la randonnée est beaucoup plus difficile, le chemin est jonché de grosses pierres glissantes, freinant la progression alors que la pente atteint de forts pourcentages. En arrivant enfin au second télésiège, nous sommes soulagés d'en avoir fini (ou presque ... avec les grosses difficultés), nous enfilons nos k-way alors que le vent souffle très fort sur les sommets. Enfin nous prenons le temps d'admirer la forme spectaculaire de ces monts calcaires dessinés par la fonte de leurs glaciers ... un peu plus haut sur le réel sommet du Savin Kuk à 2 313 mètres d'altitude, nous retrouvons une vue en balcon au-dessus du lac Noir.


Une fois que nous avons profité de cet endroit et après avoir pris quelques clichés pour immortaliser l'instant nous redescendons vers le télésiège. A notre grande surprise alors qu'il est autour de 15h30, nous constatons que ce dernier est fermé. Nous devons alors redescendre la partie la plus difficile, à pied, celle-ci fut très dangereuse en descente, puis nous constatons que le second télésiège est lui aussi fermé, et terminons notre randonnée sans nous presser, en profitant du silence entrecoupé par le bruit des troupeaux de moutons en pâturage accompagnés par leur berger. Nous retrouvons notre voiture, et prenons la direction de notre hébergement un peu épuisés par cette randonnée. Le soir venu, nous nous rendons dans un des restaurants proposant de la cuisine traditionnel. Au menu un plat de viande de veau en ragoût un peu lourd, mais délicieux.

Rafting sur la Tara

Comment passé au Durmitor sans y faire l'activité phare me direz-vous ? Eh bah oui nous avons craqué ! Certes le voyage itinérant comporte des sacrifices, et il nous était impossible de bloquer 2 ou 3 jours pour descendre le canyon de la Tara de la frontière bosnienne jusqu'à quelques kilomètres du massif de Bjelasica. Mais nous avons quand même bloqué une demi-journée pour cette activité. Il faudra néanmoins déboursé 45€ / personne pour une demi-journée ce qui reste non négligeable pour le Monténégro. Nous partons sur les coups de 9 heures 30 avec un groupe international composé de deux italiens, deux slovaques, un suédois, un allemand, une mexicaine et donc deux français. Après le pont de Djudjevica, nous empruntons un petit chemin à peine carrossable afin de retrouver le point de départ de notre séance rafting, nous nous équipons de nos combinaisons, casques et autres gilets de sauvetages. Et nous prenons la direction de notre point de départ. Là encore l'eau cristalline de la rivière et ses cascades nous émerveillent, notre groupe est sympathique et de bonne humeur. Nous constatons néanmoins rapidement que les rapides et descentes les plus impressionnants du canyon ne font pas partie de l'itinéraire d'une demi-journée qui sera plutôt tranquille. Néanmoins la sensation de se retrouver dans un canyon de 1 300 mètres de profondeur coincés entre deux montagnes, reste une image importante et un souvenir mémorable de notre voyage. Dommage que les quelques clichés pris ne soient pas à la hauteur, la faute à un portable très capricieux en cette matinée. Une petite séance canyoning et baignade improvisé dans les eaux glaciales de la rivière et un petit point de vue sur les cascades, accompagnerons l'activité de rafting. Nous retournons à la base de notre compagnie de rafting, pour un repas avec l'équipe qui nous a accompagné, en dégustant un très bon poisson accompagné du fameux rakija. Un très bon moment de convivialité avec ces touristes tombés amoureux comme nous de ce merveilleux pays.

Une fois rentrés à Žabljak, nous reprenons la direction du lac Noir afin d'en faire le tour, et de voir le second lac. Eh oui car ce lac est en réalité deux lacs glaciers qui se confondent qu'au printemps après la fonte des glaces pendant quelques semaines avant de se séparer sur quelques mètres seulement.Nous profitons également d'une petite baignade, qui bien que moins froide que la Tara fut accompagnée d'un vent assez violent sur tout le lac. Le soir alors que nous dînons au restaurant, la ville de Žabljak fut soudain entièrement plongée dans le noir, et nous fûmes surpris de constater avec quelle sérénité les monténégrins ont accueillis cette panne notamment dans notre restaurant. Ces pannes sont donc certainements plus habituelles ici que chez nous.


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Après 3 jours bien remplis au sein du parc national du Durmitor, nous reprenons la route sur les coups de 10 heures, direction le berceau du Monténégro, et sa capitale historique Cetinje. Notre itinéraire passant par le monastère d'Ostrog fait alors 169 kilomètres ce qui en fait le plus long trajet de notre périple.

Le monastère d'Ostrog : lieu de pèlerinage orthodoxe

A quelques kilomètres de la seconde ville du pays, Nikšić, se trouve le plus spectaculaire site religieux du Monténégro. Que l'on soit croyant ou que l'on ne le soit pas, l’honnêteté doit pousser chacun à reconnaître qu'en matière architectural ou artistique, l'homme c'est souvent surpasser pour faire plaisir à son ou à ses Dieu(x) et saints. Les édifices religieux, sont donc constamment les plus belles traces des différentes cultures à travers le monde. A ce titre, le monastère d'Ostrog n'échappe pas à la règle. Symbole de l'église serbe orthodoxe il en est le site de pèlerinage majeur. Niché à flan de montagne, l'église et le cloître principal du monastère sont troglodytes. Le long chemin de pèlerinage part en contre-bas où se trouve deux autres églises à 2 kilomètres de l'édifice principal. Cependant nous ne sommes pas venus en pèlerinage, donc nous nous rendons directement au parking et nous monteront les 200 derniers mètres restants. Par son architecture atypique, par son accès difficile, et par son altitude, le monastère d'Ostrog peut être comparé à l'équivalent pour les serbes, de ce que sont les monastères des Météores pour les grecs. Nous arrivons donc au monastère supérieur, surnommé "le miracle de Saint-Basile", niché en haut d'une falaise de 900 mètres de haut se trouve encastré dans la paroi l'église dédiée à Saint-Basile d'Ostrog dont les reliques sont conservés dans la première chapelle. C'est lui-même (Basile Jovanovic) qui fonda l'édifice dans la seconde moitié du XVIIème siècle, il sera canonisé quelques années après sa mort.

Nous devrons attendre quelques minutes avant de pouvoir nous faufiler dans l'édifice en prenant bien soin de baisser la tête. Ce monastère est réputé pour les chrétiens orthodoxe pour ces miracles (il peut être comparé à Lourdes ou à Fatima pour les catholiques), la foule des pèlerins venant majoritairement du Monténégro et de Serbie cohabitent avec les touristes émerveillé par les prouesses architecturales de l'édifice, pendant que les uns font des offrandes et embrassent les reliques mystiques de Saint-Basile, les autres admirent avec fascination les fresques religieuses peintes sur la paroi rocheuse de l'église troglodyte. A l'étage, nous découvrons une grandes "terrasses" avec une vue sur la plaine de Bjelopavlići, alors que quelques superbes mosaïques religieuses décorent la roche apparente. Celle de Saint-Basile d'Ostrog aura les faveurs des pèlerins, au point qu'il faudrait faire une file d'attente pour se prendre en photo devant l'oeuvre.

Nous redescendons vers le monastère inférieur, où nous mangeons sur place après avoir traversé les échoppes vendant des souvenirs ou icônes du lieu de pèlerinage. Enfin nous nous rendons devant les églises de la Sainte-Trinité et Saint-Stanko-le-Martyr, mais réservés à la prière des moines, nous ne pouvons rentrer dans ces dernières. Nous jetons alors un dernier regard sur la merveille se trouvant dans les hauteurs.

Cetinje, la capitale historique

Le musée d'histoire national, ex-parlement du Monténégro 

Nous poursuivons la route après cette escale vers la ville de Cetinje. Nous atteignons cette dernière vers 17 heures. Fondée en 1482 par Ivan Crnojević, souverain de la Zeta (ancien état Serbe, considéré comme l'ancêtre du Monténégro), pour remplacer l'ancienne capitale de Žabljak Crnojevića (qui se trouvait dans la plaine de la Zeta près de lac de Skadar) devant l'avancé des troupes ottomanes, Cetinje est considéré comme le coeur de l'identité monténégrine. Alors qu'Ivan Crnojević, accompagné d'un groupe de survivants monténégrins c'était réfugié dans la vallée du mont Lovćen, il bâtit un monastère dans sa vallée et une cité, Cetinje, qui devint sa capitale. Elle deviendra la place forte de la principauté du Monténégro fondée par les vladikas (prince-évêque), alors que les résistants monténégrins qui se considéraient comme "les meilleurs des serbes" pour leur résistance face aux ottomans fondèrent une identité séparée de l'identité serbe lorsque l'église de Serbie fuit se réfugier en Autriche qui était alors sous le Saint-Empire. En devenant les garants de l'identité orthodoxe dans cette partie des Balkans, les monténégrins fondèrent leur propre église séparée de la serbe et un sentiment d'une identité distincte autour de cette dernière. Aujourd'hui encore, bien que Podgorica soit la capitale économique et politique du Monténégro, la petite ville de 14 000 habitants de Cetinje en reste la capitale culturelle, et historique ainsi que la garante de l'identité monténégrine. Cette dernière fut à la hauteur de sa réputation en 2006 lors du référendum, avec 85,21% de vote en faveur de l'indépendance, la municipalité de Cetinje est la 3ème agglomération à avoir le plus voté pour l'autonomie de l'état monténégrin derrière Rožaje (dont près de 85% des habitants sont bosniaques) et Ulcinj (dont plus de 60% des habitants sont albanais).

Le monastère de Cetinje / l'autel de l'église royale / le tombeau de Nicolas Ier / l'extérieur de l'église royale 

La fondation de cette ville est donc bien plus récente que celle de Podgorica qui fut fondée sous l'empire romain, mais en se baladant dans le centre-ville de Cetinje, monuments et architecture laisse place à l'histoire. Parmi les monuments de Cetinje, le monument national du Monténégro domine par son architecture et ses couleurs vives, il s'agit de l'ancien parlement du Monténégro. A quelques pas se trouve le monastère de Cetinje, fondée en 1484, il a été plusieurs fois détruit par les ottomans et reconstruit par les résistants monténégrins. L'édifice actuel date de 1786, il reste le coeur spirituel du berceau monténégrin. En face se trouve la petite église royale, qui renferme le tombeau du fameux Ivan Crnojević, ainsi que ceux du dernier couple royale, Nicolas Ier et sa femme. Sur la place du monastère se trouve un musée avec une maquette géante du Monténégro offert par les autrichiens en 1917, ce musée fait partie intégrante du musée de Pierre II Petrović Njegoš, ex-vladika et poète, héros national du Monténégro. Un peu plus loin se trouve le musée de Nicolas Ier construit en 1871, dans l'ex-demeure du souverain. Nous arrivons ensuite dans un parc pas très bien entretenu, où se trouve pourtant encore aujourd'hui la résidence principale de la présidence : le palais bleu construit pour le souverain Danilo Ier; mais aussi l'ex-ambassade britannique un peu plus loin.

 Palais Bleu avec les panneaux indiquant la fonctionnalité présidentielle / Ancien palais de Njegoš / ancien palais de Nicolas Ier

Le lendemain, nous monterons sur les hauteurs de Cetinje, après notre escapade au Lovćen pour découvrir le mausolée de Nicolas Ier, dans un état un peu délabré, mais donnant accès à une belle vue sur la cité historique. Nous découvrons également un vieux théâtre du Moyen-Âge. Le soir nous déambulons dans l'artère principale du centre-ville qui s'appelle comme dans toutes les villes ou presque l'Ulica Njegoševa (l'avenue Charles de Gaulle chez nous ...), les bars font le plein, nous découvrons alors une ville animée avec une population plutôt jeune.

Lovćen : le mont sacré

Cetinje à gauche et le pic  Štirovnik du mont Lovćen à droite

Cetinje a été fondée par les résistants monténégrins qui s'étaient réfugiés dans la montagne du Lovćen, c'est tout naturellement que cette épisode a établit la légende de cette montagne qui au même titre que le mont Fuji pour les japonnais, ou le mont Olympe pour les grecs, est devenue le symbole de tout un pays. Et plutôt deux fois qu'une ! Alors que le Monténégro actuel se trouvait sur la ligne de séparation entre les anciens empires Vénitien et Ottomans, les marchands vénitiens qui commerçaient dans les bouches de Kotor surnommèrent cette montagne dans laquelle c'était regroupaient les partisans d'Ivan Crnojević, "la montagne noire" qui se traduit par Monte Negro en italien. Les résistants monténégrins en prirent connaissance, et utiliseront ce nom pour établir leur principauté (Crna Gora en serbe). A l'intérieur du parc national se trouve le village de Njeguši, doublement réputée au Monténégro pour être le berceau de la dynastie de la famille Petrović-Njegoš mais aussi pour ses spécialités culinaires de jambon (prsut en serbe) et de fromage (sir en serbe).

C'est tout naturellement que pour notre passage à Cetinje nous faisons un détour par le parc national du Lovćen protégeant sur 64 km² : le mont Lovćen et ses deux pics, ainsi que le panorama le plus surélevé sur les bouches de Kotor. Malheureusement ce jour-là, un épais brouillard nous empêchera d'apercevoir les bouches de Kotor, nous nous trouvions en effet au-dessus des nuages.

Parmi les deux pics du mont Lovćen, le pic Štirovnik est le plus haut sommet avec ses 1 749 mètres d'altitude et avec une vue sur la côte adriatique et les bouches de Kotor. Constatant l'épais brouillard, et la difficulté de se garer près de l'accès à ce sommet (qui a l'air destiné à un poste d'observation météorologique), nous nous détournons de ce dernier.

Direction l'autre pic, le Jezersky à 1 659 mètres d'altitude. Ce dernier a plus d'intérêts, il comporte le mausolée de Pierre II Petrović-Njegoš, vladika du Monténégro entre 1830 et 1851 et poète réputé, et grand penseur politique du Monténégro qui est considéré comme un héros national. Son oeuvre lyrique "la couronne des montagnes" (Gorski Vijenac en serbe) retrace la résistance du peuple monténégrin face à l'occupation ottomane. Cette oeuvre retrace notamment le noël 1702, où le souverain Danilo Ier Šćepčev Petrović-Njegoš ordonna l'extermination de tous les musulmans du Monténégro, et est connu sous le nom de vêpres monténégrines, c'est à la suite de cette épisode de résistance que les russes fondèrent leur alliance avec le petit état. Depuis les conflits ethniques des années 90', cette oeuvre est l'objet d'une controverse, on lui reproche notamment d'avoir été exacerbée par les serbes de Bosnie et leur armée lors des massacres de Srebenica. Car Pierre II Petrović-Njegoš n'est pas vénéré que par les monténégrins. Par ses citations, il inscrit plusieurs fois le peuple monténégrin comme faisant partie intégrante de la Serbie et du peuple serbe. Il est notamment l'auteur du bréviaire de l'alphabet serbe (srpski budvar) faisant l'éloge de l'utilisation de l'alphabet cyrillique.

Le Monténégro est le saint temple de la gloire serbe et le nid des Serbes.Pierre II Petrović-Njegoš

Le peuple du Monténégro serbe, le coeur de la liberté serbe.Pierre II Petrović-Njegoš

En haut des 461 marches, se trouve donc le mausolée construit entre 1970 et 1974 par la fédération yougoslave, pour rendre hommage à l'un des héros de la préservation de la culture slave. Gardée par deux géants, se trouve dans une pièce la statue du héros national par dessus laquelle s'élève un aigle (symbole du Monténégro, et de la Serbie), le plafond est lui recouvert d'une mosaïque dorée. Afin d'illustrer l'unité qui existait à cette époque entre les différentes nationalités de Yougoslavie, c'est le sculpteur croate, Ivan Meštrović qui réalisa la sculpture (ce dernier décédera avant que le mausolée prenne place sur le Lovćen). Le tombeau de l'ex-souverain se trouve lui un étage en-dessous, dans le sous-sol. Enfin à l'arrière du mausolée se trouve un chemin menant à une plateforme circulaire. Un superbe point de vue où on y voit Cetinje et le pic Štirovnik au premier plan, puis en cas de temps dégagé nous sommes censés apercevoir les bouches de Kotor, la mer adriatique, le lac de Skadar mais également les sommets du Durmitor qui se trouvent pourtant à 130 kilomètres à vol d'oiseau du mausolée. Le symbole est donc extraordinaire, le héros national se retrouvant sur la montagne sacrée, avec au premier plan, la capitale historique mais également une vue sur une grande partie de son ancienne principauté.

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Budva : entre plage et vieille ville

Après notre étape à Cetinje et au Lovćen, nous prenons la direction de la côte adriatique. La mer enfin.La côte monténégrine s'étend sur 295 km de long, et la Budva Riviera est depuis bien longtemps déjà la capitale touristique du Monténégro. Pour sa côte et pour ses plages, le Monténégro n'a rien à envier à son illustre voisine croate, et pour sa vie nocturne non plus. Budva est en effet l'épicentre de la vie nocturne du pays, et la ville la plus animé de la côte. Avec une importante communauté serbe (38% des habitants se déclarent serbes), Budva est l'un des endroits de villégiatures estival préféré des autres serbes, russes ou encore ukrainiens amarrant parfois leurs yachts dans la marina à côté de la vieille ville. Car bien que réputée pour être la capitale de la fête Budva reste néanmoins une ville culturelle intéressante. Sa vieille ville (Stari Grad ), fondée avant le Vème siècle avant J-C, Budva porte les traces des civilisations grecque et romaine, sa vieille ville lui donne des faux-airs de "petite Dubrovnik". Presque entièrement détruite lors d'un tremblement de terre en 1979, cette dernière comme le reste de la cité fut entièrement reconstruite, et ne porte aujourd'hui plus de stigmate de ce dernier. Les 13 400 habitants permanents de la ville ont l'habitude de côtoyer les touristes des grands complexes hôteliers venus profiter de ses plages ensoleillés, la ville fut en effet à l'origine du grand retour du tourisme monténégrin après les troubles des années 90'.

Nous découvrons ainsi la vieille ville avec sa place principale, Trg Između Crkava (la place entre les églises), où l'église orthodoxe de la Sainte-Trinité fait face à l'église catholique de Saint-Jean sur une même place. Puis la pluie en cette journée nuageuses nous fait arrêter notre visite, où nous prenons la direction d'un restaurant ouvert sur la plage de la vieille ville. Au menu, les spécialités de la mer avec crevettes, poulpe et calamars dans un cadre sympathique.

Nous découvrons sans surprise que Budva en tant que capitale touristique gonfle un peu les prix par rapport au reste du pays, tout en restant raisonnable par rapport à la qualité du restaurant et de son cadre. Nous reprenons la visite de la vieille ville avec la citadelle et la forteresse de Budva, nous offrant une belle vue sur la vieille ville et sur l'île de Budva. Après un passage dans l'ancienne bibliothèque de la vieille ville, une belle pièce mais avec quelques livres sans valeur (comme la collection des nuls en serbo-croate ou un livre de cours d'allemand de 1ère en français sic).Puis alors que les nuages s'écartent enfin, et que la température monte, nous nous posons sur la plage de la vieille ville et prenons notre premier bain dans la mer adriatique. Le soir la ville de Budva passe d'une paisible station balnéaire à une gigantesque fête foraine estivale, où souvenirs, manèges boîtes de nuits à ciel ouvert se retrouvent à quelques kilomètres de la plage. Le jeunesse des Balkans et les touristes se déhanchent au son des tubes internationaux et de la pop balkanique.

Svevi Stefan : île de luxe

Se trouvant à 5 kilomètres de Budva, Sveti Stefan est un ancien village de pêcheur. Les habitations de cette presqu'île ont été construites au XVème siècle. Depuis les années 1950, alors en plein régime communiste, l'île fut nationalisée afin d'ouvrir un grand complexe hôtelier de luxe pour doper le tourisme haut de gamme. Aujourd'hui encore l'île est privatisée par l'hôtel Aman, et on ne peut pas y accéder sans en être client, de même que la plage sur le côté droit, propriété de la société hôtelière, où le simple fait de marcher sur la plage peut coûter la coquette somme de 100 €. Sur le côté gauche, la plage en accès libre mais est devenu le paradis des plages privées où il est difficile d'y poser une serviette. Beaucoup de yachts et de voiliers naviguent également à proximité de la mythique presqu'île.

Petrovac et ses falaises

Afin de profiter au mieux du beau temps revenu, de la chaleur et de l'eau turquoise de l'adriatique, nous prenons la direction de la petite ville de Petrovac na Moru, station balnéaire de 1 400 habitants. Réputée pour sa plage municipale (enfin une grande plage publique), Petrovac est dotéé de luxueuses villas romaines et d'une forteresse vénitienne construite au XVIème siècle. Nous profitons donc de la plage avec un pique-nique, et nous nous amusons des va-et-viens des vendeurs d'épis de maïs (équivalent de baigné), et leurs fameux "kuva kukuruz" qui a marqué notre voyage. Après la plage, nous prenons la direction de la forteresse, d'où nous pouvons admirer les falaises calcaires et leurs strates inclinés qui tombent dans l'eau turquoise. En face de la plage se trouve deux petits îlots surmonté d'une petite église, Saint-Dimanche.

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Avis aux amateurs de paysages scandinaves, les bouches de Kotor sont un petit bout de Scandinavie en plein coeur des Balkans. Et elles sont fascinantes par leur beauté !! Les montagnes de chaque côté dessinent un fjord inimaginable à pareil latitude (bien que non formé par des glaciers, on doit alors le considéré comme un canyon un peu élargis et non comme un véritable fjord). Tout autour villes historiques sublimes et paysages paradisiaques se succèdent. Oui les Bouches de Kotor sont une pépite.

Mais les Bouches de Kotor ont aussi une histoire particulière. Situées dans l'ancienne province romaine de Dalmatie, les Bouches de Kotor ont ensuite été intégrée à la Dioclée considérée comme l'ancêtre du Monténégro moderne. Cependant lors du schisme de la chrétienté la région décida de rester sous l'influence de Rome. Pendant l'occupation ottomane, la région se trouve sur la frontière entre les empires vénitiens et ottomans, les villes subirent des sièges difficiles notamment Kotor en 1538 et Risan en 1539. C'est finalement l'association de l'empire vénitiens et des monténégrins du Lovćen qui permit aux habitants de la région d'éloigner définitivement les ottomans dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Riche de son histoire, situé sur la frontière historique entre l'occident et l'orient chrétien, les Bouches de Kotor ont vu cohabité catholiques et orthodoxes pendant plusieurs siècles. La région de la Boka, se fonda alors une identité distincte ; et les habitants de cette dernière se considéraient "Bokelj" avant d'être serbe ou croate. Jusqu'au début du XXème siècles et avant la constitution de la première Yougoslavie, les Bouches de Kotor étaient majoritairement catholiques. Les guerres ethniques de la seconde guerre mondiale, et des guerres de Yougoslavie, ont changé ce paysage démographique d'harmonie entre les différentes cultures slaves, à l'exode des serbes de Croatie a répondu l'exode des croates des Bouches de Kotor, devenus "indésirables". La population catholique ne représente plus que 10% de la population dans la région aujourd'hui.

Arrivée à notre appartement avec vue sur les Bouches de Kotor

Nous prenons place dans notre appartement dans les Bouches de Kotor avec vue depuis la terrasse sur le fjord. Ce dernier se trouve à Dobrota, juste à côté de la ville de Kotor. En contre-bas à 500 mètres, une petite plage est improvisée par les habitants. Rien à voir avec des belles plages de sable fin, ici les plages sont à même les cailloux. La couleur de l'eau et le paysage feront cependant amplament l'affaire. La température de l'eau alterne entre le chaud et le froid au gré des courants. Mais avec près de 35°C au thermomètre impossible d'y résister.

Kotor, ville vénitienne

Nous remontons vers notre logement et partons à la découverte de la ville de Kotor en fin d'après-midi. La ville qui donne le nom à la baie, est en réalité la dernière ville des bouches se trouvant le plus dans les terres. Fondée par les romains, la ville de Kotor fut rattachée à la province de Dalmatie et en fut l'une de ses places fortes. Son architecture doit beaucoup aux 4 siècles de présence vénitienne, elle s'appelait alors Cattaro. Elle a été rattachée pour la première fois au Monténégro en 1813, et redeviendra définitivement encrée dans son territoire après la première guerre mondiale, même si l'Italie fasciste y établira un protectorat durant la seconde guerre mondiale.

A l'intérieur de ses murailles, ses petites ruelles, ses palais et ses édifices religieux font tout le charme de cette vieille ville classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais l'impressionnante forteresse et ses remparts surplombant la ville en grimpant dans les montagnes reste l'attraction majeure pour apprécier la ville mais aussi la vue sur la baie. L’ascension est rendu un peu difficile par la difficulté de marché sur les pavés un peu glissant, il faut donc préférer les marches mais le niveau de ces dernières est inégale. A mi-chemin se trouve une église catholique avec une belle première vue sur les Bouches de Kotor et la ville. Jusqu'au XXème siècles, les catholiques représentaient la majorité de la population, ils sont aujourd'hui 11% à se revendiquer croates et catholiques. La suite de l'ascension nous fait découvrir la beauté des remparts et leur conservation. Au sommet, une bâtisse qui devait servir d'ancien poste de surveillance de la ville contre des envahissements étrangers, offre l'esplanade finale avec une magnifique vue sur la baie et le soleil couchant. Nombreux touristes prévoient des pique-niques pour profiter de se coucher de soleil avec une vue idyllique. Nous redescendons nous vers la vieille ville, et profitons de l'ambiance nocturne paisible de la cité autour d'une pizza (après tout c'est la plus italienne des villes du Monténégro), pendant qu'un concert et un festival sont organisé entre les murailles de la vieille ville.

Perast, le petit village et ses îles

Le lendemain nous partons à la découverte du minuscule village de Perast. Ce village qui s'articule autour d'une rue principale longeant la baie est une ancienne cité riche des bouches de Kotor, où les palais Vénitiens servaient de lieux de villégiatures. Malgré sa faible surperficie et ses 270 habitants actuels, la ville renfermée autrefois 17 palais et 16 églises ! Parmi ces dernières, l'église Saint-Nicolas dispose d'une tour-clocher haute de 55 mètres offrant une superbe vue sur la baie et sur les îles de Perast.

En effet au large de Perast, se trouve les îles de Sveti Đorđe (Saint-Georges) et de Gospa od Škrpjela (Notre-dame-du-récif). La première est un rocher naturel abritant un monastère bénédictin (bienheureux sont ces moines), et elle privée. La seconde est un îlot artificiel qui a été érigée au XVème siècle lorsque une vierge serait apparue autour du rocher, une église y a été construite en 1630. Chaque année les habitants de Perast partent en bateau chargés de pierres pour commémorer sa construction. Ici aussi les taxis-boats sont légion.

Après un superbe déjeuner sur une terrasse les pieds dans l'eau faisant la part belle à la cuisine de la côte, nous partons du ponton du restaurant en taxi-boat afin de découvrir les îles. Malheureusement le timing n'était pas bon, des tour-opérateurs et gros professionnels du tourisme arrivent au même moment avec leurs gros bateaux, et se positionnent entre les deux îles. Sympa pour la vue !! Notre taxi-boat était bien plus traditionnel et bien plus charmant ... Une petite visite de l'église et du musée s'imposent, puis nous essayons tant bien que mal d'observer la seconde île même si elle se retrouve derrière ce gros bateau. Trente minutes suffiront pour faire le tour de l'île, puis notre taxi-boat revient nous chercher, et tout en esquivant les vagues des gros bateaux, nous fait faire le tour de la seconde île. De retour à Perast, nous profitons d'une plage magnifique en-face des deux petites îles ... Royal !!

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A 17 kilomètres de la frontière entre le Monténégro et la Croatie, se trouve la très belle ville de Dubrovnik, l'une des plus belles villes du bassin méditerranéen. La ville fondée au XIIème siècle sous le nom de Raguse fut la place forte de la république éponyme, une sorte de cité-état qui exista en Dalmatie de 1358 à 1808, entretenant par ailleurs de bonnes relations avec ses voisins ce qui lui assura sa prospérité jusqu'à son annexion par les armée napoléonienne au début de l'année 1808. La remarquable vieille ville et ses petites rues ne laisseront pas de marbre (sic) ses visiteurs. Entourée de majestueux remparts, cette dernière s'avance dans la mer adriatique, ce qui lui vaut le surnom flatteur mais non trompeur de la "perle de l'Adriatique". L'histoire plus récente de la cité est marquée par le siège de la ville lors des guerres de Yougoslavie entre le 1er octobre 1991 et le 26 mai 1992, la ville fut en effet attaquée par l'armée populaire de Yougoslavie, suite à la déclaration d'indépendance de la Croatie. Compte tenu de l'importance touristique de la ville, ce siège fut très médiatisé bien que moins violent et moins sanglant que celui de Vukovar. La marine de la JNA avait déployé en mer ses navires afin d'y assurer un blocus complet, alors qu'une grande partie des forces a sol était composée de monténégrins souhaitant rattacher cette partie de la Croatie à la Yougoslavie unioniste afin de protéger le Monténégro d'éventuels attaques croates. La plupart des combattants croates avaient pris refuge dans la vieille ville qui ne sera jamais prise par l'armée yougoslave, jusqu'au renfort de l'armée croate freinait par le corridor de Neum et qui reprendra le contrôle de la région à l'été 1992. Dubrovnik a repris depuis son rôle de locomotive du tourisme du nouvel état indépendant croate, participant activement au succès qui voit l'ancien pays de Tito se hisser depuis 10 ans au 24ème rang mondial de l'OMT par nombre de visiteurs (près de 10 millions de visiteurs par an).

La route des bouches de Kotor

Depuis notre logement de Dobrota, nous étions à 50 kilomètres de la frontière croate. 50 kilomètres qui nous ont vu emprunter l'une des plus belles routes du Monténégro, longeant les bouches de Kotor, la Jadranski Put (la route de l'Adriatique).

Crna Gora / Hrvatska : le long passage de la frontière

Après avoir passé la ville d'Herceg Novi, dernière ville du Monténégro, nous approchons de la frontière croate. Le dernier bar-restaurant croisé de ce côté-ci de la frontière porte un nom pour le moins évocateur d'un passé pas si lointain, où aucune frontière ne séparait les slaves des Balkans : Jugoslavija ; arborant également sur le parvis un grand drapeau de l'ancienne république fédérale orné d'une étoile rouge. Nous voici donc au poste frontière, côté monténégrin. L'attente fut longue, il s'agit pour le coup d'une frontière pour l'entrée dans l'espace Schengen, chaque passager des véhicules est scrupuleusement bien contrôlé, bien que certaines nationalités semblent passer plus vite que d'autres. Notre tour arrive, nous devons transmettre nos papiers d'identité, ainsi que ceux du véhicule afin de vérifier que nous nous sommes bien acquittés de la clause de passage de frontière lors de notre location. C'est parti !!!!!!!! Eh non ... Nous avions passé que la partie monténégrine et nous devons recommencer 2 kilomètres plus loin côté croate. Finalement ce premier passage de frontière se déroulera en près d'une heure. Dobar dan Hrvatska ! (bonjour Croatie !). De ce côté-là de la frontière, l'ambiance semble un peu moins "unioniste", le drapeau yougoslave est remplacé par des graffitis patriotiques faisant la part belle, à la ville martyre de Vukovar, devenue emblème national. Chaque village traversé arbore fièrement les couleurs nationales le long de l'étroite bande côtière. Nous approchons alors de la ville de Dubrovnik sur une route surplombant l'Adriatique.

L'arrivée à Dubrovnik

Nous arrivons à Dubrovnik au midi, et une fois déposé nos affaires dans notre hébergement, nous prenons la direction de la vieille ville, parcourant à pied les 25 minutes nous séparant de cette dernière.Nous prenons le temps de changer un peu de monnaie, car la Croatie ne fait pas partie de la zone euro, ici la devise nationale est le kuna. Afin de ne pas perdre de temps pour la visite, nous mangeons sur le pouce un sandwich. Nous entrons par la porte Pile construite en 1537, elle est le point d'accès principal vers la vieille ville, puis nous nous rendons au port de plaisance, en traversant le Stradun (la rue principale) de la vieille ville afin de déjeuner.

1 euro = 7,43 kuna

A l'intérieur des remparts la chaleur est suffocante (près de 40°C), elle est rendu intenable par la présence de milliers de touristes dans les ruelles. Le charme de Dubrovnik s'estompe alors quelque peu, la vieille ville ayant des faux-airs de parc d'attraction. Nous déambulons donc dans les rues à la recherche d'un peu d'ombre, et profitons de l'architecture de la belle Raguse, de ses palais celui du recteur et de sponza, de ses édifices religieux tels que le monastère dominicain et la cathédrale de l’assomption de la Vierge ou de ses monuments, la fontaine d'Onofrio et la colonne d'Orlando. Après une glace nous prenons la direction des remparts. Mais là, il y a un hic. Devant le prix prohibitif de la visite (20 € par personne), nous ne monterons finalement pas sur les remparts.

Palais Lazareri / cathédrale / palais Sponza / église Sainte-Ignace / église serbe orthodoxe /   fontaine Onofrio / le Stradun

Capitale du tourisme croate, Dubrovnik en est également sa ville la plus chère. A l'intérieur de la vieille ville les prix grimpent encore faisant de Dubrovnik une ville où le porte-monnaie des touristes sont très sollicités, estompant quelque peu la beauté des lieux. En pleine saison Dubrovnik est un vrai parc d'attraction touristique. Alors gare aux porte-monnaie !!

Nous prenons donc la direction des ruelles hautes de la vieille ville afin de profiter d'une vue d'ensemble de cette dernière, sans passer par les remparts. Puis sortons par une autre porte direction le téléphérique. Nous empruntons le téléphérique jusqu'au mont Srđ (le mont Serge), culminant à 405 mètres d'altitude (8 € la montée). De là haut nous avons une vue d'ensemble sur Dubrovnik, son port de Lapad, et ses nombreuses îles, notamment celle de Lokrum, juste en-face de la vieille ville. Derrière se trouve les montagnes de l'Herzégovine toute proche. Nous sommes en effet à 10 kilomètres de la frontière.

La côte de Dubrovnik est à l'image de la côte croate, au large de nombreuses îles longent le littoral. La Croatie compte près de 698 îles, 389 îlots, et 78 récifs en faisant le second archipel au monde après celui de la Grèce.

A droite du téléphérique se trouve la croix de Saint-Srđ, le saint-patron de Dubrovnik, alors que sur la gauche se trouve un musée de la guerre patriotique (guerre de Croatie pendant les guerres de Yougoslavie) comme elle est appelée de ce côté-ci de la frontière. Nous redescendrons à pied vers le chemin afin de profiter tout au long de la balade malgré les températures caniculaires. Nous croisons un serbe à vélo au bord de la déshydratation sur le chemin, nous le ravitaillons et reprenons notre route. Nous revenons à hauteur de la vieille ville, et nous visitons le fort en-face de cette dernière afin d'avoir une nouvelle vue. Puis nous nous posons à côté sur une petite plage atypique découverte lors d'un précédent voyage dans la perle de l'Adriatique, afin de se désaltérer.

Retour à notre hébergement, on se change et on va au restaurant dans le centre de Lapad (le quartier du port, et des hôtels). Après ce dîner sympathique, nous reprenons la direction de la vieille ville où la température n'a pas beaucoup redescendu, nous nous dirigeons vers le club de Revelin, une boîte réputée dans Dubrovnik se trouvant au sein même des remparts. L'ambiance est sympathique et festive. Mais il est déjà grand temps de retourner vers notre logement afin de se reposer avant notre retour au Monténégro dès le lendemain.

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Nous repassons donc la frontière le lendemain, et notre séjour fera étape à l'embouchure des bouches de Kotor dans la ville d'Herceg Novi. Située à 10 petits kilomètres du poste-frontière avec la Croatie, Herceg Novi a été fondée en 1382 à la place d'un ancien village de pêcheur. La ville sera ensuite fortifiée au cours du XVème siècle par Stefan Vukčić, duc d'Herzégovine, qui lui donne pour nom son titre de noblesse ( Herzeg = duc, qui est également à l'origine du nom de la province d'Herzégovine). De 1482 à 1687, Herceg Novi passera sous contrôle ottoman, avant que l'Empire Vénitiens ne s'en empare. Après de courtes périodes de domination autrichienne, russe, et française, Herceg Novi passe enfin sous contrôle Monténégrin en 1813. C'est à cette époque également que la ville quitte la province de Dalmatie à laquelle elle était rattachée. Puis en 1814, l'empire austro-hongrois qui contrôlait la Croatie et la Bosnie-Herzégovine, contraint, le Monténégro à lui laisser également le contrôle sur la ville d'Herceg Novi. L'Autriche-Hongrie contrôlera la ville jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. Avant qu'Herceg Novi soit rattachée à l'administration monténégrine au sein de la première Yougoslavie. Jusqu'en 1918 alors, la ville d'Herceg Novi penchait plutôt à l'ouest. Peuplée alors majoritairement de catholiques croate comme une grande partie de la région des bouches de Kotor, la population d'Herceg Novi a bien changé en l'espace d'un siècle. La proximité géographique avec la Bosnie-Herzégovine d'une part mais surtout avec la Croatie est le facteur majeur de cette transformation ethnique d'Herceg Novi. Car aujourd'hui la majorité de la population de la ville se considère comme serbe. Certains avaient déjà fuient les persécutions des Oustachis croates lors de la seconde guerre mondiale, mais la majorité sont d'une immigration plus récente, composée des ex-serbes de Croatie et d'Herzégovine, ayant fuient ces territoires après le retrait de la JNA de Dalmatie suite à leur défaite face aux forces patriotiques croates durant les guerres de Yougoslavie.. Alors qu'au nord nombreux serbes de Croatie ont trouvé refuge dans la république serbe de Bosnie et en Serbie, ceux qui habitaient dans le sud de la Croatie, sur la côte dalmate (ils étaient beaucoup moins nombreux) ont majoritairement fuient vers le Monténégro. A l'exil des serbes, a répondu celui des croates, et aujourd'hui Herceg Novi ressemble davantage à une ville serbe qu'à une ville monténégrine. Nombre de boutiques souvenirs et de rues arborent les symboles de l'état serbe, et l'alphabet cyrillique y est presque plus présent que l'alphabet latin. Enfin lors du référendum de 2006, Herceg Novi fut la seule municipalité du sud du Monténégro à voter en faveur du statut-quo, avec 60,75% des voix contre l'indépendance(le nord du Monténégro est majoritairement pro-serbe).Il est également vrai que la Serbie depuis l'indépendance du Monténégro est dépourvue d'accès à la mer.Ainsi les stations balnéaires du Monténégro sont très prisés des habitants de Serbie l'été, donnant un peu plus de poids aux symboles unionistes et pro-serbes en période estivale (il en effet toujours difficile pour les serbes de se rendre sur les plages d'Albanie et de Croatie)

Le très long passage de la frontière :

Arrivés plus tard que la veille dans la matinée au poste frontière, notre attente sera d'autant plus longue. La file d'attente interminable est composée d'à peu près toutes les nationalités d'Europe ... Mal nous en a pris de ne pas profiter des quelques kuna restant pour s'acheter un sandwich avant notre départ de Dubrovnik. La chaleur est suffocante, et il est impossible d'éteindre le moteur sous peine d'éteindre la clim avec. Il nous faudra finalement près de 2 heures pour passer au Monténégro !!

L'arrivée à Herceg Novi :

Heureusement la ville d'Herceg Novi se trouve à quelques minutes une fois la frontière passée.Mais nous découvrons vite la galère de se retrouver en voiture dans cette charmante station balnéaire.Composée d'une artère principale longeant le ramblais, Herceg Novi devient un casse-tête lorsqu'on constate que cette artère devient rue à sens unique ... Pour trouvé une place gratuite c'est encore plus compliqué (c'est en fait presque impossible lorsque nous ne sommes pas propriétaires là-bas). Encore faudrait-il comprendre comment payer le stationnement ? Nous nous garons finalement sur un grand parking payant avec barrière. Trouver un logement sur cette artère est également compliqué, puisque les numéros d'un côté de la rue, ne vont pas dans le même sens que ceux de l'autre côté de la rue ...Finalement nous trouvons notre hôtel, et notre chambre au 4ème étage sans escalier. Puis nous retournons au parking pour changer la voiture de place. Nous trouvons finalement le grand bâtiment du gestionnaire municipale des places de stationnement. Ambiance soviétique ... Ce service est ouvert de 19 heures 30 à 19 heures, tous les jours. Le système de paiement est encore plus atypique, à chaque heure de stationnement correspond un ticket, ils doivent tous être payés à l'avance et correctement remplis et doivent tous être posés dans l'ordre sur le pare-brise (en photo on comprend mieux). Frauder ? Impossible, une véritable armée de papy-contrôleurs fait des allers/retours sur cette artère ... De 19 heures 30 à 19 heures ...

Finalement à 15 heures passé, nous allons enfin manger. Puis nous nous posons sur la "plage". Là encore nous ne sommes ni sur la Côte-d'Azur ni sur la Costa Brava, la plage est un ponton enbéton qui permet d'accéder aux eaux turquoises et transparentes de la baie de Kotor. La chaleur est à la limite du supportable et chaque sortie de bain doit se faire en courant afin de ne pas se brûler les pieds, puis au bout de 5 minutes le séchage est entièrement fini, plus qu'à y retourner.

La visite de la vieille ville

La soirée approchant, nous décidons de quand même prendre le temps de visiter la vieille ville.Nous marchons le long du remblais (Šetalište Pet Danica, la promenade longe les bouche de Kotor sur 5 km) et arrivons au pied de la vieille ville (après avoir passé le grand stade de water-polo, sport national du Monténégro). Très vite nous arrivons sur deux petites places la Trg Herceg Stjepana et la Trg Mića Pavlovića qui abritent toutes deux une église, orthodoxe pour la première arborant un grand drapeau serbe (l'église de l'Archange Saint-Michel), catholique pour la seconde (l'église Saint-Jérôme). Nous nous dirigeons ensuite vers la forteresse qui domine la ville, construite lors de la domination des vénitiens, elle offre un superbe point de vue sur l'embouchure des bouches de Kotor et sur la ville d'Herceg Novi. En redescendant nous arrivons sur la place principale la Trg Nikole Đurkovića et ses cafés, après un passage sous la tour horloge datant de 1667. Puis nous empruntons la partie piétonne et marbrée de l'artère principale, la Njegoševa (comme dans toute les villes). Nous retournons à notre hôtel avec une vue sur les bouches de Kotor, alors que la température peine à redescendre.


11

L'aventure touche à sa fin et nous prenons la route du retour en ce samedi 8 juillet. Le programme du jour se compose par une traversée du pays par la côte adriatique. Ainsi pour traverser les bouches de Kotor nous empruntons le bac. Celui-ci traverse en effet par des passages réguliers les bouches de Kotor par leur endroit le plus étroit entre Kamenari et Lepatane. Une fois la courte traversée réalisée nous empruntons la route de l'adriatique. Nous passons d'abord la ville de Tivat et sa marina du Porto Montenegro voulant rivaliser avec Monaco.

Puis nous repassons par Bečići et Budva, redécouvrons la presqu'île de Sveti Stefan, et un peu plus loin les falaises de Petrovac. C'est finalement dans le village d'après sur la plage de Buljarica que nous nous posons. Nous aurions nous arrêté entre Petrovac et Buljarica sur la plage de Lucice bien plus sauvage mais nous n'avons pas réussi à trouver cette plage. Nous prenons donc un déjeuner dans un restaurant de bord de mer, suivi d'une baignade dans les eaux turquoises de l'adriatique. Chaque retour sur la plage et son sol brulant se fait douloureusement. La chaleur est encore au rendez-vous pour ce dernier jour. Puis nous reprenons la route sinueuse menant au lac Skadar et au village de Virpazar.

Taxi boat sur le lac Skadar:

La vue sur la mer adriatique, et les collines du lac Skadar est magnifique. Nous arrivons au lac Skadar dans le village de Virpazar, et les rabatteurs de Taxi Boat ne mettent pas longtemps à nous tomber dessus. Bien leur en a pris, aujourd'hui c'est à notre programme. Ils sont tous si gentils que ça nous fera mal au coeur d'en choisir un parmi les autres. C'est parti pour 2 heures de bateau au sein du lac et de ses méandres. Nous ne choisissons donc pas l'itinéraire menant aux îles-monastère, un peu moins réputé que la partie classée parc national et la réserve aviaire. Tout est si beau dans cette balade au coeur de ce lac sublime. Nous profitons des paysages et d'une petite baignade dans les eaux du Skadar (un peu moins turquoise mais pas moins chaude que celles de l'adriatique), le courant est assez fort et nous rabat sur le bateau comme sur un aimant. Nous rentrerons après notre baignade sur Virpazar.

Le temps pour nous de reprendre la route pour une dizaine de kilomètres où nous arrivons à notre dernier hébergement se trouvant à quelques kilomètres au sud de l'aéroport à côté du village de Bijelo Polje. Un dernier restaurant, une pizzeria et comme pour nous signaler que notre voyage touche à sa fin, suite à une panne d'électricité la lumière s'éteint sur le restaurant et le village.

L'avion du retour

Le lendemain matin nous reprendrons l'avion vers Paris, finalement nous rendons la voiture sans souci au salarié d'Europcar venu la récupérer pour son garage. Nous arrivons à Paris avec un temps maussade et alors que notre avion arrive sur le tarmac signifiant la fin de notre aventure, d'autres décollent vers des destinations inconnues.