Avant chaque voyage, je m'intéresse à l'histoire du pays que je m'apprête à visiter, afin de mieux comprendre son passé et sa culture. Né dans les années 90' j'ai été bercé par les informations sur la tragédie yougoslave, depuis je suis passioné par l'histoire, et la géopolitique de cette région du sud de l'Europe qu'on appel les Balkans.
21 mai 2006, le Monténégro devient indépendant à la suite d'un référendum. Le 21 mai 2006, fut un soir de fête dans les rues de Podgorica, la ville qui portait pourtant le nom de l'ex-dirigeant de la Yougoslavie, Tito, (Podgorica s'appelait Titograd jusqu'en 1992) fête alors l'indépendance avec la Serbie, l'un des derniers actes du démantèlement de l'union des Slaves du sud. Le oui l'emporte donc avec 55,4% des voix (pour une majorité fixée à 55% par l'Union Européenne), là où le non avait été plébiscité en 1992 avec 95,96% des voix. Milo Đukanović à la tête de la petite république du Monténégro depuis 1991 savoure le moment, le Monténégro retrouve l'indépendance qu'elle n'avait plus connue depuis la fin de la première guerre mondiale.
A travers cet épisode récent, de ce petit état, on retrouve toute la complexité des Balkans. Le Monténégro possède une histoire entremêlés avec les autres nations des Balkans, il est donc impossible de faire le récit de l'histoire du Monténégro, sans évoquer l'histoire plus large de cette région d'Europe allant des montagnes slovènes jusqu'aux rives européennes du détroit du Bosphore. Cette histoire faîtes de guerres ayant causées des plaies difficiles à cicatriser, explique encore aujourd'hui la difficile cohabitation entre les différentes ethnies de cette région. Là où des territoires sont revendiqués par les uns autant que par les autres, argumentant chacun un fait historique censé conférer la légitimité à l'un plutôt qu'un autre, la paix reste fragile, 16 ans après la fin de la guerre du Kosovo, ultime épisode des guerres Yougoslaves.
La péninsule des BalkansLe Monténégro entre Orient et Occident
Le 24 mai 2017 le Monténégro est officiellement devenu le 29ème membre intégré au commandement de l'OTAN. Un revers de taille pour Vladimir Poutine, ainsi que pour la Serbie, liés historiquement au Monténégro par des liens d'amitiés depuis plusieurs siècles. Cependant cette actualité montre à quel point ce petit pays est tiraillé entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est depuis des siècles. En effet alors que le Monténégro actuel se trouvait dans la province de Dalmatie sous l'Empire Romain, il fut également sur la ligne de partage en 395 de la séparation de l'Empire Romain avec l'Empire Byzantin de Constantinople.
Séparation de l'empire Romain d'Occident et l'empire Romain d'Orient (Empire Byzantin) en 395 L'arrivée des slaves
C'est au début du VIIème que les peuples slaves venus de l'Est s'installent dans les Balkans, ils atteignent alors la mer Adriatique s'installant sur le littoral et dans l'arrière pays. Ils furent vite convertie au christianisme. C'est également au cours de ce siècle que les Bulgares créent le premier état slave des Balkans, au IXème siècle le prince Bulgare Boris, installe le slavon en langue liturgique et diffuse l'alphabet cyrillique. Cet alphabet est alors également utilisé par le royaume de Rascie (ex-Serbie) qui essaye alors de se défaire du joug bulgare et byzantin. C'est ensuite un autre état Serbe, la Dioclée qui prit racine à Doclea (Podgorica aujourd'hui) et qui s'étendra jusqu'à Raguse (Dubrovnik aujourd'hui). A son apogée, la Dioclée engloba la Rascie, la Dalmatie, la Bosnie, et établit même sa capitale à Shkodra (du côté albanais du lac de Shkodra - Skadar en serbo-croate), une sorte de première Yougoslavie en somme ...
Les Nemandjic, l'âge d'or de l'Empire Serbe
Entre la fin du XIIème siècle et le début du XVème siècle la Rascie connue son apogée sous la dynastie des Nemandjic fondée par Etienne de Nemandja né dans l'actuelle ville de Podgorica qui libéra du joug Byzantin une partie des Balkans. En 1190, il revendiqua notamment le Kosovo et la Macédoine (la Macédoine historique n'est pas à confondre avec l'actuel état indépendant de Macédoine qu'on se doit d'appeler Ancienne République Yougoslave de Macédoine, la région historique est elle éclatée entre cette entité, la Bulgarie, la Grèce et une petite partie à l'est de l'Albanie). En 1219, un accord fut conclut entre les Byzantins et Etienne Ier de Nemandjic pour que l'église de Serbie obtienne son autonomie. C'est un de ces successeurs Stefan Uroš IV Dušan Nemandjic qui durant son règne entre 1331 et 1346 chassa de Macédoine les bulgares et s'emparera plus tard des possessions byzantines dans les Balkans incluant donc les grecs, les albanais, les bulgares et les macédoniens. La Rascie devient un empire, et prend désormais le nom de Serbie, jamais depuis le territoire serbe a été aussi grand qu'à cette époque. Et le Monténégro dans tout ça ? Pendant ce temps là ... la Dioclée/Zeta reste indépendante, elle correspond à la majorité du Monténégro actuel. Ainsi si la Rascie est considérée comme l'ancêtre de la Serbie, la Dioclée est l'ancêtre du Monténégro.
Domination Ottomane et résistance des Vladikas au coeur du Monténégro
Expansion de l'Empire Ottoman Les rivalités et les différences culturelles des peuples des Balkans datent de la longue période de domination ottomane pendant près de cinq siècles.
Une date clé reste encore marquée dans la géopolitique actuelle des Balkans, c'est celle de la bataille de Kosovo Polje en 1386, les serbes considérent que par ce fait historique, le Kosovo est le berceau de l'histoire serbe. Alors que les ottomans enchaînent les conquêtes victorieuses, s'étant notamment emparés de la ville serbe de Niš, la résistance de la noblesse serbe va faire acte de bravoure au Kosovo place forte de l'Eglise Orthodoxe serbe. Si le prince serbe Lazar Hrebeljanović tout comme le sultan ottoman Murat Ier furent tués durant cette bataille, elle scella l’effondrement de l'Empire Serbe et sa conquête par l'Empire Ottomans. Encore aujourd'hui elle est encrée dans les mémoires collectives du peuple serbe et explique en partie leur attachement à ce territoire et leur volonté de ne pas reconnaître la souveraineté albanaise sur ce dernier.Après avoir entièrement conquis la Serbie, les ottomans attaquèrent la région de la Zeta en 1470, Ivan Crnojevic y mena alors un groupe de survivants dans les montagnes du Lovćen, y établit un monastère et une capitale qu'il appela Cetinje, c'est à cette même époque que les marins vénitiens appela le mont Lovćen, "Monte Negro" (Montagne Noire), l'épisode de la résistance de ces survivants est resté le symbole de la naissance du Montenegro, qui garda le surnom de son foyer, le mont Lovćen et sa vallée.
Les Ottomans tenteront à plusieurs reprises d'assiéger le Lovćen et Cetinje, ils réussiront seulement en 1514 à l'occuper. Ils y restèrent peu, trouvant les montagnes inhospitalières et quitteront les lieux. Soliman le Magnifique, le plus grand sultan de l'Empire Ottoman poursuivra la conquête des Balkans, s'emparant de Belgrade en 1521 et de la Hongrie, Cetinje devenant donc la dernière place de résistance de l'église serbe orthodoxe, parallèlement l'empire Vénitiens prend le contrôle de l'Adriatique et notamment de Kotor et de Budva. Le Monténégro est donc une nouvelle fois sur la ligne de partage de deux empires. Si les Ottomans turcs sont musulmans, ils n'imposent pas leur religion à leurs nouvelles possessions exceptés aux jeunes hommes, devenant esclaves et enrôlés de force dans l'armée, pour les autres populations les Ottomans donnent le choix entre l'Islam et l'impôt. Cependant depuis la conquête ratée de Cetinje, les monténégrins bénéficient de privilèges devant l'impôt. Les turcs vont donc tenter de revenir dessus dans les années 1690 mais devront faire face à la résistance des monténégrins. A chaque fois que Cetinje fut prise par les Ottomans, ils furent obligés de battre en retraite, devant la bravoure et la résistance des hommes de la "montagne noire". Pendant ce temps les turcs enchaînent les défaites contre les vénitiens, et en 1699 seront contraints de leurs céder Herceg Novi et Resan, alors que l'expansion vers le nord fut arrêtée après la défaite contre le Saint-Empire, les turcs ayant été obligés de lever une seconde fois le siège de Vienne en 1683 (Soliman le Magnifique dut déjà s'arrêter au même endroit après son échec dans la capitale autrichienne en 1529). La résistance monténégrine attira l'attention des Habsbourg et des russes ainsi que des autres peuples des Balkans, voyant à travers cette résistance à l'occupant Ottoman une identité commune. Il se développa à cette époque un sentiment d'identité commune chez les serbes et les monténégrins fondée sur la base de l'Eglise serbe Orthodoxe. En 1696, la dynastie des Petrovic commença lorsque Danilo Petrovic Njegos se déclara vladika (l'équivalent d'un évêque) de Cetinje et seigneur de la guerre des territoires serbes. Il établit un rôle politique, militaire et religieux au rang de vladika, et sa dynastie régna sur le Monténégro jusqu'à l'aube de la première guerre mondiale. Afin d'asseoir leur domination, les Ottomans créèrent le patriarcat de Constantinople devenant responsable des églises orthodoxes des possessions ottomanes. A cette époque l'église serbe orthodoxe s'exile et fonde son propre patriarcat dans le Saint-Empire, les monténégrins créent alors leur propre église, ce qui aura pour conséquence de conférer un sentiment national désormais distinct entre serbes et monténégrins. Les monténégrins étant par rapport à leur résistance durant cette périodes, considérés comme les "meilleurs des serbes" par les autres serbes.
Décadence de l'Empire Ottoman, guerres Balkaniques, et première guerre mondiale
Au fur et à mesure que l'Empire Ottoman devient décadent, les Balkans vont être le théâtre de guerres intestines, faites de revendications territoriales en vue de préparer l'indépendance de chacun des peuples, à la manoeuvre de ces guerres, les grandes nations de l'Europe de l'Ouest ainsi que la Russie sont en partie responsables soutenant les uns à s'attaquer aux autres parce-qu'un pays ennemie soutenait les autres. A la fin du XVIIIème siècle le Monténégro n'est encore qu'une petite principauté autour de Cetinje et la réserve naturelle du Lovćen, ayant échoué à atteindre la mer malgré l'appuie des russes avec lesquels les monténégrins ont liés une alliance historique contre Napoléon et les autrichiens. Quelques années plus tard, la révolte des peuples des Balkans commença avec la guerre turco-grecque (1821-1829) qui déboucha à l'indépendance de la Grèce, si la révolte bulgare de 1876 fut elle réprimée dans le sang, la Russie arrive à imposer l'indépendance de la Bulgarie en 1878, tout comme elle réussira la même année à sortir la Serbie du giron autrichien dans lequel elle s'était réfugiée pour échapper à l'empire Ottoman, lors d'un vote au congrès de Berlin, c'est alors que les relations entre serbes et autrichiens se dégradèrent. Pendant ce temps là au Monténégro, le vladika Danilo obtient une victoire stratégique contre les Ottomans à Grahovo, et légitima l'indépendance du Monténégro. Son successeur Nicolas Ier développa les infrastructures de la petite principauté, et signa un accord avec Michel III Obrenovic , prince de Serbie afin de lier l'avenir des deux états et en former un seul. Lorsqu'en 1875 une rébellion éclate contre les ottomans en Bosnie-Herzégovine, les serbes et les monténégrins y participent, ces derniers y gagnent d'importantes batailles et obtiennent le contrôle des régions montagneuses de Niksic, Zabljak et Podgorica. La superficie du Monténégro triple donc au moment où en 1878, l'indépendance de la Serbie et du Monténégro est reconnue à Berlin.
En 1910 à l'occasion du 50ème anniversaire de son règne, Nicolas Ier s'élève au rang de roi. Alors que chaque peuple des Balkans prend conscience de former une identité appart, chacun se heurte à un problème, l'espace territoriale revendiqué par un peuple est souvent revendiquée par un autre.La seule identité commune que reconnaissent désormais les composantes des peuples des Balkans est leur détestation vis-à-vis des turcs, ainsi en 1912, la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et la Roumanie s'unissent pour chasser les turcs de la péninsule des Balkans et des territoires qu'ils convoitent. L'Albanie quant à elle, dont le peuple s'est majoritairement convertie à l'islam est proche de la Turquie et prend son indépendance à part sur les seuls territoires peuplés uniquement d'albanais. En 1913, les alliés d'hier deviennent ennemis, la Bulgarie ayant conquis la Thrace jusqu'à Istanbul, en plus de la Macédoine, les grecs et les serbes qui revendiquent aussi ces territoires l'attaque. La Bulgarie perd la Macédoine, et la Turquie en profite pour récupérer la Thrace et l'importante ville d'Istanbul.
Guerres balkaniques Un an plus tard l'attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, durant lequel François Ferdinand archiduc de l'empire d'Autriche-Hongrie fut assassiné par un nationaliste serbe de Bosnie, souhaitant revendiquer le rattachement de la Bosnie au royaume de Serbie et du Monténégro, est considéré comme l'événement déclencheur de la première guerre mondiale. On retrouve là, la rivalité naissante entre les idéologies du pangermanisme (l'union de tous les peuples germanophones, et descendant de germains en une seule et grande nation) qui se développe depuis le milieu de XIXème siècle face au panslavisme (l'union de tous les peuples d'ascendance slave en un seul état). L'empire d'Autriche-Hongrie dans laquelle on retrouve la Slovénie, la Croatie, et la Bosnie déclare la guerre à la Serbie et au Monténégro, et par un jeu d'alliance le brasier va prendre toute l'Europe, la Russie déclarant ainsi la guerre à l'Autriche-Hongrie, soutenue par la France et la Grande-Bretagne formant ainsi les principaux pays de la Triple Entente, alors que l'Allemagne et l'Empire Ottoman (ainsi que la Bulgarie, pourtant slave) soutiennent l'Autriche-Hongrie en formant la Triple Alliance.
L'union des slaves du sud
Depuis le XVIIème lassés par ces guerres fratricides, l'idéologie panslave se développe dans les peuples des Balkans et de l'Europe de l'Est. Mais c'est au XIXème siècle par l'intermédiaire du philosophe russe Nikolaï Danilevski que les thématique du panslavisme prendront réellement leur essor.
Autour d'un drapeau, d'un hymne et même de la création d'une langue commune mélangeant le serbe, le slavon et le russe, l'idéologie panslave atteint son apogée lors du congrès de Prague en 1848. Néanmoins l'hostilité historique des polonais et des tchèque à l'égard des russes ainsi que la non-continuité territoriale entre les peuples slaves occidentaux et méridionaux achèvent les perspectives d'un seul et unique état regroupant en son sein tous les peuples slaves. Pourtant l'idéologie reste très présente surtout chez les serbes,les slovaques et les russes chez qui l'héritage slave semble plus marqué dans les esprit.
A gauche le drapeau de tous les slaves, et à droite la carte des peuples slaves Avant la première guerre mondiale, l'idéologie panslave des dirigeants de la Serbie, s'est heurtée à Nicolas Ier, roi du Monténégro qui n'adhérait pas à cette dernière. Cependant les guerres balkaniques ont rapprochés davantage les liens entre monténégrins et serbes. Lors des élections de 1914, l'idée d'une union entre serbes et monténégrins est ainsi plébiscité, Nicolas Ier l'accepte en exigeant cependant la coexistence de deux maisons royales l'une serbe et l'autre monténégrine. Malgré sa domination et son occupation totale pendant la majorité du conflit mondial par les austro-hongrois, la Serbie sort du conflit à la table des vainqueurs, alors que l'Empire d'Autriche-Hongrie est démantelé.
Lors de ce démantèlement, la Serbie récupère l'ex-province hongroise de Voïvodine, où les serbes sont devenus majoritaires depuis l'exil de l'église serbe orthodoxe lors de l'occupation ottomane, puis avec la Croatie et la Slovénie créait le premier état slave de forme récente le 1er décembre 1918, en prenant le nom de royaume des serbes,croates et slovènes, qui sera remplacé par le royaume de Yougoslavie le 3 octobre 1929 jusqu'à la seconde guerre mondiale. Ces deux états comprenaient à peu de chose près les territoires constituant la seconde Yougoslavie de l'après guerre, il s'agit alors de regrouper les slaves du sud à l'exception notable de la Bulgarie. Cependant apparaît rapidement des rivalités au sein du fonctionnement de cet état. Malgré l'identité slave commune, les différences culturelles, religieuses et économiques sont nombreuses. Si la Croatie comme la Slovénie ont bénéficiaient grâce à l'Empire austro-hongrois de la révolution industrielle et de la nouvelle économie, les serbes comme les monténégrins se sont trouvés au XIXème siècle au sein d'un empire Ottoman décadent. Le développement économique des différentes entités est ainsi inégale, dans les usines croates et slovènes se développait déjà les idées communistes alors que l'état est accaparait par la domination des nobles serbes de Belgrade suite au statut conférait par l'issue victorieuse de la première guerre mondiale. La Serbie comme le Monténégro fonctionnaient eux comme les anciens états avec les nobles des villes de pouvoirs d'un côté et les paysans dans les campagnes. A ce problème économico-culturelle des sociétés yougoslaves se greffe donc aussi un problème confessionnel, lors du schisme du christianisme, les croates et les slovènes sont restés rattachés à l'église de Rome et sont donc devenus catholiques contrairement aux serbes, monténégrins ou macédoniens. Suite à l'occupation de l'Empire Ottoman, une majorité relative des habitants de la Bosnie-Herzégovine ainsi qu'une majorité beaucoup plus importante des albanais dont une importante minorité habitent alors au Kosovo se sont convertis à l'Islam. L'ultra-domination des serbes dans la constitution de ce premier état va être perçu comme une injustice et va nourrir des sentiments nationalistes auprès des autres nationalités.
La seconde guerre mondiale, la blessure jamais refermée
Dès le début du second conflit mondial, les tensions nationalistes vont trouver leur écho dans la domination des forces de l'AXE. La Yougoslavie est disloquée, l'Italie fasciste annexe le sud de la Slovénie tandis que l'Allemagne Nazie en annexe la partie Nord. De plus l'Italie occupe l'Albanie et le Monténégro, tout en annexant par un gouvernorat les îles croates de Dalmatie ainsi que les Bouches de Kotor. Alliés à l'Allemagne Nazie la Hongrie récupère une partie de la Voïvodine tout en expulsant une partie des serbes y habitant et la Bulgarie annexa la Macédoine.
La Yougoslavie en 1941 à gauche et en 1943 à droitePlus à l'Ouest, la Croatie voit les Oustachis prendre le pouvoir. Ces ultra-catholiques favorables au fascisme de Mussolini et alliés de l'Italie obtiennent le droit de faire de la Croatie un état indépendant. Confortés par l'idéologie nazie qui voit les juifs, les tziganes et les slaves ennemies de la race allemande et de leur espace vitale les Oustachis vont verser dans l'épuration ethnique. Ils se considèrent davantage de culture catholique que de culture slave. Au début du conflit mondial la population des territoires croate est composée d'une importante minorité serbe et serbo-monténégrin représentant 30% de sa population. Ils vont d'abord subir des persécutions, le régime des Oustachis interdisant le culte orthodoxe ainsi que l'alphabet cyrillique. Très vite les populations serbes fuient les humiliations et persécutions, près de 140 000 réfugiés sont alors recensés en Serbie sous occupation allemande. Les allemands débordés par les réfugiés et ne voulant pas se mêler de "ce problème" local, interdisent aux serbes de Croatie de passer la frontière. Les croates ne pouvant plus expulser de leur territoires les serbes, se livrent alors à une épuration ethnique, un génocide qui fera 300 000 victimes chez les serbes et serbo-monténégrins. Dans cette épuration ethnique des serbes, les Oustachis sont aidés par les musulmans de Bosnie-Herzégovine qui paradoxalement ont peu connus les discriminations des Oustachis. Des musulmans qui à l'appel du Grand Mufti de Jérusalem feront alliance avec Hitler et formeront des divisions SS exterminant des serbes, des serbo-monténégrins, des tziganes, et des juifs. Plus au sud en Albanie, les italiens qui occupent ce pays, autorisent la constitution d'un Royaume d'Albanie après que les albanais aient participé à la collaboration face à la Grèce.
A partir de 1941, la seconde guerre mondiale prend des allures de guerres civiles dans les Balkans, outre l'extermination des serbes en Croatie, l'Albanie a obtenue de la part de l'occupant italien l'annexion du Kosovo et d'une partie de la Macédoine (l'autre partie étant devenue bulgare), de plus les albanais obtiennent une partie du Monténégro au sud du lac de Skadar. C'est à partir de cette époque que le Kosovo voit inverser les forces démographiques et devient majoritairement peuplé d'albanais. La guerre civile éclate alors au Monténégro dans la partie du sud-est annexée par l'Albanie dont la ville d'Ulcinj, elle est l'oeuvre de résistant monténégrins séparatistes (non pro-serbes) et de partisans (le mouvement communistes initiée par Tito). Par ailleurs en Serbie, le mouvement de résistance Tchetniks, mouvement royaliste serbe voulant refaire une Grande Serbie se développe et fait soulever une rébellion dans la province croate de Krajina majoritairement peuplée de serbes. Ce mouvement va faire face à une guerre contre les partisans communistes pro-union des slaves du maréchal Tito (qui luttent également contre le régime des Oustachis en Croatie), en plus d'une autre guerre au Kosovo face aux albanais de la "Seconde Ligue albanaise de Prizren" souhaitant fonder la Grande Albanie. Avec l'offensive soviétiques, les partisans enchaîneront les victoires lors de la libération entre 1944-1945 de la Yougoslavie et massacreront au passage les Tchetniks royalistes. Fin 1944, avec l'aide des soviétiques Tito s'empare de la Serbie et conquêre le reste du pays.
La Yougoslavie de Tito
La guerre menée par les partisans de Tito, est appelée alors "la guerre de libération nationale", elle fonde le mythe de Tito, et de sa Yougoslavie communiste. Lors des premières années jusqu'au début des années 50, il s'agira d'un communisme très agressifs envers les personnes non-communistes. Mais à la surprise générale, Tito choisit une politique de non-alignement avec Moscou et l'URSS en 1948 et ne signe pas le pacte de Varsovie en 1955. Ce communisme est dirigée par une forme d'autogestion, les gens gèrent l'entreprise dans laquelle ils travaillent et non d'un dirigisme d'état. En 1963, Tito créait un état fédéral pensant alors éteindre les velléités séparatistes, Tito reconnaît 6 républiques qu'il résumera par cette phrase " La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti". Tito essaye ainsi de respecter les territoires revendiqués de part et d'autres, il créait également deux provinces serbes (au pouvoir plus limitée que les républiques) afin de répondre aux attentes des minorités hongroises de Voïvodine et de la majorité albanaise du Kosovo. Par sa phrase, Tito ne considère pas le Monténégro comme une nation à part entière mais comme faisant partie de la nation serbe. Enfin Belgrade est choisit comme lieu de pouvoir. La répartition de la carte interpellera après la mort de Tito et au début des troubles qui suivront son décès, Josip Broz Tito, croate d'origine a donné la quasi-totalité du littoral adriatique et notamment la Dalmatie à la Croatie ne donnant à la Slovénie mais surtout à la Bosnie-Herzégovine qu'un petit couloir d'une quinzaine de kilomètres, appelé le corridor de Neum.
Le maréchal Josip Broz Tito à gauche et sa Yougoslavie fédérale après la constitution de 1963 Mort de Tito et éclatement de la Yougoslavie:
Le 4 mai 1980, Tito s'éteint à Ljubjana, non sans avoir préparé sa succession. Afin d'éviter le retour des nationalismes, et la domination d'un peuple sur les autres, Tito a institué dans la constitution une présidence de l'état tournante entre les différentes nationalités de la république fédérale. Les mandats sont d'un an afin de cloisonner la possibilité de dominer la Yougoslavie toute entière. Mais la Yougoslavie est orpheline, et va vite sombrer dans la déchirure. Dès 1981 déjà, le nationalisme refait surfaces au Kosovo, par le biais des albanais. Ils se révoltent pour obtenir au Kosovo le statut de république fédérale, afin de reconnaître leurs aspirations malgré l'autonomie plus élargie qu'ils ont eu lors de la dernière constitution de 1974. Cependant les serbes n'aspirent pas à laisser le Kosovo accéder à ce statut, car pour eux le Kosovo est le berceau de leur identité et de leur histoire. Nombre de manifestants albanais s'en prennent alors aux minorités serbes par le biais de discriminations, de persécutions, et en incendiant les lieux de cultes. Ces faits rapportés par le biais des médias tournent en boucle sur les postes de télévisions serbes et faits monter les tensions dans tout l'espace yougoslave.
La crise financière que va subir tous les régimes communistes au milieu des années 80 va affecter la fédération yougoslave, en effet les fédérations de Croatie et de Slovénie, plus riches ont le sentiment de travailler pour les autres, déjà la Slovénie a des envie d'indépendance en signant des traités commerciaux avec ses voisins autrichiens et italiens, contraires à la constitution. Au milieu des années 80, les partis d'opposition pro-indépendance, ou nationalistes remportent les élections dans la plupart des républiques sauf en Serbie et au Monténégro où les partis communistes mais pro-serbes les remportent. L'aspiration au changement est grand, et la bureaucratie communiste de la Yougoslavie laisse peu de places aux envies de démocratie. Intellectuels et médias se font les échos des aspérités indépendantistes en Slovénie et en Croatie. L'année 1986, marque un tournant, Slobodan Milošević renverse démocratiquement Ivan Stambolić a l'issu d'un vote solennel et prend la tête de la Ligue Communiste de Serbie après avoir été blâmé par Stambolić pour avoir dit aux serbes du Kosovo qu'il allait régler le problème et destabilise alors les relations entre Belgrade et le gouvernement albanais de la province à Priestina. Réélu en 1988, Milošević fait devient président de la république socialiste de Serbie l'année suivante. Son discours du 28 juin 1989 lors du 600ème anniversaire de la bataille de Kosovo Polje va mettre le feu au poudre. Par ce discours il entend mettre fin au statut de province autonome donné au Kosovo en 1974, et ramener entièrement le Kosovo dans le giron de Belgrade. Milošević ne s'arrête pas là, face aux voix opposées qui montent en Yougoslavie contre le retour de l'impérialisme serbe, Milošević et ses partisans renversent les présidents du Monténégro (ils y placent alors le jeune Milo Đukanović, celui qui sera plus tard l'homme de l'indépendance et du divorce avec la Serbie) , de Macédoine et de Voïvodine prétextant qu'ils sont séparatistes et complotent contre l'union fédérale. Ce coup de force confère à Milošević des pouvoirs accrus, il fait descendre dans les rues de Belgrade un million de sympathisants venus défendre les serbes du Kosovo et contraint le président bosniaque de la Yougoslavie, Raif Dizdarević, de l'autorisé à utiliser l'armée au Kosovo et de décréter l'état d'urgence. Entre temps Ante Markovic le premier ministre de la Yougoslavie essaye de réformer économiquement l'état fédéral afin de l'intégré dans l'économie de marché capitaliste, mais ses réformes sont rejetés par les serbes et leurs alliés. C'en est trop pour les slovènes, Milan Kučan, leur président fait des discours ouvertement séparatiste, et se fait rappeler à l'ordre par le gouvernement fédéral de Belgrade, tout en se faisant insulter de traître par la télévision serbe. Sous la pression des slovènes, se tient entre le 20 et 22 janvier 1990, le 14ème congrès de la Ligue Communiste Yougoslave, deux projets s'affrontent : le projet fédéral et centraliste de la Serbie contre le projet de fédérations asymétriques aux pouvoirs renforcées des slovènes. Les débats sont alors dirigés par le jeune président de la république du Monténégro, Milo Đukanović. Les serbes plus représentés à l'assemblée car ils constituent le peuple le plus important démographiquement, avec l'appuie des parlementaires du Monténégro, de Macédoine et des serbes de Bosnie et de Croatie, rejettent tous les amendements slovènes. Les parlementaires slovènes quittent alors le congrès, suivis par des croates solidaires. Cette instance marque la mort de la fédération Yougoslave, la crise politique entre la Slovénie et la Serbie va alors s'accentuer, et a pour conséquence la rupture économique entre les deux républiques, ce qui induit la destruction des réformes économiques yougoslaves envisagées par Ante Markovic.
Slobodan Milošević lors de son discours devant les serbes du Kosovo le 28 juin 1989Pendant toute cette période américains comme européens sont occupés par le vent de paix venus de l'Est avec la fin du rideau de fer matérialisée par la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l'Empire Soviétique. Ils soutiennent jusqu'au début 1991, l'unité de la Yougoslavie, et imagine qu'en cas de dislocation une partition à l'amiable des territoires pourrait être envisagée comme en URSS ou en Tchécoslovaquie.
Indépendances et guerres de Yougoslavie
La dislocation de la Yougoslavie Le 23 décembre 1990, la Slovénie déclare son indépendance, à l'issue d'un référendum où les slovènes se déclarent à 88,5% pour l'indépendance, Milan Kučan sort victorieux, et rappel tous les militaires slovènes qui se trouvent dans les rang de la JNA (l'armée fédéral) à le rejoindre. Par mesure de rétention, l'armée fédérale s'empare de tous les postes douaniers afin d'enclaver la Slovénie. Fin juin, début juillet 1991, l'armée fédérale de Yougoslavie fait des manoeuvres militaires en Slovénie afin de ramener la Slovénie dans l'union fédérale ou au moins montrer que la Yougoslavie existe toujours et qu'elle n'accepte pas sa dislocation. Cette guerre est appelée "guerre des dix jours", par rapport au nombre de jours où le conflit sera étendue. Il n'a pas les résultats escomptés, et dans la tête des généraux, l'heure n'est déjà plus à sauvegarder l'unité de la Yougoslavie, les serbes veulent avant tout protéger toutes les populations serbes vivants sur le territoire yougoslave. La Slovénie étant quasi-uniquement peuplée de slovènes, n'est donc plus l'objectif prioritaire. Car dans le même temps le 19 mai 1991, les croates se sont également prononcés par l'intermédiaire d'un référendum sur l'indépendance, ce dernier est boycotté par la majorité des 13% de serbes de Croatie et l'indépendance est plébiscité par 93,24% des électeurs. Après un gel de 3 mois de la déclaration d'indépendance, c'est la JNA qui lance les hostilités dans des villes majoritairement croates. En parallèle la République Serbe de Krajina est autoproclamée dans les zones où les serbes sont majoritaires et notamment dans la région de Slavonie, ces derniers ont peur d'être massacrés comme pendant la seconde guerre mondiale, alors que les Oustachis viennent grossir les rang de l'armée croate. Face à la montée des violences, les nations unis font un embargo sur les armes ce qui gêne l'armée croate de libération nationale. Néanmoins par des réseaux venant de Hongrie, les croates arrivent à faire passer la frontière et à s'armer, pendant ce temps les macédoniens, albannais et bosniaques se font réformés afin de quitter à leur tour la JNA, qui devient une armée composée des serbes et des monténégrins. Le conflit commence notamment avec la bataille des casernes où l'armée croate essaye de récupérer l'armement se trouvant dans les casernes de Croatie appartenant à l'armée fédérale.
La carte ethnique de la Yougoslavie au début du confit à gauche et la carte des forces armée des forces armés à droite La première phase du conflit est marquée par la bataille de Vukovar, qui se trouve dans la province autoproclamée de Krajina, elle fait figure d'enclave puisqu'elle est habité par une majorité de croates dans une région majoritairement serbe. Pendant 3 mois, la JNA et l'armée de Krajina y mèneront un siège, cette bataille se soldera par un massacre sur les population croates résistantes au moment de lever le siège e la ville. Fort de cette victoire, les serbes essayeront de récupérer la partie de la Dalmatie frontalière du Monténégro et mèneront un siège à Dubrovnik, grâce au corridor de Neum (laissant 15 kilomètres d'accès à la mer à la Bosnie-Herzégovine), l'armée croate n'arrivera pas à temps pour empêcher ce siège, la Bosnie-Herzégovine faisant encore partie pour le moment de la Yougoslavie, l'armée croate ne peut utiliser que la voie maritime. Les navires de guerres de la Yougoslavie postaient au large empêchaient également tout ravitaillement maritime. Les opérations furent dirigés par des cadres militaires monténégrins et seront supportaient par l'opinion publique monténégrine craignant que l'armée croate et surtout les membres Oustachis arrivent au Monténégro. Mais durant le siège de Dubrovnik, un autre front ouvrira dans ce qu'on se doit d'appeler désormais l'ex-Yougoslavie, après des élections portant les séparatistes au pouvoirs, la Macédoine fait elle aussi sécession le 8 septembre 1991, étant majoritairement composé de macédonien et d'une minorité albanaise, elle n'a pas d'intérêt capital pour Milošević, qui est plus inquiet par le référendum organisé en Bosnie-Herzégovine. Cette république, longtemps surnommer "la petite yougoslavie", pour son mélange ethnique et religieux, ne voulait pas quitter la Yougoslavie par peur de voir son territoire morcelé entre les différentes ethnies. Néanmoins lors des élections de 1990, le parlement est insolite, les 3 partis nationalistes représentant les serbes, les croates et les musulmans arrivant en tête. Ne souhaitant pas rentrer en conflit avec l'état de Croatie, la Bosnie-Herzégovine s'est prononcée pour l'indépendance après les événements à Vukovar. A la veille de l'indépendance la Bosnie-Herzégovine est composé de 45% de musulmans (ce qui est à la fois une religion et une nationalité dans les Balkans), de 32% de serbo-bosnien et de 17% de croato-bosnien. Le 29 février 1992, l'indépendance sort vainqueur des urnes avec 99% de voix favorables, les serbes ayant boycotté le scrutin. Les jours suivants, l'armée régulière de Yougoslavie attaque la Bosnie-Herzégovine, la minorité serbe voit dans la création d'un état qui pourrait être dirigé par les musulmans, comme un retour à l'empire Ottoman, à l'image de la minorité serbe de Croatie, ils créaient la République séparatiste Serbe de Bosnie, alors que les croates eux aussi veulent profiter de l'occasion pour récupérer la région d'Herzégovine (le sud de la république, longeant la Dalmatie et dont les croates sont en majorité relative). Ce conflit va virer à l'épuration ethnique entre les différentes communautés. Les musulmans combattront à l'aide d'une armée régulière mais faisant également appel à des guerriers moudjahidin aux méthodes radicales répondant à l'appel du djihad et déferlant sur les lieux de combats en venant du Maghreb, d'Europe, du Moyen-Orient et du Caucase. Partout où une communauté est majoritaire, elle exterminera les communautés minoritaires afin de rattacher ce territoire à leur entité et à leur pays indépendant. Le siège de Sarajevo commence le 5 avril 1992, bien que les musulmans y soient majoritaires, la ville la plus importante de Bosnie-Herzégovine, a de l'intérêt aux yeux des serbes, qui veulent également affaiblir Alija Izetbegović, le président bosniaque musulmans et ses états majors. La ville se trouve dans une vallée et la JNA ainsi que l'armée de la République Serbe de Bosnie la bombarde depuis les hauteurs. En 1993, une première partition de la Bosnie-Herzégovine en 10 provinces ethniques est proposée, par l'ONU, celle-ci est accepté par Milošević, mais refusée par Radovan Karadžić, le leader des serbes de Bosnie, estimant qu'ils peuvent obtenir davantage alors que les victoires militaires s'enchaînent. A partir de ce moment là Milošević se désolidarise des serbes de Bosnie, et renvoie son armée à la simple tâche de soutien et de défense des populations serbes. En effet Milošević était en sous main entrain de négocier la partition de la Bosnie avec le président croate Franjo Tuđman, malgré le conflit les opposants encore en Croatie. Une Croatie qui arrêtera finalement la guerre avec les musulmans (la bataille de Mostar en 1993, en sera l'événement majeur avec la destruction de l'héritage ottoman notamment celle du pont symbole de la ville) et s'allieront avec eux en 1994, pour regagner du terrain sur les serbes de Bosnie. L'événement dramatique du massacre de Srebenica au mois de juillet 1995 où les généraux de l'armée de la République Serbe de Bosnie extermineront 8 000 hommes musulmans par vengeance alors que des moudjahadins avaient massacrés des serbes dans cette ville au début du conflit sera le tournant de la guerre de Bosnie. L'émoi de la communauté internationale alors que ce massacre a eu lieu dans une zone renforcée par la présence de casques bleues néerlandais, oblige les différentes partis à se parler pour trouver une solution. Cet accord fut signé à Paris le 14 décembre 1995, mais porte le nom de la ville de Dayton aux Etats-Unis où l'accord fut négocier. Elle prévoit la partition en 2 entités de la Bosnie-Herzégovine, l'une nommée la Fédération croato-bosniaque (ou croato-musulmane) pour 51% du territoire , et l'autre la République Serbe de Bosnie pour 49% du territoire. Bien qu'acceptée par Radovan Karadžić, leur leader, certains membres de l'armée de la république Serbe de Bosnie continueront les combats, considérant que d'obtenir moins de la majorité du territoire est une humiliation et que Milošević les a trahis. Après 3 ans, 10 mois et 23 jours, le siège de Sarajevo est finalement levé le 28 février 1996, marquant la fin de la guerre de Bosnie.Entre temps sur le front croate, les serbes de la république autonome de Krajina, ont enchaîné les défaites, jusqu'à la prise de Knin (la plus importante ville des serbes de Croatie) par les forces croates en 1995, des dizaines de milliers de serbes de Croatie sont contraints de fuir les combats et s'exilent dans la république serbe de Bosnie ou en Serbie.
Siège de Dubrovnik / destruction du pont de Mostar / cimetière des victimes à Srebenica / signature des accords de DaytonAlors qu'on pensait les conflits désormais terminé, le problème du Kosovo par lequel la Yougoslavie s'est embrasé refait surface en 1996. La création de UÇK (l'armée de libération du Kosovo est créé), ce groupe désormais considéré comme une organisation criminelle et terroriste ainsi qu'étant à l'origine de l'organisation de la mafia albanaise, va commettre des attentats ciblés sur des dirigeant serbes ainsi que sur des gardes-frontières. Les civils serbes sont également victimes d'attaques ethniques par la majorité albanaise. En 1997, le gouvernement albanais englué dans les scandales financiers s'effondre, l'UÇK profite de ce K.O, pour récupérer armes et munitions. Devant le regain de tension visant à l'indépendance du Kosovo, les forces serbes repoussent les albanais en dehors des zones où les serbes sont majoritaires. L'Allemagne, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie font se rencontrer les deux parties à Rambouillet. Mais aucun accord n'est trouvé, l'UÇK refusant le simple statut d'autonomie du Kosovo, et les serbes refusant le déploiement de forces internationales sur place estimant que leur souveraineté serait violée. Alors que des rumeurs évoquent des massacres massif d'albanais et un plan d'épuration ethnique de la part de Milošević, rumeurs qui se révéleront par la suite infondées, et qui sont diffusés massivement par les médias, l'OTAN adresse un ultimatum à la Serbie et au Monténégro, et le 30 janvier 1999, l'OTAN attaque la Serbie, bombardant le sud de la Serbie, les villes serbes du Kosovo, ainsi que Belgrade. La Russie déclare son opposition à ce viol de la souveraineté de leur ami serbe, mais engluée dans les problèmes financiers post-soviétique Boris Eltsine et son gouvernement des oligarques ne peuvent réagir militairement. Pour beaucoup, cette attaque précipitée des américains et de leur alliés sur la Serbie avait un but géopolitique d'affaiblir un peu plus la Russie par l'intermédiaire de ses alliés. Ce qui est reproché à l'OTAN c'est de ne pas avoir cherché la paix comme se fut le cas en Bosnie mais d'avoir pris parti pour les albanais du Kosovo. Fort de ce soutien aérien et militaire, l'UÇK attaque les villages serbes et brûle les lieux de cultes. Les albanais qui avaient fuient massivement lors du déploiement de l'armée Serbe, et notamment en Macédoine, reviennent encore plus nombreux au Kosovo. Le 9 juin 1999, Milošević et l'OTAN acceptent des résolutions de paix, l'OTAN est missionné a rester déployé au Kosovo, gelant ainsi la situation. Cependant l'opinion serbe n'abandonne pas l'idée de récupérer ce qu'ils considèrent comme le berceau spirituel de la Serbie. Pendant tout ce conflit, le Monténégro n'a pas été bombardé mais à servit de base arrière logistique à l'armée serbe, notamment par la frontière sud-ouest du Kosovo. Suite à ce conflit, l'UÇK fera reparlée d'elle en 2001, en menant l'insurrection des albanais dans l'ex-République Yougoslave de Macédoine, essayant ainsi de déstabiliser le gouvernement, en demandant l'autonomie des populations albanaises de cette ex-république Yougoslave. Depuis l'exil des albanais kosovars, cette minorité représente un quart de la population de Macédoine, cette même organisation essayera également par la suite de déstabiliser la frontière entre l'Albanie et le Monténégro, la minorité albanaise se trouvant au sud du lac de Skadar. Le plan de l'UÇK est en réalité depuis sa création de retrouver la "Grande Albanie" qui a existé pendant la seconde guerre mondiale. Les guerres de Yougoslavie auront fait près de 150 000 morts et 4 millions de déplacés, ces conflits reste la pire tragédie européenne de l'après seconde guerre mondiale.
L'armée serbo-monténégrine à gauche et les bombardement de l'OTAN sur Belgrade à droite L'après-guerre la lente reconstruction de l'ex-Yougoslavie
Eglises et monastères orthodoxes détruits par l'UÇK et les populations albanaise au KosovoDepuis la fin des guerres yougoslaves, les responsables politiques et militaires sont jugés devant le TPIY de la Haye. Là encore les serbes ont le sentiment d'avoir été les seuls à "payer" les crimes dans ce conflit interethnique. En 2004 des émeutes anti-serbes au Kosovo ont visé des civils serbes et des églises orthodoxes, la minorité serbes toujours moins nombreuses subits régulièrement les persécutions de la majorité albanaise, elle vie enfermée dans des enclaves majoritairement à proximité des sites spirituels classés au patrimoine de l'UNESCO. En 2006, le Monténégro déclare son indépendance après avoir fondé avec la Serbie l'union de la Serbie et du Monténégro en 2003 après la chute de Milošević (ce dernier décédera dans d'étrange circonstances pendant son procès à la Haye, certainement empoisonné) , en théorie cette union était fondée sur l'égalité entre les deux républiques, mais le pouvoir centralisateur de Belgrade dominait les monténégrins, piquaient dans leur orgueil "les meilleurs des serbes" comme ils sont surnommer organise un référendum. Les 800 000 monténégrins de la diaspora vivants majoritairement en Serbie, en république Serbe de Bosnie et au Kosovo ne sont pas invités à participer au scrutin.Le oui l'emporte donc avec 55,4% des voix, bien que vexée par le résultat, la Serbie en prend acte 2 jours plus tard et reconnaît cette indépendance, pensant que le Monténégro restera un partenaire fiable, aujourd'hui encore 30% des 620 000 habitants du Monténégro se considèrent serbes contre 45% monténégrins. Mais les choses ne se passent pas comme prévu ni pour la Serbie, ni pour la Russie, l'exemple des succès économiques de la Slovénie et de la Croatie dopés par l'industrie touristique est suivit par Milo Đukanović toujours président, et a pour conséquence l'entrée en négociations du Monténégro pour rentrer dans l'Union Européenne. Le Monténégro adopte même l'Euro unilatéralement dans la foulée. En 2008, le Monténégro reconnaîtra même l'indépendance du Kosovo comme toutes les ex-républiques de Yougoslavie hormis la Bosnie-Herzégovine et la Serbie ainsi que d'importants pays comme l'Espagne, le Brésil, la Chine ou la Russie. Les serbes du Monténégro vivent de plus en plus mal cette situation pro-Bruxelles et anti-Belgrade de la part de leur nouvel état, c'est alors que lors des dernières élections législatives alors que Milo Đukanović s'apprête à quitter le pouvoir une tentative de coup d'état est avortée en octobre 2016. Les négociations du Monténégro afin d'intégrer l'OTAN provoquent quelques émeutes dans les régions majoritairement serbes. Le 24 mai dernier le Monténégro devient officiellement membre de l'OTAN, les réactions venus de Serbie et de Russie ne se font pas attendre, la Serbie considérant l'OTAN comme ennemie depuis la guerre du Kosovo, la Russie grande soeur du Monténégro décide elle de faire un embargo sur le pays. Le reste des Balkans est marqué par un regain de tension, notamment en Macédoine, où les albanais sont de plus en plus revendicatifs sur une autonomie et la reconnaissance de leur langue, ce que refuse les macédoniens, plusieurs émeutes ont eu lieux depuis les dernières élections législatives de 2016 qui a vu une coalition entre des parties macédoniens centristes et les partis albanais. Le Kosovo connaît aussi son regain de tension à travers un bras de fer entre l'Albanie et la Serbie, marqué notamment par un match international de football entre les deux équipes en 2015, et plus récemment par le passage d'un train au Kosovo depuis la Serbie où il était écrit dans toutes les langues des 82 pays n'ayant pas reconnus le Kosovo indépendant "Le Kosovo c'est la Serbie". Devant l'impossible conciliation des parties, et l'imposture de l'indépendance qui est en réalité une étape pour intégrer le Kosovo à l'Albanie, il est envisagé à terme une partition du Kosovo, afin d'intégrer le Nord de Mitrovica à la Serbie. On constate également un renouveau de l'identité slave en Europe de l'Est, notamment en Pologne, en Slovaquie, en République-Tchèque et en Bulgarie qui semblent exaspérés de l'ultra domination du couple franco-allemand dans l'Union Européenne, ces pays renforcent alors leurs liens avec la Russie et la Serbie. Quant à la Bosnie-Herzégovine, elle s'est doté d'une constitution séparant en quelque sorte les républiques Bosniaque et Croate de Bosnie, les accords de Dayton s'appliquent encore, l'ONU refusant de rattacher la république serbe de Bosnie à la Serbie et la république Croate de Bosnie à la Croatie, la Bosnie-Herzégovine reste le seul état d'Europe représenté par 3 gouvernements différents. Échaudés par l'intégration du Monténégro dans l'OTAN, la Serbie vient d'annoncer qu'elle allait porter plainte il y a quelques jours contre l'organisation et ses membres qui ont participé aux bombardements lors de la guerre du Kosovo, en effet l'un des article du traité de l'OTAN précise que l'organisation à une vocation uniquement défensive, ce qui ne fut pas le cas lors du bombardement de la Serbie en 1999. L'histoire et la géopolitique des Balkans n'a donc pas fini de faire le jeu des grandes puissances ...
Train serbe passant au Kosovo avec les couleurs serbes et la phrase "Le Kosovo c'est la Serbie !"