Carnet de voyage

Green-2000 Zambia

10 étapes
27 commentaires
Stage de L3 en entreprise (Green-2000) sur un projet de pépinière d'avocat en Zambie
Du 30 mai au 2 octobre 2023
18 semaines
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Muli Bwanji


Cela va bientôt faire une semaine que je suis arrivé à Lusaka, capitale de la Zambie. Pays qui me paraît aux premiers abords peuplé d'habitants désireux et motivés à l'idée de développer l'économie de leur terre afin de faire face aux inégalités frappantes dont souffrent bonne partie des urbains, inégalités issues du système actuellement en place qui est lui-même l'héritage empoisonné de l'époque colonial. Époque durant laquelle la Rhodésie du Nord s'est vue être exploitée principalement au niveau de la Copperbelt pour ses ressources minières.


Dans l'objectif de réaliser ici un stage en entreprise pendant plus de 4 mois j'ai rapidement rencontré Mwanji, co-gérant avec ses parents de la ferme Mayo. Ils y produisent depuis une cinquantaine d'années des produits maraîchers et des semis, majoritairement des tomates, des choux et des onions. Mwanji incarne parfaitement cette envie de développement. C'est poussé par l'amour de son travail et son incessante capacité à faire fructifier le fruit des ses diverses et nombreuses idées qu'il a permis à la ferme de se diversifier et s'agrandir tout en assurant sa stabilité par le soin toujours apporté aux plantes et par extension aux consommateurs.

Son desir de me partager sa connaissance ainsi que son sens de la gestion m'est fort agréable et présente pour moi une source d'inspiration quant à mon avenir.


Tizaonana

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Muli bwanji


Dernièrement j'ai continué de travailler à la ferme Mayo, continué à apprendre, à comprendre leur fonctionnement, à m'intégrer dans cette organisation, cliente de l'entreprise Green-2000 chez laquelle je réalise mon stage. J'ai rapidement observé un fort discernement social entre les gérants et les ouvriers de l'exploitation à l'image de la société entière. Un discernement de richesse materielle et de pouvoir. C'est un phénomène que l'ont observe bien sûr aussi en Europe mais il est d'autant plus frappant ici par l'importante distance qui sépare ces deux classes sociales. En revanche, c'est par ma confrontation à ce système que je prends pleinement conscience que ce sont sonvent ceux qui ont le moins de richesse materielle qui sont en capacité d'offrir le plus de richesse amicale. De fait, j'ai comme l'impression qu'ils connaissent mieux la valeur des individus. J'ai ainsi tissé de beaux liens notamment avec Noria, travaillant en tant qu'ouvrière à Mayo depuis bien 17 ans. C'est une grand-mère de 80 ans au coeur ouvert et chaleureux. Il n'y a pas besoin de milles artifices pour lui décrocher un sourire, à elle et au reste des ouvriers. Ils sont toujours contents de me voir lorsque je viens travailler dans les serres avec eux et veulent sans cesse me montrer leur travail ainsi que de me le faire essayer.


D'autre part, Mayo utilisant beaucoup la chimie pour répondre aux problèmes auxquels font faces leur cultures, j'ai ces derniers temps travaillé principalement sur les produits phytosanitaires qu'ils usent chaques jours. C'est l'occasion pour moi d'en apprendre plus par rapport à ce domaine dont la controverse grandit quotidiennement, en premier lieu chez nous.


Tizaonana

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Muli bwanji


Ce weekend je suis allé avec des membres de la communauté juive de Lusaka au parc national Kafue, un des plus grands d'afrique. David, ayant vécu une douzaine d'années au total dans ce park travaillant dans les gîtes, nous a accueilli chez lui dans la brousse en GMA avec son frère Donovan où ils aiment y passer leurs weekends et leurs temps libres. J'ai pu rencontrer là bas une vie bien différente de celle de la ville, que je menais depuis le début de mon voyage. C'est une vie où l'artificialisation y est presque inexistante. Une vie en pleine savane où les habitants naissent et meurent ici sans presque jamais entrer en contact avec le monde extérieur. Une vie où les habitants vivent principalement de la pêche. Une vie simple et rudimentaire de village bien loin de nos quartiers de maison en béton. Une vie de relation constante avec l'environnement sauvage. On y voit et entend chaques jours : éléphants, hippopotames, antilopes, hyènes, ... Tous les dimanches, tous les villages du coin se rejoignent pour le match de foot de la semaine sur un terrain en pleine savane. J'ai eu la chance grâce à la gentillesse d'Amon de participer quelques minutes au match, un désastre pour l'équipe mais de bons souvenirs. Ça ne leur a pas empêcher de remporter la victoire. C'est Amon, pêcheur de 27 ans avec son neveu Blessi qui m'a fait découvrir son environnement et sa vie. Nous avons fini la journée par une dernière soirée au coin du feu sur une colline surplombant la rivière Kafue dans les dernières lueurs du soleil puis sous un ciel généreusement étoilé.


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Muli bwanji


La vie à la ferme suit son cours ici à Mayo, les projets continuent à se développer. Les avocats qui jusque là étaient encore tout juste greffés vont bientôt être replantés et transférés dans une net house une fois que cette dernière sera prête à les accueillir. Cela signifie, l'installation des supports ainsi que du système d'irrigation. Ce projet d'avocat servira très certainement par la suite au projet de reforestation en Zambie.

Jeremiah a 25 ans. Il a quitté sa vie à la campagne ainsi que sa famille comme beaucoup d'autres pour venir en ville trouver du travail. C'est quelqu'un qui a toujours eu un attrait pour l'art, en particulier la sculpture. Il aime passer son temps libre à réaliser ses sculptures en papier mâché avec les moyens qu'il possède. Petit, il rêvait de devenir professeur d'art afin de transmettre cette discipline qui lui permet chaque jour d'oublier la dureté de sa pauvreté. Ayant trouvé ici, à Mayo, du travail, il espère épargner de l'argent dans l'objectif de se lancer entièrement dans sa passion afin de commencer à vivre de son art et se faire petit à petit sa réputation. Si il réussi à atteindre son objectif il utilisera son argent pour payer les études, qu'il n'a pas eu, à ses frères afin qu'ils puissent donner à leur vie le sens qu'ils desirent. C'est toujours agréable de discuter avec Jere, sa bonté nous met tout de suite à l'aise. Il possède un regard sur le monde très développé malgré ses moyens limités. Il est sans arrêt avide de savoir, de découverte et prêt à vivre pleinement chacunes des expériences que son prochain lui propose afin de faire de sa vie la meilleure qu'il puisse.


Tizaonana

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Ce weekend j'ai dû sortir de Zambie pour des raisons administratives de visa. J'ai donc décidé d'aller au plus près, soit le Zimbabwé. Après plus de 13 heures de bus à travers la savane zambienne puis zimbabwéenne, en passant par les villages, apercevant les éléphants, je parviens enfin à Harare, capitale du Zimbabwé. J'y découvre une ville plus développée que Lusaka, moins de pauvreté et donc d'insécurité, des infrastructures de meilleure qualité. On m'emmène dans une résidence qu'un ami de mon patron m'a réservé. Il est tard, je suis exténué après cette journée de voyage et de contrôles douanier. Je m'endors paisiblement dans cette chaleureuse chambre. Au petit matin on vint toquer à ma porte pour me proposer de venir profiter d'un petit déjeuner. Je ne m'y attendais pas mais je vais être soudainement projeté plus de 100 ans en arrière et plongé dans la vie d'un colon britannique de Rhodesie, dans un environnement qu'il a transformé à son service. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je sorti de cette chambre pour poser un pas dehors. Plus d'un hectare de jardin à ma seule disposition s'offrit devant mes yeux. Les domestiques déjà entrain d'y travailler s'arrêtent à mon passage afin de me saluer gaiement en me souhaiter la bonne journée. Je me dirige vers la maison principale à travers ce terrain parfaitement agencé et minutieusement élaboré, générant un profond sentiment de bien-être. Là bas m'attend un petit déjeuner anglais préparé avec soin par les domestiques près à être dégusté à ma guise dans un salon luxueux et rayonnant. La quantité de nourriture est telle qu'une seule personne ne pourrait en venir à bout. Abondance, calme, sérénité et repos seraient les adjectifs que je choisirais pour décrire cet endroit.


On m'a emmené visiter un parc naturel privé où il y avait aussi un zoo avec lions, loup, chacal, tortues, autruches, crocodiles et singes. Voir ces animaux derrière les barreaux ne m'a que peu intéressé. Voir de telles créatures devrait demander un minimum de recherche, de patience, de savoir et de savoir-faire. Le fait d'être en capacité de simplement échanger un billet contre un ticket pour poser nos yeux sur la représentation d'un animal sauvage n'est que pour moi voir le triste désir de l'homme d'affirmer son pouvoir et son contrôle sur la vie sauvage.

Kariba Dam
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Muli bwanji


Après un long trajet de bus dimanche depuis Harare du lever jusqu'au coucher du soleil, j'arrive enfin à Victoria falls, ville la plus proche des chutes Victoria du côté zimbabwéen. Au levé du soleil le lendemain matin, avant de me diriger vers la cataracte, je pars plus en amont pour me faire une randonnée dans le parc national des chutes victoria. Je marche alors seul dans le silence de la savane. Un silence agréable et accueillant, à la fois familier et étranger, troué de temps à autre par un oiseau qui se met à chanter, le doux murmure du vent, une antilope apeurée qui s'enfuit, des singes qui jouent, un vautour qui scinde le ciel par son vol evident ou d'autres bruits plus difficilement perceptibles laissant ressentir une présence furtive quelque part qui observe sans pour autant se laisser apercevoir. Mais cette marche fut aussi marquée par l'odeur. La fraîche odeur fécale des excréments. Celle qui t'indique qu'un imposant pachyderme est passé tout récemment là où tu te tiens. Celle qui te dis que non loin de là, quelque part derrière ces fourrés et ces arbres, le plus gros mammifère terrestre se tient debout et bien vivant.

Et bien-sûr il y a les babouins. Des êtres qui possèdent à la fois la mâchoire allongée et acérée du loup ainsi que sa taille et en même temps la mobilité, l'aisance et l'acrobatie du singe. Ils sont comparables aux pigeons de nos villes par leur proximité avec nous, raison de leur développement démographique par la nourriture que nous jetons et, involontairement, leur laissons. Mais contrairement à nos pigeons, les interactions que l'on a avec eux peuvent rapidement mal tourner si on ne montre pas assez de considération à leur égard. Je prends donc beaucoup de plaisir à m'arrêter, me poser dans le silence et le respect et les observer, les écouter, les admirer, tenter de les comprendre.


Une fois ma randonnée terminée je m'engage vers ce que certaines personnes ont décidé d'appeler : l'une des sept merveilles de la nature. Je traverse donc le Victoria falls bridge entre Zimbabwé et Zambie, entre Le Cap et Le Caire, sur la route de l'impérialisme de Cecil Rhodes. Depuis ce pont les gens se jettent dans le vide sans crainte. En effet il s'agit du plus haut spot de saut à l'élastique au monde. Je finis donc par arriver devant ces chutes où des quantités phénoménales d'eau se jettent fatalement à l'intérieur de ce long et étroit canyon. La puissance d'impact des jets est telle qu'elle fait remonter de grandes quantités de vapeur d'eau créant ainsi un épais nuage s'élevant dans les airs et générant une pluie continue aux alentours. "La fumée qui gronde" donne ainsi naissance en aval à une forêt humide tropicale, riche en verdure et en biodiversité. Cette forêt fait sévèrement contraste avec son environnement sec, pauvre et aride en cette saison sèche. Les chutes sont un oasis dans ce milieu stérile. Si la puissance des chutes semble plus que dominer et s'imposer comme éternelle en cette periode, c'est loin d'être le cas lorsque l'hiver prend fin en octobre où l'année dernière plus une seule goutte ne s'échappait de ces falaises asséchées. C'est tout le fleuve Zembèze qui vut sont débit drastiquement réduit laissant la majorité de la population sans électricité, dépendante en grande partie du barrage du lac Kariba, lui-même alimenté par le fleuve.


Mugone bwino chiloto

Arbre à saucisse
Saucisse
Trevor Sibanta
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Muli bwanji


Je suis très heureux d'avoir trouvé ici un club d'art martial et spécifiquement de MMA. Ulemu Fight Academy. Trouver un club c'est trouver une famille, trouver une accroche. Toujours bien accueilli, on y rencontre des individus portés par la même passion universelle venants tous de différents milieux, différentes cultures. Uni par les mêmes valeurs de respect, d'écoute et d'entraide, chacun y a sa place. C'est un lieu de partage où on apporte autant que l'on reçoit.


Je suis aussi allé sur un projet porté par l'ONU où Green-2000 y installe le système d'irrigation à Matope. Sortir de la ville pour se plonger dans la brousse m'est toujours plaisant. Quitter le tumulte incessant des rivières bétonnés et des forêts de briques pour trouver le calme apaisant de l'Afrique.


Tizaonana

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Experiments
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Muli bwanji


Mon temps en zambie est arrivé à sa fin. Ce fut une magnifique première expérience dans ce pays. De belles rencontres, de bons souvenirs qui m'ont construit et que je ramène avec moi au près des miens.

Je n'ai pas réussi à obtenir les résultats que j'avais en tête pour mon expérience. Je console cependant cette déception avec d'autres résultats inattendus au départ me permettant d'apporter mon aide à Mayo Agroservices quant aux économies en eau dont ils ont besoin de faire preuve face à l'épuisement actuel de cette ressource sur leur terre.

Je remercie chacune des personnes qui a participé de près ou de loin à mon expérience de ce pays en espérant les revoir un jour.


Tizaonana