Carnet de voyage

Une semaine à Mering en Bavière

10 étapes
8 commentaires
1 abonné
Dernière étape postée il y a 885 jours
Par Raph01
Bénéficiaire d'une bourse de mobilité Erasmus +, je pars à la découverte du Gymnasium de Mering et des habitants de la Bavière
Du 2 au 9 avril 2022
8 jours
Partager ce carnet de voyage
1
1
Publié le 25 mars 2022

Je n’en suis pas à ma première mobilité Erasmus +, et j'ai quelques kilomètres dans le monde au compteur, mais l'appréhension et l’excitation sont toujours là. Il faut dire que ce voyage a quelque chose de particulier après deux ans de pandémie COVID.

Dans une semaine je serai à la veille de mon départ pour la ville de Mering, située à 70 kilomètres de Munich en Bavière. Le choix de cette commune n'est pas le fruit du hasard. En effet elle est jumelée avec la ville d'Ambérieu-en-Bugey (dans l'Ain) depuis 1973 ; ville où je travaille et j’habite. Or Mering semble être la jumelle allemande. Je m'explique : une cité comparable en terme de population, disposant d'un établissement scolaire du secondaire (Gymnasium) et proche d'une grande ville (Munich) comme Ambérieu-en-Bugey l'est de Lyon.

Ville de Mering 

Le Gymnasium où je vais faire mon stage ne semble pas avoir son équivalent français et c'est justement pour cela que je veux m'y rendre. En effet mille questions traversent mon esprit : Comment les élèves sont accueillis ? Comment est gérée la structure ? Quelles sont les relations avec la région bavaroise ? Bref sans doute un fonctionnement bien différent de la France. Et puis aller à la rencontre de nos homologues allemands en charge de l'éducation, c'est aussi réfléchir à un partenariat et pourquoi à des échanges futurs. Après tout, tout est possible, même lorsque l'on ne parle pas allemand. Oui c'est le petit challenge supplémentaire : se rendre dans un pays dont on ne connait pas la langue. L'anglais reste le mode de communication universel, mais je suis curieux de voir si c'est vraiment le cas en dehors des grandes villes.

Heureusement pour moi, Bianca qui est professeur de français sera ma guide. De plus, durant mon séjour, je serai accueilli chez le Directeur du Gymnasium, un francophile d'après ce que j'en sais, soucieux de me faire découvrir sa région.

Plus que quelques jours donc pour me préparer avant le grand départ.

2
2
Publié le 2 avril 2022

Ça y est : le jour J est arrivé. Je suis à l’aéroport St Exupéry. Dans 2h30 je serai à Munich. Bianca, qui va être mon guide durant cette semaine à prévu de me faire découvrir la capitale bavaroise. Puis ce soir je rencontre mes hôtes : Angelika et Joseph, qui ont la gentillesse de m’accueillir chez eux. Curieusement je n’ai pas vraiment d’appréhension mais plutôt une grande excitation à la perspective de les rencontrer et découvrir une autre culture.

Aéroport Saint-Exupéry 
3

Après un départ retardé à Lyon Saint-Exupéry par la neige et le froid qui avaient gelé les ailes de l’avion, j’ai atterri à Munich en fin de matinée. Bianca qui m’attendait m’a aussitôt pris en main et conduit dans la capitale bavaroise. Après un repas typique arrosé d’une bonne bière (il ne pouvait pas en être autrement), nous avons passé l’après-midi à déambuler dans la ville.

La mairie de Munich et le Hofbräuhaus

En fin de journée j’ai été conduit chez mes hôtes Angelika et Joseph. Ces derniers m’ont chaleureusement accueilli avec leur fils Johannes. Lors d’un repas confectionné avec la plus grande attention, nous avons bavardé tantôt en français, tantôt en anglais sur les différences qui opposent le système éducatif allemand et le système français. J’ai été surpris d’apprendre que les enseignants ne bénéficient pas de soutien financier particulier lorsqu’ils s’investissent dans leur travail, et qu’ils doivent même participer financièrement aux frais des voyages scolaires au même titre que les élèves. Nous avons aussi abordé la question de l’échange possible entre nos établissements scolaires. Il paraît évident que s’il existait il ne pourrait pas se baser uniquement sur l’apprentissage de l’allemand et du français. En effet trop peu de nos élèves pratiquent la langue de notre voisin. Joseph a donc suggéré de travailler sur une relation qui se baserait sur une communication en anglais. C’est sans doute une piste à travailler. En attendant je vais passer ma première nuit à Augsbourg. Demain sera semble-t-il une journée consacrée à la découverte de la région bavaroise.

4
4
Publié le 3 avril 2022

Aujourd’hui Angelika et Joseph m’ont fait visiter les lieux emblématiques de la Bavière. Nous avons visité l’Eglise de Weis réputée pour être une des plus belles églises de style rococo dans le monde. Cet édifice du XVIIIe s est encore un haut lieu de pèlerinage dans une région d’Allemagne à 67% catholique. Puis nous avons pris une collation en dégustant un Oesterreichisch Bauernkrapfen, une galette au sucre préalablement frite.


Église de Weis et  Oesterreichisch Bauernkrapfen

Nous avons repris la route pour le château Linderhof, demeure du roi bavarois Louis II construite de 1874 à 1878. Ce monarque, mécène du compositeur Richard Wagner et admirateur de Louis XIV a fait édifier près de Oberammergau un palais inspiré de Versailles. Excentrique, Louis II tombera en disgrâce auprès du chancelier Bismarck.

Linderhof 

En poursuivant notre route nous nous sommes arrêtés à l’abbaye bénédictine d'Ettal, où Joseph avait effectué son service national civique. Ce vaste ensemble regroupe non seulement une abbaye au style baroque-rococo mais aussi un lycée avec internat.

Abbaye bénédictine d'Ettal

En fin de journée nous avons atteint Garmisch-Partenkirchen, station de ski réputée ayant accueilli en 1936 les Jeux olympiques d'hiver. Cette ville est aussi connue pour avoir été une étape sur la voie commerciale allant d’Augsboug à Venise. C’est encore aujourd’hui la route empruntée par les Allemands pour se rendre en vacances en Italie du nord. Les maisons offrent aux visiteurs des façades peintes témoignant de la vie spirituelle et folklorique de la Bavière. A ce sujet, il faut savoir que les tenues traditionnelles se vendent toujours et sont encore portées par les Bavarois, non seulement aux fêtes de la bière, mais aussi dans des fêtes de famille. Elles sont ce que les tartans sont aux Ecossais. D’ailleurs mes hôtes ont chez eux les habits folkloriques et n’hésitent pas à les porter pour les jours de fête.

Les maisons au façade peinte et les tenues bavaroises 
5

Je me suis rendu ce matin au Gymnasium de Mering et j'ai alors pu noter que le système allemand était bien différent du nôtre.

 Gymnasium de Mering

Le Gymnasium de Mering est l’équivalent d’une cité scolaire regroupant un collège et un lycée. Il dépend de l'Etat de Bavière et du département Aichach-Friedberg. L’éducation n’est donc pas nationale mais régionale, et c’est l’Etat bavarois qui définit les programmes scolaires. La Direction est composée du Directeur et de ses deux adjoints, et s’appuie sur les professeurs référents de chaque discipline pour l’organisation pédagogique. Elle assure la gestion administrative, avec l’aide de trois secrétaires qui accueillent les élèves et les professeurs. Le secrétariat a la charge de traiter les factures, ou du moins de les transmettre au département Aichach-Friedberg. La chaine de traitement est la suivante : le Gymnasium perçoit un budget qui est réparti entre les référents enseignants et ces derniers ont la charge de passer une commande auprès d’un fournisseur qui remet une facture (souvent papier) au professeur ou directement au secrétariat. Le secrétariat note la dépense et renvoie la facture au département qui paye le fournisseur. A la différence de la France il n’y a aucune obligation à disposer d’une facture numérique ou numérisée. Le budget porte essentiellement sur les besoins pédagogiques, dont le papier de reprographie. Toutes les autres dépenses, comme les contrats ou le chauffage sont directement gérés par le département. Un gardien est présent sur le site et peut intervenir pour les réparations urgentes en faisant appel à une société locale référencée par le département (du par exemple une vitre cassée doit être remplacée). Personne n’est logé sur place, pas même le gardien. Il faut juste habiter pas trop loin de l’établissement.

Le service de restauration est concédé à une entreprise privée chargée de préparer les repas pour les 250 élèves qui passent chaque jour. En règle générale les élèves finissent les cours 13 heures. Cependant pour chaque niveau jusqu’à la 3ème il existe une classe qui termine à 16h15. Cette classe assure la garde des enfants sur la journée complète. De ce fait les cours, les temps de pause et les activités sont répartis sur toute la journée. Les professeurs de chaque matière doivent donc être présents afin d’ aider les élèves à faire leurs devoirs durant les périodes où ils n’ont pas cours. Ce sont ces élèves qui déjeunent à la cantine. L’équipe de cuisine est composée ce jour de 3 personnes, qui travaillent à l’arrière de la zone de distribution. Le repas se compose d’un plat facturé 4,50 € parmi deux choix et payé via une carte de self. Les élèves qui le souhaitent peuvent à la place opter pour des snacks (bretzels, pizzas,…), et accompagner leur repas d’une boisson sucrée ou soda et d’une pâtisseries. L’accès est ouvert durant les récréations pour un encas.

La cantine 

Tous les lundis matin, se tient une réunion de direction avec le Directeur, ses adjoints et les professeurs référents dont la présence est jugée utile. L’objet est le plus souvent pédagogique, comme par exemple : répondre aux oppositions de certains enseignants sur le travail collaboratif visant à proposer des tests communs pour les élèves, qui irait à l’encontre de leur liberté pédagogique. Il n’y a pas de corps d’inspection. Ce sont les professeurs référents qui interviennent dans les classes, parfois accompagnés par le Directeur. Ce dernier continue d’enseigner 4 heures en plus de son rôle de chef d’établissement. Les professeurs ont toujours deux matières à assurer. Il n’existe pas de Vie scolaire qui prendrait en charge les élèves en cas d’absence de professeur. Les élèves ne peuvent pas non plus quitter l’établissement dans un tel cas. C’est un autre professeur, parfois d’une autre spécialité, qui prend en charge les élèves. Il existe aussi un temps d’enseignement ouvert dit de "paysage d’étude". Des placards sont accessibles aux élèves pour leur permettre de travailler en autonomie dans des petits box, sur des devoirs, accéder à des dictionnaires ou autres documents pédagogiques. Il n’existe pas de centre de documentation, mais seulement une petite bibliothèque pour emprunter quelques livres.

Le placard  de "paysage d’étude" et la bibliothèque 

L’enseignement de la théologie ne peut qu’interpeler le Français que je suis. En effet la religion fait partie de l’enseignement : catholique ou protestant. Le professeur aborde par le biais de la Bible des thématiques telles que la mort, la tolérance, etc. Afin de vérifier que l’enseignement est conforme aux dogmes de la religion, il peut être inspecté par un homme ou une femme d’église.

Il n’existe pas véritablement de conseil d’administration, seulement une réunion une fois par an avec le Directeur, 3 enseignants, 3 parents, 3 délégués élèves et un représentant du département. Les conventions pédagogiques, type partenariat, sont directement signées par le Directeur sans qu’il ait besoin de rendre compte. Il existe des conseils de classe et de discipline, mais pas de commission de sécurité. Un professeur référent pour la sécurité est désigné pour le Gymnasium. En cas de difficulté, le Directeur peut réunir une cellule de crise qui pourra gérer des situations dramatiques, et devenir le cas échéant une cellule psychologique.

Le Directeur a beaucoup à faire, notamment continuer de gérer la crise Covid qui se termine à peine et accueillir les réfugiés ukrainiens (environ une trentaine de jeunes).

En début d’après-midi, j’ai retrouvé Bianca qui m’a emmené à Ausbourg pour déjeuner. A cette occasion nous avons échafaudé quelques plans pour un partenariat possible entre nos deux établissements.

Centre-ville d’Augsbourg 
6
6
Publié le 5 avril 2022

Nouvelle journée au Gymnasium. Le Directeur a fort à faire avec l’accueil des réfugiés ukrainiens qui sont au nombre de 36 aujourd’hui. Il me fait part de ses difficultés à obtenir des enseignants ukrainiens pouvant prendre en charge ces jeunes. Il a fini par en obtenir 3. Le Directeur me précise que les "classes de bienvenue" ne sont implantées que dans les gymnasiums, et qu’il aura la charge réorienter les jeunes réfugiés dans des établissements scolaires adaptés à leur niveau et compétences. Mais la plupart souhaitent rentrer chez eux et n’ont pas forcément la volonté de s’installer en Allemagne. Il leur est difficile de s’imaginer devoir rester longtemps.

Des élèves mobilisés en soutien aux réfugiés  

L’une des adjoints au Directeur me reçoit pour me présenter les finances du Gymnasium. Cette personne est responsable de l’organisation des stages pour les étudiants qui viennent de l’université, de la formation continue du personnel professoral et de la cantine.

Le hall central du Gymnasium  

L’entretien des bâtiments relève de l’autorité départementale qui a conclu un contrat avec une société privée et qui intervient entre 16 et 18 heures. Par ailleurs l’autorité départementale fixe un budget annuel en fonction du nombre d’élèves, ce qui correspond à environ 20 000 € pour le fonctionnement pédagogique. Cette somme est répartie entre les différents référents pédagogiques. Un autre budget est attribué à l’établissement pour le fonctionnement général. Le papier de reprographie est pris en charge par les familles qui doivent s’acquitter chaque année à l’automne des frais de copies et de matériel. Ces sommes sont versées sur le compte bancaire du Gymnasium, sachant que ce dernier peut disposer d’un compte dans n’importe quelle banque. C’est le secrétariat qui gère au quotidien le budget et le compte bancaire, mais c’est le directeur adjoint qui dispose du moyen de paiement (carte bancaire). En cas d’activité pédagogique, c’est l’enseignant qui fixe lui-même le tarif de participation qui sera demandé aux familles. Il n’y a pas de subvention pédagogique attribuée par l’autorité départementale. Ce sont les associations de parents ou les organismes extérieurs (comme par exemple l’OFAJ) qui versent des dons ou subventions. C’est ainsi qu’un intervenant peut être financé, sachant qu’il ne peut intervenir que pour une matière et pas pour une classe.

Il y en fait une double gestion budgétaire. D’une part les dépenses qui relèvent de l’autorité départementale sont gérées via un logiciel fourni par celle-ci dénommé AKDB. Les secrétaires sont chargées de saisir la facture ainsi que les identifiants bancaires. À l’issue elles vont éditer un bordereau qui accompagnera la facture et qui sera adressée à l’autorité départementale pour que celle-ci procède au règlement du fournisseur. D’autre part, les sommes directement versées sur le compte bancaire du Gymnasium sont gérées par le secrétariat par un simple tableur Excel. Il n’y a aucun compte rendu adressé à l’autorité départementale. Le seul contrôle existant est celui réalisé par une commission de trois professeurs élus qui examinent les comptes une fois par an. Il n’est pas choquant de voir un enseignant qui organise une activité payante (par exemple un concert), récupère l’argent des familles en espèces et l’encaisse sur son compte personnel avant de transférer le montant équivalent sur le compte du Gymnasium. Ce mélange de fonds publics et privés est totalement inconcevable en France.

Travail pédagogique des élèves sur la Mer 

En dehors de ce budget d’activités, le Gymnasium n’a pas de fonds propres lui permettant par exemple d’acquérir un véhicule de service. Il ne lui est pas possible non plus d’obtenir la prise en charge des frais de déplacement professionnel, sauf en cas de formation professionnelle (dans ce cas c’est pris en charge par l’État de Bavière).

Concernant la cantine, c’est la Directrice adjointe qui a choisi la société qui gère les repas. Cette société travaille dans trois écoles et cuisine sur place avec un chef et trois agents. La gestion de la cantine porte sur l’organisation des passages et des mesures hygiéniques (COVID). Le choix s’est opéré sur la base de la qualité. Il n’y a pas de directives précises pour le respect des règles alimentaires, mais des règles générales du ministère de l’agriculture que l’entreprise doit s’engager à respecter. La société de restauration propose aux élèves ce qu’ils aiment manger. Elle propose chaque jour un menu avec et sans viande. C’est déjà une habitude ancrée dans la société allemande. Elle peut aussi adapter son menu aux restrictions alimentaires. Tout ce qui est produit est fait sur place et la part des produits bio est en augmentation à la demande des parents. Ces derniers doivent réserver le repas à l’avance, avec possibilité d’annulation 48 heures avant. La facture est envoyée aux familles à l’issue. L’élève peut toujours déjeuner en réglant en espèces. 20 % des professeurs déjeunent à la cantine. Ils doivent tous assurer la surveillance de la cantine à tour de rôle.

La salle de cantine  

Il existe un système d’aide sociale géré par l’autorité départementale. La famille ayant des difficultés financières doivent faire la demande auprès de celle-ci. Un système de bourse existe également. L’arrivée des réfugiés ukrainiens a posé des problèmes, car il n’a pas été possible d’obtenir des aides de l’autorité départementale pour gérer leur accueil. Pour l’instant ce sont les associations de parents qui apportent leurs dons.

En fin de matinée, Bianca m'a demandé d’intervenir dans sa classe de français devant ses élèves de Première. J'ai pu présenter mon lycée et échanger avec les lycéens. Ce fut un moment très sympa. Après le repas, Bianca m'a conduit à La Fuggerei, un quartier social fondé en 1521 par Jakob Fugger, un riche banquier de la ville. Homme pieux, il a créé à Augsbourg un ensemble de maisons destinées aux catholiques les plus pauvres, afin qu’ils puissent disposer d’un logement contre un gulden rhénan et trois prières par jour pour le fondateur et sa famille. Toujours occupées par des locataires, ces maisons de 60 m2 sont encore louées selon leur prix d'origine, soit 0,88 €.

La Fuggiere et l’intérieur d’une habitation  transformée en musée
7

Ce matin nous nous rendons directement à la commune d’Aichach où se trouve l’autorité départementale. Aichach est une petite ville où il peut paraitre étonnant d'y retrouver une structure politique et administrative de cette importance. Il semblerait que le choix de la localité réponde plus à des raisons historiques que pratiques. Pour essayer d’avoir un point de comparaison, il faut indiquer que l’autorité départementale équivaut à peu près en France a un mélange entre un Rectorat et une préfecture, puisque les citoyens de l’État de Bavière peuvent y demander leur carte grise.

L’autorité départementale  d’Aichach-Friedberg 

J’ai la chance d’être reçu par le directeur de l’éducation et le président de l’autorité, le Landrat, le Dr. Klaus Metzger. J’apprends ainsi que la décision de construire un établissement à Mering a été prise par l’État de Bavière en accord avec l’autorité départementale qui a accompagné l’édification du bâtiment, et que c’est le service construction qui a assuré le suivi des travaux, avant de passer la main en service éducation. Il faut savoir que lorsque le Gymnasium a été créé en 2017 il fallait qu’il soit rattaché administrativement un autre Gymnasium existant. Le choix le plus logique aurait été celui de Friedberg, mais la direction de cet établissement voyant d’un mauvaise œil l’arrivée d’un établissement scolaire concurrent, a refusé. C’est donc auprès du Gymnasium d’Aichach qu’il a fallu se raccrocher.

L’autorité départementale a donc en charge la gestion des bâtiments, les matériaux pédagogiques (manuels scolaires) et adresse des crédits pédagogiques au Gymnasium qui les utilise pour ses activités. À titre d’information pour 2022 le coût des bâtiments, dont l’équipement informatique, les contrats, la viabilisation représente 440 000 €. Quand un établissement exprime un besoin il adresse une demande à l’autorité départementale qui valide ou non.

La rencontre est malheureusement écourtée au bénéfice d’une réunion de crise à laquelle je suis invité. Deux thématiques sont abordées : la gestion du COVID et l’accueil des réfugiés ukrainiens. Tour à tour différents participants prennent la parole : le président des hôpitaux, le représentant des médecins, un militaire, un politique, une bénévole de la Croix rouge,.. La question des tests obligatoires à l’école jusqu’en mai revient fréquemment, ainsi que le port du masque. Puis est abordé le point sur la vaccinations y compris de la varicelle pour les réfugiés ukraniens. Plus de 1 000 personnes sont enregistrées à ce jour avec une réelle difficulté à les recenser. Où les accueillir ? En centres d’accueil ? Dans des gymnases ? Comment prendre en charge les enfants. A ce jour il appartient aux établissements scolaires de la zone de gérer 300 élèves de 6 à 17 ans, avec de réelles difficultés linguistiques et des interprètes surchargés. La réunion s’achève sur constats et des décisions locales que chacun doit désormais mettre en œuvre.

L’assemblée  

Avant de repartir le Directeur du Gymnasium et Bianca me font visiter la ville. Ils m’expliquent que le totem géant planté dans la cité est un arbre de mai représentant tous les corps de métiers de la ville, et que chaque 1er mail il donne lieu à une fête.

Aichach et l’Arbre de Mai 

De Retour à Augsbourg je visite rapidement la ville, mais la fin de la journée est déjà là et ce soir j’ai rendez-vous avec le maire de Mering, la ville jumelée. Lors d’un dîner dans le plus vieux restaurant de ce charmant petit bourg, nous abordons avec le Directeur du Gymnasium et Bianca la situation des comités de jumelage, leur avenir et les perspectives futures. Nous nous quittons en nous souhaitant nous revoir à l’occasion d’une rencontre en Allemagne ou en France et je rentre en cette fin de soirée satisfait de ma journée.

8
8
Publié le 7 avril 2022

De retour au Gymnasium ce matin, le Directeur m’explique que les parents sont libres de choisir le lycée qu’ils souhaitent et donc qu’une concurrence peut s’installer entre les gymnasiums. Les familles éduquées auront tendance à opter pour un lycée privée catholique ou protestant, ou certains gymnasiums proposant le latin comme première langue, excluant d’office les enfants de familles immigrées. En ce qui concerne le Gymnasium de Mering, il bénéficie d’une bonne réputation et d’élèves provenant de la ville de Mering, ville plutôt riche.

Dans la matinée, je retrouve Bianca pour étudier les modalités d’un partenariat entre nos deux établissements, puis elle me fait visiter le site qui dispose d’un équipement pédagogique très développé. Comme chaque Gymnasium, celui de Mering bénéficie d’un hall central pouvant se transformer en salle de réunion pour des présentations, et même des concerts, grâce à une scène escamotable accessible derrière le mur principal. Par ailleurs, des atriums permettent une pédagogie moins conventionnelle et des zones de travail, à chaque extrémité du bâtiment et sur tous les niveaux, offrent des espaces de travail collectif.

Le hall du Gymnasium 
De multiples espaces pédagogiques 

En début d’après-midi nous partons pour Augsbourg pour un rendez-vous avec les professeurs de français du Gymnasium dans un café de la ville. Je remarque avec étonnement que les enseignants prennent volontiers un gâteau et un café en guise de repas pour la pause méridienne, plutôt qu’un plat salé. Pour un Français habitué à un repas complet, je reste surpris par leurs habitudes alimentaires : un porridge ou des tartines de pain le matin, un encas léger (un plat) en début d’après-midi (il n’est pas rare de déjeuner à 14h) et un repas plus copieux le soir mais sans entrée, fromage, dessert et pain. Le café est cependant sacré pour un Bavarois mais toujours un café filtre avec un peu de lait.

Les céréales du matin 

En bonne compagnie, nous discutons des différences entre nos systèmes scolaires et étudions le projet de partenariat. Nous nous quittons en fin de journée, heureux de ce temps d’échange et d’amitié, dans l’espoir de bâtir dans les mois à venir des liens forts entre nos deux établissements.

9
9
Publié le 8 avril 2022

Direction Friedberg pour aller à la rencontre de la Directrice du Beruflich Oberschule et de son adjoint. Je suis encore une fois très bien accueilli et accompagne la Directrice pour une visite de l’établissement, plus ancien que le Gymnasium de Mering, mais plutôt bien équipé informatiquement. J’ai droit à une explication du système scolaire allemand et comprend que son établissement est l’équivalent d’un lycée technologique en France avec une année en alternance. Elle se plaint cependant de l’absence de personnel qualifié pour gérer les problématiques liées à l’infirmerie et à l’inclusion des élèves à besoin particulier. Même si, comme le Gymnasium, elle dispose d’un enseignant ayant un rôle de psychologue, cela n’est manifestement pas suffisant.

Beruflich Oberschule 

La matinée se termine, et le Directeur me conduit au centre de d’Augsbourg. Il m’explique que le nom de la ville vient de l’empereur Auguste et me fait visiter l’église Saint-Ulrich. L’évêque Ulrich a en 955 stoppé l’invasion bulgare, avant d’être canonisé. Au XVe siècle, la riche famille de banquiers Fugger assure le développement de la ville (la dynastie perdue encore) et en 1530, après l’arrivée de Luther, la confession d'Augsbourg autorise le culte catholique et protestant. Passée en temps sous le giron français avec le royaume de Bavière imposé par Napoléon, la ville redevient allemande.

Saint-Ulrich et Saint-Moritz 

Nous visitons l’Eglise St Moritz en centre-ville entièrement reconstruite après la Seconde guerre mondiale, tout comme la salle dorée de l’hôtel de ville.

La salle dorée de la mairie d’Augsbourg 

Après m’avoir laissé, je découvre l’histoire de la cité dans le Maximillien Museum où il est possible d’admirer des statues, des œuvres d’art et d’astronomie.

Le soir nous nous rendons au lac d’Ammersee, très prisé par les familles d’Ausbourg.

Lac d’Ammersee 
10
10
Publié le 9 avril 2022

Ça y est. C’est fini. Après une semaine passée en compagnie de mes hôtes allemands je rentre en France. Je reviens avec le plaisir d’avoir pu rencontrer d’autres Européens convaincus par la nécessité de maintenir une réelle amitié entre nos peuples. A travers leur système éducatif, bien différent du notre où mon métier n’existe pas, j’ai retrouvé la même volonté d’offrir à chaque élève les conditions d’une éducation de qualité. J’ai ressenti l’envie de poursuivre ce contact au delà de ces quelques jours, et même si ça peut paraître difficile c’est bien cet objectif que je souhaite atteindre. Après tout comme le disait Goethe : "On peut aussi bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent le chemin".