Après 1 mois et demi en Inde, je me suis envolé le 17 janvier pour Hanoï, la capitale du Vietnam. Mon aventure en Asie du Sud Est commencera ainsi par 15 jours dans le Nord du Vietnam.
Du 17 au 31 janvier 2018
15 jours
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L’aventure en Asie du Sud-Est commence avec le Nord du Vietnam, où la nationalité française me permet de bénéficier de 15 jours de visa gratuitement avant de me diriger vers le Laos. J’ai prévu de repasser 15 jours dans le Sud du Vietnam après le Cambodge en mai. Je suis arrivé à Hanoï le 17 au soir où j’ai eu le plaisir de retrouver et d’être héberger par Jessica, une amie qui était dans ma promotion au Magistère. Elle termine sa formation d’avocate et est actuellement en stage dans un cabinet à Hanoï. Une de ses amies de prépa, Marie-Aude, était également venue la voir pendant quelques semaines.

J’étais très heureux de changer d’atmosphère. Et pour du changement il y en a : la culture, la langue, la nourriture et les visages (moins bronzés, mais plus bridés …) ; cela redonne un petit coup de peps à mon aventure. J’ai commencé par 2 jours à Hanoï ; une ville chargée d’histoire car elle fut également la capitale de l’Indochine durant la période coloniale française. Je trouve d’ailleurs la ville beaucoup plus occidentalisée que les villes en Inde, avec de grands buildings, de nombreux espaces verts pour faire du sport, des bars, des boites, des restaurants … L’ambiance est beaucoup plus calme qu’en Inde, même avec les bataillons de motos et de scooters qui circulent en permanence. J’ai surtout visité les différents quartiers d’Hanoï et peu de musées par manque de temps, même si j’aurais adoré voir celui sur l’histoire du Vietnam. Je suis quand même allé voir le Temple of Literature qui fut la première université Vietnamien au XIème siècle et où Confucius enseigna en personne.

Malheureusement je n’ai pas pu me rendre au Mausolée où est visible la dépouille d’ Ho Chi Minh, le fondateur de la République démocratique du Vietnam, car ce n’est ouvert que le matin et il y a en conséquence beaucoup de queue.

J’ai adoré me perdre dans le Old Quarter, où l’on trouve toutes les petites ruelles commerçantes ainsi que le plus gros marché couvert, le Đồng Xuân Market. Cela correspondait exactement à l’image que je m’en faisais ; des petits magasins étroits qui vendent souvent la même chose. Pour manger, les petits « boui boui » (on remerciera Jess pour cette dénomination inédite), installent des petites tables et des chaises en plastique dans la rue. On a un peu l’impression de jouer à la dinette mais la variante asiatique, avec des baguettes. La nourriture vietnamienne est très saine : on trouve beaucoup de bouillons (les Pho) avec des herbes, des légumes, des nouilles mais également quelques mets plus « exotiques » pour nous : du chien, du serpent et des œufs fécondés (avec un début de fœtus). J’ai déjà testé ce dernier plat et ça ne casse pas trois pattes à un canard, pour rester dans le champ lexical des volailles. Je me suis également baladé autour des différents petits lacs du centre d’Hanoi (le Hồ Tây, le May Hồ Hoàn Kiếm et le Hồ Hoàn Kiếm) ainsi que les nombreux parcs et espaces verts où les Vietnamiens font beaucoup de sports. Le soir il y a des séances de gymnastiques et de danses dans les parcs et il y a souvent des installations pour faire des exercices musculations et de tonification. C’est qu’ils sont sveltes ces Vietnamiens !

Autour du Lac Hồ Tây, le temple Chua Tran Quoc
Le pont Long Bien, construit par G. Eiffel et détruit/reconstruit à de nombreuses reprises durant la guerre avec les Etats-Unis
Le Old Quarter et son marché couvert
Des Vietnamiens qui jouent au Badminton dans la cour d'un temple
Le beeeret (à dire avec l'accent vietnamien du Papy), un reliquat de la colonisation
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Durant le week-end, nous nous sommes rendus à la fameuse baie d’Ha Long avec Jess et Marie-Aude, qui se trouve à 4 heures de route d’Hanoï. Nous sommes plus précisément allés sur l’île de Cat Ba, la principale île de la baie où nous avons commencé par une ballade au sein du parc national le samedi après-midi. Le point noir de la journée réside dans la perte de mes lunettes de soleil, vraisemblablement oubliées dans le bus dont nous avons dû descendre dans la précipitation. Je vous demanderai d’observer une minute de silence pour ces fidèles camarades, disparues beaucoup trop. Moi qui étais pourtant tellement fier de n’avoir rien perdu pour l’instant …

Le lendemain fut la journée la plus intéressante : l’excursion en bateau. Nous avons commencé par traverser un village flottant de pécheurs avant de slalomer entre les géants blocs de calcaires de la baie de Lan Ha et d’Ha Long. Même si la brume et la fraicheur du mois de janvier s’étaient invitées, nous avons pu profiter des magnifiques paysages dignes des cartes postales.

La découverte de la baie s’est poursuivie en kayak à travers les petites lagunes cachées nous permettant de nous immerger au sein de la nature luxuriante. Cette petite balade était particulièrement agréable d’autant plus qu’à notre retour un repas typiquement vietnamien nous attendait sur le bateau.


Nous avons repris le bateau après le repas pendant une vingtaine de minutes, avant de s’arrêter pour laisser ceux qui le désiraient se baigner. Nous ne sommes que quelques-uns à avoir plongé dans les eaux fraiches et turquoise de la baie. On était quand même loin des grandes chaleurs estivales, nous nous sommes donc cantonnés à nager jusqu’à la plage puis à revenir. Pour finir, le bateau nous a déposé sur la Monkey Island qui porte bien son nom en raison de l'importante population de singe qui sont devenus des maîtres dans l'art de voler de la nourriture aux touristes naifs. Une fois au sommet de la colline sur l'île nous avons pu profiter d’une splendide vue sur une partie de la baie avant le retour au bercail.


Les filles sont reparties sur Hanoi en fin d’après-midi car Jess reprenait le taff lundi mais je suis resté une nuit de plus sur Cat Ba car il y avait une bonne ambiance. Après une soirée en compagnie de mecs de mon hostel, j’ai pris la direction de Ninh Binh le lendemain. Dans le bus j’ai rencontré un groupe de Français et une américaine avec qui j’ai passé le plus clair de mon temps à Ninh Binh. Au Vietnam, des touristes Français, il y en a partout ! C’est la colonisation de l’Indochine 2.0. On entend parlait le Français, ou la variante internationale : le Franglais, dans tous les côtés.

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La région de Ninh Binh est connue pour être la baie d’Ha Long terrestre car on y retrouve les mêmes pitons de calcaire comme plantés dans le paysage entre lesquels serpentent rivières et rizières. Nous n’avons malheureusement pas pu profiter du décor au summum de sa beauté car il est trop tôt pour que les rizières colorent le paysage. Cela ne valait donc pas le coût à mon sens de payer la balade en bateau très prisée par les touristes à Ninh Binh, le folklore résidant dans le fait que certaines villageoises rament encore avec les pieds. Nous sommes restés au village de Tam Coc, à l'écart de la ville de Ninh Binh même qui ne présente aucun intérêt.

Nous avons donc préféré louer des vélos pour arpenter la région, les pagodes et les temples tranquillement. Nous pouvions ainsi prendre de la hauteur pour admirer le paysage et profiter d’une belle journée ensoleillée. Depuis le sommet du Mua Cave Temple on a justement pu profiter d'une magnifique vue sur l'ensemble de la vallée. De même depuis la Linh Coc Pagoda, un petit temple datant du 14ème siècle.


Nous avons terminé notre ballade par ce qu'il reste de Hoa Lu, l'ancienne capitale du Vietnam entre 968 et 1010, durant trois dynasties. A vrai dire, il ne reste pas grand chose à part ... des temples ! Quelle originalité.


Le soir même je suis rentré sur Hanoï pour repasser une dernière soirée avec Jess, ses colocs et Marie-Aude. Il se trouve que le Vietnam venait de gagner le match de foot contre le Quatar et se qualifiait donc pour la finale de la coupe d’Asie. Il y avait donc énormément d’ambiance dans les rues. Tous arboraient fièrement des drapeaux vietnamiens et c’était une occasion rêvée pour eux de conduire encore plus vite sur leurs motos en chantant gaiment. En revenant du Old Quarter où le bus m’avait déposé j’ai pu profiter de l’ambiance. Je crois que beaucoup de jeunes ont passé leur soirée à faire le tour du centre-ville avec leur moto et leur drapeau.



A l’heure où j’écris ces lignes, le Vietnam vient de perdre la finale contre l’Azerbaïdjan et pour le coup on entend plus grand monde … Quelle déception, moi qui espérais avoir droit au bouquet final et m’attendais à les voir conduire avec les pieds en brandissant leurs drapeaux ! J’ai le sentiment d’être passer à côté d’un évènement exceptionnel.

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J’ai pris la direction de Sa Pa, une des principales villes des montagnes du Nord du Vietnam, qui culmine à 3100 mètres, au pied du mont Phan Xi Păng. Cette région est particulièrement connue pour ces treks dans les petits villages de montagnes, à travers les rizières en gradins. Pour m’y rendre j’ai pris un bus de nuit depuis Hanoï, mon premier bus de nuit au Vietnam dont l’aménagement diffère de ce que j’ai pu connaître en Inde. Il s’agit de siège inclinables avec un espace pour étendre ses jambes et non un lit à proprement parlé, c’est pas le Hilton mais on y dort plutôt bien.


Dès l’arrivée à Sa Pa, le lendemain matin vers 6 heures du matin, des villageoises attendaient à la sortie du bus pour proposer des treks. Je n’avais volontairement rien réservé car je voulais pouvoir faire un trek avec des locaux et non les excursions hyper touristiques proposées par les hôtels et les agences. Je voulais de l’authentique et en voyant ces villageoises en tenue traditionnelle qui tentaient désespérément de communiquer avec nous dans un anglais très approximatif, j’ai compris que j’allais trouver mon bonheur ici. Dans cette région reculée du Vietnam, à une centaine de kilomètres de la frontière chinoise, vivent de nombreuses différentes ethnies : Tày, Muong, Hmong ... Le Vietnam est un pays particulièrement multiethnique, notamment dans le Nord du pays. Ces ethnies vivent dans les villages des montagnes, parlent un dialecte local, portent des tenues traditionnelles et ont un mode de vie encore très rural avec leurs différentes traditions.


Je n’avais pas prévu de faire un trek dès mon arrivée à Sa Pa mais après un coup d’œil sur les prévisions météos, ces dernières m’ont bien refroidies (c’est le cas de le dire …). J’ai rencontré un couple de canadiens dans un restaurant (où je suis allé gratté la wifi …) et nous nous sommes décidés pour faire un trek dès le jour même tant qu’il faisait encore beau. Il se trouve que j’avais discuté avec une villageoise, Mama Kay, quelques minutes auparavant, qui m’avait proposé un trek de deux jours en dormant chez elle dans un petit village nommé Hau Thao. Une vingtaine de minutes plus tard nous partions en compagnie de Mama Kay en direction des petits chemins de montagne. Notre guide était adorable, elle avait appris l’anglais au fur et à mesure afin de pouvoir communiquer avec les touristes. Ca veut dire qu’on ne comprenait pas toujours ce qu’elle voulait dire ... Parfois elle plaçait d'ailleurs incognito quelques mots français au milieu des phrases. Je me souviendrai toujours de son rire particulièrement communicatif.


Après 5 heures de marche, parfois assez physique, nous avons atteint son petit village perdu dans les montagnes. Durant l’ascension, nous pouvions déjà profité de la vue sur la vallée et sur les rizières en gradin. Janvier n’est pas la meilleure saison pour faire le trek car les rizières ne sont pas encore jaunes ou vertes, les paysages perdent ainsi un peu de charme. A vrai dire les rizières sont justes de grosses flaques d’eau ou de boue, pour le plus grand bonheur des canards et des cochons et non du notre. Mama Kay vit dans une ferme perchée à fleur de colline avec de nombreux pensionnaires : cochons, chiens, chiots, chats, chèvres, canards et buffles.

Le soir nous avons pu profiter d’un repas typique à base de produits locaux. C’était un vrai festin, même si j’étais incapable de réellement identifier la moitié des plats … Nous avons terminé la soirée tous ensemble en compagnie d’une charmante bouteille de « happy water », un alcool de riz fait artisanalement par le mari de Mama Kay.


Le lendemain nous sommes redescendu à Sa Pa mais en empruntant cette fois-ci les chemins qui traversent les petits villages et les rizières. Certaines villageoises nous suivaient sur plusieurs centaines de mètres en espérant pouvoir nous vendre une de leur écharpe ou de leur chemise. Ce qui ternissait de suite le côté authentique des villages et rajoutait un méfait de plus au développement touristique de ces régions.


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Je suis resté deux nuits de plus à Sa Pa ce qui m’a permis dimanche de me rendre au marché hebdomadaire de Bac Ha. Bac Ha est un village situé au Nord de Sa Pa, pas très loin de la frontière avec la Chine, où a lieu tous les dimanches un marché rassemblant les ethnies de toute la région. Les villageois descendent de leur village pour venir acheter ou vendre des fruits, des légumes, de la viande, des outils, des habits et des animaux. C’est surtout le rassemblement hebdomadaire pour tous ces villageois et les plus jeunes viennent également y chercher l’âme sœur. J’y ai passé une partie de la journée à déambuler à travers les différentes allées.




Le marché aux vaches/buffalos
Le marché aux chiens, l'histoire dira si ils serviront pour chasser le dînée ou si ils seront le dînée ... 
Cette photo représente bien le coin boucherie du marché où tout le monde tripote la viande allégrement

Je suis ensuite allé voir un village dans les alentours où j’ai pu voir un villageois qui préparait justement de la happy flower, communément appelé Lao Lao.




Et le bus s’est également arrêté près d’une résidence construite au début du siècle par un bourgeois de la région. La bâtisse est particulière car elle fut dessinée et construite par un architecte française et un architecte chinois, ce qui donne un étrange mélange des genres qui n’en perd pas moins de son charme.


La journée s'est enfin finie avec un arrêt près de la frontière chinoise, la Chine étant de l'autre côté du pont.

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Le temps étant de plus en plus mauvais à Sa Pa et la fin de visa approchant à grands pas, je me suis rapproché de la frontière avec le Laos. Ma dernière destination fut Dien Bien Phu. Cette localité sonne comme une défaite pour nous et pour cause, ce fut le lieu où les Français perdirent la dernière bataille contre les forces indépendantistes Vietnamiennes en 1954 mettant fin à la présence française en Indochine. L’armée Française était mieux armée que celle Vietnamienne, mais l’erreur fut de sous-estimer la détermination des Vietnamiens en pensant qu’ils n’arriveraient pas à traverser l’épaisse jungle entourant Dien Bien Phu. Les Vietnamiens déterminés à obtenir leur indépendance (et on peut les comprendre) ont réussi à transporter leurs pièces d’artillerie à travers la jungle pour ensuite tranquillement bombarder les positions françaises depuis les montagnes. Les officiers français avaient à l’époque omis un léger détail : les Vietnamiens connaissaient ce terrain largement mieux qu’eux. Pour les Vietnamiens, Dien Bien Phu est une fierté nationale et un musée explique en détails cet épisode historique. Après le musée, je suis allé au cimetière militaire ainsi que sur la colline où ont eu lieu les derniers combats. On y trouve encore les tranchées creusées par les français et les bunkers de commandement, ainsi que des chars français.


En bon Français, Dien Bien Phu acheva ma présence au Vietnam. Le temps (dans tous les sens du terme) ne me permettant de voir plus, j’ai pris un bus le 30 en direction du Laos.