J’ai pris la direction de Sa Pa, une des principales villes des montagnes du Nord du Vietnam, qui culmine à 3100 mètres, au pied du mont Phan Xi Păng. Cette région est particulièrement connue pour ces treks dans les petits villages de montagnes, à travers les rizières en gradins. Pour m’y rendre j’ai pris un bus de nuit depuis Hanoï, mon premier bus de nuit au Vietnam dont l’aménagement diffère de ce que j’ai pu connaître en Inde. Il s’agit de siège inclinables avec un espace pour étendre ses jambes et non un lit à proprement parlé, c’est pas le Hilton mais on y dort plutôt bien.
Dès l’arrivée à Sa Pa, le lendemain matin vers 6 heures du matin, des villageoises attendaient à la sortie du bus pour proposer des treks. Je n’avais volontairement rien réservé car je voulais pouvoir faire un trek avec des locaux et non les excursions hyper touristiques proposées par les hôtels et les agences. Je voulais de l’authentique et en voyant ces villageoises en tenue traditionnelle qui tentaient désespérément de communiquer avec nous dans un anglais très approximatif, j’ai compris que j’allais trouver mon bonheur ici. Dans cette région reculée du Vietnam, à une centaine de kilomètres de la frontière chinoise, vivent de nombreuses différentes ethnies : Tày, Muong, Hmong ... Le Vietnam est un pays particulièrement multiethnique, notamment dans le Nord du pays. Ces ethnies vivent dans les villages des montagnes, parlent un dialecte local, portent des tenues traditionnelles et ont un mode de vie encore très rural avec leurs différentes traditions.
Je n’avais pas prévu de faire un trek dès mon arrivée à Sa Pa mais après un coup d’œil sur les prévisions météos, ces dernières m’ont bien refroidies (c’est le cas de le dire …). J’ai rencontré un couple de canadiens dans un restaurant (où je suis allé gratté la wifi …) et nous nous sommes décidés pour faire un trek dès le jour même tant qu’il faisait encore beau. Il se trouve que j’avais discuté avec une villageoise, Mama Kay, quelques minutes auparavant, qui m’avait proposé un trek de deux jours en dormant chez elle dans un petit village nommé Hau Thao. Une vingtaine de minutes plus tard nous partions en compagnie de Mama Kay en direction des petits chemins de montagne. Notre guide était adorable, elle avait appris l’anglais au fur et à mesure afin de pouvoir communiquer avec les touristes. Ca veut dire qu’on ne comprenait pas toujours ce qu’elle voulait dire ... Parfois elle plaçait d'ailleurs incognito quelques mots français au milieu des phrases. Je me souviendrai toujours de son rire particulièrement communicatif.
Après 5 heures de marche, parfois assez physique, nous avons atteint son petit village perdu dans les montagnes. Durant l’ascension, nous pouvions déjà profité de la vue sur la vallée et sur les rizières en gradin. Janvier n’est pas la meilleure saison pour faire le trek car les rizières ne sont pas encore jaunes ou vertes, les paysages perdent ainsi un peu de charme. A vrai dire les rizières sont justes de grosses flaques d’eau ou de boue, pour le plus grand bonheur des canards et des cochons et non du notre. Mama Kay vit dans une ferme perchée à fleur de colline avec de nombreux pensionnaires : cochons, chiens, chiots, chats, chèvres, canards et buffles.
Le soir nous avons pu profiter d’un repas typique à base de produits locaux. C’était un vrai festin, même si j’étais incapable de réellement identifier la moitié des plats … Nous avons terminé la soirée tous ensemble en compagnie d’une charmante bouteille de « happy water », un alcool de riz fait artisanalement par le mari de Mama Kay.
Le lendemain nous sommes redescendu à Sa Pa mais en empruntant cette fois-ci les chemins qui traversent les petits villages et les rizières. Certaines villageoises nous suivaient sur plusieurs centaines de mètres en espérant pouvoir nous vendre une de leur écharpe ou de leur chemise. Ce qui ternissait de suite le côté authentique des villages et rajoutait un méfait de plus au développement touristique de ces régions.