Dernier lever sous le soleil africain ! C'est un jour bien particulier tout de même, la fin d'une épopée de vie et du voyage. 36 mois que nous n'avons pas remis les pieds en France et 12 ans que nous n'avons pas vu un printemps français. Beaucoup d'émotions se mêlent, les souvenirs de nos débuts africains, au Maroc, ressurgissent dans cette ambiance de médina. Que de chemin parcouru depuis 2010, ce continent nous a changé, il a laissé des traces indélébiles dans nos mémoires.
Nous retournons voir le vendeur de tissus pour récupérer le pantalon d'Edouard et nous entreprenons de trouver des chaussures maasaï fabriquées en pneu. Nous faisons le tour du quartier, nous trouvons les chaussures de maasaïs aux pieds de ces derniers, mais celles qui vendent sont de banales claquettes en faux cuir, made in china.
Après avoir interrogé quelques commerçants, pour savoir où en trouver, nous prenons un tuk-tuk pour nous y rendre. Le chauffeur, adorable, à qui nous expliquons ce que nous cherchons, décide de bifurquer pour aller dans le quartier résidentiel maassaï. Gauche, droite, ruelle en terre, droite, trou, gauche et voilà quelques maassaïs devant le perron de leurs modestes bicoques. Ils expliquent au chauffeur où leurs propres chaussures sont fabriquées. Et nous voilà repartis pour un tour. Nous arrivons dans une rue où des hommes sont en train de rechaper des pneus. Pendant que notre chauffeur va se renseigner sur le prix des tongues, Stanislas part au plus près de l'action.
Le chauffeur revient avec une paire, trop petite pour Edouard, nous négocions le prix, car le chauffeur connait les tarifs. Finalement, ils décident d'en fabriquer une paire sur mesure. La matière première provient des pneus de chariots élévateurs. Dans un labyrinthe de cabanes, se trouve un artisan, mal installé sur son tabouret, entouré de bazar, qui enchaine la fabrication des chaussures. Ils sont tous aux petits soins avec nous, ils nous lavent nos tongues, (ce qui nous met mal alaise, mais il n'en va pas autrement pour eux). Nous les achèterons 500 shillings (4 €) la paire, il paraît que nous avons été généreux !
Une fois notre mission achevée, notre sympathique chauffeur de tuk-tuk nous ramène à la maison, pour finir nos bagages et manger. La fermeture éclair d'un sac lâche au dernier moment, heureusement nous avons du scotch !
Nous cherchons à commander un taxi pour 14h45, les Ubers ont de petites voitures et tous nos bagages ne pourront pas rentrer. Le taxi qui a l'habitude de travailler avec les clients de la maison n'est pas joignable, du coup nous en trouvons un autre avec l'aide du propriétaire des lieux. À 15h, le chauffeur de taxi n'arrive toujours pas à trouver l'endroit où nous nous trouvons et en plus il nous annonce que sa voiture est trop petite et qu'il en faudra deux ! Nous décidons de tout annuler avec lui. Nous rappelons le taximan habituel qui s'était manifesté entre temps. Il arrive à 15h30, sachant qu'il y a au minimum 30 minutes de route pour l'aéroport et que notre vol est à 17h30, nous ne sommes pas sereins coté timing !
Nous arrivons à l'aéroport de Mombasa à 16h15, l'aéroport est désert, il faut présenter nos tests PCR, remplir le formulaire en ligne de l'Union Européenne indiquant l'intégralité de notre trajet en avion avec les escales. À 16h45 nous embarquons, les passagers sont déjà tous dans l'avion. Nous attendrons 45 minutes avant de décoller, à l'heure.
Nous survolons Mombasa et le littoral kenyan au coucher du soleil.
Nous atterrissons à Addis Abeba à 20h. La boucle est bouclée, nous avions décollé d'ici pour nous rendre à Cape Town le 17 décembre 2020. Maintenant il va falloir patienter car le vol pour Paris décolle à minuit.
Addis Abeba est le 3ème hub africain, après Johannesburg et Le Caire. Au fur et à mesure de la soirée, les voyageurs affluent de toute l'Afrique pour rejoindre leurs correspondances vers les capitales européennes ou asiatiques. Entre autres, nous croisons de jeunes marins bretons qui travaillent sur les bateaux de pêche au large des Seychelles et qui rentrent pour leur mois de repos.
Les enfants, finissent par s'endormir, face à la piste, sur les sièges de l'aéroport.
Nous réveillons les enfants au dernier moment, une fois que l'avion est bien rempli et qu'il ne reste que quelques passagers à embarquer. C'est toujours un moment assez compliqué pour Stanislas, se faire réveiller au milieu d'un cycle de sommeil, il est d'une humeur massacrante !
Ma voisine est Gabonaise, elle rejoint sa fille qui a été évacuée sanitaire vers la France. L'assurance paye le vol Air France pour sa fille, mais pour elle c'est beaucoup trop cher, du coup elle emprunte Ethiopian Airlines et va découvrir la capitale française pour la première fois de sa vie.
Nous atterrissons à 7 h à Paris, comité d'accueil des douanes qui contrôlent l'identité de chaque passager, puis comptoir de l'immigration avant de rejoindre le tapis des bagages. Papi ours (Pascal) nous attend au terminal des arrivées, les enfants sautent dans ses bras.
Il fait 4°C dehors, gros choc thermique ! Il va aussi falloir se réhabituer à rouler à droite ! Nous arrivons en milieu de matinée en Sarthe, chez Pascal et Sylvie, qui nous accueillent pour les semaines à venir, le temps de trouver du boulot en France !
NOTRE KENYA
Nous sommes restés 53 jours au Kenya, en parcourant 2430 km. Nous sommes arrivés depuis l'Ouganda à l'ouest par la petite frontière de Suam et nous avons décollé à l'aéroport de Mombasa.
Le Kenya nous a surpris par son effervescence et son dynamisme économique. Il est largement plus développé que tous les autres pays traversés, à l'exception de l'Afrique du Sud. C'est un pays où l'agriculture est omni présente, mais où la vie sauvage n'est jamais très loin. Deux écosystèmes qui doivent cohabiter.
La faune, parlons-en ! Nous n'avons fait qu'un seul parc national, le Maasaï Mara, les entrées sont chères, mais les félins y sont en nombres. Nous verrons notre première chasse du voyage, celle de 3 guépards, une immersion dans un documentaire animalier. Quel spectacle ! Chaque animal est dépendant l'un de l'autre, comme dans chaque chaine alimentaire. La nature est sans pitié, chacun a ses forces et ses faiblesses pour faire perdurer son espèce.
L'agriculture est une richesse pour le Kenya, elle représente 25% de son PIB (2% en France), une partie est exportée (thé, fleurs, café,...) et l'autre permet aux kenyans d'avoir une souveraineté alimentaire. Les supermarchés regorgent de fruits et légumes produits localement. Il y a une agriculture paysanne, avec de petites parcelles de pâturage ou de cultures (vivrières et de rente) et une agriculture intensive avec presque les mêmes cultures que chez son voisin Ougandais, la canne à sucre, le blé, le maïs, le café, le thé et les fleurs.
C'est un pays où l'on voit la fracture entre les campagnes et les villes, les grandes villes donnent accès à l'éducation, à la contraception, à la santé, à la consommation dans des supermarchés flambants neufs. Tandis qu'à la campagne, il faut cultiver son lopin de terre, où la pluie se fait attendre pour nourrir le bétail ou les hommes. Une fois de plus la population est très exposée aux changements climatiques, notamment par l'absence d'irrigation des cultures.
Nous avons particulièrement apprécié la mixité de la société kenyane, les différents groupes de populations ne se mélangent peut-être pas en privé, mais ils vivent ensemble, font des activités ensemble, grâce à une classe moyenne importante (16% (Fraym 2018)). Les kenyans sont curieux, de notre voyage et posent de nombreuses questions.
Ici aussi les chinois ont signés des contrats pour développer les infrastructures de communication. Les routes sont particulièrement étroites et anciennes. Une voie de chemin de fer a été refaite entre Mombasa et Nairobi et à terme elle ira jusqu'à Naivasha pour permettre aux habitants de la capitale en quête de verdure de venir passer le week-end, ou pour que les fleurs soient acheminées jusqu'à l'aéroport avant de s'envoler vers l'Europe.
Une autre spécificité kenyane, ses ethnies visibles, moins nombreuses qu'ailleurs, avec une politique d'intégration différente de la Tanzanie. Ils sont souvent nomades, mais les maasaïs sont intégrés dans les écoles. L'état installent des infrastructures pour essayer de les sédentariser, pour mieux "les maitriser". La démographie galopante met en péril leur mode de vie, car l'eau et la terre doivent être de plus en plus partagés.
Toutes nos visites chez mes anciennes connaissances ont été un réel plaisir, les revoir 20 ans plus tard, inimaginable, surtout Ben, que je pensais mort ! Découvrir et passer du temps avec Adrien et sa famille, une belle escale.
Nous avons voyagé au Kenya, différemment que dans les autres pays. Il nous restait peu de temps, donc nous avons préféré profiter de quelques escales que de multiplier les kilomètres pour découvrir ce pays aux multiples facettes. Nous sommes restés longtemps sur la côte (moins sauvage que le Mozambique) à profiter de la mer et de la plage. Le comportement et l'intérêt des enfants lorsqu'ils se baladent en bord de mer en dit long sur tout ce qu'ils ont intégré pendant ce voyage, sur la nature, qui est notre substrat de vie.
Voilà c'est fini, plus de mail pour vous alerter qu'un nouvel épisode vient de paraître. Merci à tous pour vos gentils retours concernant ce blog qui semble vous avoir dépaysé, instruit, amusé, ému,... Merci aux lecteurs assidus ou non, à ceux qui n'ont regardé que les photos, ça a été un réel plaisir de vous partager ces moments et de vous avoir fait découvrir un bout de ce continent africain à travers notre angle de vue et notre regard.
Ce voyage a été une très belle aventure humaine et familiale, nous laissant des souvenirs indélébiles. Il a été une richesse pour nos enfants, qui ont pris confiance en eux et confiance aux autres. Ils savent s'émerveillent et s'interrogent face à leur environnement, face au monde qui les entourent. Finalement l'Afrique n'était pas hostile si l'on savait l'écouter et la regarder !