De bon matin se faire bousculer par un alpiniste hautain, les cordes sur le sac :
"Jamais vous n'y arriverez avec votre sac trop lourd" - "Je me le ballade avec depuis 15 jours, je tiendrai bien une semaine de plus."
Et dire qu'à la base, je lui ai juste dit "Bonjour".
Je suis la première à quitter le refuge, j'aime partir tôt et profiter de la fraicheur matinale pour avaler le plus possible de dénivelé positif.
Le sentier est agréable et je ne verrais pas passer les 1200m de dénivelé. Le GR10 "officiel" ne passe pas par le sommet du Canigó, je le quitte donc vers 2017m pour rejoindre le refuge non-gardé d'Arago (2123m). Je double les "bivouaqueurs" qui ont passé la nuit là.
Refuge AragoLe chemin se raidit rapidement et j'arrive dans les pierriers. La soleil se reflète sur la croix sommitale du Canigó, je commence à appréhender la fameuse cheminée.
Brèche Durier - Sommet du CanigóC'est un peu compliqué d'arriver au pied de la Chemineé (2696m). Il n'y a pas vraiment de chemin mais pleins de pierrailles non-stabilisés, ça glisse un peu mais je me guide en restant dans les pas d'un randonneur que je vois au loin.
La Cheminée J'y suis, je respire un bon coup, je range mes bâtons dans mon sac et j'y vais. Je fais attention aux possibles chutes de cailloux provoquées par d'autres randonneurs mais je suis bel-et-bien seule dans la cheminée. Je suis les points jaunes qui indiquent le bon passage. Finalement, cette cheminée est bien moins impressionnante que peu le faire penser sa réputation. La première partie ne comporte pas vraiment de difficulté, ça passe bien partout. Ca se complique sur la seconde partie mais les prises sont bonnes et larges. J'arrive au sommet sans trop de difficultés et sans avoir jeté un coup d'œil en contrebas.
Vers le Plan de Cadi que j'ai traversé Au sommet, je suis accueillie par une famille avec de nombreux enfants et par un drône qui siffle au dessus de nos têtes pour filmer cette "incroyable sortie familiale". Je peux dire adieu à la tranquillité espérée.
Enfin sur le Seigneur Catalan (2784m) ! Une photo souvenir accrochée à la croix puis je m'installe pour passer du temps au sommet comme j'apprécie à le faire.
La fille qui ne pouvait pas y arriver avec son sac trop lourd Deux des gosses s'amusent à jeter des pierres en haut de la Cheminée, je me lève pour leurs demander d'arrêter (comprenez :"les engueuler") quand le papa me devance mais sans trop de convictions quand même,. Il les reprendra encore deux ou trois fois !
Les inconscients partent en montagne, sans aucun respect pour la sécurité des autres.
Martin, rencontré la veille au refuge arrive au sommet et nous avons le plaisirs de voir le drône de la grande famille se crasher, enfin, plus de sifflements insupportables. Non, ce n'est pas sympa de se réjouir de malheur des autres mais je suis plutôt contente quand ils redescendent, on gagne de la place et du silence.
Depuis le sommet La vue est fantastique, malheureusement, le temps est couvert et nous ne verrons pas la mer. Je dois rester deux heures à profiter là haut. Des GRdistes et randonneurs passent, on échange quelques mots, pour certains, on se retrouvera le soir.
En pleine étude de la table d'orientation, on me fait sursauter : Laurent ! Je ne pensais pas le revoir. On fête nos retrouvailles en improvisant une valse sur le sommet avant d'entamer la descente ensemble, chassé du Canigó par les premières gouttes de pluie.
Vers le nordRapidement, je dois me rendre à l'évidence, j'ai un gros problème: la semelle de ma chaussure gauche est entrain de se faire la malle.
Il reste 5 jours de marche et je ne veux pas quitter le GR10 pour m'en acheter une autre paire. Et puis, j'y tiens à mes Meindl, je ne peux pas m'en débarrasser comme ça.
Sur la descente sur retrouve le GR10 officielJe croise Pierre que j'arrête. Ce gars est incroyable, son sac est immense. Il a tout. Vraiment tout. C'est une épicerie ambulance : pack de farine, beurre en plaquette de 500g, pots de miel ou de confiture en verre...
Je tente :"Tu n'aurais pas du scotch épais pour une réparation maison ?" - "Oui"
Il est génial.
Ce problème provisoirement réglé me permet d'apprécier ma descente.
De droite à gauche : la Canigó, la brèche Durier et les crêtes du BarbetEt me voilà arrivée au refuge des Cortalets (2150m). Du beau monde est déjà attablé avec une bière, je les rejoins en attendant le reste de "l'équipe".
Finalement, il n'y aura pas grand monde ce soir au refuge. Flo organise une partie de "Bataille Norvégienne" au début, entre nous, puis, on convie d'autres randonneurs pour une partie géante. Finalement, on mangera tous ensemble et on finira la soirée dans les rires.
Avec surprise, je retrouve mon alpiniste hautain au refuge, toujours ses cordes sur le dos mais je comprends qu'il est arrivé en 4x4 "les conditions étaient mauvaises".