Jeudi 19 juillet 2018. 1769 km et 63 jours de marche ...
La journée fut très calme , reposante avec farniente et bronzette à la plage. On différencie facilement sur la plage, les Pèlerins des autres touristes avec les marques de bronzage bien spécifiques au niveau du bas des jambes avec la marque des chaussettes, du short et du maillot.
Il est 19h00, avec Isabelle nous quittons notre albergue et partons en direction du Cap Finisterre (Cabo Fisterra). Je savoure les derniers kilomètres. C’est mythique de voir le couché de soleil à cet endroit. Autrefois les Pèlerins brûlaient leurs habits ,chaussures... sur les rochers au bord de l'océan mais à ce jour ils ne sont plus guère nombreux ceux qui brûlent encore leur tenue . Nous ne sommes pas seul au contraire, de nombreux Pèlerins marchent devant et derrière nous.
Nous avons emporté notre pique-nique avec nous et devons escalader les rochers pour trouver un emplacement de rêve au milieu de tout ce monde. Ca chante, ça rigole en attendant la descente du soleil dans l'océan. Les couleurs sont sublimes.
Nous redescendrons à Fisterra vers 23h30 pour dormir.
Des Pèlerins mais aussi des touristes arrivent en nombre et s’assoient sur les rochers pour attendre le coucher du soleil Moments d’émotions, de plénitude, de joie mais aussi de soulagement , je suis arrivé au bout du chemin...Fisterra là où se fini la terre ... Vendredi 20 juillet 2018
Vers 10h00, nous prenons le bus en direction de Santiago sans marcher jusqu'à Muxia car il n'y a pas de navette de bus Muxia - Santiago en fin d’après-midi. C'est pas grave, le compte est bon, je ne veux pas manquer le retour en France prévu ce samedi.
De retour à Santiago, il y a beaucoup d’animations dans les rues. En fin d'après-midi nous retrouvons Joseph pour prendre notre dernier repas ensemble. Ensuite vers 23h00, nous profitons d'un concert de musique et de culture galicienne puis à minuit sur la place de la cathédrale un spectacle de lumières est projeté sur les façades sur le thème de St Jacques .
Spectacle des illustrations sur le thème des Pèlerins Les Chœurs de femmes La Voz de Galicia Samedi 21 juillet après avoir quitté notre chambre d'hôtel dans la matinée, nous nous dirigeons à pied vers la gare routière de Santiago pour prendre un bus à 12h30 et rentrer à la maison. J'ai réservé sur internet les billets du retour auprès de Ouibus. Finalement, c'est la société nationale Espagnol Alsa qui affrétera un bus pour le compte de Ouibus. Nous voyageons en direction de San Sébastian. A minuit, nous changeons de bus à la gare routière et repartons aussi vite avec un nouveau bus toujours de la société ALSA et direct jusqu'à Dijon en passant par St Etienne, Lyon . Après Dijon, ce bus continue jusqu'à Munich.
C’est parti pour 24h de voyage avec des pauses régulières. Ca va peut être nous paraître long, ai-je fait le bon choix avec ce bus ? je doute mais c'est trop tard pour changer ...
En prenant la direction de San Sébastian, nous passons en bus à proximité d’une bonne partie du camino del Norte . Le nez collé à la vitre, je reconnais certains passages précis où je suis passé et c'est à ce moment là que je réalise concrètement la distance parcourue, l’intensité des efforts fournis chaque jour car jusque là je n'avais pas vraiment conscience de ce que j’étais en train de réaliser. J’étais dans ma bulle, j’avais l’impression d’avancer lentement même si je savais parfaitement les kilomètres parcourus chaque soir mais je n’imaginais pas que ça représentait une telle distance. C’est ce voyage en bus qui m’en a fait prendre conscience . Finalement, je ne regrette pas d'avoir choisi le bus pour rentrer, le temps passe vite … je montre mes photos à Isabelle, je lui raconte mon aventure sur le chemin ...
Départ de Santiago en bus et arrivée à Dijon En résumé, malgré des conditions météo pas toujours très bonnes : neige exceptionnelle le 14 mai pour mon départ le 16 mai au Puy en Velay avec des arbres en travers du chemin, la pluie en abondance et donc la boue et son cortège de moustiques, des inondations avec des ruisseaux et rivières à traverser à gué ou à contourner, des orages et coups de tonnerre qui m’ont fait très souvent sursauter et accélérer la cadence, la brume dans les hauteurs qui me laissera juste voir le bout de mes chaussures, j’ai bénéficié d’une température idéale pour marcher car je n’ai jamais souffert de la chaleur.
Je retiens des moments très forts en particulier des rencontres sincères , spontanées, parfois éphémères, d’autres qui dureront plusieurs jours mais toujours sans à priori, sans jugement ni projection.
Tout au long du chemin, j'ai profité de chaque instant présent. Seul pendant plus de 60 jours, j'ai eu pour unique objectif d'atteindre St Jacques de Compostelle en prenant seul, les décisions qui me correspondaient le mieux à chaque étape, en écoutant mon corps, mon mental et en tendant la main à ceux qui en avait besoin. Combien de Pèlerins fatigués, démoralisés par les conditions météo déplorables sont venus me voir pour me demander comment je faisais pour ne pas abandonner mais jamais ce mot "Abandon" m'est venu à l'esprit .
Beaucoup de Pèlerins en France m'ont dit ne pas oser franchir la frontière et continuer en Espagne car il ne parle pas Espagnol. Quelle que soit la langue parlée, on arrive toujours à se faire comprendre, à partager. Moi-même je ne parle pas Espagnol et je n'en ai pas du tout souffert au contraire. C’était devenu un jeu que de demander quelque chose , un service à quelqu'un . Il y a une osmose naturelle, humaine et universelle entre tous les pèlerins. Bon chemin en France puis Buen camino en Espagne répétés des centaines de fois tout le long des sentiers du Puy à Santiago, est le salut de tout pèlerin qui se respecte.
Des paysages traversés à pied m’ont emmené dans des endroits que je n’aurais jamais vu autrement. Traverser le plateau de l’Aubrac dès le levé du jour jusqu’au soir au mois de mai sous un beau soleil, vous donne l’envie d’y revenir à une autre saison comme à l’automne par exemple avec d'autres couleurs. Marcher seul en longeant la mer en suivant une falaise ou sur des plages de sable sur des kilomètres de distance, est une belle récompense.
La surprise, agréable ou non selon le lieu de découvrir chaque soir un nouvel hébergement, de nouveaux compagnons et de ne pas réserver mes nuitées à l’avance , me laisse un goût de liberté et de petite aventure au risque de marcher plus longtemps.
Je ne regrette pas ma préparation et le choix du tracé que j’ai retenu pour aller jusqu’à Santiago et Fisterra hormis l’erreur d’avoir pris ma toile de tente au départ. Il y a suffisamment d’hébergements et de lits tout au long du parcours pour ne pas supporter le poids de la tente, matelas, popote ... Camper vous isole et vous prive des belles rencontres le soir dans les gîtes.
Au bout de 1769 km à quelques variantes près , et 63 jours de marche, je suis content de savourer la nouvelle vie qui s’ouvre à moi et prendre le camino de la vida en rentrant chez moi et retrouver ma famille et tous mes amis.
Dans quelques semaines, quelques mois ou années ..., je pourrai juger ce que ce chemin aura changé dans ma vie personnelle.
Ne pouvant vivre sans projet, je réfléchis déjà à mon prochain chemin. En Espagne, en France ou dans un autre pays d’Europe.... à suivre , mon sac à dos est toujours près de moi .
Un grand MERCI à tous ceux qui m'ont soutenu dans cette aventure à travers vos messages dans mon blog , plus sympa les uns des autres.
J'espère vous avoir donné envie de partir à pied en itinérance, ce serait une grande satisfaction pour moi. Je serai toujours là pour vous encourager à prendre le chemin quel qu’il soit et à partager cette expérience à tous les niveaux.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
Jean-Paul
Buen camino ...
A Isabelle
A Géraldine et Maxime
A Eloïse et Thibaut
A Simon
A Arthur, Émilien, Jules et tous mes Petits Enfants encore à venir ...
sans oublier mon Père qui m'a toujours transmis le sens de l'effort, du courage et m'a suivi de là-haut...