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Trait d'union entre le Massif Central et la Méditerranée, ce chemin permettait aux Pèlerins Auvergnats de se rendre à l'Abbaye de Gellone à St Guilhem. 255km 13 jours avec variante par Gorges du Tarn.
Du 23 juin au 6 juillet 2019
2 semaines
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 Le Chemin de St Guilhem le Désert

Rédaction : Isabelle ROCHE

Photos : Jean-Paul ROCHE

Un petit peu d'histoire sur le chemin de Saint-Guilhem


À l’origine, il s'agissait d'une voie de transhumance ovine du temps où les troupeaux n’étaient pas encore domestiqués, elle fut plus tard dénommée « grande draille d’Aubrac » reliant l’arrière-pays montpelliérain au plateau volcanique de l’Aubrac. Les bergers conduisaient chaque saison leurs bêtes depuis les garrigues desséchées jusqu’aux fraîches et verdoyantes pâtures de l’Aubrac.


Dès le haut Moyen Âge, les voyageurs l’empruntent : en témoigne la fondation en 1002 de l’hospice de Notre-Dame-de-Bonahuc (aujourd’hui ruines de Notre-Dame-du-Bonheur), près du mont Aigoual, où six chanoines augustins assuraient la sauvegarde des voyageurs contre dangers et tempêtes.


Le chemin assurait dès le XIe siècle la communication des plaines littorales avec les grandes foires du Vigan et de Meyrueis.


L’existence tumultueuse de Guillaume d’Orange, preux chevalier de l’empereur Charlemagne, prit fin à l’abbaye de Gellone, après une retraite consacrée aux dévotions. Il fut canonisé sous le nom de saint Guilhem. Une relique de la Sainte Croix étant conservée à Gellone, un important flux de pèlerins s’y rendait, descendant du nord et de la via Podiensis de Compostelle pour rejoindre ensuite au sud la voie d’Arles qui les conduisait à Rome vers l’est, ou à Saint-Jacques en passant par l’ouest.


Les incertitudes du XVe siècle (épidémies, guerre de Cent ans) et les guerres de Religion (XVIe siècle) viendront tarir le flot des pèlerins. Le camin Romieu restera fréquenté par les marchands jusqu’à la fin du XVIIe siècle puis sera délaissé au profit des nouvelles routes royales carrossables, aménagées par l’intendant du roi au moment de la guerre des Camisards (1685-1710).


Jusqu’aux années 1960, les troupeaux transhumants l’emprunteront encore jusqu’en Aubrac.


De nos jours, seule la partie sud (des garrigues jusqu’à l’Aigoual et Meyrueis) est encore pratiquée par plusieurs troupeaux transhumants.


L’itinéraire actuel du chemin de Saint-Guilhem s’inscrit presque totalement dans le périmètre du bien inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco au titre de l’agropastoralisme méditerranéen

Dimanche 23 juin 2019

Nous voici enfin arrivés dans l’Aubrac après un départ en train à 8h de Dijon - Nevers - Clermont Ferrand et terminus en bus à Aumont Aubrac vers 16 h 30. Dès notre arrivée, nous enfilons nos chaussures de marche pour une courte étape de 7 km sous une température idéale entourés de prairies fleuries de genêts bleuets coquelicots ciboulette sauvage et qui nous amène au gîte d’étape de "Marie" dans le hameau de Lasbros après le village de la Chaze de Peyre. Nous sommes sur le GR 65 c'est à dire sur le chemin de St Jacques de Compostelle pour quelques étapes. Soirée sympathique en demi pension avec un groupe de six copines marcheuses. Demain nous attaquerons vraiment le chemin 20km normalement si Jean Paul ne fait pas de variantes...jusqu’à Nasbinal en Aubrac.

 Nous empruntons le Gr65  (Compostelle) les trois premiers jours 
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Nous quittons vers 8h le gîte de Marie à Lasbros après un bon petit-déjeuner. Nous étions à côté d’un couple d’américains qui faisait un petit bout du St Jacques. Ça m’a permis de parler anglais. Nous partons à la fraîche et tout va bien. Nous commençons vraiment la randonnée pour 20km. Le chemin de St Guilhem le désert, au Sud du Massif central, descend depuis l’Aubrac, plateau d’altitude jusqu’à St Guilhem le désert dans les gorges de l’Herault à deux pas de la Méditerranée. Nous traverserons des causses, nous descendrons par les gorges du Tarn et de la Jonte. Pour l’instant nous attaquons le plateau de l’Aubrac. Nous sommes heureux de marcher sur un chemin bordé de milliers de fleurs des champs et des genêts. Ça me rappelle mon enfance à la campagne alors que je nageais dans les prairies de marguerites, de boutons d’Or, de bleuets, de coquelicots. Quand on marche cela réveille bien des émotions et des souvenirs lointains. Les kilomètres défilent et nous arrivons dans un superbe gîte tout neuf d’Anne et Patrick à Nasbinals "Lo Fenador". Accueil très chaleureux et sincère car ils sont pèlerins eux aussi.

Départ de Lasbros , direction le plateau de l’Aubrac sur le chemin de Compostelle  commun avec le chemin de St Guilhem
Temps sec , température idéale pour s’enfoncer sur le sentier qui nous conduit au cœur de l’Aubrac 
La flore à cette période est magnifique : genêts , gentianes, pensées sauvages, lupins multicolores ... 
La nature en pénétrant dans le Parc Naturel Régional de l’Aubrac 
Nasbinals : Village célèbre pour son festival de photos en septembre Phot’Aubrac 
Le gîte d’étape Lo Fenador à Nasbinals est vraiment à conseiller  
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Mardi 25 juin 2019

Nous préparons nos sacs pour repartir en pleine forme grâce aux bons soins de nos hôtes Anne et Patrick. Anne a trop envie de marcher et décide de nous accompagner jusqu’au village d’Aubrac où nous nous quittons heureux de ce beau partage. Après une pause à la maison de l’Aubrac nous ferons encore une dizaine de kilomètres dans les drailles qui sont d'anciens chemins de transhumance. Quelle merveille!!! ajoutez un vent frais qui nous permet de savourer la marche à température idéale , le bonheur est dans le pré. Cette étape est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. En 2018 a eu lieu la création du parc naturel et régional de l’Aubrac : territoire d’exception pour son identité et ses patrimoines naturels culturels et paysagers hors du commun. Nous passons de 1300m d’altitude à 825 m à St Chely d’Aubrac. La température s’en ressent. Dans le village nous arrivons vers 15 h avec une température de 30 degrés au gîte communal où nous logerons pour la nuit.


Paysage entre Nasbinals et St Chely d’Aubrac. Immense alpage et le village d’Aubrac et la maison de l’Aubrac à visiter  
St Chely d’Aubrac, son église et son célèbre pont des Pèlerins  
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Départ de Saint-Chély-d’Aubrac d’Aubrac à 7heures avec l’objectif d’atteindre le refuge des Rajas en plein alpage au milieu de nulle part. Nous marchons dans une draille bordée de murets en pierre sous les arbres au frais c’est très agréable. Nous empruntons une ancienne voie romaine toujours ombragée. Au total, nous ferons 550 mètres de dénivelé facile. Sur le plateau en alpage nous croisons de beaux troupeaux d’aubrac avec leurs veaux, et ça et là nous apercevons des burons en ruine ou abandonnés. La flore est superbe et ça sent très bon. Après 22 kilomètres nous arrivons au refuge des Rajas vers 14 heures 30. Le refuge n’ouvre qu’à 16 heures. En attendant nous faisons notre lessive quotidienne, nous nous reposons à l’ombre du seul arbre où la scène du téléphone portable du film « St Jacques la Mecque « a été tournée. Denise notre hôtesse est super accueillante et nous passons un agréable moment en sa compagnie. Elle a préparé un repas gargantuesque et nous explique la vie de son refuge. Nous ne sommes que 10 marcheurs donc soirée géniale. Nous repartirons le lendemain dès 7h 10.

La Draille, l’ancienne voie romaine  à l’ombre sous les chênes et châtaigniers 
Si tu veux allez loin, ménage ta Mignonne... pause obligatoire dans un paysage à 1300 m d’altitude au milieu des troupeaux  
Mes copines ... attention le copain Ferdinand  n’est pas loin !!! 
Un buron isolé...   
On trouve une ancienne presse à fromage, la chambre du berger dans un placard fermé pour isoler du froid 
Le petit lac et tourbière Le Pendouliou de Fabregues. Aubrac est à qq km à vol d’oiseau  
Un autre buron 
Le refuge des Rajas où fut tourné le film St Jacques la Mecque  
5h45 le lève du soleil refuge des Rajas 
La future Patronne au petit déjeuner 
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Jeudi 27 juin 2019

Cette étape est la plus longue avec plus de 27km à parcourir. Levés à 6h30 pour un départ à 7heures. Nos sacs sont toujours préparés la veille. Nous avons super bien dormi au gîte des Rajas et avons apprécié la chambre individuelle avec lit double. De temps en temps ça change des dortoirs... Nous montons sur un plateau encore bien fourni en vaches, veaux et taureaux de race Aubrac avec leur beau maquillage autour des yeux et leur belle robe fauve avec les muqueuses, le toupet de la queue, le bout des cornes en lyre et le contour des oreilles noirs . Le vent est doux la température idéale sur 20 km pas de difficultés particulières. Nous descendons du plateau de l'Aubrac en direction de la Canourgue et Banassac dans la vallée du Lot. L’horreur de la canicule nous surprend: je termine le dernier kilomètre en détresse. J’aperçois des Employés Municipaux et je leur demande de l’aide. Jean-Paul court devant et porte nos deux sacs à dos. Les collègues me conduisent à la mairie où je m’affale, il fait 45 degrés sur la place. Heureusement le gîte communal est frais et après une bonne douche je reprends mes esprits. La Canourgue est appelée la Venise Lozérienne car il y a de nombreux canaux et des ruelles aux belles maisons médiévales. Seul bémol il fait trop chaud pour visiter le village. Dommage car c’est très beau. L’Employée de l’office du tourisme nous indique un parcours plus typique et ombragé qui rejoint le GR6. Demain, selon ma forme, j’envisage une variante "auto stop" s’il fait trop chaud car ici pas de bus ni de train.

Nous quittons le refuge des Rajas  
fin de notre traversée de l’Aubrac... nous allons attaquer la descente vers la vallée du Lot La Canourgue 
Changement de paysage , c’est plus commun, les croix guident notre chemin  
Le gîte d’étape communal de La Canourgue entièrement rénové : Top 
La Canourgue Venise Lozérienne...  
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Vendredi 28 juin 2019

Ce vendredi après une bonne nuit nous décidons de partir dès 6 heures. J’appréhende les 25 km à cause de la canicule. Hier soir un couple de marcheurs aguerris nous donne des conseils pour supporter la chaleur: Il faut mouiller une serviette de toilette et la poser sur la tête et les épaules. Ce conseil me sera salvateur. Les 12 premiers km sont supers, nous longeons une draille ombragée et nous montons tranquillement un dénivelé de 400m. Ensuite nous redescendons mais sur un chemin blanc vers 10 h il fait déjà plus de 30 degrés. Je mets ma serviette mouillée ça fonctionne très bien. Toutefois vers 11h je décide d’arrêter là le massacre. Je vois deux jeunes dans un camion aménagé et je leur demande s'ils vont en direction du village des Vignes. Pas de problème, ils peuvent m'emmener et immédiatement ils mettent le chien à l’arrière et je grimpe dans le camion. Ludovic et Sabrina me déposent 15mn plus tard au camping "Terrados" aux Vignes. Là j’attendrai jean Paul qui arrivera exténué 3 heures plus tard. Heureusement que j’ai pris l’option auto stop car selon Jean-Paul, le reste de l’étape était très difficile avec la descente dans les gorges du Tarn via un petit chemin escarpé et la chaleur accablante. Après une bonne douche une sieste à l’ombre nous sommes remis sur pieds. Nous prenons possession de la clé du mobile home, nous buvons 4 Perriers et deux bières et hop nous plongeons dans le Tarn mais il fait encore très chaud. Nous allons à l’épicerie du village pour acheter de quoi manger le soir. Nous ne transportons pas de nourriture ou très peu à cause du poids dans le sac. Jean-Paul a choisi les étapes aussi en fonction du ravitaillement. Le Village des Vignes est isolé mais traversé par le Tarn, il est célèbre pour les descentes en canoë. La saison estivale commence et il y a déjà un peu de touristes. Le camping n’est pas rempli et nous ne comprenons toujours pas pourquoi sur ce GR il faut réserver longtemps à l’avance les gîtes pour dormir. La randonnée est devenue un sacré business. Avec ce système de réservation on ne peut plus modifier ni le parcours, ni les étapes et la canicule était imprévisible. Demain nous marchons dans les gorges du Tarn et nous aurons une courte étape de 12km à l’ombre et en balcon de la rivière. Ça devrait être sympathique. Nous décidons de partir vers 6 h 30 et nous nous endormons comme deux masses à 21h30 avant un petit saut dans la piscine du camping pour se rafraichir.

Maison  caussenarde 
Après les vaches de l’Aubrac, voici les moutons des causses 
Hameau de Ricardes en rénovation  
Hameau de St Georges de Levejac 
Arrivée dans les gorges du Tarn au point sublime  
Village des Vignes et camping Terrados 
Le Tarn 
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Samedi 29 juin 2019

Départ comme prévu 6h30 il fait frais et humide, le Tarn nous apporte la fraîcheur souhaitée. Nous partons en marche radieuse direction le Rozier pour une petite étape de 12km où nous longeons en balcon le Tarn. Les vues des gorges sont magnifiques et la marche aisée. Miracle j’arrive à suivre le pas de Jean-Paul pendant deux heures. Bien mal m’en a pris, la dernière heure je ne sens plus mes jambes et mon sac pèse deux tonnes...du coup je ralentis pour pouvoir terminer le parcours. Il me faudra certainement attendre quelques années avant de marcher aussi vite que lui. C’est un homme bionique (nique nique). Roberte, sa mère, a bien nourri son garçon c’est du solide.Le joli village du Rozier nous accueille, nous allons directement à l’épicerie car midi approche et ici les magasins ferment de 12h à 16 heures. Jean-Paul a envie de manger de la viande rouge. Nous achetons deux belles tranches d’Aubrac à la boucherie. Malheureusement lorsque nous arrivons au camping "La Muse" pour prendre possession d’une tente Inuit, nous découvrons qu’elle n’est pas équipée, il y a juste un lit deux personnes et deux charmants fauteuils. Dépités avec nos courses sur les bras, nous demandons au jeune homme du camping de nous dépanner. Il est sympa et file dans son camping-car chercher un gaz deux assiettes et une poêle. On va demander du beurre et du sel aux Espagnols qui campent en face. Voilà les aléas du voyage...bon on s’en sort bien pas de panique, par contre le vin rouge et les petits fromages de brebis font la grimace. Allez le Tarn nous ouvre ses flots verts et nous passons le reste de l’après-midi dans l’eau fraîche. Que du bonheur ce Tarn. Demain nous nous lèverons encore tôt car 16 km seront à parcourir pour aller à Hyelzas.

Au départ des Vignes .  

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Sentier GR 6 dans les gorges 
Cabane abandonnée  
Hameau Plaisance abandonné aussi.  
Notre location en tente Inuit: Cool !!! mais hélas aucune commodité uniquement le lit ... on fera avec... 
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Dimanche 30 juin 2019

Ce matin dès 6 heures nous reprenons le chemin direction le hameau de Hyelzas à 18km. Hier soir deux campeuses nous ont prêté un réchaud gaz et une casserole donc nous avons pu nous faire un petit déjeuner avant de partir. C’est ballot on avait pas pensé que la tente Inuit n’était pas équipée de vaisselle et frigo. On s’en sort bien quand on sait demander de l’aide aux voisins... Changement de gorges, nous quittons les gorges du Tarn pour les gorges de la Jonte et on attaque par une sérieuse montée pour atteindre le village du Capuc au dessus du Rozier . Le temps est frais on grimpe rapidement. La vue est magnifique, nous marchons en balcon en surplomb des gorges du Tarn ou de la Jonte. Nous empruntons des drailles et des forêts. Bien à l’ombre tout se passe bien, les derniers kilomètres en revanche seront difficiles car nous remontons. En tout cumulé positif nous avons fait 1000m je suis fatiguée à l’arrivée. Cette étape est très chouette et les paysages verdoyants. Dommage on ne pourra pas se baigner dans le Tarn.

Dur la vie de randonneurs : le déballage du sac et point sur les victuailles, le frigo improvisé pour rafraîchir le Cahors 
6h du matin, nous commençons par La Croix de Capuc tout là-haut, 400m de dénivelé pour démarrer  
Paysage grandiose des gorges de la Jonte, nous marchons entre les blocs de granite et les falaises 
Halte au hameau de Cassagnes, ses maisons caussenardes 
Passage du GR aux Arcs, et ancien village vers le col de l’homme mort. 
Nous sommes bien au pays des brebis et Bergers du causse Méjean 
St Pierre des Tripiers et son église romane du 11eme siècle  
Sur le chemin... 
Village étape à Hyelzas 
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Lundi 1er juillet 2019

Ce lundi encore une superbe étape de 15km assez facile par rapport à hier. Nous avons pas mal monté vers le gouffre de l’Aven Armand à 1000m d’altitude puis avons attaqué la grande traversée aride du Causse Méjean. La température a bien chuté depuis notre horrible étape de la Canourgue (45°). Nous avons terminé le chemin par une draille ombragée pour arriver au camping du "Pré de Charlet" à Meyrueis. Nous avons marché juste 4 heures avant l'arrivée de la chaleur. Ce village est sympa très vivant et touristique au confluent de trois rivières : la Jonte, La Breze, le Betuzon. C’est un point d’étape important pour les pèlerins allant à St Guilhem. Demain nous changerons de département nous quitterons la Lozère pour aller dans le Gard. En attendant on se repose au vert dans ce petit camping non loin de la piscine municipale où nous avons pris un repos bien mérité. Ce soir la météo tourne à l’orage les mouches attaquent dur, dur....

Gîte de la Doline à Heylzas 
 Vues du Causse noir 
Aven Armand  à trois kilomètres de hyelzas
Traversée du Causse Mejean 
Les gorges de la Jonte juste avant la descente vers Meyrueis 
Les fleurs du jour 
Vue de Meyrueis 
Un beau rond point à Meyrueis 
Notre gîte au camping le pré de Charlet à Meyrueis
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Mardi 2 juillet 2019

Après une bonne nuit au camping du pré de Charlet, nous partons dès 6 heures à la "fraîche" car 22 kilomètres seront nécessaires pour rejoindre la petite station de ski de l’Esperou. Nous partons de 830 mètres et remontons à 1200 mètres toute la montée s’effectue en forêt. Sur le chemin, nous apercevons un bébé aigle tombé du nid et qui n’arrive pas à prendre son envol. Nous faisons une halte au bistrot de St Sauveur et signalons la présence de cet oiseau à un habitant du village. Du coup, il se charge d’appeler les gardes du parc des Cévennes. Nous traversons ensuite une vallée qui porte le joli nom « la vallée du bonheur ». Cela doit être assez touristique car il y a de beaux chalets pour les vacanciers mais tous sont fermés. A partir du col de la Serreyrede nous quittons le Gr62 pour prendre le Gr7 qui passe également en Côte d’Or. Nous arrivons vers 15 heures à l’Esperou au gîte Chantemerle où nous sommes accueillis par Maxime. Le logement est vieux mais très propre. Nous avons l’impression de dormir chez notre arrière grand-mère 👵. La station de ski proche de l’ Esperou est Prat-Peyrot à 4km.

Meyrueis en partant à 6 h  
Vues du Causse noir  ... Nous quittons le département de la Lozère pour le Gard et nous entrons dans le Parc National des Cévennes
Sur le chemin, quelle rencontre surprenante 
La vallée du Bonheur  
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Mercredi 3 juillet 2019

Dès 7 heures, nous reprenons la marche. Il fait frais suite à l’orage de la veille et nous marchons en direction d’Aulas à 1200 m d’altitude essentiellement en forêt. Les deux derniers kilomètres nous descendons une draille assez raide sous le soleil pour atteindre le village médiéval d’Aulas situé à quelques km de la petite ville Le Vigan . Nous arrivons au paradis de la chambre d’hôtes: le "Bec à sucre" à Aulas et accueillis par Véronique qui se révèle être une cheffe étoilée dotée d’un sens de l’organisation incroyable. La maison est splendide, la piscine salvatrice. Nous parlons avec un couple d’allemands qui vient ici depuis 9 ans. Un groupe de Bretons fort sympathique dînera avec nous et nous allons nous coucher dans notre petit palace . Ce matin Véronique nous a confectionné une malle énorme et très chic avec notre petit déjeuner et ses confitures maisons divines. Le Bec à sucre restera notre plus belle halte à tous points de vue.

En quittant l’Esperou  
Rivière, tourbière au milieu des forêts domaniales  
Énormes digitales  
Fin des forêts, nous arrivons au milieu des genêts, il fait chaud, le climat méditerranéen approche  
Le GR7 
Au pays Viganais 
Draille et murs en pierre sèche.  
Arrivée à Aulas 
Gîte Le Bec à sucre à Aulas. 
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Jeudi 4 juillet 2019

Nous quittons à regret le Bec à sucre ce matin à 6 h 30, il fait frais c’est idéal pour marcher. Une montée de 400m de dénivelé raide me casse les mollets. Bien entendu Jean-Paul a une forme olympique tandis que j’en bave comme un russe en Pologne. C’est injuste il dépasse tout entendement dans l’exploit sportif. Arrivés au petit hameau de Montdardier nous allons au café boire un Coca et nous nous ravitaillons à l’épicerie communale qui est la dernière avant la prochaine étape du Ranquas. Cool l’épicière me propose de me déposer au hameau de Blandas, cela va m’économiser 2 heures de marche sous le soleil. Jean Paul lui a pu se régaler de courir sur la dizaine de km restant avant Blandas. Chacun son plaisir moi je suis prudente car je sais que deux heures de descente dans les cailloux m’attendent au cirque de Navacelle. Je veux tenir jusqu’au bout des 12 jours et je fatigue car nous avons déjà marché plus de 220 kilomètres. Ce soir nous dormons en dortoir collectif et il fait chaud. A l’heure où je rédige ce blog je n’ai qu’une envie aller mettre mes pieds dans la rivière glacée des gorges de la Vis et contempler les splendides cascades.

Ce soir nous sommes au gite d'étape du Mas Guilhou au hameau de Navacelles. Nous retrouvons l'équipe de Bourguignons croisée à plusieurs reprises sur le chemin avec qui nous nous entendons très bien.

Le Vigan 
La végétation est grillée, plus rien à voir avec les étapes précédentes  . Environs de Montbardier
Dolmen en bord du chemin  
Causse avant Blandas et Navacelle 
Le cirque de Navacelle avant que que de descendre tout en bas à notre gîte au milieu du cirque Le Mas Guilhou
La descente ... sur le GR 
Arrivée au cœur du cirque : ouf !!! 
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Ce matin nous avons fait la grasse matinée 7 heures. Nous partons à 8 h 15 et nous remontons la vallée de la Vis et remonter ainsi du cirque sur 300m de dénivelé. Toute cette partie était ombragée et nous pouvons admirer le cirque et les gorges de la Vis qui forment un canyon de 17 km. C’est la zone cœur classée au patrimoine UNESCO en 2011. Pour moi c’est la plus belle étape. On peut voir un aqueduc longeant les gorges en passant sous les rochers pour alimenter une usine hydroélectrique à la Madiere. Cele ressemble aux levadas de Madère de par sa construction.

Après une pause casse croûte à St Maurice de Navacelles, vers 14 h 30 sous une chaleur accablante nous arrivons chez Nicole gîte paysan des Ranquas, il fait 45° mais par bonheur le dortoir est frais. Il y a le chant des cigales mais aussi un nombre incalculable de mouches bien pénibles. Nous sommes maintenant dans le Larzac méridional. Quelle aventure, les mollets tiennent bons. Demain terminus à St Guilhem le désert. Il restera 20km à parcourir, nous devrons partir dès 6 heures pour éviter la chaleur.

Nous ne savons toujours pas comment nous allons rentrer sur Varois, bus train, bla-bla car , ou venez nous chercher...

En quittant Navacelles, nous remontons dans les gorges de la vis 
Le chemin est accroché à flan de coteau. C’est grandiose
Les gorges de la Vis et la remontée vers St Maurice de Navacelles au chant des cigales . Très beau tronc de bois flotté,
St Maurice de Navacelles 
Le Larzac méridional et vue en direction des gorges 
Notre gîte paysan les Ranquas 
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Samedi 6 juillet 2019

Dernière étape et plus qu’une vingtaine de kilomètres à parcourir : Lever 5 heures départ 6 heures, la journée s’annonce chaude. Nous traversons la combe des Natges puis remontons sur une draille et apercevons le cirque de la Serranne. La végétation et les paysages sont méditerranéens me rappelant un peu ceux de l’Estérel sans la couleur rose des rochers. Nous marchons assez vite pour arriver à St Guilhem vers 12 heures 30. Il y a encore beaucoup de montées et de descentes. La difficulté demeure jusqu’à la fin du parcours. A partir du cap Ginestet (550m) nous attaquons la dernière descente à 3 - 4 kilomètres du village final. La vue est superbe, nous faisons une courte halte à l’ermitage de Notre Dame de Belle Grâce qui est ouverte et où les membres d’une association de protection des édifices religieux est sur le site pour évaluer le montant des travaux de réhabilitation. Nous effectuerons les derniers kilomètres en leur charmante compagnie et ce qui rend le trajet final plus facile car animé et me fait oublier mes douleurs. C’était notre dernière belle rencontre. Contrairement à Santiago de Compostela, l'arrivée au centre du village est moins cérémonieuse : direction le restaurant O’ Bristot en compagnie de Jean-Yves un marcheur au long court avec qui nous avons passé la soirée au gîte de Navacelles. Nous allons visiter le cloître et l’Abbaye de Gellone. Nous ne nous attarderons pas et sommes contraints d’annuler notre nuitée au Carmel de St Elie . En effet il n’y a pas de bus pour rejoindre Montpellier le dimanche. Le car part à 16 heures 15 ce qui nous laisse peu de temps pour visiter St Guilhem. Jean-Paul a réservé deux billets retour chez Flixbus dimanche matin à 9 h 40 pour le retour Montpellier-Dijon. Nous passerons donc la soirée à Montpellier après avoir trouvé un hôtel climatisé car il fait très chaud.

Pour conclure cette traversée de 255 Kilomètres ne ressemble pas du tout au chemin de Compostelle même si les trois premières étapes étaient communes. On est dans la randonnée pure et dure, les rencontres ne sont pas de même nature. Je suis fière d’avoir relevé le défi car il a fallu s’adapter au climat et respecter les étapes fixées à cause des gîtes réservés. J’aurais aimé m’attarder plus dans certains endroits et plus visiter les villages. Or la canicule et la fatigue ne sont pas propices à marcher plus de kilomètres.