Par Polza
La via de la Plata est le plus important Camino de Santiago depuis le sud de la péninsule Ibérique. Caractéristiques Départ à pied de Séville- Distance 1000km- Solitude + températures extrêmes en été
Du 11 avril au 16 mai 2023
36 jours
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Avant de partir pour cette nouvelle aventure, je vais vous donner quelques infos sur le camino issues de l’application « Gronze » ´La via de la Plata ´. Ce chemin n’est pas encore très connu ni trop fréquenté par les Français mais cela risque de changer dans les années à venir.

La Via de la Plata ( traduire la voie de l’argent) doit son origine à un ensemble de routes romaines qui reliaient autrefois le sud-ouest au nord-ouest de la péninsule. Sur son tronçon central, la chaussée romaine présente la dénomination technique actuelle d'Ite Ab Emerita Asturicam ; elle unissait deux populations romaines de grande importance : Emerita Augusta (Mérida), capitale de la province romaine de Lusitania, et Asturica Augusta (Astorga). Des siècles plus tard, ces magnifiques chemins pavés de pierres ont été utilisés par les Arabes dans leur conquête des territoires péninsulaires, et, par la suite, une fois la reconquête chrétienne terminée, ce sont les dévots de Jacques qui ont suivi ces routes lors de leur pèlerinage vers la tombe de l'Apôtre. La dénomination "Argent" n'a aucun rapport avec le métal d'argent. On ne connaît pas avec certitude son origine, mais l'hypothèse la plus plausible semble être celle d'une évolution phonétique du mot arabe Balata, qui signifie chemin pavé.

Les meilleurs mois pour le parcourir sont mars, avril, mai et octobre.

ATTENTION : Au cours des dernières années, plusieurs pèlerins sont morts d'un coup de chaleur sur la Via de la Plata. Il est déconseillé de faire ce chemin entre juin et septembre, car les températures, en particulier en Andalousie et en Estrémadure, dépassent très facilement les 35 °C et, de plus en plus fréquemment, les 40 °C, atteignant 43 ou 44 °C dans certaines régions.

La Via de la Plata traverse quatre communautés autonomes et six provinces : Andalousie (Séville), Estrémadure (Badajoz, Cáceres), Castille-et-León (Salamanque, Zamora) et Galice (Orense, Pontevedra, La Corogne).

La variante que j’ai choisi à partir de Granja de Moreruela, village situé à 40 kilomètres au nord de Zamora, est de rejoindre Santiago par Puebla de Sanabria et Orense, c’est à dire en empruntant le Camino Sanabrés plutôt que d’aller jusqu'à Astorga et rejoindre ensuite Santiago par le camino Francés . J'ai parcouru le camino Francés en 2021 de St Jean-Pied de Port à Santiago en passant par Astorga ainsi je préfère terminer cette aventure de la Plata sur un nouveau chemin, le camino Sanabrés.

Départ Gare SNCF de Dijon-Ville 

Départ en train de Dijon ce mardi 11 avril 2023 à 9h21 avec 3 changement : Montpellier, Barcelone et Madrid puis arrivée à Séville à 23h40 et nuitée à l’albergue Triana à environ 3km de la gare ferroviaire.

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Mercredi 12 avril

Séville, la Belle capitale de l’Andalousie avec plus de 700 000 habitants située en aval du fleuve Guadalquivir est une ville chargée d’histoire. Romaine, Visigoth, Musulmane et Chrétienne, sa culture et ses monuments en font l’une des plus belles villes du sud de l’Espagne.

Je ne m’attarde pas trop à Séville car j’ai déjà eu l’occasion de visiter cette charmante ville il y a quelques années et les nombreuses étapes à parcourir me poussent vers le chemin.

Je quitte l’auberge Triana vers 7h30 au lever du jour et reviens au centre ville à la cathédrale et tour Giralda. Après une courte visite de la cathédrale , juste à la sortie de celle-ci, je trouve les marques de la Via de la Plata qui traversent la ville en direction du pont Isabell II . J’aperçois quelques monuments et ouvrages de l’ancienne exposition universelle de 1992.

Cette étape de 25km environ depuis l’albergue Triana n’a rien d’exceptionnel, comme toutes les sorties de ville avec les banlieues. Par contre à 7 kilomètres, je passe à Santiponce au nord ouest de Séville, connue pour ses ruines romaines ( théâtre, amphithéâtre …). Je visite le site très intéressant d’Italica Archaeological . Ensuite je profite des nombreux points de restauration pour manger et prendre quelques forces avant d’affronter la dizaine de kilomètres au milieu des champs à découvert, pas un arbre, en pleine ligne droite et avec mon premier coup de chaud de l’année , il fait 32 degrés environ. Ça commence fort , je trouve des Pèlerins en souffrance, pas encore habitués au rythme du chemin. Je bois plus de 2 litres sur cette étape pour me prémunir des tendinites.

Arrivée à Guillena à 15h : je trouve un hébergement à l’albergue Luz del Camino. Il y a beaucoup de monde entre Cyclistes et marcheurs . Je reprends mes vieilles habitudes : douche , lessive à la main et petite sieste relaxante… Tout va bien et prêt pour la suite .

Albergue Triana à Séville  
Le quartier Triana autour de l’albergue 
La tour del Oro et le fleuve Guadalquivir 
La cathédrale et Giralda
Je profite de la messe pour visiter la cathédrale 
Séville , ville de Christophe Colomb et porte de l’Amérique
Au pont Isabell II 
J’adore traverser le marché Triana avec ses couleurs 
Flamenco et mosaïque : symboles de l’Andalouse
Quartier de l’exposition universelle de 1992 
Les arbres en fleurs, en feuilles 
Arrivée à Santiponce 
Très beau site à visiter ´Italicà
Champ de blé avec  la sécheresse  
Parapluie mais aussi ombrelle c’est cool !!! 
Arrivée à Guillena et pensée pour le pèlerin qui a terminé sa course ici
Et l’albergue Luz del Camino
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Jeudi 13 avril 2023

Départ de Guillena au lever du jour à 7h30 et arrivée à Castilblanco à 11h30 . Je profite ainsi d’une température idéale.

C’est une très belle étape de 18km environ qui traverse dès la sortie de Guillena les orangeraies puis des champs d’oliviers à perte de vue et pour terminer, les pâtures dans le maquis jusqu’à Castilblanco de los Arroyos.


Avant de passer aux photos de l’étape, voici la carte de mon chemin La via de la Plata et camino Sanabrés

La via de la Plata et camino Sanabrés vers Ourense. 
La signalétique pédestre ou cyclo
Le chemin traverse une immense oliveraie  
Bientôt la période des moissons : Ça mûrit très vite… 
Très belle traversée de pâtures dans le maquis  
 les cistes : On croirait du papier mâché…
Les buissons dans le maquis sont composés entre autres , d’énormes yucca
Et les retrouvailles entre Pèlerins à l’arrivée en attendant l’ouverture de l’albergue (Allemands, Italiens, Tchèque, Australien)
Albergue de Castilblanco de los Arroyos
Vue sur Castilblanco de los Arroyos  
Très belle charrette pour porter le sac à dos  

Les étapes sont rythmées selon les possibilités d’hébergement. Pas d’albergue après Castilblanco à moins de 29km. il faut gérer également l'eau et la nourriture car il n'y a pas de ravitaillement.

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Vendredi 14 avril 2023

Aujourd’hui c’est une étape un peu plus dure qui m’attend avec 29,4 km et 560m de dénivelé positif. Toujours aucun service durant tout le trajet, pas de bar, aucun village pour se restaurer ou simplement pour remplir sa gourde. Il va falloir s’habituer à faire de grandes étapes pour les jours suivants.

Je trouve que les Espagnols appréhendent beaucoup les grandes étapes et les km car dès 4h30 ce matin, ils étaient levés, faisant du bruit en préparant leurs sacs et partir ensuite de nuit sur le chemin à la lampe frontale sans rien voir avant le lever du soleil vers 7h30.

Je me lève tranquille à 6h15 pour un départ à 7h00 tandis que d’autres Pèlerins attendent un taxi pour éviter la partie en bord de route de cette étape. A chacun son chemin …

Castilblanco de los Arroyos est un village « blanc » avec un point commun avec notre chère Alsace … 
Le lever du jour vers 7h30 

Dés la sortie de Castilblanco, le chemin suit le bord d’une route sur une distance de 15km mais fort heureusement avec peu de trafic. C’est un peu monotone mais de part et d’autre de la route je suis dans les DEHESA , c’est très plaisant et ça monte.

Qu’est-ce que c’est une DEHESA?

Selon Wikipedia : Une ou un dehesa (de l'espagnol signifiant « pâturage ») est un domaine foncier municipal formé d'une pâture en sous-bois clairsemé . Ce mode d'exploitation agro-sylvo-pastoral se rencontre dans la péninsule ibérique , au Portugal et au Maghreb. Existant depuis le Moyen Âge, il permet aux habitants d'une commune de nourrir gratuitement leur bétail et de récolter des produits forestiers non ligneux.

La dehesa tire son origine de l'écosystème forestier méditerranéen, milieu où cohabitent plantes herbacées et arbres clairsemés. Ces derniers sont souvent des chênes (chêne vert ou chêne-liège mais on observe également des dehesas dans des bois de hêtres ou de pins de différentes variétés.

Cet environnement permet à la fois de nourrir le bétail grâce à la présence d'herbages et de récolter les produits naturels du sous-bois tels que champignons, graines, fruits, gibier. Ce sont ces possibilités qui donnent naissance, au Moyen Âge, au mode d'exploitation de la dehesa, située à l'origine sur le domaine seigneurial. Ce système perdure à l'époque moderne, dans un contexte économique particulier,

La dehesa est aujourd'hui un domaine communal accessible à tout habitant de la commune. Ce mode d'exploitation revêt une grande importance dans la péninsule ibérique, dans la mesure où il aide à maintenir in situ des populations rurales à faible niveau de vie. Le système a notamment permis de réduire l'abandon des fermes.

On le rencontre dans des régions à faible potentiel économique : sols pauvres, production agricole limitée, industrie inexistante. Dans la péninsule ibérique, il occupe une surface comprise, selon les auteurs, entre deux et quatre millions d'hectares. notamment en Espagne, dans les provinces de Cordoue, Salamanque, Séville, la communauté de l'Estrémadure, la Sierra Morena, la Sierra de Huelva et au Portugal, dans les régions de l'Alentejo et de l'Algarve.

Je rajoute aussi que certaines parties sont mises en culture : on trouve des céréales et autres plantations cultivées sous les arbres (type agro foresterie).

Sur ce tronçon en bord de route, je passe devant l'entrée de plusieurs vastes dehesas.


Très belles entrées de DEHESSA 

Puis quelques vues sur les DEHESA en bord de route.

Les DEHESSA ibériques  

Arrivé au km 16, je quitte la route pour rentrer à l’intérieur du domaine El Berrocal.

Je suis dans la Sierra Norte de Séville (cela fait partie de la cordillère de la Sierra Morena), à l’intérieur du « Parque Natural de la Sierra Norte » d’une superficie d’environ 177.000 hectares.

L’entrée du Parc Naturel Sierra Norte

C’est superbe, calme, aucun véhicule , que le chant des oiseaux et insectes qui butinent les fleurs. Je marche sur une piste très agréable sous un beau soleil, la température est idéale et l’odeur poivrée de toute cette végétation embaume le chemin.


Petite pause pour savourer les petits bonbons au miel de Courban (21) offerts la veille de mon départ 
Il ne faut pas avoir peur des vaches car le chemin passe à l’intérieur de la pâture 
Pèlerin français (sans doute) , qui n’a pas résisté à la dure montée du Cerro del Calvario 
Vue du Cerro del calvario

La montée au Cerro del calvario est très prononcée sur 300 mètres environ . Petite halte vers les 2 points de vue de chaque côté du sommet.

Les 2 versants de la colline : Cerro del calvario et le village d’Almaden de la Plata 

J’arrive à Almaden de la Plata à 13h30. C'est la bonne heure pour aller manger le « menu del Peregrino » annoncé devant la porte du restaurant…

Almaden de la Plata 

Je choisis l’albergue privée « La casa del Reloj » ( la maison de l’horloge) où je retrouve un pèlerin Tchèque rencontré la veille à Castilblanco.

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Samedi 15 avril 2023

C’est une étape très longue avec 33,6km au programme et 690 Dev.+.

Je quitte Almaden de la Plata dès 6h50, il fait nuit , je dois sortir ma lampe frontale pour me repérer sur le chemin de terre et ne pas louper les balises.

De chaque côté du chemin, j’aperçois d’énormes cactus en forme de monstres. Dans la pénombre, on dirait des bras , des mains qui veulent m’attraper…


Les cactus impressionnants éclairés à la frontale… et de chaque côté du chemin 

Je chemine jusqu’à El Réal de la Jara sur cette piste de terre au milieu de DEHESA avec de belles petites montées au milieu des animaux ( moutons, porcs, chèvres vaches et chevaux). J’entends des chiens aboyer, je me méfie car ils ne sont pas loin .

Ah là, ce sont des moutons  que je dérange …
Et le jour se lève très vite  
Comment se tenir au chaud !!! et devenir de jolis jambons ibériques
C’est très très sec, les ruisseaux sont à sec et l’eau dans les réservoirs semblent déjà bien bas 
Immense troupeau de chèvres qui viennent vers une écurie pour la traite 
Végétation méditerranéenne  
Portes ouvertes pour les pèlerins 

Et après 14km, me voici arrivé à El Réal de la Jara.

Point important; après ce village, je quitte la provincia Andalousia pour entrer dans la Région Extramadura.

L'Estrémadure est l'une des 17 communautés autonomes d'Espagne. Située dans le sud-ouest du pays, elle partage ses frontières avec le Portugal, la Castille-et-León, la Castille-La Manche et l'Andalousie.

La région est coupée en 2 provinces: Caceres au nord et Badajos au sud.

C’est l’une des régions les plus pauvres d’Espagne.

La capitale est Merida, ville située sur le chemin de la Plata.

El Réal de la Jara 

En quittant El réal, j’emprunte une piste de terre pour arriver au ruisseau de la vipère, point d’entrée en Extramadure.

Je passe au pied des ruines du château fort de Castillo de las Torres.


Castillo de las Torres 

Je continue sur une piste de terre confortable et large, toujours au milieu de DEHESA avec d’immenses pâturages.

Envolée de vautours lors de mon passage : impressionnant en nombre 

Et l’arrivée à Monesterio après plus de 7 heures de marche.

Monesterio : capital du Jambon ibérique 

J’ai déjà passé le cap des 100 km depuis mon départ de Séville mercredi dernier. J’avance comme prévu. Je suis un peu surpris par le relief dans la région, il y a de belles petites montées pour un début de chemin. A suivre...

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Dimanche 16 avril

C’est une étape raisonnable pour un dimanche avec 20,7km à parcourir toujours avec le beau temps.

Je quitte l’albergue Las Morenas à Monesterio à 8h00 . Très bon accueil avec Carmen l'hospitalière mais aussi côté ambiance avec de la musique de fond dans toute l’albergue mais aussi le confort des services.

A la sortie de Monesterio, le chemin emprunte rapidement une piste de terre avec de grandes propriétés entourées de murs de pierre.

Le centre de Monesterio  
Dans Monesterio, les acacias embaument l’air frais du matin 
Le camino de la Plata à la sortie de Monesterio 


Pas commode le bébé , il gratte la poussière et « meugle» un peu trop !!!

C’est très sec, les agriculteurs nourrissent déjà les animaux car l’herbe est grillée dans les pâtures.

j’ai vu hier soir à la tv du restaurant, l’inquiétude des pouvoirs publics et des agriculteurs sur la sécheresse dans les trois quarts de l’Espagne et la problématique de l’eau qui commence à manquer. La récolte des céréales est déjà annoncée comme catastrophique.

Belles limousines 
et toujours des porcs élevés en plein air 
Camino très agréable à suivre le matin à la fraîche 

Puis rapidement changement de paysage, j’aperçois au loin une immense plaine cultivée mais sans l’ombre d’un arbre.

Changement de paysage très rapide  
Pas un nuage  
Depuis mon entrée dans la région Extramadura, de belles balises cubiques indiquent le chemin à suivre 
Toujours au milieu des vaches !!! 
On se croirait dans un décor de Far Ouest 

A quelques km avant mon arrivée à Fuente de Cantos, je traverse un immense chantier de fouilles archéologiques sur une superficie de plusieurs centaines d’hectares. C’est le site de Los Castillejos.

Selon le Petit Futé : C’est à 5 km de la ville que se situent les vestiges les plus anciens de ce bourg, datant du Chalcholitique (troisième millénaire av. J.-C.) pour le premier gisement de Castillejo I, et rendant compte d'une époque plus large pour ce qui concerne le second, Castillejo II, qui abrite des vestiges allant du Néolithique (4e millénaire av. J.-C.) jusqu’aux Romains. Sur ce second site, on remarquera le tracé urbain et les structures défensives robustes.

Tout est entouré d’immenses clôtures grillagées à perte de vue.

Une partie du chantier archéologique de Los Castillejos à Fuente de Cantos
Très belle terre profonde mais hélas ravagée par le soleil et les sécheresses successives 
Un troupeau de moutons sur une surface grillée par le soleil dès le mois d’avril 
Un élevage de porcs en forme de camping pour touristes 
Et mon arrivée à 12h15 à Fuente de Cantos où tout est très calme. Je ne peux pas manger avant 14h voire 15h.  

Il n’y a pas d’albergue dans ce bourg. Je trouve refuge à l’hôtel Rural « La Fabrica». C’est un ancien moulin à blé où toute la décoration est faite avec les anciennes machines, roues courroies..

Par contre il n’y pas de pèlerin hormis un couple de Hollandais. Où sont ils passés ?

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Lundi 17 avril

Avant de commencer cette étape, j’ai reçu une info de Myatlas (Hébergeur de mes carnets de voyages) m’indiquant que j’ai dépassé les 10 000 vues sur mon premier chemin effectué en 2018 du Puy en Velay à St Jacques de Compostelle en passant par le camino Norte (Bilbao, Oviedo..) puis le Primitivo… C’était ma première expérience de récit de carnet de voyage en randonnée itinérante. Beaucoup de galères à l’époque pour me connecter au Wifi avec mon téléphone. Je portais beaucoup d’appareils sur moi ou dans mon sac à dos tels que mon appareil photo, un mini-Ipad, ma caméra Gopro , les chargeurs... Bref aujourd’hui, je poursuis mes randonnées au long cours avec Myatlas mais uniquement avec un seul appareil : mon IPhone 12 Pro. C’est pas lourd et je télécharge les photos en quelques fractions de secondes. C’est top comparé à 2018. A la fin de chaque carnet, je peux commander ce carnet de voyage sous forme de livre.

Par contre cela demande de la rigueur : après chaque étape , c'est la douche, la lessive, manger un petit peu , un peu de repos puis commencer à rédiger l’étape du jour avant de partir visiter les lieux et retrouver l’ambiance du camino avec les autres Pèlerins venus du monde entier.

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Étape de 23,6 km entre Fuente de Cantos et Zafra.

J’ai quitté l’hôtel à 7h15 avant le petit déjeuner afin de réaliser l’étape dans la matinée. J’ai quelques barres de céréales et de l’eau pour tenir la distance.

Le camino emprunte un chemin de terre sur presque toute l’étape. Le paysage est formé de grandes plaines céréalières avec beaucoup de champs restés à l’état de labour car je suppose que la sécheresse mettrait vite à mal toute tentative de semailles . Au fur et mesure que je me rapproche de Zafra, je note beaucoup de reconversions de céréales vers de la plantation de vignes et d’oliviers. Aujourd’hui, il y a deux localités intermédiaires, Calzadilla de los Barros et Puebla de Sancho Pérez. Hélas nous sommes lundi et les commerces sont fermés.

Zafra est une ville importante de la région avec 16702 habitants et active dans le domaine culturel, avec des monuments et des lieux tels que l'alcazar-palacio de los Duques de Feria, la collégiale de la Candelaria, et les agréables places Grande et Chica sans oublier de grandes bodegas (caves).

Je suis arrivé à 12h15 à l’albergue San Francisco située dans un ancien couvent. J’ai eu de la chance car à mon arrivée il restait plus qu’un lit (sur 17). J’ai retrouvé les pèlerins des étapes précédentes ( italiens, espagnols, allemands, hollandais).

En quittant la petite ville de Fuente de Cantos 
L’hôtel rural « La Fabrica » ancien moulin à Fuente de Cantos
El Restaurante El gato : j’ai bien discuté avec le patron et il m’a offert une spécialité de l’extramadure : la liqueur de chênes 
Calzadilla de los Barros: beaucoup d’élevages de porcs au pied du village 
Entre céréales et vignobles  
Oliveraies  
Reconversion vers la vigne 
La ville de Zafra 
L’albergue du couvent San Francisco . Très bonne adresse
Zafra :jolie petite ville avec ses plazas Cita, Grande y España 
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Mardi 18 avril

Étape de 20,8km sans grande difficulté.

Comme les jours précédents, tous les Pèlerins se lèvent et partent de bonne heure pour une si courte étape. Je suis le dernier à partir car j’ai réservé mon petit déjeuner à l'albergue servi à partir de 7h30 par Sandra, l’hospitalière de l’albergue San Francisco. Je profite ainsi de la quiétude du lieu pour déjeuner tranquillement.

Petit déjeuner à l'albergue San Francisco : Le grand luxe ce matin pour un Pèlerin mais hélas ce n’est pas proposé partout 

Dès la sortie de Zafra, le camino suit un chemin de terre bordé tout le long de l’étape de plantations d’oliviers et de vignes.

je profite d’être accompagné sur les 3/4 de l’étape d’Espagnols pour échanger et mettre en pratique mon apprentissage à cette langue depuis octobre 2022. Merci à Marc et Hubert, mes profs respectifs de St Apollinaire (21).

La Torre de San Francisco à la sortie de Zafra, c'est le reste de l'ancien couvent St Benoit  

A 5 km environ de Zafra, je traverse le charmant village de Los Santos de Maimona.

Très belle fresque sur le camino  
Los Santos de Maimona 
Très belles plantations entre vignes, oliviers et amandiers  

Arrivée à Villafranca de los Barros à 12h.

Je retrouve au bar de la place tous les pèlerins rencontrés depuis mon départ de Séville . Nous en profitons pour boire quelques verres en récupération de l'étape car il fait chaud.

Arrivée à Villafranca de los Barros 
Les retrouvailles toujours très sympathiques 
Ruta del vino et camino de la Plata font bon ménage 
« Ce ne sont pas nos différences qui nous divisent  mais l’incapacité à accepter ces différences » 

Je profite des conseils des hospitaliers pour choisir les restaurants. Aujourd’hui je fais connaissance d’un pèlerin Français, Fred de Rennes. Nous nous retrouvons pour manger ensemble : excellent menu pour les Pèlerins à 12€ ( il faut le demander car il ne figure pas sur la carte).

Le restaurant indiqué par l’albergue : Déco au plafond avec des cercles formés de verres à pied retournés
Centre du village de Villafranca de los Barros 
Église du Carmel 

Je suis hébergé avec les autres copains pèlerins à l’albergue ExtraNature. Très bon accueil et service gratuit pour la lessive : une première depuis Séville.

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Mercredi 19 avril

Aujourd’hui, je commence ma deuxième semaine de marche sur le camino de la Plata.

28 km au programme : Dès la sortie de Villafranca, le chemin suit une énorme piste empierrée très rectiligne sur les 3/4 du parcours . C’est une énorme plaine composée de vignes et d’oliveraies. L’ensemble est cultivé avec soin que ce soit sous les oliviers ou entre chaque rang de vigne, pas une touffe d’herbe n’échappe aux tracteurs munis de leurs lames. Les voitures ou tracteurs croisés sur cette piste, dégagent à chaque passage un énorme nuage de poussière difficile à éviter. Cette partie du chemin me rappelle certaines étapes de la traversée de la Meseta sur le camino Francés, avec une vue très dégagée sur plusieurs km devant soi . Pas question de m’attarder sous le soleil et la chaleur, je réalise ces 28 km en 5h15 et dès 12h je rentre dans le village de Torremejía. Peu de changement au niveau des rencontres de Pèlerins par rapport à la veille, nous nous retrouvons tous à l’albergue « Rojo plata ».

Torremejía est un village pas très joli. Au cours de la guerre d’indépendance en 1808 il semblerait que l’ancien village a été rasé presque en totalité avec tout son patrimoine et histoire romaine . Aujourd’hui, les rues sont toutes parallèles et rectilignes, très larges et très tristes aussi.

Je quitte Torremejía dès 6h50
L’albergue Extra Nature de Villafranca de los Barros 
Je pars à la lampe frontale et assiste au lever du jour au plein milieu des vignes  
 Parcourir les 28 km seul dans cette grande plaine devient vite monotone.
L’albergue Rojo plata
Torremejia et ses larges rues  
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Jeudi 20 avril

Petite étape de 15,7km pour atteindre la ville romaine de Merida.

Merida est la capitale de la région Extramadura et compte 60000 habitants. Son patrimoine archéologique très riche, est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1993.

Dans le centre ville, de nombreux monuments évoquent son passé : un temple, un amphithéâtre, un cirque, des thermes, des aqueducs, des arcs et un musée national d’art romain.

Petite visite en photos:

El puente romano sur le Rio Guadiana
Le Rio Guadiana 
Le centre ville La Plata de España
Rince-bouteilles et bougainvilliers 
Le temple Diana-Palacio de los Corbos
Théâtre amphithéâtre  
Portico del Foro 
Le site d’Alcazaba 

Et encore beaucoup d’autres sites à visiter mais la chaleur et la fatigue l’emportent sur mes envies.

Je suis hébergé à l’albergue de Peregrinos Molino de Pancaliente.

Je suis avec Fred , Français rencontré il y a deux jours. Fred habite en Bretagne à Rennes et originaire de la Nièvre(58).

L’albergue de Merida  
Fred, premier Français que je rencontre sur la via de la Plata 

Et pour finir un petit point kilométrique !

Balise devant l’albergue de Mérida
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Vendredi 21 avril

Aujourd’hui je décide d’aller jusqu’à Alcuéscar situé à 35,9km de Mérida et me rapprocher le plus possible de la ville de Cáceres pour y faire étape samedi si possible.

Étape longue et agréable , avec peu de dénivelés.

Je quitte l’albergue de Mérida dès 6h30 avec d’autres Pèlerins. Rendez-vous dans un bar pour prendre notre Desayuno (petit déjeuner).

Avec Daniel, jeune Allemand de Karslruhe, Marc Hollande, Violetta Italie et Carlos Espagne 

Ils décident tous de s’arrêter dans une Albergue à Aljucén à 19km avant Alcuéscar. Nous ne sommes pas sûr de nous revoir après, c’est ainsi le chemin.


Je passe par l’aqueduc romain de Los Milagros, à la sortie de Mérida puis au barrage romain de Proserpina .

Aqueduc romain de Merida à 6h45 
Le barrage romain de Proserpina et son aire de loisirs

La journée se déroule en grande partie sur des chemins de terre entre pâturages DEHESA et les broussailles méditerranéennes (lavande, cistes, genêts…)

Végétation méditerranéenne  

A Aljucén, après avoir parcourus 16km , il est 10h, je fais ma première pause Coca/ Tortillas, il me reste encore une vingtaine de km à faire et sans ravitaillement possible. Je dois prendre des forces…

De quoi me redonner des forces cette belle tortillas
Aljucén  
Il y a des jeux de vachettes sur le camino !!! et avec un beau guidon. 
J’aime bien les passages de ruisseaux , rivières  et surtout que les marches n’ont pas forcément toutes la même hauteur…
Cruz de San Juan, balise sur chemin, il reste une heure de marche !!!


A Alcuéscar, la seule Albergue se trouve à la Casa de la miséricordia des esclaves de Marie et des pauvres, ordre à caractère religieux et d'assistance. Je suis accueilli par Manuel avec beaucoup d’humour alors que j’étais un peu cassé de ma longue étape. En plaisantant, il me montre où sont les douches puis un grand miroir disponible à partir de 22h pour aller en boîte de nuit… le tout en espagnol . J’ai bien compris… et ri avec lui vu mon état.

Manuel l’hospitalero et l’albergue 
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Samedi 22 avril

Soirée la veille à l’albergue d’Alcuescar:

Repas en commun préparé et servi par Manuel, l’hospitalero de Valencia 

Puis, à la fin du repas, des jeunes Scouts de la région Extramadura en pension également sur le site, sont venus nous voir pour nous poser qq questions sur le camino.

Sympathique cette visite  


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C’est une étape très longue aujourd’hui avec 37,4km et heureusement sans trop de dénivelés.

La météo a changé hier soir avec une grosse averse à 22h00, et pour conséquence la chute des températures ce matin.

Le parcours est agréable, sur des pistes de terre, avec toujours de très grandes DEHESA avec ou sans arbre et des pâturages immenses.


Je suis essentiellement une ancienne voie romaine avec ses ponts mais aussi ses bornes milliaires. C’était des bornes routières réalisées en pierre locale et sous forme de colonnes monolithiques, portant une inscription et destinées à marquer les distances sur le tracé des principales voies romaines.

Ponts et bornes de l’époque romaine  


Les moissons ont commencé 

Puis c’est l’arrivée à Cáceres avec la traversée de la ville…

C’est une très belle ville classée Unesco mais hélas il y a une fiesta ce soir et j’ai passé plus de trois heures à chercher une chambre en vain (hôtel, auberge de jeunesse, Booking , office de tourisme…) . Après 37,4km dans les Jambes, je ne me sentais pas à continuer 12 km plus loin pour trouver de la place dans une Albergue . J’ai appelé un taxi pour m’emmener au village de Casar de Cáceres (toujours sur le chemin). Petite consolation en arrivant ici à Casar , tous les pèlerins ont galéré comme moi. Dommage car j’ai vu de très beaux monuments, places …C’est vraiment une ville à voir.

Cáceres
La cathédrale de Cáceres
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Dimanche 23 avril

Encore une grande étape aujourd’hui avec 33,4 km et 370m de dénivelés « cassants ».

Je commence à sentir quelques signes de fatigue: ma première ampoule au petit orteil droit ( peut-être dû à un pli dans la chaussette) et au niveau des genoux. j’ai pris les bâtons de rando pour terminer les 10 derniers km…

Je dois tenir ce rythme encore 2 jours et après je reviens sur des longueurs d’étapes plus raisonnables c’est à dire entre 20 et 25km.

Étape agréable aujourd’hui sauf la partie en bord de route sur 8 km environ le long du lac de Alcántara II.

Pas de possibilité de se ravitailler en route ni même trouver un bar, je dois gérer avec ce que j’ai dans mon sac. Au menu de ce dimanche, ce sera boîte de pâté et boîte de sardines sur biscottes de flocons de maïs (c’est pas lourd et ça tient longtemps) avec une barre de chocolat genre Mars. À partir d’aujourd’hui, je n’ai plus de stock sur moi et demain c’est lundi avec peu de commerces ouverts…

Départ ce matin à 7h avec de très belles vues au lever du jour.

A la sortie de Casar un champ de panneaux photovoltaïques orientables cachés dans le relief  du terrain 
Je traverse toujours d’immenses pâturages avec parfois des réservoirs d’eau  

je suis toujours sur la voie romaine, les bornes milliaires jalonnent celle-ci .

Et un peu de compagnie  

Puis je me rapproche et croise la nouvelle voie ferrée « Grande Vitesse » ainsi que l’autoroute.

Nous pouvons envier l’Espagne pour son réseau ferré, ses gares … c’est très impressionnant.

Ensuite j’arrive vers l’immense réservoir d’eau « Embalse de Alcántara II » alimenté par le Rio Almonte et le Rio Tajo.

Lac réservoir Alcántara II
Petits raidillons casse-pattes et territoire aride en arrivant à Canaveral : il n’y a plus que les cistes qui résistent au climat 
Arrivée à Canáveral à 15h sous la chaleur 

J’ai trouvé un hébergement à l’albergue Turistico Hostel Canáveral : Très bien

L’albergue  
L’église et le plus long banc public au bord de la rue principale de Canáveral
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Lundi 24 avril

Dès 7h00 ce matin, je quitte l’albergue pour une nouvelle étape de 37,6km et rejoindre Carcaboso. Les petites douleurs de la veille sont déjà loin, j’ai pris soin de mes pieds avant le départ ( bandes strappal aux points d’échauffement + pommade anti-frottement Nok) et massé mes jambes à la crème Topiflex. Les gourdes sont pleines (1,5l ) avec de l’eau fraîche, j’ai sorti les bâtons du sac , la casquette avant de passer au chapeau dès que le soleil chauffe un peu trop.

Seul point négatif, j’ai juste un café dans le ventre car pas de petit déjeuner à l’albergue et le premier bar du village ouvre à 8h. Je ne peux attendre vu les km à parcourir. Il faudra attendre le 1er village de Galisteo à 27km pour trouver un bar restaurant et il sera 12h30 environ. J’ai juste une barre de céréales en coupe faim, je dois faire avec.

La végétation au nord de Cañaveral n’a plus rien à voir avec celle de la veille au sud,

c’est beaucoup plus vert. Je trouve des ruisseaux avec de l’eau qui coule dans les pâtures, c’est très surprenant.

Les chênes- lièges sont dépouillés et voir un peu de verdure me rassure.
Le chemin se trouve à l’intérieur des pâtures sur plus de 12 km sans voie d’accès, uniquement des portes dans les clôtures.
Cistes et lavande  
Réservoir et barrage Arroyo Boquerón 

Arrivée à Galisteo vers 12h30, je retrouve Giovanni et Dominico (italiens) et Anne ( Hollandaise) au 1er bar restaurant en entrant dans le village forteresse de Galisteo . J’ai faim et j’ai plus d’eau. Pause avec eux et j’en profite pour faire quelques courses à l’épicerie et refaire mon stock sécurité et manger une « Racione » oreilles de porc avec des frites ( mais je ne savais pas que c’était de l’oreille… et c’est pas mauvais).

Très belle forteresse ceinturant toute la vieille ville 

Il me reste 11km, le ventre rassasié, j’ai de l’eau fraîche je file en direction de Carcaboso en passant par le pont sur le Rio Jerte.

Sortie de Galisteo 

Arrivée vers 16h à Carcaboso, je retrouve Dominico car Giovanni est resté à Galisteo (tendinite) et un jeune Français Rémy.

L’albergue municipale est fermée et il n’y a plus de place nulle part. Finalement c’est dans une Casa Apartamento Rural que nous trouverons 2 lits … et nous sommes 3. Je dormirai ce soir sur les coussins du canapé, j’ai connu pire .

Casa apartamento rural de Carcaboso 

J’ai bien cru devoir prendre une nouvelle fois un taxi.

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Mardi 25 avril


C’est l’étape reine de la Vía de la Plata, d’une grande beauté, très longue avec 38,3km pour atteindre le petit village de Aldeanueva del Camino. Il était temps je ne voyais pas la fin de cette étape. Tous les pèlerins y compris moi-même sommes explosés à l’arrivée avec en plus une chaleur de plus 30 degrés. Pas de ravitaillement en cours d’étape, je dois emporter non seulement de quoi manger mais également emporter 3 litres d’eau. Le poids du sac s’en ressent mais à l’arrivée j’aurai tout consommé …

Je quitte Carcaboso à 6h15 , il fait nuit noire, je marche à la lampe frontale et c’est difficile par endroit de trouver les marques du chemin. Petit à petit le jour se lève avec le gazouillis des oiseaux, puis les vaches qui meuglent pour appeler leurs petits et la silhouette des arbres qui apparaît de plus en plus au fil des minutes qui passent.


Et les yeux des vaches noires brillent à la lueur de ma lampe sans trop les affoler  

L’eau coule un peu partout, dans les près, dans les canaux et dans les ruisseaux.

De gros investissements ont été faits avec l’aide de l’Europe pour gérer l’eau dans les canaux : renouvellement des canaux béton, pose de vannes …


C’est une Journée très solitaire à traverser encore d’immenses DEHESA, sur des pistes de terre, sur des sentiers dans de beaux pâturages.

Je suis toujours sur la voie romaine, des traces de cette époque le rappel bien : bornes milliaires, ponts romains… Puis au milieu de l'étape, j’arrive sur le site archéologique de Cáparra. Je passe sous l'arc quadriforme romain de Cáparra et je visite l’ancienne ville romaine. Pour info, l’arc quadriforme est repris dans le symbole de la Via de la Plata.

Blocs de granit 
C’est vert maintenant dans ces immenses pâturages 
Bornes milliaires abandonnées

Le site de Cáparra:

Morceau de la voie romaine  très bien conservé 
Très beau site dans l’axe du chemin  
Ce n’est pas un pont romain mais contemporain…
Les cigognes sont présentes partout depuis mon départ de Séville 

Et me voici arrivé à 15h30 à Aldeanueva del Camino

Aldeanueva del Camino 

Par prudence , j’ai réservé la veille à l’albergue La casa de mi abuella ( la maison de ma Grand mère). Très bien

Après le rituel douche, lessive, je m’écroule dans mon lit pour refaire surface vers 18h. Les autres pèlerins voisins de lits font pareil aussi, ils ronflent tous … ça promet pour cette nuit.

A noter : ça fait deux semaines que je marche et Séville me semble déjà loin…

L’albergue ‘ la casa de mi abuella’ 

Il est 23h, je publie ce post et je vais me coucher, les journées sont très longues ici depuis ce matin 6h15 (mon départ) sur le camino mais la passion l’emporte sur la fatigue.

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Mercredi 26 avril

Aujourd’hui c’est une journée plutôt de récupération après plusieurs longues étapes de suite . La distance n’est que de 22 km. J’en profite pour partir plus tard vers 7h30.

Après la grosse journée d’hier, je n’ai pas de courbature , ni ampoule. Pour autant, je passe quand même 30 minutes à préparer mes pieds comme chaque matin, c’est très important pour la suite de mon cheminement.

Après avoir déjeuner à l’albergue, je quitte le village d’Aldeanueva del Camino en longeant la Nationale 630 sur plusieurs kilomètres puis je prends un petit sentier qui me conduira vers le village de Baños de Montemayor. Ça monte doucement, je suis à 700m d’altitude, il fait moins chaud que la vieille, 25 degrés environ alors que ce matin en écoutant la météo à la télévision de l’albergue, ils annoncent 39 degrés à Séville. Baños de Montemayor une station de cure thermale sans doute connue déjà au temps des Romains avec une eau aux multiples vertues. Les bornes milliaires sont toujours mises en valeur pour rappeler la voie romaine.

En traversant Aldeanueva del Camino 
Les outils du pèlerin de l’époque  remplacés aujourd’hui par les GPS … et bâtons en carbone 
Baños de Montemayor  
Clocher particulier de l’église de Baños de Montemayor 
Baños de Montemayor et son lac réservoir 

Changement de paysage, je monte en direction des vertes montagnes.

Dans ce beau paysage, le chemin longe le Rio Cuerpo de Hombre
Pas de doute, les Romains sont passés par ici !!! 
Particularité des maisons : le mur est couvert de tuiles arrondies collées comme les tavaillons dans nos montagnes françaises
Je prends mon temps aujourd’hui, 10h petite pause Coca au bistrot à Baños  

Entre Baños de Montemayor et Calzada de Béjar, je quitte la Junta d’Extramadura et je rentre dans la Junta de Castille y Léon. Changement administratif certes mais aussi avec l’influence de la richesse de la région. La région Extramadure est l’une des plus pauvres d’Espagne mais quelle richesse des paysages et de l’accueil des Espagnols.

Après avoir mangé tranquille à l’ombre au bord du chemin, j’arrive à Calzada de Béjar à 14h.

Je retrouve d’autres Pèlerins Allemands, Français, Italiens à l’albergue du petit village.

Heureusement que le camino de la Plata traverse ce genre de village pour maintenir des locations pour pèlerins et un bar restaurant car malgré cela, beaucoup d’habitations tombent à l’abandon.

L’albergue à l’entrée du village  et Repos de Peregrinos 
Calzada de Béjar 
Demain comme chaque matin, direction Santiago à 500 km environ…
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Jeudi 27 avril

A nouveau une petite étape au programme avec 20,6km. Je vais en profiter pour me reposer de nouveau car de grandes étapes s’annoncent pour les jours prochains avec toujours de fortes chaleurs les après-midi.

En se promenant dans Calzada de Béjar, certaines maisons menaces de s’effondrer. Dominico et Rémi en pleine action… 
De gros nuages le matin laissent place à un magnifique ciel bleu vers 10h 
L’amour est dans le pré… 

La première moitié du chemin est agréable en partie boisé puis ce sera sur le bord de la route où sur un sentier étroit dans l’accotement.


En Castille y Léon, les balises en granit sont remplacées par des balises en bois mais toujours les fameuses flèches jaunes
Valverde de Valdelacasa et son clocher mur.

Fini les pâturages immenses, ici c’est de petites parcelles entourées de mur en pierre.

Il est à peine 12h, j’arrive au petit village de Fuenterroble de Salvatierra. Je vais directement à l’albergue paroissiale Santa Maria dirigée par le Padre Blas ( voir le site sur internet).

Cette grande Albergue (70 lits) est tenue par des Hospitaliers (Hospitaleros) Bénévoles.

Petite anecdote sur ce lieu:

En 2020, en pleine période Covid, j’ai entendu parler de cette Albergue sur les réseaux sociaux. Au moment fort de l’épidémie, 16 pèlerins se sont trouvés confinés de force ici car impossible pour eux de rejoindre un aéroport, une gare pour rentrer dans leur pays. Alors le Padre Blas les a gardé ici et occupé pendant 3 mois, le temps du confinement et chacun occupé à différentes tâches : un à faire la cuisine, un autre à faire de la peinture, d’autres aux réparations diverses du site et même un à faire office de sacristain. Très belle aventure à priori et mémorable pour ces pèlerins.

Faisant les mêmes étapes, nous nous retrouvons de plus en plus souvent le soir entre pèlerins dans les Albergues et les échanges sont d’autant plus agréables, nous nous appelons tous par nos prénoms, même si parfois la barrière des langues complique un peu les conversations. Alors l’outil magique du traducteur installé pratiquement dans tous les portables vient en appui des conversations .

Javier, l’hospitaliero au centre et Dominico Pèlerin italien. Superbe accueil !!!

Tous les hospitaleros sont occupés à différentes tâches :

A partir de 2 calèches reliées par le timon, il va faire une cabane avec un lit dans chaque calèche 
Lui , coupe du bois de récupération pour libérer la place devant la cabane à gauche construite par la communauté.
Ambiance « récup «  et « transformation artistique… »

A 19h30, les Pèlerins sont invités par le Padre Blas à l’église pour quelques informations sur la via de la Plata , sur l’église de Fuenterrobble puis à la bénédiction des Pèlerins par le Padre. Très belle ambiance entre Croyants, non-Croyants et autres religions.

Ces énormes statues en bois servent également pour les processions religieuses : elles sont installées dans différentes calèches .

Ensuite c’est le repas communautaire préparé par les Hospitaleros.

Avant de partir, (El Desayuno ) le petit déjeuner

Et c’est parti , chacun avec sa monture, moi c’est à pied, d’autres en vélo et ce matin il y avait un caballeros 
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Vendredi 28 avril

7h30: Et c’est parti pour une nouvelle étape de 32,2 km et quelques 400m de dénivelés positifs en passant par le Monte-Gordo à 1000m d’altitude environ. La température est idéale au départ et je supporte bien ma petite laine , mais très vite vers 10h la chaleur arrive.

Je marche toujours sur cette voie romaine avec de très longues lignes droites entre les pâturages. C’est plaisant, très très calme, aucun bruit de véhicule, le pur silence interrompu parfois par le chant des oiseaux.

Puis j’attaque tranquillement la montée vers le Monte Gordo dont la ligne de crête est matérialisée par toute une lignée d’éoliennes . Au dessus, dans la forêt de chênes, j’aperçois quelques points rouges, des fleurs à priori. En fait ce sont des pivoines sauvages, il y en a partout et sa embaume , ça sent une odeur d’églantines, de roses, c’est très agréable le matin.

Autre changement ce matin, je suis à 1000m d’altitude et là,les feuilles des chênes pubescents font seulement leurs apparitions.

Les pivoines sauvages poussent ici comme le muguet chez nous 

Ensuite, le silence est fortement contrarié par le bruit des éoliennes et du vent qui souffle sur la ligne de crête.

La vue sur la plaine est remarquable. Une variante sur les guides topo évite cette montée , je ne regrette vraiment pas d’être resté sur le tracé du chemin.

L’euro vélo 1 en Espagne suit la via de la Plata depuis qq jours (vtt recommandé) 

Ensuite je redescends du côté de San Pedro de Rozados. Je ne m’arrête pas à l’albergue de San Pedro mais je préfère continuer 4km de plus pour me rendre à Morille afin de me rapprocher de Salamanque, ville étape pour demain samedi.

En arrivant à Morille  

Ce soir je trouve un hébergement à l’albergue de Morille. Très bien

L’arrivée à l’albergue  
Il faut passer au bar pour les papiers et accord sur l’hébergement : je retrouve Park (Japonais ), Ingrid (Allemande )et Dominico 

Petite inquiétude pour demain soir: comme la semaine précédente c’est un week-end prolongé avec le 1 er mai et plus de chambre disponible dans les hôtels. Il n’y a qu’une Albergue de 16 lits et nous sommes beaucoup plus que 16 pèlerins à faire étape chaque soir dans les villages.

J’aviserai demain…

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Samedi 29 avril

Étape de 20 km sans difficulté.

Pour être sûr d’avoir une place à l’albergue de Salamanca, je me lève à 5h et je pars du gîte avec Domenico à 5h30. D’autres pèlerins font de même.

Dès la sortie de Morille, je m’enfonce dans la nuit noire en suivant les flèches jaunes à la lueur de ma frontale. Au bout de quelques km, les lumières de la ville de Salamanca apparaissent à une quinzaine de km.

Après avoir marché le long de pâturages, je me retrouve dans une immense plaine de céréales. Plus rien à voir avec les jours précédents . Le jour se lève peu à peu avec ses couleurs de feux.

Les lumières de la ville de Salamanca apparaissent  

Vers 8h , j’arrive vers La Croix des Pèlerins à 5 km de Salamanca.

El Cruz del Peregrinos  

Puis c’est l’entrée dans Salamanca. Je suis très surpris car très souvent, les entrées et sorties sont sales avec beaucoup de dépôts sauvages, là à Salamanca, presque rien, tout est propre. C’est une agréable surprise.

Avec Dominico, nous avons rattrapé Ingrid, une Pèlerine Allemande partie avant nous ce matin et très vite tous les trois, nous franchissons le puente romano ( pont romain) avec au-dessus de nous une vue magnifique sur la cathédrale de Salamanca.

Puente romano enjambant le Rio Tormes

9h30: Nous n’avons toujours pas pris de petit déjeuner, il me tarde de boire un café .

En premier, nous cherchons l’albergue puis trouver un bar ouvert. L’albergue est située juste à côté de la cathédrale en plein centre-ville .

Avec Dominico, nous sommes les premiers à arriver à l’allergie. Ouf !!! Il faut attendre 11h30 pour qu’un Hospitalero vienne nous ouvrir les portes pour qu’on puisse déposer nos sacs à dos.

Il n’y a que 16 places et tous les hôtels sont complets, il faut assurer!!!

En attendant l’ouverture du gîte, je visite le très beau jardin botanique juste à côté pendant que Dominico garde les sacs à dos.

Petit jardin botanique mais très beau et attenant à l’albergue 

Après avoir assuré nos places, je pars visiter la cathédrale et le centre de Salamanca. C’est une très belle ville.

Je prends un billet pour la visite de la cathédrale et un autre pour visiter les tours de celle-ci. Par chance, il y avait un concert de chorale avec plus de cent choristes…

St Jacques bien entendu !!!
Très belle cathédrale ( nouvelle) 

Et voici l’ancienne cathédrale imbriquée dans la nouvelle…

Ancienne cathédrale  jouxtant la nouvelle 
Le cloître 

Et voici la visite des tours de la cathédrale

Vues en visitant les tours de la cathédrale  
Le centre-ville de Salamanca 

Il est 16h15, je termine mon dessert et je continue ma visite… Je suis à l’heure « espagnol » … et c’est samedi !!!

La suite en photos:

La Plaza Mayor 
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Dimanche 30 avril

Après cette halte dans cette très belle ville de Salamanca, c’est une très longue étape aujourd’hui qui m’attend avec 36,6 km à parcourir.

Je quitte l’albergue vers 6h45 en profitant de la traversée de Salamanca. La ville m’appartient, il n’y a personne dans les rues à cette heure autour de la cathédrale et dans la Rua Mayor hormis quelques véhicules de la ville qui nettoient les rues. Puis, le camino traverse la Plaza Mayor en direction de la Rua Zamora. Là, ce sont plusieurs dizaines de Jeunes Fêtards Espagnols qui chantent et titubent encore de l’ivresse de la nuit.

C’est super de traverser la ville et profiter des lieux avant que les terrasses des bars/restaurants soient installées 
Tradition taurine au dernier rond-point avant de sortir de la ville
Ma sortie de Salamanca et direction N-630 Zamora 

Ensuite l’étape n’est pas très intéressante. Je longe la nationale N-630 sur 7km avant de prendre un chemin qui me conduira vers les villages d’Aldeaseca de la Armuña, Castellanos de Villiquera et Calzada de Valdunciel. Je traverse toujours une zone de grandes cultures céréalières mais sans trop d’intérêts photographiques.

Castellanos de Villiquera 


A partir de ce dernier village et jusqu’à El Cubo de la Tierra del Vino sur plus de 20 kilomètres, je chemine à proximité de la nationale N-630 et de l’autoroute A-66, sans ravitaillement possible en eau, nourriture et très exposé au soleil.

Je m’intéresse à la technique d’irrigation  différente de chez nous 

J’arrive à El Cubo de la Tierra del Vino vers 14h30. Je marche depuis plus de 7 heures avec seulement une petite pause de 30mn pour manger ma boîte de rillettes de thon. Je trouve refuge à l’albergue Torre de Sabre. Je prends la formule proposée en demi- pension car je n’ai vu aucun bar restaurant dans le village.

Albergue Torre de Sabre à El Cubo de la Tierra del Vino

Cet après-midi, je sens que j’ai besoin de récupérer un peu de cette longue étape et demain au programme, une nouvelle étape de plus de 30km…

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Lundi 1er mai

La cena : Diner copieux pris en demi-pension (Suisse Italie, Espagne, France)

Après le petit déjeuner , je pars à 6h15 d’El Cubo del Vino pour une étape de 31,5 km.

Il fait nuit et je suis surpris par la température très basse comparé aux autres matins. Je supporterais bien ma doudoune qui est restée au fond de mon sac à dos .

L’étape est plus attrayante que la veille, les paysages sont plus variés . Je quitte rapidement la grande plaine céréalière pour retrouver un paysage plus vallonné et plus morcelé . La vigne fait de nouveau son apparition.

Très vaste plaine du côté de Zamora 
Je retrouve de la vigne 
Belles balises de la via Plata 
Une petite portion en bord de route avec peu de circulation, nous sommes le 1 er mai ; Fête du travail 
Puis j’aperçois Zamora au loin à une dizaine de km

Seconde vie des baignoires …

Puit de promesses… 
Joli champ de coquelicots  

Il est 12h30, je rentre dans la petite ville de Zamora .

Je longe le fleuve Duero (nom Espagnol du Douro). ll prend sa source en Espagne et finit son cours au Portugal pour se jeter dans l’Atlantique. La ville romane de Zamora domine le fleuve. La ville est assise sur des remparts formés par des roches rougeâtres et jaunâtres. J’accède à la vieille ville en franchissant le pont de pierre moyenâgeux.

Zamora et le fleuve Douro  

Je trouve un hébergement à l’albergue au centre de la vieille ville.

Zamora est une très belle ville chargée d’histoire avec une très cathédrale, des églises Romanes , nombreux musées.

La cathédrale  
El Castillo  
Vers la Plaza Mayor  
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Mardi 2 mai

Je quitte Zamora à 6h45 pour une étape de 42 km. C’est sans doute mon étape la plus longue sur ce chemin. J’ai la possibilité si ça ne va trop bien, de m’arrêter 11km avant Granja de Moreruela, c’est rassurant.

C’est une étape assez singulière. Je marche toujours au milieu de vastes champs de céréales en longeant la nationale N630 et l’autoroute « la Ruta de la Plata ».

Je m’occupe en contemplant cet art « comptant pour rien » en bord de route à Roales del Pan
Il fait froid le matin avant 9h, cette fois ci j’ai sorti ma doudoune 
Quelques vélos font ce chemin !!! 

Je traverse le petit village de Montamarta. Son réservoir d’eau est bas , j’aperçois celui-ci uniquement en gravissant la route qui passe à proximité de l’Ermita de la Virgen del caestro.

Montamarta  
L’Ermita de la Virgen del Caestro 
Réservoir d’eau de Ricobayo 
L’ancienne forteresse de Fontanillas de Castro 
Effondrement de vieux bâtiments construits à l’époque en pisé . On se croirait au Maroc 

Puis c’est l’arrivée vers 16h15 à Granja de Moreruela.

Je suis hébergé à l’albergue et je retrouve Giovanni et Domenico les Italiens ainsi qu’Ingrid (Allemande).

La Tienda (épicerie)

Pourquoi faire une si longue étape :

C’est ici pour moi la fin de mes étapes sur la Via de la Plata depuis mon départ de Séville il y a tout juste 3 semaines.

C’est ici que commence le camino Sanabres en direction d’Ourense et Santiago.

Je suis toujours en Castille y Léon.


A gauche direction le camino Sanabres et à droite la via de la Plata jusqu’à Astorga

Je préfère commencer ce chemin Sanabrés avec un début d’étape plutôt que bifurquer en milieu de journée de la Via de la Plata vers le Sanabrés.

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Il est 22h30, je fatigue , mes yeux tombent sur mon téléphone. Tous les Pèlerins sont déjà couchés. Je dois aller me reposer car demain matin réveil à 5h…

A suivre

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Mercredi 3 mai

Nouvelle étape de 26,1 km et un peu plus de 300m D+

Les étapes se suivent mais ne se ressemblent pas. Après les champs de grandes cultures céréalières des jours précédents, je retrouve un peu de plaisir à traverser des parties boisées ou de maquis.

Voici la signalétique du chemin : à droite la via de la plata direction Astorga et à gauche direction Ourense

A 7 km environ après Granja de Moreruela , j’aperçois un grand lac / réservoir sur la rivière Elsa. Je traverse le pont ( puente Quintos) puis le chemin emprunte à gauche un sentier escarpé grimpant dans le maquis au-dessus du lac.

Sentier balisé à gauche du pont et je retrouve quelques pivoines sauvages  
Caves ou granges enterrées à l’entrée de Faramontanos de Tábara  et construction en briques de terre et paille 


À l'entrée de Tábara, je vois la belle église de Santa Maria.

Église Santa  Maria de Tábara

A 12h30, en arrivant à Tábara, je cherche l’albergue municipale. Elle se trouve à la sortie du village. Entièrement rénovée, elle contient 28 couchages donc pas d’inquiétude côté places disponibles . Ce soir , un repas communautaire (en commun ) est proposé le tout en Donativo (dons ). Par contre, pour l’étape de demain, l’albergue suivante ne contient que 16 couchages et nous sommes plus de 14 ici à dormir à Tábara. Il ne va pas falloir traîner sur le chemin demain matin, premiers arrivés, premiers servis…

Albergue municipale de Tábara 
Apéro et repas communautaire préparé par les Hospitaleros 
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Jeudi 4 mai


Étape de 23,4 km avec 210 D+

C’est après avoir pris le petit déjeuner en commun à 6h30, je quitte l’albergue municipale de Tábara pour rejoindre le camino Sanabres.

Tout le long de cette étape, je constate les traces des incendies qui ont ravagé cette région il y a 9 mois. Des forêts, des maisons, les champs de céréales ont été la proie des flammes sur plus de 20 km soit des milliers d’hectares touchés.

Le village de Tábara a failli être en flamme et sans le courage d’Angel Martin Argonauts, qui a l’aide d’une pelleteuse, il a tout fait pour éviter le pire en creusant une tranchée jusqu’à ce que les flammes avalent la pelleteuse. Il est sorti des flammes brûlé à 80%. Il est reconnu aujourd’hui comme le héros de Tábara. ( voir Incendie de Tábara sur YouTube).

Les incendies de juillet 2022 

Malgré les incendies, cette étape est très variée au niveau des paysages et ainsi le chemin est agréable à parcourir. Ce matin, je marche avec Domenico (Italien), Ingrid et Joachim (Allemands) . Nous avalons très vite les 24 km et à 12h 15, après avoir fait une pause bocadillos , j’arrive au petit village de Santa Marta de Téra à l’albergue municipale.

Le camino Sanabrés  

Je retrouve toujours ces maisons et/où caves séminaire -enterrées

La région semble moins touchée par la sécheresse par ici. Cependant, tout un réseau de canaux d’irrigation en béton apporte l’eau nécessaire aux différentes cultures.

Les canaux d’irrigation 

Mon arrivée à Santa Marta de la Téra avec sa magnifique église Romane du XIeme siècle.


L’hospitalera fait visiter l’église et son petit musée.

Lors de cette visite, je tombe sur deux panneaux intéressants retraçant le renouveau de la Via de la Plata

La pérégrination sur la via de la Plata aurait été relancée en 1990/1991 à en croire ces panneaux 

Comme nous sommes arrivés de bonne heure avec les autres pèlerins, Domenico me donne un petit cours de cuisine italienne.

Domenico en action  

Et la très Belle Albergue de Santa Marta

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Vendredi 5 mai

Petite anecdote :

Avec la fatigue accumulée au cours des étapes précédentes , et bien ce matin j’ai loupé l’heure du réveil… Moi qui ne suis pas un grand dormeur, j’ai pris quelques dispositions pour ne pas entendre les ronflements et bruits nocturnes en portant des boules Quies. En plus, je porte un masque de nuit contre la lumière de la veilleuse de sécurité et les lampes de poche à chaque fois qu’un pèlerin se lève la nuit . Résultat : je me réveille tranquille ce matin puis coup de panique plus personne dans la chambre, il est 7h15... Nous étions 6 dans la chambre et je n’ai entendu personne se lever, faire son sac , ni même ma voisine du dessus qui dormait dans le même lit superposé que moi, descendre et partir. Incroyable !!!

Du coup, après avoir repris mes esprits, je ne m’affole pas, j’ai une étape de 27,3 km soit 6h de marche. Je prends le temps de me faire un café, manger une pomme , faire un brin de toilette et prendre tranquillement le chemin à 8h00 après cette petite grass’ mat finalement très appréciée.

Après cette petite anecdote, je quitte Santa Marta en longeant le Rio Téra. La végétation est différente des autres jours. Je traverse des plantations de peupliers et petites parcelles de cultures irriguées dont beaucoup de champs de maïs.

Entre peupliers , maïs et potagers … une balise m’indique la distance me séparant de Santiago 
Santuario de Nuestra Señora del Agavanzal

Après une pause Coca Tortillas vers 11h à Olleros de Tera, je poursuis ma route en direction du barrage d’Agavanzal. Des incendies ont aussi ravagé la région par ici en juillet 2022.

L’usine hydroélectrique 

Le chemin est très agréable, varié et la température idéale pour marcher.

Très beaux passages entourés de végétation type méditerranéenne 

Après une petite pause au lac, je me retrouve très vite à Rionegro del Puente.

Rionegro sur le Rio Negro. 

Après mon installation à l’albergue, je me souviens des conseils de Christian et Monique de la chaîne YouTube « Robin’s Camino » d’un bon restaurant en face du gîte chez Theo au Restaurante Me gusta comer. Dominico et Ingrid me suivent, il est 15h00 ( repas à l’heure espagnol). Après les présentations avec Theo, il nous sert un menu spécial Peregrinos le meilleur depuis mon départ de Séville.

L’albergue de Rionegro del Puente 
et sans oublier les 3 eaux de vie en plus … et Theo le Chef  qui prépare les assiettes devant nous.

C’est pas facile la vie de Peregrino quand il faut rédiger le carnet de voyage après de tels efforts.

Il faut savoir apprécier de tels instants de bonheur autour d’une bonne table car ce n’est pas tous les jours ainsi.

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Samedi 6 mai

Étape de 26,2 km 380 D+

Je quitte en dernier, la très belle Albergue entièrement rénovée de Rionegro . Il est 7h30 et j’espère arriver vers 12h30 pour acheter quelques courses à la Tienda (épicerie locale) d’Asturianos.

La température a chuté de nouveau ce matin, il fait quelques degrés au dessus de zéro et de gros nuages se forment dans le ciel. La météo annonce des averses cet après-midi.

Le paysage bordant le chemin est agréable, j’aperçois tout au loin, les premières montagnes de la Galice.


Entre Rionegro et Mombuey 
Église et borne  de Mombuey 
De très belles clôtures en pierre sèche 
Cernadila 

La plupart des maisons des villages sont vidées de leurs habitants. C’est triste à voir car il y a pourtant de très belles maisons pas très anciennes sur de très beaux terrains.

San Salvador de Palazuelo
De beaux passages en forêt 

Je passe à la Tienda (épicerie) d’Asturianos avant de venir à l’albergue. Pour changer un peu des menus del dia ( menus du jour), je décide de cuisiner un peu pour le repas de ce midi et ce soir. J’achète une douzaine d’œufs (pas de boîte de 6), des pâtes (pennes), 3 sortes de jambon , sauce tomate, thon , oranges …

Je viens ensuite à l’albergue située dans une salle de sport ( gymnase) et attenante à un bar. Je constate que la cuisine est condamnée en partie, les plaques de cuisson sont interdites d’utilisation et entourées de rubans , pas de casserole, pas d’assiette ni couvert… En fait l’hospitalière tient le bar et vend les boissons et bocadillos (petits sandwichs) et donc elle condamne la cuisine pour avoir les pèlerins comme clients.

Que faire de ma douzaine d’œufs? Je ne vais pas marcher demain avec toutes ces courses ? Du coup j’ai posé la question à l’hospitalière, et un peu gênée peut-être de condamner la cuisine, elle m’a proposé de me faire une omelette ce soir avec mes œufs … et le reste des victuailles, je les porterai jusqu’au gîte suivant.

L’albergue est très classique et n’a rien à voir avec celles des jours précédents. Elle est à l’écart du village et c’est dommage.

L’albergue d’Asturianos
27

Dimanche 7 mai

Très belle étape de 27,5 km avec un temps idéal pour marcher.

En regardant Google Maps, je suis à quelques km de la frontière avec le Portugal.


Palacios de Sanabria 
Église d’Otero de Sanabria 
Le chemin traverse un maquis de genêts, bruyère…  avec de belles couleurs 
J’aperçois le beau village de Puebla de Sanabria

Le dynamisme de Puebla de Sanabria :

Novateur ce village en 2011
Puebla de Sanabria 

Soit je fais un détour par la route, soit je monte un bel escalier de 231 marches qui me conduira au pied du château : je choisis l’escalier…

Je ne regrette pas d’avoir pris cet escalier, la vue est superbe. 
Légende sur la barque de pierre 
Je longe le Rio Castro à la sortie de Puebla de Sanabria 

Depuis mon départ de Séville, j’aperçois des cigognes un peu partout.

Santiago de Terroso 
Joli passage en sous bois  

Puis il est 13h, j’arrive au village de Requejo , fin de mon étape.

Je choisis d’aller à l’albergue Casa Cervino car il y a une cuisine et je pourrai manger enfin mes pâtes au thon et sauce tomate mais surtout alléger le poids de mon sac à dos.

Requejo est un tout petit village qui comme les villages des étapes précédentes, se vide de ses habitants.

Je profite d’être tranquille pour cuisiner mes pâtes et manger sur le balcon avec une très Belle vue
Les bornes balises indiquent les km qui me séparent de Santiago : il me reste moins de 240km…
28

Lundi 8 mai

Petit problème technique mais qui a toute son importance dans ce genre d’aventure : mes chaussures me lâchent !!!

Hier soir, en faisant un petit point en toute confiance, sur l’usure de mes chaussures, j’ai eu la surprise de voir ma chaussure gauche décollée sur 5cm à partir du petit orteil et la droite qui commence aussi.

Neuves au départ comme à chaque fois que je me lance sur tant de kilomètres, achetées dans un magasin spécialisé « le Vieux Campeur », utilisées dans des conditions idéales c’est à dire pas de pluie, boue, neige comme en 2018 sur la voie du Puy, je suis plus que déçu de cette nouvelle paire, des LOWA RENEGADE MID GTX (220€)

Du coup réparation provisoire avec de la bande type « strapping » pour éviter que le sable et autres objets viennent me blesser les pieds. Dans 4 jours je serai à Ourense ( petite ville) et il faut que je tienne jusque-là pour trouver un magasin de chaussures de montagne. Je pense que c’est un défaut de qualité, je vais donc renvoyer mes chaussures à la maison via ´Correos’ la poste locale et je traiterai ce problème en rentrant.

A noter: prenez toujours avec vous de la bande Strapal ou scotch pour vos chaussures ou vêtements déchirés…

J’ai trouvé deux colliers Rilsan ce matin , je les ai soigneusement ramassés au cas où !!!

Aujourd’hui, c’est une petite étape de 17,8km avec plus de dénivelé que les autres étapes 670D+. Je ne peux pas rallonger cette journée car la prochaine Albergue se trouve à 24,2 km . Ce sera en fait mon étape de demain.

D’après la carte sur mon guide Rother, je ne m’attendais pas à grand chose d’interessant à voir au cours de cette étape car le tracé du chemin longe la Nationale N-525, l’autoroute A-52 et la nouvelle voie ferrée grande vitesse le tout en montant à 1352m d’altitude. Surprise , c’est tout le contraire qui s’est produit. Il y a bien eu quelques passages en bord de route mais je suis resté sur le tracé original du chemin et il passe par des petites vallées en sous- bois avec presque toujours un ruisseau ou rivière à côté, c’était magnifique. Pour ceux qui redoutent et les dénivelés et les chemins chaotiques, il existe une variante qui suit la Nationale certes peu fréquentée mais vous marchez sur de l’enrobé durant des heures.

Je prends en photo la borne mais également le numéro de téléphone d’un taxi au cas où je me retrouverais pieds nus…

Voici les photos de ce chemin propice à la méditation…

Je monte, je monte puis le chemin débouche à proximité de cette nouvelle voie ferrée grande vitesse qui apparaît puis disparaît sous la montagne.

La voie ferrée grande vitesse 

Parfois c’est l’autoroute: là c’est plus bruyant… et moins joli …

Autoroute et nationale  

Je traverse Aciberos et en poussant une porte en bois, je découvre un moulin rénové.

Le petit canal vu dans la montagne descend jusqu’au village et alimente aussi le moulin. Cela rappelle les ´levada ´ à Madère 
Ici les vieilles demeures se rénovent avec de très belles pierres de granit dans le style du pays.
Très bel endroit reposant. En été, je suppose que les pèlerins usés par ces montées , sautent à l’eau depuis le pont de pierre 

Puis j’arrive tranquillement à 11h00 à Lubián. Je suis seul, les autres pèlerins ne sont pas encore arrivés. L’albergue est juste à l’entrée du village par ce petit chemin. Je m’installe et je profite de l’ouverture de la Tienda (épicerie) pour aller acheter quelques gourmandises (tablette de chocolat..) un avocat, une orange pour ce midi et terminer aussi les pâtes de la veille.

Le village de Lubián est différent des autres villages, les maisons sont couvertes d’ardoises, beaucoup de maisons se rénovent aussi ici.

Ça sent la Galice … c’est pour demain

Lubián et ses maisons couvertes en ardoises. 
En haut le chemin qui monte et arrive à Lubián  avec ces belles portes de maisons abandonnées 
L’albergue de Lubián  
29

Mardi 9 mai

Étape de 24,2km avec une belle montée au col Puerto de A Canda à 1261m d’altitude .

Je commence cette étape avec Jozef, Tchèque vivant à Vancouver au Canada et très bon randonneur puis il s’arrêtera à mi-étape à Vilavella pour prendre un café et je continuerai seul jusqu’à A Gudiña .

Avec le Peregrino Jozef. 

Comme la veille, je reste à l’écart de la route sur le chemin initial. Après une petite descente jusqu’au Sanctuario de la Tuiza, la montée est soutenue jusqu’au col Puerto de A Canda.

Sanctuario de la Tuiza 
Avec Jozef, nous montons avec un rythme soutenu et  rattrapons Miguel ,  Argentin 
Ça monte ça monte entre genêts et bruyères 
A l’approche du col , la brume nous tombe dessus. 

Puis c’est l’arrivée au col, passage mythique du camino Sanabres, je quitte la Junta Castille y Léon province de Zamora pour rentrer dans la Xunta de Galicia province d’Ourense.

Avec Jozef au col Puerto de À Canda et descente côté Galice

Le paysage change rapidement , c’est plus ouvert côté Galice, moins sauvage. Le chemin est mieux signalé, mieux entretenu, les villages aussi changent d’aspect, il y a beaucoup de petites fermes avec de l’élevage de bovins.

Et bien entendu en Galice, à deux reprises je dois m’équiper pour la pluie avec de petites averses mais rien de bien méchant.

Je retrouve mes copines, les vaches !!! 
Nova Señora de Loreto à O Pereiro
Très beaux passages sur le Sanabres

Puis c’est l’arrivée à A Gudiña

A Gudiña  

Je vais à l’albergue Casa da Viúva

L’albergue de Gudiña  
30

Mercredi 10 mai

Étape de montagne aujourd’hui avec 35 km en plus du dénivelé.

Au départ vers 7h, la température est proche de 0 degré (ressenti) et le vent souffle sans cesse. Je suis à 1000m d’altitude et je vais monter à 1135m.

Lors de la préparation de mon sac à dos, j’avais bien prévu des vêtements chauds pour la partie nord. Fini les 32 degrés de l’Andalousie… Ce matin mon sac était plus léger que les autres jours car je portais sur moi mon pantalon, polaire, doudoune et coupe-vent. Il ne restait plus que 2 shorts et 2 tee-shirts ainsi que mon pantalon de pluie comme habit dans mon sac.

Ça se rapproche Santiago  
7h00 : La brume, le vent et le froid 
La montée vers l’alto do Espiño au lever du jour

Je retrouve Angelo, l’Argentin lors de cette montée.

Je retrouve Angelo et un Italien  

Par contre, durant toute cette étape, le chemin emprunte des petites routes.

La vue depuis ces plateaux, est magnifique.

La brume a disparu et le soleil me réchauffe un peu . 

Puis apparaît un immense lac; c’est le lac réservoir Encoro das Portas. Son niveau est bas pour la saison.

Ces photos ne montrent que la moitié du lac, l’autre partie est cachée par les montagnes .
Je traverse tout le massif , c’est super !!!
Un incendie a brûlé quelques centaines d’hectares de maquis mais également des plantations de pins

Après 20 kilomètres à travers ces plateaux, j’aperçois le petit village de Campobecerros. Il y a un bar, une Albergue et une épicerie mais je ferai qu’une courte halte au bar pour manger un sandwich (bocadillos) et je poursuis jusqu’à Laza à 15km de là. J’ai calé toutes mes étapes pour mon arrivée à Santiago le mercredi 17 mai.

Campobecerros : beaucoup de pèlerins coupent cette grande étape en deux et trouvent un hébergement à l’albergue de ce village 
Église Santiago de Campobecerros  
Je viens de cette montagne tout au fond et je remonte à nouveau après Campobecerros 

Je traverse des hameaux comme Portocamba où toutes les maisons sont fermées. Je ne verrai qu’un Grand-père déjà bien âgé, assis sur le seuil de sa maison écouter avec force la radio qui de sa cuisine efface momentanément le silence omniprésent dans tout le village.

Même ces belles maisons sont inhabitées 

Passage vers un ouvrage d’art contemporain, sur la nouvelle voie ferrée Grande Vitesse

Entre deux tunnels, cet ouvrage d’art moderne de la nouvelle voie ferrée Grande Vitesse 

Puis j’arrive à As Eiras, hameau où beaucoup de maisons s’écroulent aussi mais soudain il y a un peu de vie avec ce petit coin de ravitaillement pour Pèlerins style ´buibui’ où je prends deux parts d’un très bon gâteau soigneusement protégé dans une boîte en échange d’un don dans une tirelire. Il y a aussi des boissons, des chaises et un vieux canapé pour faire la pause … Si chaque pèlerin fait ainsi , ça peut aider peut être une personne ou plus et j’aime bien découvrir ce genre d’endroit…

Très appréciable de trouver qq chose à boire et à manger sur une si longue étape. Il ne faut pas avoir peur de ces endroits… 
Puis une Casa rural . Un gîte rural chez nous en France et une halte pour pèlerins. 

Je reprends mon chemin pour 6 km,

J’aperçois tout au fond le bourg de Laza 

Arrivé à Laza, je suis interpellé par la Protection civile Concello de Laza : ce sont eux qui gèrent l’albergue de Laza. Je règle les formalités car ici en Espagne contrairement à la France, on vous demande systématiquement votre passeport ou carte d’identité. Tout est enregistré sur un registre que vous signez, et parfois ils prennent votre carte d’identité en photo. En France, on vous demande votre prénom uniquement , vous payer en espèces et tout va bien…

Chercher l’erreur…

Petite visite dans ce village de 1300 habitants :

Laza 
On retrouve des coquilles sur La Croix de ce blason 
L’albergue de Laza 
Joli jardin et plants de pommes de terre