Par Polza
Je suis parti à pied de St Jean Pied de Port, en franchissant les Pyrénées vers l’Espagne à Roncevaux, traverser la Navarre, la Rioja puis les grands espaces de la Meseta et la Galice puis Santiago.
Du 27 mai au 22 juin 2021
27 jours
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Rappel :

J’ai commencé mon deuxième chemin vers Compostelle le 21 septembre 2020 en partant de Vézelay en et je suis arrivé à St Jean Pied de Port le 27 octobre 2020 juste avant le confinement ( voir mon carnet de voyage dans Myatlas).

Cette année, je prends à nouveau mon sac à dos et mes bâtons de Pèlerin pour continuer de St Jean Pied de Port à Saint Jacques de Compostelle en empruntant le camino « Francés » c’est à dire le chemin des Français en passant par Pampelune, Burgos , Léon, Sarria, Pontomarin, Mélide et arriver à Santiago de Compostella.

 Le camino Frances en rouge

Destination St Jean Pied de Port :

Départ de Dijon à 9h30 en TGV pour Paris , puis Paris - Bayonne et enfin un TER depuis Bayonne pour arriver à 18h11 à St Jean Pied de Port.

La préparation d’un tel projet, est pour moi l’étape la plus dure et la plus longue car cela me prend quelques mois. Ce n’est pas la marche qui m’inquiète le plus car j’adore cela, c’est ma meilleure thérapie du bonheur mais s’absenter pendant plus de quatre semaines génère beaucoup d’anxiété, voire du stress. Il faut penser au moindre détail: voilà la machine à laver le linge qui donne des signes de faiblesse, il faut vite la changer la veille du départ, il faut planter le jardin malgré le temps maussade, installer un arrosage automatique pour le jardin pour simplifier la vie à Isa .... et voilà la date du départ qui approche, on ne recule pas , nous ne sommes pas indispensable ... et hop me voici dans le train direction St Jean Pied de Port. J’ai réservé mon hébergement au gîte paroissial «Kaserna » au centre du charmant petit bourg de St Jean Pied de Port et le chemin de St Jacques passe juste devant le gîte. Je suis très bien accueilli par Karine et Pierre , 2 Hospitaliers bénévoles. Super, il n’y a qu’un randonneur avec moi , Martin qui vient de terminer la voie du Piémont et rejoint Hendaye par le GR10. Après un très bon repas préparé par Pierre et Karine, nous passons une très belle soirée tous les quatre à raconter nos histoires et anecdotes des chemins, le temps passe très vite et il est déjà l’heure d'aller se reposer quelques heures car demain matin c’est le grand jour.

Voyage en train de Dijon à St Jean Pied de Port et rendez-vous avec Pierre et Karine  Hospitaliers au gîte paroissial «Kaserna » 
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Jeudi 27 mai 2021

La météo est excellente pour cette très belle étape. Je vais traverser la chaîne des Pyrénées avec un peu plus de 26 km et 1260 m de dénivelé positif.

Je quitte le gîte vers 8h après avoir passé un agréable moment au petit déjeuner avec Pierre et Karine . Le "déconfinement " lié à l'épidémie du COVID 19 avec l'autorisation de pouvoir sortir du territoire ayant eu lieu quelques jours avant mon départ, je me retrouve ainsi seul sur le chemin au départ de St Jean Pied de Port, pas un Pèlerin en vue . Je prends vite mon rythme , ça monte beaucoup dès la sortie de St Jean . Après avoir marché une dizaine de kilomètres et plus de 600m de dénivelé positif, je rattrape une dizaine de randonneurs vers le refuge d’Orisson. La vue est fantastique à 360 °, la température est idéale, je suis en short et je passe très vite au tee-shirt . Me voilà déjà à la Fontaine de Roland c’est à dire à la frontière entre la France et l’Espagne. Je suis avec un jeune Espagnol, je lui fais comprendre qu’à partir de maintenant , c'est moi l'Etranger et je dois parler Espagnol.... ou plutôt essayer de me faire comprendre entre français, anglais et espagnol. Coté linguistique, Il est aussi doué que moi... ouf ça me rassure, nous rigolons de notre faiblesse commune.

Il n’y a plus qu’à suivre la bonne direction sur la Route Napoléon  
En quittant St Jean Pied de Port, une petite brume tapisse le fond de la vallée  
Très vite je prends de l’altitude, le ciel bleu la verdure les paysages sont sublimes  
Le vierge de Biakorri appelée aussi vierge des Bergers à 1055m d'altitude
Moutons et chevaux pâturent sans être perturbés par mon passage 
Une carcasse nettoyée par  les vautours, il ne reste pas grand-chose.
À La Croix Thibault et il ne reste plus que 765 km pour atteindre Santiago 
La Fontaine de Roland 
Voici la frontière, je passe en Navarre, la signalétique est différente  
La descente vers Roncevaux : je traverse de belles forêts de Hêtres  
Arrivée à la collégiale de Roncevaux  

J’arrive à Roncevaux vers 15h , tout va bien, je vais vite prendre une douche et reprendre mon carnet de voyage. Très bel endroit Roncevaux mais hélas en raison de la crise sanitaire (COVID 19), le grand Refuge est fermé. Je loge à l’hôtel Roncevalles, avec 4 autres Pèlerins dans la chambre: 2 allemands, 1 Corréen et moi-même .

La collégiale et église de Santa Maria 
Sur le site de la collégiale  
Le silo de Charlemagne  

Le silo de Charlemagne est le plus ancien édifice du site de Roncevaux. Il date du 12ème siècle et aurait été construit sur la roche à l’emplacement même où après la bataille, Roland aurait brisé sa fameuse Durandal afin qu’elle ne tombe pas aux mains de ses ennemis.

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Vendredi 28 mai 2021

Je quitte Roncevaux à 8h00 pour une étape de 22 km en direction de Zubiri. Plusieurs petites grimpettes cumulées me feront vite ressentir les courbatures de la veille. Malgré tout j’arrive à Zubiri vers 13h. Une dizaine de Pèlerins se reposent allongés sur le parapet du pont de la Rabia enjambant le rio Arga . Il est trop tôt pour terminer cette journée de marche, je reprends le chemin. Du coup je marche jusqu’à Larrasoana soit environ 26 km depuis mon départ de Roncevaux. L’albergue municipale est ouverte . Je suis accueilli par Amaya qui se désespérait de voir arriver au moins un pèlerin pour faire étape ici ce soir. Par contre les consignes relatives au COVID sont très strictes et incompréhensibles : je ne dois pas utiliser la cuisine (four, vaisselle ...) alors que je suis le seul étranger dans tout le village. C’est désolant pour tous les gens du village car habituellement les autres années tous les logements sont complets en cette période. Comment cela va finir ...🤔. C'est dramatique pour un mois de mai . Je constate que les Espagnols ont peur de la pandémie , ils sont méfiants vis à vis des Pèlerins étrangers.

Petite étape facile pour demain: 15 km me séparent de Pampelune soit 3 heures maxi et me permettra d'avoir du temps pour visiter la ville et sa cité médiévale.


Burguete 


Espinal et ses maisons typiques  
Beaucoup d’élevages de chevaux 
Paysage différent de la veille mais encore bien vallonné  
Fleurs classiques mais très belles au bord du camino 
Lieux de mémoire  
Le chemin est très agréable avec de très beaux passages en forêt  
Zubiri et son pont gothique sur l’Arga «  Puente de la Rabia 
Entre Illaratz et Eskirotz 
L’albergue municipale de Larrasoana . Je ne comprends pas pourquoi je ne dois pas utiliser cette belle cuisine à cause du Covid , 
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Samedi 29 mai 2021

C’est ma troisième journée de marche. C’est souvent le jour où l’on ressent le plus les courbatures . C’est un peu mon cas mais je suis tellement heureux de marcher et découvrir ce pays. Je viens d’arriver à la cathédrale de Pamplona , il est 11h30 et je cherche un hébergement en plein centre ville pour profiter un maximum des visites. Je vais à l’albergue Plaza Catedral. C’est très bien et juste au pied de la cathédrale.

En quittant Larrasoana direction Pamplona 
Joli chemin bordé de fleurs, animaux; les champs d’orge commencent à mûrir et changent de couleur. 
Villava juste avant de rentrer dans Pampelune  
Joli jardin en entrant dans Pampelune et idéal pour faire la pause 
Puente de la Magdalena  
Entrée dans la vieille ville de Pamplona  
La cathédrale de Pampelune  
Le cloître de la cathédrale est magnifique  
Dans l’enceinte de la cathédrale  
Et les vestiges  
Centre ville très animé en plein après-midi  puis il est l’heure de la sieste ...
Place de l’hôtel de ville  
Ça milite aussi ici  
verdure aux abords de la ville  
Les remparts 
L’albergue Plaza Catedral à Pamplona 

Cette ville vaut vraiment le détour, beaucoup de musées, parcs et jardins à visiter

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Dimanche 30 mai 2021

Départ 7h15 de l’albergue Plaza Catedral à Pampelune: pas de petit déjeuner servi jusqu’à présent dans les gîtes à cause des mesures sanitaires liées au Covid. Il faut donc trouver chaque matin un bar ouvert avec café, viennoiseries... C’est beaucoup plus facile de trouver un bar en Espagne ouvert à 22h qu’à 7h00 du matin. je pars souvent le ventre vide !!!

La météo est parfaite, il ne fait pas trop chaud jusqu’à 12h et ensuite la température commence à monter mais raisonnablement.

Je marche quelques kilomètres avant de sortir de la ville de Pampelune, le chemin est très agréable et traverse des champs de blé et autres céréales avant d’atteindre le col de del Perdón. Une impressionnante ligne d’éoliennes trace la crête . J’en compte plus de cinquante et celles-ci alimentent en électricité le bassin de Pampelune. Depuis 1996, des silhouettes métalliques de Pèlerins du moyen âge , œuvres de l’artiste Vicente Galbete, marquent ainsi ce col entre moulins électriques et Pèlerins d’aujourd’hui.

A Muruzábal, je décide de faire une petite variante pour aller visiter l’ermitage de Santa Maria de Eunate. Petit détour de 3 km et finalement petite déception aussi car le site est fermé. Je terminerai cette étape à 15h00 à l’albergue de Los Padres Reparadores. Je suis très bien accueilli par Carlos , il y a un grand jardin et ce soir nous sommes une douzaine de Pèlerins .

Changement de paysage: me voici en pleine culture 
Église de Zariquiegui 
Oh!!! des moulins électriques sur la crête du mont alto Perdon 
Silhouettes très célèbres du col del Perdón 
Mémorial sur les atrocités du temps de Franco 
De l’autre côté de la crête, nouveau paysage en direction de Puentala Reina 
Le bouquet de la fête des mères  
Muruzábal et ses champs d’asperges  
Ermita de Nuestra Señora de Eunate 
Obanos 
Arrivée à Puente la Reina 
Le pont de la Reine (Puente de la Reina) 
Avec Engel Amigo Espagnol et Peregrinos 
Le centre historique de Puente la Reina 
Des cigognes comme en Alsace... 
Carlos le Responsable de l’albergue  
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Lundi 31 mai 2021

« Buen camino » : Depuis le passage en Espagne, presqu’à chaque rencontre avec un Espagnol, il vous salue et vous souhaite un "Buen camino" "Bon chemin" en Français. Le chemin et les Pèlerins : c'est sacré ici en Espagne et la courtoisie est de rigueur .

Je ne vais pas vous dire « encore une belle étape » , les images vont parler d’elles même. La température monte très vite vers 11h00 : il fait plus de 36° devant la porte de l’albergue en plein soleil. Dès 7 h15 , le sac sur le dos , je pars et avale les kilomètres.

Paysage très varié avec la présence de champs d’oliviers, des vignes de Navarre et des cultures de céréales.


Comment retrouver les flèches jaunes au milieu des genêts  ...
Au loin le village perché de Cirauqui 
La vigne, les oliviers ... 
Cirauqui 
De belles fleurs de cactus 
La vieille  ville d’Estella 
Et pour situer Estella en Navarre 

Je choisis de faire étape à l’hosterìade Curtidores à Estella Lizarra. Très belle albergue rénovée au bord de la rivière Ega à quelques centaines de mètres du centre ville. L’albergue municipale et paroissiale sont toujours fermées à cause du Covid ce qui restreint l’offre des hébergements.

Mon hébergement à l’hosteriade de Curtidores à Estella
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Mardi 1er juin 2021

Petite anecdote : ce n’est pas dans les plus belles albergues ou hôsteria qu’on dort le mieux. Hier j’étais dans une chambre avec 2 Espagnols que je ne connaissais pas. Nous avons échangé ensemble quelques banalités du chemin puis à 22h30 nous éteignons la lumière pour passer une bonne nuit. .. il faisait très chaud dans la chambre et les Espagnols dorment la fenêtre fermée... mon duvet ne me sert pas à grand chose j’étouffe en slip sur le lit ... Dès la lumière éteinte, un des 2 amigos commence à ronfler 😴😴😴 . J’ai souvent l’habitude de dormir ainsi, je saisis mes bouchons d’oreilles et hop ça devrait suffire... je rêve où quoi, il ronfle de plus en plus fort... à minuit 🕛 je tourne et me retourne encore dans le lit , je craque... je prends mon duvet, quelques affaires et quitte la chambre pour aller dormir au sous sol dans une salle de réception et bibliothèque . Je resserre les fauteuils et même si le confort est limite, je préfère cette solution au calme et au frais que de rester dans mon lit. Après tant d’années, c’est la première fois que j’entends quelqu’un ronfler aussi fort.

Au petit matin vers 7 h00 je retourne dans la chambre , les Espagnols sont encore au lit, je prends mon sac à dos et là je me demande s’il s’est aperçu de quelque chose car il m’a souhaité gentiment un « Buen camino » . Je plains sa femme ... et lui aussi.

Mon lit improvisé dans cet ancien moulin 

C’est mon 6eme jour de marche et 145 km environ parcourus. L’échauffement est terminé, je vais commencer à allonger mes étapes en fonction des villes et lieux à visiter.

Aujourd’hui la pluie est de retour. Je vais tester mes nouveaux équipements de pluie ultra- légers de chez Mont-Bell (pantalon et veste pour qq 300 gr environ) . Impeccable jusqu’à présent..

Je quitte Estella vers 7 h30 et traverse la ville pour me diriger en direction du monastère de Irache connu par tous les Pèlerins pour sa fontaine à vin 🍷 .

Juste avant le monastère , à Ayegui, je suis séduit par un artisan qui réalise des oeuvres superbes avec une petite forge au feu de bois au milieu de sa cour.

J’aurais bien emporté quelques souvenirs dans mon sac mais .... c’est lourd... 
Je serais bien resté là plus longtemps pour voir une démo de forge comme à l’ancienne  
La cave vinicole d’Irache, la porte pour accéder à la fontaine est ouverte 
Le robinet à droite c’est Agua et gauche vino tinto : je choisis celui de gauche ... mais il est 9h ....
Le monastère d’Irache , j’aime beaucoup les grilles aux fenêtres  
Les chèvre-feuilles  embaument le chemin, une petite salamandre se tortille pour traverser le camino 
Fontaine de Los  Moros pour rafraîchir les pieds des Pèlerins 
Villamayor de Montjardin  
Église Santa Maria de Los Arcos XII eme siècle  
Surprise en entrant dans cette église  
Quel décor  
Aucun Pèlerin ne marche l’après-midi sur le camino Frances alors que la température est idéale et pas de pluie pour l’instant.  
Les rangs de vigne sont tellement espacés qu’un tracteur classique passe largement. 

Je suis à l’albergue Bar Sansol en demi-pension pour 20€ tout compris. Je suis avec Paul un jeune Coréen avec qui j’ai déjà dormi à l’hôtel de Roncevaux. Je sais qu’il ne ronfle pas ...

Le bar et Albergue de Sansol 
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Mercredi 2 juin 2021

Cela fait une semaine que je marche sur le camino Francés et en regardant dans le rétroviseur à travers toutes ces photos, je vois de belles étapes, toutes différentes les unes des autres et j’apprécie beaucoup de vivre ces bons moments d’autant plus en cette période sanitaire difficile. Le chemin rythme les Pèlerins selon les difficultés des étapes ainsi nous nous reconnaissons presque tous à l’arrivée dans les albergues ou dans les rues des villages ou villes étapes. Nous sommes une vingtaine et aujourd’hui j’ai dépassé un couple de compatriotes Myriam et Bernard qui utilisent chacun une charrette pour porter leur sac à dos avec toile de tente et tout le matériel de bivouac. Ils sont partis d’Alsace et prennent leur temps au gré des étapes, quitte à rester quelques jours de plus pour visiter ou se reposer . Nous avons beaucoup échangé durant les 5 derniers kilomètres avant Logroño et ce moyen me laissera peut-être une chance de marcher à plus de 90 ans en ajoutant peut-être un petit moteur électrique pour me pousser dans les montées.

Myriam et Bernard compatriotes partis d’Alsace 
Les cultures de céréales ont de quoi rivaliser avec nos cultures en France... 
Oubli, mal du chemin ou passage aux sandales : nombreuses chaussures jalonnent le chemin  
 Paul le jeune Coréen a fait étape avec moi à Sansol , Pèlerin Allemand et l'église St Sépulchre de Torres del Rio 

Entre la garrigue, oliviers et vignes, même si le soleil est revenu vers 11h, cette partie est variée et toujours bien vallonée. A mi- chemin se trouve la petite ville de Viana, place forte développée par les Rois de Navarre en ce point frontière avec la Rioja. Cette petite ville située sur une petite montagne, était un point stratégique de surveillance déjà du temps des Romains. Haut lieu sur le chemin de St Jacques, Viana comptait 4 hospices à Pèlerins au XVème siècle.

Malgré l’absence de soleil ce matin , le paysage est très varié  
Qui dit vigne dit aussi caborde en Espagne
A chacun son chemin, et chacun gagne sa vie comme il peut  
L’arrivée à Viana est un peu désolante car marquée par un immense ensemble de constructions d’habitations collectives 

La partie intra- muros et historique de Viana est beaucoup plus belle que la partie contemporaine.

Les restes de l’ancienne collégiale de Viana 

J’ai quitté la Province de Navarre après Viana pour passer dans la Rioja, célèbre pour ses vins.

Comme à Varois et Chaignot je trouve une petite forêt des Écoliers  avec la photo de chaque enfant ayant planté un arbre.
Avant d’entrer dans Logroño, les jardiniers s’activent  
Arrivée à Logroño : le 1er grand fleuve traversé par les Pèlerins est l’Ebre 

Logroño est la 2ème plus grande ville du camino Francés. Je trouve un hébergement à l’albergue municipal dans une bâtisse de style baroque. Bon accueil et hébergement correct au centre de la ville.

17h00 :le centre ville est encore calme mais cela ne va pas durer. 
La concathédrale  Santa Maria de la Redonda 
Les 3 Pèlerins Allemands  
Église Santiago El Réal . Fontaine à Pèlerins

Le beau temps est revenu. A suivre

Soirée Espagnol avec Rodrigues de San Sebastian, Carlos de Bilbao et Angel de la Corogne 
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Jeudi 3 juin 2021

Ce matin départ dès 6h45 pour une étape de 31 km. A peine ai-je quitté la ville, la pluie commence à tomber. Je sors mon « Rain cover » pour couvrir et protéger mon sac et ma veste de pluie mais finalement ça ne durera pas. D’après la météo espagnole, des orages sont attendus à partir de 15h00.

La sortie de Logroño est plaisante, un chemin piéton me conduit jusqu’au lac de Pantano de la Grajera. Ce doit être une base de loisirs pour les habitants de Logroño car il y a des tables , nombreux barbecues et jeux pour enfants sans oublier les sentiers vtt ou pédestres. Des dizaines de carpes pointent à la surface de l’eau tandis que des centaines de petits lapins détalent à mon passage sur le chemin.

En quittant Logroño direction Navarrete 
La vigne est partout, chemin de croix ? plutôt de vie pour moi  et l’irrigation toujours d’actualité et essentielle pour la vigne

Je traverse ensuite le village de Navarrete et en arrivant devant l’église, je suis étonné car la porte est ouverte ce qui est rare en période de Covid. Je pénètre à l’intérieur de celle-ci et là je suis surpris par la beauté du retable de l’église datant du XVIème siècle et de style baroque.

Autre intérêt pour ce village , il est réputé pour son activité industrielle et artisanale de poterie.

Navarrete village de vignerons et son église sans oublier Santiago  
Retable baroque de l’église  de Navarrete
Vierge de Valvanera Patrone de la Rioja . Il y a des courses, rando ... qui portent son nom à Logroño 
A Navarrete comme ailleurs, il n’y a personne dans les rues sauf un Pèlerin . Sacré Covid !!!
Sur le chemin, des nuages mais la température est idéale pour marcher 
Ventosa  
Des galets tapissent les vignes par endroits  
Arrivée à Nájera 

A mon arrivée à Nájera, j’aperçois Angel le jeune pèlerin Espagnol devant l’albergue la Puerta de Nájera. Il me conseille ce très beau gite d'étape. Je retrouve également d’autres Pèlerins croisés sur le chemin.



L’albergue la Puerta de Nájera 

Après la routine quotidienne : douche, petite lessive à la main et repos , je pars visiter la vieille ville située à deux pas du gîte.

Pas beaucoup de monde dans les rues de Nájera ,  il est pourtant 17h30 

Ensuite j’aperçois le monastère Santa Maria la Réal de Nájera, l’un des hauts lieux du patrimoine de la Rioja de part son intérêt artistique mais aussi historique de la région en tant que l’un des premiers royaumes espagnols au Moyen Âge.

Voici la porte de Charles Quint et sa coupole vue de dessous  
Très beau cloître des chevaliers mais hélas la plupart des statues ont eu la tête coupée  
Retable du 17 ème siècle avec au centre la statue de Santa Maria la Réal 
Panthéon royal et les  tombeaux  

Au centre du panthéon royal se trouve la grotte et une sculpture du XIII siècle de la vierge de la rose

Vierge de la Rose 
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Vendredi 4 juin 2021

La pluie est de retour. Dès mon départ à 7h15 de Nájera, je me retrouve sous un bel orage avec bourrasques de pluie. Ce sera ainsi durant toute la matinée jusqu’à mon arrivée à Santo Domingo de la Calzada avec de la grêle à mon arrivée.

Mes habits de pluie ont bien résisté. Par contre, j’ai une douleur à la malléole droite due à mes nouvelles chaussures et ce malgré une double protection avec de la bande Strappal. Je dois trouver une solution avec changement de chaussettes et baume de Tigre 🐅 sinon ce sera changement de chaussures en arrivant à Burgos.

Le mauvais temps aura raison sur mes prises de photos .

Ce n’est plus le beau ciel bleu des jours précédents  


Je profite de ces belles silhouettes  
Surprise : c’est la première fois que je vois une plantation de houblon en Espagne et la récolte semble prometteuse  

Après Azofra toujours dans la province de la Rioja, le paysage change à nouveau. Fini les belles vignes de la Rioja, je me régale en contemplant les grandes cultures de céréales avec des dégradés de verts et jaunes à perte de vue sous les gros nuages.

Un beau terrain de golf apparaît à Ciriñuela dans ce petit village perdu avec d’immenses constructions d’immeubles résidentiels et de lotissements. En regardant de plus prêt, seulement un logement sur trois semble habité, les autres sont à vendre ou carrément à l’abandon . Quel gâchis !!!

Arrivée à Santo Domingo de la Calzada à 11h30. Tous les Pèlerins présents semblent désabusés par la pluie du matin et cherchent une albergue pour faire étape. Un peu tôt pour moi. Je visite le quartier de la cathédrale, mange un sandwich et je poursuis l’étape jusqu’à Grañón en marchant 8km supplémentaires. La pluie a cessé et je préfère marcher plutôt que de tourner en rond dans le gîte.

La cathédrale de Santo Domingo avec sa tour reconstruite 3 fois est détachée du bâtiment. 
La Virgen de la Plaza
La rue avec ses bâtiments typiques où passe le camino  
On aperçoit Grañón au loin 
Voici Jacques de Bordeaux et son VTT électrique. 

Je termine l’étape avec Jacques. Il a parcouru plusieurs fois le camino Francés en VTTAE. Il faut compter une douzaine de jours de St Jean Pied de Port à Santiago me dit-il. Très sympa Jacques , il m’invite à aller boire un verre avant de poursuivre son chemin car il lui reste 17 km à parcourir soit une heure à rouler. Il a plus de 70 ans et profite de son vttae pour tracer sur les chemins en France, Italie et Espagne.

La seule Albergue ouverte est la Casa de Las Sonrisas.

rue principale de Grañón 

Demain le beau temps revient... parole d’espagnols.

Soirée Franco-allemande au coin du feu . Albergue en donativo "la Casa de Las Sonrisas"
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Samedi 5 juin 2021

Je souhaite modifier mon programme des étapes afin d’être à Burgos dès dimanche au lieu de lundi. Je veux profiter un maximum de la ville de Burgos car lundi c’est ville morte en Espagne, tout est fermé. Je dois faire deux étapes au lieu de trois, il faut que j’aille le plus loin possible aujourd’hui.

Le beau soleil attendu n’est pas au rendez-vous mais il ne pleut pas.

C’est une étape assez classique dans un paysage de cultures céréalières à perte de vue. Pas trop de village typique à visiter et pas de trop forts dénivelés. J’avance bien tout en écoutant de la musique pour stimuler le rythme de mes pas.

Je suis dans les verts à perte de vue. Pas beaucoup d’arbres , même les monts sont cultivés 
A Redecilla del Camino 

Le chemin est commun avec l’EuroVelo 1 qui va en direction du Portugal et Séville d’où ces balises ci-dessous.

Je change de Région, je quitte La Rioja pour entrer dans la Castille de León dans la Province de Burgos.

J’avale les kilomètres et décide de faire ma pause repas à 12h15 à Villambistia. J’ai besoin d’un peu de temps pour filmer une petite vidéo pour les 4 ans de mon Petit-fils Émilien et lui envoyer via Whatsapp. J’ai acheté un gâteau pour la circonstance mais pas les bougies, je vais improviser.

Villambistia 
🎂Bon Anniversaire Émilien pour tes 4 ans 🎂
 De belles fontaines rénovées pour rafraîchir les pieds des Pèlerins  


Toujours des cultures et les restes de l’église San Felices de Oca 

Je prévois de faire étape à Villafranca Montes de Oca, il est 14h30 , j’ai déjà parcouru 28 km et je suis à 38 km environ de Burgos. Il n’est pas tard, je décide de poursuivre encore un peu pour me rapprocher le plus possible de Burgos en allant jusqu’à San Juan de Ortega soit 12,2 km supplémentaires . J’arrive à San Juan il est 17h, la fatigue est là je marche depuis 7h15 avec plus de 40km dans les pieds.

Surprise, l’albergue du Monastère de San Juan est fermée et l’autre albergue est complète. Ça commence à m’irriter car je ne vois personne sur le chemin et la seule albergue ouverte est complète. L’aubergiste me dit de continuer encore 6 ,4 km jusqu’à Atapuerca . Je reprends mon sac un peu énervé et reprends le chemin, j’estime mon arrivée pour 19h00.

En passant dans le petit village de Agés, quelqu’un me siffle et me fait signe de venir. Le téléphone Espagnol a fonctionné : un Pèlerin Français marche depuis Grañón et pas de place pour l’accueillir à St Juan d'Ortéga... c’est le gérant de l'albergue d'Agés, il lui reste un lit de disponible . Ouf j’aurai fait 3,7 km au lieu des 6,4 prévus. Au total j’ai marché 44km , j’en ai assez...

La douche suivi d’une cerveza me remettra vite sur pied. Mon objectif est atteint, je ne suis plus qu’à 22,6 km de Burgos et j’ai gagné une étape mais à quel prix.

A noter qu’après Villafranca Montes de Oca le paysage est différent, je traverse une belle forêt sur 12,2 km

Un  mémorial sur un charnier  du temps de la guerre civil de Franco
Des restes de Totems à Pèlerins  , la nature reprend ses droits

Il est tard, cette étape m'a un peu fatigué, je vais me coucher, je n’ai pas trop le temps de relire mon étape dans mon carnet Myatlas. Demain je me lève à 6 h.

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Dimanche 6 juin 2021

Après ma journée soutenue de la veille, j’ai passé une très bonne nuit. Ce matin, en descendant de mon lit superposé, je m’attends au pire côté courbatures. Et non, je n'ai aucune douleur, je suis en forme pour affronter une nouvelle étape.

Réveil 6h15: je file dès 7h00 en direction de Burgos , il fait frais ce matin, la température est à peine de 10° à 950 m d’altitude. Je mets mes 3 couches c'est à dire tee-shirt + pull fin + coupe vent.

Je quitte le Joli petit village d’Agés et l’albergue Fagus .
Je traverse le petit village d’Altapuerca réputé pour son site archéologique classé Unesco 
Montée vers la ligne de crête à 1070m d’altitude avec une très belle vue au soleil levant 
De la ligne de crête, j’aperçois Burgos à 20 km environ  
Charrette fabrication maison avec fil à linge intégré. Il traîne 55kg en tout 

Et le hasard du chemin fait que je suis rejoins par James un pèlerin anglais qui était avec moi à Grañon. Nous échangeons sur l’étape de la veille et comme moi , il a dû crapahuter 44 km pour trouver une place en gîte.

Nous marchons 5 km ensemble à raconter nos expériences de chemins et ensuite il fait sa pause déjeuner et je continue seul en direction de Burgos.

James et moi avons le même sentiment sur les Pèlerins « invisibles » qui remplissent les gîtes : c’est le week-end, et beaucoup de Peregrinos espagnols viennent marcher avec des voitures-relais et de tout petits sacs à dos ... Vous les doublez sur le chemin et ils sont arrivés à l’albergue avant vous d’où mon agacement de la veille. Mais c’est ainsi et chacun fait le chemin à sa manière, on ne doit pas juger.

Bingo !!! Il est 10h30 et je suis déjà dans la banlieue de Burgos 

Burgos : c’est une jolie ville de 180000 habitants environ avec un très beau quartier historique médiéval autour de sa cathédrale.

Cette ville est très belle et mérite le détour pour une visite .

Ancien Monastère San Juan aujourd’hui transformé en musée . Architecture moderne et ancienne se marie très bien
Des Artistes graffeurs en action : sublime œuvre à côté de la cathédrale 

Ce soir je loge à l’albergue municipale à côté de la cathédrale. C’est un énorme gîte avec beaucoup de petits compartiments de 2 lits. Là nous sommes un par compartiment, COVID oblige.

Demain je retourne à la campagne...

Hasta luego Amigo

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Lundi 7 juin 2021

Un petit point ce matin avant de quitter Burgos : cela fait 11 jours de marche et j’ai parcouru quelques 300 km depuis St Jean Pied de Port.

Je quitte l’albergue municipale dès l’ouverture des portes c’est à dire à 7h00. En fait pour des questions de sécurité, on ne peut pas sortir ni rentrer d’ailleurs, entre 22h et 7h00 du matin.

La sortie de la ville de Burgos s’étend sur 5 à 6km depuis le gîte . J’ai droit à un superbe lever de soleil sur la cathédrale. Le chemin est bien balisé et passe par des rues et parcs très calmes puis emprunte des chemins agricoles.

La cathédrale de Burgos avec le soleil levant  
L’université de Burgos dans un ancien ermitage  
Village de Tardajos 
Village de Rabé de las Calzadas 

Après le village de Rabe de las Calzadas, j'entre dans la Meseta : il s’agit d’un vaste plateau qui s’étend de Burgos à León soit environ 200km et traversé par le camino Francés. L’ altitude varie entre 950m et 600m au climat méditerranéen avec des traits continentaux c’est à dire que les hivers sont froids et longs et les étés très chauds. Il faut être très prudent car très peu d’arbres et de très fortes différences de température entre le jour et la nuit et pas d’eau hormis dans les villages. Cet après-midi j’ai plus de 30 degrés et 12 km entre 2 villages j’ai tiré un peu la langue... Je dois remplir mes 2 bouteilles par précaution.

L’agriculture céréalière est devenue la principale activité contrairement à autrefois où l’élevage de brebis était prépondérant.

Cette partie est redoutable pour beaucoup de Pèlerins qui souhaitent la contourner.

Certains diront que la partie St Jean Pied de Port- Burgos c’est le chemin du corps , il souffre des courbatures voire de l’abandon tellement cela peut être difficile ensuite Burgos - Astorga c’est le chemin de l’âme c’est à dire après que le corps se soit habitué à la marche et qu’il se soit libéré des peurs, on peut rencontrer son intériorité en marchant seul et ensuite jusqu’à Santiago c’est le chemin de l’esprit, le graal . A suivre...

Hornillos del Camino 
Je pénètre dans la Meseta pour plusieurs étapes  

J’aperçois au loin d'immenses parcs d’éoliennes .

Aucun pèlerin en vue ni devant ni derrière  
Puis soudain apparaît le petit village de Hontanas 
L’albergue où je fais étape  à Hontanas
Le joli petit village de Hontanas perdu dans la Meseta 
Température à 18h à l’ombre et Amigo Rodrigo de Gerone (Espagne) 

Et qui dit Meseta dit solitude, le désert et ainsi pas beaucoup de wifi et du mal à transférer mes photos... mais je suis dans le chemin de l’âme... donc je dois relativiser..

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Mardi 8 juin 2021

Il suffit de prendre une photo pour voir le nombre de km qu’il me reste à parcourir.

J'ai des conditions idéales pour ma deuxième journée dans la Meseta, le ciel est d’un bleu et dès 7h00 du matin, la luminosité est superbe .

Vestige d’un ancien bâtiment et coquelicots qui tentent de sortir la tête du champ de blé  
Ruines du couvent de San Anton : la route passe dessous ... 
L’approche du village de Castrojeriz 
Santa Maria del Manzano à Castrojeriz 
Plaza major de Castrojeriz  
Montée à 12% au col alto de Mostelares - Pont roman sur le Rio Odrilla 
Pico del Francés 
Les lignes de crêtes sont occupées par des centaines éoliennes  
De l’autre côté du col la vue est complètement différente 

Ancien Hospital San Nicolas pour Pèlerins transformé en albergue et géré par une confrérie italienne

Hospital San Nicolas  
Je quitte la province de Burgos pour celle de Palencia 
Plus un arbre, que des champs et seul au monde !!! 
Boadilla del  Camino 

Fin de l’étape à Boadilla del Camino après quelques 32 km parcourus depuis Hontanas. Je viens de trouver un hébergement à l’albergue Hôtel rural En el Camino. Je suis dans un grand dortoir d’une vingtaine de lits . Nous sommes une dizaine de Français . Je retrouve Rodrigo et les Jeunes Pèlerins Allemands .

Il fait très chaud vers les 30-35 degrés à l’ombre.

Je retrouve mon ami Rodrigo après avoir repris quelques forces, 
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Mercredi 9 juin 2021

Cette étape est un peu différente des 2 jours précédents : je suis toujours dans la Meseta mais je me sens moins seul car sur les 25 km parcourus, je traverse 4 villages.

La météo est toujours parfaite avec de la fraîcheur au départ et la chaleur à partir de 11h00.

Je pars à 7h00 de Boadilla et à 12h30 j’arrive déjà à Carrión de Los Condes. J’aurais bien aimé poursuivre cette étape en marchant quelques kilomètres de plus mais hélas pas de possibilité de faire étape avant 17km.

D’habitude à Carrión, il y a 3 à 4 albergues ouvertes dans ce gros bourg et là en raison du Covid, une seulement et plutôt rustique au monastère de Santa Clara .

Je choisis de prendre la variante le long du Rio Ucieza plus ombragée et avec le chant des grenouilles plutôt que de suivre la route sur 10 km environ même si cela ajoute 1,5 km à mon étape. Par contre je n’échappe pas de marcher en bord de route sur les 6 derniers km.

Dans le bourg de Carrión de Los condes, il y a enfin quelques commerces et je peux me ravitailler.


A la sortie de Boadilla, je longe le canal de Castille jusqu’à Fromista . Possibilité de faire le chemin aussi en bateau  
Les agriculteurs travaillent en tournant autour des jets d’irrigation qui sont installés à demeure dans les champs 
Le long du chemin  
La flore et la faune 
Un peregrino  à table 

Avec si peu de fréquentation depuis l’an passé, le chemin subit la crise. Beaucoup d'albergues sont fermées et je crains de façon définitive pour certaines. J’ai discuté hier soir avec le Responsable de l’albergue /Hôtel Rural de Boadilla (la seule ouverte sur les 3 du village) : il a investi dans un bâtiment entièrement rénové d’une capacité de 70 places en dortoir et 16 chambres individuelles : c’est la catastrophe selon lui car nous n'étions qu'une douzaine de Pèlerins alors que les années avant Covid il était complet et les 2 autres albergues aussi .

On voit aussi l'effet de la crise Covid sur l’entretien du chemin: les herbes se font hautes par endroit ou la peinture jaune des flèches de balisage disparaît ou parfois absence de signalétique du camino.

Avec si peu de fréquentation, la nature  reprend ses droits
Mon arrivée à Carrión de Los Condes 
Je suis sur un chemin d’histoire et de culture reconnu par l’UNESCO mais aussi ici sur un site Clunisien . 
Mon hébergement au monastère Santa Clara avec un bâtiment classé mais au confort très rustique  
Carrión de Los Condes 

Demain une étape difficile m’attend sans ombre. Il est fortement conseillé de faire ses réserves d’eau avant de quitter le village.

Événement important : je suis à mi-parcours entre St Jean Pied de Port et Santiago : 400 KILOMÈTRES aux chaussures.

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Jeudi 10 juin 2021

Ce matin, je commence ma troisième semaine de marche. Le temps passe très vite et les kilomètres aussi. León se rapproche et je souhaite y parvenir dimanche au plus tard.

L’étape du jour est un peu comme une étape de transition avec beaucoup de parties en ligne droite sur près de 17km en plein champ puis un sentier très bien aménagé en bord de route avec des haies d’arbres procurant de l’ombre très appréciable car la température du jour est de 30 degrés à l’ombre. Je profite de ces grandes lignes droites pour allonger le pas et rattraper quelques pèlerins afin de discuter un peu avec eux ou écouter de la musique. Finalement je ne trouve pas le temps long et j’arrive au terme de cette étape à 14h30 après 7h de marche pauses comprises et quelques 30 km.

La sortie de Carrión de los Conde 
Le site Clunisien le monastère San Zoilo à la fois hôtel et musée et même centre d’études jacquaires 
Beaucoup plus de cyclistes que de Pèlerins  
Passage au village de Calzadilla de la Cueza et sa belle fresque qu’on aperçoit de loin 
Des passages agréables à l’ombre des haies car il fait très chaud vers 14h00 
Première moissonneuse batteuse prête à intervenir.  
Des maisons construites en pisé, cela me rappelle le Maroc. 
Jolies plantes  
Arrivée et traversée du village de Moratinos . 17 habitants à l’année et digne d’un décor de western 
Je fais étape à l’albergue San Bruno tenue par des Italiens (association). Nous sommes tous les deux avec Rodrigo  
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Vendredi 11 juin 2021

En traversant le village de San Nicolás del Réal Camino, j’aperçois des buttes de terre avec au dessus des cheminées comme à Moratinos. Il s’agit d’anciennes caves à vin alors qu’il n’y a pas de vigne dans ce secteur mais uniquement des champs de céréales et de luzerne. Je pose alors la question à un habitant afin de trouver l’origine de ces caves si particulières. Dans les années 1930, le Général dictateur Franco a mis en place une réforme agraire en supprimant par exemple toutes les vignes de la Meseta car peu productives et de piètre qualité et consacrer cette région uniquement aux grandes cultures de céréales. La Rioja a l’inverse sera plus consacrée à la vigne qu'aux céréales.

Les caves enterrées  

Aujourd’hui, mon étape va être semblable à celle de la veille et suivre la route presque tout le temps. Je vais devoir prendre mon mal en patience... Je vais essayer de me rapprocher un maximum de León afin d’avoir le maximum de temps pour visiter cette ville.

Je pars à 6h45 et profite du lever du soleil pour faire de belles prises de photos avec des couleurs sublimes.

En sortant de Moratinos 

Je trouve quand même une ancienne vigne

Beaucoup de petits villages comme Moratinos,17 habitants, possèdent des installations pour que les ainés fassent leur gymnastique.

Avant d’arriver à Sahagun, le chemin passe par l’ermita de la Virgen del Puente. Très bel endroit pour faire la pause.

Ensuite je traverse la petite ville de Sahagún, haut lieu chargé d’histoire.

La ville de Sahagún
Et toutes les activités tournent autour du chemin  

En poursuivant mon chemin j’aperçois cet immense albergue ci-dessous , signe qu’avant la crise sanitaire, il y avait beaucoup de pèlerins à loger et aujourd’hui ce site est fermé. Espérons que cette fermeture n’est que provisoire.

Je suis à l’ombre presque tout le temps  mais hélas en bord de route 

Je poursuis et marche toujours le long de cette route avec des lignes droites à perte de vue. Le moral en prend un coup, je rumine et rumine , plus vite je sortirai de cette partie, plus vite je retrouverai goût au chemin. Heureusement , je suis à l’abri du soleil et le vent me fera le plus grand bien. A chaque village, je décide de poursuivre encore plus loin... je marche 46km au total et arrive à Mansilla de Las Mulas vers 17h15. Je trouve un hébergement à l'albergue Gaïa. Très bien et à deux pas du centre-ville.

Bonne nouvelle, l’hospitalière de l’albergue Gaia m’annonce que León n’est plus qu’à 18km soit à peine 4 heures de marche pour demain.

Mansilla de las Mulas  
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Samedi 12 juin 2021

18 km seulement me séparent de León; je les avale très vite et me retrouve dès 10h30 au centre-ville . C’est magnifique.

León est la capitale de la province de León dans la communauté autonome de Castille-et-León et compte environ 125000 habitants.

Les monuments les plus remarquables :

La cathédrale de style gothique

La basilique Saint Isidore

L’hostal San Marcos de León (ancien couvent)

La maison Botines : c’est l’une des rares œuvres de Gaudi hors de Catalogne

et beaucoup de musées , jardins répartis dans la ville .

Entre Mansilla de las Mulas et mon arrivée à León  
Des cigognes sont installées très souvent sur les clochers murs y compris dans León. Les  murs  des anciennes fortifications 
Très beaux immeubles au centre. La photo en bas : œuvre de l’architecte Gaudi (musée Botines) 
La cathédrale de León  
Les vitraux sont pour la majorité des originaux datant du XIII - XV ème siècle  
Le quartier ancien de León  
Maison Botines de l’architecte Gaudi 
L’hostal de San Marco 

Depuis plusieurs jours , je marche essentiellement en longeant les routes, et cela use autant mes chaussures que mon moral mais ne rien lâcher, je connaissais cette particularité du camino « Francés » ça ne devrait plus durer trop longtemps du moins je l’espère.

je suis un peu déçu de mon hébergement à León à l'albergue San Francisco, mais par contre son implantation au centre de la ville est parfait. Je suis dans une chambre avec Rodrigo .

L'Albergue San Francisco où je réside est à deux pas du centre-ville mais peu chaleureuse pour une étape. 

Je profite d’un peu de temps libre à León pour regarder le nombre d’étapes qu’il me reste à parcourir et commencer à réfléchir par quel moyen de locomotion je rentre de Santiago à Dijon.

Les possibilités :

Le bus (FlixBus): plus de 27 heures de voyage et pas tous les jours de la semaine .

Le train : 2 jours (1 en Espagne et 1 en France )

L’avion : de Santiago pas beaucoup de vols et pas tous les jours pour Lyon ou Paris

Sinon, il y a l'aéroport de Porto (Portugal) avec 2 heures de vol pour atterrir à l'aéroport de Dole Tavaux (50km de Dijon). Par contre il faut que je prenne le bus de Santiago à Porto au Portugal soit deux heures environs et prendre un vol le lendemain . Je choisis cette solution la plus courte en temps.

Coté camino Frances : Il me reste 309 km divisé par 10 jours cela fait des étapes de 30 km plus ou moins selon la position des Albergues.

Donc je projette d'arriver à Santiago le mardi 22 juin et le lendemain 12 h00 je prends le bus direction aéroport de Porto, nuitée à l’hôtel et vol le jeudi à 11 h00 pour Dôle.

J’ai tout réservé cet après-midi , il me reste à garder la cadence pour être à Santiago le 22 juin.

C'est un souci en moins car entre le Covid, les bus, les avions, le Pass Sanitaire , vaccin , test PCR, ... je craignais un peu le retour.

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Dimanche 13 juin 2021

Je n’ai pas passé une très bonne nuit dans cet albergue San Francisco à León car c’était plutôt bruyant.

Il est 6h30, je sors de la ville tranquillement, les bars ne sont pas encore ouverts pour prendre un petit déjeuner. Je trouverai finalement une cafétéria ouverte vers la place San Marco mais les croissants ne sont pas encore arrivés... il faut être patient sur le camino et ne pas partir le ventre vide pour marcher 32 km sans être sûr de trouver à manger dans les villages. En plus, c’est risqué aujourd’hui car nous sommes dimanche .

L’étape est prête, direction Hospital de Orbigo en marchant le long de la nationale N120. Ce dimanche matin, peu de circulation mais vers les 10h ce n'est plus pareil : beaucoup de voitures et même les camions circulent. Je dois trouver une alternative à cette monotonie, je choisis d’appeler des Amis et discuter tout en marchant. J’écoute aussi de la musique sur YouTube. Je croise une jeune Pèlerine Emilie qui marche en remontant le chemin en sens inverse direction St Jean Pied de Port. Elle est française et marche depuis Lisbonne via Santiago. Comme elle a parcouru le chemin Portugais. J’en profite pour lui poser beaucoup de questions car nous devons faire ce chemin avec Isabelle fin août début septembre de cette année. Elle habite Besançon et connait bien Dijon. Elle aussi me demande des renseignements sur la voie de Vézelay car à partir de St Jean Pied de Port, elle hésite entre cette voie ou celle du Puy en Velay.

Finalement cette étape assez redoutée de marcher le long de cette Nationale 120 passe assez vite. J’arriverai à Hospital de Orbigo à 14h30.

Ce qui est remarquable dans ce village, c’est le pont très ancien très long puisqu’il fait 500m et enjambe le Rio Orbigo.

Je trouve un hébergement à l’albergue San Miguel, très bien , nous sommes que trois : Rodrigo, moi et Alex un autre Français. C’est très calme, il y a des peintures accrochées aux murs de partout.

Voilà le type de chemin avec ou sans arbre ... 
Sur le trottoir, une table avec des gâteaux, friandises et un cahier pour mettre un mot. Il y a aussi des locaux abandonnés 
Toujours des lignes droites entre le camino et la route juste à coté et peu de Pèlerins à l'horizon 
Beaucoup de canaux d’irrigation avec de beaux débits d’eau servant à l’agriculture  
Fin d’étape à Hospital de Orbigo  
C’est dimanche, les Aînés jouent aux cartes en pleine rue créant ainsi de l’animation.
Hospital de Orbigo  
Le pont sur le Rio Orbigo : Magnifique !!!
L’albergue San Miguel à Hospital de Orbigo  

Il est 22h30, Il est difficile pour moi de terminer de saisir cette étape dans mon blog dans de bonnes conditions car le gérant Espagnol de cet Albergue coupe la lumière alors que je suis dans une pièce au rez-de-chaussée alors que le dortoir se situe au 1er étage et nous ne sommes que 3 Pélerins. Il me sort une feuille avec le règlement « extinction des feux à 22h » ; no problème, je sors ma frontale...

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Lundi 14 juin 2021

Un gros orage a éclaté cette nuit avec une bonne averse faisant chuter la température .

Le chemin jusqu’à Astorga est de nouveau à proximité de la route nationale N120 sur une quinzaine de kilomètres puis il traverse cette jolie petite ville d’Astorga de 12000 habitants environ.

Quelques beaux monuments historiques à voir à Astorga : la cathédrale Santa Maria mais hélas elle est fermée ce matin. Dommage car vue de l’extérieur, sa taille est impressionnante avec sa façade en grès rose.

Le palais épiscopal fut conçu par Gaudi et abrite le musée des chemins mais lui aussi est fermé .

L’arrivée à Astorga au loin 
Culture de houblon aux portes d’Astorga
La montée dans la ville  

Petit clin d’œil et pensées à mes 4 Petits-enfants : nous sommes tous les 5 fans de Shaun le mouton dont voici ci-après une belle peluche. Je l’aurais bien achetée mais vu la taille, ça craint un Pèlerin avec la tête de Shaun le mouton qui dépasse du sac à dos...

Voici Shaun le mouton... 
Hôtel de Ville d’Astorga sur la plaza mayor 
Le palais épiscopal : une œuvre de Gaudi 
La cathédrale Santa Maria 


Je suis toujours dans la région des cigognes, elles sont nombreuses à nicher sur les clochers, pylônes... 

En sortant de la ville d’Astorga, très vite je retrouve la tranquillité de petites routes puis de chemins et de la verdure après avoir rongé mon frein en marchant le long des grandes routes comme la N120. Ouf !!! je respire et j'admire au loin la chaîne des montagnes d’Asturies.

Au loin les montagnes d’Asturies 
Des couleurs, de la verdure, des arbres, des vaches et tout va beaucoup mieux... 

A peine arrivé à l’albergue del Pilar de Rabanal del Camino, je trinque sobrement les retrouvailles avec Alex le Landais. C’est notre seconde étape ensemble, quant à Rodrigo, il s’est arrêté au village avant.

Avec Alex à l’albergue El Pilar  à Rabanal 
 l'albergue El Pilar
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Mardi 15 juin 2021

Belle étape aujourd’hui car dès mon départ de Rabanal del camino situé à 1148 m d’altitude le chemin monte gentiment pour atteindre la mythique ´Cruz de ferro’ ( croix de fer) à 1495m d’altitude et connue de tous les Pèlerins ayant réalisé le camino Francés.

Je marche dès 6h45, le soleil se lève et la luminosité est excellente.

Ça monte et je ne sens plus le dénivelé, je suis trop occupé à prendre des photos  
Je rattrape Alexis un Pèlerin Savoyard. 
Les paysages sont complètement différents de la Meseta , j’adore  cette partie du chemin

J’aperçois déjà le col du Monte Irago là où se trouve la Cruz de ferro. C’est un immense Cairn ( monticule de pierres) avec un poteau bois au milieu et sur lequel une petite croix de fer est installée au sommet. Tout pèlerin est invité à déposer une pierre portée depuis son départ sur le chemin avec un message, ou simplement en inscrivant son prénom et la date de son passage ici.

Je grimpe sur le cairn tellement il est immense  
Et mon petit cailloux et pensée pour Isabelle ma femme chérie... 

A noter que cette croix a été de nombreuses fois vandalisées ces 10 dernières années avec soit La Croix volée ou carrément le poteau coupé.

En passant dans le tout petit hameau de Manjarin, j’entends soudainement sonner une petite cloche , c’est Tómas Martinez du réfugio de los Templarios qui à chaque passage d’un pèlerin , sonne la cloche pour que les gens s’arrêtent pour boire un café, coka ... dans une ambiance très « bordélique et médiévale » mais sympathique aussi. J’ai préféré le coka quand j’ai vu l’état de la cafetière ... on ne juge pas... et à 1€ le coka cola rien à dire.

Petite pause Coka à Manjarin et voici Rodrigo qui arrive aussi  ...
Que cette partie du chemin est agréable 

Ça descend et ça descend, il y a de la casse chez les Pèlerins pas trop habitués à randonner en montagne et souffrant des genoux.

Je traverse les villages El Acebo et Riego de Ambros ; les balcons me font penser aux petits villages des Alpes .

La rue est calme , un vrai décor de cinéma  

Et ça descend toujours jusqu’à Molinaseca charmant village sur le Rio Meruelo dont un plan d’eau a été aménagé de chaque côté du pont pour que les gens puissent se baigner.

Le plan d’eau aménagé à Molinaseca 
Rues principales de Molinaseca  

Je ferai une pause « tortillas+ coka » en compagnie de Daniel, un Breton rencontré à la Cruz de ferro au moment de la pause photo.

Ensuite il reste plus de 8 km pour atteindre Ponferrada sur un chemin à travers des vignes et petites routes . Il est 15h lorsque j’arrive au château de Ponferrada, il fait plus de 30 degrés, belle étape de 33km environ.

Je trouve un hébergement à l’albergue paroissiale San Nicolás de Flue à Ponferrada. Nous sommes une vingtaine de pèlerins ou cyclistes et nous allons être de plus en plus nombreux les étapes prochaines ... car depuis 2010, le bureau des pèlerinages à Santiago exige au moins deux tampons par jour sur les 100 derniers kilomètres pour délivrer la Compostela si vous êtes à pied et 200 km si vous êtes à vélo. La Compostela est très importante pour les Jeunes Espagnols car ils la mentionnent dans leur CV et en même temps ils font la fête ce qui vient parfois perturber la tranquillité des Pèlerins qui ont traversé toute l’Europe et sont un peu plus fatigués que ces Jeunes ... mais cela reste généralement très sympa.

Ponferrada et son Castillo  
L’albergue paroissiale de Ponferrada  

Le point kilométrique à l’albergue de Ponferrada :

Et après les fortes chaleurs de cet après-midi, orage ce soir pour rafraîchir l'atmosphère
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Mercredi 16 juin 2021

C’est une étape complètement différente de celle d’hier du point de vue des paysages. En quittant Ponferrada, après 2 heures de marche, je me retrouve au milieu du vignoble de Camponaraya situé sur la route des vins du Bierzo. A priori, il s’agit de vins de qualité tirant leurs particularités dans la rudesse du climat et de l’exposition géographique. Hélas je tourne plus au Coka en ce moment, qu’au vin rouge, je ferai l’impasse sur la dégustation.

A noter un point important pour moi : A Camponaraya j’ai franchi la borne kilométrique 200.

Ce soir je suis à 187 km de Santiago soit plus de 600 km parcourus depuis mon départ de St Jean Pied de Port.

Le centre d’interprétation du vin et le vignoble de Camponaraya  


Je constate qu’il y a beaucoup plus de Pèlerins ce matin comparé aux jours précédents. A chaque dépassement, j’échange quelques mots « d’où tu viens, ta nationalité, tu es parti d’où... » dans un langage franco-anglais-espagnol et nous arrivons à nous comprendre...

Il y a du monde devant moi ce matin  
Daniel Le Breton et son sac à dos à roulettes : original 

Je choisis de faire une petite variante en passant par Valtuille de Arriba au milieu des vignes en coteau et éviter ainsi de marcher en bord de route. Ça rallonge de 2 km l’étape mais je ne suis plus à quelques kilomètres près.

Le petit village de Valtuille et sa maison au bleu éclatant  
Très belle vue avant de descendre du côté de Villafranca del Bierzo 

J’arrive ensuite à Villafranca del Bierzo, charmant bourg avec son château et monuments du XII-ème siècle très impressionnants.


Vues sur Villafranca  

Pause Coka + pincho et maraude de 🍒

Sobriété et énergie au menu 

Je poursuis jusqu’à Trabadelo en longeant une route sans grand intérêt pour finir avec 35 km au total.

Je fais le tour de Trabadelo, pas une âme, c’est mort , je déprime un peu puis je trouve une auberge avec Daniel Le Breton, Stéphan un jeune Hongrois et Santi un Papy Danois. Nous retrouvons un peu de convivialité pour le « menu del dia » mon seul repas du jour .

Mini sommet Européen... 

J’ai consulté la météo pour les jours prochains : orages jusqu’à vendredi puis de la pluie jusqu’à mardi c’est à dire la fin de mon chemin. Dommage car demain c’est la montée vers le O Cebreiro à 1287m d’altitude. A suivre

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Mercredi 17 juin 2021

Nous ne sommes vraiment pas nombreux à tenir un carnet de voyage à jour chaque soir . Certains Pèlerins ou Pèlerines grifouillent quelques notes sur un petit calepin et d’autres postent sur Facebook . Hier soir, après avoir pris Stéphan et Daniel en photo, j’ai montré à Stéphan le Hongrois la possibilité pour sa famille et amis de consulter ce carnet depuis chez eux en Hongrie et voir ainsi les photos et peut-être même la traduction de mes petits récits en Hongrois. Il était subjugué par la possibilité de voir ce carnet en direct avec les photos du camino au gré des étapes.

Petite anecdote au sujet de la saisie de l’étape d’hier : comme tous les jours à chaque arrivée d’étape, douche, petite lessive et ensuite je cherche un endroit pour m’installer confortablement dans une zone Wifi afin de saisir le récit du jour , choisir les photos et les transférer dans Myatlas. Cela me demande une à deux heures par jour. Hier vers 17h00, après avoir commandé une bière, je m’installe confortablement à une table dans le bar à côté de l’albergue. La serveuse et deux clients Espagnols sont présents. J’ai du mal à trouver de l’inspiration, à formuler mes phrases, je suis fatigué, mes yeux clignotent et je me mets à somnoler devant mon écran de portable quand soudain j’entends rire discrètement les Espagnols en me voyant piquer du nez. Je n’insiste pas, je leur fais un clin d’œil , je termine ma bière et monte m’allonger une petite demi-heure sur mon lit. Je ferai une nouvelle tentative plus tard...

Cette astreinte quotidienne a l’avantage de tout mémoriser mon voyage et photos . De retour à la maison, il ne me reste plus qu’à reprendre mes textes et formulations, corriger les fautes et compléter ou supprimer des photos. Ensuite je commande le livre chez Myatlas reprenant ce carnet de voyage et je conserve ainsi un beau souvenir de mon chemin.

L’étape du jour : je quitte Trabadelo à 7h00. Le chemin serpente sur plus de 10 km dans une vallée , coincé entre l’autoroute, la route et le Rio Valcarce. Rien de transcendant jusque-là puis vient la montée en direction de O Cebreiro soit 600 m de dénivelé positif. Tout change, le paysage est splendide jusqu’au sommet au village d’O Cebreiro , le temps est parfait , juste une petite brume en fond de vallée.

Vivement que je quitte ce bord de route... et autoroute en hauteur  
Traversée du village de Las Herrerias, je commence à voir les montagnes, 
Je sors mes bâtons du sac , une table en libre-service avec café, thé pour  prendre des forces, attention ça va monter ...
Je m’éclate dans cette montée  

J’arrive à une grande borne frontière : je quitte la Province de Castille de León pour entrer en Galice . Je rencontre un couple de Brésiliens, nous nous prenons en photos c’est cool.

Je passe en Galice , les paysages, et le patrimoine sont complètement différents
L’église Santa Maria la Real de style préroman  

Le village d’O Cebreiro est un haut-lieu historique autant que géographique car c’est l’avant dernier col avant Santiago. Son altitude est de 1287m . Beaucoup de locations d’hébergements pour les pèlerins mais aussi pour la randonnée à pied ou VTT.

Le village d’O Cebreiro  et un horreos (grenier)
En passant par le col ´Alto de San Roque ´ avec sa grande statue de pèlerin

Je termine cette étape à Fonfria juste avant l’orage et la pluie. J’ai parcouru 31 km aujourd’hui et la borne indique que nous sommes à 147 km de Santiago.

Je suis à l’albergue À Reboleira. Très bel hébergement de 60 places et chambres individuelles style chalet de montagne avec une belle vue sur la vallée.

Je retrouve Daniel Le Breton et Stéphan le Hongrois  

Depuis mon arrivée à Fonfria, la météo n’est pas bonne, pluie et il fait froid. J’aviserai demain matin pour la tenue .

France, Hongrie, Belgique, Brésil et Espagne : Repas et dégustation de la liqueur locale 
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Vendredi 18 juin 2021

Le beau temps a disparu. C’est dans la brume et une légère pluie que je quitte Fonfria en direction de Sarria. Je suis encore à 1300m d’altitude, il fait froid, je pars avec ma tenue de pluie et je ne la quitterai pas jusqu’à mon arrivée à Sarria.

Contrairement aux journées précédentes, je prends peu de photos à cause de la météo maussade. C'est dommage car il y a de beaux paysages très variés. Je descends beaucoup entre Fonfria et Tricastela soit 700 m de dénivelé négatif et je termine à Sarria à 425 m d’altitude. Je salue et confirme au passage un dicton espagnol « Todo lo que sube baja, todo lo que baja sube » qui veut dire « Tout ce qui monte descend, tout ce qui descend monte ».

Après l’ascension la veille du O Cebreiro je descends les pentes qui me ramènent à la vallée de l’Oribio , ce rio qui longe le village de Triacastela.

Je m’interroge toujours pour savoir où sont passés les Pèlerins de la veille car je ne reconnais qu’un Danois durant toute la matinée.


Je profite d’accalmies pour prendre quelques photos  
Chapelle au toit couvert de lauzes et un horreos , silo à grain sur pilotis  

Il y a des passages magnifiques du chemin en forêt, je ressens beaucoup d'énergie dans ces arbres et forêts.

Ces très beaux passages dans un silence absolu sont propices à la médiation 
Arrivée à Sarria : ces fresques indiquent de km 112 avant Santiago  

Sarria est rattaché à la province de Lugo dans la communauté autonome de Galice. C’est une petite ville de 14000 habitants environ où la traversée du camino Francés ne passe pas inaperçu: nombreuses Albergues, bars, restaurants et boutiques de souvenirs. Actuellement avec la crise sanitaire, tout fonctionne au ralenti.

Je suis hébergé à l’albergue Obradoiro au centre du quartier historique. Daniel Le Breton est également avec moi et quelques autres pèlerins Espagnols.

L’entrée de l’albergue ressemble à une boutique  de souvenirs
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Samedi 19 juin 2021

Malgré la pluie au départ ce matin, c’est une très belle étape de 35 km environ avec de bonnes petites montées jusqu’à l’arrivée en fin d’après-midi à Ventas de Narón.

En quittant Sarria , je passe à côté du monastère de la Magdalena appartenant autrefois à l’ordre des Augustins .

Monastère de la Magdalena 


Comme la veille, je vais avoir droit à de très beaux passages en sous bois

Très beaux arbres ´têtards’ 


Église Romane dédiée à Santiago à Barbadelo 

Événement important ce matin, c’est le passage à la borne kilométrique 100 . C’est la distance me séparant de Santiago et à partir de cette borne, je dois apposer 2 tampons par jour sur ma credencial avant d’arriver à Santiago .

Borne symbolique Km 100 
Je trouverai un tampon chez Daniel, espagnol parlant très bien français et connaissant bien Dijon, sa moutarde, le vin de Chablis 

Boutique épicerie originale à Serra

Des couleurs  
Je croise deux vaches seules en chemin, puis 300 m plus loin,  je vois cette dame  d'un âge avancé qui a du mal à les suivre ...
Des "horréos" en granite  
Arrivée à Portomarin  

Il s’agit d’un barrage sur le rio Miño construit en 1962 qu’enjambe le pont. On aperçoit l’ancien pont tout en bas avec des restes des fondations de l’ancien village. Celui-ci a été déplacé en contre-haut et ses monuments démontés et reconstruits pierre par pierre dont l’église fortifiée San Nicolas appartenant aux chevaliers de St Jean de Jérusalem.

Portomarin 


Beaucoup de dénivelés cumulés sur la totalité de cette étape 

A Ventas de Narón je choisis d'aller à l’albergue privée Casa Molar. Par hasard je retrouve mon ami pèlerin Espagnol Rodrigo .

Albergue Casa Molar à Ventas de Narón  

Ce soir, il me reste moins de 80 km à faire . Mes chaussures commencent à donner des signes de faiblesse: les crans de la semelle sont déjà bien usés et elles se coupent sur le dessus mais elles vont bien tenir jusqu'à Santiago. Finalement Salomon c’est pas mieux que mes chaussures Merrell utilisées sur mes chemins précédents.

A suivre

26

Dimanche 20 juin 2021

C’est un jour très important pour tous les Papas aujourd’hui: quelle surprise lorsque ma fille Géraldine m’appelle vers 11h en whatsapp pour me souhaiter ma fête alors que j’avais complètement oublié . Belle surprise et merci Géraldine.

Cela fait 25 jours que je marche sans interruption et parcouru un peu plus de 730 km à ce jour. Le temps ce matin est plus à la tempête qu’au soleil; dès 4 heures du matin des bourrasques de vent emportent tout sur leurs passages et maltraitent les branches des arbres. Je décide, depuis ma chambre en voyant ces conditions difficiles, de ne pas sortir mon poncho pour abriter mon sac à dos mais uniquement le « rain cover » ( couvre sac) car la prise au vent d’un poncho est terrible et j’enfile mon sur-pantalon et veste de pluie imperméables et me lance dans la course...

La pluie du matin n’arrête pas le Pèlerin... 


De passage à Palas de Rei 

J’admire de petits hórreos

Hórreo : silos à grain 

A partir de Palas de Rei, le chemin est envahi par une cinquantaine de Jeunes ados mais aussi par des Espagnols qui marchent les 100 derniers km ( voir mes explications dans les étapes précédentes). Cela créé une ambiance et donne de la couleur au chemin avec tous ces parapluies. J’apprécie finalement de voir tout ce monde marcher avec moi après tant de journées passées en solitaire.

Ambiance « rentrée des classes » 
Mon copain Jacquot 
Je trace dans de jolis sous-bois  

Arrivée à Melide : je pourrais presque terminer mon chemin ici car en 2018 je suis déjà passé par là en venant du camino Primitivo . Melide est le point de jonction du camino Primitivo sur le camino Francés.

Ainsi j’ai déjà parcouru les deux prochaines étapes qui vont me conduire à Santiago mais je préfère continuer et arriver sur la grande place de la cathédrale à Santiago au milieu de tous les pèlerins.

Arrivée à Melide 

Et quand on arrive à Melide , ne pas oublier de manger la spécialité de la Galice : le "Pulpo Galicia" et boire une cerveza Estrella Galicia.

Je retrouve par hasard Stéphan le Hongrois et Rodrigo dans le même restaurant.

C’est dimanche et le jour de la Fête des Pères , repas amélioré avec le pulpo galicia  

J’ai passé la borne des 52km à l’entrée de Melide Il me reste 2 petites étapes pour finir ce chemin . Je loge à l’albergue Pereiro en compagnie de Rodrigo et de Daniel Le Breton. Il pleut, je me repose tranquillement et je n’ai pas trop envie d’aller visiter Melide sous la pluie .

27

Lundi 21 juin 2021

Les journées se suivent et se ressemblent côté météo : La pluie ne cesse de tomber durant toute la matinée et ensuite quelques éclaircies viendront agrémenter l’après-midi. C’est ma dernière grande étape avec 33 km au programme de la journée et ensuite il me restera 19 km à faire pour atteindre Santiago.

Je ne fais pas beaucoup de photos durant toute cette étape et ce n'est pas la partie la plus intéressante et la plus belle jusqu’à Santiago. Je sens qu’on se rapproche du but , le chemin suit un tracé parallèle à la route nationale N547.

J’aime beaucoup ces passages de rivière sur de grosses pierres  

Je traverse beaucoup de forêts et plantations d’eucalyptus

A peine coupé, de nouveaux eucalyptus sont replantés  

Comme les jours précédents, nous sommes un peu plus nombreux sur le chemin mais rien à voir avec mon passage en 2018 où tout le monde marchait en file indienne. Le Covid a laissé des traces, nous sommes en juin, le déconfinement et l'ouverture des frontières avec l'Espagne vient d'avoir lieu il y a quelques semaines et si la situation sanitaire s'améliore, les pèlerins pourraient vite revenir en force durant l'été et l'automne prochains.

 Beaucoup de vélos rattrapent les Pèlerins  
Quelques beaux passages en forêt  
Je traverse la petite ville d’Arzúa 
Très beaux hortensias  
Un bar qui ne passe pas inaperçu pour les amateurs de bière  

Arrivé dans la petite ville de O Pedrouzo, je trouve une Albergue très confortable . Rodrigo et Daniel Le Breton sont là également. Nous sommes une trentaine de Pèlerins.

Albergue cruceiro de Pedrouzo et notre couchage avec Daniel Le Breton 

Ce soir il me reste 19 km à parcourir pour atteindre la Cathédrale de Santiago. Je me pose toujours des questions en ce qui concerne les conditions sanitaires pour prendre l’avion à Porto jeudi prochain : j’appelle l’aéroport de Dole-Tavaux , ils me renvoient vers l’aéroport de Porto et quand j’appelle Porto, ils me renvoient vers Dole-Tavaux. Je croise les doigts , j’ai mon certificat de vaccination avec moi .

Ce soir j’ai réservé le lave-linge et sèche-linge de l’albergue pour faire la grande lessive avec d'arriver à Santiago car mon sac à dos et mes habits ont pris l’odeur du Pèlerin...

28

Mardi 22 juin 2021

Comme les jours précédents , je me réveille à 6 h pour un départ à 6h45 mais hélas toujours avec la pluie.

C’est ma plus petite étape du camino Francés, je prévois une arrivée vers 11h00 à Santiago avec peut-être une chance d’assister à la messe des Pèlerins à la cathédrale avec le lancer du botafumeiro.

Je marche toujours dans les forêts d’eucalyptus  

Les bornes qui jalonnent le chemin, indiquent les kilomètres restants, cela devient obsessionnel pour moi de regarder celles-ci.

Plus que 10 km... 
Je suis "rincé" à chaque averse  
Toujours des groupes de jeunes ado  sur le chemin

Je me prépare à rentrer dans la ville de Santiago . Je n'ai plus l’effet surprise de découvrir cette ville et sa merveilleuse cathédrale car c’est la troisième fois que je viens ici mais cependant, beaucoup d'émotions remontent. C’est tout le ressenti de ces 27 jours passés sur le chemin qui me donne la chair de poule à chaque pas qui me rapproche de la cathédrale.

Premier point de passage en périphérie de la ville : beaucoup de Pèlerins accrochent des messages , des rubans... sur ce panneau  
C'est la première fois que je vois si peu de monde dans les rues de St Jacques de Compostelle en juin. 
Point final sur la Praza do Obradoio 

Avec Daniel, nous choisissons de dormir à l'ancien Monastère le San Martin Pinerio juste à côté de la cathédrale. C'est un magnifique site monumental au cœur de la vieille ville de 20 000m² . C'est le deuxième plus grand monument après la cathédrale. Aujourd'hui ce monastère est transformé en hôtel restaurant et centre de congrès. Il y a des chambres pour Pèlerins a des prix tout à fait abordables. Très bel endroit chargé d'histoire.

J’ai choisi avec Daniel le San Martin Pinerio comme hébergement à côté de la cathédrale. Très très 
La cathédrale de Santiago  

Contrairement aux années avant Covid , nous ne sommes pas très nombreux sur cette grande place; la Praza do Obradoio Seulement quelques Pèlerins à pied et d’autres à vélo se prennent en photo. Quelle désolation . Pourvu que Santiago retrouve sa notoriété des années précédentes .

Je retrouve Daniel le Breton et un peu de ciel bleu

Ainsi s’achève mon deuxième chemin de Compostelle. Parti le 20 septembre 2020 de Vézelay pour rejoindre Santiago de Compostela, j’ai marché 1800 km en 62 jours en empruntant cette fois ci le camino Francés à partir de St Jean Pied de Port soit environ 450h à marcher avec mon sac à dos sur des chemins de traverse.

Si je compare ce chemin à celui réalisé en 2018, la COVID 19 a complètement bousculé les règles : j’ai passé une très grande partie du chemin seul où dans la méfiance des gens . A titre d’exemple, certains Espagnols changeaient de trottoir dès que je m'approchais d’eux, le port du masque a été beaucoup plus présent ici en Espagne qu’en France et les rappels à mettre correctement votre masque sur le nez aussi. Beaucoup de gîtes et d’albergues en France comme en Espagne étaient fermés lors de mon passage. Vont-ils ouvrir à nouveau? et toutes les petites épiceries et autres petits commerces? Il faut garder espoir.

Le camino Frances m’a un peu miné le moral entre Burgos et Léon lors des étapes en bordure de routes. Ensuite à partir d’Astorga, j’ai retrouvé le plaisir du chemin et des montagnes.

J’ai fait la rencontre de Daniel (Le Breton) lors de mes dernières étapes. J’ai eu beaucoup de plaisirs à partager avec lui lorsque nous nous retrouvions le soir en fin de journée. Quant à Rodrigo, mon complice Espagnol, il va falloir que je prenne des cours d’espagnol et lui de français car c’était épique de nous voir ensemble et essayer de communiquer ou du moins se comprendre.

Merci à tous pour vos commentaires, votre suivi, vos messages et au plaisir de vous retrouver tous en forme prochainement. En attendant il va me falloir quelques jours de récupération, un temps d’adaptation avant de retrouver la vraie vie.

Hasta luego

Jean-Paul