Jour 1: Katmandou - Besisahar - Bhulbhule - Ngadi (890m):
7h30 de trajet jusqu'à Besisahar, on arrive à 14h30. On prend ensuite un bus local (pour 200 roupies par personne) qui part à 15h30 vers Bhulbhule. Le trajet est dingue, les routes sont affreuses: on traverse des cours d'eau, on roule sur des routes de pierres en pentes raides ou sur des sentiers étroits de graviers à quelques centimètres du précipice, parfois le bus tangue au bord du vide et les gens crient. Ambiance😀! Après coup on se dit qu'on aurait pu faire le trajet à pied (2h30 de marche) ou essayer d'avoir une jeep (on a tenté mais ils préféraient des bookings pour aller plus loin que Bhulbhule). Après, rouler sur ce genre de routes c'est aussi une question d'habitude, le trajet de fin de trek sera pire 😀.
On arrive, en vie, à Bhulbhule, on marche une grosse demi-heure, on passe devant une belle cascade et on s'arrête à Ngadi pour y passer la nuit. On y paiera notre lodge "très cher" et on ne se fera plus avoir par la suite. Quasiment partout en négociant on obtient la nuit gratuite en contrepartie d'un Dinner + Breakfast sur place. Les prix des repas sont généralement partout les mêmes car imposés par l'office de tourisme de la ville. On a en moyenne tourné à 2000 roupies pour Dinner + Nuit + Breakfast pour 2 (Soit 8€/personne). Avec une exception sur les toutes dernières étapes du trek, en haute altitude où les prix augmentent fortement.
Jour 2: Ngadi (890m) – Jagat (1300m), 12km:
Départ à 7h30 après un solide petit déjeuner pour cette première journée de marche, la pluie s'arrête juste quand on prend la route. On marche à flanc de montagne en longeant la vallée où coule une rivière et on prend rapidement de l'altitude. On traverse des paysages de rizières en terrasses et des petits villages, on voit plusieurs chutes d'eau et on affronte nos premières montées raides. Une jeune écolière puis un chien nous escorterons pendant plusieurs kilomètres. Des compagnons de route éphémères. Pause déjeuner à 11h30 à Ghermu puis on reprend la route après un bon Dal Bhat (plat traditionnel népalais). Le soleil est haut dans le ciel et il cogne dur. On arrive vers 15h à Jagat et on décide de s'arrêter là pour la nuit.
Jour 3: Jagat – Dharapani (1900m), 15km:
On se réveille à 6h et il pleut fort dehors, ça a l'air plus sérieux qu'hier. On part vers 7h15 sous une pluie battante qui ne cessera qu' 1h30 plus tard. Heureusement on voit en chemin de très belles cascades.
Ensuite on vit une scène dingue : au bout d'un pont suspendu au-dessus de la rivière, un troupeau d'une quarantaine d'ânes nous barre la route, ils sont bloqués par un grillage. Pas facile de se faufiler entre tous ces ânes sur un étroit chemin de terre. Ils ne semblent pas sensibles au respectueux (Excusez-moi M. L'Ane, auriez-vous l'obligeance de vous décaler de 50cm pour me laisser passer?). On se marre bien ! Puis on se lance, on fait preuve de patience, on slalome, on tâche de ne pas prendre de coups de pattes et en 5 minutes on arrive de l'autre côté😀!
Le ciel se dégage ensuite, on grimpe deux belles montées et on en prend plein les yeux, les décors sont magnifiques ! Quel kiff d'être là !
On s'arrête déjeuner un bon Dal Bhat dans la ville de Tal. On se rend compte que les sangsues ne nous ont pas épargné: on trouve du sang sur nos mollets et nos pieds. On ne sent rien quand elles nous mordent mais ça saigne, soit! L'après-midi est plus tranquille avec moins de dénivelés.
On arrive vers 15h à Dharapani, la douche chaude fait un bien fou ! On sent qu'il fait plus frais ici déjà. Un bon dîner et à 19h30 nous sommes couchés😀!
Jour 4: Dharapani (1900m) - Chame (2710m), 16km:
Début de journée sous la pluie, pas mal de montées, la matinée fait mal aux mollets. On se trempe les pieds en traversant un cours d'eau 😦. Tout est pluie et brume, on grimpe et on se réchauffe en pensant au bon Dal Bhat du midi 😀. L'après-midi c'est plus tranquille et le temps se découvre, on arrive à Chame vers 14h30.
Jour 5: Chame (2710m) - Upper Pisang (3310m), 15km:
Départ sous un super temps, ça change d'hier! La journée se fait niquel avec assez peu de forts dénivelés. On franchit les 3000 mètres, les paysages deviennent moins verts, plus rocailleux, d'immenses murailles de pierres nous entourent. On commence à ressentir pour la première fois le manque d'oxygène, c'est léger mais on sent que les inspirations se font un peu plus fréquentes. On déjeune sur une terrasse en rooftop en plein soleil, on en profite pour faire sécher nos affaires encore mouillées / humides et on se régale avec un ... bon Dal Bhat!
On arrive à Upper Pisang en tout début d'après-midi, la journée a été clairement moins éprouvante que les précédentes, on est en forme et on a tout notre temps pour se prélasser. Parfait!
Jour 6: Upper Pisang (3310m) - Bhraga (3450m) - journée d'acclimatation à l'altitude, 17km:
On se réveille avec l'Annapurna II (7937m) en face de notre lodge, superbe!
Aujourd'hui nous avons deux options possibles: prendre une route "facile" qui passe par le fond de la vallée ou alors passer par le sentier balcon via les villes de Ghyaru et Ngawal, un chemin beaucoup plus pentu et plus long mais réputé pour offrir de magnifiques paysages. Comme nous ne sommes pas venus pour une ballade en rase campagne, on choisit l'option qui grimpe 😀.
Et effectivement ça grimpe! On arrive très vite au pied d'une pente qui monte régulièrement mais sûrement, elle nous emmène de 3300m à 3730m (village de Ghyaru). Pour la première fois, on doit vraiment ralentir notre vitesse marche. En montant normalement on sent qu'on devient trop vite essouflés, on ralentit donc pour adopter une marche plus lente mais régulière qui nous garantit de ne jamais nous mettre dans le rouge. Tout se passe bien et on arrive en haut sans problèmes. On rencontrera plus tard un espagnol qui s'est senti vraiment mal dans cette montée avec d'importants maux de tête et des vomissements. Un mal des montagnes caractérisé. Nous sommes, semble-t-il, inégaux face au mal des montagnes mais je pense qu'une vitesse de marche adaptée permet déjà d'éviter de se mettre dans le rouge et de manquer trop fortement d'oxygène.
La vue d'en haut est absolument dingue. On a une chance incroyable car au début tout est dans le brouillard et on ne voit rien et au bout de 15-20min (j'ai fait le voeu que le temps se dégage en tournant un moulin à prières... ça a marché? 😀), les nuages s'en vont et nous permettent d'apprécier la vue! On est tellement heureux et époustouflés par ce qu'on voit qu'on s'arrête pas loin de 30 minutes face à la vallée et l'Annapurna II.
On redescend ensuite tranquillement, on passe devant l'Annapurna III (7555m) et on s'arrête pour la nuit à Bhraga à 3480m.
Jour 7: Bhraga (3450m) - Ice Lake (4600m) - Manang (3540m) - 2è journée d'acclimatation à l'altitude, environ 20km:
Départ à 7h15, on arrive au Ice Lake un peu plus de 3h30 plus tard après avoir avalé 1150m de dénivelé. La montée est rude mais les paysages sont sublimes.
Andrea se sent mal vers les 4000 mètres, elle a le souffle court et du mal à retrouver une respiration normale. On fait une bonne pause le temps que ça passe puis on repart plus lentement, il faut sûrement encore diminuer la vitesse de marche. Effectivement c'est efficace et Andrea se sent mieux. Au détour d'un sentier on croise un groupe de Yaks, une rencontre incroyable au milieu de nulle part. Ils sont sympas ces yaks quand même 😀.
On arrive ensuite au Lac, aux lacs en fait, il y en a un premier puis le Ice Lake derrière. Le Ice Lake ne nous fait pas vibrer, le premier lac est tout aussi charmant. Mais au moins on y est ! On prend une petite pause puis on attaque la descente.
Le Ice Lake à gauche, son copain à droite Monter c'était parfois éprouvant mais descendre c'est vraiment pénible. Les genoux sont mis à rude épreuve. Plus on descend plus on se rend compte, avec effarement, de tout ce qu'on a monté auparavant. Il vaut mieux de ne pas savoir à l'avance les détails de l'ascension😀. Une montagne en cachant une autre, on découvre au fur et à mesure l'étendue de la montée et c'est pas plus mal comme ça!
On arrive à Bhraga 7h après en être parti (nous sommes cuits), on déjeune puis on part pour Manang à une petite heure de là. On y passe la nuit.
Jour 8: Manang (3540m) - Yak Kharka (4050m), 9km:
On attaque deux plus petites journées pour limiter notre progression en altitude à 400-500 mètres maximum par jour. Ca nous va bien car on sent encore le Ice Lake dans nos jambes.
On part à 9h, la journée est relativement simple, en pente douce en longeant la montagne. On change de vallées et le paysage se dévoile au fur et à mesure. On arrive en début d'après-midi. Au lodge on rencontre Félix, un québécois sympathique avec qui on parle français toute la fin de journée. Ca faisait longtemps! On dîne avec une soupe à l'ail (réputée contre le mal des montagnes) et un plat de pâtes et au lit!
Jour 9: Yak Kharka (4050m) - Thorong Phedi (4450m), 6km + 4km:
Aujourd'hui la route est en pente plus raide, il faut bien gérer son souffle. Le vent se rafraîchit vraiment maintenant. On arrive en fin de matinée après 2h30 de marche. On a pas mal hésité entre dormir à Thorong Phedi à 4450m et dormir au High Camp, 400m plus haut à 4850m. Finalement on trouve une solution équilibrée, on dormira à Thorong Phedi en respectant 400m de dénivelé entre deux nuits successives mais on monte au High Camp dans la journée pour se faire une marche d'acclimatation avant de redescendre.
Après le déjeuner on monte donc au High Camp, on survole la montée en moins d'une heure, on se sent bien, le rythme est bon, c'est de bon augure pour le lendemain. On reste une bonne heure au High Camp à boire un Black Tea et discuter avec Alicia, une française rencontrée dans la matinée. On redescend ensuite, on dîne puis on se couche tôt car demain c'est le D-Day, le Jour-J, le moment qu'on attend depuis le début du trek, notre objectif final: l'ascension du Thorong Peak pour arriver au célèbre col du Thorong La situé à 5 416m!
Jour 10: Thorong Phedi (4450m) - Thorong La Pass (5416m) - Muktinath (3800m), 16km:
Réveil programmé à 4h du matin mais je suis réveillé avant, en mode machine de guerre. A 4h30 les sacs sont faits et nous sommes à déjeuner une grosse assiette de pâtes/thon/fromage. A 4h50 on attaque la montée dans le noir complet, à la lumière frontale. Pas de surprise, on connait la première partie du trajet pour l'avoir emprunté la veille. En 1h on est au High Camp, il est près de 6h et on croise plusieurs trekkeurs qui s'élancent à leur tour. Il reste 2h30 de montée.
L'ascension est particulière. Un mélange de joie d'y être, de concentration et presque de nostalgie de voir la fin si proche. Chaque petite montée à cette altitude se négocie avec attention. On cherche à trouver et conserver l'équilibre idéal entre vitesse de marche et essoufflement modéré. On franchit les 5000 mètres. 5000 mètres! C'est dingue, nous sommes plus hauts que le Mont Blanc et autour de nous on voit encore des montagnes tellement hautes. On continue la montée. Il fait de plus en plus froid et une sorte de grésil commence à tomber. A 1 km de l'arrivée on dépasse un mec qui semble vraiment peiner, il s'arrête 10 secondes tous les 10 mètres puis repart. Pourtant c'est sur du plat...
Enfin on aperçoit au loin les drapeaux de l'arrivée, c'est dingue, il reste 200 mètres et on y est. Un petit effort... YES!!!! 5416 mètres! Objectif atteint! On se serre dans les bras, on prend des photos, on vit pleinement l'instant présent puis on se pose 15 minutes dans le refuge de l'arrivée et on se prend un thé pour se réchauffer.
Cette arrivée en haut du Thorong La revêt une importance particulière pour nous. C'est l'aboutissement d'un magnifique trek certes, mais c'est aussi et surtout l'étape finale de nos 6 mois en Asie. On ne pouvait rêver mieux: après des aventures riches et variées dans 10 pays d'Asie, on clôt notre périple au Népal, sur le toit du monde, à 5416 mètres, au terme d'un trek passionnant. Nous sommes comblés. On attaque la descente le sourire aux lèvres, l'oeil rêveur, le coeur léger. On redescend vers chez nous.
La descente s'avère être longue et usante. On prendra l'option "full montée" pour notre prochain trek 😀. Heureusement la vue est très sympa! On arrive à Muktinath en début d'après-midi, on trouve un lodge et on met un point d'honneur à ne plus rien faire de la journée !
Jour 11: Muktinath (3800m) - Jomsom (2720m), 19km:
On reprend la route à 7h30, avec toujours cette satisfaction de l'objectif rempli la veille. On marche tranquillement, les paysages sont très différents de ce côté-ci et on les trouve moins jolis.
La fin de la route pour arriver à Jomsom est absolument nulle, pendant plusieurs kilomètres on se trouve sur une route laide, le vent de face et les jeeps qui passent nous envoient des nuages de poussières.
A Jomsom on réserve un bus pour le lendemain matin, il nous emmènera directement à Pokhara, où on restera deux jours pour se reposer.
Jour 12: Jomsom (2720m) - Pokhara:
A 6h30 nous sommes dans le bus, il tourne dans la ville pour ramasser les gens puis part vers 7h30. Le bus est censé arriver à Pokhara en 8-9h. Nous mettrons près de 15h à arriver. La journée de la galère, "de l'horreur" dixit Andrea 😀.
La route est défoncée, c'est le remake de notre trajet Besisahar - Bhulbhule, on est plus proche du simulateur à sensation fortes que du bus tranquille. Ca secoue dans tous les sens, la route va être longue. A 9h30, trois heures après être montés dans le bus, nous sommes stoppés. On apprend qu'il y a des travaux sur la route et tout le monde est bloqué jusqu'à ce qu'ils ré-ouvrent la route vers 11h. En fait la route ne ré-ouvre que vers 12h30... Ces travaux durent depuis quelques jours et, sentant le bon filon, des népalais ont construit un petit restau de fortune le long de la route pour les gens qui attendent. Pas bête! On en profite pour grignoter.
Ensuite la pluie se met à tomber, on se retrouve à de nombreuses reprises au bord de précipices peu rassurants, sur des routes qui ne semblent pas vraiment stables et avec le bus qui glisse dans un océan de boue. Ambiance. On se retrouve stoppés à de nombreuses reprises notamment une fois pendant plus d'une heure parce qu'une jeep est embourbée et bloque toute la route. Un car essaie de passer sur le côté et s'embourbe aussi. On songe un instant qu'on ne va jamais s'en sortir mais finalement une armée de népalais s'emploie à trouver une solution et ça marche, on repart!
On met environ 10h pour parcourir les 50 km "de l'horreur" qui séparent Jomsom d'une route "correcte". A 17h30 on prend enfin cette route "moins pire" et on arrive à 21h30 à Pokhara.
Un taxi nous dépose à proximité de l'hôtel. En arrivant, le gérant nous dit qu'il nous a envoyé un message et que finalement il n'a pas de chambre pour nous cette nuit, seulement pour les deux suivantes. Mais il a un pote dans l'hôtel d'à côté qui a une chambre. Nous sommes fatigués, nous n'avons jamais reçu ce message d'annulation, on n'a pas envie de chercher ailleurs et on le laisse nous conduire à l'autre hôtel. Sur la route, je me rends compte que j'ai oublié mon portable dans le taxi qui nous a déposé 20 minutes plus tôt. Décidément il y a des jours sans. Impossible de retrouver ce taxi en plus. J'en parle au mec de l'hôtel, qui s'avère être un précieux allié car il s'en veut vraiment de ne pas avoir notre chambre pour la nuit. Il me propose de m'emmener en moto au point où le taxi nous a récupéré à la descente du bus, en espérant le retrouver. Allez vendu, on part sur les coups de 22h30, on fait la route sous une pluie battante et on arrive trempés au point de départ. Coup de chance: on retrouve le chauffeur, il nous ouvre son taxi, on fouille partout, pas de portable. Bizarre. On rentre, on cherche dans la rue, pas de portable. Je suis en passe d'abandonner et d'aller à l'hôtel pour chercher le portable via la géolocalisation sur Icloud mais... je vois de l'autre côté de la rue arriver le chauffeur de taxi et un collègue à lui. Et surprise! Il a mon portable! Il me dit l'avoir trouvé sous le tapis de sa voiture (bizarre j'avais bien regardé pourtant) et me demande de l'argent pour bon service rendu. Il m'a retrouvé mon portable c'est vrai mais je trouve bizarre de ne pas l'avoir retrouvé moi-même dans sa voiture. Et son regard m’apparaît étonnement filou. Je lui donne un léger pourboire et rentre à l'hôtel. Fin de la journée. Place à un repos amplement mérité.