On atterrit en fin de journée à Bornéo, "la perle de la Malaisie", la 4è plus grande île du monde. Elle est partagée entre 3 états: la Malaisie (26% de l'île), le Brunei (1%) et l'Indonésie (73%). L'île compte parmi les zones du monde les plus riches en biodiversité.
On loge à Kuching dans l'état du Sarawak, dans la partie malaise de l'île (au nord). On y reste 6 jours et on compte rayonner tous les jours depuis ce camp de base. Pour illustrer j'ai mis ci-dessous la carte avec en haut à gauche la Malaisie en orange-rouge et la carte centrale représentant le Sarawak avec nous en bas à gauche à Kuching.
La ville de Kuching est plutôt sympa, les gens sont accueillants et la promenade le soir le long du canal est agréable avec la mosquée sur l'eau et le bâtiment de l'assemblée avec son architecture moderne.
Ici il y a très peu de transports en commun et peu de taxis donc pour se déplacer soit il faut opter pour un tour organisé (cher et trop de monde - pas pour nous), soit il faut prendre un Grab (équivalent Uber). C'est très nettement moins cher qu'un taxi (par exemple on paye 35-50 en Grab au lieu de 100 en taxi: il n'y a pas photo). D'ailleurs les taxis se sont aussi mis à Grab donc un conducteur Grab peut être un particulier ou un "vrai" taxi. On se rendra même compte que Grab rencontre un tel succès qu'un bon nombre de lignes de bus ont été supprimées car Grab a pris tout le business du transport, assez dingue!
On prend donc notre premier Grab pour aller au Semenggoh Wildlife Center, un centre de réhabilitation des orangs-outans et l'un des rares endroits au monde où on peut les voir en semi-liberté dans leur habitat naturel.
On arrive sur les coups de 11h et...raté ça n'ouvre que de 8h à 10h et de 14h à 16h. Notre Grab nous dépose donc dans le centre-ville le plus proche. On déjeune au marché central pour 1€ chacun et on va faire 2-3 courses au supermarché d'à côté. Dans chaque rayon du supermarché il y a un message indiquant que voler est un pêché et que Dieu te regarde (...) 😀.
Ensuite on cherche à retourner au centre avec les orangs-outans mais on n'arrive pas à reprendre un Grab. En effet impossible de trouver du wifi dans cette petite ville et - comme on a fermement décidé de tenir tout le voyage sans carte SIM histoire de se désintoxiquer du portable - nous n'avons pas de data, donc on est mort! Il reste une solution: le stop. Notre première expérience de stop 😀! Comme sur des roulettes: en 3 minutes un gros pickup s'arrête et un jeune malais sympa qui a fait ses études d'ingénieur en Australie nous prend et discute en anglais avec nous.
Le centre est petit et entouré d'une forêt dense. L'attraction principale est le moment où les orangs-outans sont nourris. A heures fixes deux fois par jour, les employés du parc apportent des grands bacs de fruits sur une plateforme dédiée et préviennent les orangs-outans que le repas est servi en poussant le cri de tarzan dans un porte-voix (sans rire! 😀). L'ambiance est marrante, tout le monde attend de voir si les orangs-outans vont venir ou non, tout est possible, ils sont dans la nature et font ce qu'ils veulent.
On aura au final la chance de voir une femelle enceinte puis une femelle et son bébé. On a adoré les regarder malheureusement ils étaient trop loin pour qu'on puisse obtenir des photos satisfaisantes:
Le lendemain, on se rend en Grab au Kampung Annah Rais, un village où vivent une centaine de familles Bidayuh (un groupe indigène de l'île de Bornéo) dans des maisons traditionnelles appelées longhouses.
On arrive à 11h sur place, au milieu de nulle part et après notre aventure d'hier, on demande à notre chauffeur s'il peut nous attendre. Il nous répond qu'il ne peut pas mais qu'il a des amis Grab ici et que nous n'aurons aucun problème à retrouver un Grab. Soit.
On visite donc le village, c'est mignon, c'est typique, on voit des femmes mettre leurs récoltes de poivres à sécher mais en 45 minutes on en a fait le tour (et nous sommes un peu déçus).
On se renseigne donc pour réserver un Grab pour faire la route du retour et là, le drame, on nous dit qu'il n'y a aucun Grab ici (le chauffeur nous aurait menti !?) et pas de wifi donc que la meilleure solution c'est de faire quelques kilomètres à pied pour récupérer la grande route et de là, faire du stop en plein cagnard. On ne le sent pas trop (pas du tout même) donc on demande à des touristes s'ils peuvent nous réserver un Grab, verdict: impossible, aucun réseau ici. Mince (pour être poli) !
On s'assoit donc au bord du parking et on attend que notre bonne étoile s'active. A ce stade là tout est possible. Une bonne surprise comme une énorme galère. Au bout de 5-10 minutes à peine, deux mecs s'approchent de nous et nous expliquent qu'ils rentrent à Kuching et qu'ils peuvent nous ramener, gratuitement. On n'ose pas y croire mais on y va ! 😀 Il s'avère que ce sont deux potes qui travaillent ensemble pour l'Eglise, en cuisinant pour les frères, on voyageant en Chine pour répandre la bonne parole etc. On se retrouve à l'arrière de la voiture, on passe un bon moment avec eux et ils nous ramènent en un peu moins d'une heure.
C'est ça qui est superbe dans le voyage, l'incertitude, le doute, l'inattendu, les bonnes surprises. Quel plaisir de vivre tout ça!
La journée suivante, on se lève à l'aube pour aller visiter le Parc National de Bako. C'est le plus ancien parc national du Sarawak et la grande diversité de ses paysages (forêt tropicale, falaises, plages) en fait une étape incontournable pour découvrir la forêt primaire de Bornéo. On accède au parc en bateau et on compte mettre la journée à profit pour faire plusieurs parcours de treks histoire de découvrir les paysages et idéalement apercevoir les animaux du parc notamment le célèbre singe nasique (j'y reviens plus bas).
On commence par croiser les sangliers barbus. On se demande bien ce que cette moustache fait là! Il va être temps de te raser mon grand 😀!
On commence ensuite la randonnée et ses différents paysages. On se balade sur des passerelles en bois:
Parfois le sentier est constitué d'un enchevêtrement incroyable de racines pendant plusieurs centaines de mètres, qu'il faut parfois escalader.
D'un coup on peut tomber sur des paysages assez lunaires:
Le parc possède également de belles plages, mais gare aux crocodiles!
On fait des rencontres avec la faune du coin! A gauche un langur argenté, un singe à l'air un peu destroy. A droite, vous aurez deviné... 😀
Enfin, on tombe sur la star du parc, le célèbre singe nasique! Cette espèce est en danger et le parc abrite environ 200 singes sur une population totale qui n'excède pas quelques milliers d'individus.
Le singe nasique a un physique qu'on pourrait qualifier... d'atypique! On le repère assez facilement avec sa longue queue blanche et son gros nez mou et tombant en forme de ... euh... j'en perds mes mots 😀 !
Le plus incroyable c'est de le voir de près de face. Pour dire les choses comme elles sont: il a une gueule absolument hallucinante! Un nez proéminent qui occupe une bonne moitié du visage, un énorme bide (mollo sur la bière!), de longs membres, une queue blanche et un sexe qui ne se cache pas! Un drôle de spécimen!
Le lendemain, journée flemmingite aiguëe, on ne décolle pas du lit et de la guesthouse. Ça fait un bien fou des fois 😀!
Pour notre dernière journée, direction le Parc National de Kubah. On commence par un trek dans la forêt de 3h aller/retour qui mène à une chute d'eau où on fait une pause pour se rafraîchir.
On déjeune puis on rejoint le Matang Wildlife Center de l'autre côté du parc. C'est un centre qui recueille des espèces menacées et les réintroduit progressivement dans leur milieu naturel. On peut y voir des orangs-outans, des crocodiles, ours, etc...
On est tombé sur Peter, mon alter ego orang-outan, un mâle imposant qui ressemble vraiment à Chewbacca. On a eu du mal à l'avoir en photo mais on se rend qu c'est une incroyable masse de poils! 😀
Je mets ci-dessous une photo trouvée dans le musée du parc qui nous montre un mâle ressemblant à Peter s'il avait daigné prendre la pose. Le visage est ressemblant et on voit tous ces poils !
C'est clairement l'animal le plus impressionnant que j'ai vu de près! Je suis d'accord avec l'impression d'Andréa sur le moment: "on dirait un homme qui a mis un costume". C'est clair! On a presque du mal à croire qu'il soit vrai...