Notre bus de nuit était censé arriver à 6h du matin à Kalaw et finalement il arrive à 4h or nous n'avons rendez-vous avec notre guide qu'à 7h. Bon... on se pose donc dans le seul café d'ouvert et on prend le temps de savourer patiemment ces 3h de réveil en douceur 😀.
A 7h pétantes notre guide arrive (Mr Charles) et nous conduit chez lui à 200 mètres de là. C'est un Monsieur d'une bonne soixantaine d'année, d'origine pakistanaise, qui officie en tant que guide de trek depuis plus de 20 ans. Il nous offre le petit déjeuner et nous détaille le programme des 3 jours de trek. Voici le plan qu'il a dessiné (comme il dit: on dirait un dessin d'enfant) mais il est clair et c'est l'essentiel (chaque ligne représente une journée de trek)!
Ensuite, Mr Charles nous indique qu'il s'est fait renverser par un scooter il y a une dizaine de jours et qu'il ne pourra pas être notre guide (Ah bon!?), qu'il a un autre guide à nous proposer mais que celui-ci est malade et doit aller chez le médecin (Ah bon!?) mais il a un troisième guide pour nous (Super!). Notre guide, qui ne l'est donc que par une suite de hasards, s'appelle Zaw et s’avérera être la crème de la crème, le top du top, un guide absolument exceptionnel qui nous permettra de vivre un superbe trek de 3 jours et 2 nuits.
A 9h nous sommes parés à partir, on garde avec nous un petit sac à dos, notre gros backpack est envoyé par taxi (pour 3$) et nous attendra à l'arrivée du trek. On quitte Mr Charles (un vrai papa poule!) et notre trio (Andrea, Zaw & moi) prenons la route.
Dès les premières minutes de marche, on fait connaissance avec notre guide. Les jours passants nous nous connaîtrons de mieux en mieux. J'en fais ici une courte présentation car au-delà de la découverte des paysages durant ce trek, nous avons rencontré une personnalité incroyable, nous nous accordons d'ailleurs à dire que nous n'avons jamais rencontré une personne d'une telle bonté et d'une telle générosité. C'est l'une des plus belles rencontres du voyage.
Zaw a 25 ans, il est guide de trek depuis maintenant 7 ans. Il est fier de ce métier qui lui permet de gagner un peu plus d'argent que s'il était agriculteur. Et il a besoin de cet argent car il est "chef de famille", il pourvoit aux besoins financiers de ses deux parents âgés de 66 ans (pas de retraite au Myanmar...) et de ses deux nièces de 11 et 13 ans. A 25 ans il s'occupe donc seul d'un foyer de 5 personnes, une lourde responsabilité! Il appartient à une tribu dont le nom signifie "montagne" et "simple" car ils vivent en haut de la montagne de manière simple (ça se tient😀!) et il vient d'un petit village de 45 maisons. Jusqu'à il y a 4 ans, sa famille et lui habitaient une maison faite de bambous, lors des grosses averses il pleuvait dans la maison et ils ne pouvaient pas dormir, ils devaient tous se serrer dans un angle en attendant que l'averse passe. Zaw est un fan absolu de riz, il en mange à tous les repas, du petit déjeuner au dîner (en même temps il n'a pas vraiment d'autre choix). Il a mangé une seule pizza dans toute sa vie et il a trouvé que c'était bizarre car après l'avoir finie il avait encore faim mais le ventre tellement gonflé qu'il ne pouvait plus manger...😀.
Première journée de trek:
On démarre avec une marche dans une forêt de pins, les arbres ont été plantés par les colons britanniques. Zaw nous explique que l'écorce des arbres sert d'allume-feu et est aussi utilisée en médecine traditionnelle birmane.
On arrive ensuite dans la campagne birmane. Les insecticides ont fait récemment leur apparition au Myanmar et on assiste à leur pulvérisation à la main. Les champs sont labourés à l'aide de buffles et de pièces en bois pour retourner la terre. Lorsque je demande à notre guide s'ils ont des véhicules à moteur pour travailler dans les champs, il me dit que les birmans commencent à avoir des "chinese buffalos" (C'est quoi ça!?). On verra plus tard certains de ces chinese buffalos, qui sont... des tracteurs 😀!
Sur la dernière photo, je donne un coup de main dans les champs 😀.
Les champs et rizières s'étendent à perte de vue, tout est silencieux.
On traverse des villages où les maisons sont construites en bambous.
On croise des enfants qui jouent et on s'arrête quelques minutes avec eux. Ils ont tracé un quadrillage dans la terre battue et ils doivent viser le carré qui rapporte le plus de points en jetant... une tige de fleur. On joue avec ce qu'on a 😀. Ils ont des élastiques au poignet et le gagnant en remporte un à chaque tour. J'ai essayé et je suis très mauvais...
On arrive enfin dans notre logement du soir, on a une chambre tout confort 😀, après un repas gargantuesque, on sombre dans un lourd sommeil sans rêves.
Deuxième journée de trek:
On commence la journée par une opération Thanaka. Le Thanaka est une pâte cosmétique blanc-jaune d'origine végétale utilisée au Myanmar pour se couvrir le visage. Il protègerait du soleil, rendrait la peau douce et lutterait contre l'acné. On voit surtout les femmes et les enfants en porter et parfois les hommes. Dès notre arrivée à Yangon ça nous a étonné de voir toutes ces femmes le visage jaune comme si elles sortaient avec leurs masques de beauté dans la rue.
On demande donc à notre logeuse de nous le préparer, elle gratte l'écorce de Thanaka sur une pierre puis l'humidifie et nous l'applique sur la visage. On se retrouve tous Thanaka-isés 😀.
On reprend la route, et on tombe sur une famille qui a aussi fait une opération Thanaka ce matin 😀! Puis on s'éloigne du village et on se retrouve à nouveau au milieu de paysages sublimes, sans traces humaines en dehors des quelques travailleurs les mains dans l'eau des rizières ou occupés à labourer les champs avec leurs buffles.
On croise des femmes de la tribu Pao:
On croise également un drôle d'attelage de buffles...
On prend une pause thé dans un village d'une tribu Pao. Un moment incroyable!
Des enfants du village:
Des hommes s'affairent à couper des bambous en fines lamelles pour ensuite en faire des paniers.
On reprend la clé des champs, avec maintenant la couleur rouge de la terre qui vient se mêler au vert des plantations. C'est dingue de se retrouver à vadrouiller ici, seuls au milieu de nulle part, avec ces paysages superbes, l'absence de bruit et de rares rencontres avec des buffles seuls qui broutent de l'herbe ou des travailleurs de la terre. C'est un vrai retour à l'essentiel.
En fin de journée on arrive au village où on fera étape pour la nuit. Des enfants jouent à faire sauter le bouchon de bouteilles d'eau en sautant dessus à pieds joints (en nous visant tant qu'à faire - surtout toi au milieu de l'image, je t'ai repéré 😀). Andréa donne son chapeau à une jeune fille, un petit s'amuse à sauter dans des tongs trop grandes pour lui et enfin le dernier est particulièrement circonspect de nous voir arriver.
Ca fait du bien de se poser, nos pieds et nos chaussures ont souffert😀! Un nouveau repas de folie et à 20h30 tout le monde dort !
Troisième journée de trek:
On émerge tranquillement vers 7h du matin, on déjeune, on nettoie nos chaussures, on prend une photo avec la famille qui nous héberge et on reprend la route.
Un dernière photo avec notre guide et c'est reparti.
Après près de 55km parcourus en l'espace de 3 jours, voici la fin du trek! Nous arrivons au bord du Lac Inle et nous prenons un bateau pour rejoindre Nyaung Shwe, petite ville au bord du lac où nous séjournerons 3 nuits.
Nous quittons Zaw, un peu émus et touchés par cette belle rencontre. Nous gardons ses coordonnées et serons heureux d'avoir de ses nouvelles.