Voilà nous y sommes. Ce sont nos amis Glenn et Marine qui nous en avait parlé lorsqu’ils étaient partis un an avant nous. On s’était dit qu’on le ferait mais plus la date approchait plus Charlotte stressait.
On décide de faire l’ascension avec l’agence Jiwaki sur 3 jours. On part le 4 juillet en espérant réussir à monter et ainsi être pour l’anniversaire de Charlotte à 6 088m d’altitude.
On part donc le lundi matin en bus depuis La Paz. Petit surprise en arrivant à l’agence où nous croisons notre ami Justin que nous avions rencontré à Sajama. Sans se concerter on a choisit la même agence et le même jour pour faire l’ascension. On ne montera pas avec lui. Justin part le faire en 2 jours et c’est déjà sa troisième ascension à plus de 6000.
On arrive au camp de base à 4 700m vers midi. On croise les groupes qui viennent de faire l’ascension. Visages fatigués mais ils ont l’air heureux malgré tout.
On mange au refuge puis le groupe se sépare en deux : ceux qui font l’ascension en 2 jours qui partent directement au camp haut et ceux qui font l’ascension en 3 jours (nous) qui partent avec tout l’équipement d’alpinisme essayer l’équipement sur un mur de glace.
Nous sommes 10 à apprendre à monter et descendre sur glace avec des crampons puis nous apprenons à utiliser le piolet selon le degré de la pente. On finit en apothéose en escaladant un mur de glace quasiment vertical et redescendre en rappel. A priori, pas de mur incliné comme ça pour l’ascension. Pour nous qui n’avions jamais fait d’escalade sur mur de glace (ni même sur roche d’ailleurs), l’expérience est vraiment top.
Après bien 3h à s’entraîner, on retourne au camp de base. Pour finir la journée, on joue aux cartes avec notre groupe (4 Israéliens, 2 Danoises, 2 Finlandais et nous deux). On apprend des jeux de cartes Israeliens et danois. L’ambiance est détendue.
Le lendemain on part pour deux heures de randonnée jusqu’au camp haut à 5 130m. Avant de partir on croise le groupe d’hier qui viennent de faire l’ascension. Sans grande surprise, notre ami Justin est monté jusqu’à 6 088m. Tout le monde est monté sauf une personne qui est tombée malade la veille. Ce sont les aléas et on ne peut rien face au mal de l’altitude.
2 heures de grimpette qui mettent en jambe avec un sac à dos d’environ 13kg. Et oui il faut bien porter tout le matos : crampons, piolet, vestes etc. sauf pour Charlotte la Princesse qui a pris un porteur qui lui porte son sac.
On arrive à 5 130m en milieu d’après midi. La vue est incroyable et on se dit qu’on est déjà plus haut que le Mont Blanc. Petit goûter et debrief des guides pour la journée de demain : dîner à 17h, on prépare le sac, coucher à 19h, réveil à minuit et départ à 1h30.
L’ambiance reste détendue mais les rappels des guides sur les règles de sécurité, la durée d’ascension nous rappel que ce n’est pas si anodin que ça.
Nous dînons puis préparons nos affaires. 19h extension des feux, il est l’heure de dormir.
Pas facile de s’endormir entre excitation et appréhension. On a du dormir 2-3 heures puis il est déjà l’heure de se réveiller. Ça rigole un peu ce matin en déjeunant mais l’ambiance n’est plus comme le premier jour. Beaucoup de concentration. Nous avons été repartis en 5 groupes (2 personnes pour un guide).
Les groupes partent au fur et à mesure. Nous partons dans les derniers vers 1h30 du matin avec notamment pour Charlotte beaucoup d’appréhension de ne pas arriver au sommet (elle se met toujours énormément de pression pour rien).
On commence par marcher une demi heure dans des cailloux. C’est pas facile avec les chaussures d’alpinisme qui ressemble à des chaussures de ski mais un peu plus souple.
On arrive au pied du glacier et il est l’heure de sortir les crampons et le piolet. Les choses sérieuses commencent. Ça monte mais le guide adopte un rythme très lent. Charlotte souffre un peu niveau cardio/souffle et Pierre trouve le rythme trop lent. De toute manière, Charlotte soupçonne Pierre d’avoir été guide de Haute Montagne / Sherpa dans une vie antérieure. C’est pas normal d’être toujours aussi rapide.
Charlotte commence à avoir un état d’esprit assez négatif. Peur de ne pas y arriver et on est à peine à la moitié. Et là le coup de grâce. Nous arrivons au fameux mur de glace. Petite crise de Chacha. Son sac à dos la gêne, elle est essoufflée (même le guide ne sait plus où se mettre). Finalement, elle grimpe le mur tout en râlant. On reprend son souffle et on continue.
C’est vraiment dur physiquement, cardio et psychologiquement. On avance tant bien que mal et avec de nombreuses pauses. Le jour commence à se lever et la vue est magnifique. C’est déjà incroyable ce qu’on fait. On voit enfin le sommet mais ce qui nous attend ne nous fait pas rire. On le savait, on l’avait lu, les deniers mètres sont durs. Charlotte a un regain d’énergie alors que le petit Sherpa Pierre commence à fatiguer.
On avance un pas après l’autre, on fait des pauses quasiment tout les 10 mètres, on est à bout de souffle mais ça y est on y est. On l’a fait, même si sur les derniers mètres, Pierre avançait à deux à l’heure. Son vertige le rattrape.
Bilan : arrivée à 8h du matin au sommet. On aura mis 6h30 à faire l’ascension.
Le sentiment est dingue. Nous sommes fatigués mais heureux et fiers. 29 ans à 6088m d’altitude Charlotte s’en souviendra.
On reste quelques minutes là haut à profiter avec 3 autres groupes. Il est temps de redescendre. Plus le temps passe, plus le temps se réchauffe, plus il y a des risques d’avalanche.
La montée c’est quelque chose mais la descente également ! Ça tire sur les jambes et les genoux.
C’est en descendant qu’on se rend compte par où nous sommes passé. Et bien heureusement que c’était de nuit ! On passe très proche de sacrées crevasses voire même parfois on passe sur un petit pont de glace qui permet de passer sur une crevasse. On comprend pourquoi il ne faut pas traîner trop longtemps là-haut. Un petit saut par là pour passer une crevasse, un petit saut par ici.
On se retrouve au mur de glace. Comme de vrais aventuriers, on descend en rappel. C’est pas toujours rassurant quand le guide en bas te dit « d’aller un peu sur ta gauche parce que là y a une crevasse … »
On arrive enfin au camp haut ! On est lessivés. On mange une petite soupe, grignote des tartines de Dulce de Leche puis il est temps de faire le sac avec toutes nos affaires et descendre deux heures jusqu’au camp de base. Et c’est là que Pierre se dit que finalement Princesse Charlotte et son porteur c’est pas une si mauvaise idée que ça.
On arrive tout doucement au camp de base vers 13h30. On rend les affaires d’alpinisme puis nous montons bien fatigués dans le bus qui nous ramène à La Paz. Vers 16h nous sommes à notre hôtel rincés de l’ascension.
On a perdu Pierre pendant plusieurs heures Une douche chaude (oui parce que nous ne nous sommes pas lavés depuis notre départ), un gros plat de pâtes et un gros dodo feront notre bonheur.
Ce fut une expérience extraordinaire mais très dur physiquement et surtout psychologiquement. Nous sommes fiers de l’avoir fait et ça restera clairement un souvenir à jamais gravé.