Carnet de voyage

De Nice au Cap Horn

12 étapes
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Petit carnet pour raconter notre premier voyage de retraités: une croisière de 8 jours en Patagonie en compagnie de nos amis Denise et Thierry.
Du 21 février au 6 mars 2019
2 semaines
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Nous avons effectué ce voyage du 21 Février au 6 Mars avec un couple d'amis (Denise et Thierry). Le but de ce carnet de voyage n'est pas de nous mettre en scène mais de partager nos impressions avec les lecteurs. Nous avons voyagé de Paris à Santiago, 3 jours sur place, puis Santiago Punta Arenas où nous avons pris un bateau pour une croisière de 8 jours en Patagonie, retour par Buenos Ayres avec 2 jours sur place

Pour l'essentiel les photos sont les miennes et peuvent être partagées en citant l'adresse de cet Atlas. Certaines sont des emprunts à des amis, ou à des blogs qui seront bien sûr cités au cas par cas. Quelques unes enfin proviennent du site d' Australis la compagnie remarquable qui a assuré notre croisière en Patagonie. Qu'ils soient ici remerciés de la qualité de leurs prestations.

Nous sommes donc partis de Paris CDG le 21 Février . L'avion était prévu en fin de journée (23h30) et la compagnie de voyage nous avait convoqués plusieurs heures avant pour la remise de nos dossiers. Vol Nice Santiago du Chili, via Sao Paulo sur LATAM, principale compagnie Sud Américaine. Notre groupe de 180 était essentiellement composé de personnes retraitées. Certaines, plus âgées que d'autre ont donc eu du mal à supporter les 3 heures d'attente en file indienne imposées par LATAM, semble t il pour des raisons informatiques ... Vol sans histoire, service à bord minimaliste... En arrivant à Santiago, dans un aérogare dont l'ambiance rappelle celle d'un souk maghrébin, 3 bagages manquaient, dont celui de mon ami Thierry. Nous ne les reverrons plus (les bagages... ) Service LATAM aux abonnés absents, nos accompagnateurs dépassés, bref arrivée tendue et si possible éviter LATAM dans le futur.

Nous étions attendus au restaurant (étape toujours importante pour des retraités) avec un Pisco de bienvenue. Le Pisco est une boisson traditionnelle au Chili, mais aussi au Pérou. Mélanger une dose de marc local (fort!) avec du sirop de sucre, un jus de citron, quelques glaçons et passer au mixer. C'est frais , alcoolisé et doux et ça se boit facilement. Le Pisco allait devenir traditionnel midi et soir durant tout le voyage. Siestes assurées dans le bus pour certains, et régime impératif au retour pour ma part.

Notre déjeuner se tenant près d'un marché couvert j ' en ai profité pour faire un tour et voir les étals. Beaucoup de produits de la mer, le Chili ayant une frontière complète sur le Pacifique. J'ai ainsi appris que depuis 2017 le Chili était le premier producteur mondial de saumon devant la Norvège. Prix également attractifs , moules (énormes ) et praires à 2,20 € le kilo.

SANTIAGO:

Santiago est une mégalopole de 6 Millions d'habitants (pour l'ensemble de la communauté urbaine) que j'ai trouvé pour ma part sans grand intérêt. L'exode rural favorise l'apparition de nombreux bidonvilles en périphérie. Quand le temps s'y prête, et que la pollution n' est pas trop importante, on peut apercevoir la cordillère des Andes en montant sur une des collines (attention : croisé une mygale dans un des parcs.. ). Le quartier historique se trouve autour de la cathédrale. Des bâtiments anciens côtoient désormais des buildings de verre, qui semblent être des marqueurs de modernité puisque nous en verrons pratiquement dans toutes les villes de notre voyage, même les plus modestes.


Place centrale: la cathédrale

Les pays d'Amérique latine se sont construits dans le sang (d'ailleurs le drapeau du Chili est rouge pour le sang, bleu pour le ciel et blanc pour la neige de la cordillère) et les multiples conflits ont généré autant de héros désormais statufiés. Donc beaucoup de statues équestres, mais également, et c'est plus récent, quelques monuments à la mémoire des peuples natifs, entièrement décimés lors de la colonisation (j'y reviendrai plus tard). Depuis quelques années le gouvernement chilien s'achète une bonne conduite en légiférant sur la reconnaissance du génocide des amérindiens locaux.

Le monument incontournable de Santiago est le palais de la Moneda. Initialement bâti comme palais de la monnaie, il devint le siège du gouvernement en 1845. Lors du coup d'état du 11 septembre 1973 le palais est bombardé par les troupes du général Pinochet et le président Allende, démocratiquement élu, est retrouvé mort, officiellement suicidé.

Palais de la Moneda 

Impossible de quitter Santiago sans visiter son cimetière, étape impérative dans toutes les villes que nous visiterons. Plusieurs raisons à cela. Les pays d'Amérique latine sont traditionnellement très catholiques. D'autre part ce sont des pays jeunes dans lesquels des fortunes importantes se sont bâties et ces fortunes s'expriment dans les monuments funéraires importants. Ces monuments sont également les témoins de la réussite des nombreux émigrés (espagnols, italiens, français, mais également pays de l'est et Russie). Enfin le cimetière de Santiago est l'un des plus grands du monde avec ses 86 hectares (Père Lachaise 45 hectares)

Les moins riches sont enterrés dans des tombes plus conventionnelles qui s'étendent à longueur d'allées. Les plus pauvres sont carrément dans des casiers ,comme on peut le voir sur les photos extraites de l'excellent blog "icietlabas" à qui je me suis permis de les emprunter (difficile de faire 86 hectares en 1/2 heure) .


Peu d'intérêt à parler de l'hôtel , si ce n'est pour dire qu'il est confortable, que la salle de fitness est en réparation, que le personnel est accueillant, et que le Pisco est bon. Demain nous partirons visiter une ville plus mythique : Valparaiso.

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De Santiago à Valparaiso nous avons pris le bus (1H30). Belle opportunité pour notre guide pour nous parler des CENTAINES d'hectares de vignobles que nous traversons. Le Chili est le 8 ème exportateur mondial de vin, avec une superficie de vignobles quasi identique à l'ensemble du bordelais. Les vignobles chiliens (avec Chypre ) ont échappé au phylloxera qui a détruit les vignobles occidentaux et, juste retour des choses, ils nous ont permis de redémarrer sur des cépages anciens que nous leur avions fournis. Les vins chiliens (comme les argentins) sont désormais mondialement reconnus et largement exportés (les autochtones boivent du pisco !). On ne fait pas d'erreur en comandant par exemple un Malbec.

 Un Malbec . Celui-ci est argentin 

Petite anecdote rapportée par le guide : en 1990, donc hier, un oenologue français vient visiter les vignobles chiliens (de nombreuses grandes maisons française ont des filiales chiliennes). Il trouve un cépage "inconnu" mais qui lui rappelle quelque chose. Il en ramène en France, le fait étudier: il s'agit de Carmenere, un cépage disparu depuis le phylloxera. On l'a réimplanté en France, et le vignoble chilien où il fut redécouvert en a fait depuis sa spécialité (lucrative ... )

VALPARAISO

Valpo pour ses intimes, est une ville mythique pour ses nombreux aficionados. C'est avant tout le premier port du Chili, situé au centre de la façade Pacifique. Avec environ 1 Millions d'habitants pour la communauté de communes c'est la deuxième ville du pays. Elle a connu son heure de gloire au 19 éme siècle en servant d'escale pour les bateaux qui faisaient la traversée Atlantique/Pacifique via le détroit de Magellan. On la qualifiait alors de joyau du Pacifique. Le canal de Panama, inauguré en 1914, lui a porté un sérieux coup commercial. Ville des réussites migratoires elle garde cependant un attrait touristique lié notamment à son architecture.

Entourée de collines on distingue la ville basse (El Plan) qui abrite le port et les commerces, et les collines (Cerros) zone d'habitation.

Valparaiso: les collines et le port 
Et une tour en verre, une ...  

Les funiculaires anciens (ascencores), et souvent bariolés, qui permettent de monter sur les collines, constituent une attraction connue. La municipalité envisage de réglementer leur utilisation et surtout leur entretien.

Photos buenosaires.blogspirit.com 

Ce qui frappe à Valparaiso, et qui fait le bonheur des photographes, ce sont les façades colorées. La plupart des façades sont en tôles, matériau susceptible de résister aux vents et aux problèmes sismiques. Par souci d 'esthétique ces tôles sont peintes.

Toujours à cause des tremblements de terre les fils électriques ne sont pas enterrés. Valparaiso a subi un terrible tremblement de terre en 1906 (8,2 sur l'échelle de Richter) qui fit 3000 morts et plus de 20000 blessés.

Les quartiers résidentiels se trouvent sur les collines . A côté de demeures bourgeoises de nombreuses ruelles abritent des immeubles dont les façades et les portes sont le terrain de jeu des street-painters et qui font le bonheur des photographes.

La Sebastiana , villa de Pablo NERUDA . Aujourd'hui un musée 
Plutôt bourgeois... 
Plutôt pas bourgeois... 
Je vois , je vois ...  
Toutes ces fresques ne sont pas des tags mais sont réalisées par des artistes. Les plus connus sont surbookés 
Photos Denise 
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Punta Arenas est notre ville d'embarquement pour la croisière en Patagonie.

Quelques mots préalables sur la Patagonie, qui mériterait à elle seule un Atlas complet. La Patagonie est en fait la corne australe de l'Amérique latine appartenant pour partie au Chili et pour partie à l'Argentine. Les conflits de frontière ont été longs, certains ne sont d'ailleurs pas encore parfaitement réglés. La surface est de 800 000 km2 (pour mémoire la France 650 000). La cordillère des Andes constitue l'essentiel de la frontière Nord Sud. A l'ouest la Patagonie chilienne est humide et venteuse. C'est la région des iles, des archipels et de la forêt sub polaire. C'est là que nous naviguerons. A l'Est la Patagonie Argentine est plus sèche. C'est la région de la pampa et des estancias, énormes exploitations d'élevage bovins et ovins.

Le canal de Magellan (découvert en 1520, donc anniversaire des 500 ans l'an prochain) sépare une partie continentale et une partie insulaire que les découvreurs ont baptisés terre de Feu, sans doute en raison des nombreux feux allumés par les indigènes et qu'ils apercevaient de leurs navires.

Punta Arenas est la ville chilienne continentale la plus au sud. C'est là que nous embarquerons pour une croisière de 8 jours dans les fjords et les canaux, pour atteindre Ushuaia, ville argentine insulaire qui se targue d'être la plus australe du monde (nous y reviendrons)

Notre terrain de jeu. Nous naviguerons en territoire Chilien sauf pour l'arrivée à Ushuaia. 
Carte originelle et carte satellite du passage de Magellan. A priori je ne sais pas comment ils on fait car l'Atlantique et le Pac...

PUNTA ARENAS

Nous avons pris un vol de Santiago à Punta Arenas. Vues sur la cordillère des Andes absolument magiques

Punta Arenas est une petite ville très "proprette" que j'ai bien aimée. Changement de climat: nous étions en short et chemisette à Santiago (25/28°c) , ici c'est plutôt chaussettes, pantalon et doudoune (10 à 12 °C). Punta Arenas bénéficie d'un climat sub-polaire comme toute la partie australe du continent. Les océans ont un rôle modérateur et il n'y a pas de grande amplitude thermique entre été et hiver (10 ° environ). La température moyenne annuelle est de 6° C. Par contre le vent souffle (en général de l'Ouest) et les arbres sont naturellement penchés (feuillage en drapeau). Le port constitue la première activité, mais les campagnes alentours sont "squattées" par les élevages ovins. L'activité touristique se développe avec le port et l'aéroport: Punta Arenas se voudrait une base de départ vers les Sud du continent et l'Antarctique. Nous faisons un petit tour en ville. Mon ami Thierry en profite donc pour faire quelques emplettes nécessaires après la perte de sa valise.Tarifs corrects mais pas vraiment exceptionnels. Tarifs prohibitifs par contre pour ses médicaments également partis dans la valise. Pisco du soir , espoir, demain nous visitons et nous embarquerons.

Punta Arenas vue générale . A droite Thierry, le modèle favori de Denise ... 

Nous sommes au bord de mer, sur le bord du canal de Magellan. Un guide très sympa nous fait visiter un petit musée qui nous permet de nous familiariser avec la faune locale, mais également avec les premiers occupants de ces gigantesques territoires. La colonisation frénétique a mené à leur disparition, notamment par massacre et je consacrerai un paragraphe à ces exactions qui m'ont beaucoup touchées.

Canal de Magellan. Ici aussi un immeuble de verre, ça s'impose... 

La traditionnelle visite du cimetière nous permet de constater une fois encore l'importance des flux migratoires. Tombes chiliennes bien sûr , mais également espagnoles, croates et ... françaises.

Les feuillages "en drapeau".  
 Y a du croate et du français ... 
 Le caveau de Menendez, "roi de Patagonie" , et responsable notoire du massacre des peuples natifs

La tombe de l'Indien est une des attractions du cimetière. Bien que catholiques et pratiquants les sud -américains reconnaissent assez facilement des pouvoirs supérieurs à certains morts. Ces tombes sont souvent particulièrement fleuries. La tombe de l'Indien est entourée de centaines d'ex-votos pour remercier le mort d'être intervenu (ou pour l'inciter à le faire ... ). A Nice on implore Sainte Rita en faisant brûler un cierge. A Punta Arenas on implore l'Indien en lui frottant la main. C'est la raison pour laquelle elle est toute brillante. Notre guide nous raconte que le week end les gens font la queue.

 On a tué tes ancêtres, mais on compte sur toi pour nous aider ... 

En fin de journée nous gagnons le port pour nous installer à bord de notre bateau, le Ventus Australis .

C'est un bateau " à taille humaine ", 100 cabines et capable d'accepter 200 passagers. Les cabines sont confortables, la nourriture très correcte (important pour des retraités...). Il y a plusieurs salons spacieux pour se détendre, lire ou écouter des conférences le soir. Plusieurs ponts également qui vont nous permettre de profiter de ces merveilleux paysages au plus près , la taille du bateau lui permettant de se faufiler dans les différents canaux et fjords. Une semaine de déconnection, sans téléphone ou wifi !

Notre bateau au mouillage. Vues des ponts  
 Notre itinéraire de Punta Arenas au Cap Horn, 

Matin et soir des sorties en Zodiac seront organisées. Elles doivent nous permettre de nous approcher des sites (animaux, glaciers) ou de débarquer. L'organisation est vraiment au top. Nous sommes répartis en plusieurs groupes, l'attente est réduite , et nos accompagnateurs sont généralement excellents conférenciers. En cas de débarquement des itinéraires doivent être respectés, toute divagation est interdite (même pour soulager un éventuel besoin, donc précautions impératives .. ). Afin de respecter au maximum les territoires visités nos chaussures sont désinfectées dans un pédiluve au départ, et au retour nettoyage des semelles au karsher.

Lâcher de gilets sur la plage... A priori ils devaient être classés par taille. En fait ambiance assurée au moment de rembarquer, ...

Notre voyage a duré une semaine et plutôt que d'en faire un descriptif au jour le jour, j'ai choisi de présenter les points qui m'ont le plus intéressé : la nature et la flore, les glaciers et bien sûr les animaux...

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Au bord de l’eau je dirais que ça ressemble un peu à une lande telle que j’en ai vu en écosse par exemple . Les arbres ont un peu de mal à pousser, par manque de substrat. Les premiers éléments végétaux sont donc ceux qui se dispensent facilement de terre : les mousses et lichens. Ils n’y a quasiment pas de sol (5 à 10 cm maxi ensuite c’est la roche) et une forte symbiose est nécessaire entre l’arbre et son substrat, composé essentiellement de mousse et de débris accumulés par le vent. Quand on se rapproche de la montagne le sol s’épaissit un peu il y a quelques fleurs, les arbres deviennent plus fournis (en général des variétés de hêtres).

 Mousses, lichens, l'aspect métallique des roches rappelle un sous sol riche en minéraux
La forêt est logiquement à flanc de montagne. La végétation devient plus luxuriante , avec quelques fleurs 

La forêt primaire est particulièrement dense. Les arbres sont parasités par d'autres végétaux ou des champignons, dont certains étaient consommés. Une mare est rendue possible par l’eau fournie par les tourbières situées à flanc de montagne . Quelques fruits (baies) sont réservés aux initiés.

La cascade n'est pas due à la fonte des neiges mais aux tourbières épaisses de plusieurs mètres qui rendent leur eau.  

Sur une ile nous trouvons un petit lac établi grâce à quelques bâtisseurs obstinés: des castors. Il y a quelques années le gouvernement chilien a envisagé de se lancer dans l'élevage de castors pour leur fourrure, à l'identique de ce qui se pratique au Canada. Ils ont donc introduit des couples mais ont rapidement constaté que la qualité de la fourrure n'était pas au rendez vous, le climat n'étant pas assez rigoureux. Par contre les castors eux se trouvent bien et se sont donc multipliés des façon préoccupante. Les Chiliens redoutent même qu'ils puissent migrer vers d'autres iles et sont à la recherche d'une solution radicale mais écologique pour se débarrasser de ces occupants. Comme quoi toutes les migrations non ordonnées peuvent être problématiques ...

Le castor est méticuleux ...  
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Les glaciers:

Il faut savoir que la plupart des glaciers de la Patagonie, tant chilienne qu'Argentine, sont issus d'une seule et immense étendue glaciaire située principalement au Chili: le Champ de Glaces Sud qui constitue la troisième réserve d'eau douce après l'Antarctique et le Groenland. Petit quizz au passage : que va t il se passer si ces réserves fondent ? Bien sûr le niveau des océans va monter (entre autre). Que va t-il se passer si la banquise Arctique fond ? Rien car c'est un glaçon (d'eau salée). Un glaçon qui fond dans un verre d'eau ne le fait pas déborder ...

Les glaciers j’allais dire on aime ou on n’aime pas. Nous en avons vu est visité (soit de façon pédestre soit en Zodiac un certain nombre. Je distinguerais arbitrairement les glaciers terrestres (qui se terminent par un cours d'eau plus ou moins important, comme exemple nos glaciers alpins) et les glaciers maritimes qui se jettent directement dans l' océan). Les premiers étant plus souvent souvent victimes de leur recul pour des raisons climatiques.

On peut s'approcher des glaciers terrestres à pied et les traces géologiques, notamment sur les parois de la vallée glaciaire témoignent bien de leur recul, constaté bien sûr par les scientifiques.

Un glacier "terrestre" (glacier Aguila) et les traces de son recul 

Les glaciers maritimes sont plus impressionnants. On s'en approche en bateau, au milieu des blocs de glace, leur front est assez majestueux (souvent plus de 100 mètres de haut) et ils sont terriblement "vivants", perpétuellement en mouvement et bruyants : la glace claque sans cesse et des blocs plus ou moins volumineux se détachent. Ils sont moins sensibles au réchauffement, d'une part à cause de leur taille et sans doute également parce que l'océan joue un rôle de régulateur thermique au niveau du front. Le glacier Pia que nous avons visité a ses admirateurs. Il est le pendant d'un autre grand glacier situé en Patagonie Argentine (le Perito Moreno) qui ne diminue pas sous l'effet du climat. Ces glaciers vivants ont leur aficionados qui se postent des jours entiers pour essayer de filmer le spectacle des gigantesques blocs qui se détachent.

La surface de ces glaciers est suffisamment tourmentée pour qu'ils soient interdits à la randonnée. Par endroit la glace, très dense, prend une couleur bleutée, amplifiée par l'ensoleillement, ce qui ne fut malheureusement pas le cas lors de nos visites.

Enfin un des canaux de Pagatonie chilienne, le canal Beagle, est surnommé l'avenue des glaciers . Le Hollandais, l'Italien, le Français, l'Espagnol, l'Allemand défilent au rythme de la croisière. Le personnel du bar en profite pour nous faire tester des spécialités en rapport avec chacun des pays que nous croisons. Euh, on passe à table ou on se couche tout de suite ?

Glacier Garibaldi  
Surface du glacier et aspect bleuté de la glace  
Mon préféré : le Glacier Pia . Plus de 100 m de haut. La glace qui arrive en bas a été formée il y a 400 ans . A droite un morceau...
Pia au soleil ...  
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Les animaux se visitent en Zodiac uniquement, aucun débarquement sur les iles pour respecter leur habitat.

Les Manchots sont en quelque sorte les animaux fétiches de Patagonie. A la différence de leurs cousins arctiques, les Pingouins, les manchots ne volent pas et ne se trouvent qu'en région Antarctique. Hauts de 50 à 60 centimètres, ils vivent en colonies groupées, passent l'essentiel de leur temps dans l'eau, sauf en période de reproduction. Ca tombe bien c'est en été, période où nous sommes venus les visiter , sur les ilots Tucson. Nous en avons donc vus beaucoup. Les Manchots ont la particularité d'être très fidèles. Fidélité à leur lieu de ponte, sur le même îlot, parfois dans le même buisson. Fidélité également à leur partenaire, sauf si la reproduction n'est pas féconde. Malheureusement la population des manchots antarctiques est en péril. Quasiment pas de naissance depuis 3 ans ...

En été le manchot fait sa mue. Ça lui permet d'avoir moins chaud hors de l'eau.  Bravo la nature , tu as encore tout juste... 

les Cormorans :

Nous avons rencontré des cormorans dès Punta Arenas. Mais c'est en allant voir les manchots des ilots Tucson que nous en avons croisé plusieurs colonies. C'est un oiseau piscivore qui doit plonger parfois profondément pour attraper ses proies. Son plumage est donc adapté, et naturellement moins imperméable que celui des autres oiseaux. Cette capacité à plonger profondément est mise à profit en Asie ou certaines variétés de Cormoran sont domestiqués pour pécher.


Colonie de Cormorans.  

Les lions de mer:

En approchant d'un glacier nous avons entendu des beuglements venant des rochers de la côte, identiques à ceux que peuvent produire les bovins de mon voisin Normand! Il s'agissait en fait d'une bande de lions de mer, les mâles braillants pour attirer les femelles ( comme souvent... ). Les lions de mer adorent se pavaner au soleil. Ils sont réputés peu sociables ( dans l'hypothèse ou quelques inconscients souhaiteraient empiéter sur leur territoire).

Photo prise au télé 270 et agrandie ...  

Les baleines:

La visite des baleines reste un temps fort pour moi. Nous étions répartis en 3 groupes: 9heures, 10 heures et 11 heures.

Nous étions dans le groupe de 10 heures. La règle du jeu est simple : approcher du territoire présumé en Zodiac, repérer les souffles, s'approcher des baleines et profiter du spectacle. J'avoue ne pas avoir été déçu. Le spectacle est grandiose et particulièrement émouvant. Les baleines sont majestueuses et sortent de l'eau quelquefois à quelques mètres à peine des zodiacs , qu'elles évitent avec une véritable grâce.

En ondulant elle courbent leur dos qui forme une bosse quand elles replongent, d'où leur nom. Le but du jeu photographique est d'obtenir une vue de la queue , si possible en vue arrière. La queue est la véritable empreinte individuelle. Elle permet donc aux scientifiques de répertorier les individus.

Il faut savoir que 90 % des baleines à bosse ont été détruites par la chasse. Le cheptel qui reste doit donc être protégé. Malheureusement le réchauffement climatique frappe une fois de plus. Les baleines viennent se nourrir en région antarctique durant l'été austral. Elle se nourrissent de grandes quantités de krill (petites crevettes) qui doivent lui permettre de faire de grosse provision de graisse. En effet, en automne, les baleines à bosse remontent vers le nord pour se reproduire et vivent sur leur réserves . Cette migration correspond à plus de 10000 km. Or, du fait du réchauffement, le krill diminue. Les baleines sont donc en mauvaise condition pour voyager et se reproduire. Leur avenir est incertain d'autant qu'à la différence de certaines espèces terrestres, la sauvegarde en captivité est impossible.

En 2017 un groupe de plus de 300 baleines de retour des régions équatoriales est venu s'échouer et mourir sur les côtes de Patagonie. Elles étaient sous alimentées, parasitées ou malades...

Nous avons donc vu des baleines, vu leurs queues, mais malheureusement à la différence du groupe de 11 heures nous n'en avons pas vu sauter. Tant pis ce fut tout de même pour ma part un grand moment d'émotion.

 Elles soufflent ... 
certaines photos sont à moi, d'autres de Denise ou Frédéric. Sur la dernière on voit bien la bosse formée quand la baleine replong...
 La baleine de droite doit être à 5 / 6 mètre du Zodiac. Le crochet sur le dos est un vestige d'aileron dorsal. 
Ce que nous aurions aimé voir ... Photos Australis

Il existe enfin de nombreuses variétés d'oiseaux que nous avons peu croisées. Notamment le légendaire Condor, emblème Andin.

 Condor. Photo Australis
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Au cours de nos différentes visites, dans les musées ou sur les iles, les peuples natifs ont souvent été évoqués. Ils ne constituent plus une espèce menacée, puisqu'ils ont totalement disparus, sacrifiés au nom du profit.

Les peuples natifs étaient des pécheurs ou des chasseurs cueilleurs. En Terre de feu il s'agissait surtout des pécheurs, qui vivaient nus, se protégeant avec de la graisse pour nager et plonger (ils représentaient donc une variété de sauvages repoussants pour les premiers colons). Ils vivaient sur des pirogues, n'accostant que quand les situations leurs imposaient (climat, naissances, maladies). Les premiers contacts avec les colons, Magellan et les expéditions suivantes, furent tendus mais chacun se tenant à distance de l'autre, les indiens vécurent tranquilles pendant 300 ans.

Leurs ennuis commencèrent sérieusement au 19 ème siècle quand les Etats constitués (Chili et Argentine) décidèrent de coloniser ces territoires sauvages, notamment en incitant une population émigrée d'Europe à développer une activité minière (or) et surtout l'élevage extensif des ovins.

Repoussés de plus en plus au Sud les peuples natifs n'avaient aucun pouvoir de résistance. Des tentatives d'intégration et d'éducation ont été réalisées, notamment par des religieux. Des familles ont été emmenées en Europe, certaines pour être exhibées dans des zoos humains (Exposition Universelle). La plupart sont morts de maladies qu'ils ne connaissaient pas, la grippe ou la rougeole. Mais la grande majorité a été massacrée, notamment par Menendez et ses sbires. Emigré espagnol sans scrupules Menendez a réussi par la corruption à la fois du Chili mais également de l'Argentine, à se constituer plusieurs milliers d'hectares de propriétés dédiées à l'élevage ovin. Il fut surnommé le Roi de Patagonie et n'a pas hésité à confier à son contremaitre la mise en place d'une milice chargée de partir à la chasse aux sauvages.

La dernière descendante Onas est morte en 1974.

L'extermination de ces tribus, longtemps ignorée ou occultée par l'histoire nationale, fut reconnue comme un génocide en 2003 par une commission instituée par le gouvernement chilien, la « commission pour la vérité historique et un nouveau traitement des peuples indigènes », et des sénateurs chiliens proposèrent en 2007 de reconnaître officiellement le génocide

 Une tente qui servait de refuge aux indiens quand ils accostaient 
Photos de Selkman prises par le père De Agostini (photo espaces-andins.com) 
La dernière des Onas (photo voyage.ideos.fr) 
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Notre croisière doit se terminer au Cap Horn avant de rejoindre Ushuaia (Argentine). Mais avant de rejoindre le cap mythique nous allons faire deux courtes haltes dans 2 petits ports chiliens : Puerto Williams et Puerto Toro. Ces visites se font dans un contexte assez comique de suprématie revendiquée au titre de ville la plus australe du monde entre le Chili et l'Argentine.

Jusqu'à lors Ushuia se présentait légitimement comme la ville la plus australe. Puerto Toro de son côté ne pouvait se contenter que du titre de zone peuplée (4 familles de militaires soit environ 25 personnes ) la plus australe. Puerto Williams est un petit port chilien d'environ 2500 âmes, situé plus au Sud qu'Ushuaia et qui s'est mis en tête de détrôner la ville Argentine. Pour ce faire la municipalité essaye de cocher de plus en plus de cases susceptibles de valider le titre de ville et non plus de village. L'enjeu est également touristique, et notamment de prendre à Ushuaia une partie de sa clientèle de base arrière des expéditions et des voyages antarctiques. Nous on a pas bien vu l'animation de la ville, surtout que nous avons débarqué un dimanche. Par contre il est spectaculaire de constater que situés au bout du monde, donc loin du regard de tous, ils sont bien en avance sur nous en matière de respect environnemental (4 bacs à déchets).

Puerto Williams, se chevaux, son centre commercial et son diesel à 0,90 le litre , ce qui a l'air d'enthousiasmer Denise

Puerto Toro ne pourrait prétendre au titre de ville. Mais c'est bien le lieu habité le plus austral. 4 familles de militaires accueillent avec plaisir les croisiéristes qui leur procurent un peu d'animation. Les mamans cuisinent des biscuits qu'elles vendent aux touristes et les enfant vendent des magnets à un dollar pour le frigo. Sinon on y accède qu'en bateau. Bon ils ont la télé , le téléphone satellite et ils sont dans la nature. Ils vont pas en plus se plaindre ...

J'ai rien vu à louer ou a vendre ...  
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Un cap-hornier est un navire qui a franchi le cap Horn dans un sens ou dans l'autre. Par extension, il désigne également les marins qui ont franchi ce cap mythique le plus au sud de l'Amérique du Sud (Wikipedia).

Par chance nous sommes donc devenus Cap-Horniers et avons pu débarquer au Cap. Par chance car le débarquement ne peut s'effectuer que si les conditions météo sont particulièrement clémentes : pas de vent, pas de vagues, et surtout pas de houle qui rendrait l'accostage des zodiacs dangereux. Nous avons eu les 3 et donc à la différence des 2 croisières précédentes nous avons pu débarquer.

Un escalier d'accès mène de la plage aux bâtiments : un phare, une chapelle, un logement pour l'unique famille d'occupants, un militaire, sa femme et ses 3 enfants. Ils sont là un an et ne reçoivent que peu de visites. Pour l'occasion le capitaine, Adolfo, a mis son uniforme et salue chacun. Sa femme a fait du café et en offre à qui veut. Au sommet de l'Ile un monument rappelle que l'albatros est le maitre des airs dans ces contrées australes. Chacun bien sûr immortalise son exploit en prenant la pause : ça y est nous sommes Cap-Horniers, et en rentrant à bord un certificat officiel signé du capitaine Adolfo lui même authentifie notre statut.

 Le Cap Horn et le passage de Drake que l'on doit traverser pour aller en Antarctique . Meteo favorable impérative ... 
Le "vrai Cap Horn" 
Pas peu fiers d'être diplômés ...
 Sacré Alfredo, 180 photos et toujours le même sourire ... 
Bon, après c'est vrai qu'être Cap-Hornier dans ces conditions ...  
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Dernier jour de navigation vers, Ushuaia. Nous dormirons à bord et reprendrons l'avion pour Buenos Ayres demain après une courte visite.

Ushuaia est une petite ville assez sympathique, entourée de montagnes. Il y a 60000 habitants. C'est, comme je l'ai déjà indiqué la base arrière des navigations australes (quelques belles unités dans le port de plaisance). C'est également une zone d'excursion et nous croisons pas mal de trekkers potentiels en ville. Ushuaia dispose de 2 aéroports. Un petit aérodrome pour les liaisons locales et les déposes touristiques et une aéroport international, d'où nous décollerons (sur Latam, grrr ...). Un ancien bagne (dont personne ne s'est jamais échappé) a été fermé dans les années 1980 et sert désormais de musée. Nous n'avons pas le temps de visiter, pas plus que le cimetière ...

Enfin Ushuaia a développé une activité hivernale (c'est à dire de juin à Septembre). Compte tenu de l'inversion des saisons entre les hémisphères une station de ski internationale (Cerro Casto) accueille les champions Européens et Nord Américains pendant leur propre période estivale.

Ushuaia et les montagnes qui l'entoure  
Bye, bye, la Patagonie. C'était plutôt très bien ...  
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L’arrivée en avion nous permet de voir que Buenos Ayres n’est pas au bord de mer, mais bien sur le delta du Rio de la Plata, ce qui explique notamment la couleur boueuse des eaux ,. Nous faisons connaissance avec notre guide qui va nous accompagner pendant nos deux jours passés à Buenos Ayres. C’est un architecte à la retraite, particulièrement cultivé et parle un français remarquable. Il essaie d’améliorer son ordinaire en guidant des touristes. L’argentine n’en finit pas de s’enfoncer dans une crise financière chronique. L’inflation a atteint 40 % en 2018! En 2000 il y avait une parité Euro /Pesos argentin. Aujourd’hui un pesos vaut 0,020 Euros!

Petit tour en bus, depuis l'aéroport jusqu'à notre hôtel, qui nous permet de constater que Buenos Ayres n'a rien à voir avec Santiago du Chili. Buenos Ayres c'est 3 millions d'habitants mais 13 Millions avec ses grandes banlieues !!! La ville est divisée en une cinquantaine de quartiers ( les barrios).

Le trajet nous permet de traverser de nombreux parcs: des espaces verts sont préservés et d’emblée notre impression n’a rien à voir avec celle laissée par Santiago. Qui plus est notre hôtel est dans le quartier de Puerto Madera quartier assez chic et branché qui s’est développé sur d'anciennes infrastructures portuaires. Ancien quartier mal famé sa transformation en logements et en immeubles de bureaux a imposé également sa sécurisation. Nos valises posées nous partons nous promener à pied vers le port. Nous traversons le Pont de la femme dont les éléments portuaires ont été réaménagés en éléments de décoration métalliques. Sur le port un ancien bateau école de la marine nationale a été transformé en musée. Les nombreux restaurants et cafés sur les quais nous confirment que le quartier est à la mode.

Quartier moderne, éléments décoratifs du Pont de la Dame. 

Le centre ville et la place de Mai

L’avantage également c’est que notre hôtel est près du centre ville historique et notamment de la plaza de Mayo, la place de Mai, lieu de manifestation des mères et des grands mères de parents disparus pendant la dictature. L'abnégation de ces femmes, dont le foulard blanc emblématique est représenté sur le sol de la place, est exemplaire. Face à l'injustice les grandes manifestations non violentes, mais tenaces, sont souvent plus efficaces que les gesticulations et les saccages. Grâce à ces femmes les martyrs et les tortures ont été dénoncés, de nombreux tortionnaires ont été retrouvés et condamnés et certains enfants retirés à leurs familles ont pu être identifiés. A côté de la place se trouve la Casa Rosada siège du gouvernement. Les murs roses sont des au mélange de sang de boeuf avec la chaux.

Nous visitons également, un peu au pas de charge, la cathédrale qui est située elle aussi sur la place. Elle abrite le Mausolée de José de Martin héros national.

La plaza de Mayo et la Casa Rosada 
Ca c'est du mausolée ..  

Enfin , avant de rentrer à l’hôtel nous nous arrêtons dans un théâtre transformé en librairie (Ateneo), un peu comme si la Fnac avait squatté l'Opera de Nice ... Surprenant mais très agréable à parcourir


Beaucoup de livres politique. La situation politique et économique  est tendue ... 

Tigre:

Située à 1 h1/2 environ de Buenos Ayres (plus si embouteillages) Tigre est soit un lieu de résidence secondaire pour urbains fortunés, soit un lieu de résidence principale pour bobos.

Surnommée la Venise argentine Tigre (prononcer Tigré) s'étend sur de très nombreux canaux qui divisent le delta du Rio de Parana qui se jette dans le delta du Rio del Plata en amont de Buenos Ayres. La région, parcourue de milliers de canaux qui forment un labyrinthe d'iles et d' ilots, s'étend sur 17 000 km2 ( la superficie du Limousin ... ). Tigre abrite notamment le très select club nautique de Buenos Ayres. La végétation y est bien sûr luxuriante, et les crues imposent à beaucoup de maisons d' être sur pilotis. La plupart ont un petit ponton et leur propre bateau. En même temps des bateaux bus ou taxis sillonnent les canaux. Il y a également des bateaux supérettes, des bateaux ambulances bref tout le confort. Ce mode de vie demande cependant un certain budget d'entretien et, récession oblige, pas mal de maisons sont à vendre.

Le club nautique  

Quartier de la Recoleta

Impossible de visiter tous les quartiers de Buenos Ayres bien sûr, surtout en 48 heures. Quelques mots donc de la Recolata et de La Boca.

La Recolata est un quartier élégant et résidentiel, avec beaucoup d’espaces verts (avec les dogs walkers comme à New York) tout comme le quartier voisin de Palermo. Nous nous arrêtons pour voir dans un des parcs la fleur de Catalano, haute de 23 mètres, qui se déplace en fonction du soleil et s’ouvre et se ferme en fonction de la luminosité.

Mais la Recoleta c'est également le quartier qui abrite le cimetière de Buenos Ayres (ça faisait longtemps...) On y retrouve les traditionnels allées, les monuments et mausolées importants. Particularité cependant: beaucoup de cercueils ne sont pas enterrés, mais placés sur des tréteaux à l'intérieur des monuments, donc susceptibles d'être visibles par tous même lorsqu'ils commencent à se détériorer...

Ici aussi la situation économique se fait sentir, de nombreuses concessions trop onéreuses à entretenir sont laissées à l'abandon.

Au détour d'une allée la tombe assez simple, mais toujours fleurie plus de 60 ans après sa mort, d'Eva Peron, première femme de Peron, qui a accompagné son mari durant ses premières années de conquête du pouvoir. Eva Duarte (Evita) est morte en 1952 mais sa mémoire reste honorée, notamment en raison de son implication dans les luttes des travailleurs et les droits des femmes.

Tombe d'Evita et cercueil en hauteur dans le caveau.  

La Boca

Impossible de venir à Buenos Ayres sans passer par la Boca (qui désigne la bouche, l'embouchure du fleuve Riachuelo). Quartier historiquement populaire c'est devenu un quartier touristique, notamment par ses façades colorés qui rappellent Valparaiso. C'est aussi le quartier de l'équipe nationale de Boca Junior, ancien club de Maradona, vénéré comme un Dieu vivant. Le stade de la Bombonera (la bonbonnière ) est mythique. Il existe 2 équipes vedettes en Argentine, et elles siègent toutes les deux à Buenos Ayres. River Plate est le club des bourgeois et Boca Junior celui des prolos. Les deux équipes se rencontrent chaque année pour un Superclassico qui rend les supporters des 2 camps complètement hystériques. En 2018 la finale de la Copa Libertadores opposait les 2 équipes. En raison de graves incidents entre supporters le match a du ses disputer à ... Madrid ! (3 à 1 pour River Plates)

Les Rues de La Boca  
En statues ou sur les façades , difficile d'échapper à Diego et François ... 

Le tango

Impossible de conclure sans parler du tango. C'est avec le foot la deuxième religion argentine. A toutes les terrasses de café , notamment à La Boca, des danseurs amateurs ou professionnels se produisent, un peu comme nos musiciens ambulants. C'est une danse rythmée et sensuelle dans laquelle l'homme est censé guider la femme. En fait vu le nombre et la complexité des pas je pense que de très nombreuses heures d'entrainement sont nécessaires. C'est également une danse sociale (avec de très nombreux clubs, à tous les âges ) et sportive (nombreuses compétitions avec des danseurs devenus professionnels)

Le dernier soir nous avons eu la chance d'assister à un spectacle désormais mondialement connu.

Seul regret pour finir. Nous avons globalement bien mangé à Buenos Ayres, mais les amateurs de superbe viande argentine sont un peu restés sur leur faim. Difficile de débarquer à 200 dans un restau pour un menu réservé d'avance et d'envisager avoir un lomo bleu ou saignant ...

On finit en musique ...  

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Les réflexions à venir sont strictement personnelles et n'engagent pas mes compagnons de voyage...

J'ai pratiqué un métier de communication qui m'a "imposé" de parler à mes clients à longueur de journée pendant 40 ans. J'ai réellement adoré expliquer, rassurer ou consoler. Je pense que j'étais vraiment fait pour ça. Arrivé à la retraite j'envisage d'avoir des activités plus familiales, certaines plus personnelles ou même solitaires. En ce sens j'appréhendais un peu le voyage en groupe et ma première croisière. Je dirais que globalement les choses se sont plutôt bien passées, sans doute également grâce à la présence d'amis chers.

La croisière est parfaitement adaptée à la découverte de paysages comme la Patagonie, ou je suppose les fjords Nord Européens ou certains sites du Canada. Nous avons surtout bénéficié d'un bateau parfaitement adapté et d'un accueil à bord remarquable. Si vous souhaitez découvrir la Patagonie chilienne à mon avis Australis est la bonne solution (on peut réserver en direct). Je serais moins enthousiaste sur le reste du voyage. Les visites de villes en bus ou au pas de course par groupe de 20, les horaires pour être au restau à midi, c'est pas vraiment mon truc. J'espère d'ailleurs que nous aurons l' opportunité de revisiter l' Argentine dans d'autres conditions.

Difficile enfin de faire un tel voyage sans se poser la question du devenir de notre planète. Le réchauffement climatique était au coeur de beaucoup de discussions ou d'exposés, les espèces animales sont ultra menacées. J'ai parlé des baleines à bosse mais en Antarctique, au sein de la colonie de Halley, dans la mer de Weddell, tous les poussins de Manchots sont morts en raison de la fonte de leur habitat ces trois dernières années. Je reconnais d'ailleurs que le bilan carbone d'un tel périple ne doit pas être brillant. Il aura, en tous cas et en plus de son côté agréable, renforcé ma conviction que si nous ne nous réveillons pas nos petits enfants n'auront plus que des images à contempler et des histoires à écouter.

Hasta pronto ... (Photo Denise)