Nous traînons un peu sur le matelas pneumatique ce matin. Il est 6h30. Soudain, une pluie fine s’abat, qui dure deux ou trois minutes, pas plus mais suffisantes pour se dire que la tente est bien mouillée. Sans plus attendre, nous nous levons pour ranger le campement.
La veille, nous sommes passés devant le camping sans le voir. Nous avions programmer le GPS par villes étapes pour être sûrs de longer la côte et ne pas prendre l’autoroute. Nous ne verrons pas la mer de la route mais passerons dans tous les centres villes avec obligation de reprogrammer à chaque fois le GPS. Nous atterrissons tout de même sur l’autoroute, devons le quitter par la gauche pour nous réinsérer dans l’autre sens dans le flot de voitures. On fera le manège trois fois au total…
La tente montée, on file au resto du camping…
Nous avons Riga en ligne de mire mais préférons musarder par la route qui longe la côte plutôt que de filer straight on.
Premier arrêt : la banlieue de Palanga et le supermarché. Ils ouvrent ici de 8h00 à 22h00. Nous laissons le Lidl à gauche pour entrer dans l'Iki. Nous prenons croissants, pains au chocolat avec noisettes et roulés à la cannelle. Il n’y a que des caisses automatiques et nous ne savons pas comment faire pour valider nos achats… une employée du magasin vient à notre secours. Pas d’anglais ici, mais avec les doigts et des gestes elle nous fait comprendre que nous avons pris trois croissants et que nous en avons un de plus gratuit. Nous le prendrons tandis qu’elle exhibe la carte du magasin, que nous n’avons évidemment pas, mais nous fait une remise de 2€ !
Deuxième arrêt : Liepaja. Nous avons passé la frontière lituano-lettonne très vite après Palanga. La mauvaise idée était de croire que l’essence serait moins chère dans ce pays plus pauvre. On prend 10 centimes du litre ! La pub en face des pompes nous surprend. On ne sait pas pour les Américains, mais nous ne connaissons pas ce qui est réputé être français !!!
On gare la voiture devant un marché qui est enserré par murs et barrières. Il se nomme Marché de Pierre, un marché bien rangé, bien fourni en fruits et légumes, et à des prix introuvables de part chez nous, et qui commence à être achalandé. Il fut en son temps lieu d’exécution !
L’église luthérienne Sainte Anne en face du marché nous accueille, mais vite fait nous commande une dame à l’entrée car l’office va débuter. Shorts, mini-jupes et photos interdits. Bon, short nous avons et photos nous aurons. Les fidèles entrent et se signent en s’agenouillant dès la porte passée. L'église possède un très beau autel de 10 m sur 6 m datant du XIXe, tout comme l’église actuelle en briques rouge qui a succédé à l’église de bois de 1508 !
On va prendre un thé pour faire passer les viennoiseries du petit matin. Le café qui nous fait face nous ouvre ses portes. On trouve peu de cafés par les routes que nous prenons, mais il y a des distributeurs de café partout : dans les rues, les marchés, au pied des immeubles.
Personne ne parle anglais. Nous montrons du doigt les sachets de thé et ce que nous pensons être des gâteaux style chaussons aux pommes mais qui en réalité sont des sortes de ravioles ou de petits pains fourrés de viande mixée style premier repas pour les nourrissons, ou de riz blanc…
La dame devant nous, assez âgée, a commandé de la purée généreusement arrosée d'huile chaude et une glace style dame blanche... On n'a pas osés faire de même... Il n'est pas 10h00...
Nous retraversons le marché et rentrons dans la cathédrale catholique Saint Joseph de belle facture.
Quelques photos et nous laissons cette ville universitaire qui fut aussi une base d’entraînement nazie durant la seconde guerre mondiale.
D’environ 7 000 juifs avant la guerre, il en restait moins 30 à la fin de la guerre. Les autres furent exterminée par les nazis et leurs collaborateurs locaux dans les dunes de Šķēde au nord de la ville.
Les maisons traditionnelles sont en bois sur une assise de pierre. D'autres abordent des façades art nouveau...
Nous avançons vers Ventpils. La route est monotone, traversant une immense forêt de conifères. La ville est qualifiée de verte, c’est vrai, avec des représentations de vaches, ce qui est vrai aussi. Tout comme les villes depuis Kaunas, l’art nouveau s’est épanché ici et les façades rivalisent entre elles. Mais beaucoup sont peu entretenues. Nous cherchons une plage que nous ne trouvons pas, enfin si, mais qui ne correspond pas à nos critères !
Le restaurant ayant la meilleure terrasse de la ville nous refoule par manque de place ; la terrasse est certes pleine mais pas la salle et le service ne se termine qu'à 22h00. Nous errons autour du marché tout proche et de ses distributeurs de café, longeons l’église sur la place. En file indienne, des statuts de nourrissons jonchent le pourtours de la pelouse. Sur chacune d’elle, un écriteau, traduit en anglais, explique à la première personne de l’embryon pourquoi sa mère a choisi d’avorter.
Nous quittons au plus vite cet endroit morbide. Au coin de la rue, nous passons devant un resto de burgers. Nous hésitons mais commandons nuggets, burger et deux portions de frites, plus sodas. Pas d'alcool au volant ici… 30 minutes plus tard arrivent les nuggets, encore 15 pour le burger et les frites. Nous regrettons presque de nous être arrêtés mais nous saurons par la suite que nous n’aurions trouvé à manger que plus de 150 km plus loin.
Sortie de Ventpils. La route est en travaux, c’est peu de le dire. Nous roulons sur des cailloux, de l’autre côté, la voie est en construction. Régulièrement, de longs feux rouges nous stoppent, le temps de laisser passer la file de voitures d’en face. La voiture qui nous précède roule à vive allure, nous décrochons histoire de ne pas prendre un cailloux dans le pare-brise mais, derrière, les voitures nous talonnent.
Cette “route” n’en finit plus. 5, 10 km à moins de 50, c’est long. Et aucune ombre d’écume à l’horizon. La Baltique n’est pas loin, mais cachée par la forêt. Les rares villages traversés semblent pauvres, sortis d’un autre âge.
Kolka est à la pointe, après c’est le descente vers Riga. Il n’y a rien. Une route mène à la mer, nous la prenons. Des bâtiments lépreux s’offrent à nous et la route se poursuit par un petit chemin de terre puis de sable. Il débouche sur la mer, La bande de sable fait à tout casser deux, trois mètres, et il n’y a rien que ces vélos et cette charrette avec un surf. Rien à l’horizon.
Nous aurions dû filer direct de Palonga à Riga en passant par Jurmala, car elles sont là, les plages de sable blanc et les villages touristiques - un peu… Les voitures jonchent les bas-côtés, les tentes squattent les parkings sous les pinèdes. Nous aurions voulu piquer une tête dans les flots bleu acier, mais il est tard, Riga est encore à plus de 20 km, alors nous nous faufilons dans la file de voitures qui rentrent en ville.
Une nouvelle fois, l’hôtel se dérobe. La météo s’annonçant exécrable, nous n’avons pas voulu exposer une nouvelle fois la tente que François nous a gentiment prêtée à la pluie torrentielle qui nous attend les deux prochains jours. Il faut dire que l’hôtel a une adresse dans une rue mais sa porte d’entrée est dans celle d'à côté.
Nous garons la voiture et partons à pied à la recherche de notre havre. L’enseigne Hôtel Multilux transperce enfin nos regards et nous nous trouvons devant un immeuble style stalinien et une épaisse porte de bois. Certes, c’est un self check-in hotel, mais d’autres le sont aussi comme celui de Hanovre ou des classiques Formule 1, mais là, c’est à désespérer. Le digicode n’ouvre toujours pas la porte au bout de trois tentatives. L’air excédé, un homme assis sur le banc juste en face de la porte, se lève et tape son propre code sur un autre digicode qui ne ressemblait pas à un digicode mais à un carré noir : il fallait taper du doigt pour que le carré se transforme en digicode numérique dernier cri.
C’est aussi vieux à l’intérieur que l’immeuble et la porte. Un escalier de pierre nous conduit jusque devant une porte que l’on doit ouvrir avec le même code et qui dessert cinq autres portes. Nous ouvrons la nôtre avec le même code. Tout cela était écrit dans le mail reçu dès la réservation. Notre chambre a tout le confort d’une chambre d’étudiant mais cela va nous suffire pour les trois nuits à passer.
Nous sommes en plein quartier art nouveau. Nous passons le début de soirée à mitrailler quelques façades et à rechercher un parking fermé et un resto.