Au coeur du parc national des Calanques et de la rade de Marseille, face à la ville, les îles de Pomègues, Ratonneau, If et Tiboulen forment l’archipel du Frioul d’une superficie de 200 hectares. Sa côte, longue de 30 kilomètres, offre une multitude de criques balayées par les vents et les embruns.
Propriété du Ministère de la Défense jusqu’au début des années 1970, l’archipel du Frioul est peu à peu racheté par la Ville de Marseille. Elle est, aujourd’hui, propriétaire de la quasi-totalité des deux îles principales : Pomègues et Ratonneau. Les îlots satellites appartiennent quant à eux à l’État avec, l’île d’If gérée par le Centre des Monuments Nationaux, et le Tiboulen du Frioul sur lequel intervient la Subdivision des Phares et Balises.
Sur le plan géologique, l'archipel date de l'Urgonien. Semblable en cela aux calanques de Marseille et aux madragues de l'Estaque, il présente des falaises de calcaire blanc stratifié tombant dans la mer. Mais au Frioul, ce paysage a été profondément remanié par l'homme, tant durant l'époque des grands travaux militaires que durant celle des constructions récentes. L'activité militaire a laissé en de nombreux endroits des bâtis éboulés, des gravats et une pollution métallique de munitions lourdes ou légères sur l'ensemble de l'archipel
Le château d'If et son phare devant le port des îles Ratonneau et Pomègues de l'archipel du Frioul. En fond du port, la digue de Berry faisant la jonction entre les deux îles (vu depuis la corniche Kennedy de Marseille).
Sur le plan floristique, on retrouve toutes les espèces endémiques du littoral provençal, ainsi que quelques espèces rares et protégées, propres aux îles de Marseille.
La faune est assez pauvre, essentiellement représentée par l'avifaune, en particulier des oiseaux de mer dont la plupart sont rares et protégés. Il n'y a pas de grands mammifères, mais par contre des espèces introduites comme le lapin et le rat, ainsi que de nombreux chats harets.
L'archipel est très sec car il y pleut moins qu'à Marseille. Le faible relief des îles et leur étendue déchiquetée expliquent cette pluviométrie déficitaire. Combinée aux vents souvent violents qui peuvent y souffler, cette météo particulière a permis le développement d'une végétation rare avec 13 espèces protégées au niveau national ou régional.
🦅 Le Goéland leucophée se regroupe en colonies, sur les falaises côtières et les îles rocheuses du littoral méditerranéen, parfois atlantique, et également à l'intérieur des terres, jusqu'aux centres urbains.La biologie du Goéland leucophée se caractérise par une très grande capacité d’adaptation, lui permettant d’exploiter un large éventail de sites de nidification et d’alimentation. L’espèce niche principalement sur les îles et îlots mais aussi dans les falaises côtières, les marais salants, le long des cours d’eau ou encore en ville.
🦅Le Goéland leucophée est une espèce coloniale. L’espèce niche au sol dans un creux où elle dépose un assemblage d’herbes, de branchettes ou encore de débris en forme de cuvettes. Les couples se forment dès fin octobre sur les colonies littorales et pondent dès mi mars et jusqu’à mi mai en Méditerranée. La femelle pond généralement de deux à trois œufs. L’incubation dure 28 à 30 jours et les poussins restent près du nid 35 à 40 jours, jusqu’ à leur envol 🦅
En 2002, dans un souci de préservation du patrimoine exceptionnel de cet archipel, la Ville de Marseille crée, par délibération du Conseil Municipal, le Parc Maritime des Îles du Frioul et confie sa co-gestion au Conservatoire-Etudes des écosystèmes de Provence/Alpes du Sud.
Le Parc Maritime intervient sur les espaces naturels terrestre et marin du Frioul afin d'en assurer la gestion et la préservation tout en permettant le développement d’activités respectueuses de l’environnement.
Ces îles, du fait de leur position stratégique en rade de Marseille, en ont constitué pendant longtemps les défenses avancées : chaque éminence porte un fort militaire, et les batteries, tranchées, postes d'observations, parsèment l'ensemble de l'archipel. Certaines constructions militaires sont édifiées sous Napoléon.
Sous la Troisième République avec le système Séré de Rivières, la majorité des fortifications de l'archipel sont reprises ou édifiées : les forts de Ratonneau et celui de Pomègues, le fort du Brégantin, la tour de Pomègues, les batteries du cap de Croix, du cap Caveaux, etc. Ces fortifications édifiées entre 1860 et 1900 donnent à l'archipel son paysage actuel. En 1902, l'armée édifie le dernier bâtiment militaire, le sémaphore de Pomègues, qui veille sur la rade pendant 90 ans.
Pendant la Première Guerre mondiale, des ballons d'observations sont stationnés avant d'être transférés à Gémenos en 1923.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, et notamment lors de la libération de Marseille, le Frioul connait le feu des armes. L'occupation allemande investit les fortifications de l'île, et les modifie ou complète par la construction de batteries nouvelles, toujours clairement identifiables à ce jour par leur construction en béton armé, dont les batteries de marine du cap Caveau sont un exemple impressionnant. Ces travaux sont menés par le Service du travail obligatoire, pour lequel nombre de Marseillais sont réquisitionnés par les Allemands.
Les Alliés s'emploient à bombarder massivement l'archipel, inhabité mais lourdement fortifié, pour détruire ces défenses avancées qui leur entravent l'accès à la ville. Aujourd'hui encore, malgré la végétation sauvage qui a repoussé, les photos aériennes montrent un sol lunaire parsemé de cratères de bombes, surtout à Ratonneau.
Après la guerre, les îles restent terrain militaire. En 1959, un hangar, toujours visible, est construit pour abriter les filets anti-sous-marins destinés à être mouillés devant la rade et le port, installés par la marine sur l'archipel à partir de 1928. Une rampe de mise à l'eau est édifiée sur le quai de Pomègues au sud du plan d'eau. L'archipel reste propriété de la Défense nationale et interdit au public jusqu'en 1975, année où le maire obtient de la Défense l'autorisation de transformer la rade militaire déclassée en port de plaisance.
Lors de la peste de Marseille au XVIIIe siècle, l'île Ratonneau avait servi de lieu de quarantaine. Pour l'accueil des réfugiés arméniens, dans les années 1920, les autorités installent un centre de tri sanitaire sur les îles.