Santiago, ville où nous posons nos valises pour les prochains mois et ville offrant un climat social intéressant : paysages hors du commun, tant sur le plan géographique que sur la révolution sociale.
Janvier 2020
7 jours
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Publié le 17 janvier 2020

Le 11 janvier 2020 au petit matin, nous étions sur le point d'embarquer pour un vol de plus de 14 heures afin de traverser l'Océan Atlantique... Vol qui nous a amené dans ce pays que l'on peut représenter tel un long ruban coincé entre la fameuse Cordillère des Andes à l'Est et l'Océan Pacifique à l'Ouest. Nous avons troqué les quelques degrés au-dessus de 0 que nous avions en Europe pour nos plus belles tenues estivales : ici c'est l'été ! Du moins à Santiago où le climat se veut très proche de celui méditerranéen.

Depuis l'aéroport de Barcelone jusqu'à cette vue offerte par la Cordillère des Andes  

Arrivée vers 22 heures dans cette ville qui nous est encore inconnue, la fatigue se fait ressentir. On tente de s'aventurer sur 200 mètres avec nos valises jusqu'à notre appartement puis nous finissons par prendre un taxi : effectivement, sans réseau et avec des valises de 25 kilos difficile d'arriver à destination comme des grands !

Un premier taxi qui nous a directement ouvert les yeux sur la réalité de la société chilienne : ici, 1 peso équivaut à 0,0013 centimes d'euros. Pour une course à 1000 pesos, le conducteur a été dans l'incapacité de nous rendre la monnaie sur un billet de 20 000 pesos. Une première expérience avec les calculs mentaux...

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Dès le lendemain, nous étions conviés à partager un repas franco-chilien avec une de nos connaissances.

Hector, chilien de naissance partage sa vie entre la France et le Chili avec sa femme : ses années se résument à 6 mois à Santiago et 6 mois dans le Sud de la France.

Durant ce repas, nous avons pu échanger sur les coutumes et notamment la crise sociale que traverse le Chili; mais nous avons également découvert un plat typique chilien : la Humita, accompagné de vin chilien (au cépage français 😉) et en dessert un Pan de Pascoa avec un digestif chilien nommé Cola de Mono (littéralement, queue de singe).

Après ce repas, nous avons fait un premier tour dans le centre ville pour essayer de prendre nos repères mais la fatigue se faisait bien ressentir !

Nos premiers pas dans la ville  
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La crise sociale qui touche le Chili n'est pas passée inaperçue dans le monde. Pour recontextualiser, cette crise est un appel à de grands changements constitutionnels : une première dans le pays ! Suite à la colonisation, le Chili a suivi l'influence espagnole mais aussi française (inspiration de notre Révolution : d'où les couleurs similaires des deux drapeaux).

Le principal motif de cette crise sociale repose sur les inégalités existantes dans le pays tant au niveau économique que social. Deux choses sont à retenir ici : au Chili, toutes les compagnies (eau, électricité, etc) sont privées et dirigées par des actionnaires; enfin, toutes les décisions sont votées sous un sytème parlementaire comme le veut la Constitution. Cependant, les disparités au Chili sont telles que ce sont 4 familles au total qui détiennent les plus grandes fortunes du Chili et en face, il y a le reste du peuple; au sein de ces mêmes familles, nous pouvons trouver des membres du gouvernement, actionnaires des compagnies privées : soit, toutes décisions "constitutionnelles" se font en faveur des familles fortunées : la voix du peuple n'est pas entendue !

Plaza Italia : lieu où toutes les manifestations démarrent et ont lieu encore aujourd'hui. La sculpture est recouverte de tags 😦

Avec un salaire moyen d'environ 300 euros par mois, il est dorénavant plus facile d'entendre que les chiliens ont fait éclater leur colère suite à une énième augmentation des prix (en témoignent ceux des tickets de métro en Octobre dernier); s'en prenant au gouvernement mais aussi en déployant cette crise à d'autres problèmes auxquels la société fait face : la pédophilie dans les églises, le féminisme, les viols des policiers envers les femmes, etc...

Le drapeau Mapuche et les symboles indigènes dans les rues : un appel symbolique au changement constitutionnel.   

Les chiliens appellent alors à de grands changements constitutionnels qui seront votés le 26 avril prochain. C'est notamment la sortie du drapeau Mapuche dans les rues et manifestations, qui symbolise cette fissure entre le peuple et la Constitution. A l'origine, les Mapuche font partie d'un peuple indigène qui a été réduit au silence à la suite de la colonisation par les espagnols (qui ont imposé leur force matérielle et physique); c'est suite à la colonisation que ces peuples ont commencé à disparaître pour laisser place à une certaine modernisation et à la Constitution. Aujourd'hui, ce sont 600 000 descendants Mapuche encore vivants qui ont été recensés et qui appellent à un retour aux sources : un peuple égalitaire sans différence de classes.


Street-Arts que l'on peut trouver partout dans les rues qui dénoncent les violences policières et soutiennent les victimes 

Depuis le mois d'octobre, ce sont plus de 300 manifestants (ou non) qui sont devenus borgnes ou alors qui ont perdu la vue à cause des tirs de billes de plomb de la police chilienne. Ces victimes sont devenues de véritables icônes du mouvement protestataire, elles ont marqué le Chili et renforcent la mobilisation du peuple contre le gouvernement et les forces de l'ordre. Nous avons eu l'occasion de croiser les voitures de police vandalisées ainsi que d'innombrables insultes à l'encontre des "flics" (plus communément appelés "pacos" ici) qui jonchent les rues à travers tags et affiches.

Dans toutes les rues de Santiago, "les blessés sont devenus malgré eux un symbole de cette mobilisation."

En nous promenant nous avons pu voir de loin, des jets d'eaux lancés contre les manifestants depuis la place d'Italie... En repassant le lendemain matin après la "guerre", nous avons pu constater les gravats de trottoir ou encore les sorties de métro désintégrées par les manifestants qui se servent des pierres comme projectiles sur les forces de l'ordre. Il nous semble toujours incroyable qu'une telle révolution prenne place au 21ème siècle dans un pays qui se veut très avancé sur certains domaines mais encore en développement sur bien d'autres..