Bourré est célèbre pour son réseau de 580 km de galeries souterraines recensées dans le ventre de son coteau d’où fut extrait le tuffeau, la fameuse « pierre de Bourré » qui a la particularité de blanchir et durcir en vieillissant. Pendant plusieurs siècles toute construction de la région qui sort de terre est faite de cette pierre issue des souterrains creusés à la main par les carriers : châteaux de la Loire petits et grands (Chambord, Chenonceau, Cheverny, …), églises (cathédrale de Tours, …), abbayes, logis, murs d’enceinte, ponts…etc
L’extraction du tuffeau va diminuer progressivement à partir de 1920 et pratiquement cesser vers 1954 en raison de la hausse des prix. Aujourd’hui, au plus profond d’une galerie, une incroyable ville souterraine jaillit de la masse à la cave des Roches.
La température constante de 13°C et l’hygrométrie d’environ 80% des galeries en font un lieu adapté aux fonctions de cave et champignonnière.
Pendant de nombreuses années, Bourré fut un lieu important de la culture du champignon de Paris. Les nombreuses champignonnières implantées dans les anciennes carrières étaient surtout aux mains de petits producteurs. A partir des années 80, les champignonnières ont fermé les unes après les autres. Ces cultures demandent beaucoup de main d’oeuvre. Nos champignonnières n’ont pas pu résister à la concurrence étrangère des Pays-Bas, puis des pays de l’Est et des pays asiatiques, qui produisent le champignon de Paris sous hangar réfrigéré à moindre coût. Ces derniers ont moins de goût et moins de texture, sont moins fermes et gorgés d’eau. Malheureusement, le consommateur a privilégié le prix, au dépend de la qualité.
Seule la cave des Roches, entreprise familiale créée en 1893, a résisté : 40 % de la production mondiale de Pieds Bleus provient d’ailleurs de la Cave des Roches !
Un champignon de prestige, que l’on retrouve dans les assiettes des restaurants gastronomiques. Ici, on cultive aussi les pleurotes et le shiitake, ce fameux champignon au nom japonais très consommé en Asie et connu pour ses bienfaits pour la santé.
Bourré était également un haut lieu de l’élevage des vers à soie. En 1470, en Touraine, Louis XI institua des privilèges pour une corporation des « soyeux », faisant venir de Lyon des spécialistes afin de satisfaire au plus près les gens de sa cour qui appréciaient fort ces nouvelles et magnifiques étoffes venant d’Italie : damas, brocarts, velours de Gênes, taffetas, moires, satins… La modeste industrie soutenue par l’autorité royale marqua son apogée sous François 1er, 200 à 300 chefs d’ateliers faisaient vivre 3000 personnes, le tiers de la population active tourangelle. Le camp du drap d’or représenta l’épisode le plus glorieux de la soierie tourangelle. Désirant éblouir Henri VIII lors son entrevue en 1520, François 1er confia aux ouvriers en soie, aux brodeurs et aux passementiers tourangeaux le soin de confectionner les tentes. 466 chevaux furent réquisitionnés pour acheminer la royale commande à Ardres. Un patrimoine artisanal très ancré en Val de Loire, puisqu’à quelques encablures de Bourré, la ville de Tours était capitale de la soie en 1546. Puis l’industrie va décliner au fil des ans suite à différentes péripéties pour être tout à fait abandonnée en 1849. Nous avons encore à Bourré une magnanerie, lieu de visite qui raconte l’histoire des habitants d’une maison troglodyte dont l’activité était tournée vers la production traditionnelle de soie et l’élevage des vers à soie.