Trois mois passés à Christchurch (RAS : voiture - boulot - housesit - Helpx), on reprend enfin la route. Nous trouvons un housesit de 2 semaines à Picton, tout près du Queen Charlotte Track que nous considérons faire. Il pleut un jour sur deux, donc au final, ce sera travail et Netflix (J'assume. Mind Hunters et Discovery pendant une semaine). On se promet de revenir.
Nous avons trouvé un autre housesit à Motueka, dans la région de Tasman, quelques semaines après. Nous avons calculé nos dates pour avoir le temps de faire la randonnée de 5 jours dans le fameux Abel Tasman National Park. Nous avons une semaine entre la fin du housesit de Picton, et le début de la randonnée. Nous arrivons donc à caser deux Helpx : le premier dans une maison tout près de Nelson, où le travail consistera pendant 3 jours à huiler les poutres et à faire deux petites tables en mosaïque, et le deuxième, dans une ferme à l'ancienne, plus loin dans les terres, où nous jardinons et donnons à manger aux poules, aux vaches et aux chevaux.
Mais BREF, passons aux choses sérieux : l'Abel Tasman National Park. C'est l'un des parcs nationaux les plus connus en Nouvelle-Zélande. On nous a d'ailleurs prévenu : N'y allez pas en plein été, toute la population de l'île du Sud s'y retrouve en vacances. Nous y allons donc mi-septembre, au début du printemps. C'est un pari risqué au niveau de la météo, surtout que plus l'heure approche, plus le temps à l'air pluvieux. (Spoiler : au final, il a fait super beau pendant les 5 jours.).
La randonnée que nous avons choisi de faire est l'un des Great Walks - une randonnée de 60 km de type intermédiaire, bien indiquée, et avec des huttes ou des sites de campings à réserver à l'avance. Elle peut se faire en 3 à 5 jours. Nous choisissons de la faire en 5 jours, sans stress, on est en vacances après tout !
Nous n'y avons pas pensé, mais nous y allons en réalité juste avant le début officiel de la saison des Great Walks - ce qui veut dire que les huttes sont à moitié prix. De plus, puisqu'on a choisi de faire la randonnée hors-saison, nous ne rencontrons quasiment personne sur le sentier. Les huttes sont remplies au quart de leur capacité, ce qui nous permet de nous nouer d'amitié facilement avec les quelques personnes qui partagent nos appartements.
Jour 1 : Marahau à Anchorage Hut
Nous commençons la randonnée au point de départ habituel, à Marahau. Rien de spécial, il s'agit d'un grand parking. Nous n'avons pas besoin de commencer très tôt dans la journée; nous avons 4 heures (13 km) à marcher jusqu'à Anchorage Hut. Les premiers 2 km sont plats, puis le sentier monte et descent doucement pendant les 11 km restants. Les vues s'alternent : plage, forêt, rivières, plages, plages, plages… On est contents d'arriver, mais nous ne sommes pas épuisés.
La hutte est grande et luxueuse - il y a même une prise électrique pour charger nos appareils électronique. Ce sera la hutte la plus remplie de toute la randonnée - 15 personnes environ, alors que sa capacité, si je me souviens bien, est de 30 personnes. Beaucoup font la randonnée seulement pour deux jours, une nuit - donc passent la nuit à Anchorage et repartent le lendemain par le même chemin (ou en kayak).
Au menu ce soir : riz aromatisé en sachet, restes de jambon, légumes crus et un carré de chocolat avec notre thé. Nous faisons la connaissance d'un couple qui a prévu le même itinéraire que nous : c'est parti pour 5 jours d'aventure ensemble.
Jour 2 : Anchorage Hut à Bark Bay Hut
Nous avons 12 km jusqu'à Bark Bay Hut, où nous passerons notre deuxième nuit. Même si la marée est basse, nous choisissons de prendre le sentier de marée haute pour faire un petit détour à Cléopatra Pools, qui sont censées valoir le coup (je confirme - quoique l'eau était encore trop froide pour qu'on s'y baigne).
La matinée est principalement dans la forêt et suit une petite rivière aux lueurs vertes et turquoise. L'envie de se baigner est forte, mais l'eau est encore très froide. Après tout, nous sommes tout juste à la fin de l'hiver. On rencontre des kayaks qui profitent d'une belle journée pour découvrir la côte. Le sentier est paisible - nous ne rencontrons quasiment personne, tout est calme. Nous marchons au rythme de la brise dans les arbres. Et des barres de céréales de Brandon. Encore une fois, le sentier est relativement facile - les montées deviennent un peu plus pentues, mais rien de vraiment difficile.
Les deux dernières heures de la journée nous rapprochent de la côte. L'eau oscille entre le turquoise et le vert émeraude. Le ciel est bleu. La vie est belle. Nous retrouvons nos nouveaux amis à Bark Bay Hut - oui, ce sont eux sur la photo en maillot de bain. Ils sont plus courageux que nous, ils se sont baignés avec Cléopâtre.
Jour 3 : Bark Bat Hut à Awaroa Hut
Le troisième jour représente 14 km de marche, avec une bonne montée dès le premier kilomètre (la montée est raide, mais avec seulement 120 mètres de hauteur, ça va encore). Au final tout va bien. C'est probablement l'une des plus belles journées de la randonnée. Les plages s'enchainent et sont toutes plus belles les unes que les autres. Je finirais même par me baigner - je n'ai pas pu resister à l'appel de l'eau turquoise scintillant sous le ciel sans nuage. Onetahuti Bay est magnifique. Si je n'avais qu'une journée à passer à la plage dans la région, c'est probablement celle-ci que je choisirais. Par contre, accès par bateau uniquement (ou 2 jours de marche). Les vues aussi sont de plus en plus belles. On sent vraiment que l'on arrive au cœur du parc. On croise quelques voyageurs d'un jour, qui se font déposer et ramener en bateau. Sinon, le calme plat. Nous faisons un détour par Awaroa Village. L'expérience est étrange : le 'village' (qui consiste d'une baraque à pizza, de quelques maisons de vacances et d'un camping) est vide, puisque nous sommes hors-saison. Le seul commerce est fermé (les pizzas). Pourtant, après 2 jours passés à marcher dans le parc, cela nous parait bizarre de voir tous ces signes de civilisation. Le détour ne valait pas vraiment la peine, mais bon.
La fin de l'étape, par contre, vaut le détour. Nous descendons lentement sur Awaroa Bay. La vue est magnifique. La marée est en train de descendre et l'estuaire se vide peu à peu, laissant des trainées d'eaux turquoises et de sable jaune sur son passage. Nous arrivons les derniers, fatigués mais heureux. Une belle journée de randonnée !
Jour 4 : Awaroa Bay à Whariwharangi Bay
Le quatrième jour est la plus grosse journée : 7 km jusqu'à Totaranui, puis un autre 10 km jusqu'à Whariwharangi Bay (qui se prononce Farifarangi), avec un détour optionnel d'une heure à Separation Point.
Il s'agit de notre dernier jour à longer la côte. Puisque nous sommes hors-saison, les transports partant de la fin de la randonnée ne sont pas encore en opération, ce qui veut dire que deux choix s'offraient à nous : refaire le jour 4 en sens inverse, ou emprunter la route à l'intérieur des terres (nous avons choisi la route dans les terres). Les deux options nous ramènent à Totaranui, où notre water taxi nous attendra.
La première partie de cette journée implique la traversée de l'estuaire d'Awaroa, à marée basse. Nous nous levons donc à 6h du matin, pour pouvoir effectuer la traversée à la marée la plus basse possible. La veille, notre principal divertissement avait été de regarder les autres randonneurs traverser la rivière, avec de l'eau (très froide) jusqu'à la taille. Nous mettons toutes les chances de notre côté pour traverser au niveau le plus bas. Nous prenons note café matinal, rangeons nos affaires et c'est le départ. Tout le monde (c'est-à-dire nous et les 4 autres personnes qui ont dormis dans la hutte) part plus ou moins au même moment. C'est la compétition à qui trouvera le meilleur endroit et en sortira le moins mouillé. Le côté positif : à 7 h du matin, le jour se lève à peine, nous avons donc droit à un magnifique levé de soleil.
Finalement, on s'en sort tous indemnes. Sauf peut-être notre ami qui, après s'être aperçu avoir oublié ses lunettes de soleil, a dû rebrousser chemin. Nous marchons une demi-heure jusqu'à la prochaine plage, Waiharakeke, où nous prenons notre petit-déjeuner : muesli aux fruits sec et lait en poudre. C'est le même tous les matins depuis 3 jours.
En route ensuite pour Totaranui, où nous planifions de déjeuner. Puisque Totaranui est accessible par la route, nous avons grand espoir qu'il y aura peut-être une petite cahute où s'acheter une bière ou une glace. (Vous le devinez : hors-saison, tout est fermé ! ) La route est encore une fois magnifique, bien que les montées et les descentes s'enchainent : le sentier descent sur chaque baie, puis remonte. Il y a beaucoup de baies dans ce parc ! On se croit un peu dans une montagne russe.
À Totaranui (la grande plage de sable blanc) , nous prenons notre temps. Au final, puisque nous sommes parti tôt, nous avons le luxe de pouvoir nous prélasser sur la plage entre deux heures de marche. C'est aussi la raison pour laquelle nous avions décider de faire la randonnée en 5 jours : pourquoi marcher le long de plages, de criques et de baies toute la journée, si nous n'avons pas le temps de nous y arrêter ?
En route donc pour Anapai Bay et Mutton Cove - les deux principales plages sur la route. Il fait chaud - le soleil tape. Nous sommes content d'être protégés par l'ombre des arbres. Nous rencontrons un couple de français à Mutton Cove, qui font le même trajet que nous, mais inverse (ils arriverons donc à Marahau, où nous avons commencé). Ils ont leurs deux jeunes enfants avec eux. Quel courage. On sympathise encore une fois - décidément, les randonnées, c'est parfait pour se faire des amis. À Mutton Cove, nous avons un choix crucial : faire, ou ne pas faire, le détour passant par Separation Point. Il parait qu'on peut y admirer une colonie de phoques. Quoique, en Nouvelle-Zélande, il y a des colonies de phoques à peu près tous les 100 km. Nous décidons d'y aller. Pas de regret ! Une note pour les personnes qui s'arrêtent à Totanarui et qui ne font pas la fin de la rando : vous manquez vraiment quelque chose avec Separation Point ! C'est superbe. Il faut monter, puis redescendre sur une petite avancée dans l'océan, où nous avons une vue à 360 degrés. L'eau est transparente (comme partout dans le Abel Tasman) et nous pouvons voir les phoques s'amuser dans les formations de piscines naturelles.
Le reste de la journée est rapide - il nous reste seulement 1 heure et demie jusqu'à la hutte. Le menu de ce soir est le plus luxueux de notre aventure. Nous avons gardé un sachet de boeuf bourguignon déshydraté qu'une personne nous avait donné lors de notre randonnée à Stewart Island. Au final, ce fut le moins apetissant des 4 soirées - le boeuf réhydraté, c'est vraiment pas notre truc. Les pâtes à la carbonara instantanées était carrément meilleures !
Jour 5 : Whariwharangi Bay à Totaranui
La dernière journée de marche ! Nous avons rendez-vous avec notre water taxi à 14h, nous avons donc tout notre temps pour faire les 14 km qui nous restent. Nous empruntons donc le sentier dans les terres (Inland Route) puisque nous n'avons pas envie de rebrousser chemin. Nous ne savons pas à quoi nous attendre, car nous n'avons pas de charte d'élévation pour cette section. Je vous le dit : c'était probablement la section la plus raide de toute la randonnée ! On doit s'enfiler une côte qui non seulement n'en finit pas, mais qui est hyper raide. Par contre, la vue est vraiment belle. Au moins, nos sacs sont moins lourds qu'au départ.
Le décor change aussi : après avoir marché 4 jours au bord de l'océan, notre dernière étape se déroule sur les collines. Nous arrivons sains et saufs à Totaranui (et bien à l'avance). Nous avons le temps de mettre nos maillots de bain et faire semblant d'aller nous baigner. Notre aventure au Abel Tasman Coastal Track est FINIE !
Enfin, pas tout à fait. Il nous reste le retour en bateau. On espère apercevoir des orques, car une personne rencontrée la veille nous a affirmé en avoir vu, dans la baie. C'est tout à fait possible, vu qu'il y a une colonie de phoques pas loin (miam). Le trajet du retour est long - on n'arrive pas à croire qu'on a marché tout ça ! Nous essayons de repérer les baies où nous avons passer les 4 nuits, celles où on s'est arrêté pour déjeuner, etc. Le trajet parait interminable. Et puis, soudain, le bateau s'arrête. Une vingtaine de dauphins à tribord. Ils jouent tranquillement avec les vagues du bateau pendant que les passagers prennent à peu près un million de photos. (Ne ratez pas la vidéo !)
Nous arrivons enfin à Marahau. Notre van est toujours là, bonne nouvelle. Nous conduisons à Motueka et nous retrouvons nos amis de randonnées au pub, pour une bière et un repas bien mérités. (Brandon a apparemment mangé la meilleure pizza de sa vie - après 5 jours de riz, pâtes déshydratées et barres de céréales, je veux bien le croire).
Note à Doodoo : on a quand même apporté des muffins pour la rando ! Zéro regret !
La vidéo :
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