Lors de notre arrivée à Elvas et lors de notre première visite du quartier historique, semble malheureusement se répéter le mauvais scénario d'Evora. Une ville, elle également, inscrite au patrimoine de l'Unesco, mais là, aucun doute possible contrairement à Evora : Elvas ne mérite pas cette inscription, tant le centre historique est en piteux état et sans grand intérêt. Voici quelques photos du peu que nous avons relevé offrant quelque intérêt, et exceptionnellement en état.
Pour le reste, grosse déception. Mais pour terminer notre journée, nous avons déambulé sur les remparts, dans les fossés défensifs ou sur les tours de guet et nous avons commencé à réviser notre jugement. Cette ville, qui est annoncée comme la plus grande cité fortifiée d'Europe, a un système de défense colossal : outre le château féodal en photo ci-dessus, un deuxième bastion beaucoup plus important et beaucoup plus récent se trouve à l'autre extrêmité de la forteresse, et partout, partout, ce sont des remparts protégeant une rangée plus avancée d'autres remparts, avec, pour parachever ce système inexpugnable, ce que nous découvrirons demain matin.
Et pour l'alimentation en eau de la ville fortifiée, les portugais n'ont pas lésiné sur les moyens, le plus grand acqueduc du pays, 7 kms de long, 30 m de haut, un bel ouvrage d'art à la hauteur des fortifications hors norme de la cité.
Mais le summum et ce qui a déterminé à coup sûr l'inscription au patrimoine de l'humanité, c'est pour le lendemain : le Forte da Graça. En bon vieux soixanthuitards attardés, nous n'avons pas tous les deux la fibre militaire, loin s'en faut; et tout ce qui s'y rapporte de près ou de loin, hormis l'histoire avec un grand H, nous a toujours laissés de marbre ; mais là, tous les deux, nous avons été bluffés, presque subjugués !!
Pour bien se rendre compte de l'importance du site, il faut examiner d'abord ces 2 photos, l'une d'une prise de vue aérienne, et l'autre est une reproduction très fidéle réalisé en allumette (c'est digne du dîner de con !! mais cela s'avère utile dans le cas présent).
Après, il y a les dimensions : ce qui est appelé le réduit central, le coeur du dispositif, est un carré de 144 m x 144 m à pans coupés, et les courtines extérieures, qui furent aménagées en souterrain, en dortoir d'abord, puis en prison, font 1,7 km de long. L'ensemble devait intégrer un effectif de 1800 hommes environ
LES ENTRÉES DES 1ére ET 2 nde LIGNES DE DEFENSE VUES À PARTIR DU PREMIER FOSSÉ DE DEFENSE VUES DU 2 éme FOSSÉ DE DEFENSESi vous reprenez la photo aérienne ou la maquette, aux 4 angles du carré intérieur se trouvent 4 bastions oû les officiers étaient logés
UN DES 4 BASTIONS D'OFFICIERS ET L'UNE DES CHAMBRES. LE GRAND LUXE!! Tout au centre, un étage, le 3 ème en fait, réservé au refectoire et à la chapelle.
Au dessus un étage donnant sur le dôme central du refectoire, où on trouve des cuisines, des locaux réservés aux officiers dans leur attributions, il servit également d'hopital
Enfin, 5 et 6ème étage, les appartements du gouverneur.
Un fortin avancé se profilait face aux envahisseurs potentiels venus d'Espagne, là où l'accès était le plus aisé, des "trous de loup" camouflés sous du paillage, servaient à les piéger.
Et le matériel et surtout les hommes dans tout cela? Beaucoup moins réjouissant pour y vivre , dans des souterrains immenses dont nous n'avons visité que le quart des locaux
Encore 2 précisions et on en aura fini. Ce fort a été construit entre la moitié et la fin du 18 è siècle . Et surtout, contrairement à l'utilité habituel de ce type de d'ouvrage, il ne servait pas à s'enfermer à l'intérieur pour se défendre ce qui paraitrait logique, mais à empêcher l'ennemi d'occuper la place, puisque cette hauteur, toute proche et surplombant la ville, était un point stratégique de première importance pour la protection de la ville en lui évitant d'être sous le feu et les projectiles ennemis. Seule incursion étrangère dans ce fort : les armées de Napoléon, qui en furent assez rapidement délogées.
Cette visite était extraordinaire, hallucinante par moment, car on se retrouve totalement seuls dans ce dédale, sans voir personne, en entendant parfois quelques paroles lointaines venues d'ailleurs, et c'est ainsi pendant presque 2h 3/4, montre en main et en laissant de coté les 3/4 des ouvrages souterrains, symétriques et répétitifs. Nous avons ADORÉ.