Mon hôte d'hier soir, Éric, m'avait dit qu'il partirait le matin pour son travail à 6H45. Je m'étais étonné de cette précision lorsque nous discutions dans sa voiture alors qu'il nous ramenait du Leclerc où nous avions fait nos courses, mais en effet, à 6H45 précises, je fus réveillé par le bruit du moteur de son camion ! Outre la précision, Éric et sa femme sont des hôtes à la hauteur, surtout pour un cycliste puisqu'ils le sont eux aussi. J'aurais bien voulu parler un peu plus avec Myriam qui, selon son mari, est "thérapeute" ("oui, enfin, rebouteux quoi, vous voyez"), mais je n'en ai pas eu le temps. Ses pouvoirs ont semble-t-il une certaine efficacité car elle a beaucoup de demandes et va bientôt quitter son emploi à la Poste. Et comme me disait encore Éric, avec "toutes les écoles qu'elle fait, il faut bien que ça marche !" Le tout est de savoir ce qui marche et comment on le définit. Mais ça, c'est une autre histoire ! En tout cas, Myriam "enseigne" et produit des soins par le "chicong" (dixit Éric avec son accent du sud), les plantes et les passes (magnétiques, je précise). Je voulais lui poser la question si, parfois, connaissant ses pouvoirs, on ne venait pas lui demander des choses un peu curieuses, comme un désenvoûtement par exemple… Bon, voilà que je médis et que mes marottes prennent le dessus. Je suis donc reparti vers le Lot et Cahors (photo 1) ; il était 8H30. La lumière était encore une fois très belle et j'ai de nouveau apprécié quelques moments de grâce, cette fois en écoutant Ludovico Einaudi. Cependant, avant cette petite extase, le cycliste doit déverrouiller la machine corporelle, et pour moi s'ajoute une douleur qui se ravive aussitôt dans un endroit que la décence m'interdit de nommer plus précisément (comme aurait dit Pierre Dac) ! Une selle, même en élastomère, reste une selle ! Mais enfin, après quelques km et la libération des endomorphines, la douleur s'estompe et on n'y pense plus… Comme je savais que la distance était plus courte que les fois précédentes, j'ai un peu plus pris mon temps pour regarder, apprécier encore. Les cultures changent un peu. Plutôt que le maïs, c'est le sorgho ou le tournesol. Mais aussi beaucoup de fruitiers. La tentation est forte de ramasser des prunes ou des pommes… Peu avant midi je me réjouissais d'être déjà à quelques kms de Uzerche où je voulais déjeuner, mais voilà que je me trompe de direction en prenant un autre circuit que "La vallée du Lot" dont les panneaux sont presque semblables. Au bout de plusieurs kms je m'en aperçois. Trop long pour faire demi-tour, alors j'avise, en regardant ma carte, qu'une petite route serait un raccourci idéal pour regagner les bords du Lot. Il est midi 15. Je me lance, trouve difficilement une première direction, puis la route se met à monter, à monter, en virages, sans doute avec un dénivelé pas loin des 8 %. L'effort dure pendant au moins 20 bonnes minutes. Arrivé en haut, essoufflé, suant à grosses gouttes, je crois que c'est fini, mais non, un peu plus loin il faut recommencer ! Ensuite la descente vers Abas, à 50 km/h à certains moments - mais je suis seul sur cette route. Uzerche, enfin. Il est 12H38 exactement et les deux boulangeries viennent de fermer à 12H30 et le marché remballe. Je vois les terrasses d'un restaurant près du Lot, m'assieds à la seule table libre, j'appelle et on me dit que ce n'est pas du tout sûr qu'on puisse me servir. La faim me tenaillait et je commençais à maudire ces gens qui finissent leurs affaires aussi tôt! Mais il faut croire que le chef m'a pris en pitié car on a bien voulu me servir. Le repas était fort bon : une assiette garnie d'une part de tarte aux légumes, de pâtes, d'une tranche de melon, de salade, de tomates, et d'une part de fromage que j'ai laissée, ce qui a interrogé la serveuse, plus un dessert fait maison. Je suis arrivé à Cahors à 15H30 et loge dans une belle maison surplombant la ville, mais avec deux adolescents qui affirment leur présence… Le pont Valentré n'est pas loin et voit tous les jours passer les pèlerins vers Compostelle. Demain, direction Figeac.