Les formalités d'entrée en Inde à l'Indira Gandhi International Airport (IGI) ont été sans attente et assez rapides, c'est la suite qui a été un peu perturbée par la non réception de ma valise en soute. Il faut dire que l’avion de Paris à Francfort, un des 2 hubs de Lufthansa (l’autre étant Munich) avait une heure de retard au départ. Comme j’avais une heure pour changer d’avion, cela devenait un peu juste. Heureusement il a rattrapé un peu son retard ce qui m’a permis, en cavalant dans les couloirs du terminal de prendre l’avion pour Delhi qui, lui, était à l’heure. La valise,elle, n’a pas cavalé.
Je confirme ce qu’on lit dans les guides : toute démarche administrative devient vite pénible. Je me trouve devant le comptoir de réclamation et là un petit ballet se produit avec plusieurs agents qui vont, viennent, se parlent et je repère le chef. Je crois être dans une file d’attente mais il n’y en a pas. Zut le chef s’en va, les autres un peu perdus tentent de répondre à la petite foule qui n’a pas reçu son bagage. Ah le chef revient et par chance je me trouve en face de l’endroit ou il revient, l’indien qui a cavalé comme moi dans les couloirs de Francfort a moins de chance, le chef le renvoie en fin de l’amas qu’il interprète comme étant la file d’attente. Ouf mon bagage est dans sa liste, il remplit un reçu et note l’adresse à Naggar ou il faut envoyer la valise. Je lui dit que je vais peut-être revenir demain car je suppose que ma valise va prendre le même avion mais +24. Il me donne un numéro de téléphone où appeler si je désire prendre moi-même la valise.
Je sors du terminal et tente de commander un Uber. J’ai une connexion grâce à une option Sosh à 29€ que j’ai prise avant de partir. Parfait je trouve un Uber pour presque rien (moins de 5 euros) pour aller à mon hôtel qui ne se trouve pas très loin de l’aéroport (Aerocity), il est 2 heures du matin. Hélas le paiement Paypal n’est pas accepté et je n'en ai pas d'autre sur Uber. Plan B trouver une compagnie en slalomant à travers une foule de chauffeurs au sourire édenté qui proposent leur bagnole. J’arrive à un stand qui a l’air sérieux, je dis ou je veux aller à l’agent de faction, il rédige un bon et me voilà parti dans un vieux taxi avec un chauffeur qui m’a l’air bien sympathique. Il me demande si je veux la clim… Je ne pensais pas que c’était une option avec la chaleur humide étouffante (dans les 35). L’air frais est le bienvenu. J’ai choisi un petit hôtel au-dessus du minable sur le papier, c’est juste pour dormir, et l’adresse est "à côté d’une joaillerie" dont ils donnent l'adresse. Impossible de trouver l’hôtel sur Google Maps, pas grave je suis avec un chauffeur sympathique qui sait où il va, j’ai branché Google Maps juste pour suivre. Hélas... au bout d’un moment il se retourne et me demande, c’est où ? On m’a déjà fait le coup donc je suis à peine surpris, bon je programme la joaillerie et là c’est bon, Google connait. Je comprends pourquoi l’adresse la référence. Je lui lui fais faire demi-tour, il est allé trop loin, et je l’arrête au supposé endroit. Point de joaillerie, mais j’en ai marre, je le paye et je descends du taxi, il se sent à peine gêné de me laisser sans être sur de m’avoir conduit au bon endroit. L’Aérocity, quel beau nom pour un endroit proche du minable pour un occidental. Des trottoirs inexistants ou terriblement accidentés, on ne risque pas de marcher en regardant en l’air. Finalement je traverse et trouve une boutique crasseuse avec un panneau "Jowelry " Bingo. A côté une petite ruelle qui, si les bâtiments n’étaient pas en dur fait penser à l‘avenue principale d’un bidonville, remonte un peu.
Point d’hôtel. Je suis allé trop loin dans le bidonville. Je reviens sur mes pas et trouve une porte vitrée qui pourrait faire penser à un hôtel "cheap". Je rentre et demande à l’employé de nuit si c’est bien mon hôtel et c’est bon. Là commence une formalité et comme d’hab (ça y est je suis devenu un habitué des formalités) il va, il vient, il me demande mon passeport qu’il photocopie il ouvre un registre, le ferme puis le ré-ouvre et me fait remplir une ligne d’information sur moi avec 2 signatures. Il me fait payer les 1400 Rs prévues (17€), booking.com n’a pas encaissé ma ecarte bleue que j’annulerai ensuite par sécurité. Il va et vient encore et je craque un peu, il est 3 heures du matin (bon que 11h30 à Paris donc c’est ok pour moi) finalement il me tend la clé, un litre d’eau minérale fraîche (très important en Inde, on vérifie toujours d'entendre le "click" en ouvrant la bouteille) et appelle un employé qui ne fera que regarder l’écran de son smartphone (tout le monde (sauf les très pauvres) en a un ici), en me conduisant à ma chambre. La clim fonctionne, et un grand ventilateur aussi, il est 3h40 et je n’ai pas sommeil. La chambre est quelconque mais le lit est confortable et les draps propres, j’ai connu pire. Le lendemain après la douche je m’apercevrai qu’il ‘y a aucune serviette pour s’essuyer. Le T-shirt qui faisait partie du petit package « offert » par Lufthansa pour dédommager, fera l’affaire.
J’ai dormi jusqu’à 10h. Vu la qualité de l’hôtel, je n’ai pas envie de demander un petit déjeuner. Mission du jour : décider si je reste un jour de plus avant de partir pour Naggar, mon camp de base, avec ma valise (avec le risque qu’elle n’arrive pas par le vol suivant). J’ai demandé conseil à Gillou, mon futur hôte de Naggar, qui m’a donné l’adresse exacte pour la livraison mais m’a laissé décider. Pour lui la valise peut mettre 2 à 3 jours mais elle finit par arriver. J’ai quand même une petite préférence de rester un jour de plus, pas dans le même hôtel bien entendu. Mais je doit changer ma réservation du Bus pour Manali. Me voilà parti pour l’«Himachal Pradesh Tourist Development Corporation » HPTDC ou je dois prendre le bus normalement le soir même. C’est près de la station métro « Mandi House». Mais le métro ne passe pas par l'Aérocity. Il faut prendre le métro express jusqu’à Delhi. Je pourrais prendre le taxi mais j’aime bien me débrouiller seul. Je n’ai pas trouvé d’endroit suffisamment « convenable », pour un intestin de français tout juste débarqué, pour prendre un petit déjeuner. Je ferai donc l’impasse. Toujours grâce à Google Maps je parviens à la station après un parcours épique entre piétons, motos, voitures tout ça mélangé et allant dans tous les sens. Bon les feux rouges, s’ils sont logiques, sont respectés. Comme dans les pays où la signalisation fait office de décoration c’est le klaxon qui est le langage principal entre conducteurs, j’ai un peu décodé le code :
- 2 ou 3 petits coups : attention je suis là et j’ai l’intention de passer
- Plus de coups insistants : je passe garez-vous
- Un coup continu : je sais que c’est juste mais je passe quand même, advienne que pourra.
Je n’ai jamais vu de colère ou d’impatience, je pense que l’Inde c’est le pays de la patience infinie (j’exagère c’est sûr).
L’express IGI est une pure merveille de propreté, de confort de d’information voyageur. Bien supérieur à ce que j’ai vu ailleurs. Il faut passer un portique et une palpation électronique (l’Inde est un pays en guerre) avant de le prendre. J’ai essayé d’obtenir des informations au chef des guichetiers, il y a deux guichets mais si on va là ou la file d’attente est petite on n’obtient rien d’autre que « allez à l’autre guichet". Mais comme je n’ai pas voulu ré-entamer un cycle d’échange administratif je me suis contenté de demander un aller pour Delhi. (au passage j’ai perdu le cache de mon appareil photo dans le tapis roulant de sécurité, que je viens de commander sur Amazon pour moins de 3 euros, mon premier achat sur Amazon Inde). Le billet est un jeton que l’on plaque sur le portique pour passer, et que l’on glisse dans une fente en arrivant. C’est intelligent car ils utilisent ainsi le même récepteur (RFID pour les connaisseurs) que pour les personnes munies de l’équivalent passe Navigo. C’est vrai qu’ils n’ont pas l’historique du ticket de métro à gérer. Pour 60 cts on parcourt en quelques minutes, et 3 arrêts à peine, les 22 kms qui séparent l’aéroport du centre de Delhi. Je descendrai à l’avant dernier arrêt l’ONGC Shivaji Stadium pour chercher la correspondance de la Blue Line qui doit m’emmener à Mandi House. Il s’agit d’un kilomètre environ parcourus à pied dans une chaleur étouffante. Mais avant je dois me restaurer, mon estomac n’arrête pas de réclamer son du. Je repère dans le métro même un petit restaurant de midi cosy et climatisé. J’ai besoin de me poser de temps en temps. Un petit aparté sur les mesures de distance, l'Inde est au système métrique, il ne sont pas resté au système impérial (miles-yards-inch) utilisé par les anglo-saxons. C'est plus commode.
L’esprit de service est là et un poulet tikka Massala arrosé de coca light plus tard, je reprends la route (très bon mais un peu cher (14€)). Sur la route de la correspondance je me dis que pour quelqu’un qui aime le dépaysement je suis servi, suis-je bien sur la planète terre ? Le moderne côtoie le pauvre, des jeunes et des vieux sont allongées par terre, attendant je ne sais quoi, voient passer des hommes d'affaires, mais il y a très très peu de mendiants. Beaucoup de petits vendeurs (j’ai acheté 2 bananes plus tard à une femme assise par terre au milieu de ses bananes pour 12 cts pièce, ici, à Naggar, elles coutent 7 cts chez le vendeur de fruits et légumes. La circulation (sur une grande artère de Delhi) est hiératique, certains véhicules circulent à contre-sens sans que cela ne choque personne. Des piétons partout y compris sur la route ou certains slaloment entre les voitures pour tenter d’atteindre l’autre côté, les passages piétons sont marqués sur la route, ils ont sûrement une fonction, mais plutôt décorative. Le métro est aussi nickel que l'express IGI, bien que l’entrée ne soit pas si facile à repérer. Le prix dépend de la distance, et il faut acheter son jeton à chaque fois. 12 cts pour aller à Mandi House à 2 arrêts. Le bureau HPTDC est assez facile à trouver, il faut quand même demander. Mais déception le billet n’est pas échangeable. Comme je ne suis pas en mode tourisme et que j’ai besoin de fraîcheur je décide de retourner à l’aéroport pour bien leur préciser l’adresse que ma donné Gilbert. Il me sera impossible de rentrer dans le Hall. Seules les personnes en partance et celles qui arrivent peuvent circuler dans le Hall. Après des échanges cordiaux mais impatient quand même je me fais dire que je dois téléphoner à tel numéro pour toucher la personne qui gère les bagages. Heureusement c’est le même numéro que m’a donné le fameux chef. Je dis que je n’ai pas de crédit téléphone (j’en ai un peu quand même) et le militaire de faction me désigne un téléphone fixe en libre service. Et voilà que commence un cycle d’échanges administratif mais au téléphone. Interruption, explications incompréhensibles, demande de rappeler plus tard, mise en attente, raccrochage au nez, plus de décrochage, Une heure plus tard devant ma mine déconfite, le militaire décide de m’aider, il téléphone et me tend le téléphone et là je vis un vrai miracle, non seulement je comprends tout ce qu’il me dit, mais lui aussi prends bien et note tout ce que je lui dis. Je ne partirai pas sans avoir chaleureusement (peut-on faire autrement ici en cette saison ?) remercié le militaire.
Le retour à Mandi House se fait sans problème. J’ai même envie de rester dans la rame de métro pour profiter de la fraîcheur mais je ne suis pas sûr de pouvoir revenir en arrière sans avoir à payer une amende pour avoir dépassé mon arrêt. Connaissant le coin à présent je trouve facilement le bus pour Manali. Je suis en avance mais pas tant que cela finalement. Le temps de m’acheter une bouteille d’eau fraîche, de me soulager aux toilettes propres du départ et me voici installé aux premières loges (je regretterai plus tard cette vue imprenable sur le terrain de jeu du conducteur), je n’ai pas ou peu fermé l’œil. Le départ est prévu à 18h30 et l’horaire de départ sera respecté. Mais il faudra 4 heures pour s’extraire de ce que je comprends être la grande banlieue de Delhi. Seulement 68 km de fait depuis Mandi House après 4 heures de bus. L’autoroute (on peut l’appeler ainsi puisqu’il y a un terre plein central et des péages) est semée d’embûches. Outre les nombreux bouchons, des nids d’autruche, des manques de goudron, des bosses de goudron surement déposées un vendredi soir, des groupes de piétons qui traversent obligeant le bus à freiner voire s’arrêter pour laisser passer le dernier timide qui finalement ne passera pas, des vaches ruminant sur le terre plein, des voitures et motos à contre-sens, des rickshaw pour 3 personnes chargées à 8. Evidemment comme à Delhi et le reste de ce que je connais de l’Inde, tout marche au Klaxon. D’ailleurs, des fois que le conducteurs oublierait, derrière tous les véhicules utilitaires, il est inscrit « Blow horn » et plus bas « use dipper at night ». Cela mérite une explication : Je croyais au départ que dipper voulait dire appel de phare et je ne comprenais pas pourquoi ils klaxonnaient autant le jour que la nuit. c'est vrai mais il y a une astuce.
Voilà l’explication : ce message est issu du marketing conjoint entre TCI (Transport Corporation of India) et TATA motors pour réduire la transmission du virus VIH en Inde par les chauffeurs de camions. Tata commercialise aussi une marque de préservatifs appelée Dipper. Le message est clair, Klaxonne le jour mais protège toi la nuit quand tu t’arrêtes pour soulager tes glandes sexuelles. Le matraquage opère, à chaque fois qu’un véhicule double il voit ce message derrière le camion. Evidemment il n’oublie jamais de klaxonner mais je ne sais pas s’il oublie de mettre son préservatif quand il s’arrête. Tata a bien joué car sur tous les camions même pas Tata, la pub Tata est faite. Je pense que tous les compétiteurs fabricants de préservatifs ont fait faillite.