À 16h, tous les contrôles d’embarquement étaient déjà passés. Il y en a eu plusieurs, mais il ne restait plus que le dernier : l’embarquement proprement dit. L’enregistrement, lui, se fait de 14h à 19h.
Nous sommes partis tôt ce matin, juste après le déjeuner. Nous avions encore Tanger en tête, mais seule la route comptait. Et sur le vélo, là où nous nous sentons si bien, tout redevient simple.
Le bateau quitte le port à 23h. Il nous faudrait environ trois heures pour rejoindre le port, mais en prenant le temps de dîner, nous sommes arrivés largement en avance. Beaucoup trop tôt peut-être, mais ça n’a pas d’importance. Nous sommes là, prêts pour l’embarquement, qui se fait présentement. Les gros transporteurs routiers d abord.
Longer la mer pendant tout le trajet a transformé cette petite sortie en vrai moment de plaisir.
L’arrivée à Sète est prévue pour 14h le 7 mai. Deux nuits sur le bateau : ce sera ma première traversée de cette durée. Jusqu’ici, les îles de la Madeleine représentaient mon plus long passage en mer.
Depuis que nous longeons la côte, nous côtoyons surtout des Marocains. J’ai beaucoup apprécié la jeunesse marocaine. Les garçons et les jeunes adultes portent presque tous des vêtements de sport de marques connues comme Nike. Ils sont beaux, costauds, et toujours polis.
Entre eux, les locaux se déplacent souvent en groupes : les garçons avec les garçons, les filles entre elles. Bien sûr, on croise des couples qui se promènent, mais ils ont souvent l’air d’être en vacances. Partout au Maroc, même dans les grandes villes, les genres se mélangent peu — dans les bars, les restaurants, ou dans la rue. On voit les amis se tenir par le bras, qu’ils soient filles ou garçons. Les jeunes montrent aussi beaucoup de respect envers leurs aînés. Ça se sent, ça se voit dans leurs regards.
Partout où nous passions — à chaque village traversé, à chaque montée — les automobilistes nous saluaient : un coup de klaxon, un signe de la main, un grand sourire. Certains nous lançaient un « bon courage » ou un « bravo ». On sentait leur fierté. Ils étaient fiers de nous voir faire tous ces efforts pour venir jusqu’à eux, à notre façon, comme à dos d’âne : avec lenteur, effort et persévérance.
Il faut aussi dire qu’il y a beaucoup de déchets en bord de route ou dans les villages. Pas partout, mais suffisamment pour marquer. Les gens ne les voient peut-être plus, ou font semblant de ne pas les voir, ne sachant pas quoi en faire. Tanger, à ce titre, fait figure d’exception : très propre pour une ville aussi touristique.
Un peu partout, nous avons aussi vu des ossatures de maisons en béton, abandonnées, parfois même des quartiers entiers figés, attendant d’être achevés. Comme si les projets immobiliers s’étaient arrêtés net, tombés dans l’oubli, même en bord de mer.
Il y aurait tant à dire sur le Maroc, et je n’ai fait qu’effleurer la surface.
Ah, et il y a l’appel à la prière. Tous les jours, à 6h du matin, dans tout le pays. Certains imams chantent avec ferveur, des lamentations longues et puissantes. Ouf ! Des réveils parfois rudes. En journée, c’est plus facile à supporter.