Nous nous réveillons avec la vue sur la vallée. Il a beaucoup plu cette nuit, c'est très humide. Ce matin encore les nuages sont bas et il y a des averses.
Hier nous étions un petit groupe, aujourd'hui tout le monde repart, nous restons tous les deux avec notre guide Mou. On se retrouve rapidement à marcher sur les chemins boueux au milieu des rizières. Nous avons l'impression que les pluies ont remplies certains terrains, ça ne va pas simplifier la tâche de désherbage et préparation.
Nous traversons une forêt de bambous. Les petits bambous sont marrons, ils ressemblent à des asperges.
Les bambous sont utilisés pour construire les habitations des familles modestes. Ils les coupent et les laissent 3 mois dans l'eau pour les durcir avant de les utiliser pour la construction . Les petits bambous sont brûlés pour le chauffage et la cuisine.
Nous arrivons dans un endroit où tout à brûlé. Mou nous explique que c'est volontaire, ils font de nouvelles cultures. Ils brulent, nettoient font des terrasses. Autour de la route c'est pour faire pousser du maïs, ils ont déjà un peu planté on voit des pousses vertes. Pour les terrasses que nous voyons sur la seconde photo elles ont été façonnées cet hiver. Il a fallu 15 personnes pendant 3 jours pour chaque niveau, en tout ça a pris 4 mois. Ils laissent le champ sécher, l'année prochaine ils mettront de l'eau sans planter. D'ici là ils doivent installer le système d'irrigation. Et seulement dans deux ans ils pourront utiliser ce nouveau champ.
Pour terrasser et faire la route ils ont des engins, par contre les étages sont dessinés à la main.
Nous montons en suivant les tranchées d'irrigation. On arrive dans la brume, on ne voit plus rien.
On voit des femmes habillées différemment et avec des chapeaux rouges. Elles sont d'une autre ethnie (Re Zao). Jusqu'à maintenant nous avions rencontré uniquement des personnes de l'ethnie des Hmong (celle de notre guide). Notre guide et cette dame au sommet ne parlent pas la même langue, elles se comprennent en vietnamien mais chacune a sa langue locale, hmong et zao. D'après elles la langue hmong est plus simple à apprendre.
Nous redescendons dans la vallée, la visibilité est meilleure.
Nous passons par une autre cascade. Ils prennent l'eau de la cascade, chaque famille a son tuyau, l'eau est gratuite. Par contre s'il y a un problème il faut suivre son tuyau et réparer soit même.
Yassine éternue, Mou lui conseille un remède local qui d'après elle est très efficace : quand ils sont malades ils font des ventouses sur le front avec une corne de buffle. Ils laissent 50min, retirent, et ça va mieux. On retient pour une prochaine fois...
Nous nous arrêtons pour déjeuner. Nous sommes au bord d'un balcon avec la vue sur le champ en dessous. Ici les buffles ne peuvent pas passer car ils s'enfoncent trop, tout est donc manuel. Il y a une femme qui pulvérise du désherbant en bas de la rizières.
Un peu plus loin 2 femmes travaillent la terre, probablement la mère et la fille. Elles ont de la boue jusqu'au genou. Elles bechent puis piétinent pour tasser et égaliser. Une peu plus tard elles sont rejointes par deux autres femmes.
Les femmes ne travaillent pas pieds nus contrairement aux hommes, elles montent leurs grands bas pour ne pas abîmer leurs jambes.
Nous repartons dans les rizières, nous avons le droit à un nouveau cours de Mou.
Les pousses que nous voyons ont 15 jours. Dans 15 jours ils vont les repiquer.
Sur ce terrain dans l'étage en haut ce sont des pousses de riz gluant (sticky rice), les feuilles sont plus larges et tombantes. En bas c'est le riz blanc classique, les feuilles sont droites et plus fines.
Le sticky rice est utilisé dans les préparations sucrées et pour faire de l'alcool de riz que les locaux appellent happy water.
Il y a 3 types de riz dans la vallée de Sapa, le blanc, le gluant et le sec. Le riz sec pousse sur des terrains plats non inondés. Il n'est presque pas cultivé dans cette zone. La culture du riz sec a besoin de périodes de jachère, tandis que dans les terrasses pas besoin.
Quand ils repiqueront les pousses après 1 mois ils les planteront à environ 10cm d'écart. Un peu plus pour le sticky rice qui prend plus d'espace, mais ici ils n'en plantent pas tant que ça.
Nous continuons la balade jusqu'à un nouveau village où nous passerons la nuit (Hầu Thào). Il y a des plantations de maïs et soja. On prête rapidement main forte mais ce n'est pas facile. Il faut arracher toutes les mauvaises herbes pour favoriser la croissance des cultures.
Nous posons nos affaires aux Homestay du soir. Nous grattons un moment le buffle de la famille qui semble apprécier.
Nous repartons pour une dernière balade. Dans cette zone une bonne partie des rizières sont déjà prêtes à être plantées. Il y a des canards dans certaines parcelles. Ils mangent les larves et autres insectes pour s'assurer qu'il n'y ait plus de parasites avant de mettre le riz. Au milieu des cultures on trouve de temps en temps des plants de cannabis, c'est courant dans les villages. Ils fument les feuilles et utilisent les tiges pour tisser des vêtements.