Aujourd'hui nous quittons Kuala Lumpur pour Malacca, à deux grosses heures au Sud sur la côte. Nous attrapons un bus à l'immense terminal TBS, au Sud de Kuala Lumpur. Nous arrivons un peu avant l'heure du déjeuner et commençons à découvrir la ville, en même temps que nous cherchons un restaurant.
Le centre de Malacca est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Malacca est le plus ancien port de Malaisie (1400), peuplé à l'origine par une majorité de malais, quelques tamouls, chinois et javanais. La ville a été colonisée par les Portugais en 1511, puis les Hollandais ont remplacé les Portugais en 1641. Finalement elle est devenue une colonie britannique en 1824, les anglais ayant profité que les Pays Bas soient en guerre contre Napoléon et donc affaiblis. La ville est restée sous domination britannique jusqu'en 1957, date de l'indépendance de la Malaisie. Son passé fait d'elle un incontournable à visiter.
Nous flanons dans le centre, le premier endroit qui atire notre attention est le temple de Cheng Hoon Teng, plus ancien temple chinois (bouddhiste et taoïste) en activité de Malaisie. Il a été construit en 1673, mais restauré récemment, dans le respect des traditions.
A quelques rues de là, cette fois nous passons devant la plus vieille mosquée de Malaisie encore en activité, décidément Malacca est une ville d'histoire. La mosquée a été érigée en 1728 à la demande des hollandais, elle est dans un style javanais. Pas de minarets et le dôme est remplacé par un toit à étage, comme ça se faisait à l'époque.
Nous déjeunons dans une petite rue de Chinatown. Nous prenons un plat classique : des nouilles végétariennes. Cependant nous prenons tous les risques à commander un dessert en Asie. Nous sommes intrigués par le "cendol", dessert typique malais. C'est servi dans un bol, avec plusieurs couches successives : au fond une grosse couche de glace pilée aromatisée au lait de coco avec un peu de sucre, au dessus de la gelée verte à la farine de riz sucrée et modelée en forme de vers, enfin des haricots rouges. Nous sommes franchement inquiets en voyant arriver le bol, mais c'est très bon.
A présent nous sommes aux abords de la rivière où tous les bâtiments sont recouverts de fresques. Nous la traversons pour découvrir le quartier hollandais, concentré autour du Dutch square. Mis à part la fontaine qui date de 1904, en l'honneur de la reine Victoria, tous les autres édifices sont d'époque. L'église par exemple a été édifiée en 1753 avec des briques importées de Hollande, et avec à l'intérieur des poutres de 15m taillées chacune dans un seul arbre.
Dans le centre ville il y a des dizaines de trishaws qui attendent les touristes. C'est trois roues typiques de Malacca depuis des décennies se livrent maintenant à un concours d'excentricité : Hello Kitty, Spiderman Man, Pikachu... Et ils s'illuminent et diffusent de la musique quand ils roulent !
Depuis le quartier hollandais il n'y a qu'une rue à traverser pour être dans Little India. C'est petit, nous retraversons un pont et retombons dans le quartier chinois. A Malacca il n'y a pas vraiment de séparation entre les habitants issus de différentes vagues d'immigration. Nous parcourons une rue qui illustre bien ça, les habitants la surnomme Harmony street. Dans cette rue de l'harmonie, à quelques mètres l'un de l'autre il y a le temple chinois où nous étions ce matin, un temple hindou fermé que nous visiterons demain, et une mosquée, dans laquelle nous nous rendons. La mosquée Kampung Kling mélange les styles : toit de style balinais, tour de guet/minaret de Sumatra et à l'intérieur carreaux de céramique britanniques et hollandais.
Nous allons ensuite visiter ce qu'il reste de l'ancienne ville portugaise. Ce sont les plus vieux vestiges de Malacca. Il y a en premier lieu l'église Saint Paul, perchée en haut de la colline (Bukit) qui porte son nom. Les murs de cette église construite en 1521 tiennent encore debout, mais c'est tout ce qu'il en reste. A l'intérieur on peut trouver quelques pierres tombales portugaises et néerlandaises. Devant l'église ce n'est pas la statue de Saint Paul, mais de Saint François Xavier. Le prêtre François Xavier était missionnaire au Moyen-Orient pour évangéliser la population. Il a passé plusieurs années à Malacca entre 1545 et 1547. Il est très important pour la ville, une autre église a d'ailleurs été nommée en son honneur.
Nous redescendons la colline Saint Paul de l'autre côté et arrivons à la Porta de Santiago. C'est le dernier vestige de la forteresse construite par les Portugais en 1511. La forteresse a été détruite en 1806 par les britanniques, c'est tout ce qui a pu être sauvé.
Nous poursuivons notre balade direction l'île artificielle de Malacca. Ici la seule chose à voir, mais pas des moindres, est la mosquée flottante. Elle a été achevée en 2006, on dirait qu'elle sort d'un conte des mille et une nuits. Le meilleur moment pour s'y rendre est juste avant le coucher du soleil. Le ciel est nuageux mais ce soir nous avons de la chance, le soleil passe sous le nuage avant de toucher l'horizon. Quand le soleil se couche l'appel à la prière commence à retentir dans les hauts parleurs de la mosquée, c'est un beau spectacle. La mosquée s'éclaire pendant que les nuages se tintent de jaune et de rose. Quand les dernières couleurs partent, nous partons aussi. Nous rentrons en taxi car c'est plus de 45min à pied et la première partie de la route n'est pas agréable.
Le vendredi et samedi il y a un marché de nuit dans la grande rue. Nous sommes vendredi alors même si nous ne sommes pas venus à Malacca exprès un weekend, nous en profitons. Il y a de tout dans le marché, essentiellement de la nourriture. Toutefois rien ne nous tente vraiment, nous choisissons de manger dans un restaurant de la rue, et sans riz pour cette fois. Pour digérer ce gros burger, nous marchons au bord de la rivière. Elle est mise en valeur avec des éclairages, l'ambiance est différente de la journée.