Aujourd'hui, nous nous réveillons aux aurores pour grimper le mont Sibayak, volcan situé à proximité de Berastagi. À présent habitués à ce genre d'aventure, nous avons anticipé la veille et nous réveillons tôt vers 04h. Un petit van nous emmène en compagnie des autres clients de l'hôtel vers le début de la randonnée, située à 1900m. Il fait encore nuit noir, et la brume est bien épaisse autour de nous. Munis de nos lampes frontales nous grimpons un sentier qui mêle terre et roche volcanique. Nous levons de temps en temps la tête vers le ciel, mais pas d'étoiles en vue, la visibilité n'est donc pas très bonne et nous craignons de ne pas voir grand chose.
Après 01h de marche, nous apercevons à la lumière de nos lampes les premières traces de dépôts de souffre jaune par terre, indiquant la proximité du cratère. Le guide nous amène vers le sommet, et la lumière du jour semble se dessiner à l'horizon parmi la multitude de nuages. Quelque peu frustrés, nous sommes sur le point de nous résigner à ce spectacle en demie teinte, lorsque une très forte bourrasque balaye tous les nuages autour de nous, ouvrant soudainement la vue sur tout ce qui nous entoure. Le cratère est visible quelques mètres plus bas, la lumière orange du soleil nous éblouit, et face à nous, le mont Sinabung, culminant à plus de 2450m.
L'épaisse fumée blanche qui s'en dégage se mêle aux nuages, et le guide nous rappelle qu'il est l'un des volcans les plus actifs de Sumatra. En 2016, un matin d'octobre, les habitants se sont réveillés avec une température anormalement chaude dans l'air. Quelques heures plus tard, une épaisse fumée noire avait envahi le ciel, et bloqué les rayons du soleil. Tout était devenu sombre, et aucun sismographe n'a pu prévenir de cette terrible éruption qui a coûté la vie à 15 personnes. Mais le guide nous rappelle une fois de plus que la fertilité de ces terres volcaniques n'a pas de prix, et les gens continuent à y vivre.
Nous descendons ensuite directement dans le cratère. On peut y voir de nombreux dégagements de fumée, et tout autour des poches d'eau bouillante. Des pierres recouvertes de souffre sont disséminées un peu partout, et les gens se sont même amusés à rédiger des mots en déplaçant les plus grosses pierres.
Nous redescendons ensuite par un chemin un peu plus court mais plus escarpé que notre montée. On se rend compte que tout autour du volcan, une végétation luxuriante s'est développée. Des pandanus, des lianes et de très belles fleurs. C'est très beau et de nombreux papillons et oiseaux nous accompagnent jusqu'à que nous retrouvions le petit van tout en bas.
Le guide nous emmène ensuite profiter d'une des particularités de la proximité au volcan, les sources chaudes. Sur le côté de la route il y a de nombreuses installations hydrauliques, et nous passons même devant une petite usine de production d'électricité par géothermie.
Les sources sont des piscines chauffées directement par un système de canalisation apportant la chaleur par vapeur sous pression. Plusieurs bassins sont ouverts, tous ayant une température plus ou moins chaude. On s'y trempe en alternant entre tiède, chaud, voir même très chaud. Après un réveil aussi matinal et la montée, ça nous permet de nous détendre et de relâcher nos muscles.
De retour à l'hôtel, nous sommes accueillis par un très bon "petit" déjeuner. Yassine préfère ménager son ventre en prenant des oeufs, alors que le reste du groupe prend le fameux et consistant nasi goreng, du riz frit, de bon matin. Cela ne l'empêche pas de voler une ou deux cacahuètes de l'assiette. Nous disons au-revoir aux gérants de l'hôtel, et à leur oiseau (très bien dressé), et nous nous dirigeons en taxi vers le lac Toba, notre destination de la soirée.
Sur le chemin, nous avons réussi à négocier une halte aux cascades Piso Sipiso, les plus hautes de tout Sumatra. L'entrée se fait par un parking entouré de petites échoppes, où des petites statues des cascades se vendent sous toutes les formes et sous tous les prix. Nous ne nous attardons pas et entreprenons la descente vers le creux d'où se jette la cascade. Du haut de ses 125m, le vacarme de l'eau qui tombe sur les roches polies par le temps résonne dans la vallée, jusqu'à se perdre au loin. En continuant, nous faisons face à l'immensité du lac Toba qui semble ne jamais finir sur l'horizon. Il y a plus de 75 000 ans, un ensemble de gigantesques volcans ont fait éruption et donné naissance au lac qui fait aujourd'hui plus de 100km de long et 30km de large. Au milieu du lac, l'île de Samosir, qui serait le vestige d'une partie de l'ancienne caldera des volcans. La vue est magnifique, et la puissance de la cascade ne fait qu'ajouter à la majesté de l'endroit.
Nous continuons notre périple direction le lac, et découvrons une autre facette de l'Indonésie peu attirante... la consommation de viande de chien. En effet, la zone de Berastagi est à majorité chrétienne batak. C'est une tradition qui n'est pas autorisé par les musulmans. Ils appellent ça les zones "B1 B2 B3". B1 car il y a un seul b dans le mot "biang" qui veut dire chien en Batak, B2 pour le cochon "babi" qui a 2 b, et enfin B3 pour Big Bintang Beer, soit les 3 b de la grande bière nationale Bintang. Ce qui est d'autant plus étonnant, c'est que les pancartes affichent des chiens tout mignons. Ça nous dégoûte.
Pour nous remettre de cette image, nous passons devant de nombreuses cérémonies de mariages, où très souvent, tout le village est convié. D'énormes affiches composées de fleurs colorées annoncent l'heureux événement avec notamment le nom des mariés.
Nous arrivons enfin après 4h de route à Parapat, la ville d'où part le ferry pour l'île de Samosir au centre du lac Toba. Par chance, nous y sommes 2min avant le départ du bateau direction Tuktuk, la ville sur l'île de Samosir. Nous embarquons immédiatement. La houle sur le lac est très forte, et le bateau peine à avancer. En arrivant à proximité du rivage de l'île, le bateau dépose un par un tous les touristes directement à leur hôtel. Sur certains arrêts, nous observons de vieux bateaux bien amochés en train d'être réparés, pas étonnant avec les vagues. Manque de chance, nous sommes les derniers, mais cela nous permet de découvrir toutes les constructions de style batak qui jonchent le rivage. Notre petit hôtel pieds dans l'eau est très paisible, et notre chambre donne directement sur le lac.
C'est parti pour 3 jours sur le lac Toba !